La Sentinelle Mars-Avril 2019

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La Sentinelle Mars - Avril 2019 - n° 02

Avant-Propos

Plein de changements, mais rien n’a encore changé pour la base !

Périodique bimestriel de la Centrale Générale du Personnel Militaire. Éditeur responsable : Yves Huwart - Bureau de dépôt : Alost X - P109013

le syndicat militaire


Avant-propos

Plein de changements, mais rien n’a encore changé pour la base ! AVANT-PROPOS PAR YVES HUWART | PRÉSIDENT

Le ministre de la Défense et vice-Premier ministre Didier Reynders a entrepris, jusqu’à présent, ce qu’il pouvait au sein du gouvernement en affaires courantes. L’État-major de la Défense a entre-temps reçu le feu vert pour élaborer une série d’initiatives HR. La situation dans les unités reste cependant lamentable à bien des égards. Il n’y a dès lors pas encore de changement tangible pour la base. Lors de notre rencontre à la mi-janvier 2019 avec le ministre de la Défense et vice-Premier ministre, Didier Reynders avait annoncé qu’avec un gouvernement en affaires courantes, de nouvelles initiatives importantes ne pouvaient être prises. Il avait pourtant clairement l’intention de réaliser encore un certain nombre de choses concrètes et ponctuelles. Force est de constater aujourd’hui que, entre autres, un important dossier d’investissement pour la Marine a été réalisé. Sur le plan du personnel, plusieurs adaptations de moindre envergure ont été soumises au Parlement. Adaptations à la législation existante devant contribuer à maintenir certains réservistes en service un peu plus longtemps, augmentant certaines limites d’âge afin de pouvoir recruter davantage de réservistes et de militaires sous le statut BDL, ainsi qu’un assouplissement de certaines procédures pour pouvoir, comme militaire, progresser au sein du département. Dans le contexte politique actuel, il s’agit d’un travail louable. Toutefois, il faudra encore beaucoup plus pour renverser la tendance. À cet égard, le ministre a également accepté que la DG HR puisse déve-

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lopper une série d’initiatives pour le personnel. Plus loin dans cette édition de La Sentinelle, vous trouverez un aperçu des pistes en cours d’élaboration. La mise en œuvre concrète de toutes ces mesures est réservée au prochain gouvernement. Nous ne devons donc pas espérer trop vite cette révision générale des traitements ou l’instauration d’une ‘indemnité d’éloignement’. Pourtant, comme nous l’avions déjà indiqué précédemment, il est aussi possible de prendre un certain nombre d’initiatives au niveau de la réglementation militaire. Nous pensons en particulier aux mesures contribuant à un aménagement du temps de travail plus favorable pour les militaires. Ce processus a également entre-temps débuté. Pour l’ACMP-CGPM, il faut œuvrer maintenant aussi rapidement que possible à une réglementation du temps de travail mettant fin aux imputations forfaitaires pour les prestations effectuées. En outre, il y a lieu de tenir compte du moment de la journée ou de la semaine lors de la comptabilisation des heures prestées. Celui qui effectue une prestation en dehors des heures normales de service (par exemple le week-end), doit voir ces heures comptabilisées ou compensées

d’une manière différente de celle d’aujourd'hui. Et il serait certainement inacceptable que certaines ‘mesures favorables’ soient abolies sans introduire d’autres avantages tangibles. La manière dont nos militaires doivent effectuer leur travail quotidien est un facteur encore plus important pour leur permettre de retrouver leur satisfaction au travail. Ces dernières semaines, nous nous sommes rendus dans quelques bases aériennes afin de prendre la température auprès de nos collègues, hommes et femmes sur le terrain. Les problèmes auxquels ces militaires sont constamment confrontés témoignent de l’état lamentable des unités, sur le plan à la fois, p. ex., de l’infrastructure, de l’approvisionnement et des effectifs en personnel. Des situations qui sont ‘singulièrement tristes’ pour ceux qui ont connu une autre époque. Alors que la Défense essaie d’ouvrir très grand la porte d’entrée pour recruter de jeunes gens, de plus en plus de militaires vont sortir par la porte arrière si la situation n’est pas rapidement remise en ordre et si le personnel n’a pas le sentiment que l’autorité s’occupe vraiment de lui !


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Photo : Bart Rosselle

Colophon

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Plein de changements, mais rien n’a encore changé pour la base !

La Sentinelle est le bimestriel de la Centrale Générale du Personnel Militaire. La Sentinelle est envoyée à tous les membres.

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Révolution à la Défense

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15 Wing : la fin des haricots ?

Toutes les données sont traitées dans le respect de la Loi sur la vie privée (Loi du 8/12/1992 & GDPR). Éditeur responsable : Yves Huwart Coordination : Concetto Bandinelli et Laurent Schmitz Informations générales – CGPM : Romboutsstraat 1 – Bus 021 1932 Zaventem srt@acmp-cgpm.be www.acmp-cgpm.be Tél. : 02 245 72 14 Fax : 02 245 73 01

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Florennes : le calme avant la tempête

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1 Wing de Beauvechain

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Cotisation de solidarité sur nos pensions… vers une suppression pour tous ?

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Les Experts en milieu militaire

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Flexi-job & ‘Travail associatif’… Il faut s’y prendre à temps !

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Statut

Révolution à la Défense Le 15 février, le général Hennes présentait un plan pour améliorer l’attractivité du métier militaire. Des ‘initiatives’ portées par un ‘vent nouveau’ soufflé par le Ministre Reynders. Les grandes lignes de ce plan sont déjà publiées mais nous vous en présentons ici le détail. Est-ce vraiment une avancée décisive pour les militaires ? À vous de juger, et de découvrir l’avis de l’ACMP-CGPM... La mesure la plus spectaculaire dont parle le DGHR, est la révision du traitement : « Pour moi, il est clair qu’il doit s’agir d’une augmentation générale et pas d’un système de primes. Ce qui n’empêche pas certaines actions statutaires, comme celle au profit de la filière des métiers ‘Techniques Médicales’. » À notre connaissance, c’est la première fois que la Défense évoque ‘officiellement’ une augmentation des traitements. En même temps, le général ne laisse que peu d’espoir concernant le dossier ‘pensions’ : « Il ne faut pas se leurrer, l’augmentation de l’âge de la retraite est inévitable. Nous devons nous y préparer, par exemple via l’épargne-carrière, qui permettra de limiter les dégâts. »

Certaines initiatives sont déjà en cours de réalisation, comme l’allocation de fonction pour les volontaires en poste à un niveau supérieur, l’indemnité pour communication digitale (en principe d'application dès avril) et le logement gratuit (sauf pour les logements domestiques). Dans la colonne des nouvelles initiatives, nous notons que l’allocation de fonction sera élargie pour les officiers subalternes occupant un poste d’officier supérieur, les sous-officiers subalternes sur un poste de sous-officier d’élite et les sous-officiers d’élite sur un poste de sous-officier supérieur. Le DGHR explique que le but est d’en faire bénéficier de nombreux militaires. Il précise : « Actuellement, nous parlons de plus de 3.700 bénéficiaires. Pour y arriver, nous devrons trouver une solution au problème des tableaux organiques (TO), qui sont trop souvent décalés par rapport à la réalité. » La prime de plurilinguisme ferait à terme son apparition, pour le personnel parlant l’anglais et peut-être d’autres langues, si la proposition des syndicats est retenue. En outre, les niveaux

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linguistiques seraient une fois pour toutes alignés sur ceux de la Fonction publique. Un alignement à la Fonction publique serait aussi d’application dans d’autres domaines, comme les indemnités dans les organismes internationaux (I-Org). L’indemnité bicyclette serait aussi alignée, y compris pour les déplacements vers un ‘quartier satellite’. Enfin, le DGHR promet de maximaliser la stabilité géographique pour les volontaires et sous-officiers et de promouvoir le travail à distance pour toutes les catégories. Cadeau empoisonné ? Parmi les initiatives les plus marquantes se trouvent trois changements majeurs. L’indemnité d’éloignement doit compenser le handicap causé par la politique de mutation de la Défense. Le DGHR rappelle que si la distance moyenne domicile-lieu de travail du Belge est de 20 km, pour les militaires, on atteint 48 km, ce qui engendre un manque à gagner pécuniaire et social important. La solution consisterait en une indemnité annuelle (donc non imposable) de 500 € pour tous ceux qui vivent à au moins 


Photo : Vincent Bordignon

20 km de la caserne. En outre, un montant de 150 € serait prévu par tranche de 10 km supplémentaire (aller). Par exemple, si vous habitez à 70 km du quartier, vous percevriez 500 € + 5 x 150€ = 1.250 € par an en dédommagement. La limite supérieure s’élèverait à 200 km, soit 3.200 €. Cette indemnité serait prévue pour tous, donc pas seulement en cas de mutation, de mission ou de cours. À première vue, c’est formidable ! Nous veillerons cependant lors des discussions syndicales sur le contenu qu’il n’y ait pas le moindre risque d’un malentendu quant à l’imputation fiscale, par exemple, en matière de déduction des frais professionnels. La correction du coefficient de calcul profitera réellement à tous les militaires. Pour rappel, les primes (service intensif, permanence, récup’, etc.) sont actuellement basées sur une fraction de 1/1850e du traitement brut, ce qui correspond à une semaine de travail de 40

heures. Les syndicats réclament l’adaptation de cette fraction depuis que la semaine de 38 heures a été d’application, jusqu’ici en vain. Pour la première fois, l’autorité envisage de corriger cette incohérence en portant la fraction à 1/1618e. Un volontaire déployé quatre mois par an sur le terrain et qui perçoit ±7.000 € d’allocations annuelles verrait ainsi une augmentation de ±368 €. Même si cela ne représente pas grandchose pour certains militaires, il s’agit d’une revendication plus que justifiée et légitime, symbole pour beaucoup du manque de respect et de cohérence à l’encontre des militaires. L’indemnité pour celles et ceux qui ne dorment pas à la maison, a été évoquée, discutée et convenue lors des discussions pour adoucir les mesures d’allongement de l’âge de la retraite. Je vous entends déjà froncer les sourcils : « Mais ce dossier est au frigo ! » Effectivement, mais bon, cet élément ne restera pas au

frigo éternellement. Le DGHR a donc décidé de passer à la phase d’exécution. Ce que l’ACMP-CGPM avait d’ailleurs explicitement demandé au ministre de la Défense. L’objectif de cette mesure est de faire en sorte que toute prestation sans retour à domicile soit compensée par une indemnité, en fait, une compensation en temps de 2 heures par période de 24 heures. Enfin, la partie qui parle du ‘Soutien individuel au personnel’ est plus vague, avec des expressions comme ‘Capter structurellement les attentes des gens’ (!). En gros, ça veut dire que la DG HR fera son travail : accompagnement de carrière, plus de flexibilité, etc. La conclusion de ce chapitre dit qu’il faudra des moyens supplémentaires et un ‘mindshift’ pour certains services de la DG HR. Rappelons que ce service est un des plus touchés par la vague de départs à la pension. Améliorer son fonctionnement est un défi majeur. 

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Statut

Recrutement, outsourcing, insourcing L’outsourcing, on sait déjà ce que c’est. Le DGHR aussi puisqu’il compte dessus pour combler une partie du manque de personnel. Impossible de faire autrement dans le climat politique actuel et face aux effectifs en réduction drastique. L’insourcing est quant à lui un quasi nouveau venu dans l’équation. On vous passe les détails mais le but est d’avoir une solution pour des besoins temporaires suite à un déficit structurel en personnel ou pour remplacer un militaire en retrait temporaire d’emploi ou malade de longue durée. La Défense fera alors appel à du personnel intérimaire. Pas pour les tireurs d’élite, bien sûr, mais pour toutes les fonctions de soutien (enfin, celles qui n’auront pas déjà été ‘outsourcées’) et qui ne nécessitent par une expérience militaire. Cela permettra aussi d’éviter l’effet d’aspiration négatif sur les unités opérationnelles, c’est-à-dire les militaires prélevés aux unités pour renforcer de l’État-major en personnel. Pour l’État-major et l’ERM, le DGHR parle de 793 fonctions potentielles répondant à de tels critères ! Un exemple : vous êtes sous-officier

informaticien et vous décidez de prendre une non-activité d’un an pour travailler dans le civil, histoire de gagner plus. Il serait cocasse que Randstad vous engage pour vous remplacer à votre ancien poste. Après tout, vous seriez le meilleur candidat pour ce job et cela permettrait à la Défense de boucher le trou. On appelle ça un ‘win-win-win’, ça rime avec ‘jobsjobs-jobs’. Vous suivez ? Pour la plupart des militaires l’outsourcing et l’insourcing sont des non-sens qui vont d’une part coûter très cher et d’autre part supprimer des fonctions traditionnellement réservées aux militaires plus âgés, alors même qu’on annonce un allongement de la carrière… L’autorité militaire défend ces options comme un choix stratégique décidé par le politique. Ce choix permet aux militaires restants de se consacrer aux tâches opérationnelles de la Défense. En même temps, la qualité des services annexes est améliorée. Côté recrutement, plusieurs limites d’âge seront augmentées. Par exemple, + 4 ans pour les BDL et jusqu’à 10 ans de l’âge maximal pour les réservistes. On ouvrira la Réserve à des étudiants

jobistes et la Défense offrira des premiers emplois dans le cadre du plan ‘Rosetta’ pour le personnel civil. Les PVE seront encouragées, tout comme le recrutement interne et les formations seront optimalisées avec, par exemple, des dispenses sur base de compétences. À noter : la suppression de l’examen de première langue, qui cause trop d’échecs est nait de tous fason pas treize utile dent l armais. C pa grv en c tps d sms. lol… École secondaire On se dirige aussi vers un système de recrutement permanent. Le jeune intéressé sera incorporé dans le mois, au lieu d’attendre jusqu’à un an. Par ailleurs, et c’est une grande nouvelle, l’enseignement secondaire proposerait une option ‘Défense & métiers de la sécurité’ pour les élèves du 3e degré (4e, 5e et 6e années). Cette formation orientée ‘Défense’ serait donnée en partie par des militaires. Les élèves pourraient passer leurs épreuves d’admission en 6e année, recevraient une priorité au recrutement et seraient dispensés d’une partie de la formation initiale s’ils choisissent le métier des armes. Le curriculum comprendrait aussi un ou plusieurs stage(s) en milieu militaire. La Communauté flamande marque son intérêt pour une option de deux ans. Les francophones sont eux très enthousiastes pour une option de trois ans. Les premiers cours pourraient débuter en 2020. Timing

Photo : Vincent Bordignon

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Certaines mesures nécessitent une révision de certaines lois, pour d’autres des arrêtés royaux ou ministériels suffisent, voire un ‘simple’ changement des règlements. 


Ainsi, pour la prime d’anglais, l’épargne-carrière et certains aspects du recrutement, le DGHR a reçu un accord de principe du Ministre Reynders. L’assouplissement du temps de travail et la nourriture gratuite pendant la formation de base feront l’objet d’une étude plus approfondie.

- Indemnité bicyclette vers un quartier satellite - Indemnité d’éloignement - Coefficient de calcul revu à 1/1618e - Impossibilité de dormir à domicile - Élargissement de l’allocation de fonction

Quelques dossiers ont déjà passé le cap du Ministre et de la négociation syndicale, comme la suppression de la limite de 60 jours pour les réservistes de 60 ans et plus. La modification de certaines limites d’âge et surtout l’alignement du congé parental et des soins d’accueil sur la Fonction publique sont sur la table du MOD.

Le retour de Pinocchio ?

Mais le plus significatif est que les textes suivants seront d’ici peu soumis aux partenaires sociaux. Ce ne sont donc pas des ‘paroles en l’air’ : - Alignement des indemnités I-Org sur les Affaires étrangères

Rassurez-vous, il ne nous a pas non plus échappé que les élections approchent. Alors, promesses électorales ou réelle avancée ? Quoi qu’il en soit, de mémoire de militaire belge c’est la première fois qu’il est envisagé de déposer ces sujets ‘tabous’ sur la table des négociations. Une simple petite phrase comme « L’Output (Ops) sera adapté à l’enveloppe du personnel disponible » aurait coûté les étoiles à son auteur (ou une mutation à Tombouctou) il y a seulement quelques mois. Le lapin est sorti du chapeau, il sera bien difficile de l’y remettre. Et puis il ne faut pas se

leurrer : la Défense est dans un tel état que des doutes réels existent que même l’ensemble de ces mesures suffise à sauver l’outil ; il faudra aller encore bien plus loin, notamment en matière de révision de nos traitements. Les politiciens le savent aussi ; ils n’ont plus vraiment le choix, ce qui explique leur discernement soudain. Pour le syndicat militaire, ces ‘initiatives’ sont encourageantes et louables. On voudrait y croire mais franchement, à force de coups dans le dos et d’engagements non tenus, tout cela semble surréaliste. L’avenir nous dira si Didier Reynders héritera du masque de Pinocchio de son collègue Vandeput. Nous espérons en tout cas pouvoir ranger celui-ci une bonne fois pour toutes dans la boîte des mauvais souvenirs… 

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Info

15 Wing : la fin des haricots ? Début janvier, une délégation du syndicat militaire ACMP-CGPM rendait visite au 15 Wing à Melsbroek. Philippe Sion, délégué permanent et ancien de l’unité, n’en revenait pas : mais où sont-ils tous passés ?

Dans le grand hall, trois militaires déplacent des palettes. « Bonjour, ils sont où les autres ? » Le premier caporal-chef semble surpris : « Quels autres ? Il n’y a que nous ici. » Il ne faut pas discuter longtemps pour comprendre que le manque de personnel afflige l’unité autant que le reste de la Défense. « Pour moi c’est la dernière année », explique un collègue. « Moi aussi », s’exclame le deuxième. Le troisième la ramène moins : « Septembre 2022. Enfin, normalement… ». « Et vous serez remplacés ? » Ils rigolent un bon coup et haussent les épaules. « Vous avez vu un jeune quelque part, vous ? Après nous, les palettes se chargeront toutes seules. Ou bien le boulot sera ‘outsourcé’. » La main désigne l’aéroport civil, de l’autre côté des pistes. Un peu plus loin, un mécanicien s’affaire sur un C-130. Il se demande ce qui va se passer dans les prochaines années. « Je ne sais pas où ils vont trouver les 80 techniciens qui doivent être formés sur A400M. Le cours se fera à Séville mais personne ne veut y aller. C’est pas comme une mission : pas de primes, un logement

Photo : Laurent Schmitz

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merdique, … Et pour quoi ? Un brevet pas valable dans le civil et de toute façon la maintenance sera certainement ‘outsourcée’. C’est fini les belles missions, comme dans le temps. » Un adjudant-chef nous accoste : « Pour gérer les deux magasins, il y avait neuf personnes. Aujourd’hui c’est deux, plus un mitemps. Alors évidemment, ça devient compliqué pour obtenir une pièce. » Nous croisons un adjudant dans un couloir désert : « Désolé, je finis ma ‘clearance’, c’est mon dernier jour. Moi, je vais acheter un bateau et vivre sur les canaux. Vous savez, d’ici on peut naviguer jusqu’à la Méditerranée. Allez, bonne chance les gars ! »… Effondrement En approchant du Wing Ops, nous contournons un bâtiment balisé ‘Danger - Effondrement’. À cause d’une fuite d’eau, la structure est compromise. Le contenu est stocké dehors, dans des containers. Un collègue explique : « On ne peut pas réparer. Il n’y a même pas de budget pour le raser. Bientôt on doit recevoir les A400M mais il n’y a aucun hangar assez grand. On nous a promis de nouveaux bâtiments mais on ne voit rien venir. Vous verrez qu’ils vont inventer un truc, du genre que les vieux hangars suffisent pour le nez de l’avion et on laissera la queue

dehors. Et si on doit intervenir sur l’empennage ? Ils fournissent les parapluies ? » Le Wing Ops ne paie pas de mine, avec ses stores déchirés, mais l’intérieur est plus moderne. Deux énormes écrans plats couvrent un mur. Ils affichent une poignée de vols. Un responsable nous éclaire : « Avec le nouvel horaire, nous sommes fermés la nuit et le weekend, vu qu’on manque de personnel. Du coup, ça ne vole plus des masses. Le weekend passé par exemple, on attendait les résultats des élections au Congo. S’il avait fallu intervenir, c’était impossible. Il y restait bien un C-130 en état de vol, mais il a des soucis structurels et ne peut emporter de réservoirs externes, donc impossible d’aller en Afrique. Les autres avaient besoin de maintenance, mais sans les mécanos... Heureusement, il ne s’est rien passé. Si vous voyez Kabila, rappelez-lui d’annoncer la guerre civile au moins deux mois à l’avance pour qu’on puisse organiser le NEO (ndlr : rapatriement des ressortissants en Afrique) ... » 

Photo : Laurent Schmitz


Photo : Laurent Schmitz

Wet Leasing À la cafétaria, nous rencontrons un pilote de C-130. Il ne mâche pas ses mots : « Il ne reste que six commandants de bord, qui se tapent toutes les missions merdiques. Ça arrange bien les pilotes à État-major : ces messieurs ont besoin d’heures de vol, mais ils ont toujours une bonne excuse quand la mission ne leur plaît pas. En plus, on n’est même plus payés à temps. J’ai un collègue qui a attendu 9 mois ses primes de mission ! Problème d’encodage, manque de personnel administratif, etc. Ils se foutent de nous mais ça ne va pas durer. Les compagnies aériennes cherchent du personnel qualifié. Nous, on va aller rentabiliser nos 6.000 heures de vol chez Air Belgium pour un salaire double et un ‘merci’ de temps en temps. Dommage pour les copains qui restent mais on n’est pas non plus une œuvre de charité. » Il n’y a pas que le personnel qui fait défaut, le matériel aussi est à bout de souffle : « Hier on est encore rentrés sans radar météo. Pas le choix, faut voler comme ça sinon on est bloqués à ‘Kala-kala’… » Ces pilotes ne sont pas seuls à envisager un départ ; on murmure le nom de la compagnie HiFly dans les couloirs. Cette société pratique le ‘wet leasing’, une location

d’avions avec équipage qui permet aux compagnies régulières d’assurer des besoins à court et moyen termes sans prendre trop de risques. Elle connaît bien le 15 Wing car c’est elle qui fournit l’Airbus A321 utilisé par la Défense… Produits blancs Un adjudant-major nous invite à visiter le ‘musée des produits blancs’. ‘Blanc’ fait référence à la couleur des avions de la 21e Escadrille, alors que les C-130 de la 20e Escadrille sont gris. ‘Musée’, parce que c’est fini, ils ne voleront plus. Dans le grand hangar, un Embraer et des Falcon 20 brillent sous les projecteurs. « Ils ont encore un bon potentiel mais les pièces de rechange sont trop chères. Celui-ci sera offert à une école d’Ostende, pour former de jeunes techniciens. L’autre servira à la police pour s’entraîner en cas de détournement. » Notre guide est interrompu par un sous-lieute-

nant, le premier jeune que nous croisons. L’officier repart rapidement. « On cherche quelqu’un pour faire un ‘towing’ (remorquage d’avion). Pour la sécurité, il faut six personnes qualifiées : une dans le cockpit, une dans le clark, et une à chaque coin. Comme ce n’est plus possible, on a adapté le règlement, mais même quatre ce n’est pas facile à trouver. » Outre le délabrement évident de l’unité, nous constatons une énorme incertitude au sein du 15 Wing. Le manque de personnel conduit même à des situations dangereuses. Si ce qui nous a été rapporté est incorrect, il est urgent d’informer le personnel de façon transparente. Et si la situation est aussi dramatique qu’on nous le dit, alors il est urgent d’informer le Parlement de façon transparente. 

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Info

Florennes : le calme avant la tempête Plus d’un tiers du personnel du 2 Wing Tac de Florennes partira à la pension dans les cinq prochaines années. Si pour le moment l’opérationnalité des escadrilles semble encore assurée, l’avenir s’annonce difficile à Florennes. La brume se lève quand nous passons le corps de garde. Dans le lointain, les premiers sifflements de réacteurs résonnent. Sous le ciel désormais bleu, rien ne laisse à penser que le 2 Wing fait face à un défi majeur. À la première escadrille, le ‘CO’ se veut rassurant : « Actuellement, nous ne ressentons pas encore trop le manque de personnel. Tous les vols ont lieu comme prévu. Cela dit, je suis bien conscient que nous allons vers des années difficiles. Après dix ans de déploiements opérationnels, nous sommes de retour en Belgique. À l’étranger, le personnel était disponible en permanence et nous étions prioritaires pour les pièces de rechange et l’équipement. Ici, ça ne se passe pas de la même façon. Il

y a des horaires de travail et des contraintes d’approvisionnement qui n’existent pas en opération. Ce que j’appréhende le plus, c’est la période de transition vers le F-35, pendant laquelle tout devra se faire en double, en plus de former tout le monde sur le nouveau matériel. En attendant, pour nous c’est ‘business as usual’. » En effet, sur la ligne de vol les équipes s’affairent autour des appareils. Le personnel en veste fluo est en grande partie composé de jeunes militaires. Le souci des départs à la pension semble bien loin. Pourtant, le problème est réel mais il faut s’éloigner de la piste pour s’en apercevoir. Au Flight ‘Intervention’, quand nous demandons au responsable s’il constate

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un manque de personnel ou de moyens, il répond en sortant de son sac une boîte de Gaviscon, un antiacide efficace contre les aigreurs d’estomac… Au Flight maintenance avions, même son de cloche : « L’origine du problème date d’il y a dix ans. La situation s’est dégradée et nous sommes au point où il va falloir dire ‘non’. À force de presser les gens, on en arrive à des situations dangereuses. » Coup de semonce L’incident de tir du F-16 en maintenance il y a quelques mois était en quelque sorte le ‘coup de semonce’ d’un système qui a outrepassé ses limites : « On a eu beaucoup de chance cette fois-là, ça aurait pu être bien pire. Il faut tirer les leçons de cet accident avant qu’il y en ait d’autres, sinon c’est une question de temps avant qu’on ait des morts. » Selon les principaux intéressés, le déficit va empirer : « Dans notre métier, il faut trois à quatre ans avant qu’un jeune soit indépendant. Et c’est justement ce qui aggrave la situation. Chaque ‘bleu’ mobilise l’attention du ‘moustachu’ qui lui sert d’instructeur. Du coup, le rendement diminue. Par ailleurs, nous devons composer 


Photo : Laurent Schmitz

avec l’obligation pour tout le personnel qui part en mission d’avoir la catégorie opérationnelle ‘A’. Or, quand on a un certain âge et que la vue baisse, il n’est pas toujours évident d’obtenir des résultats suffisants, par exemple aux épreuves de tir. À cause de cela, certains techniciens qui voudraient partir ne peuvent pas alors que d’autres sont trop sollicités. Il faut encore ajouter le manque de moyens, entre autres en pièces de rechange. Actuellement quand nous devons changer une pièce, très souvent elle se trouve à Kleine Brogel. De ce fait, une intervention mineure cloue un appareil au sol pendant une journée, le temps qu’on trouve un véhicule et un

chauffeur pour aller chercher la pièce chez nos collègues flamands. » Outre le manque de personnel et de moyens, nous constatons un autre phénomène préoccupant. Entre les jeunes et les ‘anciens’ proches de la pension, la pyramide des âges présente un creux marqué. Au ‘mess’ et dans les bars d’unités, il y a des tables de ‘jeunes’ et des tables de ‘vieux’. La communication entre ces deux générations de militaires a du plomb dans l’aile. Les anciens évoquent le ‘bon vieux temps’ des équipes soudées, de la ‘grande famille’ et des quatre-cents coups dont tout le monde se souvient. De leur côté, les nouveaux se distancient de ces patriarches qui les prennent de haut et tournent les procédures ‘comme ça les arrange bien’... Overdue

Photo : Laurent Schmitz

Si la situation est préoccupante autour des avions, c’est au fond de la base que nous trouvons les grains de sable qui menacent l’engrenage du Wing. Un responsable des inspections tire la sonnette d’alarme : « 95% des produits sont ‘overdue’ et ne peuvent

plus être utilisés. Cela concerne principalement les produits pétroliers et pyrotechniques. Comme chaque année, nous aurons un audit à ce sujet. Cette fois nous espérons que ces produits seront retirés, car même si de la vaseline périmée continue à faire son boulot, il peut aussi s’agir de produits moins innocents, comme ceux utilisés dans certaines procédures non destructives. Après, si on doit jeter tout ça, avec quoi allons-nous faire les inspections ? Ce n’est pas normal de devoir travailler dans ces conditions. » Le service où la situation est la plus critique à Florennes est la cellule CIS. Pour travailler, les détachements opérationnels ont besoin d’antennes, de réseaux, de ‘hardware’ et de logiciels. Le personnel IT est constamment sollicité, du Portugal à la Lituanie mais aussi en Belgique où il faut développer et entretenir les programmes nécessaires aux pilotes, aux FAC (‘Forward Air Controller’) ou à la logistique. Un informaticien explique : « Le niveau d’ambition est trop élevé. Les quelques collègues qui restent prennent leur pension sans être remplacés ou sont contraints de quitter l’unité ‘sur facture’. Or, le boulot que nous faisons n’est pas du genre qui peut être ‘outsourcé’ dans le civil. Au train actuel, il ne faudra pas un an avant que tout s’écroule. » Ici comme ailleurs à la Défense, il faudra bientôt choisir entre l’opérationnalité de l’unité et la sécurité du personnel. À moins que nos dirigeants ne se réveillent et fournissent enfin à la Défense les moyens d’assumer leurs ambitions. 

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Info

1 Wing de Beauvechain La base de Beauvechain abrite une panoplie hétéroclite d’aéronefs. Entretenir des Alouette III, Marchetti, Alpha-Jet, Agusta A109, Piper Super Cub et deux sortes de NH-90 est en soi un cauchemar logistique. Le manque de pièces de rechange et de personnel qualifié rend la tâche encore plus ardue. Ce beau matin d’hiver, nous sommes invités au hangar H5 par de jeunes techniciens chargés de la maintenance des nouveaux hélicoptères NH90. Après le discours désabusé tenu par les ‘anciens’ d’autres bases aériennes, cela fait plaisir de parler à la nouvelle génération. Un petit groupe nous entoure et chacun y va de son commentaire. « L’année passée, six de nos collègues sont partis », explique un sergent. C’est normal, pensons-nous, avec la vague de pensions que connait l’armée. « Non, pas des vieux. Ils sont partis parce qu’ils en avaient marre, et ça va continuer ! » La nouvelle nous surprend. Là, on parle de jeunes responsables d’un matériel de pointe, un rêve de mécanicien… Comment peuvent-ils être si amers ? La réponse vient au fil de la conversation : « Parfois,

pour 10 minutes de travail on en a pour une heure d’administration. » Un autre mécano renchérit : « Il nous arrive d’aller à Coxyde chercher une pièce de rechange. Six heures sur la route au lieu de travailler. » D’autres désagréments agacent le personnel : « Comme on travaille en ‘shifts’, souvent on loge sur la base. Hier j’ai dormi dans la chambre transit. C’est la cata, le chauffage ne marche pas. Et au bloc A3, les WC sont bouchés depuis une éternité, ça pue la mort. Je n’avais pas imaginé ça quand je me suis engagé. » Un technicien arborant un badge de l’intervention au Mali soulève un autre problème : « Je suis militaire pour partir en mission. Mais en cinq ans je n’ai pu faire qu’une seule opération. Franchement, je serais mieux dans le

Photo : Laurent Schmitz

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civil. J’ai un copain qui transporte des handicapés dans ma région. Il gagne plus que moi, peut utiliser la camionnette du boulot et dort chez lui tous les soirs. » Un autre secoue la tête : « Pour moi, ils peuvent garder leurs missions. Au Mali, le wifi était super mauvais, soi-disant l’Afrique et tout ça. Mais si on achetait un abonnement chez nos collègues néerlandais, ça passait très bien. C’est toujours pareil ; on veut jouer dans la cour des grands mais on n’a pas les moyens. » Alors que nous entrons dans le hangar, l’image du jeune technicien fier d’entretenir les hélicos ultramodernes a déjà pris du plomb dans l’aile. « Attention aux pieds et à la tête parce qu’il a fallu concentrer tout dans un hangar, vu que le second est en rénovation. » Et les deux hangars neufs qui bordent le parking ? « Vides. On n’a pas le droit de les utiliser à cause d’un problème de portes. » Devant notre mine incrédule, un officier confirme : « C’est comme ça depuis 2015... Ah mais pour acheter ces merdes, il y avait assez d’argent, pas de souci ! » Au plafond du H5, une lampe sur deux est grillée, les maintenances se font à la Petzl frontale dès le coucher du soleil. Dans le froid, vu que le chauffage est capricieux, comme l’explique un technicien : 


Photo : Laurent Schmitz

« J’ai dû recommencer trois fois le siliconage d’un joint. Le produit a besoin de 15 degrés pour prendre, sinon il perd ses propriétés. Mais si la soufflerie se coupe tu arrives au matin pour trouver un truc visqueux qu’il faut alors nettoyer et remplacer. Entre-temps, c’est chaque fois 24h qu’on perd sur le planning. » Deux NH90 TTH partagent le hangar, soit 50% (!) de la ‘flotte’ belge. « Quatre hélicos de transport pour sept bataillons de combat ? Je ne sais pas quel génie a inventé ça, c’est juste assez pour parader le 21 juillet ! », s’exclame un mécano. « On n’a aucune réserve en cas de panne. Le moindre souci doit toujours être réglé en urgence, c’est du n’importe quoi. » L’étage du bâtiment est scellé pour cause de désamiantage. Du coup, les armoires du vestiaire sont éparpillées entre les outils, les caisses et les stocks de produits. « On réclame des armoires avec un compartiment séparé pour les salopettes de travail, pour ne pas contaminer nos vêtements propres. Mais même ça, c’est trop demander. On sait qu’il y a du chrome 6 sur le NH90 mais on ne reçoit presque pas d’informations. On entend qu’à Kleine Brogel ils

changent les cartouches filtrantes des masques à chaque activité, mais chez nous il n’y a même pas assez de masques pour tout le personnel, il faut partager. Pour les bottines de sécurité, les pointures courantes sont épuisées depuis une éternité. Et pour les gants jetables, il faut se prostituer. Regardez l’atelier où on traite les pièces, il n’y a même pas de système d’aspiration. L’été passé j’ai fait un malaise à cause des solvants. Après ça, on te ‘félicite’ en te donnant un niveau plus élevé dans la maintenance, mais c’est un cadeau empoisonné : plus de responsabilités pour pas un euro de plus. Dans le civil, tes brevets sont valorisés. Ici, c’est juste du foutage de gueule. » Je demande si on peut ouvrir la porte coulissante pour avoir un peu plus de lumière, histoire de faire de meilleures photos. Hilarité générale : « Ah ben non, elle ne marche plus. On ne peut l’ouvrir qu’avec un tracteur, en attachant une sangle, à nos risques et périls. » Pas que ce soit un souci pour le NH90 prisonnier derrière, car il n’est pas près de sortir, comme le confirme un officier responsable de la maintenance. « Un exemple : l’hélico RN07 a commencé l’entretien des 900 heures fin juillet, pour

une durée normale de deux mois. Il a été fini en janvier à cause du manque de pièces de rechange. Rien que pour faire installer un nouveau logiciel de bord il faut 150 jours ouvrables ! Et on est encore le pays qui s’en sort le mieux, nos NH90 volent 20 heures par mois en moyenne, c’est 2x plus que les autres. Malheureusement, ça ne va pas durer si on continue à perdre notre personnel. Dernièrement, j’ai dit adieu à un technicien A109. L’agence OTAN au Luxembourg l’a débauché. Maintenant il est plus près de chez lui et il gagne deux fois plus. » Ici, on ne croit pas que l’outsourcing va tout résoudre : « Pour les kits de flottaison, on fait appel à la firme Zodiac. C’est tellement catastrophique qu’on a décidé de former nos propres spécialistes, ce qui fera gagner énormément de temps et d’efficacité. » Le mot de la fin vient d’un des patrons de la base, qui nous confie d’une voix lasse : « Vous savez, moi aussi je me tracasse. Certaines nuits je ne dors pas, je me demande comment on va s’en sortir sans dégoûter tout le monde. » 

Photo : Laurent Schmitz

La Sentinelle 13


Statut

Cotisation de solidarité sur nos pensions… vers une suppression pour tous ? Voilà un sujet qui anime les discussions chez les militaires retraités, depuis son instauration en 1994. Il a aussi fait l’objet de nombreuses discussions politiques. Une énième étape vient d’être franchie par l’entrée en vigueur au 1er mars 2019 de nouveaux montants dans la formule. Suivant le cas, son montant est de 0 €, diminué ou, hélas, toujours inchangé. Un peu d’histoire Afin de maintenir en équilibre financier la Sécurité sociale en général et le secteur des pensions de retraite en particulier, la retenue d’une cotisation de solidarité (un impôt complémentaire de crise) sur les pensions a vu le jour par la loi du 30 mars 1994 portant des dispositions sociales. Elle varie entre 0% et 2% puisqu’elle est fonction du montant total brut des pensions et de la situation du bénéficiaire (avec charge de famille ou non (*)). Pour les personnes ‘actives’, depuis avril 1994, rappelons qu’il existe aussi la cotisation spéciale de la sécurité sociale. Ces retenues ne sont pas destinées précisément à l’une ou l’autre branche de la Sécurité sociale, mais à son ensemble (allocations de chômage, petites pensions, assurance maladie, ...).

la détermination de la cotisation de solidarité. Une initiative, entre autres, du ministre des Pensions Bacquelaine (qui voit ainsi se réaliser partiellement ses diverses tentatives passées, dont une proposition de loi de juillet 2007 visant une suppression progressive de la retenue de solidarité). Diminution et suppression de la cotisation de solidarité Il a été question de relever les seuils mensuels bruts, reprenant la pension légale et la pension complémentaire, au-delà desquels la cotisation de solidarité est due. Dès lors, certain(e)s pensionné(e)s rejoignent aujourd’hui le groupe des personnes dispensées de payer la cotisation de solidarité. D’autres bénéficieront d’une réduction. Mais les pensions les plus élevées resteront soumises à cette retenue et dès lors, aucun changement.

La Parlement a approuvé le 7 février 2019 à la majorité (90 oui et 42 abstentions), un projet de loi visant à relever, dès le 1er mars 2019, les seuils applicables pour

Toute personne désireuse d'en savoir plus sur sa situation doit appliquer l’une des deux formules suivantes, suivant sa qualité de bénéficiaire : sans ou avec charge de famille (*). Les montants sont conformes à l’index actuel :

Sans charge de famille

Avec charge de famille

Dernière avancée

P = Montant total mensuel brut de l’ensemble des pensions et autres avantages

Montant de la retenue en euro

P = Montant total mensuel brut de l’ensemble des pensions et autres avantages

Montant de la retenue en euro

de 0,01 EUR à 2.594,45 EUR

0,00

de 0,01 EUR à 2.999,51 EUR

0,00

de 2.594,46 EUR à 2.674,68 EUR (P – 2.594,45) x 50%

de 2.999,52 EUR à 3.092,26 EUR (P – 2.999,51) x 50%

de 2.674,69 EUR à 2.873,57 EUR P x 0,015

de 3.092,27 EUR à 3.287,31 EUR P x 0,015

de 2.873,58 EUR à 2.903,51 EUR 43,10 + (P – 2.873,57) x 50%

de 3.287,32 EUR à 3.321,55 EUR 49,31 + [(P – 3.287,31) x 50%]

à partir de 2.903,52 EUR

à partir de 3.321,56 EUR

14 La Sentinelle

P x 0,02

P x 0,02


Quelques exemples Effet cumulatif : nouveaux précomptes professionnels au 01/01/19 et nouveaux plafonds pour la cotisation de solidarité au 01/03/2019

COTISATION DE SOLIDARITÉ PENSION

Sans charge de famille

Avec charge de famille

Différence (2)-(1)

Marié – avec un revenu

Différence (4)-(3)

Montants nets indexés

Montant brut non indexé

Isolé ou Marié avec deux revenus

Avant

Grade et années de service avec les 2 ans de bonification

Après

Après

Après (2)

Avant (3)

Après (4)

01-01-19

01-03-19

01-01-19

01-03-19

14.687,30 €

0,00 €

0,00 €

0,00 €

0,00 €

1.640,22 €

1.675,75 €

35,53 €

1.907,29 €

1.966,43 €

59,14 €

1CplChef ( ≥ 37,5 ans Sv)

15.037,50 €

0,00 €

0,00 €

0,00 €

0,00 €

1.663,04 €

1.698,74 €

35,70 €

1.937,98 €

1.997,13 €

59,15 €

1SgtMaj/SLt Niv B (27,5 ans Sv)

13.652,09 €

0,00 €

0,00 €

0,00 €

0,00 €

1.570,29 €

1.602,78 €

32,49 €

1.817,28 €

1.863,25 €

45,97 €

1SgtMaj Niv C (30,5 ans Sv)

13.857,64 €

0,00 €

0,00 €

0,00 €

0,00 €

1.583,90 €

1.616,38 €

32,48 €

1.833,93 €

1.891,30 €

57,37 €

Adjt Niv C (31,5 ans Sv)

15.254,00 €

0,00 €

0,00 €

0,00 €

0,00 €

1.675,94 €

1.711,76 €

35,82 €

1.956,14 €

2.015,28 €

59,14 €

Adjt Niv C (24,5 ans Sv)

16.906,77 €

23,26 €

0,00 €

0,00 €

0,00 €

1.757,23 €

1.813,31 €

56,08 €

2.093,26 €

2.155,38 €

62,12 €

Adjt Niv C (35 ans, 4 mois Sv)

17.458,85 €

37,25 €

0,00 €

0,00 €

0,00 €

1.789,78 €

1.847,33 €

57,55 €

2.137,31 €

2.201,01 €

63,70 €

Adjt Niv C ( ≥ 37,5 ans Sv)

18.520,69 €

41,58 €

19,98 €

0,00 €

0,00 €

1.855,46 €

1.897,86 €

42,40 €

2.219,64 €

2.269,61 €

49,97 €

AdjtChef Niv C ( ≥ 37,5 ans Sv)

20.580,00 €

58,55 €

58,54 €

43,91 €

0,00 €

1.969,72 €

2.008,07 €

38,35 €

2.354,90 €

2.444,35 €

89,45 €

AdjtMaj ( ≥ 37,5 ans Sv) 9 mois

20.895,06 €

59,44 €

59,44 €

44,58 €

0,00 €

1.986,85 €

2.025,37 €

38,52 €

2.376,13 €

2.466,37 €

90,24 €

Adjt Chef Niv C ( ≥ 37,5 ans Sv) Allocation de formation 21.015,00 €

59,78 €

59,78 €

44,84 €

0,00 €

1.994,55 €

2.033,13 €

38,58 €

2.385,22 €

2.475,75 €

90,53 €

AdjtMaj ( ≥ 37,5 ans Sv)

21.517,50 €

61,21 €

61,21 €

61,21 €

30,59 €

2.028,41 €

2.067,21 €

38,80 €

2.416,33 €

2.499,16 €

82,83 €

AdjtMaj ( ≥ 37,5 ans Sv) Allocation de formation AdjtChef/Offr Niv B ( ≥ 37,5 ans Sv) Cdt (35,5 ans de Sv) Capt ( ≥ 37,5 ans Sv) Cdt ( ≥ 37,5 ans Sv) Cdt ( ≥ 37,5 ans Sv) Capt de Corvette ( ≥ 37,5 ans Sv) Maj ( ≥ 37,5 ans Sv) LtCol ( ≥ 37,5 ans Sv) Col BEM ( ≥ 37,5 ans Sv) Général ( ≥ 37,5 ans Sv)

22.042,50 € 24.581,25 € 27.507,72 € 28.042,58 € 28.868,17 € 30.081,24 € 33.422,47 € 33.571,67 € 43.729,24 € 45.184,82 € 46.882,74 €

62,70 € 69,92 € 78,26 € 79,78 € 82,12 € 85,58 € 95,08 € 95,51 € 124,40 € 128,54 € 133,37 €

62,70 € 69,92 € 78,26 € 79,78 € 82,12 € 85,58 € 95,08 € 95,51 € 124,40 € 128,54 € 133,37 €

62,70 € 69,92 € 78,60 € 79,78 € 82,12 € 85,58 € 95,08 € 95,51 € 124,40 € 128,54 € 133,37 €

47,03 € 69,92 € 78,26 € 79,78 € 82,12 € 85,58 € 95,08 € 95,51 € 124,40 € 128,54 € 133,37 €

2.056,95 € 2.213,10 € 2.359,64 € 2.394,61 € 2.439,69 € 2.516,55 € 2.722,31 € 2.726,20 € 3.361,36 € 3.451,55 € 3.558,08 €

2.096,04 € 2.253,42 € 2.405,10 € 2.440,30 € 2.478,07 € 2.557,14 € 2.762,90 € 2.766,79 € 3.401,95 € 3.492,15 € 3.598,67 €

39,09 € 40,32 € 45,46 € 45,69 € 38,38 € 40,59 € 40,59 € 40,59 € 40,59 € 40,60 € 40,59 €

2.451,34 € 2.610,50 € 2.776,84 € 2.815,02 € 2.858,76 € 2.937,64 € 3.120,66 € 3.122,24 € 3.740,98 € 3.831,18 € 3.937,70 €

2.527,01 € 2.683,88 € 2.851,74 € 2.890,15 € 2.934,34 € 3.013,78 € 3.203,08 € 3.204,88 € 3.817,69 € 3.907,89 € 4.014,41 €

75,67 € 73,38 € 74,90 € 75,13 € 75,58 € 76,14 € 82,42 € 82,64 € 76,71 € 76,71 € 76,71 €

Constatations Nous avons profité de l’opportunité d’un changement au niveau de la retenue de la cotisation de solidarité pour faire apparaître aussi le changement qui s’est opéré au 1er janvier 2019 concernant la réduction des précomptes professionnels. Pour certains, il y aura donc un effet cumulatif des deux événements. Il est ainsi possible de constater, sur base de ces exemples, que les retraités issus de la catégorie des volontaires ne connaissent aucune amélioration de leur situation pour ce qui est de la cotisation de solidarité. En effet, ils en étaient déjà exonérés. Ils ont connu toutefois une amélioration du montant net à la suite de l’application de nouveaux précomptes professionnels.

01/03/2019

Avant (1)

1CplChef (35 ans Sv)

dans le grade d’AdjtMaj

01/03/2019

Avant

C’est au sein des retraités issus de la catégorie des sous-officiers que certains connaissent un changement dans le montant de la cotisation de solidarité. Suivant la qualité du bénéficiaire et sa pension, il y a une exonération de retenue ou une diminution (voir en surbrillance jaune). Une augmen-

tation cumulative (cotisation de solidarité et précomptes professionnels) est donc acquise pour certains. Les retraités issus de la catégorie des officiers ne voient aucune évolution quant au montant de la cotisation de solidarité. Comme les autres, les nouveaux précomptes du 1er janvier 2019 ont débouché sur une augmentation du montant net de la pension. (*) Avec ou sans charge de famille ? ‘Avec charge de famille’ : être isolé et avoir des enfants à charge (percevoir des allocations familiales pour un enfant au moins) ; être marié et son conjoint ne perçoit aucun revenu ou des revenus ‘limités’. Si votre situation familiale n'est pas reprise dans un de ces cas de figure, il est question de ‘sans charge de famille’. 

Photo : Nicolas Deplanque

La Sentinelle 15


Statut

Les Experts en milieu militaire Camp allemand de Bergen-Hohne. La Défense y a envoyé plus de 200 militaires. Parmi ces bérets bleus, noirs ou rouges, deux calots de la Police fédérale discutent avec les uns et les autres. Par leur simple présence, ils rappellent aux militaires que la loi doit être respectée, même loin de la Belgique. Imaginez une situation classique d’un exercice à l’étranger. Il est tard. Nous sommes au bar du détachement belge composé de deux compagnies. Après 15 jours de manœuvres, les hommes relâchent la tension en vue du retour en Belgique. C’est le moment des bilans autour d’un verre. Mais certains consomment un peu trop d’alcool. Une bagarre éclate. Coups de poing, cris, verre brisé : le spectacle est désolant. Les MP et des militaires plus sobres interviennent pour rasséréner tout le monde. Deux blessés légers sont emmenés à l’infirmerie. Au milieu de ce capharnaüm, les agents de la DJMM (Direction Judiciaire en Milieu Militaire) appelés à la rescousse font les premières constatations d’usage, recueillent témoignages et preuves. Leur travail a commencé : ils sont les experts policiers en milieu militaire. Allo, la DJMM ? « Une bonne part de notre core business concerne la Défense », explique Philippe Bryère, commissaire à la DJMM. « Nous sommes une dizaine dans un service

Photo : Daniel Orban

16 La Sentinelle

bilingue, avec deux sections – l’une francophone, l’autre néerlandophone, une permanence 24h/24, 7j/7. Nous travaillons au profit du Parquet fédéral pour les infractions commises en Belgique et à l’étranger par des militaires dans le cadre du service. Nous pouvons aussi être envoyés on call, à la suite d’un accident grave, par exemple. » Par infraction, il faut comprendre toute action contraire au droit belge et qui est du ressort des tribunaux belges et/ou étrangers (là où a eu lieu l’infraction). Pour pouvoir opérer à l’étranger, les policiers de la DJMM disposent de passeports de service, se soumettent à toute une batterie de vaccins et bénéficient d’un niveau de sécurité. « Ce qui fait notre spécificité au sein de la Police, c’est notre disponibilité via la permanence et le fait que nous soyons équipés pour partir immédiatement. » Downsizing des détachements La DJMM, qui est indépendante de la hiérarchie militaire, fait régulièrement le pas vers la communauté de la Défense pour expliquer les raisons de sa présence sur le terrain. Cette démarche s’inscrit dans un cadre préventif. Le commissaire Bryère est à la DJMM depuis 18 ans, au sein de la DJSOC (Direction de la lutte contre la

criminalité grave et organisée). Cet ancien gendarme a aussi connu le temps de l’Auditorat militaire. Il accompagne régulièrement des militaires à l’étranger. « Autrefois, nous suivions des détachements de 700-750 militaires dirigés par un colonel et un autre officier supérieur comme second, avec un encadrement beaucoup plus large. » Aujourd’hui, pour le duo de policiers, il s’agit plutôt de travailler avec des compagnies ou des pelotons encadrés par des capitaines, assistés de jeunes officiers peu expérimentés. Ce qui amène à un manque de prise de conscience dans certaines activités. Parfois, ces deux policiers sont accompagnés d’un magistrat, de sorte que ce dernier puisse évaluer le contexte de l’engagement militaire. Cette évaluation sera très utile lorsqu’il faudra analyser des faits délictueux ou criminels à la lumière de l’environnement de la mission et des règles d’engagement, afin de prendre la meilleure décision. 


magistrat, à faire procéder à un prélèvement sanguin ou à un test d’urine. Le militaire ivre ou drogué s’expose alors à des poursuites judiciaires et à des sanctions disciplinaires. Win-win

Photo : Daniel Orban

Enquête à charge et à décharge Philippe Bryère et ses collègues de la DJMM ne traitent pas seulement des dossiers impliquant uniquement des militaires. « Nous pouvons poursuivre une enquête à l’étranger mettant en cause des autochtones et un militaire accusé de faits de mœurs, par exemple. La volonté du Parquet fédéral est de mener une enquête à charge et à décharge. Des actes d’enquête sont donc nécessaires auprès de la population et nous travaillons avec les autorités locales, via une commission rogatoire internationale ». De retour en Belgique, l’enquête suit son cours pour tenter d’aboutir à la ‘manifestation de la vérité’, grâce aux canaux officiels qui existent entre le Parquet fédéral belge et les autorités étrangères. Par la suite, une deuxième équipe peut repartir sur les lieux des faits. Un juge d’instruction local procède alors aux devoirs d’enquête, en présence du magistrat et des enquêteurs dépêchés sur place. « C’est ce que l’on peut nommer ‘la loi du drapeau’ : vous emportez avec vous tout le Code pénal et les lois spéciales belges. Si vous commettez une infraction à l’étranger, vous pouvez être poursuivi par un tribunal belge. » Une

notion que les membres de la DJMM et du Parquet fédéral rappellent très souvent au personnel militaire en partance pour l’étranger, lors de briefings d’information. Cocktails explosifs « Nous constatons une banalisation des stupéfiants. L’image qui prévaut dans la société, c’est que si on fume son joint, ce n’est pas trop problématique. Nous ne pouvons pas accepter, en Belgique ou à l’étranger, qu’un de nos militaires soit sous influence lors d’une patrouille armée. Dans nos constats, certains jeunes consomment des stupéfiants et sont parfois couverts en interne. C’est un problème à prendre à bras le corps, pour le bien de la communauté militaire », souligne Philippe Bryère. L’autre constat, c’est l’abus d’alcool. « 80% des dossiers répressifs qu’on doit ouvrir à l’étranger sont directement liés à surconsommation de boissons alcoolisées. Si vous cumulez le manque d’expérience ou de maturité de certains avec ces deux éléments que sont la drogue et l’alcool, on arrive très vite à un dérapage. » Les officiers de police sont alors habilités, avec l’autorisation d’un

Après la disparition de l’Auditorat militaire, une période de « flottement » s’était installée : aux yeux de certains, ces gendarmes vus par les militaires comme des civils pouvaient paraître bien curieux vis-à-vis de ce qui se tramait au sein de la Défense. « Et puis, les militaires ont pris conscience qu’il pouvait y avoir une situation ‘winwin’. Certains commandants de détachement confrontés à une situation devenue ingérable étaient heureux de voir arriver une équipe de la DJMM pour leur retirer cette épine du pied », conclut Philippe Bryère. Signe que les temps ont changé et que la collaboration entre la Police et la Défense peut trouver un souffle nouveau, pour le bien du personnel et de la mission de chacun. 

Assistance juridique Si dans certains cas la Défense met à disposition un avocat pour le militaire confronté à une enquête judiciaire, au syndicat militaire le membre en ordre de cotisation au moment des faits (liés à des raisons professionnelles de nature militaire) peut bénéficier d’une aide ou d’une assistance juridique dès le début de la procédure. Un dernier avantage offert à nos membres et avec lequel nous faisons ‘encore une’ fois la différence.

La Sentinelle 17


Statut

Flexi-job & ‘Travail associatif’… Il faut s’y prendre à temps ! Que ce soit pour le flexi-job (instauré en 2015) ou pour le travailleur associatif (instauré en 2018), il est essentiel pour le militaire futur pensionné de bien choisir la date d’entrée dans un de ces deux régimes, sans quoi une ‘période d’attente de six mois’ est incontournable ! Activités – Différences Suivant le type de l’activité complémentaire effectuée par le militaire pensionné, il sera question d’un flexi-job ou d’un ‘travail associatif’. Par exemple, un job dans l’industrie hôtelière ou dans le secteur de la coiffure ou des soins de beauté est catalogué comme du flexi-job. En revanche, être entraîneur sportif, accompagnateur dans les voyages scolaires ou garde de nuit chez une personne ayant besoin d’aide fera que le militaire pensionné sera considéré comme travailleur associatif. Des listes exhaustives existent à cet égard. Le travail associatif vise les activités réalisées dans l’intérêt d’autrui et dans l’intérêt de la collectivité. Sur le plan pécuniaire, l’indemnité (la rémunération plus le remboursement de frais ou des déplacements) pour le travail associatif ne peut dépasser, en 2019, un montant mensuel de 520,83 € (montant indexé

annuellement – pas modifié à ce jour). Ce montant n’est pas imposable. En cas de dépassement, le montant payé perd son ‘immunité’ et subi le mécanisme ‘classique’ d’imposition. Pour le flexi-job, il n’y a pas de montant ‘plafond’ exonéré, les montant totaux perçus sont totalement exonérés. Le bon timing Il est essentiel de bien prévoir son timing. Un exemple : l’adjudant Pierre est pensionné le 01/01/2019. Pour rappel, les militaires sont toujours admis à la retraite le 1er jour du trimestre qui suit celui au cours duquel ils ont atteint l’âge de la retraite (pour la majorité des militaires : 56 ans). Le flexi-job ou le ‘travail associatif’ ne pourra commencer qu’au 01/07/2019 (Trimestre T) au plus tôt car, à ce moment-là, Pierre remplira les deux conditions prévues par la loi : bel et bien pensionné à la fin du trimestre Jan-Fev-Mar 19 (T-2) & bel et bien à au moins 4/5e pendant les mois Oct-Nov-Dec 18 (T-3). Avant juillet, par exemple en avril, la condition T-2 (être pensionné à la fin du Trim Oct-Nov-Dec 18) n’est pas remplie étant donné qu’au 31/12/2018, Pierre était ‘actif’.

18 La Sentinelle

Le raisonnement est identique au 01/01/2019 : Pierre est pensionné et donc il doit remplir la condition : T-2. Être pensionné fin du Trim JulAou-Sep 18, ce qui n’est pas le cas. Dans l’exemple évoqué, pour ne pas subir ce mécanisme d’une ‘période d’attente de 6 mois’ et être en flexi-job/‘travail associatif’ dès le 01/01/2019 (T), Pierre aurait dû signer un contrat flexi-job/‘travail associatif’ à la fin Dec 2018 car à ce moment-là, il n’était pas ‘pensionné’ et ne devait donc remplir que la condition ‘être au moins à 4/5e en T-3 (c’est-à-dire Avr-Mai-Jun 18), ce qui était son cas. Vous trouvez cela compliqué ? Nous aussi ! C’est pourquoi si vous pensez être dans le cas, prenez d’abord contact avec nos services, ça pourra vous éviter des soucis après. 


NAISSANCES

NECROLOGIE CLARA – 06/11/2018 Dans la famille de Benoît DIEU (Dinant)

LIO – 14/12/2018 Dans la famille de Maarten VAN DEN BOSCH (Hasselt)

ELY – 22/11/2018 Dans la famille de Tim D’HAVELOOSE (Jette)

JAN KAREL OLEFS (Zutendaal) 1928 - 07/02/2019

MAO – 22/01/2019 Dans la famille de Jason WALDOR (Charleroi)

RYAN – 20/11/2018 Dans la famille de Jordy CELIS (Deinze)

FERNAND MARTIN (Bonn - ALLEMAGNE) 1926 - 03/02/2019

GIULIA – 22/01/2018 Dans la famille d’Émilie SABBIA (Verviers)

ELIE – 19/12/2018 Dans la famille de Frédéric WILMOTTE (Liège)

LEA – 27/12/2018 Dans la famille d’Adrien WYNS (Boussu) ELIAM – 18/01/2019 Dans la famille d’Eric M’LEMBAKANI (Anderlecht) ANNA – 05/01/2019 Dans la famille de Jo CREEMERS (Hasselt) JULIE – 04/02/2019 Dans la famille de Benoît OLLEMANS (Etterbeek) KIRA – 31/01/2019 Dans la famille de Joeri DE RECHTER (Saint-Nicolas) ELIOTH – 18/01/2019 Dans la famille de Jonathan DRASUTIS (Liège) EMELINE – 15/01/2019 Dans la famille de Michaël ALEXANDRE (Chevigny) WANNES – 24/01/2019 Dans la famille de Tijl VANDEN MEERSCH (Asse) LÉNA – 15/12/2018 Dans la famille de Quentin CARDON (Liège)

ANDRE HERPOELE (Sint-Andries) 1931 - 04/03/2019

MARIAGES

20/10/2018 François PONCELET et Jessy MALPAIX (Hannut) 12/01/2019 Antonio CAMPANA et Anne TENVOORDE (Chaumont-Gistoux) 12/01/2019 Thomas LECAILLIEZ et Perrine DELTOMBE (Tournai) (Cohabitation légale) 20/10/2018 Emmanuel KIRSCH et Valérie GOHY (Hélécine) 22/02/2019 Pierre DESSENIUS et Delphine LEMAIRE (Froidchapelle) (Cohabitation légale)

CHEICK – 31/01/2019 Dans la famille de Nasser MOUSSA SEINI MAIGA (Arlon)

15/03/2019 Geoffrey AUVERSACK et Marisa VIERA ROGRIGES (Andenne) (Cohabitation légale)

GASPARD – 29/12/2018 Dans la famille de Jonas DELHAYE (Auderghem)

09/03/2019 Nicolas DIRICKX et Jasmin VERSPEELT (Charleroi)

Indice des prix à la consommation - Janvier : 108,17 points - Février : 108,52 points - Mars : 108,85 points

Indice santé - Janvier : 108,50 points - Février : 108,78 points - Mars : 109,04 points L’indice santé lissé des quatre derniers mois (décembre 2018, ainsi que janvier, février et mars 2019) s’établit à 106,52 points. L’indice-pivot pour la Fonction publique et les allocations sociales, fixé à 107,20 points, n’est pas été dépassé ce moisci. L’indice pivot a été dépassé pour la dernière fois en août 2018.

Source : Statbel

La Sentinelle 19


PRIME SYNDICALE POUR L’ANNEE DE REFERENCE 2018 La Défense envoie aux militaires le formulaire de demande de la prime syndicale pour l’année de référence 2018. Ce formulaire original (donc pas de fax ni d’email avec en annexe le formulaire scanné) doit être complété et envoyé AVANT le 1er juillet 2019 à : ACMP-CGPM, Romboutsstraat 1 – Bus 021, 1932 ZAVENTEM. Vous pouvez aussi remettre le formulaire original complété et signé à un délégué CGPM qui nous le fera parvenir. Mais ceci n’est nullement une obligation.

Ne tardez pas à envoyer votre formulaire ! Dans les trois mois qui suivront la date de réception du formulaire de demande par le Secrétariat permanent de l’ACMP-CGPM, nous ferons le nécessaire pour exécuter le paiement de la prime. Les montants :

- 12 mois complets d’affiliation = 90 euro - 9 mois complets d’affiliation = 67,50 euro - 6 mois complets d’affiliation = 45 euro - 3 mois complets d’affiliation = 22,50 euro

Que faire si vous n’avez pas reçu le formulaire? Prenez contact avec l’ACMP-CGPM. De préférence via e-mail à : srt@acmp-cgpm.be. Renseignez vos nom, prénom, date de naissance, adresse et le numéro de compte bancaire (IBAN) sur lequel la prime syndicale doit être versée. L’ACMP-CGPM s’adressera alors au service compétent du Premier Ministre et, après obtention des données nécessaires, effectuera le plus rapidement possible le paiement. Ceci va cependant engendrer un retard dans le paiement de ladite prime ! Pour rappel : le militaire ne peut légalement introduire qu’une et une seule demande de paiement de la prime syndicale et ce auprès d’un seul syndicat représentatif.


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