La Sentinelle Mai-Juin 2021

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La Sentinelle Mai - Juin 2021 - n° 03

Avant-Propos

Drôle d’image : les hautes autorités de la Défense roulent des mécaniques

Périodique bimestriel de la Centrale Générale du Personnel Militaire. Éditeur responsable : Yves Huwart - Bureau de dépôt : Bruxelles X - P109013

le syndicat militaire


Avant-propos

Drôle d’image : les hautes autorités de la Défense roulent des mécaniques AVANT-PROPOS PAR YVES HUWART | PRÉSIDENT

Ces jours-ci, le commandement met toute la gomme : les mesures disciplinaires et statutaires doivent être revues, les valeurs et les normes de la Défense doivent être élargies et le screening des militaires doit être réformé. De plus, la politique de mutation et l’accompagnement psychosocial seront également adaptés. Tout cela à la suite de l'affaire ‘Jürgen Conings’ et avec comme mot d’ordre : l’armée agit virilement !

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Si seulement elle l’avait fait plus tôt pour l’accompagnement psychosocial des militaires pendant et après leurs missions... À cet égard, l’ACMP-CGPM tire la sonnette d’alarme depuis déjà bien longtemps, car cet accompagnement est depuis des années largement insuffisant. Non seulement la gravité du problème est largement sous-estimée et les ressources sont trop maigres, mais l’approche est aussi trop réactive et peu structurelle. En conséquence de quoi, de nombreux membres du personnel sont confrontés à des problèmes de santé mentale.

Le fait que les militaires soient déjà soumis à quatre régimes juridiques répressifs – le régime disciplinaire, celui des mesures statutaires, le droit pénal militaire et le droit pénal ordinaire – et que les deux premiers comptent à eux seuls 25 mesures pour agir de manière corrective, a été apparemment perdu de vue dans la panique autour du militaire fugitif. De plus, le fait que les militaires belges disposent déjà d’une ligne directrice déontologique très large, qui est l’une des plus importantes de l’OTAN dans son ensemble, est apparemment également passé très facilement sous le radar.

En revanche, rouler des mécaniques en faisant état de la réforme de la discipline de Corps, de la discipline statutaire et du cadre déontologique s’apparente à une approche “Do something, general !”. À savoir : débrouillez-vous pour au moins donner l’impression que des mesures sont prises avec détermination. Autrement dit : tirez intensément sans discernement dans tous les azimuts dans l’espoir de toucher quelque chose.

Ne serait-il pas plus logique, au lieu de vouloir réformer précipitamment, d’examiner d’abord pourquoi seules deux des vingt-cinq mesures mentionnées ci-dessus ont été appliquées dans ce dossier ? Ne serait-ce pas dû avant tout à une méconnaissance de la panoplie des instruments existants ? En outre, ne se pourrait-il pas que les diverses formes d’extrémisme dans les unités soient insuffisamment documentées et non centralisées ? Se pourrait-il que les

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hautes autorités de l’armée n’aient pas fixé les bonnes priorités ces dernières années et n’aient pas fait les bons choix dans le domaine du fonctionnement de l’appareil qu’est la Défense ? Cette optimisation proposée de la politique de mutation n’est-elle pas in fine plus une action contre les symptômes qu’une approche sur le fond ? Ne serait-il donc pas plus opportun de réformer en profondeur la fonction défaillante de supervision et de contrôle de la hiérarchie militaire ? Ne serait-il pas plus approprié de modifier de façon drastique le laxisme des mécanismes de contrôle de qualité au sein de la Défense ? Ne faudrait-il pas prendre ses distances vis-àvis de cette culture qui conduit à ce qu’un petit club fermé au sommet s’occupe des affaires et ne veut surtout pas se tirer dans les pattes ? Et ne serait-il pas urgent de mettre enfin un terme à l’absence complète de toute forme de responsabilité dans le chef du commandement militaire ? Après tout, le vrai changement commence au sommet ! 


La Sentinelle Mai - Juin 2021 - n° 03

Photo : Daniel Orban

Colophon

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Drôle d’image : les hautes autorités de la Défense roulent des mécaniques

La Sentinelle est le bimestriel de la Centrale Générale du Personnel Militaire. La Sentinelle est envoyée à tous les membres. Tirage : 8.800 exemplaires

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Accord sur l’augmentation des salaires au Comité de Négociation militaire

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Toutes les données sont traitées dans le respect de la Loi sur la vie privée (Loi du 8/12/1992 & GDPR).

L’augmentation salariale profitera aussi aux pensionnés !

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Éditeur responsable : Yves Huwart Coordination : Concetto Bandinelli et Laurent Schmitz Informations générales – CGPM : Romboutsstraat 1 – Bus 021 1932 Zaventem srt@acmp-cgpm.be www.acmp-cgpm.be Tél. : 02 245 72 14 Fax : 02 245 73 01

Le chèque-repas électronique

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Une bouteille à la mer…

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L'armée ne connait même pas l'ampleur du problème de l'extrémisme

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EUROMIL sous les feux de la rampe

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La CGPM en ordre de marche !

BE32 2100 6234 6602 BIC : GEBABEBB BE57 0682 3639 9535 BIC : GKCCBEB Photo couverture : Daniel Orban

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Statut

Accord sur l’augmentation des salaires au Comité de Négociation militaire Le syndicat militaire ACMP-CGPM tient absolument à informer clairement ses affiliés sur la revalorisation des salaires. À ce jour, des milliers d’entre vous ont déjà reçu le calcul de leur augmentation mensuelle. Ce travail colossal est nécessaire car chaque membre du syndicat militaire a le droit de savoir ce que représente pour lui l’accord du 7 mai. Entre-temps, nous avons reçu beaucoup de questions et de réactions. Nous avons soumis les plus importantes à notre Président, Yves Huwart.

Qu'est-ce que cet accord a de si spécial ? Y.H. L'amélioration des salaires, sur laquelle un accord a été conclu début mai avec Madame la ministre Ludivine Dedonder, l’autorité militaire et les syndicats militaires représentatifs, peut aisément être qualifiée ‘d’historique’. Après tout, il s'agit de la plus importante augmentation de salaire pour le personnel militaire depuis 75 ans. Les volontaires et les sous-officiers bénéficieront d'une augmentation de salaire moyenne - répartie sur l'ensemble de leur carrière - d'environ 15 %, tandis que les officiers recevront une prime comprise entre 7,5 % et 14,5 %. Même avec cette augmentation on est loin du compte, l’Etat-major aurait dû regarder la différence avec les salaires à la Police, qui sont beaucoup plus élevés. Y.H. Mais c’est exactement ce qui s’est passé ! Une firme civile indépendante a été chargée d’analyser l’alignement de nos salaires sur ceux de la Police. Dans certains cas, il est vrai que la réalité est loin des légendes qui circulent dans les casernes concernant les salaires ‘pharaoniques’ des policiers. Au final, non seulement l’écart entre les deux professions sera gommé, mais la ‘masse salariale’ des militaires va considérablement augmenter. (Voir cadre page 9.)

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Ce ‘rattrapage’ sur le plan de la rémunération était donc absolument nécessaire. La Défense paie aujourd'hui son personnel beaucoup moins que des groupes professionnels comparables, comme la Police, la Protection civile ou le secteur de la sécurité privée. Par exemple, un volontaire gagne en moyenne 331 euros (bruts) de moins par mois qu'un policier (à niveau de formation et de compétence comparables), soit un écart salarial de 13 %. Les jeunes sous-officiers gagnent 5 % de moins par mois que la catégorie correspondante de policiers, tandis que pour les sousofficiers plus âgés, cet écart salarial s'élève à plus de 20 %. Le même désavantage s'applique également aux officiers subalternes. En comparant avec le secteur privé, on constate que les volontaires gagnent plus de 600 euros (bruts) de moins par mois que la moyenne du secteur de la sécurité privée. Et que la moitié des sous-officiers gagnent en moyenne 6% de moins que le salaire médian sur le marché du travail belge. De plus, cet écart salarial s'est accru d'année en année au cours de la dernière décennie, car la dernière révision salariale pour les mi litaires remonte à près de 20 ans.


 Il n'est donc pas surprenant que les jeunes de 18 à 20 ans qui s'intéressent aux métiers de la sécurité se tournent plus volontiers vers la police, le secteur de la sécurité privée ou un autre service de sécurité que vers l'armée ? Y.H. Exact, et ce d'autant plus que la pénibilité d'un emploi comme militaire et aussi l'impact sur la vie familiale sont beaucoup plus importants à la Défense. Afin de renforcer l'attractivité de la profession militaire, de soutenir le recrutement et de contrer le départ des gens vers d'autres employeurs plus compétitifs, mais aussi pour éviter que le gouvernement continue à s’autoconcurrencer, la ministre Ludivine Dedonder a donc accepté d'assurer l’égalité des échelles barémiques entre la Défense et la Police. En d'autres termes, il s'agit d'aligner les échelles des salaires des militaires sur celles des catégories et groupes de fonctions correspondants de la Police fédérale. Comme nous l'avons déjà mentionné, un benchmark indépendant a été réalisé par une société spécialisée, dans lequel les fonctions de l'armée et de la Police ont été comparées et pondérées afin d'arriver à des groupes ‘équivalents’, de sorte que de nouvelles échelles de rémunération puissent être développées pour l'armée qui soient équivalentes à celles de la Police. Réduire l’écart avec la Police peut être une bonne chose, mais qu'en est-il si la Police, à son tour, offre des salaires plus élevés à son personnel ? Ne serons-nous pas alors à nouveau laissés pour compte ? Y.H. En plus de l'alignement prochain des salaires des militaires sur ceux de la Police, l'ACMP-CGPM a obtenu que, tous les quatre ans, une analyse comparative de l'évolution des échelles de salaires de la Défense soit faite avec celles de la Police. Le but de cette analyse est d'éviter que les salaires des militaires ne soient à nouveau à la traine par rapport à ceux de la Police. Le précédent Directeur des Ressources humaines avait annoncé que le statut de militaire serait rendu plus attractif via divers avantages extralégaux, dont un ‘plan cafétéria’, par exemple. Mais les syndicats militaires ont surtout revendiqué une augmentation de salaire ? Y.H. Absolument ! Un plan cafétéria, une indemnité

Photo : Pixabay

Le montant calculé par l’ACMP-CGPM donne une idée de ce que nos membres toucheront réellement en plus tous les mois. d’éloignement, des chèques repas, une amélioration de l'allocation de week-end, ... Autant de mesures qui sonnent bien et qui semblent attrayantes. Mais l'essentiel reste notre salaire ! L'augmentation des salaires entraîne également une augmentation du pécule de vacances, de l’allocation de fin d'année et du montant des allocations pour les exercices, l’engagement opérationnel et certaines autres allocations liées aux activités, grâce au lien avec le facteur 1.850ième. Et, contrairement à toutes les autres mesures d'augmentation du pouvoir d'achat, une augmentation de salaire est également meilleure pour le montant de votre future pension. En parlant des retraites. Cet alignement de nos rémunérations ne risque-t-il pas d'augmenter l'âge de la retraite des militaires ? Y.H. La méfiance est compréhensible. Surtout après l'annonce tragique de l'augmentation de l'âge de la retraite par le gouvernement Michel I en 2016. La confiance du personnel a alors pris un coup sans précédent. Mais notre ministre actuelle a déjà déclaré à plusieurs reprises que, pour elle, l'augmentation de l'âge de la retraite au cours de cette législature n'est pas à l'ordre du jour. Cela dit, un futur gouvernement peut toujours changer de cap. Par conséquent, il n'y a pas de certitude absolue que l'âge de la retraite restera inchangé à l'avenir. Est-ce une raison pour refuser l'augmentation, 'au cas où' ? Nous ne le pensons pas. Après tout, l'un - l'augmentation de salaire - est complètement distinct de l'autre - l'âge de la retraite. De plus, il ne faut pas perdre de vue que l'objectif est précisément de rajeunir les effectifs à la 

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La revalorisation salariale doit rétablir l’attractivité de la Défense afin de pouvoir ramener les effectifs militaires à un niveau acceptable.  Défense, d'où les 10.000 nouvelles recrues envisagées. Le relèvement de la limite d'âge irait donc totalement à l'encontre de l'objectif de rajeunissement. C’est du n’importe quoi ! Le président d’un autre syndicat a dit qu’il n’y a encore rien d’officiel, que les chiffres annoncés par la CGPM sont aléatoires. Y.H. Nous pouvons quand même supposer que les partenaires sociaux n’auraient jamais donné leur accord pour un projet sans avoir les chiffres exacts ! Ce serait comme signer un chèque en blanc et l’autorité pourrait faire ce qu’elle veut. Non, les quatre syndicats représentatifs devaient faire connaître leur point de vue pour le 7 mai dernier et ils ont tous marqué leur accord au Comité de Négociation militaire sur le texte d’un projet d’Arrêté royal (PAR), y compris les tableaux barémiques. Sauf fautes de frappe ou petites corrections sans incidence, les textes de ce PAR ne peuvent plus être modifiés sinon l’accord ne tient plus. Comme nous l’avons également précisé dans nos publications, il en est ainsi que le projet d’AR avec les nouveaux barèmes doit encore parcourir un chemin administratif et budgétaire et obtenir l’aval politique au sein du gouvernement. Mais, il n’y a pas de raison pour que l’autorité torpille le projet qu’elle a elle-même négocié. Les déclarations du président de cet autre

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syndicat selon lesquelles les chiffres de l’ACMP-CGPM relatifs au calcul de l’augmentation salariale seraient aléatoires, n’engagent que lui. Nous supposons qu’il s’est plutôt exprimé par frustration ou impuissance car nous pouvons incontestablement démontrer que nos calculs sont absolument corrects et qu’ils donnent une très bonne idée de l’augmentation que nous pouvons réellement attendre. Mais il n’y a donc que la CGPM qui donne l’augmentation. Pourquoi ? Est-ce que c’est secret ? » Y.H. Les syndicats doivent informer leurs affiliés car c’est en leur nom qu’ils signent l’accord. Dans le civil, il arrive d’ailleurs régulièrement que les partenaires sociaux soumettent les textes importants à leur ‘base’ avant de signer. L’ACMP-CGPM l’a fait aussi en soumettant les textes à son Bureau National, composé des représentants de ses affiliés. Cependant, parfois des syndicats ne publient pas tous les détails d’un accord. Vous devrez leur demander les raisons de ce choix. En tout état de cause, l'ACMP-CGPM a estimé que pour un accord aussi historique que celui-ci concernant l’augmentation des salaires, il est juste et approprié d'informer correctement nos membres sur ce que cela signifie concrètement. En particulier : quel montant supplémentaire sera 


 crédité sur leur compte bancaire chaque mois. Il n'était pas opportun de publier les 34 tableaux de salaires. Cela n'aurait par ailleurs pas eu de sens, car il faut être un véritable spécialiste des matières pécuniaires pour comprendre de tels tableaux, les interpréter et les traduire en une augmentation de salaire nette. Nous avons donc décidé d’informer chacun de nos membres de façon individuelle et confidentielle. C’est entre autres pour cela que nous avons utilisé une procédure informatique avec double confirmation (‘2FA’) : pour être certains que l’information parvenait bien à nos membres. Les autres syndicats pourraient (devraient) faire de même. Cependant, cette opération est très coûteuse en travail, en temps et en moyens. Mais encore une fois, étant donné qu'il s'agit de la plus importante augmentation de salaire pour le personnel militaire depuis plus de 75 ans, l'ACMP-CGPM a estimé que cet effort et ce service à ses membres étaient absolument nécessaires. Vol - Vrijw

OOffr - SOffr

Mais supposons que cette augmentation salariale annoncée finisse dans l’un ou l’autre tiroir, l'ACMP-CGPM n'aurait-elle pas été trop vite en besogne ? Y.H. C'est une évaluation des risques que nous avons faite. Et bien sûr, nous ne voulons pas créer de fausses attentes. Mais annoncer aux militaires qu'il y a un accord unanime au sein du Comité militaire de négociation et ne pas informer nos membres de la manière la plus complète possible n'est pas ‘notre tasse de thé’. Et s'il s'avère qu'il existe encore des ‘forces obscures’ à l'œuvre (à l'intérieur ou à l'extérieur de la Défense) qui veulent faire obstacle à cette augmentation de salaire, si nécessaire nous ne manquerons pas de les démasquer. Mais partons du principe que tous ceux qui parlent de la ‘recapitalisation du personnel militaire’ joindront aussi le geste à la parole. Les plus belles augmentations seront comme d’habitude pour les officiers. Y.H. Au contraire, les officiers supérieurs reçoivent proportionnellement une augmentation plus faible que celle des autres catégories ! Certains colonels, par exemple, ne toucheront que 14,43 € en plus, vu leur ancienneté dans le grade. Pour cette catégorie comme pour les autres, tout dépend de la différence avec le niveau équivalent à la Police. Or, en pourcentage, les officiers n’ont pas plus de retard à rattraper que les sous-officiers et les volontaires. Est-ce que vous osez dire à vos affiliés que le très grand groupe des Adjt et Adjt-Chef sont à nouveau les dupes de cette réforme ? »

Offr (Cdt)

On voit bien la différence entre le salaire actuel des militaires (courbe orange) et celui des policiers (en bleu). Le futur salaire des militaires (courbe verte) sera aligné sur celui des policiers.

Y.H. Nous ne savons pas d'où vous tenez vos informations, mais avec les textes négociés, les adjudants et adjudants-chefs obtiennent une augmentation salariale moyenne de respectivement 24% et 20%. Cela en fait l'un des groupes de grades bénéficiant des plus fortes augmentations de salaire. Dès lors, même si certains devaient juger ce résultat comme insuffisant, les pourcentages d’augmentation respectifs parlent d’eux-mêmes. Un accord de cette ampleur, vous ne le laissez pas s’échapper à cause de l’une ou l’autre question de principe. À une table de négociation, il faut toujours rester concentré sur l’objectif principal et accepter les petites colères de l'un ou  l'autre qui se sent lésé.

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 Une autre critique qui revient souvent : On va être plus taxés et au final on n’aura rien de plus ! Y.H. Rassurez-vous, le montant de l’augmentation renseigné à nos membres correspond à de l’argent en plus sur leur compte tous les mois. C’est du ‘net’ de chez ‘net’, sans astuce cachée ni petits caractères. Mais une augmentation annoncée de quelques dizaines d’euros pour un jeune volontaire, sous-officier ou officier, ça ne vaut presque pas la peine de l’attendre. Y.H. La raison est que le salaire d’un jeune volontaire, sergent ou sous-lieutenant est déjà très proche de celui d’un équivalent à la Police. Le syndicat militaire se bat pour que les militaires BDL puissent passer dans le cadre de carrière. Ils bénéficieront alors d’une augmentation très conséquente, comme vous pouvez le lire dans le cadre sur la ‘masse salariale’.

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L’écart salarial entre les militaires et les policiers d’un niveau équivalent est donc faible en début de carrière. En revanche, il croît sensiblement avec les années d’ancienneté. Les chiffres dans le cadre concernant la ‘masse salariale’ montrent que, sur l'ensemble de la carrière, il y a bien une amélioration considérable des salaires. Ceux qui pensent qu'ils font partie des moins avantagés aujourd'hui se trompent. Car ce n'est que lorsqu'on évolue dans sa carrière que l'augmentation de salaire se fait réellement sentir. Les jeunes pourront encore profiter davantage de cette augmentation de salaire. En revanche, les militaires plus âgés recevront une augmentation plus élevée, mais ils seront plus proches de la retraite et en profiteront donc moins longtemps.

aurait fort à faire pour retirer cet avantage aux militaires. D’autant que cela aggraverait encore la débâcle du personnel. Une fois qu'une augmentation salariale est accordée, elle est acquise et ne peut plus être supprimée. Ce n'est pas toujours le cas pour certaines indemnités ou allocations qui, bien que ce soit très exceptionnel, peuvent être remises en question. En ce moment, par exemple, on parle des chèques repas. Mais qui oserait prétendre aujourd'hui avec certitude que ce concept existera encore dans vingt ou trente ans ?

De toute façon, d’ici 2030 le gouvernement sera tombé, donc on n’aura rien du tout.

Avec le déficit causé par le Covid, cela n’aura jamais lieu.

Y.H. 2030 ? Pas du tout ! On va croiser les doigts mais normalement les textes devraient être publiés encore cette année car les premières augmentations sont déjà prévues pour 2022. Concrètement, en ce qui concerne le calendrier de l'augmentation salariale, l'augmentation complète à 100% est prévue à partir de début 2024. En 2022 et 2023, une augmentation partielle des salaires est déjà prévue à un taux d'environ 43% de l'augmentation totale qui s'appliquera en 2024. Après cela, un hypothétique nouveau gouvernement

Y.H. Relisez l’article ‘La Défense, moteur de relance’ publié dans La Sentinelle précédente (Mars-Avril). Vous comprendrez pourquoi investir dans les militaires est aujourd’hui un des meilleurs moyens de soutenir l’économie belge. L'augmentation du pouvoir d'achat du personnel militaire a un impact sur le comportement de consommation de la communauté militaire et donc sur l'économie qu'il ne faut pas sous-estimer. Investir dans le personnel est donc aussi un investissement utile. 

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Photo : Daniel Orban


 Une fois de plus on n’a pas pensé aux pensionnés, il n’y en a que pour les militaires d’active ! Y.H. Cette amélioration est une bonne nouvelle pour tous ! Les pensionnés aussi bénéficieront des conséquences de cette augmentation, grâce au mécanisme de la ‘péréquation’. (Voyez l’article à ce sujet en page 10.) Oui, mais tout ça va coûter une fortune à la Défense. Et certains disent que la Défense n’a pas les moyens.

Il s'agit donc d'un facteur qui a été pris en compte. Le coût de l’augmentation salariale peut donc être absorbé dans le budget de la Défense. Un budget qui, selon les prévisions budgétaires pluriannuelles (du comité de Monitoring), devrait augmenter de plus de 15% d'ici la fin du mandat de ce gouvernement. Nous reconnaissons que cela ne sera peut-être pas facile et qu'il faudra faire certains choix, mais si nous voulons donner la priorité au personnel (People Our Priority), ces choix devront être faits. Et pour résoudre le problème du personnel de la Défense, il est grand temps d’agir ! C'est donc maintenant ou jamais ! 

Y.H. Les coûts de cette augmentation de salaire ont été calculés avec précision par l'État-major de la Défense et sont donc connus. En outre, ces montants étaient sur la table lors des négociations avec les syndicats.

Augmentation de la masse salariale La masse salariale est la somme de tous les traitements mensuels bruts indexés que vous recevez tout au long de votre carrière à la Défense. Ci-dessous, nous vous donnons quelques exemples qui illustrent comment la masse salariale augmentera à la suite de l’alignement des traitements militaires sur ceux de la catégorie de personnel de la Police correspondante (montants bruts indexés) : − La masse salariale d’un volontaire qui s’engage à 18 ans et qui reste à la Défense jusqu’à l'âge de 56 ans, augmentera de 177.194 € bruts. − La masse salariale d’un sous-officier qui s’engage à 18 ans et qui prend sa retraite comme adjudant à l’âge de 56 ans, augmente de 278.102 € bruts. − La masse salariale d’un sous-officier qui s’engage à 18 ans et qui prend sa retraite comme adjudant-major à l’âge de 56 ans, augmente de 271.039 € bruts. − La masse salariale d’un officier dont la carrière pécuniaire débute à 22 ans et qui prend sa retraite comme capitaine-commandant à 56 ans, augmente de 375.090 € bruts. Bien qu’il soit question de montants bruts, ils constituent toutefois une bonne indication de l’augmen-

tation du pouvoir d’achat des militaires. Pour un membre du personnel qui se construit une carrière complète à la Défense, l’augmentation réelle du pouvoir d’achat équivaut – selon la préférence de l’intéressé – à une demi-maison, à plusieurs belles voitures ou à beaucoup d’argent supplémentaire sur le compte d’épargne.

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Statut

L’augmentation salariale profitera aussi aux pensionnés ! L’augmentation salariale en cours ne concerne pas que les militaires du cadre actif ! Dès la communication de cet accord historique, nos membres pensionnés nous ont demandé si leur pension allait aussi augmenter. La réponse est ‘Oui, via la péréquation !’ La péréquation L’adaptation du montant de la pension d’un militaire pensionné afin de suivre l’évolution des rémunérations des militaires du cadre actif s’appelle ‘la péréquation’. Ainsi, il est créé un indéfectible lien de solidarité entre les actifs et les pensionnés ; cela ne peut en aucun cas être remis en question ! Le mécanisme de péréquation se fonde sur la notion de corbeilles. En effet, chaque pension de retraite ou de survie du régime des fonctionnaires est rattachée à une corbeille bien précise. Ainsi, pour les militaires pensionnés, ils appartiennent à la corbeille ‘12’, celle des ‘Forces armées’. Ce concept a été mis en œuvre pour la première fois en 2009 (basé sur la période de référence s’étendant du 1er janvier 2007 au 31 décembre 2008 inclus). Toutes les pensions (de retraite et de survie) d'une même corbeille sont automatiquement majorées d'un pourcentage bien précis au terme de chaque période de référence de 2 ans.

de vacances ; de la prime de fin d'année. Ainsi, la dernière péréquation date du 1er janvier 2021. Elle portait sur les années 2019 et 2020 (période de référence de 2 ans et résulte du rapport entre la rémunération globale au 31/12/2018 et celle au 31/12/2020). Pour la corbeille ‘Forces armées’, ce pourcentage a été de… 0 % ! Sur base de la législation actuelle, le mécanisme de la péréquation fera bel et bien son œuvre. Les militaires pensionnés et les personnes bénéficiant d’une pension de survie n’ont pas à en douter. Ainsi, si les salaires (traitements) augmentent en 2022, le système de la péréquation pour les militaires retraités sera appliqué au 1er janvier 2023. Il prendra en compte la période de référence allant du 31 décembre 2020 au 31 décembre 2022 et le rapport entre la rémunération globale fin 2020 et celle de fin 2022. La péréquation sera aussi activée au 1er janvier 2025, selon le même principe.

ces deux dates-clefs. Un même pourcentage d’augmentation sera appliqué à tous les pensionnés et ce, quel que soit leur grade, leur carrière, etc. Pour rappel, ce nouveau système a été mis en place depuis 2009 et l’ancien régime (auquel certains pensionnés font encore référence : liaison à l’ancien grade et en rapport avec l’échelle barémique du militaire du cadre actif dans ce grade) a été aboli. Donc, oui, les militaires pensionnés profitent aussi de la revalorisation salariale des militaires du cadre actif via le mécanisme de la péréquation. Le projet actuellement sur la table prévoit une augmentation graduelle entre le 1er janvier 2022 et le 1er janvier 2024. Il est cependant actuellement bien trop tôt pour pouvoir dire exactement de combien les retraites vont augmenter. Dès que nous en saurons plus concernant les pourcentages d’augmentation, nous ne manquerons pas d’informer nos membres à la retraite, comme nous l’avons fait pour les collègues en service actif. 

Tous dans le même panier Ce pourcentage est déterminé par corbeille sur la base des augmentations : des maximas des échelles barémiques ; de certains suppléments de traitement ; du pécule

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Vu qu’il est question de la corbeille ‘Forces armées’, l’augmentation sera la même pour l’ensemble des militaires pensionnés lors de

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Statut

Le chèque-repas électronique Un avantage supplémentaire au profit des militaires en service actif est prévu au courant du second semestre 2021 : le chèque-repas électronique. Il est essentiel d’en décortiquer les modalités pratiques afin que chaque militaire sache s’il en bénéficie ou non. Le chèque-repas doit renforcer l’attractivité des carrières à la Défense. Il représente un avantage exonéré d’impôt, pour autant que certaines conditions soient remplies. Ainsi, le militaire doit payer une partie (1,09€) de sa poche. Comme la Défense a fixé le montant du chèque-repas à 6,00 €, le militaire recevra 4,91 € ‘nets’ par chèque-repas. Son compte chèques-repas sera crédité de 6,00 € et 1,09 € seront retirés de son traitement mensuel. Le calcul se fera mensuellement selon le nombre de jours de prestation du mois précédent. Le montant de 6,00 € n’est pas indexé. Il sera versé sur la carte digitale personnelle de l’ayant-droit. Tout (candidat) militaire, en service actif (aussi le militaire du cadre de réserve en PVE ou en rappel) pourra en bénéficier. Le candidat militaire dans la sous-position ‘en formation’ ne recevra pas de chèque-repas, sauf pendant un stage ou une période d’attente. Exclusions Comme il est question d’un chèque ‘repas’, il en découle que le militaire qui a le bénéfice du régime ‘nourriture gratuite’, n’y a pas droit. Il s’agit des militaires en sous-position ‘en service intensif’, ‘en assistance’, ‘en engagement opérationnel’ ou ‘en appui militaire’.

Photo : Braekevelt Jürgen

Les collègues travaillant dans un organisme international ou interallié à l’étranger ne reçoivent pas de chèques-repas. Ces collègues bénéficient d’un système d’indemnité spécifique. Si ces militaires effectuent un déplacement en Belgique, ils seront indemnisés comme prévu par les dispositions pécuniaires. Pour calculer le nombre de chèques-repas par mois, il faut comptabiliser chaque jour calendrier (aussi les jours fériés, les samedis et les dimanches) pendant lequel le militaire a effectué une prestation et ce, quelle que soit sa durée. Donc, dès la première seconde de la prestation. Même si, dans la foulée, le militaire est en absence justifiée (absence pour motif de santé, congé, récup, …). Par exemple, si une prestation débute à 23Hr30 et se termine une heure plus tard, deux chèques-repas sont octroyés. Un militaire en travail en équipe a droit à deux chèques-repas. Le militaire de la garde profession-

nelle reçoit deux chèques-repas, dès que sa prestation couvre deux jours calendrier distincts. Même si certains pensent que trois chèques auraient dû être attribués dans ce cas de figure, les autorités n’ont pas suivi cette piste pendant les négociations. En revanche, le travail à distance (télétravail ou travail à domicile) est accepté, puisqu’il est question de prestation de service. Il n’y a par contre pas de chèque-repas si le personnel ne travaille pas (congé, AMS, ...). Particularité Le militaire (à l’exception des officiers supérieurs et officiers généraux) qui effectue un déplacement de service ‘sur ordre de marche’, reçoit un chèque-repas pour le jour de prestation. Si l’indemnisation de l’ordre de marche dépasse le montant du chèque-repas (4,91€), le militaire touche en plus la différence entre les 4,91 € et l’indemnité complète. 

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Opinion

Une bouteille à la mer… Récemment, un de nos délégués a envoyé un courrier poignant au commandant de la Marine. Il est peu courant qu’un sous-officier s’adresse à un officier général, mais la Marine belge est une organisation professionnelle et une grande famille où l’avis de chacun est apprécié. Cette lettre est l’occasion de faire le point sur les défis rencontrés par nos équipages. Notre délégué était d’accord de partager son message avec la communauté de la CGPM.

« Amiral, Merci pour votre venue ici à Abu Dhabi à bord du Léopold. Étant de quart, je n’ai malheureusement pas pu vous faire part directement de mes préoccupations et d’un certain état d’esprit ici à bord, et probablement à plus large échelle, à bord de beaucoup d’unités navigantes de la Marine. Je me permets donc de vous les faire parvenir par mail, dans un esprit constructif, en espérant retenir votre attention. » « Au sortir de votre speech, j’étais personnellement, comme beaucoup de mes collègues, frustré, presque en colère. J’aurais aimé partager votre enthousiasme et votre fierté, mais malheureusement ces sentiments sont très loin de prédominer au sein de l’équipage ! Comme vous l’avez souligné, la dernière année a été rude pour beaucoup, et certainement ici à bord du Léopold. Certes nous ne sommes pas les plus à plaindre, lorsque l’on voit l’investissement du personnel hospitalier au quotidien en Belgique par exemple. Cependant, force est de constater que déjà depuis trop longtemps, la Marine demande à ses équipages un investissement énorme et une flexibilité qui semble sans fin. Des programmes imprévisibles, sans cesse changeants, une planification familiale difficile, même pour de petites choses très simples. Des dates de départ et de retour qui changent encore la semaine précédant ceux-ci. Un manque total de visibilité sur le plan d’une carrière, avec une rotation beaucoup trop

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rapide dans certaines fonctions […] qui se traduit par des départs forcés à quai après moins d’un an et demi à bord, tandis que d’autres doivent sauter d’un navire à l’autre afin de combler les trous, sans possibilités de réorientation, de passage à quai, car ils sont ‘personnel clé’. » « Cette année de corona n’aura en aucun cas vu le programme opérationnel du Léopold être adapté. Nous sommes partis depuis début février, dans des conditions difficiles au vu des quarantaines éprouvantes à ajouter au programme déjà chargé. Nous en sommes à la quatrième quarantaine (!) de deux semaines pour le Léopold, soit huit semaines pendant lesquelles nous avons dû être au maximum distants de nos propres familles, manger et dormir séparément, ne pas sortir, ne voir personne, … Un investissement déjà moralement immense (et pourtant suivi, au vu des résultats de chacune de ces quarantaines). Quarantaine qui nous aura empêchés de préparer correctement le navire sur le plan technique. En 2021, nous serons donc 7 mois en mer, dont 6 en opération (GAN + Formidable Shield + SNMG1), auxquels il faut rajouter les deux fois un mois de période de maintenance à Den Helder, soit 9 mois loin de la maison !!! Car NON, à l’inverse de ce que vous vouliez nous dire, nous ne serons pas enfin en congé après la fête des 75 ans de la Marine à Anvers, mais bien à Den Helder pour encore au moins un mois, pendant lequel l’équipage et principalement les techniciens auront la lourde tâche de préparer le  prochain départ. »


Photo : Marine Nationale

 « Nous sommes militaires certes, et avons appris, parfois malgré nous, à être flexibles, à surmonter les imprévus, vivre avec les changements. Ceux-ci cependant se supportent lorsqu’ils sont l’exception, comme cette période corona, et non la règle, année après année. Sauf qu’ici, la flexibilité aura été exacerbée, en en demandant toujours plus aux équipages, avec moins de temps, moins de ressources, et moins de divertissements (pour ce qu’il en reste encore…). J’ose imaginer que vous comprendrez que le résultat est surtout : beaucoup moins de motivation ! Je ne suis personnellement ici à bord que depuis peu (trois ans), mais je peux vous affirmer que je n’ai jamais vu un moral aussi bas, une telle lassitude au sein de l’équipage, avec une seule idée en tête : rentrer à la maison. […] On atteint ici un sommet dommageable, et je trouve qu’il est important que vous en soyez informé. Vous nous disiez : « À la guerre comme à la guerre ». Certes, la situation actuelle justifie des mesures particulières. Mais la guerre nécessite aussi des ressources. […] Je rêve d’une Marine où les gens se rendront au boulot à nouveau par l’envie du job et l’appel de la mer, et pas

en trainant les pieds, avec comme seule consolation l’argent gagné. […] » « Amiral, les remerciements et autres félicitations […] n’apportent aujourd’hui plus aucun réconfort. Les paroles sont belles, mais qu’en sera-t-il d’une réelle reconnaissance de ce travail accompli que vous vantez tant ? Croyez-moi, nous aimerions pouvoir en être aussi fiers que vous, mais les sentiments partagés ici au sein de l’équipage sont loin d’être ceux-ci. Amiral, redonnez-nous aujourd’hui une envie de naviguer et de servir, une raison de quitter si longtemps nos familles chaque année, de continuer à nous priver d’autant de moments importants […]. À l’heure d’écrire les programmes opérationnels de l’année prochaine et des années futures, qui nous l’espérons rendront à nouveau la liberté aux marins en escale (ce qui devient plus que primordial), donnez-nous une raison de partir. Vous ne pouvez semble-t-il nous payer plus, ou nous donner plus de congés (si nous pouvions les prendre, ce serait en effet plutôt pas mal), mais vous pouvez en tenir compte pour […] nous permettre de dire à 

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Photo : Fleur Huyghe

 nouveau réellement « Join the Navy, See the World ». Pour éviter de nous ‘remotiver’ d’un énième SNMG1 Brest – Plymouth – Den Helder. Pour pouvoir tout simplement ramener de vrais souvenirs et histoires à nos familles, tels les vieux briscards avant nous. » « Amiral, comment allez-vous donc tenir compte de cet investissement passé et présent, et donner enfin aux marins la reconnaissance qu’ils méritent ? »

La ‘bouteille à la mer’ de notre délégué a retenu toute l’attention de l’amiral, qui lui a répondu en privé, de façon franche et cordiale. Le NCC a cependant préféré garder sa réponse en ‘petit comité’. Au vu de ce témoignage, le syndicat militaire ACMP-CGPM invite les autorités politiques à limiter d’urgence la Marine à un niveau d’ambition plus raisonnable pour les équipages. Car le citron pressé aujourd’hui ne donnera plus de jus demain. Sans parler des accidents qui peuvent découler d’une telle fatigue morale et physique. Nous appelons aussi nos dirigeants militaires à avoir le courage de parfois dire « Non » pour protéger les hommes et femmes dont ils ont la charge. Aujourd’hui, nos chefs se disent fiers de leur personnel. Nous espérons que demain, le personnel pourra dire qu’il est fier de ses chefs. 

Photo : Devi Corteel

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Opinion

L'armée ne connait même pas l'ampleur du problème de l'extrémisme Suite à l’affaire Conings, le magazine Knack a publié un éditorial rédigé par le colonel e.r. Roger Housen, conseiller stratégique de l’ACMP-CGPM. Roger a basé son analyse sur ses années d’expérience aux plus hauts niveaux de la Défense mais aussi ‘en connaissance de cause’, puisqu’il a lui-même été Chef de Corps d’un bataillon d’infanterie à Bourg-Léopold. Son texte (ci-dessous) replace les événements dans leur contexte. Le cas du militaire en fuite qui se révèle être un extrémiste potentiellement violent met en lumière une ancienne préoccupation concernant la présence d'extrémistes dans les Forces armées. En 1997 déjà, le ministre de la Défense Jean-Pol Poncelet avait mis en garde contre la ‘peste brune’ dans les Forces armées, autrement dit les racistes et les fascistes. Près d'un quart de siècle plus tard, l'armée semble avoir à nouveau les mains liées et parait incapable de traiter le problème de manière adéquate. En 1997 déjà, le ministre de la Défense de l'époque, Jean-Pol Poncelet, avait mis en garde contre la ‘peste brune’ dans les Forces armées, autrement dit les racistes et les fascistes. Dans sa lutte contre l'extrémisme au sein de son personnel, la Défense s'efforce tout d'abord de répondre à une question fondamentale : combien sont-ils ? S'agit-il de la "trentaine d'extrémistes" évoquée par le patron du service

de renseignement et de sécurité militaire ? S'agit-il seulement des militaires qui sont sur la liste de l'OCAM ? Ou y en a-t-il d'autres et combien ? On peut craindre que la Défense ne connaisse pas l'ampleur exacte du problème. Il est peut-être plus important que ce que les militaires veulent bien admettre, mais peut-être beaucoup moins que ce que la couverture médiatique semble suggérer. L'incidence des diverses formes d'extrémisme dans les unités n'est tout simplement pas assez documentée et ne fait pas l'objet d'un suivi centralisé. L'une des raisons de la compréhension limitée du problème par l'armée est que les règles actuelles permettent aux militaires de devenir membres d'organisations extrémistes, tant qu'ils ne deviennent pas des membres ‘actifs’ qui, par exemple, collectent des fonds, recrutent ou participent à des activités interdites. Cette distinction est basée sur les droits fondamentaux dont jouit chaque Belge, mais elle signifie que les adhérents de

groupes extrémistes peuvent souvent passer inaperçus. Grenouille verte Si les gens publient des informations de manière anonyme sur des forums et qu'ils n’en parlent pas sur leur lieu de travail, vous pouvez difficilement les punir pour cela. De nombreuses personnes expriment des opinions radicales sur les médias sociaux ; il en va de même pour certains militaires. Mais ils ne montrent pas vraiment ce comportement sur le champ de tir ou pendant les manœuvres. On ne leur pose donc pas non plus de questions. En outre, les infractions mineures, qui peuvent donner lieu à des réprimandes verbales ou à des mesures disciplinaires, sont traitées par les commandants locaux et ne doivent pas être 

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 signalées via la chaîne de commandement. Plus importante encore est la difficulté d'établir une définition commune de l'extrémisme que les commandants militaires peuvent utiliser pour détecter le phénomène. Ce défi est aggravé par l'évolution rapide de l'écosystème des groupes extrémistes, des symboles et de l'accès aux technologies. Afin de reconnaître efficacement les signes d'idéologie extrémiste, les chefs militaires devraient se familiariser davantage avec les signes extérieurs pertinents tels que les drapeaux, les écussons ou les tatouages. La création à l’armée d'une base de données des tatouages et symboles pourrait y contribuer. Tout le monde sait ce qu'est une croix gammée, mais il est douteux que tout le monde sache ce qu'est Pepe, le ‘mème’ de la grenouille verte associé à l'idéologie suprématiste blanche. Un autre problème est que l'évaluation de la menace n'est pas si évidente pour un commandant d'unité. Après tout, les extrémistes sont souvent discrets sur leurs opinions. En outre, il existe

une directive de la Défense selon laquelle les commandants doivent ‘sensibiliser’ leur personnel qui serait membre d'organisations à la réputation mauvaise ou douteuse. Cependant, il n'existe pas de définition ou de liste précise de ces types d'organisations. Police de la pensée Les obstacles juridiques à la mise en place d'une réponse adéquate à l'extrémisme constituent un autre problème. Les militaires doivent-ils être punis ou renvoyés de l'armée uniquement sur la base de leurs croyances ? Et cela peut-il être fait de manière constitutionnelle ? Si vous essayez de criminaliser les pensées et les croyances, tous les avocats du pays monteront au créneau. Nous devons donc réfléchir soigneusement et faire attention lorsque nous soulevons la question de la limitation des droits et protections constitutionnels. Il ne faut donc pas tomber dans le piège de la ‘police de la pensée’. Pendant mon commandement d'unité de combat, j'ai dit à mes subordonnés qu'il ne s'agit pas de les classer en tant qu'individu, et encore moins de ce qui

Photo : Pixabay

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se trouve entre leurs oreilles. Mais qu'il s'agit de ce qu’ils font avec ce qui se trouve entre leurs oreilles. Il s'agit des interactions et des comportements qui sont inspirés ou influencés par une idéologie - dans ce cas, l'extrémisme. Il s'agit donc d'actions. Et lorsque celles-ci sont illégales, le militaire en question doit être puni. Si les chefs militaires ne combattent pas ces problèmes dans les rangs, alors il faut de nouveaux leaders. Les appels politiques pour une action stricte contre l'extrémisme à la Défense sont désormais lancés. C'était la partie facile. Tout comme ce sera un jeu d'enfant de mettre en place de nouvelles procédures concernant l'accès aux armes et aux munitions. Le travail difficile vient après : comment clarifier toutes ces zones d'ombre concernant la détection, la prévention et la lutte contre l'extrémisme au sein de la Défense, tout en maintenant un juste équilibre entre les droits constitutionnels et la menace que représentent les mouvements extrémistes prônant des idées racistes, misogynes ou antidémocratiques ? La question du leadership est tout aussi difficile : un commandant qui vous dit qu'il n'y a pas de problème ne sait vraiment pas ce qui se passe dans sa propre unité. Donc, si les chefs militaires ne combattent pas ces problèmes dans les rangs, alors il faut de nouveaux leaders. 


Euromil

EUROMIL sous les feux de la rampe Le syndicat militaire ACMP-CGPM était présent au 6e congrès d’EUROMIL le 22 avril dernier. À cette occasion, Euromil a donné une vue d'ensemble des activités et actions entreprises au cours des cinq dernières années. L’organisation a aussi présenté la direction de ses activités futures. L'occasion idéale de mettre EUROMIL sous les feux de la rampe. EUROMIL est une organisation qui chapeaute 33 syndicats et associations militaires de 21 pays européens, de la Roumanie à l'est à l'Irlande à l'ouest et de la Suède au nord à Chypre au sud. Il s'agit du principal forum européen de coopération entre les syndicats et les associations de militaires. Elle a été fondée en 1972 et l'ACMP-CGPM en fait partie depuis plus de 30 ans, comme seul représentant de la communauté militaire belge au plan international. EUROMIL s'engage à promouvoir et à améliorer au niveau européen les droits de l'Homme, les libertés fondamentales et les intérêts socioprofessionnels de l'ensemble du personnel militaire. L'élargissement et l'approfondissement des droits du personnel militaire dans le cadre des conditions d'emploi est l'un des fers de lance de ses activités. L'organisation fonctionne également comme un forum pour l'échange d'informations, d'expériences et de bonnes pratiques entre ses membres. EUROMIL représente également ses membres auprès des institutions supranationales telles que l'UE et l'OTAN, fait du lobbying à ce niveau pour les intérêts du personnel militaire et soutient activement ses organisations membres dans les dossiers de principe et les dossiers importants auprès des autorités nationales respectives.

Photo : Euromil

Le Congrès est la plus haute instance de décision d'EUROMIL. Il se réunit tous les quatre ans et est composé proportionnellement de représentants des syndicats et des associations de militaires appartenant sous pavillon EUROMIL. Le Congrès discute des travaux d'EUROMIL et établit, entre autres, ses objectifs à long terme et sa direction de marche. Il élit également le Président et le bureau exécutif (‘Board’). Les activités d'EUROMIL couvrent quatre domaines stratégiques : les droits fondamentaux, les affaires sociales, la sécurité et la défense et le soutien aux organisations membres. En ce qui concerne le domaine des droits fondamentaux, EUROMIL s'est consacrée ces dernières années, entre autres, à l'amélioration de la liberté d'expression et de la liberté de religion pour le personnel militaire. Ceci a été fait en coopération avec l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE). D'autres actions menées en collaboration avec

l'OSCE ont porté sur le droit à une prise en charge médicale et psychologique de qualité pour le personnel militaire - en utilisant la pandémie comme ‘levier’ -, sur les conditions de travail du personnel de la Défense et sur un soutien adéquat aux vétérans. EUROMIL a travaillé sur l'amélioration du traitement des plaintes contre les violations de la Charte Sociale Européenne ainsi que sur la lutte contre le sexisme et la discrimination sexuelle dans les Forces armées, en partenariat avec le Conseil de l'Europe. De plus, EUROMIL a contribué à ce qu'une institution européenne reconnaisse explicitement le droit d'association pour le personnel militaire (c’est-àdire : ‘adhérer à un syndicat’). En outre, des actions ont été entreprises au Parlement européen pour étendre la protection des lanceurs d'alerte et pour améliorer la position des femmes militaires et celle des personnes LGBT dans l'armée. Ce dernier thème fait également partie du travail d'EUROMIL avec l'OTAN. 

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 Enfin, EUROMIL a également mené des travaux sur les droits de l'Homme avec les Nations-Unies (notamment sur la santé mentale du personnel militaire, les groupes militaires privés et la discrimination sexuelle) et d'autres organisations et groupes de réflexion, par exemple sur le "leadership inclusif dans le secteur de la sécurité". En ce qui concerne les affaires sociales, EUROMIL œuvre sur le bienêtre au travail et la réglementation du temps de travail et entreprend des actions visant à améliorer le soutien aux militaires et anciens militaires souffrant de problèmes mentaux et de PTSD. Sans oublier les campagnes pour une rémunération équitable et de meilleures conditions de travail pour le personnel militaire. EUROMIL a aussi collaboré avec le European Policy Center sur l'impact sur le personnel des changements technologiques dans le domaine de la sécurité et de la défense. Enfin, on peut mentionner qu'EUROMIL a collaboré, entre autres, avec l'organisation de tutelle des organisations européennes de police, celles des services publics européens et avec la confédération européenne des syndicats dans les domaines des normes sociales et du personnel de sécurité en Europe. Dans le domaine de la "sécurité et de la défense", EUROMIL a apporté ces dernières années des contributions aux institutions européennes concernant la nécessité d'une plus

Photo : Patrick Brion

grande harmonisation et standardisation des armées européennes, l'éducation et la formation dans le domaine de la cyberdéfense et le rôle des Forces armées dans la lutte contre la pandémie. Avec d'autres organisations européennes et des institutions (semi-)privées, EUROMIL a mené des travaux sur, entre autres, la PESCO (coopération structurée permanente dans le domaine de la défense), le rôle d'un ‘Erasmus militaire’ et les contributions militaires à la sécurité intérieure des États membres de l'UE. EUROMIL est également un partenaire de la Conférence de Sécurité de Berlin et a apporté des idées sur le recrutement et la rétention du personnel militaire. D'autres activités portent sur les futurs défis de sécurité en Europe, la dimension sécuritaire du réchauffement climatique et le suivi des réunions de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN. Le dernier point, mais non le moindre, est le travail d'EUROMIL en faveur de ses 33 organisations

Photo : Bordignon Vincent

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membres. Cela va du soutien ponctuel aux dossiers nationaux par pays, tels que les conventions collectives, les règles relatives au temps de travail, la liberté d'association et les droits syndicaux, l'égalité des sexes et les dépenses de Défense. Mais aussi les prises de position sur la rémunération équitable, le droit de grève pour le personnel militaire, l'extrémisme dans les Forces armées, le soutien aux vétérans, la réalisation d'études et d'enquêtes sur les droits fondamentaux et sociaux du personnel militaire et à l'échange d'informations avec les organisations membres. Concernant ce dernier point, il faut mentionner que l'ACMP-CGPM a obtenu des informations importantes via EUROMIL pour soutenir notre position dans le dossier de l'amélioration des salaires. En ce qui concerne ses activités futures, EUROMIL devra certainement jouer son rôle dans la gestion des conséquences de la crise de la Covid pour les organisations de défense (notamment en ce qui concerne les conséquences budgétaires), la poursuite de l'intégration européenne de la Défense et une plus grande autonomie stratégique européenne, les prochaines étapes pour améliorer les droits fondamentaux et sociaux du personnel militaire et la poursuite du soutien aux organisations membres. 


NAISSANCES

KAMIL – 20/12/2019 Dans la famille de Joris VANDER BIEST (Uccle) TOM – 24/04/2020 Dans la famille de Charles BLERET (Ottignies-LLN) SILKE – 17/07/2020 Dans la famille de Diederik PETERS (Sint-Niklaas) LUNA – 18/01/2021 Dans la famille de Redouan OUARRANA (La Louvière)

MARIAGES

10/08/2018 THEUNIS Michael et JANSSENS Cheryl (Scherpenheuvel-Zichem (Par cohabitation légale) 23/08/2019 PETERS Diederik et VERHULST Talitha (Sint-Niklaas) (Par cohabitation légale) 24/08/2019 JACOBS Jo et BORMANS Laurence (Hoeselt)

AUXENCE – 27/01/2021 Dans la famille de Emeric ROOS (Charleroi)

05/09/2019 BOONE William et Anja VANACKER (Langemark-Poelkapelle) (Par cohabitation légale)

NOAH – 03/02/2021 Dans la famille de Antoine DUJARDIN (Anderlecht)

20/06/2020 CORNET Daniel et BIERSARD Marie-Thérèse (Visé)

FEMKE – 28/02/2021 Dans la famille de Ludo SCHONK (Vilvorde)

10/10/2020 STARCEVIC Alix et ENGELS Killian (Eghezée) (Par cohabitation légale)

ALF – 11/03/2021 Dans la famille de Sam MOLLET (Wilrijk) HENRY – 16/03/2021 Dans la famille de Mylan MAHIEU (Liège) KASPER – 19/03/2021 Dans la famille de Tijl VANDEN MEERSCH (Asse) AMÉLIE – 09/04/2021 Dans la famille de DEDECKERE Xavier (Anvers)

19/12/2020 WERELDS Maarten et GIJBELS Dethe (Lummen) 10/02/2021 ANTHONI Erwin et TIELEMANS Marianne (Herentals) (Par cohabitation légale) 13/02/2021 CUPERS Marc et Jessica DUROISIN (Spa) 19/02/2021 NOTEBAERT Lieze et VANOPPEN Pascal (Bredene)

NECROLOGIE

DE GRAVE WALTER (Scherpenheuvel-Zichem) 1934 - 17/11/2020 CLARISSE JURGEN (Heusden-Zolder) 1963 - 07/03/2021 AUGUSTER ADRIEN (Liège) 1993 - 12/03/2021 BATAILLE RAYMOND (Zwijndrecht) 1943 - 18/03/2021

Indice des prix à la consommation - Mars : 110,51 points - Avril : 110,88 points - Mai : 111,05 points

Indice santé - Mars : 110,56 points - Avril : 110,93 points - Mai : 110,99 points L’indice santé lissé s'élève en mai 2021 à 108,50 points. L’indice-pivot pour la Fonction publique et les allocations sociales, fixé à 109,34 points, n’est donc pas atteint. Le précédent dépassement de l'indice-pivot remonte à février 2020.

Source : Statbel

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PRIME SYNDICALE POUR L’ANNEE DE REFERENCE 2020 Le formulaire original (donc pas de fax ni d’email avec en annexe le formulaire scanné) doit être complété et envoyé AVANT le 15 septembre 2021 (dernier délai) à : ACMP-CGPM, Romboutsstraat 1 – Bus 021, 1932 ZAVENTEM.

Ne tardez pas à envoyer votre formulaire ! Dans les trois mois qui suivront la date de réception du formulaire de demande au Secrétariat permanent de l’ACMP-CGPM, nous ferons le nécessaire pour exécuter le paiement de la prime (12 mois complets d’affiliation = 90 euros).

La CGPM en ordre de marche ! Covid oblige, les éditions 2020 de la MESA et des Quatre Jours de l’Yser avaient dû raccrocher les crampons. Un an et une campagne de vaccination plus tard, ces deux événements majeurs de l’été militaire reviennent au pas de charge. La CGPM y participe ! Les Quatre jours de l’Yser Cette marche internationale de la Défense se tiendra du 17 au 20 août 2021 pour sa 48e édition. Chaque année, près de 10.000 marcheurs militaires et civils y participent. Cette fois encore, pour la 20e fois d’affilée, un peloton de marcheurs est inscrit sous la bannière de l’ACMP-CGPM. Pour plus d’infos, surfez sur : https://www.vierdaagse.be/fr/index.html Les membres qui désirent rejoindre notre peloton peuvent contacter Filip Duquesne au 0476/28 89 89 ou filip.duquesne@gmail.com La MESA La Marche Européenne du Souvenir et de l’Amitié (MESA) a lieu cette année du 22 au 25 juin, entre Marche-en-Famenne, Saint-Hubert, Bastogne et Durbuy. Chaque jour de cette 54e édition, les participants peuvent choisir entre des parcours de 8, 16, 24 ou 32 km.

Photo : Concetto Bandinelli

Comme en 2019 et 2020, l’ACMP-CGPM sponsorise l’événement. Nos délégués plantent leur stand dans la zone des départs et arrivées. Consultez le site de l’organisation pour plus d’infos : http://www.marche-mesa.com/ Chaque marche est un grand moment de fraternité et l’occasion de découvrir une région magnifique et accueillante de notre pays, avec l’ACMP-CGPM, bien sûr ! 


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