Un critère déterminant
AVANT-PROPOS PAR YVES HUWART | PRÉSIDENTBeaucoup de nos plus hauts dirigeants semblent, au cours des dernières décennies, avoir développé une forme de démence quand il s’agit de mener la guerre. Au lieu de s’exhiber à Kiev, ils feraient mieux de regarder leurs propres militaires dans les yeux pour constater par eux-mêmes dans quelle mesure la capacité de combat de l’armée belge a été réduite à l’inefficacité.
L’amnésie de nos dirigeants était en grande partie indépendante de la couleur politique, parce que trop nombreux étaient ceux qui se laissaient séduire par le chant des sirènes des dividendes de la paix, l’illusion de l’impossibilité de la guerre en Europe et la fantaisie hollywoodienne de guerroyer de façon ‘clean’ avec des systèmes d’armes ‘stand-off’.
L’invasion russe a démontré qu’une telle ‘démence guerrière’ est une maladie dangereuse et potentiellement catastrophique, qui, si elle n’est pas payée au prix du sang, est sûrement réglée avec beaucoup d’argent sonnant et trébuchant. Quelque chose que les Belges ressentent tous les jours dans leur portefeuille.
Fondamentalement, l’armée belge n’a qu’une seule véritable raison d’exister : avec nos alliés, dissuader nos ennemis de nous faire la guerre, et si cela ne fonctionne pas, les vaincre au combat. Toutes les autres tâches de l’armée sont accessoires.
Pour réaliser cet objectif, une armée ne peut pas être le reflet de la société
qu’elle sert. Les valeurs qui sont dignes d’admiration dans la société civile – sensibilité, individualité, compassion et tolérance à l’égard des moins favorisés – s’opposent souvent aux qualités nécessaires pour dissuader et vaincre un ennemi, à savoir : le sacrifice, la discipline et l’esprit d’équipe. La recherche du consensus, le respect et l’empathie ont leur place dans une société polie, mais rien n’est empreint de politesse sur le champ de bataille – comme la guerre en Ukraine le prouve chaque jour ; c’est souvent inhumainement brutal.
L’Ukraine nous enseigne une autre dure leçon. Il n’y a qu’un seul critère déterminant concernant la force de frappe militaire : la létalité. Les représentant de l’autorité qui confondent cette vérité fondamentale avec les priorités souvent appropriées à la société civile (diversité, orientation de genre, inclusion, etc.), sapent les chances de succès lors du combat. Cela signifie plus de victimes et un plus grand risque d’échec. La létalité est donc l’indicateur ultime sur un champ de bataille et seul le fait de s’en tenir résolument à ce principe contribue à la dissuasion et à l’efficacité au combat.
Ceux qui entrent au service de nos forces armées, prêtent serment d’effectuer des tâches dangereuses, parfois fatales – tout comme leurs frères d’armes ukrainiens. Nous appelons cela ‘être en service’, parce que c’est être au service des autres et de la société. Des sacrifices désintéressés lorsque l’autre option offre souvent plus de confort, de liberté, d’individualité et un salaire plus élevé. Ceux qui dirigent ce pays et ceux qui occupent les plus hauts rangs de l’armée, doivent rembourser cet altruisme avec un courage encore plus rare : le courage moral. Le courage moral qui se matérialise dans le devoir de diligence : veiller à la force de frappe de l’armée et veiller aux conditions de travail des militaires.
En ce qui concerne ce dernier point : en affichant l’intention de vouloir toucher au régime de retraite des militaires, certains dirigeants ne feraient que prouver, une fois de plus, qu’ils n’ont pas les bonnes priorités, qu’ils ne se préoccupent pas de la véritable raison d’être de l’armée et dudit critère déterminant mais, seulement, de l’argent. Ils prouveraient simplement que leur ‘démence guerrière’ persiste et ce, malgré l’Ukraine.
Colophon
La Sentinelle est le bimestriel de la Centrale Générale du Personnel Militaire. La Sentinelle est envoyée à tous les membres. Tirage : 9.200 exemplaires
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La Sentinelle
Novembre - Décembre 2022 - n° 06
Un critère déterminant
Ce que l'armée belge peut apprendre de la guerre en Ukraine
Augmentation de salaire, phase 2 !
La Défense dans le cyberespace
Problématique infra au sein de la Défense
Le gouvernement indexe les cotisations syndicales Remboursement des soins médicaux Militaire Transgenre
Ce que l'armée belge peut apprendre de la guerre en Ukraine*
Dès que les troupes russes ont envahi l'Ukraine le 24 février, les experts ont fait des déclarations péremptoires sur l'avenir de la guerre.
La mort des chars d'assaut a été expliquée sur la base de séquences vidéo sorties de leur contexte. Les drones turcs ont été salués comme des armes imparables. Les armes antichars occidentales, comme le Javelin, ont joué un rôle de premier plan. Et le Stinger était, selon les premiers rapports, l’arme anti-aérienne ultime qui a cloué au sol l'armée de l'air russe.
Aujourd'hui, dix mois après le début de l’invasion, nous pouvons faire une analyse plus réfléchie dont nous pouvons aussi tirer des leçons. Ces résultats sont plus nuancés que l'image initiale - et très populaire - des premiers mois de guerre, montrant une horde russe en perdition face à d’agiles Ukrainiens.
Dans une guerre moderne, on ne peut plus se cacher, c'est une première constatation importante du conflit en Ukraine. L'ennemi peut frapper n'importe où, jusque loin
derrière la ligne de front. La survie dépend de la dispersion et du déplacement fréquent des stocks de munitions, des quartiers généraux et des postes de commandement, des unités de maintenance et des avions. L'Ukraine a réussi à échapper à la première vague d'attaques de la Russie au cours de la dernière semaine de février en dispersant ses arsenaux, ses avions et ses défenses aériennes.
L'invasion russe massive en Ukraine a entraîné le retour de la guerre conventionnelle en Europe. Elle offre une occasion unique d'en tirer des leçons qui sont également pertinentes pour l'armée belge. Les premières conclusions mettent en évidence le rôle crucial de la dispersion, de la puissance de feu, du ravitaillement et du combat interarmes.
Cela signifie que les armées doivent se battre différemment. Le camouflage et la dissimulation sont une
option, mais ils sont extrêmement difficiles à maintenir car différents types de capteurs - tels que les caméras optiques qui enregistrent les mouvements, les caméras thermiques qui détectent la chaleur et les antennes électroniques qui captent les émissions des radiospeuvent être ‘superposés’ les uns aux autres pour détecter même les troupes les mieux dissimulées. Une autre solution consiste à utiliser des structures durcies, telles que des bunkers en béton. Mais l'inconvénient est que les unités sont immobilisées à un seul endroit.
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La meilleure façon de survivre est simplement de se disperser et de se déplacer plus vite que l'ennemi ne peut vous voir. Même les forces spéciales ukrainiennes, qui opèrent généralement en petites équipes, sont repérées par les drones russes si elles restent trop longtemps au même endroit. Un poste de commandement de bataillon qui reste sur place pendant plus de quatre heures a une chance sur deux d'être mis hors service.
La guerre nécessite des approvisionnements initiaux importants et une capacité de réserve significative. Les tirs massifs de deux brigades d'artillerie ont été essentiels à la défense de Kiev.
Le rôle central de l'artillerie donne à réfléchir aux armées d'Europe occidentale, dont la puissance de feu a considérablement diminué depuis la fin de la Guerre froide. Pour l'armée belge, c'est un désastre total : nous n'avons plus un seul obusier lourd depuis 2008. De 1990 à 2020, le nombre de pièces d'artillerie dans les principales armées européennes a diminué de 57 %. L'arsenal de l'Ukraine était - heureusement pour eux - encore formidable. La principale limitation, cependant, se trouvait dans la quantité de munitions.
L'Ukraine a maintenu ‘l'équilibre de l'artillerie’ pendant environ six semaines, soit beaucoup plus longtemps que ce qu'aurait fait n'importe quelle armée occidentale dans les mêmes circonstances. Puis les obus ont commencé à manquer, donnant en juin à la Russie un avantage de dix contre un en volume de feu ; un déséquilibre qui a persisté jusqu'à ce que l'Ukraine reçoive un afflux de systèmes d'artillerie occidentaux avancés, y compris le HIMARS américain. La consommation de munitions dans la guerre
intensive est extraordinairement élevée. Peu de pays occidentaux ont la capacité de produire de nouvelles armes, des pièces de rechange et des munitions au rythme requis.
Les drones ont joué un rôle essentiel, mais principalement pour des missions de renseignement, de surveillance et de reconnaissance plutôt que d'attaque. Les unités russes qui disposaient de leurs propres drones, plutôt que de dépendre de ceux des quartiers généraux supérieurs, pouvaient tirer très rapidement et efficacement, à savoir dans les trois à cinq minutes après la détection de la cible ; un intervalle remarquablement court entre la visée et le tir selon les normes historiques. Le chiffre pour les unités ne disposant pas de leurs propres drones était d'environ une demi-heure - avec en plus une précision moindre.
Une leçon importante de l'Ukraine est que les armées ont besoin de plus de drones qu'elles ne le pensent. Environ 90 % de tous les drones utilisés par les forces armées ukrainiennes entre février et juillet ont été détruits. La durée de vie moyenne d'un drone à voilure fixe était d'environ six missions, alors qu’un quadcoptère plus simple ne dépassait pas trois vols. Une telle attrition réduirait à zéro les flottes des armées européennes en une semaine, celle de l'armée belge après seulement deux jours. Cela souligne l'importance de disposer de nombreux drones simples
et bon marché qui peuvent être utilisés comme quasi ‘jetables’, plutôt que de petites flottes de gros drones coûteux équipés de capteurs sophistiqués. On peut donc se demander si l'achat du MQ-9B Sky Guardian par notre pays était le bon choix.
La précision des tirs est essentielle. Les munitions de précision sont non seulement beaucoup plus efficaces dans les effets qu'elles produisent, mais elles permettent également à la force de réduire sa suite logistique et donc de la rendre moins vulnérable. Cependant, les armes de précision sont moins courantes et peuvent être rendues inutilisables par le brouillage des moyens de guerre électronique (EW), par exemple. Les capacités EW sont indispensables tant sur le plan offensif (pour le ciblage) que pour protéger ses propres systèmes d'armes, par exemple en brouillant les drones ennemis. On ne peut alors que constater avec un certain malaise la faiblesse de l'armée belge dans ce domaine.
Nos connaissances et notre expérience à mener des batailles comme en Ukraine ont presque complètement disparu. A quelques exceptions près, l'armée belge ne dispose plus d'une expertise sérieuse en matière de combat interarmes entre des unités organiques complètes de niveau bataillon et plus, avec l’intégration de l’appui aérien. Il y a donc beaucoup de pain sur la planche pour les années à venir.
Augmentation de salaire, phase 2 !
Fin janvier, les militaires connaîtront la phase 2 de l’augmentation salariale. Que faut-il en attendre, qui en profitera et comment évolueront les salaires dans les prochaines années ? La Sentinelle fait le point.
L’augmentation de la rémunération en mars 2022 n’était que la première des trois phases de la revalorisation pécuniaire de notre métier. Janvier 2023 lance la deuxième phase pour tout le personnel du cadre actif et de réserve (PVE, …).
L’augmentation de 2023 reprend bien sûr les principes de la phase 1 (future augmentation annuelle, augmentation des traitements jusqu’au maximum et l’introduction d’une allocation de carrière), mais elle augmente l’allocation de carrière pour la porter à 65% du montant qu’elle aura en 2024. Comme souligné précédemment, cette façon de procéder répond à une exigence politique du Gouvernement : ne pas avoir de pourcentage de péréquation (augmentation des pensions) avant le 1er janvier 2025. L’augmentation des traitements a donc été portée au maximum possible en 2022 et 2023, mais complétée d’une allocation de carrière pour les militaires ayant atteint le maximum barémique.
La part d'augmentation de salaire et celle de l’allocation de carrière varient selon l'ancienneté barémique et évoluent de 2022 à 2023. En ‘régime’ (à partir de
janvier 2024), lors de la phase 3, les traitements maximum des militaires seront augmentés, l’allocation de carrière sera octroyée à 100% et la révision de calcul de l’ancienneté barémique feront que tous les militaires connaîtront une augmentation substantielle de leur rémunération.
Pour les militaires pensionnés, cette revalorisation aura une influence sur la pension. Il sera question d’un pourcentage de péréquation de 5% en 2025 et de quelque 3,78% supplémentaires en 2026, soit quelque 8,78% d’augmentation, sans compter les indexations éventuelles.
Patience !
Prenons ici, comme seul exemple, le cas de certains volontaires qui n’ont touché en mars 2022 que 58,65 € en plus (sans compter l’index) par mois, malgré 16 ans d’ancienneté barémique. Selon les nouveaux tableaux, en 2023, ils n’auront que 87,84 € de plus qu’avant la revalorisation. Mais en 2024 cela grimpe à quelque 218,69 € d’augmentation ! Il faudra donc patienter jusqu’en 2024
pour réellement voir une grande différence par rapport à 2021.
Rappelons que la différence sur toute la carrière est importante : un volontaire percevra une augmentation de 177.195 € de sa masse salariale (montant brut indexé). Pour un adjudant, ce sera 278.102 € et les officiers verront une augmentation de 341.824 € ! Pour cela bien sûr, il faut une carrière complète à la Défense. Pour celui qui quitte après quelques années, l’augmentation est faible.
Date de péremption
Les salaires des militaires seront alignés sur ceux de la Police dès 2024. Pour les plus jeunes, l’écart de salaire à combler par rapport à un policier était très faible. L’écart à combler s’amplifiait cependant au fur et à mesure de la carrière accomplie. Nous encourageons donc les BDL à saisir les opportunités de passer de carrière pour rester à la Défense et ainsi profiter pleinement de ce qu’une carrière complète à la Défense apporte. Car c’est un fait : ce ne sont pas les (très) jeunes BDL qui gagneront beaucoup plus. C’est pourquoi l’ACMP-CGPM
se bat pour que chaque militaire puisse faire une carrière complète à la Défense. La ministre de la Défense, Ludivine Dedonder, a d’ores et déjà doublé le nombre de places ouvertes pour la promotion sociale vers le cadre de carrière. C’est une première avancée mais elle ne suffit pas. Pour le syndicat militaire, il est inacceptable de ne plus renouveler l’engagement d’un collègue qui a toujours rempli correctement ses obligations, simplement sur base de sa date de péremption, en d’autres termes parce que son crédit d’années à la Défense est arrivé à zéro. Le personnel de la Défense n’est pas une charcuterie. Un militaire n’est pas ‘périmé’ quand il a passé la trentaine. L’ACMP-CGPM revendique donc le droit pour chaque BDL de pouvoir demander à poursuivre sa carrière à l’armée.
Et après 2024 ?
L’augmentation de la rémunération connaîtra son plein effet en 2024, avec le passage ‘en régime’. Chaque année, les militaires évolueront dans les tableaux barémiques et verront donc leur rémunération augmenter. Les
augmentations les plus importantes auront lieu lors du changement de grade et/ou de catégorie.
En fin de compte, les militaires belges seront bien rémunérés.
Ainsi, beaucoup de sous-officiers gagneront plus que la majorité des Belges. Même les volontaires toucheront un salaire proche de la médiane en Belgique. Les militaires peuvent encore ajouter les allocations lors de l’engagement opérationnel, quand ils vont s’entraîner sur le terrain, les permanences, les heures supplémentaires, etc. Ces allocations, tout comme le pécule de vacances et l’allocation de fin d’année, sont liées au salaire et augmentent aussi. Nous avons en outre obtenu un avantage supplémentaire sous la forme des chèques-repas. Finalement, le salaire moyen des militaires belges sera nettement plus élevé que celui des collègues français, bien supérieur à celui des Néerlandais et légèrement plus élevé que celui des Allemands.
En échange, la pension à 67 ans ?
L’augmentation salariale n’a pas été ‘échangée’ contre quoi que ce
soit. Ludivine Dedonder a récemment rappelé qu’elle ne prendrait aucune initiative qui ferait revoir l’âge de la retraite des militaires, malgré les pressions du bloc libéral au sein de la majorité. Un gouvernement futur pourrait être tenté de revoir le régime spécifique de la mise à la retraite des militaires. Cependant, il se heurterait à une forte opposition de notre syndicat et de toute la communauté militaire. Ce combat a été mené – et gagné –en 2016 et l’ACMP-CGPM a déjà très clairement indiqué son point de vue, sa ‘ligne rouge’ à ne pas franchir.
Outre la fureur qu’entraînerait une telle mesure parmi les militaires, toucher à ce régime qui est, entre autres, le reflet de la spécificité militaire, torpillerait la revalorisation du métier des armes et l’attractivité de la Défense. Or, dans le climat sécuritaire actuel, les politiciens n’ont pas eu d’autre choix que de réhabiliter nos Forces armées. Sans oublier que les mêmes qui parlent de s’attaquer au régime spécifique de ce personnel, ont investi massivement l’argent de l’Etat dans du nouveau matériel, au grand profit de l’industrie et de l’économie. Comment expliquer aux contribuables que ces milliards ne servent à rien, faute de militaires pour mettre en œuvre les nouveaux systèmes d’armes ? Les ‘effets d’annonce’ de ces dernières semaines relèvent de la plus pure hypocrisie et servent surtout à préserver les apparences vis-àvis d’électeurs de moins en moins convaincus. Si à l’avenir les chiens devaient malgré tout mordre au lieu d’aboyer, le syndicat militaire n’hésitera pas à mobiliser tous les (ex-) militaires pour eux aussi montrer leurs dents.
La Défense dans le cyberespace
Au 21e siècle, la guerre ne se fait plus seulement sur terre, en mer, dans les airs ou l’espace. Le cyberespace est un théâtre opérationnel qui se trouve non pas à des milliers de kilomètres, mais chez nous et partout. Pour cette nouvelle dimension du combat, la Défense a inauguré son Cyber Command le 19 octobre dernier.
boueuse et sanglante, se conjugue maintenant dans le virtuel. Certains pays l’avaient pressenti, d’autres ont tardé à réagir.
Les ‘data’ : la nouvelle munition
Avec la guerre en Ukraine, nous avons été littéralement écrasés d’images tragiques de bombardements aveugles, de civils inoffensifs fauchés par le destin et de militaires courageux face à un rouleau compresseur russe impitoyable. De manière subtile, invisible, organisée et systématique, cette offensive russe s’est aussi déroulée à coups de gigabytes, de virus informatiques, de vol de données ou de destruction de datacenters, de fake news et de déstabilisation, de vagues de phishing et d’espionnage. Cette nouvelle dimension transforme la nature d’un conflit et lui permet de s’exporter sans pour autant franchir la frontière physique entre États. Oui, le 21e, encore relié au 20e par une guerre
Les tensions à l’Est n’ont été que le catalyseur de la décision déjà prise par la ministre Ludivine Dedonder de doter la Belgique et sa Défense d’une capacité cyber : Protect, Collect, Defend, Fight sont les quatre missions du Belgian Cyber Command qui, à terme, donnera naissance à ce qui deviendra la cinquième Composante de l’Armée belge. D’aucuns se souviennent encore des coupes budgétaires qui faisaient craindre une réduction d’une de nos composantes. Nous vivons un tournant historique, car la Défense ne disposera pas de « 3 Composantes + », mais bien de « 5 Composantes ». La dernière-née n’utilisera pas de bombes à guidage laser ou infrarouge, ni de mortiers et encore moins de drones. Sous couvert du SGRS, ses munitions seront des ‘data’ de divers calibres et natures : boucliers informatiques, virus ou malwares, wipers, écoutes, tracking, etc. Elle disposera de moyens de défense mais aussi
d’attaque pour corrompre, tromper, perturber, dégrader et détruire les capacités cyber de l’adversaire. Si petite soit la taille de la Défense belge, sa capacité cyber pourrait occuper le haut de la tour. Et cela s’avère même indispensable au vu de la présence, sur notre sol, d’un nombre incalculable d’institutions internationales (Conseil de l’Europe, Otan, Shape, Unesco, Eurocontrol, OMS, etc.). Le défi à relever se situe donc à un niveau stratégique international très élevé.
La gestation durera encore plusieurs années avant de pouvoir disposer d’une Composante Cyber en capacité opérationnelle complète. D’ici 2030, environ 750 personnes devraient animer une composante destinée à des missions de support au profit de ses grandes sœurs, dans la protection des systèmes d’armes, des réseaux et infrastructures. Les futurs systèmes d'armes de haute technologie - les nouveaux avions de combat F-35, les drones MQ-9B, les véhicules blindés Griffon, les navires de lutte contre les mines et les frégates - seront en effet intégrés au réseau opérationnel. Il faut donc déjà convaincre, recruter, former et organiser ces combattants
du clavier qui appuieront les utilisateurs de ces systèmes. Pour ce faire, un cordon ombilical de 284 millions est prévu.
Atchoum !
L’autre évolution majeure, voulue par l’autorité politique, est de voir collaborer Défense et secteur civil.
Le monde académique, l’industrie nationale, des incubateurs de startups et autres nids à geeks ajoutent leur graine dans l’éprouvette. Tous poursuivent un intérêt commun : la sauvegarde quotidienne de nos cyber-intérêts nationaux. Imaginons le piratage informatique massif d’un terminal aéroportuaire, d’une centrale nucléaire, d’un hôpital universitaire ou d’une raffinerie de pétrole. La Défense a fait les frais, à la fin de l’année 2021, d’une attaque informatique de grande ampleur. Souvenez-vous de vos mails qui ne partaient plus et des estafettes
qui ont repris du service. Pensez à ces hôpitaux civils paralysés par un ‘simple’ virus et dont les patients attendaient des soins ou une opération. Songez à nos entreprises qui ont dépensé des millions d’euros en recherche et développement et qui voient leurs données confidentielles volatilisées. Souvenez-vous de la société Asco Industries, un acteur majeur du secteur aéronautique, qui en 2021 a dû arrêter sa production suite à une attaque de ‘ransomware’, causant ainsi des millions d’euros de perte. La menace cyber peut donc endommager n’importe quel secteur d’activité économique, sociale, associative, politique ou industrielle et le mettre à terre pendant plusieurs jours, semaines ou mois.
Union sacrée
L’enjeu est énorme et sacré car il englobe toutes les couches et
facettes de notre société, qu’elles soient privées ou publiques. Il ne s’agit plus de se concurrencer les uns contre les autres, mais de former une alliance des talents, comme l’a souligné la ministre de la Défense. Avec un objectif : défendre notre société et notre mode de vie. Cette complémentarité, à tous les échelons, ouvre le monde du renseignement aux sociétés et industries belges. Ce partenariat constitue également une révolution dans le monde très fermé du renseignement belge, puisque l’ouverture commune des informations, des technologies et procédures permettra le développement d’une culture de collaboration entre la Défense, les partenaires interdépartementaux, l’industrie et les universités. Cet aspect du Plan STAR, sensé réparer et renforcer notre Défense, vise vraiment les étoiles et même au-delà. Il était temps !
Problématique infra au sein de la Défense
Les infrastructures obsolètes, associées à des décennies de coupes budgétaires, créent un flot constant de problèmes. Les réparations s'éternisent en raison du manque de budgets ou de personnel. En conséquence, l'infrastructure de nombreux quartiers militaires ne répond plus à ce qui est acceptable selon le codex sur le bien-être au travail.
Au sein de la Défense, nous sommes confrontés quotidiennement à des infrastructures obsolètes, usées, inadéquates et/ou cassées. Le personnel militaire doit donc travailler quotidiennement dans des bâtiments mal entretenus et dont certains sont prêts à être démolis. Lorsque ces questions sont soulevées lors d'un Comité de Concertation de Base (CCB) , entre autres par le syndicat militaire ACMP-CGPM, il y a toujours une excuse. Trop peu de budget ou trop peu de personnel pour effectuer les réparations sont les justifications les plus courantes. Les demandes de travail restent ouvertes pendant des mois, voire des années, sans qu'il y soit donné suite.
De nombreux plans sont élaborés pour améliorer l'infrastructure de la Défense. Ces plans sont ensuite présentés lors d'une réunion via un PowerPoint joliment élaboré. De cette façon, l’autorité espère garder les travailleurs satisfaits, mais comme toujours, la date de mise en œuvre est fixée loin dans le futur et vous pouvez être sûr qu'elle sera repoussée.
Le syndicat militaire ACMP-CGPM est de plus en plus souvent contacté par des collègues au sujet de
réparations mineures qui ne sont tout simplement pas effectuées. Des réparations telles que le remplacement d'un robinet de radiateur, d'une porte, d'une lampe, d'un interrupteur, de prises de courant, d'une gouttière qui fuit, etc. La liste des petites réparations est presque infinie. Ces travaux d'infrastructure restent également en attente de plus en plus longtemps, à la grande frustration des personnes qui y sont confrontées quotidiennement.
‘Do It Yourself’ (DIY)
Dans le but de résoudre plus rapidement les petits travaux d'infrastructure, la méthode du bricolage (DIY) a été créée. Il incombe
au commandant de l'unité de désigner le personnel approprié pour effectuer une tâche ou une réparation particulière. Pour effectuer une tâche ou une réparation, l'équipement de travail et les matériaux appropriés doivent également être disponibles. Ainsi, une analyse de risque doit d'abord être faite et un avis obtenu du premier échelon Infra avant de réaliser les travaux DIY. Il n'est donc pas du tout prévu que des personnes sans formation et avec des équipements de travail apportés de la maison effectuent des travaux dans les casernes.
L’hiver devant la porte (cassée)
À l'approche de l'hiver, les systèmes
de chauffage sont mis en route, en tenant compte de la crise énergétique actuelle : on choisit donc un chauffage aussi économique que possible dans des bâtiments bien isolés. C'est du moins ce à quoi la plupart des gens s'attendent. En raison de l'entretien tardif des systèmes de chauffage, les choses se passent un peu différemment dans les quartiers de la Défense. Les bâtiments mal isolés, les fenêtres et les portes cassées et/ou peu étanches ne font qu'aggraver les problèmes. Le syndicat militaire ACMP-CGPM reçoit de plus en plus de plaintes de ses membres concernant le mauvais fonctionnement des systèmes de chauffage.
Les situations les plus folles se produisent en ces temps de crise énergétique, comme des radiateurs à la poignée manquante ou cassée, ce qui rend la température bien trop élevée et oblige le personnel à ouvrir les fenêtres. Cela revient donc littéralement à jeter l'argent par les fenêtres, à une époque où les gens doivent baisser le chauffage à la maison pour pouvoir payer la facture d'énergie !
Des salles de classe au chauffage défectueux où les stagiaires sont exposés à 12 C° pendant toute une journée. Un bloc de logement où il n'y a pas d'eau chaude et où le chauffage ne fonctionne pas, ... ce sont des conditions inacceptables au 21e siècle ! Surtout quand des
Un bon conseil
gens vivent dans ce bâtiment. Heureusement, dans ce cas, le commandement local était entièrement d'accord avec les plaintes fondées du syndicat militaire ACMP-CGPM et grâce à un contrat d'externalisation, le problème a pu être résolu rapidement.
Les autorités locales ne sont pas partout en mesure de résoudre rapidement de tels problèmes. Prenons l'exemple du quartier militaire de Lombardsijde, plus précisément les bâtiments que le 1C/1Gr utilise actuellement. Des portes et des fenêtres ne ferment plus correctement et sont rongées par de la pourriture. L'hiver dernier, le célèbre VA-M a été utilisé pour chauffer un bâtiment en raison d'une panne du chauffage central. Il n'y a pas eu d'investissement dans les bâtiments depuis des années, la fermeture du quartier était peut-être anti-
cipée. Mais aujourd'hui, la caserne revit et de plus en plus de militaires y logent…
Pour les scouts
Le syndicat militaire ACMP-CGPM demande que chaque collègue puisse travailler de manière agréable dans un bâtiment qui respecte au moins le codex sur le bien-être au travail. Lorsque nous interrogeons le commandement local sur l'état des bâtiments, nous entendons souvent dire que le personnel fait de son mieux avec les ressources dont il dispose. Cela nous rappelle une déclaration faite il y a quelques années. Lorsqu'une section de militaires au bout du rouleau a déclaré qu'elle faisait de son mieux avec les ressources dont elle disposait, la réponse d'un général a été : « Faire de son mieux, c'est pour les scouts ! »
Signalez tout problème lié aux infrastructures à la personne responsable. Nous constatons que les problèmes sont connus des personnes qui y travaillent mais ne sont pas toujours signalés à la bonne personne. Créez et suivez une demande de travail (WO) distincte dans Ilias pour chaque problème. Les défauts ou autres problèmes ne seront pas corrigés si aucun WO n'est établi dans Ilias. De son côté, le suivi est nécessaire car certains WO restent non traités pendant plus d'un an. Lorsque vous avez tout essayé en vain, le syndicat militaire ACMP-CGPM est là pour tenter de débloquer la situation. Nous vous conseillerons et vous aiderons à résoudre le problème ! Contactez : srt@acmp-cgpm.be
Le gouvernement indexe les cotisations syndicales
Il n’y a pas que l’énergie qui augmente. La Chancellerie du Premier ministre nous impose une augmentation des cotisations syndicales. Dès le 1er janvier, le montant mensuel passera à 14,80 € (80 centimes de plus). La bonne nouvelle, c’est que les services et avantages offerts par notre organisation augmentent eux aussi !
Nous aurions préféré garder l’ancien prix mais ce n’est pas nous qui décidons… Selon l’Arrêté royal du 30 septembre 1980, la cotisation syndicale des syndicats représentatifs doit être au moins égale à 0,74 % de la rémunération annuelle brute garantie indexée. Suite à l’inflation nous sommes donc obligés d’adapter la cotisation pour 2023. Pour limiter l’impact sur le pouvoir d’achat de nos affiliés, le Bureau National a décidé d’adopter le tarif le plus bas pour toutes les catégories :
Militaire en service actif ou en PVE : 14,80 € par mois (177,60 € par an)
Militaire réserviste : 7,30 € par mois (87,60 € par an)
Militaire retraité : 12,50 € par trimestre (reste inchangé)
Notez que les militaires réservistes versent une cotisation réduite parce qu’ils ne bénéficient pas de la prime syndicale de 90 € remboursée chaque année. Leur montant mensuel est identique à celui des militaires en service actif ou en PVE, moins la prime syndicale. Mieux encore : nous avons décidé de ne pas augmenter la cotisation des militaires retraités. En effet, nous estimons qu’il est important de leur garantir un service maximal au prix le plus bas en ces temps difficiles.
Moins cher !?!
Alors, c’est vrai que le montant augmente mais paradoxalement, il n’a jamais été aussi avantageux de nous rejoindre ! En effet, entre le gel des cotisations des retraités et le choix d’un montant minimal pour les militaires en service actif, en PVE ou réservistes, l’affiliation à l’ACMP-CGPM représente dorénavant un effort financier plus faible par rapport aux revenus. Que ce soit par l’augmentation salariale ou bientôt via la péréquation des pensions, les revenus de nos membres
progressent sensiblement. Cette augmentation est bien plus importante que la simple indexation de la cotisation syndicale. Au final, on peut donc dire qu’il sera moins cher d’être membre du syndicat militaire. Il ne faut pas oublier non plus que la revalorisation du métier des armes n’aurait probablement pas abouti sans le travail acharné des représentants du personnel. Se syndiquer est donc à la fois un acte de solidarité mais aussi un investissement qui rapporte bien plus que ce qu’il ne coûte.
Civils
Il n’y a pas que des (ex-)militaires à la CGPM. Tout le monde peut adhérer à l’A.S.B.L. ‘Solidarité’ afin de contribuer aux efforts entrepris par notre syndicat. Cette formule est de plus en plus populaire chez les amis et membres de la famille des militaires ainsi que chez les civils travaillant à la Défense. Elle attire aussi un nombre croissant de citoyens portant un intérêt particulier à la Défense. Il ne s’agit pas de simple mécénat ; en échange d’une modeste cotisation, les membres de l’association bénéficient d’avantages, un peu comme les affiliés du syndicat. Ainsi, pour seulement 10 € par an, les partenaires des membres syndiqués ont accès à notre plateforme d’avantages exclusifs sur www.acmp-cgpm-benefits.be et sont couverts gratuitement pas l’assurance ‘Décès par accident’ pour un montant de 7.500,00 € ! Comme sympathisant, contre 50 € par an vous recevez en outre un abonnement à La Sentinelle. Pour la modique somme de 25 € par an, les veuf(ve)s d’un membre ont droit à tout cela, avec en plus notre assistance juridique. Ces cotisations restent inchangées pour 2023.
Et la prime syndicale ?
La bonne nouvelle c’est que les militaires membres de l’ACMP-CGPM continueront à recevoir la prime syndicale. Malheureusement, le montant de cette prime n’augmente pas, vu qu’il n’est pas prévu de l’indexer. Cette contribution ne dépend pas de nous. Son montant est fixé par un Arrêté royal. Nous pouvons juste espérer qu’il sera réactualisé un jour. En revanche, ce que nous pouvons faire, c’est développer encore plus notre offre et nos services au profit de nos membres.
On peut dire désormais que l’ACMP-CGPM est le plus grand syndicat à la Défense. L’année 2021 a vu une augmentation spectaculaire du nombre de nos affiliés
et 2022 confirme cette tendance à la hausse, alors que le nombre de militaires à la Défense continue à diminuer. En tant que représentant principal des (ex) militaires, la CGPM étend chaque jour davantage l’aide individuelle et collective à ses affiliés. L’ouverture de notre antenne ‘Nord’ à Bourg-Léopold et l’avancement du projet d’antenne ‘Sud’ en Wallonie ne sont que deux exemples du travail permanent accompli pour développer notre organisation.
Le meilleur syndicat
Les syndicats traditionnels doivent tenir compte des directives de leur centrale et de la doctrine liée à leur couleur politique. Ils sont en outre obligés de composer avec les revendications de leurs différents secteurs (poste, chemins de fer, police, enseignement, …), même si c’est au détriment de la Défense. Car les militaires ne représentent pas grand-chose dans la masse de leurs affiliés.
De son côté, la CGPM n’a pas de centrale : elle est LA Centrale. Elle ne défend que les militaires et ne rend de comptes qu’à ses membres. Le syndicat militaire est libre de toute attache politique et peut investir ses moyens à 100% au profit de ses membres et se consacrer à 100% à ce qui se passe au sein de l’armée. Nos affiliés ont la certitude que leur cotisation ne servira jamais à alimenter un fonds de grève ni à promouvoir une idéologie.
L’ACMP-CGPM est aussi une organisation totalement démocratique dont les dirigeants sont élus par et parmi ses membres. Nos délégués permanents ne seront jamais ‘placés’ pour satisfaire un parti, un ministre ou un ‘ami’.
C’est pour tout cela que le syndicat militaire ACMP-CGPM fournit toujours l’appui le plus performant et le plus étendu, quel que soit le montant de la cotisation. Nous vous remercions de votre confiance car sans VOUS, rien ne serait possible !
Remboursement des soins médicaux
Les militaires ont droit à la gratuité des soins de santé. C’est en tout cas ce que dit la Loi et son arrêté d’exécution. Dans la pratique, beaucoup de militaires ne savent pas comment réclamer leur dû ou abandonnent face au parcours du combattant administratif mis en place par l’autorité… pour les dissuader ?
Si vous avez de la chance, votre généraliste est agréé par la Défense et au terme de votre visite, vous repartez avec vos prescriptions et sans avoir payé quoi que ce soit. Dans les autres cas, depuis le 1er janvier 2022, la plupart des médecins généralistes, dentistes, kinés, … appliquent directement le ‘tiers payant’ et vous ne devez plus au médecin que le montant à votre charge (le ‘ticket modérateur’). Chez un ‘spécialiste’ vous recevez toujours une attestation de soins (le long formulaire vert ou blanc). Vous devez payer l’entièreté du montant réclamé par le prestataire de soins et appliquer la célèbre vignette autocollante de la mutuelle. Si vous n’oubliez pas de l’envoyer, que le papier ne se perd pas et qu’il est encodé correctement, vous serez remboursé d’une (grosse) partie de vos frais médicaux. Dans le meilleur des cas, seul restera à votre charge le ticket modérateur si le médecin est conventionné. Les suppléments ne sont jamais pris en charge, ni par l’INAMI (Institut national d'assurance maladie-invalidité), ni par la Défense. Pour de nombreux militaires, la visite a coûté quelques euros et l’histoire s’arrête là…
Dans certains cas, avec un formulaire ‘Modèle Transfert’ d’un
médecin généraliste agréé ou d’un médecin militaire en mains, le tiers payant peut être remboursé, mais il faut d’abord trouver un tel médecin et introduire ensuite un dossier pour, parfois, juste quelques pièces. Beaucoup de collègues jettent l’éponge. Pour la Défense et l’Etat belge, c’est tout bénéfice !
On n’a pas toujours une simple grippe et parfois la somme est élevée et cela vaut le coup d’introduire quand même une demande de remboursement. A moins que le militaire n'en fasse une question de principe, même pour quelques euros. Après tout, nous avons droit à ‘la gratuité des soins de santé’, non ? Bien entendu, il y a des conditions. La première est d’être ‘ayant-droit’. Pour cela, il faut être dans une de ces catégories :
- Militaires du cadre actif en service actif ou en retrait temporaire d’emploi pour motif de santé (RTEMS), pour raisons familiales (RTERF) ou pour motif disciplinaire (RTEMD)
- Militaires du cadre de réserve en service actif (rappel) ou en prestation volontaire d’encadrement (PVE)
- Elèves de la Division Préparatoire pour l’École Royale Militaire (DPERM) ou celle pour les SOffr
Techniciens (DPTech) ou celle pour les cadres (DPCadre)
- Invalides militaires du temps de paix (IMTP) et candidats invalides militaires du temps de paix (Cand IMTP) ou du temps de guerre (Cand IMTG) ;
- Personnes à charge d’un expatrié (sous conditions).
Les invalides militaires du temps de guerre (IMTG) et les victimes directes d’actes de terrorisme, tant militaires que civiles doivent s’adresser en priorité à la Caisse auxiliaire d’assurance maladie – invalidité (CAAMI).
Notez que seul le militaire a droit à la gratuité. Pas le partenaire, ni les enfants ni d’autres personnes du ménage, à charge ou pas.
Les règles relatives au remboursement de soins médicaux délivrés à l’étranger aux militaires EXPAT’s et à leurs personnes à charge diffèrent de celles reprises ici. Les détails peuvent être consultés sur le site intranet de DG BudFin.
‘Gratuit-gratuit’ ?
Ce serait évidemment trop simple. Comme vous vous en doutez, il y a forcément des ‘petites lettres’. Pour résumer : pour tous les soins
reconnus par l’INAMI, la mutuelle rembourse votre visite sauf la partie ‘ticket modérateur’ et les ‘suppléments’. La Défense prend à sa charge le ‘ticket modérateur’.
Notez bien deux astuces importantes. D’une part certains soins ne sont pas reconnus par l’INAMI. Dans ce cas, pas de remboursement par la Défense ! D’autre part il y a les fameux ‘suppléments’. De nombreux médecins ne sont pas conventionnés. Cela veut dire qu’ils n’acceptent pas le tarif officiel proposé par l’INAMI et vous demandent de payer plus, parfois jusqu’à 300% du tarif INAMI. La Défense ne rembourse pas cette partie-là. Donc pour que les soins soient à 100% gratuits, il faut choisir un docteur conventionné et que le traitement soit reconnu par l’INAMI. Il y a aussi une liste de soins repris dans la Loi.
Il est toutefois possible d’obtenir une dérogation pour des frais exceptionnels. Votre assurance hospitalisation (par exemple DKV) couvre peut-être aussi certains suppléments en cas d’hospitalisation.
En cas de doute ou de question, contactez DGBudFin BFA-M (02/44 + extension comme ci-dessous) :
- Militaires en Belgique : 15638 – 15778
- Militaires à l’étranger : 15648 – 16661
- Invalides Temps de Paix/Prothèses : 15678 – 15680
Si les planètes sont alignées et que vous avez droit au remboursement, vous devez envoyer à BFA-M une demande de remboursement en deux exemplaires, ainsi que des pièces justificatives.
Et les médicaments alors ? Ah, c’est déjà assez compliqué comme ça, non ? On parlera des pilules dans un article ultérieur, promis !
Pension de réparation
Parfois vous allez chez le médecin suite à un accident de service. Il s’agit d’un accident ‘pendant et par le fait du service’. Cette notion couvre aussi le chemin du travail, donc par exemple un accident de voiture en revenant du repas de Corps. On parle d’accident mais cela peut aussi être une maladie. Si vous attrapez la malaria pendant une mission en Afrique ou que vous entendez mal suite au vacarme dans la salle des machines, c’est aussi considéré comme un accident de service. Dans ces cas, en plus du remboursement des soins, vous avez droit à une pension de réparation. Un bon conseil : n’essayez pas de la demander vous-même car le dossier est très complexe. Faites donc appel à la CGPM, c’est inclus dans votre cotisation. Chez nous, pas besoin de demande en trois exemplaires envoyés en recommandé : un simple email et nos spécialistes font le reste ! srt@acmp-cgpm.be
Inacceptable !
Pour l’ACMP-CGPM, tout frein à la gratuité des soins de santé est inacceptable. L’Arrêté royal du 31 juillet 2003 évoque la « gratuité des soins de santé » et c’est littéralement ainsi que cela devrait se passer : le militaire ne devrait rien payer, jamais, nada ! Au lieu de ça, dans la majorité des cas il faut d’abord débourser pour se faire éventuellement rembourser, si tout va bien. La procédure est lourde pour le militaire comme pour la Défense. Dans bien des cas, le parcours administratif coûte plus que le remboursement lui-même ! Comme évoqué dans notre Programme Général 2019-2023, entre autres aux points D-31.5 et D-32.2, le syndicat militaire revendique la mise en place d’un système simple et sans tracasserie administrative.
Militaire Transgenre
On peut dire que dans le monde, la Défense belge joue un rôle pionnier en matière de droits et devoirs des militaires LGBT+, et en particulier des militaires transgenres. La Sentinelle fait le point sur le sujet et présente le témoignage d’une déléguée de l’ACMP-CGPM.
L’instruction détaillée DGHRGID-GENDER-001 réglemente les droits et devoirs des militaires transgenres et de leur hiérarchie. Le fait que l’armée possède une règlementation sur ce sujet reflète l’adoption par notre pays d’une législation particulièrement moderne en la matière. En effet, dans beaucoup de forces armées du monde, s’il existe un règlement c’est le plus souvent pour punir ou exclure les militaires transgenres. La GID belge vise au contraire à « soutenir et accompagner le membre du personnel transgenre ».
Les règlements, c’est une chose, mais la réalité sur le terrain peut être très différente. Jesse Arents, déléguée locale du syndicat militaire ACMP-CGPM à Bourg-Léopold, témoigne pour La Sentinelle.
« La première fois que j’ai pensé que j’étais une fille, j’avais 11 ans. Dans mon collège pour garçons, on m’avait demandé de jouer un rôle féminin dans une pièce de théâtre. J’ai eu une révélation ; l’explication d’un malaise que je n’avais jamais pu vraiment identifier : je me sentais mieux en fille qu’en garçon. J’en ai parlé à mes parents, qui ont mal réagi. J’ai été brutalement puni et ils m’ont envoyé chez un psychologue ‘pour me guérir’. On m’a dit que je devais refouler ces pulsions
honteuses... Je suis devenu rebelle, en particulier contre mon père, qui n’avait rien trouvé de mieux que de m’inscrire dans les jeunesses nationalistes flamandes, pour me ‘redresser’. En quatrième année du secondaire j’ai abandonné l’école et fui pour échapper à la dictature familiale. J’ai travaillé quatre ans dans la grande distribution, en cachant soigneusement mon secret pour le reste de la société. Au contraire, je m’efforçais de me présenter de façon virile. Il est vrai que je ne me sentais pas du tout attiré par les hommes. J’avais une petite amie à qui je n’osais bien entendu rien dire. Est-ce pour mieux dissimuler ma féminité ? Un jour j’ai rompu mon excellent contrat à durée indéterminée pour m’engager à l’armée comme volontaire dans une unité d’infanterie ! »
Stabilité
« J’ai trouvé à la Défense la structure et la stabilité dont j’avais besoin. Tout y était clair et net. Surtout, entre la dure formation, les manœuvres et les missions je n’avais pas une seconde pour penser à mes penchants. Je suis parti au Kosovo, tout allait bien. Jusqu’au jour où j’ai été muté à Stockem comme instructeur M113. J’y ai reçu une chambre individuelle et beaucoup de temps
libre après les heures de service. A l’insu de ma copine et de nos trois enfants, je passais mes soirées de célibataire géographique à m’habiller en fille, à vivre mon identité féminine. Jusqu’au jour où bien entendu ma compagne a découvert le pot aux roses. Je lui ai tout avoué. Après le choc initial, elle m’a dit qu’elle n’était pas prête à devenir lesbienne mais que ce n'était pas une raison pour briser notre relation. J’ai donc repris mon déguisement d’homme et en 2008 j’ai fait la promotion sociale. Je suis devenu sous-officier au 20 Bn Log, responsable de l’appui des Paras : tout le temps sur le terrain, un tour en Afghanistan,… En 2011 j’ai fait mutation à Flawinne chez les Special Forces, avec à la clé encore plus de missions. Je pars alors en Lybie en appui des DAS. Pour mes collègues, je suis un exemple de virilité… S’ils savaient le conflit qui me hante ! Entre-temps je suis marié mais je vois rarement mon épouse et les enfants. Pas le temps, trop de boulot, trop de terrain. En 2016 je suis muté ‘sur facture’ comme rénovateur de munitions à Tournai, où je loge pendant la semaine. D’un coup, j’ai le temps. Je deviens délégué de la CGPM et dans l’intimité de ma chambre, je redeviens une femme. Le stress de ne pas être qui je suis me ronge. La période du cours B1 est particulièrement pénible. »
« Je passe sous-lieutenant en 2018 via la promotion sociale. Je suis maintenant conscient que je n’ai pas qu’une fascination pour les vêtements féminins : je suis une femme ! Comme officier, avec mes états de services, peut-être que je pourrais révéler mon secret tout en conservant le respect de mes collègues ? J’ai lu l’article de La Sentinelle sur l’association BelDefRaC, qui regroupe les LGBT à la Défense, je ne suis donc pas seul. Un collègue sous-officier vient de faire son ‘coming out’, c’est donc possible à l’armée ! »
Coming out
« Le dernier jour de ma mission au Niger comme commandant du ‘Joint Support Detachment’, j’appelle ma femme depuis Niamey pour lui annoncer ma décision. Je n’ai pas besoin de terminer ma phrase, elle sait déjà... Je m’attends à un drame en arrivant à la maison mais au contraire, elle m’accepte comme je suis ; elle est formidable. En février 2021, après avoir lu le témoignage d’un militaire transgenre sur l’intranet de la Défense, je contacte l’hôpital universitaire de Gand pour entamer ma transition. Entre-temps, je suis devenu commandant du dépôt de munitions de Bourg-Léopold mais en mai, l’affaire Jürgen Conings éclate. Lors de l’audit qui suit, j’avoue tout aux enquêteurs d’ACOS IS et j’informe mon chef de Corps que je veux devenir une femme. Celui-ci se montre compréhensif, même si bien sûr il est très surpris. Extérieurement, rien ne trahit ma réelle identité. Je suis l’image parfaite du ‘fighter’ macho, à des lieues du stéréotype du type timide et efféminé. »
« Sortir du placard, ce n’est pas un processus instantané. Il faut prévenir la hiérarchie, les collègues, les amis, l’école des enfants, la famille… C’est à chaque fois une confrontation pleine d’émotion, même si mon ‘psy’ me donne de bons conseils et m’accompagne pour que ça se passe bien. J’ai réuni mon personnel pour lui annoncer la nouvelle. Beaucoup tombent des nues. Ils ne sont pas fâchés ou mécontents mais plutôt déconcertés. Certains sympathisent et m’encouragent mais trois collègues acceptent mal mon ‘coming out’. Ils finiront par l’accepter, l’un d’eux deviendra même un bon ami. »
« Pour mon épouse aussi c’est un ‘coming out’. Elle doit expliquer partout que désormais, elle sera mariée à une femme ! Quant
aux enfants, pour eux l’inclusivité, les LGBT et la transsexualité font partie de la société. Ils ont appris que l’important c’est la personne et pas ses habits, sa couleur ou son genre. Ils acceptent d’autant mieux la situation que comme père j’ai été très distant, toujours parti sur le terrain ou à l’autre bout du monde. Désormais je suis bien plus présent pour eux, moins stressé et finalement plus proche. J’étais un homme nerveux, toujours agité, stressé, limite brutal. Maintenant que je ne porte plus ce fardeau, je peux enfin m’épanouir et exprimer mon attachement, mon intérêt pour mes proches. La relation avec mon épouse a toujours été solide, elle est aujourd’hui encore bien plus forte, plus harmonieuse. J’ai une chance incroyable de l’avoir à mes côtés. »
Enfin femme !
« Je suis déterminée à ce que mon choix influence au minimum mon travail. Et de fait, je pense que je suis désormais plus performante au boulot, maintenant que je ne crains plus d’être démasquée. Pour la hiérarchie en tout cas, rien n’a changé, on me fait toujours confiance. Je suis d’ailleurs désignée pour une mission importante avec le régiment Special Operations en tant que commandante du détachement logistique. Tout se passe bien dans ce milieu pourtant très viril. »
« Durant l'été 2021, j'ai entamé la procédure officielle de changement de genre, en commençant par l’administration. Les procédures existent et sont assez lourdes mais mon cas n’est plus une exception ; la machine bureaucratique est bien rôdée, tout est prévu. En décembre 2021, j'ai enfin reçu ma carte d’identité ‘F’. Je n’ai pas changé de prénom, car en anglais ‘Jesse’ se prononce déjà ‘Jessie’. Je laisse le loisir à chacun de choisir comment il veut m’appeler. Au sein de l’armée, les documents sont adaptés. Même si pour le moment je ressemble encore à un homme, je peux m’habiller en femme, même en milieu militaire. » « Finalement, le système est très ouvert envers les personnes transgenre. Bien sûr, tout n’est pas encore parfait pour les LGBT à la Défense. Il faut par exemple toujours choisir entre M et F. La personne ‘non binaire’ n’a pas encore
Jesse et son épouse, une relation aujourd’hui plus forte que jamais.
de place reconnue. Dans la pratique cela demanderait quelques réformes. Il faudrait des toilettes neutres, des uniformes neutres, un règlement tolérant pour la coupe des cheveux, etc. Mais pourquoi pas ? C’est avant tout une question de perception. Dans le train, tout le monde partage les mêmes WC et si on s’inquiète, c’est plutôt pour la propreté des lieux… »
« Ma transition progresse. Je prends des hormones, je change
petit à petit, aussi pour ne pas choquer mon entourage. Pour moi la prochaine étape sera la chirurgie, à l'été 2023. Une épreuve douloureuse et coûteuse (car non remboursée) qui complètera mon trajet. Je suis très reconnaissante que la Défense m’accepte telle que je suis, cela me motive encore plus à servir fièrement l’armée, mes collègues et mon pays. »
Appui direct
Comme la Défense, l’ACMP-CGPM se veut inclusive. Nous sommes un syndicat neutre, sans influence philosophique, religieuse ou politique. Nous sommes là pour aider TOUS les militaires. Vous reconnaissez la situation de Jesse ? Vous voulez en savoir plus sur la procédure ou la problématique transgenre ? Vous avez besoin de conseils ou d’aide ? Contactez notre déléguée en envoyant un message à jesse.arents@mil.be
FRANCOIS – 11/02/2021
Dans la famille de Grégory MIGEOT (Tournai)
NINA – 09/02/2022
Dans la famille de Christopher FIEVET (Libramont-Chevigny)
LOLA – 02/04/2022
Dans la famille de Johan PEFFER (Malmedy)
MARIE – 12/03/2022
Dans la famille de Guy CORTENS (Pelt)
LEONORE – 08/04/2022
Dans la famille de Kjell COUDRON (Menin)
LYA – 14/04/2022
Dans la famille de Jonathan DUPUIS (Soignies)
MILHAN – 16/04/2022
Dans la famille de Ismail LAREDJ (Charleroi)
KORNEEL – 27/04/2022
Dans la famille de Tom PARTHOENS (Genk)
TJEN – 28/04/2022
Dans la famille de Senne LEMMENS (Boechout)
MALLORY – 01/05/2022
Dans la famille de Romain DEBY (Bezannes – France)
DIEGO – 30/08/2022
Dans la famille de Daniel IGLESIAS GARCIA (Woluwe-Saint-Lambert)
HECTOR – 07/09/2022
Dans la famille de Lucas MEREAU (Ath)
28/05/2022
MEYFROOT Stéphane et LEFEBVRE Stéphanie (Tournai)
02/07/2022
DIEU Gillian et MANON Hélène (Châtelet)
28/09/2022
CLEMENT Jorun et SABBE Amelie (Ostende)
06/10/2022
BORREMANS Robin et Danieli SANTANA TOMAZ (Kortenberg) (Par cohabitation légale)
08/10/2022 MASCART Jean-Claude et LETECHEUR Catherine (Andenne) 27/10/2022
JEHASSE Samuel et DE LEEUW Manon (Flémalle) (Par cohabitation légale) 04/11/2022
VAN HAL Anthony et MINNE Wendy (Zwijndrecht)
15/11/2022
VAN KERCKHOVE Frederik et WYTINCK Sandra (Evergem) (Par cohabitation légale)
21/11/2022
ARENS Simon et OOMS Ine (Bourg-Léopold) (Par cohabitation légale)
JANSSENS ALOÏS
(Dilbeek) 1931 - 21/09/2022
REUTER WILLY (Namur) 1932 - 29/09/2022
DERISON XAVIER (Leuven) 1927 - 06/11/2022
Indice des prix à la consommation
- Septembre : 125,24 - Octobre : 128,21 points - Novembre : 127,92 points
Indice santé
- Septembre : 124,92 points - Octobre : 127,92 points - Novembre : 127,44 points
L’indice santé lissé s'établit à 123,47 points en novembre, juste au-dessus de l’indice pivot pour la fonction publique et les allocations sociales (fixé à 123,14 points).
Les allocations sociales et les pensions seront indexées de 2% en décembre. Les salaires du Secteur public seront à nouveau indexés de 2% en janvier. Il s’agit du cinquième dépassement de l’indice-pivot cette année ! L’indice pivot suivant pour la Fonction publique et les allocations sociales sera fixé à 125,60 points.
Source : Statbel