La Sentinelle Mars - Avril 2022 - n° 02
Avant-Propos
Que savons-nous de la paix et de la guerre ?
Périodique bimestriel de la Centrale Générale du Personnel Militaire. Éditeur responsable : Yves Huwart - Bureau de dépôt : Bruxelles X - P109013
le syndicat militaire
Avant-propos
Que savons-nous de la paix et de la guerre ? AVANT-PROPOS PAR YVES HUWART | PRÉSIDENT
Celui qui étudie rationnellement la politique de défense belge et notre relation vis-à vis de la violence découvre des obstacles de taille. La guerre en Ukraine nous pousse à regarder les choses en face. Heureusement, avec le plan STAR, nous avons la possibilité de procéder à un ajustement en profondeur. Les jalons sont ces moments où l'Histoire dit qu'elle ne peut plus être ignorée. Le 24 février, jour de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, est un tel jalon. Ce jour marque le moment où le monde se décompose à nouveau en blocs. Quelle que soit l'issue de la guerre de Vladimir Poutine, la géopolitique est désormais divisée entre l'Occident et une Eurasie sino-russe. La plupart des autres pays se situent entre les deux. Dans un monde plus calme, les blocs opposés finiraient, avec le temps, par coexister dans une sorte de guerre froide. Le problème est que cette ‘détente’ n'est probablement pas pour demain et que le court terme sera plein d'incertitude et d'insécurité. En conséquence, nous serons obligés de réfléchir sérieusement et en profondeur à notre politique de sécurité et de défense. Cependant, la Belgique - comme de nombreux pays occidentaux - a oublié comment faire face aux menaces et à la violence militaire de manière sobre et analytique. Une observation cruciale à l'heure où nous bricolons une nouvelle vision stratégique pour la Défense, le plan STAR, qui signifie "Sécurité, Technologie, Ambition, Résilience".
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Pour commencer, notre pays comprend mal l'essence de la guerre. Nous en sommes venus à considérer le phénomène de la guerre comme un instrument de politique étrangère visant à ‘faire le bien’. La quasi-totalité de l'effort de défense de ces dernières décennies a consisté en des missions expéditionnaires destinées à apporter la paix ou la stabilité et à aider les autres êtres humains dans le monde. Mais la force militaire n'est pas intrinsèquement ‘bonne’, sauf peutêtre pour mettre fin à des violations flagrantes des droits de l'homme. En outre, l'effet à long terme des missions de reconstruction est généralement douteux, en particulier lorsque la capacité à poursuivre est absente. Habituellement, après quelques années de déploiement militaire, nous nous contentons d'une sortie honorable. Deuxièmement, et en étroite relation avec ce qui précède, la guerre en Ukraine nous fait prendre conscience du peu de connaissances que nous avons encore sur la guerre et la paix. Le poète romain Juvénal affirmait déjà dans ses Satires au début du deuxième siècle : "Nous souffrons des effets néfastes
d'une paix prolongée, un luxe plus mortel que la guerre...". En raison de plus de 75 ans sans guerre dans notre voisinage immédiat, il est difficile d'évaluer correctement ce que nous voyons sur les champs de bataille ukrainiens. Et il est encore plus difficile d'y réagir correctement. Nous sommes choqués par la cruauté de la guerre. Dans le même temps, nous devons reconstruire notre Défense à toute allure, car ce sommeil sécuritaire a également conduit à un démantèlement complet de l'armée belge au cours des dernières décennies, menant à une Force armée qui n’a échappé que de justesse à ‘l’euthanasie’ politique. Ce travail est rendu plus difficile par le fait qu'il n'y a plus de culture militaire dans ce pays. De nombreux participants au débat sur la Défense discutent de notions qui leurs sont peu familières, voire inconnues. En conséquence, les discussions se réduisent presque toujours à la question de l'argent. Parce que le budget reste la seule langue que tout le monde comprend. Avec le plan STAR, nous avons une excellente occasion de nous débarrasser de ces obstacles. Ne manquons pas cette occasion !
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Photo : Défense
Colophon La Sentinelle est le bimestriel de la Centrale Générale du Personnel Militaire. La Sentinelle est envoyée à tous les membres. Tirage : 8.800 exemplaires Toutes les données sont traitées dans le respect de la Loi sur la vie privée (Loi du 8/12/1992 & GDPR). Éditeur responsable : Yves Huwart Coordination : Concetto Bandinelli et Laurent Schmitz Informations générales – CGPM : Romboutsstraat 1 – Bus 021 1932 Zaventem srt@acmp-cgpm.be www.acmp-cgpm.be Tél. : 02 245 72 14 Fax : 02 245 73 01
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Que savons-nous de la paix et de la guerre ?
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Un Comité en MOD espoir
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Des mesures statutaires vexatoires
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Un syndicaliste hors du commun
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Les STARs du moment
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STAR+
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Demande de mutation
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Enfin une capacité héliportée !
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Décès d’un (ex)militaire : à quoi ont droit ses proches ?
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Rentes liées aux Ordres nationaux : clarifications complémentaires CMYK / .ai
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Compte-rendu
Un Comité en MOD espoir Un syndicat militaire aussi important que l’ACMP-CGPM entretient un agenda digne d’un ministre. Certains événements sont indispensables à la bonne cohérence du travail syndical et à la cohésion entre les délégués. En 2022, le Comité national figurait dans deux agendas : le nôtre et celui de « la » ministre. La pandémie du Covid a gelé bon nombre d’événements, dans tous les domaines. Il aura fallu patienter pendant plus de deux ans avant que toute l’équipe syndicale puisse se réunir le 5 avril dernier, pour un Comité national mémorable. Lorsque les 200 délégués de l’ACMP-CGPM se revoient, c’est pour revenir sur les dossiers finalisés, en cours ou planifiés. Une fois n’est pas coutume, ces retrouvailles ont été agrémentées par la participation convaincante de la ministre de la Défense (MOD), Ludivine Dedonder. Rendre l’espoir au personnel La MOD a rappelé cette vision d’horreur qui s’est présentée à ses yeux, lorsqu’elle fut parachutée au poste de la rue Lambermont : « La baisse du personnel était de plus en plus critique. Si on ne faisait plus rien, nous n’étions même plus capables d’assurer les missions de base de la Défense.
Photo : Concetto Bandinelli
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On n’a jamais vraiment réengagé alors qu’on connaissait des départs à la pension importants. En 2015, on atteint le niveau le plus bas du recrutement, avec 700 postes ouverts. Mais ce n’est rien du tout, 700 postes ! Le niveau du budget le plus bas était atteint en 2017. Sans y mettre les bouchées doubles, nous serions arrivés à 20.000 militaires à la fin de cette législature. Aujourd’hui, il faut rattraper tout cela pour maintenir un niveau suffisant, avec 10.000 recrutés sur quatre ans, des milliers de civils, des contrats ‘Premier emploi’ et le développement de la Réserve. L’année 2021 a donné de bons résultats, avec 8.300 postulants pour 2.500 postes militaires. » La reconstruction du département passe par plusieurs plans, pour redonner l’espoir aux hommes et aux femmes qui n’ont connu que des coupes budgétaires et une charge de travail toujours plus lourde à mesure que leurs collègues partaient à la pension. « J’espère redonner cet espoir. C’est l’objectif que je me suis fixé », souligne la ministre de la Défense. « Le Plan POP (People Our Priority : le personnel notre priorité) a été annoncé le 4 février 2021. C’est un plan global pour le personnel, pour améliorer son quotidien, pour renforcer l’attractivité du département. » Et Ludivine Dedonder de rappeler la récente augmentation
salariale intervenue en mars 2022 et qui atteindra son régime de croisière en 2024, sans oublier le montant des retraites militaires lui aussi augmenté à partir de 2025. Les chèques-repas, plusieurs fois annoncés à la communauté militaire, arriveront dès novembre 2022, lorsque la Fonction publique sera elle aussi alignée pour les civils du département. Améliorer le bien-être Les conditions de vie et de travail du personnel passeront par « une meilleure dispersion des quartiers militaires, en mettant l’accent sur le bien-être du personnel et un meilleur équilibre vie professionnelle-vie privée », explique la ministre de la Défense, avant d’énumérer les projets liés aux quartiers militaires. « Nous investissons dans de nouvelles infrastructures, adaptées aux besoins et normes actuels. Cela contribuera à créer un environnement de travail plus agréable. Nous tiendrons compte des économies d’énergie et de l’environnement dans les rénovations et les nouveaux projets de construction des quartiers militaires. La Défense apporte elle aussi sa petite pierre, là où c’est possible. » Consolidation Le Plan STAR se veut la résultante des plans présentés plus haut :
une fois la reconstruction lancée viendra la consolidation. « Il faut, à un moment donné, offrir l’espoir, cette vision à long terme. Quand on regarde plus loin, on regarde les étoiles et cela met aussi, j’espère, des étoiles dans les yeux. STAR, c’est une Défense qui est au Service de sa population et qui assure sa Sécurité ; qui a l’Ambition d’investir dans la haute Technologie, pour rendre cette Défense plus Résiliente. C’est une Défense qui renoue avec son rôle moteur, qui va pouvoir se consolider et se développer. Ce plan met aussi les citoyens au cœur de ses préoccupations par l’Aide à la Nation. » Les crises (Covid et inondations) traversées par notre pays en 2020-2021 sont les exemples concrets que la Défense a encore et toujours sa place dans l’assistance qu’elle doit et qu’elle peut apporter à la population, malgré des moyens limités. Ses capacités logistiques et de génie seront renforcées. En août 2021, une autre crise s’ajoutait aux précédentes : « On a connu l’Afghanistan, où là encore le personnel a fait des merveilles, avec nos vieux C-130. Techniciens, pilotes, Forces spéciales et personnel d’encadrement ont fourni un travail superbe. Aujourd’hui, avec une guerre sur le sol européen, on voit tout l’intérêt d’avoir les
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capacités utiles à l’étranger et sur le territoire national. Au-delà d’une croissance budgétaire, STAR est l’investissement dans des capacités duales. »
devrait passer à 29.000 personnes. Le budget augmentera fortement et les retours sur investissement au profit de notre industrie nationale seront renforcés. »
Il est vrai que le Plan stratégique existe, mais STAR en est une actualisation poussée. « Pour la première fois, nous avons un plan avec une trajectoire de croissance budgétaire, de l’investissement pour plus de 10 milliards et une augmentation des effectifs. » En 2030, le nombre de militaires
Enfin, Ludivine Dedonder souhaite puiser à pleines mains dans le vivier de la jeunesse, en (re)lançant des projets porteurs : le développement d’un 3e degré dans l’enseignement secondaire dans le domaine ‘Défense et Sécurité’, des investissements dans les écoles et centres de formation de la Défense, la suppression de la condition de diplôme préalable, le renforcement de la coopération entre la Défense et les organismes régionaux (Forem, VDAB, etc.), l’apparition du Service d’Utilité Collective et le développement d’autres programmes dédiés aux jeunes sans emploi ni qualification. Avec le sens des formules que nous lui connaissons déjà, Madame Dedonder aurait pu baptiser ce plan ‘LIFT’ (Low Instruction Fit Teenagers). LOL !
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Statut
Des mesures statutaires vexatoires En tant que syndicat militaire, nous sommes de plus en plus confrontés à des collègues qui font l'objet de mesures disciplinaires, en ce compris des ‘mesures statutaires’. Les conséquences peuvent être très graves... Dans sa pire forme, une telle mesure statutaire pourrait signifier votre renvoi de l'armée. Quand ce genre de sanction devient courante, il vaut mieux être conscient de sa portée pour le personnel concerné. Les militaires peuvent être sanctionnés une seconde fois par leur hiérarchie après une condamnation par un tribunal civil. Une question revient régulièrement de la part de nos membres à cet égard : pourquoi la Défense a-t-elle besoin d'une procédure pour punir un militaire une deuxième fois lorsqu'il a commis une faute ? Il ne s’agit pas de savoir si c'est légal. Cette question a été soulevée à plusieurs reprises et le principe juridique ‘non bis idem’ ne s'applique pas ici car il s'agit de deux systèmes pénaux distincts. Cependant, la question du ‘pourquoi’ se pose fréquemment ces derniers temps en raison de l'application courante de cette procédure purement interne au sein même de la Défense. La raison en est généralement une condamnation civile, mais cela peut aussi arriver sans condamnation civile préalable, ce qui pose évidemment question.
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Une dose de misère assaisonnée d'un soupçon d'égalité Sur la base des dossiers qui nous parviennent, nous constatons que le service compétent qui conseille les Chefs de Corps, la DG HR et la MOD ignore le sens du verbe ‘pouvoir’. Plus particulièrement dans le document DGHR-SPSCARDI-001, Mesures statutaires à caractère disciplinaire et conseil d'enquête, où ils comprennent l'interprétation de « une procédure ‘peut’ être engagée » comme « une procédure ‘doit’ être engagée ». Le menu mentionné par ce service évoque ici une touche de ‘principe d'égalité’, c'est-à-dire que si le soldat X commet des
actes qui semblent correspondre à des actes que le soldat Y a commis, les deux doivent être punis de la même manière. Popote interne Cependant, des faits peuvent être juridiquement classés de la même façon alors que leur contenu peut être très différent. Le Chef de Corps qui a étudié un cas et le classe sans suite en motivant sa décision, est proche du militaire concerné et connaît le prix que celui-ci a déjà payé (financièrement, mentalement, etc.) pour son incartade, ainsi que la valeur que l'intéressé a pour la Défense et/ou pour l'unité. Le collègue concerné attache beaucoup de valeur à l'avis de son Chef de Corps. Le service compétent de la DG HR par contre, le met en doute et persiste. Vous n’aimez pas ? Tant pis, il y en a encore ! On pourrait soutenir que le fait de demander de manière répétée à la même autorité, à savoir le Chef de Corps (qu'il s'agisse d'un nouveau Chef de Corps parce que le militaire poursuivi change d’unité ou
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parce qu'une autre personne devient le Chef de Corps du collègue en question) tend à constituer une action vexatoire (malveillante, méchante) de la part du service compétent au sein de la DG HR (HRAE/D) et une violation du principe de droit : ‘nemo debet bis vexari (pro una et eadem causa)’. Soit : personne ne doit être jugé deux fois pour la même affaire. Difficile à avaler Lorsque ces mêmes Chefs de Corps sont également invités à reconsidérer leur avis sous la devise : ‘Si vous ne lancez pas la procédure, nous (DG HR ou MOD) le ferons’, il est clair que le principe d'impartialité, qui fait partie de la bonne gouvernance, est violé. Si la procédure est ensuite relancée après qu'un ou plusieurs Chefs de
Corps, ainsi que l'officier désigné par la DG HR, ont proposé de classer l'affaire sans suite, la mention ‘condamné d’avance’ n'est pas loin, un principe difficile à avaler. Ou est-ce que d’autres règles comptent ici ? Soupçon d’égalité ou tarif standard ? En outre, les dossiers contiennent régulièrement des indications montrant qu'un ‘tarif standard’ est appliqué en fonction du type d'infraction commise. Des phrases telles que « la peine habituelle pour ce type d'infraction » ne sortent pas de nulle part, mais témoignent d'un parti pris dans la détermination de la sanction, indépendamment de l'examen du dossier individuel. La pénalité, le cas échéant, devrait être déterminée sur la base de faits
différents pour chaque dossier. Vu cette approche ‘tarifaire’, cela ne semble pas souvent être le cas. À tarif élevé, addition salée ! Notre conseil : si vous êtes invité(e) avec une mesure statutaire au menu, contactez-nous au plus vite car vous allez dans un restaurant où il est préférable de ne pas manger seul et de partager l'addition. Pour terminer la réflexion, soulignons qu’il existe plusieurs nuances attribuées au terme ‘vexatoire’ : harcèlement, agacement, oppression, utilisation inutile et déraisonnable de la force juridique.
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Portrait
Un syndicaliste hors du commun Selon le périodique flamand ‘P Magazine’, le colonel en retraite Roger Housen est désormais plus présent dans les médias belges que certains virologues. Quand il ne commente pas les évènements en Ukraine au journal de la VRT, de VTM ou sur le plateau de RTL, Roger occupe une fonction essentielle au sein du syndicat militaire ACMP-CGPM. Petite entrevue avec ce syndicaliste hors du commun… Ce n’est pas par hasard que le colonel BEM e.r. Roger Housen est invité des médias. Après une carrière à l’infanterie couronnée par sa désignation comme Chef de Corps du bataillon Libération - 5e de Ligne, il s’est longtemps consacré aux relations internationales et aux questions de sécurité à la Défense, décrochant au passage deux Master, à l’ULB et dans une université à Washington. Il a en outre occupé un poste clé dans un centre stratégique de l’Otan aux États-Unis et a travaillé directement avec les forces armées Russes et Ukrainiennes, notamment en ex-Yougoslavie. Ce n’est pas non plus par hasard qu’il dirige la Cellule Stratégique du syndicat militaire ACMP-CGPM depuis janvier 2017… « J’ai été confronté deux fois aux syndicats dans le courant de ma carrière. Au bataillon, j’ai apprécié le travail des délégués d’unité au profit du personnel. J’ai été frappé par le ‘win-win’ que représentaient leurs interventions, tant pour l’unité que pour leurs collègues. Plus tard, alors que j’étais chargé de la politique du personnel au sein de la branche HR, cette ‘valeur ajoutée’ s’est confirmée lors de mes
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contacts réguliers avec les syndicats dans le cadre des dossiers collectifs. Donc quand le Comité Directeur de l’ACMP-CGPM m’a proposé de créer une cellule stratégique après ma carrière militaire, ça m’est apparu comme une évidence et j’ai immédiatement accepté ». Quel est votre rôle au sein de l’ACMP-CGPM ? « Le syndicat militaire est le seul qui, à côté de la défense individuelle et collective des militaires, œuvre à plus long terme au profit du personnel et de l’armée ellemême. Contrairement aux syndicats traditionnels, qui sont liés à une ‘couleur’, rien ne nous em-
pêche d’avoir un dialogue avec l’ensemble de la classe politique, en plus des autorités militaires. Avant les élections par exemple, nous avons rencontré tous les partis afin de leur rappeler l’importance de la Défense et des militaires, pour qu’ils ne nous oublient pas lors de l’accord gouvernemental ou dans leur rôle au sein de l’opposition. Mon travail dans le cabinet de deux ministres de la Défense consécutifs m’a permis de développer et entretenir de bonnes relations avec de nombreuses instances civiles. J’ai aussi des contacts privilégiés à Euromil, l’association des syndicats militaires européens. Cet aspect de ‘porte-parole de la communauté militaire’ auprès de la société
belge et internationale est réellement unique : il n’y a que la CGPM qui l’assume et j’y contribue pleinement. » « À côté de cela, je ‘pilote’ les grands dossiers qui ont une influence à long terme et sont sensibles sur le plan médiatique et politique, comme l’augmentation des salaires par exemple. J’étudie l’évolution de notre environnement sécuritaire et la législation en matière de Défense, comme la loi de programmation militaire et l’attribution des budgets. Mes analyses permettent d’établir et d’ajuster le programme quinquennal de la CGPM et les revendications qui en découlent. Je contribue aussi à notre communication, en plus de représenter le syndicat auprès des médias et d’autres institutions, comme les universités et des bureaux d’études. » Est-ce difficile d’assumer ce rôle en tant qu’ancien officier supérieur ? « Je ne vous cache pas qu’au début, certains collègues ont été
surpris… Aujourd’hui, la situation a bien changé et l’acceptation des partenaires sociaux est quasi universelle à l’armée. Pour preuve : nous sommes le syndicat de tous les militaires. Du soldat au général, nos affiliés sont issus de toutes les catégories, à l’image de la Défense. En outre, la majorité des militaires sont désormais syndiqués. Être (ou avoir été) officier et travailler pour un syndicat n’est plus un tabou. Je n’ai d’ailleurs jamais porte close, que ce soit à la Défense ou auprès des mouvements politiques, toutes couleurs confondues. » Quelles positions de la Défense vous ont laissé dubitatif ? « Ah, je n’ai jamais compris la réticence des autorités militaires envers la mission OVG. Alors que la société belge exprimait un besoin légitime pour plus de sécurité, l’État-major freinait des quatre fers. Pourtant, au-delà du rôle opérationnel de nos collègues dans les rues, cette mission était une occasion inespérée de rétablir le lien armée-nation.
Pour moi, notre Défense doit contribuer à la sécurité dans tous les domaines de la société. Donc par exemple aussi lors de catastrophes naturelles comme les inondations, dans le cadre de crises humanitaires, migratoires ou du changement climatique. Et aussi via une aide réellement significative à l’Ukraine. Car la sécurité ne se résume pas à aligner des canons. » « Je suis bien placé pour savoir que le travail d’état-major n’est pas toujours facile. Pourtant, au cours de ma carrière j’ai vu trois fois introduire puis supprimer un statut précaire pour les militaires : du personnel ‘temporaire’ puis ‘momentané’ et aujourd’hui ‘à durée limitée’. On a trois fois centralisé et décentralisé les formations, introduit et retiré trois fois la notion de ‘garde professionnelle’ ou d’outsourcing. C’est à croire que nous ne tirons aucune leçon de nos échecs. C’est certainement un point d’amélioration important pour l’avenir. »
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Info
Les STARs du moment Le plan d’investissements STAR doit remettre la Belgique à peu près sur les rails de la défense collective au sein de l’Otan. On parle de 11 milliards, mais pour acheter quoi au juste ?
Tout d’abord, il faut noter que ce montant composé de 10,3 milliards et d’un solde de 798 millions de la loi programme précédente sera étalé sur une petite dizaine d’années ; un effort moins spectaculaire que le montant semble indiquer. Avec cette ‘manne’, la Belgique compte atteindre 1,54% du PIB (Produit Intérieur Brut) pour ses dépenses de Défense. Pour rappel, la norme Otan pour le budget est de 2%. Alors pourquoi viser 1,54% ? Avec ce plan, notre pays voulait se hisser au niveau de la moyenne des pays européens sans capacité nucléaire. Mais le calcul se basait sur les dépenses passées de nos partenaires. Or, de nombreux pays augmentent aujourd’hui leur contribution et d’ici 2030, la moyenne dépassera 1,54%. Pourtant, STAR représente déjà un doublement des dépenses militaires ! Le plan respecte en outre la seconde norme Otan, qui prévoit que la part des investissements doit atteindre 20% du budget (contre 10% pour la Défense belge ces dernières années). STAR est déjà bien plus qu’un timide changement de cap mais malgré cette revalorisation considérable et une allonge d’un milliard supplémentaire pour parer au plus urgent, vu la situation actuelle il est probable qu’un ‘STAR+’ se profile… Panier d’achats Pour les militaires en service actif, c’est la première fois que le budget de la Défense augmente de façon significative. Mais à quoi serviront les 11,176 milliards
Photo : Lockheed Martin
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supplémentaires du plan STAR ? Examinons le panier d’achats du gouvernement. Tout d’abord, les effectifs remonteront jusqu’à 29.000 militaires et civils. Il faut préciser qu’il s’agit d’individus et non d’équivalents temps plein. C’est important car les aménagements du temps de travail font que de plus en plus d’employés de la Défense travailleront à temps partiel, en PVE ou comme réservistes. Il pourrait donc y avoir une grosse différence entre les ‘hommes/jours’ réellement disponibles et le nombre de personnes employées par le département. Le recours massif à des militaires engagés à durée limitée (BDL) conduit en outre à une diminution de l’expertise au sein de nos Forces armées. Si on veut que la Défense de 2030 soit plus forte que celle d’aujourd’hui en termes de quantité et de qualité de son personnel, il faudra impérativement élargir le cadre ‘de carrière’. Les autorités comptent aussi développer une nouvelle composante ‘Cyber’, qui occupera une partie de ces 29.000 personnes. II faut espérer que les autorités opteront pour un potentiel exercé directement par du personnel civil et militaire de la Défense car l’outsourcing de l’informatique a déjà montré ses limites dans le passé. Le fiasco de la gestion des ressources humaines avec l’application HRM@Defence en est un bon exemple. En fin de compte, STAR représente près de 16% d’effectifs en plus, pour la première fois depuis 40 ans ! Frégates En ce qui concerne le matériel, la Marine aurait l’occasion d’équiper totalement ses deux futures frégates. Les derniers échos évoquaient entre autres l’option d’une ‘Multi-Mission Bay’ réduite de 12 m à 7 m et une seule unité de lancement Mk41 (contre deux pour les navires néerlandais) mais ce scénario-catastrophe est sans objet. Au contraire, les frégates seront ‘full option’. On parle même de systèmes SM3 de lutte contre les missiles balistiques. Qui sait, peut-être qu’il restera assez de moyens pour les lasers de haute
Photo : Défense
énergie dont il avait été question au début du projet et qui mettraient les navires au ‘top’ absolu en matière de systèmes d’armes et de polyvalence. Un investissement dont nous devrions profiter jusqu’en 2060 ! Toujours à la Marine, il est question de mouillage de mines ‘intelligentes’, capables de trouver leurs cibles de façon autonome, de la modernisation de nos deux patrouilleurs côtiers et de l’achat d’une ‘plateforme d’appui à la flotte’ : un remplaçant du Godétia ? Patriot La Composante Air se verrait elle aussi renforcée, avec un drone SkyGuardian de plus. Il serait ouvertement question d’armer ces plateformes de combat alors que dans une tradition de compromis surréaliste très belge, le plan initial évoquait une décision politique en vue de leur armement ‘plus tard’. Un airbus MRTT supplémentaire est envisagé ainsi que des avions de transport légers. Notre pays retrouverait enfin une artillerie antiaé-
Photo : Défense
rienne à courte mais aussi à longue portée. Le système américain Patriot vient automatiquement à l’esprit car il n’existe pas beaucoup d’alternatives dans ce domaine. Du côté de la Composante Terre, le panier d’achats contient des pièces d’artillerie Caesar, une extension du contrat des véhicules blindés CAMO, des missiles antiaériens SHORAD, une quinzaine d’hélicoptères légers, quatre ou cinq voilures tournantes de transport lourd et des avions ADAC pour les Forces Spéciales. Notre pays prendrait aussi une ‘décision de principe’ en vue de participer au développement d’un nouveau char de combat européen. Actuellement, il s’agit d’un projet de blindé hybride combinant un châssis dérivé du Leopard 2 et une tourelle de type Leclerc. Enfin, notre contribution aux programmes militaires européens dans l’espace serait accrue avec entre autres des ‘Multipurpose MicroSats’. Mentalités Cette ‘wish list’ est encore à prendre au conditionnel mais elle dresse déjà le panorama d’une armée belge ‘2.0’ mieux dotée et surtout moins timorée dans ses ambitions. Notons aussi un changement important de ton au niveau politique, où on ne cherche plus à se donner bonne conscience en niant l’aspect martial d’une Force armée pudiquement rebaptisée ‘Défense’. Aujourd’hui, véhicules chenillés et canons ne sont plus tabous et on a le droit de parler de missiles au Lambermont. Reste à changer les mentalités au niveau de l’état-major, dont l’inertie rivalise avec celle d’un escadron de chars T90 lancés à pleine allure vers le Dniepr.
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Info
STAR+ Le plan STAR ne suffira pas. Les autorités belges devront consentir à plus d’efforts et d’investissements sur le plan militaire. Mais dans quels domaines ? L’Union européenne devra renforcer son bras armé, avec des projets communs tels que le développement de systèmes d’armes, une défense intégrée, des unités cyber et de renseignements multinationales, une logistique unifiée, etc. Plus que jamais la maitrise des airs semble essentielle. Cela passe aussi par des avions de guerre électronique, de commandement et de reconnaissance. La barrière antiaérienne qui s’étendait de la Norvège à la Turquie dans les années ’90 devra être rétablie. Au sol, la guerre en Ukraine confirme la vulnérabilité des colonnes de véhicules ainsi que la difficulté d’assurer la logistique de combat. Des armes antichars à longue portée et des drones aériens, terrestres et marins devraient réduire l’exposition de nos militaires tout en limitant les effectifs nécessaires. Le conflit ukrainien a démontré deux choses : l’importance du facteur humain, du professionnalisme et de la motivation à se battre, ainsi que la suprématie de la haute technologie sur le champ de bataille. Armes ‘intelligentes’, drones armés et moyens de guerre électronique permettent de contrer un adversaire nombreux mais équipé d’un matériel obsolète. Investir dans la recherche et le développement de systèmes d’armes ultramodernes favorise aussi une industrie de pointe utile en temps de paix. L’accent devra être mis sur les tirs de contre-batterie et les armes de haute précision, afin de diminuer les dommages
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collatéraux. Il faudra de nouvelles armes incapacitantes ou non-létales pour épargner les populations mais aussi des soldats forcés à se battre par un régime totalitaire. Enfin, il ne faudra pas oublier que tout cela ne sert à rien sans des militaires solides, motivés, bien entraînés, bien dirigés et à la cohésion forte car en fin de compte, c’est l’individu qui fait la différence. Sur le plan stratégique, l’Europe devra se doter d’un ‘parapluie’ antimissiles, d’un système d’alerte à longue distance et de moyens de Défense civile afin de se protéger des armes de destruction massives mais aussi des catastrophes naturelles. Guerre psychologique De nouveaux défis nous attendent aussi, comme l’approvisionnement
en énergie, en eau et en nourriture des populations, la prise en charge des prisonniers et des réfugiés, la protection des infrastructures et du commerce, etc. Sans oublier les enjeux de sécurité comme l’extrémisme et le terrorisme, la guerre financière et commerciale, la gestion des flux migratoires et le changement climatique. Dans nos pays démocratiques, il faut encore ajouter la protection des canaux d’information ainsi que la lutte contre la désinformation et les tentatives de déstabilisation. Finalement, la guerre psychologique est peut-être la plus difficile et la plus importante à gagner. Voilà pourquoi l’augmentation des budgets militaires ne signifiera pas forcément davantage de canons, mais toute une panoplie de moyens nouveaux et tout aussi essentiels.
L’approvisionnement en énergie est aussi un défi pour notre sécurité. Ici, le projet de fusion nucléaire JET, auquel participe le laboratoire de physique des plasmas de l’ERM.
Statut
Demande de mutation Encore un effet de HRM@Defense : il n’est désormais plus possible d’introduire spontanément un ‘Modèle B’ pour demander une simple mutation… Avant HRM, le militaire désireux de faire mutation pouvait remplir un formulaire ‘Mod B’, avec l’aide des employés de sa ‘section du personnel’. Cette façon de faire ne donnait aucune garantie de succès mais elle permettait à l’intéressé d’informer à tout moment sa hiérarchie d’un souhait spécifique. La case obligatoire ‘Avis du Chef de Corps’ donnait au demandeur l’assurance que sa requête serait au moins lue et évaluée par ses chefs, avec en retour une décision motivée.
alignement des astres est parfois nécessaire. Restent les ‘appels’ pour les places ouvertes, une ou deux fois par an. Il faut bien sûr qu’un poste soit disponible avec un profil compatible. Le candidat doit alors passer l’étape de l’avis du commandant d’unité. Mais peu de patrons laissent partir un militaire méritant. Un carotteur est souvent mieux placé pour gagner ce qui s’apparente parfois à une loterie.
Loterie
Enfin, il reste la demande de mutation pour raisons impérieuses : sociales, médicales ou personnelles. Mais attention, tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous ! Un petit cas ‘vécu’ : victime d’un accident neurologique s’étant soldé par une fusion de ses vertèbres cervicales, un de nos affiliés avait demandé une affectation plus proche de son domicile. Il habitait à plus d’une heure de route de
Aujourd’hui, le militaire introduit lui-même ses désidératas dans le logiciel (quand il fonctionne), sans savoir s’ils seront lus ou pris en compte. La démarche s’apparente au lancement d’une bouteille à la mer. Le collègue peut aussi attendre ou demander la visite d’un ‘gestionnaire de compétences’. Pour y arriver, un
Irremplaçable
sa caserne et les longs trajets lui causaient de fortes douleurs. Une place correspondant à sa spécialité était heureusement ouverte dans une unité plus proche, où le Chef de Corps l’attendait à bras ouverts. Malgré de très bons états de service et une attestation du médecin du Travail lui interdisant de longs déplacements, tout ce qu’il a obtenu c’est un refus pour cause ‘d’irremplaçabilité’, assaisonné d’une menace de le pensionner pour raisons médicales s’il osait insister ! Écœuré, ce collègue a finalement opté pour une place hors de la Défense. Au lieu de se débrouiller seul, en tant que membre de l’ACMP-CGPM il aurait dû appeler son syndicat sans tarder. Un de nos spécialistes aurait alors contacté le service du personnel afin d’examiner les options possibles et d’augmenter ses chances, ce qui aurait profité tant à l’intéressé qu’à la Défense, car ce militaire possédait des compétences manquant cruellement à l’armée...
La CGPM à la rescousse ! Sachez que nous assistons nos membres lorsqu'ils souhaitent introduire une demande de mutation. Nous les accompagnons lors des entretiens de carrière auprès des responsables du personnel. Besoin d’aide ? Contactez-nous via srt@acmp-cgpm.be Photo : Special Operations Regiment
La Sentinelle 13
Info
Enfin une capacité héliportée ! Notre Défense va acquérir une capacité héliportée. L’assaut de l’aérodrome Antonov près de Kiev par des dizaines d’hélicoptères russes nous a douloureusement rappelé l’importance de ce vecteur tactique. Cette fois, il semble que le fiasco des NH-90 ne se répétera pas et que la raison l’emportera pour le choix de nos nouveaux hélicoptères. Les experts sont unanimes : les hélicoptères russes sont obsolètes. Les militaires belges sont plus prudents. Et pour cause : les Mi-8 russes sont antiques mais ils sont nombreux, alors que nous n’avons plus rien ! Heureusement, c’est sur le point de changer. Et cette fois, il semble bien que les marchés publics ‘orientés’ et les choix ‘politiques’ feront place à une saine dose de pragmatisme. Polyvalent Selon la VRT(1), notre pays va acquérir quinze Airbus H145M. Avec un coût de 3.000 € à l’heure de vol (contre plus de 15.000€ pour nos NH90 !), ces hélicos seraient une aubaine. Sur le plan militaire, rien à redire. C’est un appareil fiable
et éprouvé. On le dit ‘léger’ mais par rapport à l’Agusta présenté comme ‘moyen’ lors de son achat en 1988, le H145M est deux fois plus puissant. Il emporte jusqu’à dix passagers en plus des deux membres d’équipage. Le producteur d’armes belge FN lui dédie en outre une panoplie d’armement au sein de l’option ‘HForce’, qui donne au H145M une réelle capacité de combat. C’est un redoutable engin capable d’entreprendre de nombreuses missions, de l’évacuation sanitaire au combat antichar. Nos alliés ne s’y sont pas trompés puisque le H145M est déjà en service chez nos partenaires luxembourgeois, en Allemagne et dans cinq autres pays de l’Otan. Cet hélicoptère européen a même convaincu l’US
Photo : Airbus
Airbus H145M. Biturbines, 2.144 cv. Equipage : 2. Charge utile 1.905 kg. 240 km/h à pleine charge. (1)
Army, qui l’utilise sous la dénomination ‘UH-72’. Un choix évident donc, à condition que notre pays ne prolonge pas sa longue tradition qui consiste à acquérir une version spéciale ‘édulcorée’, transformant du coup une machine parfaitement opérationnelle en un cauchemar tactique et logistique… C’est du lourd ! Outre cette escadrille polyvalente, notre pays compte se doter d’au moins cinq gros hélicoptères de transport, capables d’héliporter ensemble une compagnie de combat. Exit le coûteux NH90 de 6,4 tonnes à vide, on ne rigole plus ! Comme le petit nombre d’appareils envisagé nous impose de coopérer avec un partenaire déjà bien équipé, deux modèles s’imposent naturellement : le ‘Chinook’ (11 tonnes à vide) et le ‘Stallion’ (15 t), des hélicos ‘éprouvés’. En effet, ils ont tous deux connu la guerre du Vietnam ! Les versions sur le marché en 2022 concernent des appareils modernes et efficaces, sans réelle concurrence. En guise d’outsider, on cite également le AW101 ‘Merlin’, une machine beaucoup moins performante. Le ‘Stallion’ CH-53 de la firme américaine Sikorsky est un géant aux performances hors-normes. Notre pays pourrait opter pour
https://www.vrt.be/vrtnws/nl/2022/01/27/defensie-wil-vijftien-lichte-europese-h-145-helikopters-kopen-p/
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Photo : Wikipedia
CH-53K ‘King Stallion’. Triturbines, 22.500 cv. Equipage : 4. Charge utile 15.900 kg. 310 km/h. un partenariat avec l’Allemagne, qui l’utilise depuis 1969. La Luftwaffe pourrait en effet remplacer ses vieux CH-53G par la nouvelle version CH-53K à trois turbines et jusqu’à 40 tonnes au décollage (ou 30 soldats équipés). La facture jugée trop élevée et quelques ‘maladies de jeunesse’ ont cependant causé l’arrêt temporaire du projet en 2020. La guerre en Ukraine et une contribution belge pourraient changer la donne. Notre petite Défense alignerait alors l’hélicoptère de transport lourd le plus moderne au monde… à moins que l’Allemagne n’opte finalement pour le Chinook, qui lui est proposé par un nouveau consortium entre Airbus et Boeing. Le ‘Chinook’ CH-47 de Boeing est immédiatement reconnaissable à ses deux rotors en tandem. C’est un vrai ‘Bestseller’ : plus de 1.200 ont été fabriqués et la production continue. Sa silhouette familière s’est imposée du Vietnam à l’Afghanistan avec une efficacité inégalée. Pour beaucoup, le Chinook est le meilleur hélicoptère de transport lourd. À la fois puissant (jusqu’à 23 tonnes au décollage), spacieux (33 soldats équipés) et à la maintenance aisée, il est relativement abordable
à l’achat comme à l’usage. Le Chinook est transportable dans la soute de nos transports A400M, un avantage en cas de déploiement lointain, en Afrique par exemple. Nos partenaires néerlandais viennent de remplacer leurs anciens Chinook ‘D’ par vingt appareils neufs de la dernière version ‘F’. Tout comme notre Marine, la Composante Air est déjà largement engagée dans un partenariat avec les Pays-Bas. Le choix du CH-47 approfondirait donc les synergies déjà en place. La Défense belge se trouverait alors à son tour aux commandes de cette légende volante.
Le ‘Merlin’ AW101 est plus léger, jusqu’à 15 tonnes au décollage ou vingt soldats. Cinq exemplaires ne transporteraient pas une compagnie complète. Le AW101 est produit par Agusta-Westland. Cette firme déjà tristement célèbre chez nous fait l’objet d’un scandale aux pots-de-vin pour la vente de douze Merlin à l’Inde. Elle est aussi impliquée pour un tiers dans le consortium du NH90, l’hélicoptère dont nous essayons de nous débarrasser... Autant dire que le choix du Merlin serait politiquement hasardeux. Alors, sommes-nous sauvés ? Même si l’achat se fait rapidement, il faudra encore trouver et former le personnel. Nos alliés pourraient nous aider, sauf qu’ils ont eux aussi des problèmes pour recruter des équipages et techniciens. Et quand tout sera en place, il faudra encore former les troupes et les états-majors à l’emploi de ce nouveau vecteur. Comme souvent, le facteur humain sera au moins aussi déterminant que le matériel. Rappelons donc à nos dirigeants que ces hélicos ne serviront qu’accompagnés des budgets pour le recrutement et l’entraînement du personnel.
Photo : US Army
CH-47F block 2 ‘Chinook’. Biturbines, 12.000 cv. Equipage : 3. Charge utile 10.000 kg. 282 km/h.
La Sentinelle 15
Statut
Décès d’un (ex)militaire : à quoi ont droit ses proches ? Pour vous, ça ne changera pas grand-chose, mais si vous décédez l’État prévoit quelques interventions potentielles au profit de vos proches. Voici quelques lignes directrices pour vous guider, mais sans aborder tous les détails qui dépassent le cadre de cette publication. Indemnité accident lors d’une opération, d’une mission ou d’un exercice. Il est ici question des sous-positions ‘en engagement opérationnel’, ‘en assistance’, ‘en appui’ et ‘en service intensif’(1). Les demandes des bénéficiaires (à leur initiative) doivent être envoyées dans les cinq ans à compter du décès s’il s’agit du conjoint ou des enfants de la victime, ou dans un délai d'un an pour les autres bénéficiaires. Intervention en cas de décès : 95.000,00 € + 15 % par enfant à charge (lié à l’index 138,01). En mars 22 cela correspond à 172.083,00 €. C’est un montant non imposable (net). L’autorité compétente et décisionnelle est le ministre de la Défense (MoD). Une aide immédiate (une avance) de 7.000,00 € (non indexé) est possible dans les 15 jours. Indemnité spéciale attentat Actes intentionnels de violence ou l'explosion d'un engin de guerre ou d'un engin piégé lors de l'exécution d'une mission de police, de protection, de secours ou de déminage, tant en Belgique qu’à l’étranger. Par ‘mission de déminage’, il (1)
faut entendre les opérations de recherche, de neutralisation, de transport ou de destruction d'engins de guerre ou d'engins piégés. En cas de décès, l’intervention s’élève à 53.200,00 € (lié à l’index 138,01). En mars 22 cela correspond à 93.366,48 €. C’est un montant non imposable (net). Le bénéficiaire doit en faire lui-même la demande et l’autorité compétente est le MoD. Indemnité complémentaire attentat Tout enfant à charge de la victime ou tout enfant né après le décès de la victime, perçoit une indemnité complémentaire égale à 10% du montant de l'indemnité spéciale. Indemnité accident aéronautique Accident à bord d’un aéronef miliaire ou au cours de l'exécution d'un saut en parachute, tant en Belgique qu'à l'étranger. Il est question de 18.592,02 € (lié à l’index 114,20). En mars 22 cela correspond à 96.193,25 €. C’est un montant non imposable (net). Le bénéficiaire doit en faire lui-même la demande et l’autorité compétente est le MoD.
Nouvelle disposition négociée le 17 Dec 21 – Pas encore en vigueur à ce jour
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Indemnité de funérailles Le montant (non imposable) de cette indemnité est équivalent à celui du dernier traitement (ou de la dernière pension) brut mensuel du défunt (limité à certains plafonds) pour le conjoint, le cohabitant légal ou les parents, enfants ou petits-enfants. Pour les autres personnes, l’indemnité est égale au montant réel des frais funéraires, sans dépasser le dernier salaire brut mensuel ou le plafond. Le bénéficiaire doit en faire lui-même la demande. Indemnité pour frais funéraires Une indemnité forfaitaire est octroyée aux proches du militaire, aumônier ou conseiller moral décédé pendant une période de service actif, indépendamment des circonstances du décès. Cette indemnité est payée avec le dernier traitement mensuel et les autres droits pécuniaires encore dus par la Défense. Cette indemnité forfaitaire en compensation des coûts funéraires s’élève à 575,00 € (lié à l’index 138,01). En mars 22 cela correspond à 1.041,55 €. Cette indemnité est cumulable avec l’indemnité de funérailles. L’autorité compétente est le MOD
Convention Assuralia 2020 (d’application depuis le 01 Jul 21) – Décès en service
Photo : Défense
en cas de dépassement du forfait résultant de coûts supplémentaires suite à l'exhumation, imposée par l’autorité, d’un militaire enterré à l’étranger. Pension de réparation pour les bénéficiaires (conjoint survivant, orphelin, …) C’est le ‘pendant militaire’ des accidents du travail, maladies professionnelles ou accident de roulage pendant le trajet domicile – lieu de travail, tant en Belgique qu’à l’étranger. Il est question d’une indemnisation forfaitaire qui couvre complètement le dommage survenu en service et par le fait du service. Le montant est payé trimestriellement, il est non imposable et il est indexé. Le bénéficiaire doit en faire lui-même la demande.
Pension de dédommagement pour les bénéficiaires (conjoint survivant, cohabitant, orphelin) Elle est octroyée à la suite d'actes de terrorisme ayant entraîné le décès. Elle doit être demandée par le bénéficiaire et n’est pas cumulable avec une pension de réparation. Pension de survie (conjoint survivant) Si le conjoint survivant a moins de 48 ans et 6 mois au moment du décès (conditions si le décès survient au plus tôt le 1er janvier 2022 – la condition d’âge évolue – voir tableau), la pension de survie est remplacée par une allocation qui sera limitée dans le temps : l’allocation de transition. Dans ce cas, pour percevoir la pension de survie, vous devrez attendre de percevoir votre propre pension de retraite.
Date d’application
Date du décès
Âge d’octroi
01/01/2022
01/01/2022 31/12/2022
48 ans et 6 mois
01/01/2023
01/01/2023 31/12/2023
49 ans
01/01/2024
01/01/2024 31/12/2024
49 ans et 6 mois
01/01/2025
01/01/2025 ...
50 ans
Disposition particulière portant sur l’assurance solde restant dû souscrite par les membres du personnel de la Défense : soit elle reste à charge de l’assureur, soit c’est la Défense qui prend en charge l’intégralité du remboursement de crédit ou qui intervient avec un montant plafond. Pour les contrats conclus avant le 1er juillet 2021, vous pouviez signaler jusqu’au 31 mars 2022 que vous êtes membre du personnel de la Défense. Assurance ‘Décès par accident’ de l’ACMP-CGPM L’ACMP-CGPM offre gratuitement cette assurance à ses affiliés en règle de cotisation. Le montant assuré s’élève à 7.500,00 €. Cette offre n’a jamais été remise en question et il n’est nullement dans notre intention de la supprimer de nos avantages, même si certains en doutaient après sa suppression chez un autre syndicat. Pour plus de renseignements concernant l’assurance ‘décès par accident’ ou un autre sujet, prenez contact avec notre Secrétariat permanent au 02/254.72.14 ou par courriel à srt@acmp-cgpm.be
La Sentinelle 17
Statut
Rentes liées aux Ordres nationaux : clarifications complémentaires Dans l’édition de la Sentinelle de janvier-février, nous avons publié un article général sur les rentes liées aux Ordres nationaux. Ce texte a suscité des interrogations, suite à quoi nous avons décidé de clarifier l’un ou l’autre point afin d’être le plus précis et le plus complet possible. savoir la Croix de Chevalier de l’Ordre de Léopold II. -
Dans cet article en page 18, nous avions abordé ce qu’il en était des Ordres nationaux et des rentes pour la catégorie des sous-officiers du cadre actif. Nous complétons donc cet article par une information sur ce qu’il en est de la rente pour la catégorie des volontaires du cadre actif et apportons des éclaircissements lors des prestations volontaires d’encadrement (PVE) en tant que militaire du cadre de réserve. Précisions -
Les militaires du cadre actif appartenant à la catégorie des sous-officiers peuvent prétendre à la rente dès qu’ils ont obtenu la distinction honorifique pour 30 ans de service, à
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Les militaires du cadre actif appartenant à la catégorie des volontaires, s’ils peuvent justifier de 40 ans de service ou lorsqu’ils sont pensionnés (à partir de 56 ans), obtiennent la Croix de Chevalier de l’Ordre de Léopold II (pour autant qu’ils soient aussi déjà en possession des Palmes d’Or de l’Ordre de la Couronne. Cela leur ouvre donc le droit à une rente annuelle, inaliénable, insaisissable et dont le montant actuel est fixé à : 12,39 € pour l’Ordre de Léopold II (minimum 40 ans de service effectif ou pensionné à partir de 56 ans).
-
Lorsque les militaires sous-officiers (minimum 1SgtMaj) et volontaires du cadre actif sont mis à la retraite d’office à l’âge de 56 ans, ils obtiennent automatiquement respectivement la distinction honorifique ‘Chevalier de l’Ordre de Léopold’ ou ‘Croix de Chevalier de l’Ordre de Léopold II’ (décoration militaire) avant d’être pensionnés
et ce, s’ils étaient déjà en possession de la distinction honorifique de ‘Chevalier de l’Ordre de la Couronne’ ou ‘Palmes d’Or de l’Ordre de la Couronne’ (35 ans de service). Cela signifie que si des militaires sous-officiers ou volontaires mis à la retraite d’office à 56 ans n’étaient pas respectivement ‘Chevalier de l’Ordre de la Couronne’ ou ‘Palmes d’Or de l’Ordre de la Couronne’ (35 ans de service), ils n’ont pas pu obtenir la distinction honorifique suivante ‘Chevalier de l’Ordre de Léopold’ ou ‘Croix de Chevalier de l’Ordre de Léopold II’. Si ces militaires intègrent dans la foulée le cadre de réserve et effectuent des PVE, quand bien même ils deviendraient dans la réserve détenteurs d’une distinction honorifique ‘Chevalier de l’Ordre de Léopold II, Chevalier de l’Ordre de la Couronne ou Chevalier de l’Ordre de Léopold’, ils ne pourront pas prétendre à la rente liée à cette décoration.
NAISSANCES
MARIAGES
Indice des prix à la consommation LUCIE – 02/12/2021 Dans la famille de Damien DEFOSSÉ (Dinant)
25/06/2021 DESCAMPS Benjamin et JACOB Ann (Geer)
LÉNA – 11/12/2021 Dans la famille de Anthony FALCHI (Namur)
05/08/2021 VANNIEUWKERKE Arthur et EXELMANS Jody (Villers-la-Ville)
FIL – 04/01/2022 Dans la famille de Dimitri SUJEW (Genk)
03/01/2022 DIRKX Dennis et PLUSQUIN Nathalie (Bilzen) (Par cohabitation légale)
LUNA – 07/01/2022 Dans la famille de Alix VAN LONDERSEELE (Audenarde) EZRA – 11/01/2022 Dans la famille de Jacques CHARLES (Libramont-Chevigny) JINTHE – 19/01/2022 Dans la famille de Diederik PETERS (Sint-Niklaas) AMBRE – 03/02/2022 Dans la famille de Francis HALLEUX (Liège) JULIETTE – 04/02/2022 Dans la famille de Nicolas DIRICKX (Charleroi) YARO – 07/02/2022 Dans la famille de Sven MALLANTS (Heusden-Zolder) LEX - 09/02/2022 Dans la famille de Stef BLOEMEN (Heusden-Zolder) ELEANOR – 20/02/2022 Dans la famille de Geert DAENEN (Hasselt) ANOUK – 22/02/2022 Dans la famille de Dennis PUSTJENS (Asse) LUCAS - 13/03/2022 Dans la famille de Johan PEFFER (Malmedy)
17/02/2022 BALUWE Kevin et PLANCKAERT Kelly (Heist-Op-Den-Berg) (Par cohabitation légale) 22/02/2022 BUVENS Kelly et SIAAYA Naomi (Hoogstraten) 22/02/2022 HOLVOET Thibault et DE MOREAU DE GERBEHAYE Emeline (Hamois) 22/02/2022 TORTOLANI Joachim et HUAUX Nadège (Jodoigne)
NECROLOGIE
- Janvier : 118,32 points - Février : 119,07 points - Mars : 119,69 points
Indice santé - Janvier : 118,21 points - Février : 118,74 points - Mars : 119,05 points L’indice santé lissé s'établit, quant à lui, à 115,54 points en mars. Le prochain indice pivot pour la fonction publique et les allocations sociales est fixé à 116,04 points. Ces derniers mois, les pensions ont été augmentées de 2 % en septembre 2021, en janvier 2022 et en mars 2022. Quant aux traitements, ils ont été augmentés de 2% en octobre 2021, en février 2022 et en avril 2022. Il semblerait qu’une nouvelle augmentation de 2% soit attendue en mai 2022 pour les pensions et en juin 2022 pour les traitements. Les perspectives laisseraient même entrevoir une autre augmentation de 2% en décembre 2022 pour les pensions et en janvier 2023 pour les traitements !
Source : Statbel DOYEN Jean 1955 - 26/11/2021 (Waremme) VERVLOET André 1941 - 08/12/2021 (Louvain) WÉRY Gilbert 1930 – 14/12/2021 (Saint-Trond)
MULLER WILLY 1940 - 05/02/2022 (Gingelom)
PARUSSINI Georges 1962 - 24/12/2021 (Charleroi)
VERMOOTE EDDY 1952 - 11/02/2022 (La Panne)
NIJS Willy 1958 - 17/01/2022 (Bilzen)
HENRARD THÉO 1936 - 06/03/2022 (Liège)
La Sentinelle 19
PRIME SYNDICALE POUR L’ANNEE DE REFERENCE 2021 La Défense a l'obligation légale d'envoyer aux militaires le formulaire de demande de prime syndicale pour l'année de référence 2021, avant le 1er avril 2022. Cependant, cette année, il y a encore un retard et le document est attendu pour la fin avril.. Ce formulaire original (donc pas de fax ni d’email avec en annexe le formulaire scanné) doit être complété et envoyé avant le 1er juillet 2022 à : ACMP-CGPM, Romboutsstraat 1 – Bus 021, 1932 ZAVENTEM. Vous pouvez aussi remettre le formulaire original complété et signé à un délégué CGPM qui nous le fera parvenir. Mais ceci n’est nullement une obligation.
Ne tardez pas à envoyer votre formulaire ! Dans les trois mois qui suivront la date de réception du formulaire de demande au Secrétariat permanent de l’ACMP-CGPM, nous ferons le nécessaire pour exécuter le paiement de la prime.
Que faire si vous n’avez pas reçu le formulaire? Rendez-vous sur le site de l'ACMP-CGPM et cliquez sur 'Avantages', puis sur 'Primes diverses' pour y télécharger la demande de duplicata. Ce document devra nous parvenir par courrier électronique à srt@acmp-cgpm.be ou postal à Romboutsstraat 1 bus 021 - 1932 Zaventem. L’ACMP-CGPM s’adressera alors au service compétent du Premier Ministre et, après obtention des données nécessaires, effectuera le plus rapidement possible le paiement. Ceci va cependant engendrer un retard dans le paiement de ladite prime ! Pour rappel : le militaire ne peut légalement introduire qu’une et une seule demande de paiement de la prime syndicale et ce auprès d’un seul syndicat représentatif.