La Sentinelle Juillet-Août 2019

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La Sentinelle Juillet - Août 2019 - n° 04

Avant-Propos Périodique bimestriel de la Centrale Générale du Personnel Militaire. Éditeur responsable : Yves Huwart - Bureau de dépôt : Alost X - P109013

Sur le moral des troupes le syndicat militaire


Avant-propos

Sur le moral des troupes AVANT-PROPOS PAR YVES HUWART | PRÉSIDENT

Nous recevons de plus en plus d’échos en provenance du terrain concernant un déclin du moral chez les militaires. Ces messages touchent un nerf sensible à l’ACMP-CGPM. Après tout, une armée qui a un mauvais moral, est une armée qui fonctionne mal. D'où le présent appel aux autorités militaires et civiles à se réveiller. Ce n’est pas imputable aux missions et en particulier à la pression de l'opération ‘Vigilant Guardian’. Certains soldats se plaignent des missions, mais d'autres se plaignent également s'ils ne sont pas déployés. L’engagement opérationnel n’est donc pas le moteur du malaise actuel. L’enjeu n’est pas non plus seulement la rémunération des militaires, même s’il est vrai qu’elle se situe de plus en plus en deçà de celle du marché du travail civil. Par exemple, qui veut encore travailler tout un week-end pour quelques dizaines d’euros ? Le malaise concerne principalement d'autres questions. À commencer par l’énorme pénurie de personnel : quelque 7.000 postes prévus ne sont pas occupés. Malgré les efforts de recrutement, la Défense sombre à toute allure et profondément sous l’objectif révisé de 24.000 soldats issu de la ‘Vision Vandeput’. Attirer des techniciens qualifiés est un fiasco, mais il devient surtout plus compliqué de retenir le personnel. La fuite des cerveaux tourne au dilemme : de plus en plus de militaires expérimentés jettent l’éponge. Le résultat : des personnes débordées contraintes d'effectuer deux voire trois ‘jobs en cumul’ et doivent trinquer. Ou qui doivent sans cesse se glisser dans la peau d’un autre pour qu’il y ait des effectifs en suffisance dans les unités qui partent en mission. Le malaise est aussi lié au manque de pièces de rechange et aux problèmes de matériel, d’équipements impossibles à réparer et d’exercices mis en danger. Cela débouche sur de la frustration aussi bien chez les réparateurs qu’auprès des ‘fighters’. De même, il s’agit d’infrastructures délabrées pour lesquelles les jeunes militaires sont résolument reconnaissants, en conséquence de quoi ils vont alors chercher leur salut en dehors de l’armée. En outre, il est question également de la peine qu’a encore et toujours la Défense à s’adapter aux réalités de la société contemporaine. Les partenaires des

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militaires ont également une carrière ; ils ne suivent plus docilement au rythme des déménagements. Mais ce qui mine le plus le moral des troupes, c'est que l’autorité a perdu la confiance des militaires. Beaucoup ont le sentiment d'être devenus un ‘bien de consommation’ ; un produit qui peut être exploité à loisir et pressé comme un citron. Les tâches n'ont pas diminué proportionnellement à la diminution des effectifs, ni de près, ni de loin. Avec pour résultat qu’au lieu de faire moins avec moins, nous faisons toujours la même chose mais avec de moins en moins. Peu importe la puissance des chefs militaires, ils ne peuvent pas encore inverser les règles mathématiques. Cette différence ne vient donc pas de nulle part : elle se fait au détriment du personnel, des équipements et de la formation. Les militaires ont l’impression que beaucoup de leurs chefs feraient tout pour contenter leurs propres supérieurs et maîtres politiques, quitte à sacrifier au passage leurs propres subordonnés. Le personnel n'est pas aveugle. Ceux qui sont dans l'armée depuis un certain temps déjà, constatent qu'ils travaillent plus dur mais accomplissent moins. Et surtout qu’ils sont moins appréciés. Ce qui a toujours permis aux soldats de garder la tête haute - même dans les circonstances les plus difficiles -, c’est le sentiment d’appartenance et la certitude que quelqu'un assure leurs arrières. La source de leur mécontentement ne réside pas nécessairement dans l'argent, mais dans le fait que beaucoup croient que la loyauté ne s'applique actuellement que du bas vers le haut. Nous pouvons tous nous plaindre du fait de ne pas disposer d’argent en suffisance, mais il n’y a pas assez d’argent dans le monde pour résoudre le vrai problème de l’armée : les soldats en sont venus à croire qu’ils étaient remplaçables. 


La Sentinelle Juillet - Août 2019 - n° 04

Photo : Christian Decloedt

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Sur le moral des troupes

Colophon

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Une armée sans canons

La Sentinelle est le bimestriel de la Centrale Générale du Personnel Militaire. La Sentinelle est envoyée à tous les membres.

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Délivrance pour le 15 Wing !

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Outsourcing : premiers retours à Heverlee

Toutes les données sont traitées dans le respect de la Loi sur la vie privée (Loi du 8/12/1992 & GDPR). Éditeur responsable : Yves Huwart Coordination : Concetto Bandinelli et Laurent Schmitz Informations générales – CGPM : Romboutsstraat 1 – Bus 021 1932 Zaventem srt@acmp-cgpm.be www.acmp-cgpm.be Tél. : 02 245 72 14 Fax : 02 245 73 01

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Photo couverture : Concetto Bandinelli

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‘Burn-pits’ : des conséquences pour la santé ?

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103 ans et membre à la CGPM !

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Fidèle à la CGPM depuis 70 ans !

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Continuation des soins après le service actif

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Un nouveau-venu au Secrétariat permanent

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C’est vous qui le dites !

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Info

Une armée sans canons Le saviez-vous ? L’armée belge n’a plus de canons. Plus de chars d’assaut non plus. Ni d’hélicoptères de combat. Aujourd’hui, derrière une façade soigneusement entretenue pour rassurer la population, la Défense n’est plus que le squelette de ce qu’elle était il y a quelques décennies. Entre l’invasion de l’Ukraine, le terrorisme, les flux migratoires, la prolifération nucléaire, les cybermenaces et de nombreux conflits larvés dans le monde, les spécialistes s’accordent à dire que la situation globale est aujourd’hui plus tendue qu’à la fin de la Guerre froide, dans les années 80. Ce n’est pas par hasard si tous les pays européens (à part la Belgique) renforcent leurs budgets militaires. D’autant que le lien transatlantique est mis à mal par la Maison-Blanche. En cas d’offensive russe à l’est ou de conflit au sud du continent, il est possible que les Européens devront se débrouiller seuls. L’Armée belge en 1989 En cette fin de Guerre froide, pour contrer le Pacte de Varsovie et assumer la part de notre pays à l’OTAN, nos 100.000 militaires (dont 35.000 miliciens) et près de 30.000 civils étaient déployés dans quatre brigades, des troupes de reconnaissance, un régiment para-commando plus les troupes d’appui du corps et des divisions. Deux brigades se trouvaient à Bourg-Léopold et Marcheen-Famenne, et deux en Allemagne, à Soest et à Siegen. Une ‘brigade’ est une unité de combat très importante puisque c’est le premier niveau militaire permettant d’engager de l’infanterie, des chars mais aussi de l’artillerie, du génie de combat, des transmissions, de la logistique, des soins médicaux, etc. Bref, une

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brigade possède tout ce qui est nécessaire pour affronter l’ennemi dans un conflit traditionnel. Certaines armes spécialisées se tenaient en outre prêtes à appuyer nos quatre brigades et les autres unités de combat : missiles anti-aériens à longue portée, hélicoptères antichars, missiles sol-sol, avions légers, etc. Notre ‘Défense nationale’ possédait aussi 106 Mirage V et 160 F-16. En plus de ces avions de combat, douze C-130H constituaient une capacité de transport tactique suffisante pour ‘aéroporter’ nos troupes. Quatre frégates et 25 navires de lutte contre les mines défendaient nos intérêts maritimes. Et puis, on l’oublie trop souvent mais la Gendarmerie belge faisait aussi partie de la Défense nationale. Avec près de 20.000 hommes, des armes de guerre, des blindés, des avions et des hélicoptères, il s’agissait d’une force importante pour assurer la sécurité du territoire national, en particulier en matière de terrorisme, de maintien de l’ordre et de grand banditisme.

incomplètes ; il leur manque plus du tiers des effectifs. Un bataillon compte traditionnellement trois compagnies opérationnelles et une compagnie état-major & services pour un total de 500 à 600 soldats. Nos bataillons peuvent péniblement engager 370 fantassins en deux compagnies de combat. Certaines fonctions critiques sont en outre déficitaires. Par exemple, certains bataillons ne peuvent pas déployer tous leurs véhicules puisque nous manquons de chauffeurs. On pourrait presque parler d’une brigade mais hélas, nos forces armées ne possèdent plus de chars d’assaut depuis 2013. En face, l’armée russe s’appuie en revanche sur un nombre considérable de chars lourds. En cas de conflit, nos 

Que reste-t-il en 2019 ? La Défense (désormais sans le qualificatif ‘nationale’) compte théoriquement cinq bataillons d’infanterie, deux bataillons para-commandos et un bataillon ISTAR comme capacité de combat et de renseignements. Malheureusement, ces unités sont

La Belgique compte 1,5 millions d’habitants de plus qu’en 1989 mais il ne reste qu’un quart de son armée.


présenté comme le ‘contrat du siècle’, il ne pèse pas bien lourd. En effet, si on retire les appareils en maintenance périodique et les avions en panne, il restera entre 20 et 25 F-35 effectivement prêts au combat. Seuil critique

Nous n’avons plus de chars d’assaut, plus d’artillerie lourde, plus de missiles antiaériens, plus d’hélicoptères antichars, plus de missiles sol-sol, …  troupes seraient donc dépendantes de nos alliés pour faire face à cette menace. Notez que notre pays est le seul d’Europe occidentale à avoir abandonné ses chars d’assaut. Même constat en ce qui concerne l’artillerie. La Belgique possède bien un bataillon ‘Artillerie’ mais faute de moyens, celui-ci met en œuvre des armes légères : pièces tractées et mortiers. Notre pays n’a donc plus de canons lourds, une arme pour-

de combat sont insuffisants pour les tâches qui leurs sont dévolues, notamment en matière de protection nucléaire, biologique et chimique. La logistique quant à elle est décapitée par les départs à la pension de son personnel, traditionnellement plus âgé que dans les unités de combat. Elle serait incapable d’appuyer les troupes au combat. Et l’unique hôpital militaire subsistant ne soigne que quelques pathologies.

La situation globale est aujourd’hui plus tendue qu’à la fin de la Guerre froide. tant toujours indispensable pour appuyer l’infanterie. Plus de défense antiaérienne non plus, les missiles ‘Patriot’ équipant nos voisins étant jugés trop coûteux. Enfin, nos quatre (!) hélicoptères NH-90TTH suffisent juste à animer le défilé du 21 juillet. Insuffisant Du côté des unités d’appui, c’est pire. Nos deux bataillons de génie

Dans le ciel, la ‘Composante Air’ n’est plus que l’ombre de la ‘Force aérienne’, avec seulement une cinquantaine d’avions de combat. Les C-130H opérationnels se comptent souvent sur les doigts d’une main, faute d’équipages, d’avions en état de vol ou de personnel au sol. Les missiles Nike ont tout simplement disparu, et avec eux la capacité antiaérienne. L’achat de 34 nouveaux chasseurs F-35 a beau être

En mer, le personnel approche du seuil critique de 1.500 marins. Il en faudrait 700 de plus pour exploiter pleinement une frégate, quatre chasseurs de mines et tous leurs services annexes. Bientôt, la Défense comptera à peine plus de militaires que l’ancienne gendarmerie (dont elle assume une partie des tâches). Nous sommes passés de centaines d’avions de combat à quelques dizaines et des armes aussi vitales que l’artillerie, la défense antiaérienne ou les chars d’assaut ont tout simplement disparu. En cas de conflit traditionnel, nos forces armées seraient incapables de défendre la Nation de façon adéquate, même en subissant des pertes disproportionnées. Revenir à un potentiel militaire correspondant à la menace actuelle et au niveau socio-économique de notre pays un des plus riches d’Europe -, durera des décennies. Car si on peut acheter des canons, on ne peut acheter des artilleurs. La sécurité de nos militaires et de la population est donc compromise pour encore de nombreuses années. 

Photo : R. Sedeyn

Bientôt, la Défense comptera à peine plus de militaires que l’ancienne gendarmerie, dont elle assume une partie des tâches.

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Info

Délivrance pour le 15 Wing ! La construction du nouveau hangar de Melsbroek est acquise. Les travaux débuteront encore cette année, la firme a commencé les mesures topographiques et prépare le chantier. Le bâtiment s’étendra sur plus de 430m de long et sera aussi large qu’un terrain de football ! Lors de notre visite au 15 Wing en début d’année, nous avions perçu une grande incertitude au sein du personnel de l’unité : quid de l’avenir de l’unité, du manque de personnel, des formations à l’étranger, du hangar pour les A400M, etc. ? Dans ce dernier dossier en tout cas, les choses bougent ! L’attribution du marché public est passée quelque peu inaperçue fin décembre 2018. Pour le moment, la firme DEMOCO prépare le chantier, principalement en effectuant des mesures et en établissant l’important dossier environnemental. Les demandes d’autorisations diverses sont en cours. Comme le terrain est propriété de la Défense, cette phase ne devrait pas poser de gros problèmes, même si l’important pipeline de l’OTAN qui traverse le site devra être détourné. Les travaux préparatoires devraient débuter en juin. Au vu des plans et des ‘impressions d’artiste’, le nouveau hangar promet d’être un vrai fleuron pour la Défense. Non seulement par sa taille mais aussi par son architecture moderne. Voilà qui nous changera des vestiges du passé. Les conditions de travail et la sécurité du personnel devraient beaucoup y gagner, sans parler

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du moral. Après des décennies de dégradation, ce projet est aussi un peu le symbole du renouveau de la Composante Air et par extension de toute la Défense.

lui-même sera divisé en deux zones. L’une servira à la maintenance et l’autre, plus grande, permettra de mettre les nouveaux appareils à l’abri.

Pharaonique !

Tous les bâtiments existants depuis BruMil jusqu’au bloc 143 seront rasés. La zone libérée ne sera pas pour autant remplacée par le nouveau hangar, qui sera construit plus loin, entre l’actuel hangar de la Police fédérale et le bord du domaine militaire, près du bureau de police de Steenokkerzeel. Les anciens hangars et blocs vétustes disparaîtront à terme pour résoudre un problème de parking. En effet, à l’heure actuelle, les vieux C-130H alignés sur le

On a du mal à croire qu’un tel projet pharaonique puisse être terminé en 2020 pour l’arrivée des premiers avions de transport A400M ‘Atlas’. Pourtant, les méthodes de construction modernes doivent permettre de réaliser ce tour de force. En plus du gigantesque hangar, trois bâtiments sont prévus pour accueillir les services de la base et un simulateur de vol flambant neuf. Le hangar


 parking ne mordent pas l’espace du ‘taxiway’ appartenant à l’aéroport, ce qui laisse le passage libre aux appareils commerciaux de Brucargo. Or, l’Airbus A400M mesure 11 mètres de plus que son prédécesseur. Il empiéterait inexorablement sur le territoire de Brussels Airport. Il lui faudra donc des parkings plus spacieux. Réhabilitation Le syndicat militaire ACMP-CGPM ne peut qu’applaudir cette bonne nouvelle, qui met fin aux rumeurs de délocalisation ou de fermeture. À ce stade, on peut être certain que Melsbroek restera encore longtemps la base de nos avions de transport. Nul doute que les militaires du 15 Wing sont rassurés. Les investissements prévus sont d’une ampleur inespérée. L’unité est promise à un glorieux avenir. Toutefois, ces plans très ambitieux ne devraient pas estomper le problème majeur du 15 Wing, qui

reste le manque chronique de personnel : commandants de bord, équipages, techniciens, employés administratifs, … Ce n’est pas l’arrivée récente de jeunes sous contrat précaire ‘Rosetta’ qui va résoudre le problème. Au contraire, ces très jeunes travailleurs n’ont aucune qualification et nécessitent une longue formation qui mobilise le temps de militaires expérimentés déjà trop peu nombreux. Et quand finalement les jeunes se débrouillent seuls et commencent à soulager les anciens, leur contrat (non renouvelable) se termine.

Nous invitons donc l’État-major de la Défense et les autorités politiques à lancer la réhabilitation du métier militaire dont ils parlent tant. C’est le seul moyen réellement efficace pour augmenter l’attractivité de notre profession, contrer l’attrition et renflouer enfin les effectifs. Espérons que ce magnifique hangar ne servira pas à stocker les nouveaux Airbus, faute de pouvoir les faire voler… 

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Info

Outsourcing Premiers retours à Heverlee Au début de l’année, le syndicat militaire rencontrait à Heverlee le colonel BEM Bouchez, ‘Monsieur Outsourcing’ de l’État-major de la Défense. Le but de la visite était de faire le point sur l’avancement du projet dans cette ‘caserne pilote’. Dès l’arrivée au quartier, la différence est évidente : les barrières automatiques sont neuves, le contrôle effectif et le personnel efficace. Alors que nous laissons notre véhicule, nous remarquons des civils armés et accompagnés d’un chien qui longent la clôture. Le colonel Bouchez explique : « Ces employés de la firme de sécurité ont un permis de port d’armes. Ils ont suivi des formations très poussées et possèdent une habilitation de sécurité élevée. Souvenez-vous : dans le temps, si le chien était blessé ou malade il était remplacé par deux sentinelles. Vu qu’on a externalisé le gardiennage, ceci est devenu une responsabilité de la firme. En plus, comme la firme est responsable, elle prend les mesures qu’elle juge nécessaires. Regardez sur la clôture, en quelques semaines des détecteurs d’intrusion sont apparus. Demain, ils patrouilleront peut-être avec des drones, qui sait ? Si nous avions dû faire ça au niveau militaire, ça aurait pris plus longtemps et on aurait dû faire l’intégration globale et la coordination. Comme la réparation des barrières, l’installations de caméras, etc. » Bon, il faut reconnaître que pour la garde, la solution semble tenir la route. Le colonel nous entraîne vers la nouvelle salle de fitness, où

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des corps de métier s’occupent des finitions. « L’infra du quartier est désormais aux mains des civils et cela se voit. Une firme est responsable de la gestion totale sur place. Avant, il fallait plus de trente contrats et la restauration et les réparations étaient faites par des militaires. Un robinet qui coule, une prise défectueuse ? Vous signalez le souci au ‘helpdesk’, par téléphone ou via une ‘App’. Dans les plus brefs délais, l’équipe d’intervention vient régler le problème. Vous savez comme moi comment cela va partout ailleurs. Quand un urinoir automatique ne marche plus, très rapidement on le couvre d’un sac poubelle. Il faut rester réaliste, la Défense n’a plus les moyens de s’occuper de tout ça elle-même. Dans pas mal

de quartiers, l’équipe militaire est surchargée et n’est pas correctement structurée. Un changement important est que nous ramenons tous les services dans un seul contrat. Cela ne facilite pas seulement les communications dans le quartier, mais assure aussi des prestations de qualité dans la caserne même. En d’autres termes : nous ne sommes plus dépendants des autres casernes pour l’appui spécifique en techniciens et contrats. Nous avons désormais un unique contrat par quartier, qui couvre l’entretien et le catering, en fonction des besoins locaux. » Nous choisissons une table à la cafétaria (outsourcée) pour un briefing improvisé. L’endroit n’a plus rien à voir avec l’ancien bar militaire.

Photo : SERCO 


 Tout a été rénové avec du mobilier neuf. Le colonel a commandé un délicieux ‘latte’, juste pour enfoncer le clou : « J’adore ça et c’est le genre de chose qu’on ne pouvait pas avoir dans le temps. Allez, reconnaissez que ça change des percolateurs ! La firme offre plusieurs plats et le client fait son choix. » Sur ce, notre hôte distribue l’inévitable ‘handout’ de présentation Powerpoint. Même dans un décor façon ‘Lunch Garden’, un briefing militaire se doit de respecter certaines traditions. Au vu des chiffres, il est clair que la Défense n’a pas le choix : entre les départs à la pension et l’attrition, il n’y a plus assez de personnel pour tout faire.

Photo : C.B.

Tout de même, les beaux graphiques c’est une chose mais pour le syndicat militaire, il ne faudrait pas que l’Outsourcing prive nos militaires de places ‘de fin de carrière’. Pour le colonel Bouchez, le problème ne se pose plus : « Les emplois que reprennent les firmes auraient de toute façon disparu. Sans l’Outsourcing, il y aurait de moins en moins de sentinelles, de barmans, de jardiniers, … jusqu’à ce que ces services ne soient plus assurés car ces ‘anciens’ n’auraient pas été remplacés. Par ailleurs, après la grande vague de mise à la pension, il restera largement assez d’emplois adaptés à nos militaires, comme des places dans les compagnies EMS, les services d’appui ou administratifs. Au moins nous n’aurons plus d’adjudants-chefs qui jouent au barman, ce qui n’est ni normal, ni motivant pour le personnel. D’ailleurs, les tâches que nous externalisons ne

sont pas seulement celles de vieux militaires. La garde par exemple est souvent assurée par des jeunes. En délégant ce travail, nous soulageons aussi de jeunes militaires. » Forcément, l’Outsourcing doit coûter une fortune à la Défense ? Pour le colonel, c’est un mythe qu’il faut corriger : « Prenons le cas d’une entreprise qui entretient l’infra. Parce qu’elle sert de nombreux clients, elle possède un personnel organique, un ‘know-how’ spécifique et des équipes d’intervention. À Heverlee, elle a un site web, une ‘App’, du matériel sur place, … ce qui lui permet d’intervenir de façon efficace. Ses ouvriers sur place combinent plusieurs tâches et la firme fait appel à des sociétés spécialisées et locales. À l’armée, pour assurer un bureau infra aussi performant, il faudrait des soudeurs, des plombiers, des maçons, des électriciens, … Mais on n’a pas tout le temps besoin de chaque corps de métier. Par ailleurs, chaque militaire doit être sélectionné, il a besoin d’une formation, d’une tenue, de cours, d’une arme, etc. Il faut aussi l’administrer, gérer sa carrière, etc. Tout ça fait qu’un contrat avec une entreprise spécialisée est finalement moins coûteux. » Au ménage, même constat : le service est performant, la nourriture copieuse et la firme a totalement rénové le restaurant. L’offre est

étendue et un menu coûte 4,50 € au personnel militaire. « Le repas coûte plus, mais la Défense prend en compte la différence. Croyez-le ou non, au final cela revient moins cher que si c’était fait par des militaires. Et ça permet d’offrir des extras au personnel, comme la petite épicerie ‘take away’, l’application pour les sandwiches frais, etc. À l’ERM, Sodexo a installé une nouvelle sandwicherie dans le bar après une année et demie d’activité sur place. Ce potentiel de croissance était prévu dans le contrat et a réduit la distance entre professeurs, élèves, gestionnaires et visiteurs et on peut aussi commander des pizzas ‘en ligne’. Externaliser des tâches, c’est plus de services et moins de soucis. » « Pour ce projet et d’autres, nous plaçons le militaire au centre de nos préoccupations. Nos collègues ont droit à un minimum de confort ! Nos hommes et femmes méritent des prestations quotidiennes correctes et de qualité. Je crois que l’exemple d’Heverlee montre que c’était justifié et que finalement tout le monde y trouve son compte. » 

Photo : C.B.

Avis du syndicat militaire En 2019, tout le monde trouve normal que les militaires ne passent plus leur temps à nettoyer les locaux. Que les bars, l’infra et même la garde passent aux mains du privé relève de la même logique. L’ACMP-CGPM n’a en principe rien contre cette évolution, tant que les militaires n’en paient pas la facture. En revanche, nous sommes moins convaincus par l’externalisation dans des domaines vitaux pour la sécurité des militaires, comme les capacités ICT ou l’entretien du matériel spécifique. Il ne faudrait pas non plus que des militaires en poste soient écartés au profit de firmes civiles.

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Bien-être

‘Burn-pits’ : des conséquences pour la santé ? Mi-avril déjà, les médias faisaient état de risques sanitaires probables encourus par les soldats belges à l'aéroport de Kandahar, en Afghanistan. Entre-temps, il est apparu que des problèmes similaires se sont produits au Mali. Il a cependant fallu attendre le 27 juin pour que l’État-major de la Défense informe les partenaires sociaux à ce sujet. Pour rappel, près de 2.000 militaires belges ont été stationnés à Kandahar, entre septembre 2008 et octobre 2014, dans le cadre de l’opération Guardian Falcon. Au cours de cette mission, nos F-16 assuraient le soutien aérien des troupes de l’OTAN déployées sur le terrain, sous les ordres de l’ISAF (International Security Assistance Force). Jusqu’à la fin 2012, tous les déchets générés à Kandahar – déchets ménagers, mais aussi des batteries de voiture, des huiles, des plastiques, des déchets chimiques et médicaux, du polystyrène expansé ainsi que des excréments – étaient brûlés à l’air libre dans une fosse : le ‘burn-pit’. Jusqu’à 100 tonnes de déchets par jour, ce qui a provoqué une énorme puanteur et des fumées, également chez les Belges qui se trouvaient sur place. Apparemment, les émanations contenaient des substances toxiques pouvant causer des troubles pulmonaires et respiratoires, y compris le cancer. Interprétation créative Le syndicat militaire ACMP-CGPM s’interroge. Pourquoi la Défense

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a-t-elle attendu plus de deux ans et demi après le début de la mission pour effectuer des mesures de la qualité de l’air, soit en avril 2011 ? Au Mali, ce n’est que quatre ans après la premier engagement belge dans la région de Bamako que des analyses d’air ont eu lieu. Dès le début du déploiement et devant une telle pollution, assez

de militaires belges avaient pourtant tiré la sonnette d’alarme auprès de leur hiérarchie. En 2010, l’ACMP-CGPM était déjà intervenu auprès de l’autorité à ce sujet. Mais l’État-major n’a apporté aucune réponse tangible et aucune enquête approfondie n’a été menée. Nous avions été ‘rassurés’ sur base de ce qui semble être, aujourd’hui, une interprétation très créative des normes d’exposition. En outre, il y avait d’autres indications à considérer pour prendre cette affaire au sérieux. L’armée

américaine avait mené, entre autres, des études scientifiques qui, dès 2007, établissaient un lien manifeste entre ces pratiques d’incinération et les problèmes pulmonaires et respiratoires chez les soldats, après leur mission en Afghanistan et en Irak. En janvier de l’année dernière, le tribunal du Travail de San Francisco a d’ailleurs rendu un jugement allouant une indemnité à un soldat : de manière irréfutable, il a été prouvé que sa maladie pulmonaire était due à un long séjour dans le voisinage des burn-pits en Irak. De plus, d'autres cas juridiques similaires existent aux États-Unis. Depuis le début de l’année, l’agitation règne aussi aux Pays-Bas à propos de militaires qui peuvent avoir développé des maladies pulmonaires et respiratoires après un séjour à proximité de burn-pits, en Afghanistan. À la suite de ces découvertes scientifiques et de l’échange d’informations au sein de l’OTAN, pourquoi la Belgique n’a-t-elle pas appliqué le principe de précaution ? Par exemple, en créant un registre des militaires exposés aux burnpits, pour qu’ils soient examinés régulièrement. 


 Quelle est la valeur de la mesure de la qualité de l’air effectuée à Kandahar entre la fin avril et le début mai 2011 ? Répond-elle aux standards scientifiques qui s’imposent ? Sommes-nous certains que les conclusions, à savoir qu’il n’existe aucun risque significatif pour la santé du personnel, sont correctes ? D’après des professeurs d’université, on peut exprimer des doutes quant à la qualité de cette étude. Cellule d’assistance En application de notre droit à l’information, le syndicat militaire ACMP-CGPM a interpellé l’Étatmajor de la Défense pour obtenir des réponses à ces questions. L’ACMP-CGPM a en outre demandé la mise en place urgente d’une cellule auprès de laquelle les militaires déployés à Kandahar ou au Mali, autre théâtre où se trouvent des ‘burn-pits’, pourraient faire part de leurs problèmes de santé. Un tel registre existe déjà aux États-Unis, ainsi

qu’aux Pays-Bas, où des centaines de militaires malades se sont manifestés auprès du ministère de la Défense. En attendant la création de cette (hypothétique ?) cellule d’assistance, nous avons demandé aux collègues déployés et qui se plaign(ai)ent de problèmes pulmonaires et respiratoires, de se manifester auprès du Secrétariat permanent de l’ACMP-CGPM. Si vous aussi vous désirez nous confier votre témoignage, il n’est pas trop tard. Envoyez un courriel intitulé « Burn-pit » à l’adresse srt@acmp-cgpm.be, en y indiquant les nom, prénom, numéro de matricule, endroit et période(e) de la/des mission(s) et une courte description des problèmes médicaux rencontrés. Nous recommandons aussi aux militaires qui souffrent des maladies mentionnées plus haut suite à une mission, d’en faire part au médecin du travail de leur unité, afin que leurs droits à d’éventuelles indemnités soient préservés.

Briefing Le 27 juin 2019, l’État-major de la Défense a finalement informé les syndicats au sujet des ‘burn-pits’. Dans son explication, la Défense continue de minimiser le dossier. Les problèmes médicaux causés par les émissions de fumée toxique sont banalisés. Selon le directeur général Health & Well-Being (DG H&WB), la plupart des théâtres d’opération connaissent une pollution atmosphérique : ozone, particules fines, gaz d'échappement, substances nocives libérées lors de l'utilisation de munitions, etc. L'émission de fumée par les ‘burn-pits’ n'est qu'un élément qui, selon la Défense, ne constituerait pas un facteur déterminant incontestable en cas de problème médical. En outre, l'État-major de la Défense affirme n'avoir connaissance que de ‘moins d'une poignée’ de militaires ayant des problèmes de santé du fait de leur déploiement  en Afghanistan et au Mali.

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 Une telle position est incompatible avec les conclusions de l’ACMP-CGPM. Entre-temps, le syndicat militaire a déjà répertorié 125 rapports de militaires. 20 d’entre eux font état de problèmes médicaux qui se sont manifestés après leur mission à Kandahar et à Bamako. De plus, leurs symptômes sont typiques d'une exposition à long terme à des émanations toxiques : problèmes pulmonaires et respiratoires et troubles gastriques et intestinaux. Recommandations et d'action de la Défense

Plan

En avril dernier, la DG H&WB a émis les recommandations suivantes afin de limiter l'exposition à la pollution de l'air dans les zones d'opération très polluées : Dans la mesure du possible : - Contribuer le moins possible à la pollution existante. - Ne pas incinérer les déchets à l'air libre et permettre le traitement des déchets dans des conditions optimales. - Travailler ou participer à une stratégie de mesure internationale afin de mener à la surveillance de l'exposition.

Photo : Daniel Orban

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- Garder le personnel dans les bâtiments pendant les pics d’exposition. - Équiper les bâtiments de systèmes de climatisation contenant des filtres à poussières fines. - Éviter les activités sportives en plein air. - Utiliser des équipements de protection individuelle tels que des masques. - Réviser éventuellement la sélection médicale avant les opérations. En outre, la Défense propose un plan d'action dont la DG H&WB est responsable et qui contient les éléments suivants : - Optimisation de l'analyse des risques avant déploiement. - Optimisation du suivi des expositions lors des missions. - Optimisation du suivi après le déploiement. Remarques du syndicat militaire ACMP-CGPM On parle ici de recommandations et non des mesures spécifiques. Deux mois et demi après leur formulation, on ne sait toujours pas comment elles seront ou pourront être mises en œuvre. Comment la Défense belge, par exemple, peut-elle garantir que la population locale (comme au Mali) ne brûle plus ses déchets dans des fosses à ciel ouvert ? Quelles mesures concrètes la Défense compte-t-elle prendre pour réaliser la coopération internationale mentionnée ? Et quel est le délai pour mettre en place une telle stratégie de mesure internationale ? Comment et par quels moyens la Défense souhaite-t-elle mettre en œuvre une telle stratégie ?

En pratique, comment la Défense va-t-elle concilier la recommandation "maintenir le personnel au maximum dans les bâtiments" avec les impératifs de la mission : les patrouilles à effectuer dans la zone d'exploitation, les activités de maintenance, etc. ? Comment les bâtiments de la zone d'exploitation seront-ils équipés de filtres à poussières fines ? Des mesures concrètes ont-elles été prises à cet égard, par exemple pour les conteneurs et les tentes du FAU ? Si non, quand cela arrivera-t-il ? Des masques adéquats seront-ils disponibles pour tous les soldats déployés dans des zones très polluées ? Pourront-ils également s'entraîner avec ce matériel ? Quand ces masques seront-ils livrés ? La révision de la sélection médicale se produira-t-elle réellement ou est-ce que la Défense s’en tiendra au mot « éventuellement » ? Et si oui, quand ? Comment les trois optimisations du plan d'action seront-elles mises en œuvre ? Quels éléments seront améliorés ? Par quelles étapes ? Et qu'est-ce que ces points d'amélioration impliquent ? Quand cela sera-t-il réalisé ? Autant de questions auxquelles peu ou pas de réponses ont été données. L’ACMP-CGPM ne peut pas se débarrasser de l’impression que la Défense jette de la poudre aux yeux des syndicats et de la communauté militaire avec de belles paroles qui seront difficilement ou pas du tout applicables. En  d'autres termes : c’est du vent !


 Et qu’est-ce qu’on fait maintenant ? Le syndicat militaire continuera à insister sur des mesures concrètes, adéquates et réalistes pour améliorer la prévention et le suivi des risques pour la santé pendant les opérations en général et le problème de la pollution atmosphérique en particulier. Nous

continuons à exiger un changement dans l’approche du problème des ‘burn-pits’, y compris les mesures suivantes : - Un contrôle médical périodique de tous les (anciens) militaires exposés à la pollution atmosphérique (y compris les ‘burnpits’) ou à des substances dangereuses.

- Une plate-forme indépendante d'enregistrement, de conseil et de suivi pour les victimes de ‘burn-pits’ et d'exposition à la pollution atmosphérique. - La transparence totale dans cette affaire par le ministère de la Défense, y compris en ce qui concerne les mesures et les rapports belges sur la qualité de l'air dans d'autres missions à l'étranger : Mali, autres régions de l'Afghanistan, Irak, etc. - Accès à la compensation financière légale. En outre, nous continuons à plaider en faveur de l'amélioration des checklists médicales utilisées avant le déploiement et de la mise en place d'un système de suivi par lequel la Défense prend systématiquement et périodiquement l'initiative de contrôler la santé des militaires après leur déploiement. 

Photo : Daniel Orban

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Interview

103 ans et membre à la CGPM ! L’adjudant en retraite Paul Hofman, le doyen du syndicat militaire, nous a malheureusement quittés le 20 mai à l’âge de 103 ans. Début 2019, nous avions appris qu’il s’était marié l’année passée mais ce que nous ne savions pas, c’est qu’il rendrait visite au Secrétariat permanent de l’ACMP-CGPM à Zaventem le 10 avril, accompagné de sa charmante épouse ! Imaginez la surprise de notre Président, Yves Huwart, quand l’adjudant Paul Hofman et son épouse Odette lui annoncent leur venue à Zaventem, dès le lendemain, au point du jour. Il est vrai que Paul était pour nous ‘en arrière de rejoindre’ depuis un moment. Comme il ne répondait plus au courrier et que le paiement de sa cotisation avait cessé, nous avions craint le pire. Après tout, il avait à ce moment plus de 102 ans… Un de nos collaborateurs avait bien retrouvé sa trace dans un article de journal annonçant son mariage (!) en avril 2018 mais depuis, nous étions sans nouvelles.

Arriérés de cotisation Qu’est-ce qui peut bien pousser un centenaire à entreprendre le périple à pied, en bus, train et taxi pour se rendre de sa résidence d’Alost au siège de la CGPM à Zaventem en pleine heure de pointe ? Il doit s’agir d’une affaire de la plus haute importance et qui ne peut se régler qu’en personne. Effectivement, comme l’explique l’adjudant Hofman à l’adjudant-chef Huwart, son cadet de 53 ans : « Quelqu’un a eu l’idée saugrenue de nous mettre sous tutelle depuis notre mariage. Je n’ai plus accès à mon compte en banque et n’ai pas remarqué que

le paiement de ma cotisation à l’ACMP-CGPM avait été suspendu. Comme nous avons emménagé dans un nouvel appartement, le courrier n’a pas suivi et ce n’est que récemment que je me suis aperçu de cette fâcheuse situation. Vu que je ne peux pas faire de versement pour payer mes arriérés, j’ai décidé de vous les apporter en main propre », dit-il en exhibant un billet de cinquante euros ! Un petit attroupement s’est formé autour de nos invités-surprise. Tous veulent serrer la main de cet ancien militaire et féliciter sa jeune (79) épouse Odette. À la surprise de nos délégués, malgré ses 103 bougies, l’adjudant Hofman s’exprime non seulement dans un néerlandais sans faute mais aussi en excellent français et même… « My English is quite a bit rusty, you know. Aber ich spreche immer noch perfekt Deutsch. » Et ce n’est pas tout : « Je manque un peu de pratique mais je maîtrise encore assez bien le Morse ». Le silence s’installe dans la grande salle de réunion quand Paul Hofman lève un coin du voile sur sa carrière. Télégraphie Sans Fil

Photo : C.B.

Paul Hofman et son épouse Odette, invités d’honneur de l’ACMP-CGPM.

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« Je me suis engagé à 21 ans, en 1936. Quand les Allemands 


 ont attaqué la Belgique, j’étais radio-transmetteur dans les Troupes de Transmissions (TTr) à Vilvorde. Après une courte captivité, j’ai été relâché et j’ai intégré la résistance. C’est moi qui transmettais les messages codés à Londres, avec mon poste de TSF (Télégraphie Sans Fil). J’ai repris l’uniforme dès l’arrivée des Alliés. Mon meilleur camarade était le colonel Keukeleire (ndlr : premier Chef de Corps du 5TTr). Après la guerre, j’ai été caserné un peu partout dans le monde : à Soest en Allemagne, à Londres et à plusieurs endroits en Amérique. » Il baisse la voix et prend un ton conspirateur « J’envoyais des messages secrets, voyez-vous », révèle-t-il avec un clin d’œil entendu.

convenant dans le cadre de mes missions. À cette époque, mon épouse travaillait à l’ambassade des Etats-Unis. » Même la retraite en 1980, à 65 ans, n’arrête pas notre ancien militaire. Pendant son séjour en Allemagne, un ami peintre et tapisseur lui a appris le métier. Il se met donc au service de sa famille et de ses connaissances. Le décès récent de son épouse l'affecte lourdement. Il est inconsolable et cherche la sérénité dans une communauté d’accueil religieuse de Bruges. C’est là qu’il fait la connaissance de la ravissante Odette. Ils se soutiennent mutuellement pendant près de quarante ans « comme frère et sœur » jusqu’en 2018, quand Paul se décide à l’épouser. Ils emménagent ensemble à Gijzegem, près d’Alost en Flandre orientale. Prime de mariage

Photo : C.B.

« C’est moi qui transmettais les messages codés de la résistance à Londres. » À sa démobilisation par limite d’âge le premier février mille neuf cent soixante-sept, Paul Hofman n’a que 51 ans. Trop jeune pour rester inactif, se dit-il. C’est ce que pensent aussi ses nombreux contacts internationaux : il est bien trop précieux pour l’armée. Fort de son statut de membre du ‘cadre des militaires spécialistes’, il est aussitôt engagé par le SHAPE (Supreme Headquarters Allied Powers Europe), à Casteau. « Avec mon poste mobile et ma génératrice, je pouvais transmettre les messages de n’importe où, ce qui était fort

« Mais alors, s’exclame Yves Huwart, puisque vous êtes à nouveau en règle de cotisation et de surcroît jeune marié, vous avez droit à la prime de mariage du syndicat militaire ! » Aussitôt dit, aussitôt fait. Notre trésorier produit une enveloppe contenant la somme de 100€ (vu qu’un versement n’est pas possible), que les jeunes mariés acceptent avec gratitude et une bonne dose d’émotion. Entretemps, la table se charge de petites attentions. En effet, Paul a quelques cadeaux de fin d’année à rattraper. La carte USB et le hautparleur Bluetooth ne l’attirent pas trop, allez savoir pourquoi ? Il préfère nettement les tasses au logo de la CGPM. Une bonne bouteille de vin est apparue comme par magie, ainsi que les exemplaires de ‘La Sentinelle’ que Paul a ratés.

Photo : C.B.

Paul Hofman, au service de la Nation depuis 1936, membre de l’Association des Sous-Officiers et des organisations qui ont suivi, jusqu’au syndicat militaire ACMP-CGPM à partir de 1991. Tout cela pèse bien lourd et notre ami s’inquiète : « Je n’arriverai jamais à porter tout ça. Nous avons encore un long chemin jusqu’à la gare du Nord, puis de l’arrêt du bus jusqu’à notre appartement. ». Vous comprendrez que nous n’avons pas laissé nos hôtes reprendre les transports en commun. Nous les avons escortés en voiture jusqu’à leur domicile. C’est aussi ça, la CPGM… Nous comptions bien revoir nos amis l’année prochaine mais hélas, Paul nous a quittés le 20 mai dernier. Avec lui s’envole une page de l’Histoire. Celle de l’ACMP-CGPM, celle de la Belgique, celle d’un homme discret au service de sa Patrie. Il a maintenant rejoint ses messages codés, quelque part sur les ondes. Comme on dit dans les TTr : ‘Roger, out, Adjudant !’ 

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Interview

Fidèle à la CGPM depuis 70 ans ! Roland Thibaut est affilié au syndicat militaire depuis 70 ans. Cette fidélité et cet engagement, nous avons voulu les remercier par une petite visite de courtoisie à cet ancien sous-officier de la Force aérienne, aujourd’hui arrivé à une altitude de 92 ans.

Entre les étoiles du cosmos

Photo : C.B.

Roland Thibaut nous accueille les bras ouverts, sur le pas de sa porte. Roland et Francine vivent paisiblement dans un petit quartier résidentiel du centre de Boussu. Leur maison est coquettement décorée de souvenirs liés aux quatre enfants et nombreux petits-enfants qu’ils ont semés en 70 ans de mariage. « Je suis né le 3 avril 1927 », entame Roland dans un entretien qui durera plusieurs heures. « Le 19 février 1947, je suis arrivé à Brustem pour mon instruction. Je voulais devenir radiotélégraphiste sur avion, puisque la Belgian Air Force allait quitter la Royal Air Force pour revenir en Belgique. Mais ma fiancée avait peur de devenir veuve et j’ai donc abandonné la télégraphie. Je suis parti suivre mes cours de caporal, à Chièvres. Le 1er février 1948, j’étais nommé caporal. Ensuite, j’ai fait un passage par la cartographie à l’Institut Géographique National. Mais cela

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ne me plaisait pas et je suis revenu à Saffraanberg pour y dispenser des cours de drill. Je devais me marier le 28 août 1948 et c’est dans l’incendie de l’école (ndlr : le 8 août 1948) que mon costume de mariage a brûlé, dans mon armoire en bois. J’ai dû me trouver un autre costume de caporal. Mais nous nous sommes mariés », explique Roland, en regardant amoureusement son épouse.

Photo : C.B.

Parti ensuite à Philippeville pour devenir sergent, le caporal Thibaut accroche son nom à la première place du tableau d’honneur de cette promotion de nouveaux sous-officiers. « Un brevet qu’il reçoit sur la Place de Philippeville », se souvient Francine. « Et là, le colonel me dit de rester pour former les nouvelles recrues qui allaient arriver », ajoute Roland. Son affiliation à l’ancêtre de l’ACMP-CGPM (le ‘Comité Permanent Consultatif pour les sous-officiers’) date d’ailleurs de cette époque : « C’était en mars 1949. Le lieutenant m’a dit de m’affilier. J’ai obéi. Et il a payé ma première cotisation ! », dit-il en riant. « Mais je ne voulais pas rester à Philippeville et Francine non plus. Quelques jours plus tard, pendant mes congés, je reçois un télégramme me demandant de me présenter à la rue de la Loi, à Bruxelles. Je suis alors devenu secrétaire d’administration militaire. J’allais en civil, pour ne pas choquer les gendarmes du Cabinet. » C’est là que le sergent Thibaut croise les plus hautes autorités politiques et militaires du pays. « J’avais le niveau de sécurité OTAN Cosmic Top Secret. Même aujourd’hui, après toutes ces années, je ne vous dirai jamais ce que j’ai su et vu à l’époque ! » Les affectations se sont alors succédé. « Vos cheveux tomberont 


 quand je vous dirai combien de fois j’ai déménagé. Rien qu’à Bruxelles : une bonne vingtaine de fois en quelques années seulement. Nous changions d’appartement, parfois sur le même palier, toujours pour avoir plus de place à mesure que la famille s’agrandissait. J’ai travaillé à l’État-major situé à la Place Dailly, aux télécommunications. Puis, j’ai été chef de la section Mobilisation et Réquisition. Je suis aussi passé par l’hôpital militaire d’Ixelles (ndlr : aujourd’hui disparu, cet hôpital a été le prédécesseur de l’HM parti à Neder-Over-Hembeek), comme secrétaire à l’école de psychologie. » Prisonnier de guerre Adolescent durant l’Occupation, Roland revient aussi sur ses jours de guerre. « Au cours d’allemand donné par M. Delporte, à l’école de Saint-Ghislain, un officier allemand s’assurait qu’on donnait effectivement l’allemand ! Il s’asseyait au fond de la classe et il écoutait attentivement. » Après les bombardements dans la région de Saint-Ghislain en mai 1944, Roland se déscolarise et commence des petits boulots dans les chemins de fer. « J’ai été reconnu résistant de guerre ! », nous dit fièrement Roland. « À 17 ans, je

L’homme en noir au regard clair

Photo : C.B.

travaillais pour la Résistance, dans les chemins de fer. J’ai transporté de la dynamite. Mon père n’était pas au courant. Le 2 septembre 1944, nous apprenons qu’un régiment allemand va se rendre. Avec un camarade, nous accompagnons notre chef de section pour parlementer avec le commandant allemand sur les termes de sa reddition. Et là, il nous fait prisonniers. Nous avons été enfermés et interrogés par l’officier allemand. » C’est là que les cours de langue germanique aident Roland à comprendre ce que veut son interlocuteur. « Meine Deutsch ist sehr theoretisch. Also bitte langsamer sprechen. », nous dit-il comme si nous étions encore le 2 septembre 1944, le regard fixe et résolu. Heureusement pour eux, les trois résistants seront libérés par les troupes américaines le lendemain.

Roland a été et demeure aussi un amoureux de football : « Je jouais en 1e Provinciale, à Wasmes. » Mais à la suite d’une blessure à un tibia, notre centre-avant est contraint de raccrocher les crampons. « Un jour, pour dépanner, j’ai arbitré un match. Et puis, de fil en aiguille, je me suis retrouvé à siffler sur le terrain. » L’arbitre Thibaut a alors côtoyé les plus grands du football belge des années 50 et 60, en sa qualité de juge de touche. « J’ai souvent arbitré les rencontres Anderlecht-Standard. J’ai sifflé Paul Van Himst », ajoute-t-il avec un clin d’œil malicieux. « Mais je suis pour le Club de Bruges KV. Michel D’Hooghe, devenu président du club par la suite, était mon grand ami ! Nous y étions très bien reçus, avec du champagne ! », conclut-il heureux en revoyant les bons moments d’une vie fort bien remplie. En guise de salut, l’adjudant Thibaut nous accompagne vers la sortie et nous lance, croyezle ou non, un vibrant et sonore « Vive le syndicat militaire ! Vive l’ACMP-CGPM ! ». Merci pour cet agréable moment, Roland. À bientôt ! 

Quelques années plus tard, en Allemagne, Roland et Francine vivront de 1952 à 1955, à Troisdorf, au sud-est de Cologne. « J’actais les naissances des enfants de militaires belges. Et il y en avait beaucoup, vous savez ! En tant que secrétaire à l’état-major du 83e Groupe commandé par Mike Donnet, et officier d’état civil, j’ai personnellement acté la naissance de ma fille Jocelyne. » Photo : C.B.

Photo : C.B.

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Statut

Continuation des soins après le service actif Après une (longue) carrière palpitante à la Défense, vous la quittez ou vous prenez enfin une retraite bien méritée. Mais voilà, les dernières années vous avez régulièrement été soigné à l’Hôpital Militaire. À quoi avez-vous encore droit en matière de soins de santé ? Selon le règlement (ACWB-REGMEDTD-TMXX-001), les ayants droit du Ministère de la Défense ont droit, à l’issue de leur service actif / de leur carrière, à la continuation des soins de santé dispensés dans les services de Hôpital Militaire Reine Astrid (HMRA). Mais attention : ceci n’est valable que pour des affections contractées pendant leur présence au Ministère de la Défense et qui avaient été traitées jusqu’alors par des médecins spécialistes de cet hôpital. Il faut donc que la mise à la retraite ou le départ de la Défense se produise alors que vous êtes en plein traitement médical à l’HMRA. La continuation des soins comprend les consultations et les examens techniques dans les services suivants : le Centre des Brûlés, le Service de Chirurgie, d’Orthopédie et de Traumatologie, le Service de Médecine physique et de Revalidation, le Centre de Médecine hyperbare et le Centre de Santé mentale. En cas d’hospitalisation autorisée par le directeur de l’HMRA et le médecin spécialiste, les produits pharmaceutiques nécessaires sont délivrés gratuitement.

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Exclusions Tous les soins médicaux ne peuvent pas être continués. Par exemple, la consultation de dentisterie et de stomatologie est expressément exclue du droit aux soins de santé. De même, vous n’aurez pas droit au remboursement des frais d’optique (lunettes et lentilles, chirurgie correctrice, etc.). Par ailleurs, si pendant la continuation de soins il s’avère que l’HMRA ne dispose pas des compétences requises pour vous traiter, par exemple suite à une complication, vous serez redirigé vers un centre de soins civil. Dans ce cas, même si c’est un médecin militaire qui vous a redirigé, les consultations ne seront pas remboursées. Procédure de demande Pour avoir droit à la continuation des soins, il faut en faire la demande six mois avant la fin du service actif / de la carrière. Inutile de rentrer la demande après la mise à la retraite, c’est trop tard ! Le document à utiliser est l’annexe A ‘Demande de continuation de soins médicaux après la fin du service actif / de la carrière’

du Reg précité. Ce formulaire doit être accompagné d’une attestation médicale en guise de justification. Il est envoyé au Directeur médical de l’HMRA, qui prend une décision en fonction des éléments en sa possession. Si le dossier est accepté, l’autorisation (annexe B audit Reg) est délivrée directement au patient. Elle est valable cinq ans. Cette autorisation peut être renouvelée autant de fois que nécessaire, le règlement ne prévoit pas de limite. Cependant, il ne peut y avoir de renouvellement si vous n’êtes pas allé à la consultation pendant cinq ans. Dans tous les autres cas (sauf pour les invalides du temps de paix ou de guerre), en tant qu’ex-militaire ou retraité de la Défense vous n’avez plus accès à l’Hôpital Militaire. Vous devrez faire appel au secteur de santé civil, comme n’importe quel citoyen belge. En cas de doute ou de questions, n’hésitez pas à contacter l’ACMP-CGPM. Nos spécialistes sont là pour vous aider. Mais n’attendez pas la dernière minute. Dans ce domaine comme dans d’autres, mieux vaut s’y prendre à temps ! 


Interview

Un nouveau-venu au Secrétariat permanent L’ACMP-CGPM accueille un nouveau délégué permanent. Aux côtés de Nico Leeuws depuis le 1er juillet, William Macharis donne un nouvel élan à sa carrière.

Pour le Secrétariat permanent de votre syndicat, le départ à la retraite de Filip Duquesne et celui de Nico Leeuws signifie une perte de connaissances et d’expérience(s) accumulées pendant de nombreuses années. Il va sans dire qu’on ne peut pas régler cet état de fait du jour au lendemain. Il était donc urgent de trouver une solution prospective pour limiter cette perte. Nous en sommes venus à la conclusion qu’il fallait un candidat « délégué permanent » capable de garder à niveau le potentiel de collaboration transversale interne. Certaines personnes se sont manifestées, comme William qui a par la suite déposé sa candidature. Quiconque souhaite travailler à Zaventem doit d’abord suivre une procédure de recrutement. Le parcours consiste en un traitement de cas d’études, un entretien avec le Comité Directeur et un vote sur sa candidature au Bureau national. Il

a alors été « emballé et pesé » et déclaré « bon pour le service ». « Le choix de travailler à temps plein au sein de l’ACMP-CGPM résulte de mes expériences à la Défense », explique William. « Mes fonctions à la DG JM et chez ACOS Ops&Trg – chacune dans les domaines de questions parlementaires, d’interventions et de plaintes – m’ont donné une vue d’ensemble large sur la Défense ainsi que sur le préoccupations du personnel. Mon dernier poste en tant que gestionnaire de personnel auprès de la DG HR a renforcé ma démarche pour passer au Secrétariat permanent de la CGPM. » Centres d’intérêt personnel « J’habite Rupelmonde, une sorte de village de vacances que j’ai découvert lorsque je faisais du football et au cours de balades en VTT. J’ai dû abandonner le

football, mais vous pouvez me retrouver dans le polder de Kruibeke avec ma femme Patricia, lors de séances de jogging et de promenade. La région est incontournable pour les amateurs de nature. La proximité de l’Escaut et de ses chemins de halage est idéale pour s’entraîner à vélo, loin de la circulation. Parfois, il faut faire attention lorsque les chasseurs sont dans le coin. Les coups de feu me rappellent le temps où j’étais armurier. Après trois ans à Saffraanberg et une année à Tournai, le Log C2 fut ma première unité. Ensuite, je suis passé au service de prévention et de protection au travail de Haasdonk. Après une petite interruption comme indépendant et assistant-pharmacien, je me suis retrouvé à la DG JM. Il y a eu aussi de courts passages à la chaire de Chimie de l’ERM et à l’armurerie du 11 Bn Gn. » Après son baptême du feu à la défense de quelques candidats lors de commissions de délibération, le bureau de Zaventem a pu profiter de l’enthousiasme avec lequel William a défendu ces jeunes gens. « Ma défunte maman disait, depuis ma tendre enfance, que je devais devenir avocat ! », dit-il en guise de conclusion. Cela résume bien William. Comme lui, nous pensons qu’il a trouvé sa voie. Ça promet ! 

Photo : C.B.

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Info

C’est vous qui le dites ! Fin mai, l’état-major de la Défense a édité le "Guide du bon usage des médias sociaux". On y trouve quelques conseils moyennement judicieux en matière de sécurité mais aussi un ton clairement menaçant pour ceux qui ventilent leur mécontentement envers la Défense. La nouvelle brochure complète un autre document de 2016 intitulé "Les médias sociaux en 10 étapes". Alors que cette dernière brochure vous fournit des astuces et des conseils pour utiliser les nouveaux médias (Facebook, Linkedin, Twitter) de manière sociale et responsable, le nouveau document veut principalement vous expliquer comment la Défense souhaite que vous utilisiez les médias sociaux. La différence de but entre ces deux publications est importante : la première donne des conseils par le contenu et le ton, la seconde a un caractère plutôt contraignant. Les conseils de la nouvelle publication concernent donc princi-

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palement la sécurité des informations partagées. Cependant, ce document contient également des recommandations concernant la liberté d'expression des militaires et les restrictions à cet égard. En particulier : éviter les déclarations qui pourraient nuire à l'image de la Défense ou témoigner d'un comportement déloyal ou pas intègre. Il est vrai que certains militaires n’hésitent pas à se lâcher sur Facebook, oubliant que leur nom est visible de tous et qu’il n’y a pas dix mille ‘Andy29Log’ à la Défense. Attaques personnelles contre un chef, propos diffamatoires, racistes ou discriminants à l’égard de collègues, insultes ou termes péjoratifs à l’égard de la Défense, de ses dirigeants ou de son ministre…

Sachez que de telles déclarations peuvent donner lieu à des actions disciplinaires ou à des actions de la part de la hiérarchie pouvant affecter votre carrière (par exemple, les promotions). Les conséquences pour votre évaluation professionnelle peuvent être lourdes. ‘Belgian Military Interests’ Pour le syndicat militaire ACMP-CGPM, il va de soi que même sur les médias sociaux une certaine réserve est de mise. Cependant, il nous semble dangereux que les sanctions possibles soient totalement à la discrétion des autorités militaires. Où s’arrête la liberté d’expression et où 


 commence une « attitude nuisible à l’image de la Défense » ? Par ailleurs, il nous semble que la Défense est bien mal placée pour conseiller une certaine réserve à son personnel alors qu’elle a elle-même mis en place sur les réseaux sociaux un véritable instrument de propagande parallèle. En effet, on trouve sur Facebook un mystérieux ‘Belgian Military Interests’ et ses petits frères ‘Defensie_BE’ sur Twitter et ‘bemilinterests’ sur Instagram. Ces trois vecteurs se disent ‘non officiels’. Ils n’ont donc normalement rien à voir avec les outils de la Défense sur les médias sociaux, principalement la page « Defensie – La Défense – Belgian Defence » sur Facebook. Officiellement non officiel Qui se cache derrière ces pages rédigés en néerlandais et en anglais ? En cherchant un peu, on s’aperçoit que l’État-major est bel et bien derrière cette façade de lobbying. Non seulement le numéro de téléphone 0800 33348 renseigné est celui de la Défense, mais une petite phrase trahit l’organisation : « Exploité par des militaires, avec l’accord de la

Défense ». D’autres indices donnent à penser que ce sont bel et bien des militaires en service actif qui gèrent la page. Voilà donc qu’un groupe d’influence soi-disant ‘non officiel’ est

en réalité mis en œuvre par l’armée et donc financé par des deniers publics. Est-ce grave ? Outre que cela nous semble peu déontologique et bien éloigné des valeurs de transparence qui devraient prévaloir dans les Services publics, nous apprécions moyennement que ces canaux d’information se permettent de noircir ouvertement les syndicats. On se souviendra que dans une sortie digne de Donald Trump, le responsable de la page Twitter avait qualifié de ‘FAKE news’ et de ‘désinformation’ notre communication concernant les tristement célèbres ‘cagoules coréennes’. En fin de compte, nos informations étaient bel et bien correctes à 100%, contrairement à la réaction de la Défense. 

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Info

MESA 2019 Pour la première fois, le syndicat militaire sponsorisait la Marche Européenne du Souvenir et de l’Amitié (MESA). Parmi les points forts de cette 53e édition, on retiendra la participation record, le temps magnifique et bien sûr… le stand ACMP-CGPM ! La MESA se déroulait du 25 au 28 juin, dans les Ardennes, en province du Luxembourg. En tant que sponsor, le syndicat militaire avait la possibilité d’installer un stand d’information. Nous avons bien évidemment saisi cette opportunité, avec l’aide de nos délégués locaux de Marche-en-Famenne. Dès l’aube, notre équipe était présente pour monter le stand et accueillir les marcheurs. Pendant ce temps, deux ‘éclaireurs’ sillonnaient la foule pour distribuer les bons de participation à notre grand concours. Et on peut bien parler de ‘foule’ puisque pas moins de 9.000 marcheurs ont arpenté les sentiers balisés de la MESA cette année. Quatre étapes Cette année, la MESA débutait à Vielsalm et se terminait le vendredi à La Roche-en-Ardenne, après deux étapes à Houffalize et SainteOde. Chaque jour, les marcheurs pouvaient choisir entre des parcours de 8, 16, 24 ou 32 km. De nombreuses délégations militaires étrangères participaient à l’évènement aux côtés des pelotons militaires belges et d’un grand

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de Radio Nostalgie, qui nous demandait d’expliquer au grand public l’importance d’un syndicat militaire. Concours

nombre de civils. Tout cela dans la bonne humeur et dans l’esprit de fraternité caractéristique de la MESA. Beaucoup d’écoles de la région s’étaient aussi déplacées en cette dernière semaine de l’année scolaire. Le stand du syndicat militaire accueillait le public toute la journée, qui pour participer au concours, qui pour s’informer ou tout simplement rencontrer nos délégués. C’est ainsi que nous avons pu aider directement plusieurs membres nécessitant une assistance professionnelle. Nous avons également accueilli quelques nouveaux membres et répondu à d’innombrables questions sur les grands dossiers en cours : pensions, manque de personnel, projet SOLL, mutations, etc. Les casquettes aux couleurs de la CGPM ont par ailleurs dépanné plus d’un marcheur en manque de couvrechef ! Enfin, nous avons eu droit chaque jour à une interview au micro de Nicolas Gaspard, animateur

Pour cette première présence de l’ACMP-CGPM, nous avions décidé d’organiser un grand concours. Chaque visiteur, civil ou militaire pouvait tenter sa chance pour gagner un vol en ballon pour deux personnes. Rassurez-vous, loin de nous l’idée d’emmener les lauréats au CE Para de Schaffen ! Au contraire, c’est un confortable vol en montgolfière que nous avons offert. L’initiative a connu un franc succès puisqu’à la fin de la marche, notre urne contenait un bon millier de bulletins de participation. C’est lors du Comité Directeur du premier juillet que notre déléguée Karien Sempels a prêté sa ‘main innocente’ et tiré au sort les deux gagnants : un civil et un militaire. Bravo à Maryse Brion et à Sébastien Weigert. Ils reçoivent chacun un ticket pour un vol de deux personnes au lever du soleil. Nous leur souhaitons une bonne météo et un vent favorable pour cette expérience inoubliable ! 


NAISSANCES

HUGO – 23/01/2019 Dans la famille de Michaël TAMBOUR (Ixelles) ADRIEN – 08/04/2019 Dans la famille de Philippe RAVESE (Liège) ARYA – 09/04/2019 Dans la famille de Marc EVLARD (Marche-en-Famenne) CHARLIE – 26/04/2019 Dans la famille de Romain GOUARD (La Louvière) MORGANN – 30/04/2019 Dans la famille de Davy AENDEKERK (Maaseik) NINA – 06/05/2019 Dans la famille de Aurélien VANCOPPENOLLE VALLÉ (Ypres) LUCILE – 25/05/2019 Dans la famille de Daan PAUWELS (Gand)

MARIAGES

26/04/2019 Luc PIERARD et Sandra DEFEYTER (Wortegem-Petegem) (Par cohabitation légale) 03/05/2019 Bart VANFLETEREN et Hanne DECEUNINCK (Izegem) (Par cohabitation légale) 17/05/2019 Kris VERMEIREN et Christel VANHOUTE (Saint-Nicolas) 18/05/2019 Patrick DECOUX et Béatrice DREZE (Namur) 08/06/2019 Nunzio ZAMBATARO et Sammy-Jo AVELLINO (Namur)

NECROLOGIE

ELEONORA – 25/05/2019 Dans la famille de Roel SMULDERS (Louvain) CHLOÉ – 26/05/2019 Dans la famille de Xavier VAN DAELE (Namur) LUCIEN – 31/05/2019 Dans la famille de Stan ROOSE (Menin)

Indice des prix à la consommation du mois de juin 2019

JACQUES BRICHART (Namur) 1937 – 08/04/2019 POL MESTREZ (Liège) 1933 - 16/04/2019

- Avril : 108,91 points - Mai : 108,93 points - Juin : 108,87 points

Indice santé - Avril : 108,98 points - Mai : 108,89 points - Juin : 109,02 points L’indice santé lissé des quatre derniers mois (mars, avril, mai et juin 2019) s’établit à 106,80 points. L’indice-pivot pour la Fonction publique et les allocations sociales, fixé à 107,20 points, n’est pas été dépassé ce moisci. L’indice pivot a été dépassé pour la dernière fois en août 2018.

Source : Statbel

PAUL HOFMAN (Gijzegem) 1915 - 20/05/2019

La Sentinelle 23


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