La Sentinelle Septembre-Octobre 2023

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La Sentinelle

Septembre - Octobre 2023 - n° 05

Avant-Propos Périodique bimestriel de la Centrale Générale du Personnel Militaire. Éditeur responsable : Yves Huwart - Bureau de dépôt : Bruxelles X - P109013

Examen de conscience le syndicat militaire


Avant-propos

Examen de conscience AVANT-PROPOS PAR YVES HUWART | PRÉSIDENT

Nous avons construit un beau mur autour de nous et, dans notre pays, nous vivons de manière très pacifique derrière de ce mur. Mais l’homme est un animal violent. Il faut aussi que des gens soient présents sur ce mur. Si les civils dorment paisiblement dans leur lit la nuit, c'est uniquement parce qu'il y a des hommes rudes – des militaires – prêts à utiliser la force en leur nom.

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La société a sous-traité le sale boulot à des militaires professionnels. Ils font des choses pour leurs compatriotes. Mais même lorsque les guerres en Ukraine et en Israël nous font prendre conscience que les civils ne peuvent renoncer à la violence que parce que d'autres sont prêts à l'endurer pour eux, les tirs mortels et les explosions ne figurent pas dans les annonces de recrutement de la Défense. Nous avons mis cela de côté. C'est très étrange.

mot maintenant ! Derrière leur clavier sécurisé, loin de ce mur, ils savaient pourtant exactement ce que les autres (à savoir : les Américains) devaient faire. Ils ne voulaient pas faire face à la vérité, que le monde est toujours resté un endroit peu sûr. Parce qu’au fond d’eux-mêmes, dans des endroits dont ils ne parlent pas lors de leurs fêtes, ils ne voulaient que voir ces autres – et s’il ne peut pas en être autrement – nous, les militaires, sur ce mur défensif.

Toutefois, ces guerres exigent un examen de conscience quant au nombre de personnes qui, au cours des dernières décennies, ont tourné le dos à l’armée, ont utilisé pendant toutes ces années la Défense comme variable d’ajustement budgétaire et, des années durant, l’ont ignorée et détruite en y faisant des économies. Où sont-ils maintenant, tous ces ‘hommes d’État’, ces décideurs publics, ces faiseurs d’opinion et autres stratèges assis derrière un bureau et qui ont fait de l’armée une construction à l’identique d’une maison funéraire ? Vous ne les entendez plus dire le moindre

Mais en même temps, ils ont sapé les fondations de ce mur et l’ont laissé s’effondrer davantage. Et ils ne semblent toujours pas comprendre suffisamment que le ressentiment à ce sujet est profondément ancré dans la communauté militaire. Ils ont besoin de nous sur ce mur, mais ils préfèrent toutefois garder le silence à ce sujet. Ou bien ils nous utilisent de manière inappropriée, comme une alternative ‘bon marché’ pour une mission de surveillance qui n’a rien à voir avec la finalité de l’armée.

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S’attarderont-ils maintenant sur l’aspect moral de leur politique

d’absentéisme et de leur comportement d’extrême réserve ? Maintenant que le feu brûle dans de nombreuses régions du monde et que l'armée belge est devenue un guerrier édenté, incapable de protéger correctement la société ou d'apporter des contributions substantielles à ses alliés, réfléchiraient-ils à leur attitude répréhensible ? Je l'espère. Mais je crains que non. Si cette génération de dirigeants politiques devait vraiment être mise à l’épreuve lors d’un conflit majeur, pourrait-elle se surpasser et prendre place sur ce mur, à côté de ses militaires ? Poser la question, c’est peut-être y répondre. De plus, je ne me fais pas d’illusions sur le fait que cet examen de conscience ait un jour lieu. Parce que c’est précisément le facteur de caractère qui contribue à ce que les dirigeants fassent ce qu’il faut – et non ce qui est populaire ou apportera le plus d’applaudissements ou les plus hauts chiffres dans les sondages. 


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Septembre - Octobre 2023 - n° 05 Photo : Bordignon Vincent

Colophon

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Examen de conscience

La Sentinelle est le bimestriel de la Centrale Générale du Personnel Militaire. La Sentinelle est envoyée à tous les membres. Tirage : 9.600 exemplaires

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Parole au nouveau DG HR

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L’ancienneté barémique changera au 1er janvier

Toutes les données sont traitées dans le respect de la Loi sur la vie privée (Loi du 8/12/1992 & GDPR).

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Un miracle médical...?

Éditeur responsable : Yves Huwart Coordination : Concetto Bandinelli et Laurent Schmitz

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Un logement proche de la caserne

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« Appel ! »

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La honte !

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Une guerre ou deux de retard

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La question qui fâche…

Informations générales – CGPM : Romboutsstraat 1 – Bus 021 1932 Zaventem srt@acmp-cgpm.be www.acmp-cgpm.be Tél. : 02 245 72 14

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Interview

Parole au nouveau DG HR Depuis le 1er septembre, le lieutenant-général Thierry Esser est le nouveau patron de la Direction générale des ressources humaines (DG HR). C’est lui qui a la main haute sur toutes les questions relatives au personnel de la Défense. C'est donc le moment idéal de lui demander comment il envisage l'avenir pour les militaires ; pour vous et moi... Depuis le 1er septembre 2023, vous êtes le nouveau directeur général des ressources humaines. Qu'est-ce qui fait de vous la personne choisie pour cette nouvelle fonction ? Les Ressources Humaines sont l’affaire de tous et pas uniquement de la DG HR. Mon parcours militaire m’a amené bien entendu à « diriger des hommes » mais surtout à accompagner et encadrer des collègues, des collaborateurs. Que ce soit en opération, comme instructeur ou en tant que Chef de Corps, j’ai toujours eu à cœur que mon personnel puisse s’épanouir dans ses fonctions. Bien évidemment, mon passage au sein du cabinet de la ministre de la Défense n’est pas étranger à ma vision actuelle des Ressources Humaines. Au-delà de l’expérience enrichissante qui est venue compléter mon bagage, j’ai clairement pu développer une vision bien définie des défis qui attendent la Défense en matière de personnel. Dans ce sens, je pense que je suis plutôt bien à ma place (sourire). Quels sont, selon vous, les plus grands défis en matière de personnel pour les années à venir ? Il y a évidemment de nombreux défis et certains sont connus depuis

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longtemps. Je pense bien sûr à l’attrition de formation, les métiers en pénurie dans les domaines techniques ou 'STEM' (Sciences, Technologies, Engineering, Mathématiques) et de façon plus générale le fait d’atteindre nos objectifs de recrutement. Les recrutements limités que nous avons connus jusqu’en 2019 ont maintenant un impact visible sur certaines tranches d’âge, précisément sur celles qui forment le personnel d’encadrement aujourd’hui. Cela met de la pression au niveau des instructeurs alors que nous avons justement besoin de former massivement. Concrètement, le personnel est devenu la ressource la plus contraignante pour la croissance de la Défense ! Une vision « people centric » s’impose donc tout naturellement. Peu après votre nomination à la tête de la DG HR, nous avons pu lire dans plusieurs journaux que vous deviez rechercher 2.500 militaires par an. Vous avez parlé d'un "énorme défi" dans les interviews accordées aux journaux. Selon vous, quelle devrait être votre priorité pour inciter autant de jeunes à s'engager dans l'armée ? Pour le moment nous sommes le plus grand recruteur sur le marché

de l’emploi et nous devons le rester structurellement. Evidemment, nous ne sommes pas les seuls à vouloir recruter des talents. C’est pourquoi, il est nécessaire de travailler de concert avec les autres acteurs du marché de l’emploi et en faire des partenaires dans le trajet de l’éveil des vocations. Travailler sur l’éveil des vocations est indispensable pour attirer des jeunes, et des moins jeunes. Il y a des avantages à venir travailler chez nous et c’est précisément la spécificité militaire. On est d’abord « militaire avant d’être chauffeur ». Et une fois dans l’organisation, les possibilités sont multiples : changement de catégorie de personnel, changement de fonction/métier, formations continuées, etc. Nous proposons un panel tellement large de métiers qu’il est possible, je pense, de rencontrer les attentes des jeunes postulants. Les initiatives telles que l’option d’étude Défense et Sécurité dans le secondaire montrent d’ailleurs qu’il existe un réel engouement pour les métiers de la sécurité. Dans la plupart des écoles participantes, les classes sont pleines et il y a des listes d’attente ! Nous sommes également en train d’identifier des façons d’attirer des profils plus expérimentés à travers 


formation, attrition lors de la candidature en unité et attrition de carrière. Nous englobons tout sous le même terme alors que les chiffres nous montrent que c’est surtout en phase de formation et de candidature que l’attrition est un problème. L’attrition de carrière, c’est-à-dire un départ une fois la candidature terminée, est de l’ordre de 1,6%, soit un chiffre extrêmement bas en comparaison avec le marché de l’emploi.

Photo : ACMP-CGPM

 la révision des possibilités de recrutement latéral.

grand rôle à jouer et nous sommes conscients que c’est énergivore.

Serons-nous également en mesure de former 2.500 militaires dans les années à venir ? Disposons-nous de suffisamment d'instructeurs, de centres de formation, d'équipements, de logements, etc. pour être à la hauteur de cet incroyable effort ?

Il faut également mentionner que d’autres initiatives sont aussi en cours telles que le Baracks Plan ou encore le Master Plan Logement de l’OCASC pour lequel nous avons collaboré. La vision sur le personnel et le recrutement s’inscrit donc également dans d’autres axes de développement avec nos collègues des différentes composantes, DG et ACOS.

Nous héritons en effet d’une situation en personnel difficile liée notamment à des baisses de recrutements lors de la dernière décennie qui engendre aujourd’hui un manque de personnel d’encadrement. C’est pourquoi la formation militaire de base au sein des unités constitue une partie de solution. Le postulant a l’occasion de s’initier à la vie militaire directement dans sa future unité et, probablement aussi, plus près de chez lui. Dans ce sens, il est clair que les unités ont un

L'attrition reste un problème majeur au sein de la Défense, même après de nombreuses années. Quelles sont les mesures que vous envisagez de prendre pour favoriser la rétention ? Il faut d’abord définir ce que l’on met derrière le mot attrition. Bien souvent nous ne faisons pas la différence entre attrition de

Il s’agit donc de travailler sur le seuil du passage de la vie civile à militaire. Pour cela, il ne faut certainement pas diminuer notre niveau d’ambition mais bien expliquer aux concitoyens ce que nous faisons ! La filière d’étude Défense et Sécurité, le projet SUC (Service d’Utilité Collective) ou les ponts que l’on jette avec le monde civil au moyen de la Réserve, sont des façons de rendre ce passage peut-être moins abrupt. Il faut évidemment également travailler sur le concept d’onboarding pour accompagner les jeunes recrues dans notre organisation et leur expliquer les possibilités d’évolution de carrière. Une part plus importante du budget de la Défense devra-telle être affectée au domaine du personnel pour répondre aux grandes ambitions ? Une des grandes réussites du Plan Star est d’avoir inscrit nos ambitions de recrutement dans une loi de programmation. La croissance en personnel, et le budget y afférent, est donc liée à l’augmentation du niveau d’ambition de nos capacités de Défense. Le budget alloué au domaine du personnel devrait, pour une fois, ne plus être la première préoccupation. 

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 La carrière militaire, avec toutes ses obligations, a un impact important sur les familles des militaires. Avez-vous l'intention de prendre des mesures pour réduire cet impact, et si oui, lesquelles ? Les déploiements en opération et les départs en exercice liés à la mise en condition de nos forces ont bien sûr un impact sur les familles des militaires. Cela a été le cas par le passé et le sera encore dans le futur. Il ne faut, en effet, pas oublier les missions premières de notre Défense et la spécificité du métier de militaire. Mais cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas s’engager pour diminuer les effets délétères des déploiements, des turnovers et des obligations inhérentes à notre statut. Des efforts ont quand même été réalisés en matière de bien-être au travail, plateforme benefits mais aussi les outils du New Way Of Working qui permettent à de nombreux membres du personnel d’avoir un meilleur équilibre travail - vie privée. Même dans les unités où le télétravail n’est peu ou pas possible, nous travaillons sur des initiatives, comme une meilleure régionalisation (Cie ou Escadron délocalisés) pour limiter l’impact négatif sur la vie privé de notre personnel.

légitimement se poser la question de leur effectivité, ne fût-ce que dans leur aspect dissuasif. Je reste toutefois profondément convaincu que recourir aux mesures disciplinaires doit rester un dernier recours lorsque les autres moyens, dont un leadership adéquat, ont été épuisés. L'une des principales critiques du syndicat militaire ACMP-CGPM depuis de nombreuses années est la douloureuse monstruosité de l'évaluation professionnelle annuelle. Nous avons l'impression qu'en de nombreux endroits de la Défense, cette évaluation annuelle a finalement été réduite à une boîte vide. Pensez-vous qu'il soit nécessaire d'y remédier ?

Je suis convaincu qu’une évaluation formelle annuelle présente le mérite d’obliger chaque chef à prendre le temps de s’entretenir avec ses collaborateurs au sujet de leur fonctionnement d’une part en tant que militaire ou membre civil à la Défense, et d’autre part spécifiquement sur le poste qu’ils et elles occupent. Dans l’état actuel des choses, trop de temps est perdu dans la complexité de la procédure et de l’outil, ce qui va au détriment de l’échange sur le fond. Un chantier est d’ailleurs en cours pour améliorer ces lacunes. Nombre de nos membres demandent que la gestion du personnel soit à nouveau ‘dédigitalisée’ et ‘réhumanisée’. Quelle est votre position à cet égard ? Que pensez-vous qu'il soit pos sible de faire ?

Pensez-vous qu'il faille moderniser le système de la discipline militaire ? Si oui, comment cela devrait-il se faire et quels ajustements spécifiques devraient être apportés ? Lorsque j’étais moi-même jeune militaire, notre statut disciplinaire a été modernisé en retirant les mesures privatives de liberté qui dataient d’une autre époque. Ce faisant, on a vidé de leur sens certaines punitions et l’on peut

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Photo : ACMP-CGPM


Photo : Défense - Gert-Jan D’haene

 Il est clair qu’un accompagnement personnalisé de nos collaborateurs est essentiel, surtout dans le domaine HR. Les outils digitaux doivent justement rester des « outils » au service des utilisateurs. S’il est évident que la digitalisation de certaines tâches a permis des avancées et plus de rapidité dans l’exécution du travail, cela a également créé de la distance et des frustrations au sein du personnel. On doit donc renforcer le rôle des DAES et des FSU et permettre aux membres du personnel d’avoir une meilleure prise en main des outils mis à leur disposition. Que pensez-vous de l'intention d'un certain nombre de décideurs politiques de faire ‘converger’ le système de pension militaire avec celui d'autres groupes professionnels, tels que les salariés du secteur privé et les indépendants ? Le ‘débat pension’ est clairement un dossier qui revient sur la table à chaque législature et qui engendre

de nombreuses craintes au sein de notre personnel. Je les comprends ! Il est clair que nous défendons et que nous défendrons la spécificité de notre personnel et de nos missions - et par extension un système de pension qui tient compte de cette spécificité. Nous attendons de voir comment le prochain gouvernement va aborder cette question, sachant que les débats sur la pénibilité des métiers n’ont pas abouti jusqu’à présent. Dans tous les cas nous restons attentifs à ce qu’il se passe au niveau politique. Comment voyez-vous le rôle des syndicats dans tout cela ? Les organisations syndicales sont des partenaires dans la réalisation de notre politique de ressources humaines, j’en suis convaincu. La collaboration positive entre la Défense et les organisations syndicales notamment dans le cadre de la revalorisation salariale montre bien que lorsque nous joignons nos efforts nous pouvons

atteindre rapidement de beaux résultats au profit du personnel. Je reste donc engagé pour maintenir ce niveau de collaboration et je suis à l’écoute des informations qui proviennent des représentants du personnel. Il ne fait aucun doute que vous avez les mains plus que pleines pour transformer tous ces défis en réalité. Avez-vous encore un peu de temps libre ? Des hobbies ? Le vendredi est un jour important dans la semaine. Non pas parce que c'est bientôt le week-end, mais parce que Spotify est rempli de nouveaux singles et albums à ce moment-là. Des concerts ou des festivals réguliers de Gothic Rock, Dark Wave et Neue Deutsche Härte sont pour moi le meilleur moyen de me détendre. 

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Statut

L’ancienneté barémique er changera au 1 janvier La troisième et dernière phase de la revalorisation salariale sera d’application le 1er janvier 2024. La totalité du service actif accompli comme membre des Forces armées entrera en ligne de compte pour l’octroi des augmentations de salaire, à partir de 18 ans. Les seuils d’âge de 20 ans pour les sous-officiers du niveau C, 23 ans pour les (sous-)officiers du niveau B et 24 ans pour les officiers du niveau A disparaitront. Nouveaux tableaux salariaux De nouveaux tableaux de traitement seront d’application au 1er janvier 2024 dont l’augmentation des montants maxima (données essentielles pour assurer la péréquation au 1er janvier 2025 en faveur des militaires pensionnés). En outre, l’allocation de carrière sera appliquée à 100% alors qu’elle ne l’avait été qu’à 60% en 2022 et qu’à 65% en 2023. En d’autres termes, la revalorisation salariale entrera pleinement en application au 1er janvier 2024. Pour certains militaires, un saut positif dans les tableaux de traitement sera aussi appliqué vu que le seuil d’âge de 18 ans pour la prise en compte des années de service sera d’application pour tous les militaires et non plus uniquement pour la seule catégorie des volontaires. Rappelons aussi qu’au 1er janvier 2024, l’allocation de commandement accordée aux officiers est supprimée vu que son montant a

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été repris intégralement dans les nouveaux salaires. C’est aussi le cas pour l’allocation de maîtrise octroyée aux premiers caporaux-chefs actuellement payée annuellement en août. Pour la période de référence du 1er août 2023 jusque et y inclus le 31 décembre 2023, le reliquat sera payé en même temps que le traitement du mois de janvier 2024. Ancienneté barémique Jusqu’au 31 décembre 2023, l’ancienneté barémique était calculée à partir de 18 ans pour les volontaires, à parti de 20 ans pour les sous-officiers appartenant au niveau (Niv) C, à partir de 23 ans pour les sous-officiers et les officiers appartenant au Niv B et à partir de 24 ans pour les officiers appartenant au Niv A. Lors du passage vers la catégorie des officiers, la règle des 2/3 est actuellement utilisée. Elle dispose que l’ancienneté salariale accumulée entre l’âge minimum (23 ou 24 ans selon le Niv B ou Niv A) et la nomination au grade de

sous-lieutenant est multipliée par 2/3 (arrondi au premier entier supérieur). Cette règle disparaîtra au 1er janvier 2024. Par exemple, un militaire qui était entré à la Défense comme volontaire à l’âge de 18 ans et devenu entre-temps officier du Niv B via la promotion sociale, pourra faire compter toutes ses années de service depuis ses 18 ans et non depuis ses 23 ans. Un saut de 5 ans dans l’échelle barémique de 2024 comme officier du Niv B. Pour un volontaire, entré à 18 ans à la Défense et devenu ensuite sous-officier du Niv C, il pourra obtenir 2 ans de plus en ancienneté barémique. L’ancienneté barémique n’évolue que par unité entière par mois calendrier complètement accompli. Et, par année complète de services admissibles acquise, il y a évolution dans le tableau du traitement ad hoc. Ce principe restera inchangé au 1er janvier 2024. Le militaire connaîtra dès lors uniquement des  augmentations annales.


Photo : Pixabay

 Annihilation des durées de formation ou cycle de formation Toutefois, pour un candidat militaire, la période de formation scolaire effective en vue de l’obtention d’un bachelier ou d’un master n’est pas prise en compte pour l’octroi des augmentations intercalaires. C’est aussi le cas pour un candidat officier auxiliaire, mais pour la période effective du cycle de formation en vue de l’obtention, selon le cas, du brevet de pilote, du brevet supérieur de pilote ou du brevet de contrôleur de trafic aérien. ATTENTION, il est bel et bien question de toutes les périodes de formation scolaire ou du cycle de formation prolongées suite à un incident de formation, ayant ou non menées, selon le cas, à l’obtention du bachelier, du master, du brevet de pilote, du brevet supérieur de pilote ou du brevet de contrôleur de trafic aérien.

Toutefois, dans le cas où la durée normale pour l’obtention d’un bachelier ou d’un master, d’une même orientation, n’est pas égale dans les différentes Communautés, après l’obtention du bachelier ou du master, la durée de formation la plus courte n’est pas prise en compte pour l’octroi des augmentations intercalaires. La période de formation scolaire ou le cycle de formation se termine soit à la nomination dans le grade de base après avoir obtenu le diplôme ou le brevet, soit lors de l’admission ou l’agrément comme candidat militaire dans une autre qualité, catégorie ou niveau, soit lors de la réintégration dans un statut précédent. Protection – Clauses de sauvegarde Il va de soi que la mise en œuvre au 1er janvier 2024 de nouveaux principes susmentionnés ne peut

être préjudiciable au militaire. En d’autres termes, après recalcul, le militaire obtient soit une ancienneté identique, soit supérieure, soit inférieure. C’est la plus favorable qui lui sera appliquée. La Défense a l’intention de faire apparaître sur la fiche de salaire (et ce, avant la fin de l’année 2023) deux anciennetés barémiques : celle qui est en vigueur suivant les règles actuelles et celle qui sera en vigueur suivant les règles applicables au 1er janvier 2024. Ainsi, chaque militaire pourra comparer et prendre connaissance de ce qu’il sera en droit d’avoir au 1er janvier 2024. Pour toute question à ce sujet en cas de doute, il vous est toujours loisible de contacter notre Secrétariat permanent au 02/245.72.14 ou via srt@acmp-cgpm.be 

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Info

Un miracle médical...? L'attrition bat son plein à l'Horizon 2030. Comme l'a déjà écrit le syndicat militaire ACMP-CGPM, la Défense ne parviendra certainement pas à augmenter ses effectifs à ce rythme. Presque partout, les effectifs et l'expérience accumulée diminuent rapidement. Partout, sauf dans la Composante Médicale. S'agit-il d'un miracle ou y a-t-il autre chose ?

En fait, à première vue, ce ‘parent pauvre’ des Forces armées belges semble se porter remarquablement bien. Comme le dit très bien médecin major Marien de COMOPSMED : « Les chiffres de recrutement sont très bons dans la Composante Médicale, mais ce sont surtout les profils tels que les ambulanciers et les secouristes qui sont très populaires ». Toutefois, à long terme, cela ne suffit pas pour maintenir et développer l'expertise. La Défense a récemment achevé l'acquisition et travaille actuellement à la mise en œuvre d'une nouvelle ‘installation de traitement médical’ ultramoderne de rôle 2, c'est-à-dire un hôpital de campagne modulaire à part entière destiné à traiter les militaires blessés dans les premières heures qui suivent leurs blessures. Ce bel exemple de préparation de la Composante Médicale à l'horizon 2030 risque toutefois de se heurter à un problème.

reste de la Défense, souffre-t-elle d'une prospérité matérielle combinée à une pénible pénurie de ressources humaines ? Des personnes bien formées et suffisamment motivées devront former la future main-d'œuvre qui utilisera, entretiendra et enseignera tous ces nouveaux équipements aux générations suivantes. Or, cela s'avère beaucoup plus difficile que prévu. En effet, lorsque nous examinons les chiffres officiels, il semble que l'histoire soit très positive en termes de force numérique globale. La Composante Médicale est actuellement la seule dont les tableaux organiques sont presque entièrement remplis de personnel. Dans la langue vernaculaire des militaires, on pourrait parler d’un « TO à 100 pour cent » et l'on pourrait donc oser suggérer que, comme dans la pièce de Molière "Le malade imaginaire", la Composante Médicale joue un rôle néfaste dans la pénurie de personnel.

Malade imaginaire

Personnel clé

La question à un million qui se pose est la suivante : la maind'œuvre suit-elle la nouvelle manne des ressources matérielles ou la Composante Médicale, comme le

Toutefois, les chiffres mentionnés donnent une image très déformée de la situation. En effet, alors que la Composante Médicale peut sembler presque complète, derrière le

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rideau médical se cache une grave pénurie de personnel soignant essentiel. Dans presque tous les services spécialisés, les pharmaciens, les médecins, les chirurgiens et les infirmiers manquent tellement que cela pourrait bien créer un très gros problème opérationnel. Certaines des pénuries invisibles dans les statistiques sont principalement dues aux personnes actuellement en formation. La formation d'un infirmier ou d'un médecin, qui dure souvent des années, signifie concrètement qu'ils ont été intégrés dans l'ordre de bataille de leurs unités, mais qu'ils ne peuvent absolument pas être déployés pendant toute la longue période de formation et d'études. La pénurie de ces profils élevés et très recherchés sur le marché du travail civil signifie que l'attrait et la promotion de ces profils doivent être constamment et intensivement améliorés si la Défense veut être compétitive dans cette ‘guerre des talents’. Pour ces professions en pénurie, la récente progression de la rémunération militaire n'est pas le facteur décisif qui les incitera à choisir la Défense. Indirectement, donc, un problème très sérieux se pose si les soins médicaux de notre personnel restant déployé 


Photo : MedComponent

 lors d'exercices et d'opérations ne peuvent plus être pleinement garantis. Certaines opérations étrangères, essentiellement de petits détachements isolés, voient déjà leurs soins médicaux urgents confiés à des citoyens d'organisations étrangères, qui sont rarement à la hauteur de nos propres experts dans le large éventail des compétences médicales - et militaires. Par exemple, nous avons appris qu'au cours d'une mission au Niger, le Rôle 1 était opéré par un groupe multinational composé de civils moyennement motivés provenant de tous les coins du monde, qui, en outre, semblaient parfois tristement incompétents pour exécuter correctement des procédures d'évacuation médicale combinées à des tâches de Rôle 1 vitales sous le stress d'une attaque simulée du campement. Il s'agit de tâches spécialisées qui ne peuvent être exécutées d'une manière tactiquement saine que par des militaires correctement formés sur le plan médical. Pour ce faire, la Défense

fait parfois appel à une source très rare de personnel militaire bien intentionné qui, souvent, en combinaison avec leur carrière très intensive, se reconvertit en bachelier en médecine. Ce sont toutes des personnes qui font preuve de persévérance et décident d'utiliser la richesse de leurs compétences tactiques pour y ajouter un solide diplôme dans le domaine médical. Ils ont une valeur inestimable mais, malheureusement, ils ne sont pas toujours pleinement récompensés lorsque le système de rotation des cadres en place les écarte rapidement de leurs compétences pour occuper un poste de gestionnaire quelque part. Cela génère des frustrations qui sont encore trop peu entendues. Solution de réserve ? Le cadre de réserve contient actuellement un trop petit nombre de spécialistes médicaux, infirmiers, de médecins et de chirurgiens qui, en outre, ne peuvent être déployés pour l'entraînement militaire que quelques jours par an et sont plutôt

limités dans chacun de leurs créneaux spécifiques. Pour l'instant, on ne peut pas encore parler d'un grand succès, mais l'approfondissement de cette piste semble être une belle situation ‘win-win’. Ose-t-on aller plus loin et sortir des sentiers battus dans le domaine des ressources humaines ? L'enseignement des métiers de la Défense et de la sécurité, actuellement possible à partir de la troisième année du secondaire technique, pourrait bien être la clé qui ouvrirait la voie à l'exploitation du potentiel d'autres options techniques. Il suffit de penser à toutes les professions liées aux soins, à la logistique et aux autres métiers en pénurie qui, le plus souvent, jouent un rôle dans la réussite d'une machine bien huilée comme la Défense. Et ce, grâce à un cadre professionnel et de réserve bien formé et motivé ! 

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Bien-être

Un logement proche de la caserne La DG HR vient de publier les résultats de sa récente enquête sur les besoins en logement du personnel. Cette nouvelle étude est à la fois intéressante dans son fond mais aussi dans sa forme. Elle confirme les revendications de notre organisation. « Pfft ! Encore une enquête inutile ! », me direz-vous… Cette fois, nous constatons pourtant une vraie plus-value par rapport à certains rapports publiées par le passé. À commencer par le timing : les personnes ont été interrogées entre juin et juillet 2023, ce qui est relativement récent. Nous sommes plus accoutumés à recevoir le rapport une éternité après l’enquête, voire jamais quand les réponses ne vont pas dans le sens espéré… Or ici, la DG HR n’a rien embelli. Les faits sont présentés sommairement et sans tentative de triomphalisme déplacé. Par ailleurs, l’enquête a touché 5.000 personnes, une population assez large pour être réellement représentative. Décortiquons donc ces deux pages débordant d’informations pertinentes. Besoin réel La conclusion principale de l’enquête est que le personnel de la Défense a un réel besoin en hébergement, tant sous la forme d’un logement familial que de chambres à la caserne. Bon, ce n’est pas un ‘scoop’, le syndicat militaire ACMP-CGPM revendique depuis déjà longtemps la garantie de l’accès au logement pour nos (1)

collègues. Les réponses confirment ce que nous savions déjà et donnent une image détaillée des besoins des militaires. Ainsi, on apprend que presque la moitié des répondants effectuent un trajet d’au moins une heure – aller simple – pour rejoindre leur poste de travail. Plus de deux heures de déplacement quotidien est énorme comparé aux autres travailleurs belges. En effet, selon SD Works(1), seul un civil sur cinq est dans le même cas. Il n’est donc pas étonnant que 96% du personnel de la Défense estime qu’un tel trajet est inacceptable. Mais jusqu’où veulent-ils aller ? Les deux tiers trouvent une distance de 30 km correcte. Il est donc important pour eux de pouvoir disposer d’un logement relativement proche de la caserne. Ce sont surtout les jeunes qui expriment leur intérêt pour un logement mis à la disposition par la Défense. Au-delà de 35 ans, beaucoup de militaires ont eu l’occasion de ‘faire leur nid’, avec une bonne proportion de propriétaires. Distance et qualité Pour les participants à l’enquête, la proximité du lieu de travail est le critère le plus important, avec

bien sûr le coût. Mais la qualité du logement lui-même et de son environnement, comme le cadre de vie, l’accès aux services et commerces, les transports en commun, etc. sont aussi déterminants. Le rapport de la DG HR épingle aussi un grand intérêt pour le travail en ville, de plus en plus populaire. Les projets de ‘quartiers du futur’ du plan STAR vont déjà dans ce sens. Enfin, s’ils en avaient la possibilité, deux tiers des membres du personnel voudraient pouvoir aller travailler à vélo, avec la voiture individuelle comme second choix. Les transports en commun viennent loin derrière ; même la marche à pied est plus appréciée. Notre avis Pour le syndicat militaire ACMPCGPM, il est clair que l’accès au logement et une distance acceptable entre le lieu de travail et le domicile restent des préoccupations majeures des militaires. Ce sont aussi des arguments essentiels pour inciter les jeunes à s’engager. La spécificité du métier des armes fait que notre employeur se doit de proposer une aide au logement performante, disponible 

https://www.fleet.be/un-travailleur-belge-sur-cinq-fait-la-navette-de-plus-de-2-heures-par-jour/?lang=fr

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Photo : Défense

 en suffisance et dans des délais relativement courts. Comme nous l’avons déjà expliqué dans La Sentinelle, dans les années 80 l’armée belge n’avait pas de problème pour motiver les civils à s’engager, malgré un nombre de militaires de carrière bien plus important. L’offre d’un logement pour les collègues affectés aux Forces belges en Allemagne représentait alors une forte motivation pour les candidats. Si la Défense garantissait l’accès au logement pour les militaires, elle aurait beaucoup moins de mal à recruter. Cela pourrait se faire via une extension de l’offre de l’OCASC, pourquoi pas avec option d’achat ? Après tout, les militaires ont comme tous les Belges une ‘brique dans le ventre’. Une certaine créativité nous semble ici de mise, avec des aides novatrices avantageuses, comme la prise en compte d’une partie des intérêts d’un prêt pour l’achat et/ ou la rénovation du domicile, une compensation de la TVA ou la

prise en charge d’une partie du loyer sur la marché privé. En cas de mutation lointaine d’un membre du personnel, la Défense pourrait prévoir une solide compensation financière pour couvrir les frais de déménagement, la perte liée à la revente du domicile ou l’obligation de payer un loyer alors qu’on rembourse un prêt hypothécaire. Célibataires géographiques Le phénomène des ‘célibataires géographiques’ est aussi à prendre en compte, car il est spécifique à l’armée, principalement pour des raisons opérationnelles. Beaucoup de collègues sont affectés ou ‘détachés’ si loin de leur domicile qu’ils ont besoin d’une chambre dans ou proche de leur caserne. Ils occupent ce logement lorsqu’ils travaillent car entre les possibilités de 4/5www, mi-temps, ‘Home Working’ et les dispenses de service, la semaine de travail ‘standard’ est quasi devenue une exception.

Certains n’occupent donc pas tout le temps leur chambre. Le cas de chaque militaire doit nécessairement être examiné et traité avec flexibilité. D’autres besoins surviennent subitement dans le cadre d’une crise, souvent de nature sociale. Une séparation par exemple, ou la maladie grave d’un enfant ou du conjoint forcent parfois les militaires à demander une mutation rapide vers un quartier moins éloigné. Hélas, ce n’est pas toujours possible. La disponibilité d’un logement proche du lieu de travail, temporairement ou pas, pourrait alors offrir une solution permettant de concilier les besoins opérationnels de la Défense avec les contraintes sociales du militaire. De cette façon, la Défense serait non seulement plus attractive en tant qu’employeur, elle éviterait aussi de perdre des éléments obligés de quitter l’armée - à contrecœur - pour des raisons géographiques. 

La Sentinelle 13


Satyre

« Appel ! » Souvenez-vous de ce temps où les militaires commençaient la journée avec le traditionnel ‘appel’ lors du salut au drapeau. Un collègue s’interrogeait récemment : combien de militaires seraient actuellement présents à l’appel de toute la Défense, un matin ‘lambda’ ?

😉

Imaginons un immense ‘parade ground’ où tous les militaires disponibles sur le territoire du royaume pourraient se rassembler. La plage de Lombardsijde, peut-être ? Un gradé hurlerait : « VERRRZAAAMMELLING - RRRRASSSEMBLEMMMENT ! » Devant les pelotons bien alignés, le chef de la Défense (CHOD) se tiendrait devant le Roi, commandant de l’armée belge : « Sire, je vous présente les Forces armées belges, réunies pour le salut au drapeau matinal. Effectif normal : 23.521, effectif présent : 9.987 » « Pardon !?! » Notre souverain ne s’attendait pas à ça. On sait que la Défense a des soucis de personnel, mais tout de même ! C’est donc avec une certaine dose de perplexité qu’il interroge le CHOD à l’issue de la cérémonie… L’amiral est bien embêté, il n’a fait que répéter les effectifs communiqués par son Directeur Général des Ressources Humaines (DG HR), qu’il appelle à la rescousse à grands gestes. Le général Esser accourt du petit peloton d’Evere, les pieds trempés à cause de la marée montante. Sur sa tablette non-Huawei, il accède fébrilement aux données du logiciel HRM. Après une angoissante attente, l’écran se peuple de chiffres. « Voyons, Sire, Amiral, nous partons ce matin d’un effectif de 23.521 militaires en service actif. Mais pour l’appel, nous ne mobilisons pas les candidats car sa Majesté ne peut pas les compter parmi les troupes ‘disponibles et engageables’. On parle tout de même de 5.522 jeunes hommes et femmes. Et pour encadrer tout ce petit monde, comptez 1.037 cadres. Il s’agit non seulement des instructeurs mais aussi de tout le personnel d’appui, comme les secrétaires, les chauffeurs, l’intendance, etc. Sans oublier tous ceux

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Photo : RMA

qui s’occupent des formations à l’Etat-major ainsi que du recrutement et de la sélection. » Le CHOD secoue la tête : il y a un ‘stuut’, les chiffres ne ‘kloppent’ pas. Mais DG HR n’est pas au bout de ses explications. Après avoir ‘scrollé’, d’autres statistiques apparaissent. « Ah, voyez ici : nous avons 401 malades à domicile ou en attente de visite médicale. » Le CHOD un peu embarrassé se tourne vers le Roi : « Ben oui, Sire, mais c’est lundi aussi, et il pleut… ». Le général Esser continue son rapport : « Ah, je relève 625 postes internationaux et hors Défense, 392 collègues suivant un cours statutaire ou une formation longue et 331 malades de longue durée. Trois fois plus qu’en 2021 mais c’est parce que depuis 2022 on compte mieux les malades qu’avant. » La colonne des chiffres s’allonge encore. « HRM indique que nous avons 412 militaires en congé de fin de carrière, 392 de garde ou en repos de garde, 1.040 en operation, 1.381 en congé ou en dispense de service, 48 déserteurs ou en arrière de rejoindre et 227 collègues en temps partiel ont choisi le lundi comme jour libre ». Le CHOD calcule furieusement : « Mais général, ça fait 11.713, pas 9.987 ! » « Oui amiral, mais aujourd’hui il y a 1.726 militaires en Home Working ! » 


Opinion

La honte ! Fin août, l’Ukraine a fêté son indépendance avec de nombreux messages vidéo de remerciements pour tous les pays qui aident Kiev dans sa lutte contre la Russie. Merci les Pays-Bas, merci l’Allemagne, merci le Luxembourg, … mais pas la Belgique ! Selon le ‘Le Global Wealth Report’ du Crédit Suisse(1), en 2023 les Belges sont les plus riches habitants de la planète. La Belgique est pourtant un très mauvais payeur en matière de solidarité internationale. Au sein de l’Otan notre pays profite depuis des décennies de la générosité de ses alliés tout en maintenant ses propres budgets militaires largement sous le niveau requis. Nos politiciens sont devenus les champions de l’hypocrisie, vantant une défense commune forte tout en maintenant la contribution belge à un niveau embarrassant, dans les tréfonds du classement. Entre-temps, nous hébergeons volontiers l’Otan à Bruxelles et le SHAPE à Casteau, un ‘Win for Life’ qui aide aussi à nous maintenir au sommet des peuples les plus riches. Bons d’État Aujourd’hui, les troupes ukrainiennes combattent la Russie à notre place mais pour le politicien belge moyen, tant que les Russes détruisent l’Ukraine, ils ne s’occupent pas d’Anvers. On se réveillera quand nos entreprises seront chargées par l’UE de reconstruire Kherson et Odessa. Mais pas trop vite car en attendant, nos marchands d’armes s’en mettent plein

les poches, pour le plus grand bien de l’économie du royaume. Pas étonnant donc que les Ukrainiens soient ‘un peu fâchés’ contre les Belges, au point de les oublier dans leurs remerciements... Mais dans les journaux, on parle quand même des millions d’aide aux Ukrainiens, non ? L’aide belge à l’Ukraine s’élève à 424 millions. Un montant qui peut sembler élevé mais qui ne représente vraiment pas grand-chose par rapport à notre PIB. Pour être exact : 0,05% du PIB en 2022. En comparaison, pendant la même période l’Estonie a offert plus d’un pourcent de son PIB à l’Ukraine et les Pays-Bas étaient trois fois plus généreux que la Belgique(2). 424 millions en 18 mois, alors qu’en quelques jours les Belges ont souscrit pour 22 milliards d’euros en bons d’État et que nos concitoyens ont 300 milliards qui dorment sur des comptes d’épargne… Leopard 1 Non seulement nous n’avons pas donné grand-chose, mais au début nous avons même envoyé des armes et du matériel franchement obsolètes, comme les vieux fusils FNC. Nous sommes maintenant

Photo : Wikimedia

engagés dans la ‘coalition F-16’ mais en pratique il s’agit d’un geste symbolique qui se limitera à la formation de quelques Ukrainiens car aujourd'hui, notre pays n’a pas de chasseurs à donner(3). Notre poignée de F-16 encore en état de vol est nécessaire pour tenir jusqu’à l'arrivée des F-35, entre 2025 et 2030. Le sommet de la honte, c’est le rachat par l’Allemagne de nos vieux chars Leopard 1 à une firme privée pour les offrir à Kiev, une opération jugée trop chère pour nous ! Désormais, l’Ukraine possède donc plus de chars d’assaut belges que l’armée belge, qui n’a plus rien, ni vieux, ni nouveaux. Prions pour que les Russes ne s’intéressent effectivement pas trop à Anvers… 

https://www.ubs.com/global/en/family-office-uhnw/reports/global-wealth-report-2023.html https://www.ifw-kiel.de/topics/war-against-ukraine/ukraine-support-tracker/ (3) https://www.rtl.be/actu/belgique/politique/la-belgique-va-envoyer-des-f-16-lukraine-annonce-la-ministre-de-la-defense/2023-10-11/article/596901 (1) (2)

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Info

Une guerre ou deux de retard Le conflit en Ukraine confirme la vulnérabilité des armes ‘lourdes’ : avions, chars et navires de guerre. Les grands systèmes d’armes sont la proie d’engins bon marché de plus en plus performants : missiles portables, munitions ‘rôdeuses’ et drones. Pendant ce temps, notre Défense se rééquipe en chasseurs, frégates et blindés…

Une fois de plus, l’armée belge a une guerre ou deux de retard. C’était déjà le cas en 1940, quand notre pays entendait arrêter les Messerschmitt de la Luftwaffe et les mitrailleuses de la Wehrmacht avec de vieux biplans et des fusils à un coup. Aujourd’hui, l’ambition de l’Etat-major semble être de revenir à la situation d’avant les économies : des puissantes brigades blindées appuyées par des escadrilles de chasseurs-bombardiers. Comme depuis la Seconde Guerre mondiale mais en conservant l’esprit ‘temps de paix’ des 30 dernières années, avec par exemple des bases aériennes où rien n’est prévu pour combler les cratères creusés dans les pistes par les missiles ennemis. Dans la doctrine belge, l’adversaire est bienveillant et ne riposte jamais... Hélas, sur le terrain cela se passe autrement. Sur le front ukrainien, les véhicules sont devenus des cibles de choix pour les missiles portables, les munitions rôdeuses et les drones. Au point que les commandements rechignent à les avancer du fait de leur vulnérabilité. Dans le ciel, même la puissante armée de l’air russe ne peut s’imposer. Les chasseurs-bombardiers, les hélicoptères d’attaque, les grands drones de combat et même les missiles de croisière

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sont victimes des défenses antiaériennes. Quant à la glorieuse flotte russe, elle se réfugie dans les ports, repoussée par une Ukraine dépourvue de navires de guerre mais équipée de drones maritimes et de missiles antinavires. Le champ de bataille est aujourd’hui le domaine de l’infanterie et des drones, dans une version hi-tech de l’enfer des tranchées de 14-18. Le conflit ukrainien a vu s’imposer une panoplie de drones aériens ‘high-tech’, introduits à l’origine par les Ukrainiens mais vite adoptés par les Russes. On peut les classer par taille. Les plus petits tiennent dans la main. Ils sont utilisés dans les combats rapprochés pour ‘voir derrière le mur’. Il peut s’agir de jouets chinois à moins de 100 € mais il en existe des versions militarisées, comme le Black Hornet britannique, cent fois plus cher. La gamme des quadricoptères de la firme chinoise DJI domine le marché civil mais aussi le champ de bataille. Avec ses 250 grammes, le Mini3 transmet les images de sa caméra HD jusqu’à 12 kilomètres. Le Mavic de moins d’un kilo délivre une grenade directement dans les tranchées ennemies et l’Inspire de 4kg peut larguer une charge creuse antichars. Les militaires ukrainiens ont aussi développé leurs propres

drones, imprimés en 3D à la demande et équipés de moteurs et commandes conçus pour l’aéromodélisme. Ces appareils coûtent encore moins cher et peuvent être fabriqués massivement, alors que les produits commerciaux ne sont pas toujours disponibles. Les drones fabriqués localement sont conçus pour le combat. Les plus grands emportent plusieurs munitions et une caméra thermique. Les belligérants possèdent aussi des drones ailés. Jusqu’à une envergure de quelques mètres, ils sont lancés à la main ou par un élastique, depuis un champ. Ils servent de bombardiers, pour la reconnaissance ou pour ravitailler les troupes et peuvent voler pendant des heures. Quant aux munitions rôdeuses ou kamikaze, elles permettent à leur opérateur de neutraliser une cible d’opportunité (véhicule, fantassins, obusier, hélicoptère,…) jusqu’à des dizaines de kilomètres du front. L’artillerie et les troupes d’appui ne sont donc plus à l’abri. Les plus grands drones ressemblent à des avions et sont propulsés par un moteur thermique, comme le Shahed iranien ou le Bayraktar turc. Leur autonomie dépasse les 1.000 km avec une lourde charge explosive. Ils sont 


Photo : Ukrainian Armed Forces

Drone ukrainien armé d’une charge creuse RKG3-EM de 1,7kg : un missile antichars pour le prix d’un vélo.  faciles à abattre mais souvent les missiles antiaériens sont plus coûteux que le drone et surtout il faut beaucoup de personnel pour défendre tout le territoire menacé. Enfin, l’usage de petits drones armés permet à un saboteur isolé d’attaquer des cibles sans devoir s’en approcher, en plein territoire ennemi. Il existe déjà des multicoptères capables d’emporter plusieurs centaines de kilos. À terme, il est probable que des drones de transport remplaceront les hélicoptères et les camions pour le ravitaillement, l’infiltration de troupes ou l’évacuation sanitaire. L’industrie de l’armement reconnait le succès des appareils dérivés du civil et ‘professionnalise’ la filière. Le ‘Lancet’ russe de la firme

Kalashnikov, par exemple, est un engin redoutable. Il est beaucoup plus difficile à intercepter qu’un drone civil grâce à son avionique militaire. Plus étonnant, le CORVO australien est une aile volante 100% autonome à la structure en… carton ! Les USA quant à eux annoncent la livraison dans les 18 à 24 mois de milliers d’engins aux caractéristiques encore mystérieuses. Cette initiative baptisée ‘Replicator’ doit contrer la puissance militaire chinoise. Actuellement, les défenses contre les petits drones restent primitives : armes individuelles et brouilleurs de GPS. Mais les leaders de l’industrie développent à toute vitesse des parades, notamment sur base de radars millimétriques et de lasers à haute énergie. Les Américains ont récemment dévoilé un

laser de 10 kilowatts portable par deux militaires. Ces développements récents modifient la dimension tactique et stratégique des conflits. L’Ukraine a démontré face à la Russie que les hordes de chars, de bombardiers, de navires et de militaires n’assurent pas la victoire. La motivation, l’initiative et l’adoption rapide de nouvelles technologies sont au moins aussi importantes. Une leçon qui ne semble pas encore être parvenue en Belgique où l’Etat-major parait surtout vouloir récupérer ce qu’il a perdu il y a trente ans, comme si le monde s’était arrêté depuis la Guerre froide. Pour l’ACMP-CGPM, la reconstruction de notre Défense devrait au contraire la faire entrer dans le 21e siècle, dans les mentalités comme dans ses investissements. 

La Sentinelle 17


Info

La question qui fâche… Outre les besoins pressants de certains membres du gouvernement, un autre débat a récemment secoué le Parlement : notre pays peut-il offrir des F-16 à l’Ukraine ? Oui, non, peut-être ? Qu’en est-il exactement ? Un article de la VRT(1) l’assure : la Défense pourrait offrir des F-16 à l’Ukraine, contrairement à ce que prétend l’Etat-major. En effet, chiffres à l’appui, le potentiel restant dans notre flotte suffit pour assurer les 200 heures de vol annuelles par avion jusqu’à l’arrivée des nouveaux F-35. Selon ce calcul, il y aurait même un surplus confortable permettant de livrer des appareils à Kiev sans compromettre les missions actuelles de la Composante Air : police de l’air, renfort aux États baltes, entraînement, etc. Si ce raisonnement est mathématiquement correct, il ne tient compte que du scénario ‘temps de paix’. En cas de conflit, les F-16 voleraient beaucoup plus, au cours de missions très éprouvantes pour les cellules des appareils. Sans parler des pertes, dont personne ne parle jamais. Cela vaut d’ailleurs aussi pour les Ukrainiens. Dire qu’un F-16 avec 400 heures de potentiel peut voler deux ans n’est valable qu’au rythme ‘temps de paix’. En Ukraine, ces 400 heures fondraient très rapidement. Strike Notre pays doit conserver assez d’avions, même s’ils ne volent pas beaucoup. En effet, l’armée se prépare à combattre un agresseur. Elle doit donc pouvoir aligner suffisamment de chasseurs-bombardiers. Or, nous n’en avons déjà plus qu’une cinquantaine (contre plusieurs centaines pendant la Guerre froide) …

Leasing Alors, notre pays ne peut-il vraiment pas donner de chasseurs à l'Ukraine avant la livraison des F-35 ? Si, bien sûr, mais pas ‘pour rien’ ! Diverses options ‘payantes’ permettent de maintenir nos capacités tout en aidant l’Ukraine. La première est d’offrir d’autres F-16 aux Ukrainiens. Cet avion est disponible à bon prix sur le marché de l’occasion. La Belgique peut aussi opter pour un autre type de chasseur. Le Saab Gripen suédois et le Mirage 2000 français sont souvent cités. Une autre solution serait le ‘leasing’ de F-16 auprès de nos alliés afin de compléter notre flotte jusqu’à l’arrivée des F-35. Des solutions existent donc, mais elles ont un coût. Or, nos politiciens voient toujours l’armée comme une vache à lait qu’on peut traire à volonté : « Les Ukrainiens ont besoin d’avions ? Qu’on leur refile nos vieux F-16, ça nous évitera de payer pour leur démantèlement ! ». C’est ce genre de raisonnement simpliste qui a déjà gravement compromis notre Défense, en plus de nous donner une très mauvaise réputation sur le plan international. En fin de compte, la question est donc bien plus politique que technique. 

Par ailleurs, dans le cadre de la mission ‘strike’ assurée par la Belgique, la base de Kleine-Brogel est équipée pour abriter des armes thermonucléaires. Cette capacité fait partie de la composante de dissuasion de l’Otan. Pour être crédible, la 31e Escadrille doit donc aligner assez d’avions, même s’ils ne ‘servent à rien’ en temps de paix. Les offrir à l’Ukraine reviendrait à baisser notre garde à un moment où cette force est justement essentielle pour empêcher une extension du conflit. (1)

https://www.vrt.be/vrtnws/fr/2023/09/20/la-belgique-aurait-bien-la-capacite-de-livrer-des-f-16-a-lukrain/

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Photo : Belgian Air Force


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NECROLOGIE

NAISSANCES COWEZ MICHEL (Namur) 1956 - 09/08/2023 LILLIE – 10/07/2023 Dans la famille de Jan VISSCHERS (Hasselt)

PAQUAY JACQUES (Arlon) 1946 - 13/08/2023

JULES – 23/09/2023 Dans la famille de Gustave CLAES (Liège)

COENEGRACHT DENIS (Croix-en-Ternois – France) 1988 - 24/07/2023

Indice des prix à la consommation - Juillet : 128,14 points - Août: 129,12 points - Sept. : 128,23 points

Indice santé - Juillet : 128,22 points - Août : 128,82 points - Sept. : 127,52 points L’indice santé lissé s'établit à 125,35 points en septembre, juste sous l’indice pivot pour la Fonction publique et les allocations sociales (fixé à 125,60 points). Les allocations sociales et les pensions ainsi que les salaires du secteur public seront donc probablement indexés de 2%, respectivement en novembre et en décembre. Le prochain indice-pivot après ce dépassement s’élèvera à 128,11 points. Source : Statbel La Sentinelle 19


Vous êtes invité(e) au Congrès ! Tous les cinq ans, le syndicat militaire ACMP-CGPM organise son Congrès national. Cette échéance indispensable est prévue pour le samedi 2 décembre 2023. Tous les membres sont les bienvenus, vous aussi ! Le sens de notre action syndicale est défini par un document appelé Programme général. Pendant les cinq prochaines années, l’ACMP-CGPM suivra ce Programme général, comme un fil rouge, pour atteindre ses objectifs syndicaux. Pendant ce Congrès, les responsables de votre syndicat militaire exposeront aux membres présents les thèmes principaux du Programme général pour le quinquennat à venir. À cette occasion, vous pourrez donner librement votre avis sur l’engagement de l’ACMP-CGPM. Le nouveau Comité Directeur, responsable du bon fonctionnement de syndicat militaire, sera également nommé à cette occasion. Si vous souhaitez assister à la présentation du Programme général et à la présentation du prochain Comité Directeur de l’ACMP-CGPM, inscrivez-vous via le formulaire suivant : http://tinyurl.com/ACMP-CGPM-2023 ou scannez le QR code

Si vous ne disposez pas d’internet, inscrivez-vous auprès du Secrétariat permanent : Romboutsstraat 1 Bus 021 à 1932 ZAVENTEM Adresse du jour : Elewijt Center Tervuursesteenweg 564 1982 ZEMST Programme du samedi 2 décembre 2023 : 08h15 : Accueil + café 09h00 : Début du Congrès - Ouverture officielle - Nomination du nouveau Comité Directeur - Vote du Programme général (partie 1) 10h30 : Pause 11h00 : Vote du Programme général (partie 2) 12h30 : Discours de clôture 12h45 : Lunch 14h45 : Fin du Congrès La participation est gratuite (lunch inclus) pour chaque membre en ordre de cotisation.


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