Quand le renard prêche...
AVANT-PROPOS PAR YVES HUWART | PRÉSIDENTDébut avril, le Premier ministre De Croo expliquait dans les médias que ce gouvernement voulait encore ‘prendre les initiatives suivantes dans la réforme des retraites’.
Il fait référence, entre autres, au régime de retraite des militaires. Il veut s'attaquer à cette ‘chasse gardée’ et instaurer un ‘système équitable’. Cette déclaration m'a fait penser à l’adage : « Quand le renard prêche, gare à vos oies ».
Après tout, ce proverbe avertit de ne pas se laisser endormir par de belles paroles et que c’est à ce moment-là qu’il faut rester vigilant. Pour Alexander De Croo, un ‘système équitable’ signifie avant tout une durée de carrière effective d’au moins 42 à 43 ans, y compris pour les militaires. De plus, les déclarations ultérieures dans les médias montrent que tous les partis gouvernementaux sont sur la même longueur d’onde, à l’exception des socialistes (francophones) qui veulent préserver le système actuel de retraite des militaires.
Mais qu'entendent De Croo et ses collègues réformateurs des retraites à la rue de la Loi par un ‘système équitable’ pour les militaires ? Cela signifierait-il que les militaires aient également accès au deuxième pilier de la pension ? Il s’agit de la pension complémentaire, (co-) financée par l’employeur sous la forme d’un plan de pension ou d’une assurance de groupe, mais dont les militaires sont exclus. Les salariés du privé, les indépendants et les fonctionnaires contractuels ont bel et bien accès à cette pension complémentaire.
Dans ce cas, avec un ‘système équitable’, auraient-ils également à l’esprit que le régime fiscal favorable pour ce deuxième pilier - un taux d’imposition bien inférieur à celui de la pension légale (le premier pilier) – vaudrait aussi pour les militaires ?
Avec un ‘système équitable’, le montant de la pension serait-il déterminé sur la base de tous les salaires des militaires et donc pas seulement calculé sur le traitement ? L'allocation de carrière ou certaines allocations de qualification – qui constituent une partie essentielle du salaire – compteraient-elles alors dans le calcul de la pension ? Ou ce ‘système équitable’ ne vise-t-il sur-
tout qu’à travailler plus longtemps pour un montant de pension inférieur ?
Ce ‘système équitable’ aurait-il aussi comme objectif que le barème des contributions de retraite au cours de la carrière active soit fixé de manière égale pour toutes les catégories professionnelles ? Ainsi, la catégorie des contributions les plus importantes à la sécurité sociale, à laquelle appartiennent les militaires, sera-t-elle aussi étendue de manière significative aux catégories professionnelles qui contribuent beaucoup moins aujourd’hui ? Avec un ‘système équitable’, auraient-ils l’intention de réintroduire les ‘fonctions de fin de carrière’ à la Défense, celles qui ont été externalisées ces dernières années au secteur privé, de sorte que les militaires les plus âgés puissent de nouveau occuper des jobs avec une charge moins élevée et un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée ?
Et si une réforme ‘équitable’ des retraites devait avoir lieu, les militaires seront-ils également indemnisés pour chaque heure prestée comme tous les autres travailleurs de ce pays ? Ou seront-ils encore rémunérés seulement pour moins de 15 heures par 24 heures lors de services intensifs ou de déploiements opérationnels ?
Ou bien ce ‘système équitable’ dont on parle à la rue de la Loi ne revient-il qu’à une érosion unilatérale et à une démolition brutale du régime de retraite des militaires avec des coupes qui ne s’opèrent que dans une seule direction ? Parce que, chers Premier ministre et Excellences de la rue de la Loi, ce n’est pas là un ‘système équitable’, mais du vol pur. Abaisser unilatéralement et exclusivement le barème de pension sur toute la ligne pour les militaires, c’est un hold-up !
Colophon
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La Sentinelle
Mars - Avril 2023 - n° 02
2 4 8 11 12 14 16 18
Quand le renard prêche…
On vous l’avait bien dit !
Otan : qu’est-ce qui cloche avec notre budget de Défense ?
La guerre coûte trop cher ? Mais combien coûte la défaite ?
Cadeau empoisonné ?
Comportement sexuel inapproprié (CSI)
Facteurs environnementaux thermiques
Donner d’une main pour reprendre de l’autre ?
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On vous l’avait bien dit !
On pourrait dire que nos syndicalistes sont des devins. Depuis des années, ils sortent les prévisions les plus incroyables de leur boule de cristal ! En effet, les analyses publiées dans La Sentinelle sont souvent confirmées, au grand dam des politiciens…
Alors que l’ACMP-CGPM va bientôt rédiger son futur programme général, il est intéressant de se tourner vers certains sujets traités ces dernières années dans La Sentinelle et qui sont aujourd’hui plus que jamais d’actualité. Force est de constater que, dans bien des cas, nos publications frappaient dans le mille, pour ne pas dire qu’elles étaient prémonitoires…
Prenons cet article de mai 2017 : « Les défis ne manquent pas en 2017. La Corée du Nord teste ses missiles. L’Iran enrichit l’uranium. Les Russes menacent leurs voisins. Le Moyen-Orient se déchire durablement et la Chine réarme à toute allure. […] Pendant ce temps, la Suède rétablit le service militaire, un signe parmi d’autres que nos dirigeants préfèrent ignorer ». Entre-temps, la Corée du Nord possède un arsenal thermonucléaire, nos relations avec l’Iran sont au congélateur et la Russie mène une guerre de conquête en Europe. Le Moyen-Orient reste un nid de terrorisme et le missile YJ-12 chinois est supérieur à tout ce que l’Otan possède en matière d’armes hypersoniques. Malgré cela, les effectifs de la Défense belge continuent à baisser d’année en année et la part de notre PIB dédiée à la Défense diminuera en 2024. Tout va bien…
Outsourcing : à qui profite le crime ?
En 2023, l’outsourcing divise toujours autant qu’en août 2017 : « L’outsourcing des soins médicaux que nous connaissons depuis une dizaine d'années est déjà un échec cuisant. Aujourd'hui, la Défense n'est plus en mesure d'assurer l'appui médical avancé de son personnel en cas de conflit. Sans parler du manque de médecins au quotidien, dans les unités, à la Médecine du Travail, etc. »
Cinq ans plus tard, la situation de la Composante Médicale ne s’est guère améliorée, malgré le passage d’une pandémie dévastatrice qui a causé plus de 33.600 morts en Belgique et requis l’intervention de la Défense.
Dans d’autres domaines, l’outsourcing forcené a causé des situations incompatibles avec le bon sens et les principes militaires de base. Ainsi, notre logistique a été en grande partie confiée à des firmes civiles et concentrée sur un site central de Katoen Natie à Beringen, au détriment des règles élémentaires de dispersion ou de sécurité. L’informatique militaire est aussi passée en grande partie aux mains du privé. Depuis, la Défense belge a été privée d’internet
et d’email pendant des semaines suite à une cyberattaque et, pour la première fois, la rémunération de milliers de militaires a connu des retards causés par le projet civil HRM dont notre article dénonçait les lacunes et le manque de transparence, plus de trois ans avant sa mise en service définitive !
Ce qui ne semble pas avoir changé, c’est la motivation derrière l’outsourcing que nous dénoncions à l’époque : « Sur le plan déontologique, l’outsourcing ne fait qu'encourager la corruption et les influences politiques, alors même que notre démocratie souffre d'une crise de confiance suite aux nombreux scandales au sein de la classe politique ».
Passons à août 2018. La Sentinelle dévoile les astuces de nos politiciens pour échapper à nos obligations internationales. Comme vous pouvez le lire ailleurs dans le présent numéro, rien n’a changé, ils appliquent toujours les mêmes recettes…
« Le ministre [Vandeput] a habilement basé le budget sur la croissance du PIB en 2015 (une ‘mauvaise’ année). Or, la croissance est passée de 1,5% en 2015 à 1,7% en 2017 et même 1,9% pour les derniers chiffres de la Banque
nationale. Le PIB est plus élevé, mais l’effort budgétaire prévu, lui, ne change pas. À ce train, les fameux « 1,3% » fondent comme neige au soleil. »
La CGPM n’exige ni 4%, ni même 2%. Ce que nous voulions, et voulons toujours, c’est une Défense qui investit raisonnablement dans son matériel mais aussi et surtout dans son personnel. La Belgique est un des pays les plus riches d’Europe, il n’y a pas de raison qu’elle fasse moins que le Monténégro ou la Roumanie.
Encore plus de matériel mais encore moins de militaires
En décembre 2018, La Sentinelle s’inquiète du nombre de militaires : « En descendant sous la barre des 27.000 militaires actifs en juillet 2018, la Défense a dépassé le stade de la faillite. Comme le gros des départs à la pension doit encore venir, la tendance va s’accentuer. Il faut ajouter l’explosion des démissions à l’équation, les difficultés de recrutement et l’inconnue du départ des premières promotions BDL à partir de 2022. Si rien ne change très rapidement, il ne restera plus personne pour profiter du coûteux matériel promis par le gouvernement. »
Presque cinq ans plus tard, nous constatons que les autorités ont commandé encore plus de matériel (artillerie, missiles, drones, hélicoptères,…) mais que l’armée compte encore moins de militaires. Pire encore : les militaires expérimentés qui quittent la Défense sont désormais remplacés en grande majorité par de jeunes
temporaires dont la carrière ne dépasse pas quelques années. Qui va donc mettre en œuvre et entretenir tous ces systèmes d’armes complexes ? La question reste plus que jamais ouverte…
Dans son article « ‘ABL’ devient ‘BDL’ » de décembre 2019, La Sentinelle met en garde contre le remplacement des militaires de carrière par des jeunes engagés dans un statut précaire : « Aujourd’hui, près de trois quarts des places ouvertes sont pour des BDL. - 37% des BDL quittent dans les deux premières années. - Tous les volontaires sont recrutés dans le statut précaire BDL. »
Au cours de la période 20202022, la Défense a recruté un total de 7.086 militaires mais 3.116 candidats ont entre-temps quitté l’armée, soit 44%. Sur le terrain, au manque de personnel s’ajoute maintenant le manque de qualifications. Pour la première fois, un navire belge a été recalé lors d’une évaluation de l’Otan, une situation honteuse pour notre
Marine et toute la Défense face à nos partenaires de l’Alliance. Dans les unités, on signale que certains équipements ne peuvent plus être employés faute de compétences et de nombreux militaires n’ont plus manipulé d’armes depuis des années. Pendant ce temps, l’armée encourage ses pensionnés à demander une ‘prestation volontaire d’encadrement’ (PVE) pour combler les trous et retarder l’inévitable naufrage.
En janvier 2019, le syndicat militaire ACMP-CGPM réexaminait la question du recrutement et de la formation : « La moitié des jeunes militaires ont déjà quitté la Défense après cinq ans. À qui profite cette situation ? Certainement pas à l’État belge, et donc au contribuable, qui se voit contraint de payer deux fois plus pour la formation de ses militaires. En revanche, les entreprises se frottent les mains puisqu’elles mettent le grappin sur un solide flux de personnel ‘à haute valeur ajoutée’ et en bonne santé, formé gratuitement sur le dos de la Défense. »
Grenades et armes de guerre
En août 2019, nous parlions déjà de l’Ukraine, mais aussi de la Gendarmerie.
« Entre l’invasion de l’Ukraine, le terrorisme, les flux migratoires, la prolifération nucléaire, les cybermenaces et de nombreux conflits larvés dans le monde, les spécialistes s’accordent à dire que la situation globale est aujourd’hui plus tendue qu’à la fin de la Guerre froide, dans les années 80. »
« On l’oublie trop souvent mais la Gendarmerie belge faisait aussi partie de la Défense nationale. Avec près de 20.000 hommes, des armes de guerre, des blindés, des avions et des hélicoptères, il s’agissait d’une force importante pour assurer la sécurité du territoire national, en particulier en matière de terrorisme, de maintien de l’ordre et de grand banditisme. Bientôt, la Défense comptera à peine plus de militaires que l’ancienne gendarmerie (dont elle assume une partie des tâches). »
Depuis cet article, l’attaque russe en Ukraine a hélas prouvé que nos inquiétudes étaient fondées. Quant aux économies qui ont mené à la
dissolution de la Gendarmerie, nous en payons aujourd’hui les pots cassés face à des organisations criminelles qui n’hésitent plus à terroriser la région d’Anvers à coups de grenades, d’explosifs et d’armes de guerre, quand elles ne tentent pas de kidnapper nos ministres. Le comble est que les politiciens qui ont eux-mêmes causé cette situation viennent maintenant pleurer à la porte de la Défense pour y remédier.
Pension à 67 ans pour les militaires ?
Un an plus tard, fin 2020, La Sentinelle tirait à nouveau la sonnette d’alarme concernant les pénuries de personnel : « Ce n’est pas un cauchemar mais la triste réalité. Au 1er juillet 2020, la Défense belge comptait moins de 25.000 militaires actifs. Incompétence ou sabotage coupable ? Dix mille emplois perdus, tout un secteur d’activité sinistré, un personnel dégoûté par une situation qui n’en finit pas de se dégrader. Non, ce n’est ni la faillite de Thomas Cook (500 postes), ni la fermeture de Ford Genk (4.300 emplois). Nous parlons bien de la Défense belge, un des plus gros employeurs du pays. »
Nous évoquions aussi la véritable motivation derrière la précarisation à outrance de notre métier : « La solution ‘BDL’ permet à nos dirigeants de tirer leur épingle du jeu sur le plan politique car ces jeuneslà ne seront jamais pensionnés sous l’uniforme. Au fur et à mesure qu’ils remplacent du personnel de carrière, le débat sur l’âge de la pension perd son sens. »
Aujourd’hui il est clair que nous avions raison car la majorité des militaires engagés cette année seront pensionnés à 67 ans, comme civils. Par ailleurs, le remplacement des coûteux militaires de carrière par des jeunes au salaire minimal soulage le budget du personnel au point que la récente revalorisation salariale n’a pas requis de moyens supplémentaires. Ces augmentations ont été saluées par les militaires de carrière mais ne touchent pas la majorité de nos nouveaux collègues, contraints de quitter l’armée avant de pouvoir réellement en profiter.
Des solutions
En avril 2021 notre magazine se demandait combien de militaires la Belgique devrait compter.
« Si on regarde chez nos voisins, la comparaison est particulièrement douloureuse. Les Pays-Bas entretiennent en 2021 une armée de 66.054 hommes et femmes (actifs), pour une population de 17,4 millions d’habitants. Ramené aux 11,5 millions de Belges, le personnel de notre armée s’élèverait à 43.656 personnes ! La comparaison avec la ‘Bundeswehr’ allemande, un partenaire pourtant considéré comme très ‘réservé’ en matière militaire, donnerait à
notre département 36.000 employés. Si la Belgique s’alignait sur le Royaume-Uni, nous serions 42.000 et selon les normes françaises, la Défense belge devrait employer 46.000 personnes. Le niveau des effectifs militaires en Belgique est lamentable et indigne du rôle que notre pays prétend jouer sur le plan international, en
tant que soi-disant ‘capitale’ de l’Europe et de l’Otan. La diminution des effectifs de la Défense n’est ni une surprise, ni une fatalité. De la même façon qu’une volonté politique a causé la débâcle actuelle, une volonté politique peut aussi redresser la situation. »
La Sentinelle ne fait pas que lancer
Avec près de 20.000 hommes, des armes de guerre, des blindés, des avions et des hélicoptères, la Gendarmerie assurait la sécurité du territoire national.
l’alarme, l’ACMP-CGPM donne aussi des solutions, via son Programme général et ses publications, comme nous l’avons encore fait dans notre numéro d’août 2022 : « Pour remédier au manque de personnel, il existe aussi des solutions, il ne faut rien inventer. Comment faisait-on pendant la Guerre froide pour motiver des dizaines de milliers de Belges à s’engager et à aller travailler à des centaines de kilomètres ? Il existait des logements militaires attrayants près des villes de garnison, des bons d’essence, une prime d’éloignement, un régime de TVA avantageux, des crèches, des écoles, de l’Horeca et des services qui s’occupaient de tout. Si vous proposez ce genre de conditions de travail aux jeunes soldats, ainsi qu’un statut durable offrant de vraies garanties pour l’avenir, ils rechigneront moins à s’engager. C’était efficace en 1980, pourquoi pas aujourd’hui ?
Otan : qu’est-ce qui cloche avec notre budget de Défense ?
Le 10 février dernier, le journal ‘De Tijd’ annonçait qu’au lieu d’augmenter comme prévu, le pourcentage du PIB belge attribué à la Défense va diminuer en 2024 ! Incroyable dans le contexte actuel mais en Belgique, les politiciens connaissent tous les trucs pour échapper à nos obligations, même quand il s’agit de notre sécurité.
On pourrait croire qu’avec la guerre en Ukraine, nos dirigeants donneraient une certaine priorité à la sécurité de leurs concitoyens. Après tout, aujourd’hui la Marine russe navigue au large de Knokke-Le Zoute et nos F-16 interceptent les bombardiers nucléaires de Poutine jusqu’en Mer du Nord. Entretemps, nos politiciens rassurent : tout va bien, la Belgique investit massivement dans son armée. Oui mais voilà : selon le journal ‘De Tijd’, le pourcentage du PIB (Produit Intérieur Brut – tout ce que notre pays produit en biens et services pendant un an) que la Belgique attribue à ses dépenses de Défense va baisser. L’article annonce une projection de 1,28% en 2025 et 1,35% en 2026, alors que notre pays s’était engagé à hauteur de respectivement 1,39% et 1,47%. Délires de journalistes ? Pas du tout, le Cabinet du Premier ministre confirme et parle d’un ‘accident de parcours’, mais les faits sont là :
En 2024, l’effort de notre pays pour la Défense va décliner de 0,02% !
Le coupable selon les autorités est la croissance économique qui pousse le PIB à la hausse, alors que les budgets ont été basés sur
un PIB plus modeste. Cette explication s’avère mathématiquement correcte. Les prévisions de croissance économique de notre pays (exprimées en PIB) étaient en effet estimées de manière plus sombre en raison de la crise du Covid. Cependant, malgré la guerre en Ukraine, la conjoncture s'avère finalement meilleure et le PIB en 2024 sera plus élevé qu'initialement estimé. L'effort de défense étant exprimé en pourcentage du PIB, cela signifie que de façon relative, les dépenses pour la Défense seront un peu moins élevées. Relativement, car en chiffres absolus (c'est-à-dire en euros réels), le budget de l'armée va bel et bien augmenter sensiblement cette année et dans les années à venir : de 4,7 milliards en 2023 à 6,7 milliards en 2027.
Le problème se situe ailleurs et est de nature beaucoup plus fondamentale. Depuis des années, notre pays emploie tous les moyens possibles pour raboter ou retarder sa contribution à l’Otan. Par exemple, le tristement célèbre ‘Plan Vandeput’ reposait déjà sur une base douteuse : la ‘moyenne européenne des pays non-nucléaires’. En 2017, celle-ci s’élevait à 1,43% du PIB mais le plan ‘oubliait’ que ce pourcentage
augmentait et serait bien plus élevé en 2030 (on dépasse déjà 1,7%). Par ailleurs, il ne prévoyait aucune compensation en cas d’augmentation du PIB lui-même. Enfin, le ministre n’annonçait pas 1,43% mais 1,3% à l’horizon 2030, tout en visant encore plus bas.
Depuis des décennies, nos dirigeants maintiennent la contribution belge sous le minimum de 2% requis par l’Alliance. Ils sapent notre sécurité en connaissance de cause, pour des raisons électorales ou mercantiles. Auprès de l’Otan, l’excuse est toujours la même : « Il n’y a pas que les budgets, la Belgique compense en participant aux forces de réaction rapide et aux opérations ». Sauf que ces moyens sont depuis longtemps un trompe-l’œil. Au début des années 90 déjà, lors des évaluations de l’Otan, il était courant de renforcer l’unité contrôlée par des moyens prélevés ailleurs. Aujourd’hui, les bataillons sont l’ombre de ce qu’ils devraient être sur papier. Et quand notre Défense déploie des troupes à l’Est de l’Europe, il s’agit au mieux de deux ou trois cents militaires. En Afrique, on parle maintenant en dizaines. Une misère qui ne trompe ni l’Otan, ni la Russie.
Le nœud du problème
En fin de compte, le nœud du problème est le suivant : malgré l'engagement formel pris par le gouvernement Di Rupo en 2014 de consacrer effectivement 2% de notre PIB à la Défense d'ici 2024, cet garantie écrite ne s'est jamais traduite en actes. Au cours de la dernière décennie, notre pays a continué à ‘bénéficier’ des efforts de ses partenaires, principalement les États-Unis, pour assurer sa sécurité. Malgré un climat sécuritaire qui se dégradait de plus en plus, tant aux frontières de l'Europe (Mali, Syrie) que sur notre propre territoire (terrorisme).
Ce mercantilisme a conduit à une armée complètement vidée de sa substance, à peine capable de remplir ne serait-ce qu'une fraction de ses obligations envers l'Otan. Mais qui n'est plus non plus en mesure d'apporter une aide substantielle à l'intérieur du pays en cas de crise ou de catastrophe majeure, comme les inondations de l'été 2021.
Il n'est donc pas surprenant que, quand une véritable guerre éclate
à la frontière orientale de l'Europe, la Défense s’avère incapable de fournir quoi que ce soit de sérieux à l'Ukraine depuis son propre inventaire d'armes ou de matériel. En dépit de l'urgence politique qui aurait dû croître en raison de la guerre en Ukraine, notre pays restera de loin le plus mauvais élève de l’Otan en termes d'efforts de défense. Nous restons loin de la norme de 2% ; notre pays vise à peine 1,54% en 2030, soit 2,4 milliards de moins que ce que l'Otan exige. C'est-à-dire : 2,4 milliards par an. Notre profitariat va donc perdurer.
C’est vrai, le Premier ministre Alexander De Croo a récemment déclaré que notre pays ambitionne d’atteindre le seuil de 2% en 2035. En visant au-delà de l’horizon politique, nos dirigeants annoncent clairement la couleur : « ce n’est pas notre problème ! ». Or, les troupes russes sont maintenant aux portes de l’Europe. Nous avons besoin d’une armée forte aujourd’hui, pas en 2035 !
En réalité, le retard belge va probablement encore empirer. Car déjà des voix s’élèvent au sein de l'Otan
pour relever l'objectif de 2 % à..... 2,5% du PIB ! Ce qui signifierait donc que nous ne serions plus à l'arrière du peloton de l'OTAN, mais que nous finirions dans la voiture-balai de l'Alliance.
Agenda politique
L’imposture belge ne consiste pas seulement à jouer sur les montants. Les milliards qui sont finalement consentis servent d’abord un agenda politique et économique au lieu de redresser la Défense. En examinant les statistiques de l’Otan, on s’aperçoit que les investissements de notre pays en matériel militaire explosent, alors que les dépenses de personnel stagnent. Une grande majorité de l’argent public injecté – à contrecœur – dans la Défense arrive tout droit dans les poches des industriels. Canons, navires, avions, hélicoptères, blindés, logiciels, … Pourtant nos dirigeants savent pertinemment que notre armée sera incapable de les utiliser faute de personnel qualifié ! Les politiciens ne comptent pas faire de la Défense un outil réellement utilisable. La pénurie de munitions et le manque de personnel révèlent
que les investissements n’ont pas pour but de créer une Défense efficace mais surtout d’arroser copieusement l’économie. Pas toujours la nôtre d’ailleurs. Un jour on achète en Amérique, le lendemain en France ou aux Pays-Bas, au gré des affinités politiques des majorités. Rien n’a changé depuis la fin de la Guerre froide, malgré les promesses politiques successives d’acheter ‘européen’ et de rendre l’Europe stratégiquement autonome.
Chair à canons
Les (autres) partenaires sociaux ne s’inquiètent pas trop du manque de militaires. En effet, pour un syndicat ‘coloré’, il est politiquement plus rentable de soutenir les soins de santé, l’enseignement ou les PME que la Défense. L’ACMP-CGPM est donc bien seul pour exiger une augmentation des effectifs mais aussi une véritable amélioration des statuts, qui tienne compte de la raison d’être
de notre organisation. Car demain, non seulement l’armée comptera trop peu de militaires mais le personnel présent sera inexpérimenté. Les récents combats ont montré que face aux Ukrainiens aguerris, les recrues russes sans expérience servent de chair à canon, avec un taux de pertes effroyable. Est-ce ce que nous voulons pour nos soldats ? La généralisation effrénée du statut BDL (Beperkte Duur –Durée Limitée) fait qu’aujourd’hui, 80% des nouvelles recrues s’engagent dans un emploi précaire. La moitié d’entre eux quitte endéans les deux ans. Ce qui signifie trois choses : l’expérience moyenne des militaires belges s’effondre, le coût des salaires diminue et la grande majorité de ceux qui entrent à l’armée seront pensionnés à 67 ans… comme civil, ayant été obligés de quitter les forces armées en tant que BDL. En langage politique on évite soigneusement le premier point et pour les deux autres on parle de ‘win-win’…
La guerre coûte trop cher ? Mais combien coûte la défaite ?
Notre pays soutient l’Ukraine par des initiatives comme l’accueil de réfugiés et l’envoi de matériel militaire. L’appui de la Défense reste timide car notre armée manque elle-même de tout. Financièrement, notre contribution est aussi mesurée. Pourtant, une victoire russe serait encore bien plus coûteuse…
Au sein de l’Otan, la Belgique possède une réputation peu enviable. À force d’économies budgétaires et suite au sabotage de son propre appareil militaire, notre Défense fait désormais figure de parent pauvre, largement derrière des alliés comme la Roumanie ou le Portugal. ‘Pauvre’, mais seulement sur le plan militaire puisque notre pays reste un des plus prospères au monde. En termes de Produit Intérieur Brut par habitant, nous dépassons le Canada ou le Japon par exemple. Il n’est donc pas étonnant que l’Institut Kiel pour l’Economie Mondiale place notre effort en faveur de l’Ukraine en queue de peloton des pays européens. Si la Belgique renâcle à délier les cordons de la bourse, c’est par manque de générosité mais aussi en partie par peur d’une extension du conflit et surtout des conséquences financières si la Russie fermait totalement les vannes de gaz et de pétrole. Après tout, notre infrastructure énergétique fait à peine mieux que notre armée car nous avons rechigné à investir dans les énergies durables, dans une diversification des approvisionnements et dans le renouvellement de nos centrales électriques. Le raisonnement de nos dirigeants peut donc à première vue sembler prudent. La guerre coûte cher et une nouvelle hausse des carburants et des matières primaires, tels que les métaux et les produits agricoles, plongerait notre pays dans une récession. Nous ne sommes pas les seuls dans le cas ; de nombreuses voix dans le monde prônent l’attentisme et se satisferaient bien d’un status-quo, voire d’une victoire russe en Ukraine. Mais quel en serait le prix ?
Selon Anne Applebaum, journaliste au New York Times et lauréate du prix Pulitzer, une victoire russe en Ukraine serait un drame politique et financier sans précédent pour l’Occident :
« Imaginons la guerre en Ukraine sans le soutien militaire et financier des démocraties du monde entier.
Région par région, l'armée russe aurait finalement conquis le pays tout entier. Les Russes camperaient aux frontières de la Pologne et l'Otan serait dans le chaos. L'Alliance serait obligée de dépenser des centaines de milliards pour préparer l'inévitable invasion de Varsovie, Vilnius ou Berlin. Des dizaines de millions de réfugiés ukrainiens supplémentaires vivraient au crochet de l’Europe. L'argent serait épuisé, le retour de bâton en cours. Ce désastre ne serait pas limité à l'Europe. Les plans chinois d'invasion de Taïwan seraient en bonne voie car Pékin supposerait qu'un Occident enlisé dans sa confrontation contre la Russie après avoir abandonné son partenaire ukrainien, ne ferait jamais d'efforts pour aider une île du Pacifique. Les mollahs iraniens auraient l’arme atomique et du Venezuela au Zimbabwe en passant par le Myanmar, les dictatures du monde entier durciraient leur régime. »
Finalement, il est clair que soutenir l’Ukraine ne coûte qu’une fraction du prix d’une défaite.
Cadeau empoisonné ?
Savez-vous que la Défense peut vous fournir un appui juridique en cas de problème pendant et par le fait du service ? En tant que militaire vous pouvez par exemple bénéficier gratuitement d’un avocat pour vous défendre suite à un accident de roulage. Cependant, obtenir l’aide de l’armée peut avoir des conséquences imprévues…
Les membres du personnel de la Défense peuvent contacter DG Jur pour obtenir une aide juridique s’ils sont personnellement impliqués dans un incident ou accident qui découle directement de leurs tâches au sein de la Défense. En effet, les militaires peuvent parfois être nommés dans une affaire relevant du droit civil ou pénal dans l’exercice de leurs fonctions. Ils peuvent par exemple être entendus en tant que témoins ou suspects dans le cadre d’une enquête pénale ou mis en cause si une victime intente contre eux une action en dommages et intérêts. Pour le militaire concerné et sa hiérarchie, il n’est pas toujours évident de savoir sur quel appui juridique il peut compter. DG Jur a donc publié une note expliquant les mesures de protection prévues par la loi ainsi que l’appui général offert par ses services.
Faute grave ou délibérée
En principe, tout militaire a le droit d’être assisté par un avocat aux frais de la Défense s’il est cité devant un tribunal civil pour des faits commis dans l’exercice de ses fonctions, lorsqu’une procédure pénale est engagée contre lui ou s’il est interrogé comme suspect. Il y a cependant des exceptions à
cette règle, par exemple en cas de faute grave ou délibérée. Très logiquement, il n’y a pas non plus d’intervention possible si le collègue attaque l’armée en justice ou vice-versa. La décision finale revient à DG Jur - Div LITIG. En cas d’accord, les frais de l’avocat sont payés directement par la Défense. Si l’intéressé n’a pas d’avocat, il peut en demander un à DG Jur. L’armée rembourse aussi les frais de justice des militaires condamnés pour des faits commis pendant et pour le service, selon une procédure similaire. Ainsi, un collègue qui a commis un fait punissable ‘malgré lui’, sans avoir commis de faute intentionnelle grave, aura droit à un avocat gratuit et au remboursement des amendes et autres frais en cas de condamnation.
‘24/7’
En tant qu’employeur, l’État est lui-même civilement responsable des dommages causés par les membres de son personnel dans l’exercice de ses fonctions. Le tiers qui a subi un dommage, peut donc toujours attaquer l’armée. Mais dans certains cas, la victime peut décider de s’adresser directement au militaire pour obtenir réparation. Dans ce cas, la Défense peut
intervenir pour ‘prendre la place’ de son employé et assumer sa responsabilité d’employeur. L’armée joue alors un rôle de « tampon juridique » entre les personnes ayant subi un dommage et le personnel accusé de l’avoir causé.
Enfin, DG Jur peut aussi fournir un avis juridique, des conseils pour se préparer à une audition, des éclaircissements ou un renvoi vers des services compétents.
Pour assurer l’appui aux militaires, DG Jur dispose d’une permanence ‘24/7’ au 0478/28 21 51 ou par email : dgjur-perm@mil.be
Conflit d’intérêts
Dans tous les cas, il ne faut pas qu’il y ait de conflit d’intérêts entre l’intéressé et l’armée. Mais c’est bien là que le bât blesse, car les intérêts de la Défense et de l’intéressé peuvent parfois diverger, sans qu’il y ait à première vue de conflit évident. À ce moment, l’aide de l’armée peut se transformer en ‘cadeau empoisonné’ car si elle est gratuite, elle n’est est pas pour autant désintéressée, comme nous allons le voir…
L’exemple qui suit est basé sur des faits réels mais les détails ont été
modifiés pour préserver l’identité et l’intégrité des parties concernées.
Coups et blessures involontaires
Lors d’une mission en milieu civil, le caporal André reçoit l’ordre de conduire immédiatement son camion vers le camp militaire. André prend cette mission à la lettre et quand il trouve la route bloquée par plusieurs véhicules militaires à l’arrêt, il les double pour s’engager dans un chemin sur la gauche, un peu plus loin. Malheureusement, pendant le virage il heurte un petit véhicule circulant dans l’autre sens. L’accident est majeur, les secours arrivés sur les lieux ne peuvent que constater le décès du conducteur civil. En fin de compte, André finit par être poursuivi pour coups et blessures involontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Comme il est membre du syndicat militaire, André fait appel à notre permanence et reçoit immédiatement l’aide juridique de notre avocat. Sur les conseils de l’ACMP-CGPM, André
interpelle l’autorité militaire. Très vite, DG Jur accepte de traiter le dossier et décide que l’armée assumera intégralement les frais dans ce dossier. En effet, l’accident s’est produit pendant et par le fait du service et il n’y a pas eu de faute grave ou délibérée. Dans cette affaire, même s’il ne l’a pas fait exprès, André sera probablement condamné. Selon l’avocat, les circonstances de l’accident font qu’une peine d’emprisonnement de six mois est possible et même probable, en plus d’une lourde compensation financière pour la famille de la victime. Après une longue procédure, l’affaire passe au tribunal. Le juge déclare André coupable et prononce une courte peine de prison, mais avec sursis.
Désintéressé
Pour André, c’est le soulagement car il avait très peur de se retrouver réellement derrière les barreaux. Puisqu’il est condamné au pénal, le tribunal civil va certainement octroyer des dommages importants
aux ayants-droits de la victime mais cette somme sera à charge de l’armée. Pour notre avocat, André s’en sort bien et il ne faut surtout pas aller en appel car le tribunal pourrait alourdir la peine. DG Jur ne l’entend cependant pas de cette oreille. En effet, la Défense ne voit que le coûteux dédommagement de la famille. Pour l’armée, il est plus avantageux de risquer le tout pour le tout en appel, pour tenter d’obtenir un hypothétique acquittement… Et tant pis si le militaire impliqué risque une sanction plus sévère !
Heureusement, nos avocats sont spécialisés dans les matières militaires et extrêmement performants. En outre, l’ACMP-CGPM ne laisse jamais tomber ses membres, quoi qu’il en coûte. Finalement, tout s’est bien terminé pour André mais cet exemple montre bien que l’aide de l’armée n’est pas si désintéressée que ça et que l’appui du syndicat militaire reste la meilleure garantie d’une défense juridique indépendante et de qualité.
Comportement sexuel inapproprié (CSI)
Évitez
les comportements sexuels qui dépassent les limites d'une autre personne.
Si vous n'êtes pas sûr, faites le test. Tant envers vous-même qu'envers l'autre personne. Un comportement sexuel transgressif peut avoir des conséquences négatives sur la santé physique et mentale. La motivation des employés diminue, l'absentéisme augmente et l’attrition du personnel s'accroît. Toutes les parties ont donc intérêt à bien prévenir et combattre les comportements indésirables sur le lieu travail.
Au sein de la Défense aussi, le sujet est d'actualité : érotisme, flirt, relations au travail… sont plus fréquents qu'on ne le pense, tout comme le sexe proprement dit. Mais si les relations commencent, elles peuvent aussi se terminer, et que se passe-t-il alors ? L'un des deux doit-il alors chercher un autre emploi ? Et qui des deux ? Car dans certains cas, il est impossible d’encore travailler ensemble. Et que se passe-t-il si le flirt ou l'érotisme au sein de l'unité se termine par une plainte pour harcèlement sexuel ? En tant qu'association professionnelle, nous sommes régulièrement consultés pour ces questions.
Qu’est-ce que le CSI?
« Toute forme de comportement verbal, non verbal ou physique non désiré à connotation sexuelle qui a pour objet ou pour effet de porter atteinte à la dignité d'une personne ou lorsqu'un environnement menaçant, hostile, insultant, humiliant ou offensant est créé » (article 32ter, 3° de la loi sur le bien-être).
Quelques exemples :
- Déclarations d'amour non désirées, clins d’oeil, etc.
- Messages Whatsapp ou courriels à caractère érotique/pornographique.
- Commentaires ambigus, propositions compromettantes, questions intimes, ...
- attouchements, agressions sexuelles, viols, ...
Risques
La spécificité du travail au sein de la Défense rend nécessaire le travail en équipe. Si l'on ajoute à cela les heures supplémentaires, les cours, les exercices, les déploiements à l'étranger, on peut imaginer que de nombreuses histoires d'amour peuvent naître parmi les militaires. Il est difficile d'interdire, et encore plus de prévenir, le fait de tomber amoureux d'un ou d'une collègue. La même spécificité crée des facteurs de risque supplémentaires, qui augmentent la probabilité de harcèlement, de violence et de comportement sexuel non désiré au travail.
Souvent, la différence entre une intimité souhaitée et une intimité non souhaitée est très mince.
Quelques exemples fictifs à méditer :
Margaux travaille comme civile pour la Défense, elle aime les décolletés profonds et les jupes courtes. Lors d'une réunion, son supérieur est assis en face d'elle. Il ne sait pas trop où regarder. Il lui dit laconiquement : « Aujourd'hui, c’est la fête. Tu as battu le record de profondeur. Je peux même voir le bas de ton soutien-gorge maintenant ! ». Y a-t-il un comportement transgressif de la part de Margaux ? Et de son chef ?
Tim en pince pour Margaux. Il lui a déjà montré qu'il aimerait plus, mais elle veut que leur relation reste purement professionnelle. Tim dit qu'il respecte cette volonté. Pour lui faire savoir qu'elle a toujours une place spéciale dans son cœur, il termine chaque e-mail par un :-x (émoticône de bisou)
Tout le monde n'a pas la même conception des comportements transgressifs. Ce qui est acceptable pour une personne ne l'est parfois pas pour une autre. En d'autres termes, il existe une sorte de zone grise en matière de limites quand il s’agit de sexe. Faites donc attention, car avant que vous ne vous en rendiez compte, une procédure disciplinaire sera engagée.
Faites le test !
Posez-vous les questions suivantes :
Est-ce que je reçois des signaux indiquant que l'autre personne consent à l'interaction ? Lorsque vous faites un compliment à quelqu'un, cette personne y répond-elle positivement, par des mots ou par son langage corporel ?
L'autre personne prend-elle également l'initiative ? Si vous envoyez des messages de drague, en recevez-vous en retour ?
De mon point de vue, ce que je fais est-il correct ? En tant que manager, vous devez être conscient de
la position de pouvoir dans laquelle vous vous trouvez et réfléchir soigneusement avant d’aller plus loin. L'autre personne peut-elle indiquer si elle n'aime pas vos avances ? La personne qui doit indiquer sa limite est-elle seule ou en compagnie ?
N'y a-t-il pas de contrainte ?
Si vous essayez d'embrasser quelqu'un, s'agit-il de l'aboutissement d'une soirée romantique ou d’un flirt, ou l'autre personne se sent-elle obligée ?
Est-il clair que vous accepterez un refus ? Et qu'il n'y aura pas de conséquences non plus ?
Dans la zone grise, les choses ne sont pas toujours claires. Il n'est pas facile de savoir si une personne a agi volontairement.
Qui contacter ?
La Défense dispose de 12 conseillers en prévention-psychosociaux au travail (APAT), de 8 personnes de confiance à temps plein (PC) et de 96 autres en cumul. Outre les personnes de confiance, une victime peut également s'adresser à
sa ligne hiérarchique. En cas d'agression sexuelle ou de viol, il faut porter plainte auprès de la police. Il est important de se rendre à la police le plus tôt possible après les faits. Vous pouvez également contacter le service des urgences de l'hôpital ou votre médecin de famille. Ils peuvent appeler la police pour vous, si vous le souhaitez.
Le syndicat militaire ACMP-CGPM tient également à souligner que vous pouvez toujours vous adresser à nous pour ce genre de questions via : srt@acmp-cgpm.be
Nous traitons tous les dossiers avec la discrétion requise et fournissons à la fois des conseils corrects, le suivi nécessaire et une assistance concrète. Il peut s'écouler beaucoup de temps entre le signalement des faits et, par exemple, une décision de justice. Les périodes de plusieurs années ne font pas exception. Nous garantissons un suivi et un soutien adéquats.
Facteurs environnementaux thermiques
La perception de la ‘température ambiante’ est très personnelle : ce qui est trop chaud pour une personne est trop froid pour une autre. Mais que dit la loi ? Comment la mesurer et que pouvons-nous y faire?
Au sein de la Défense, il existe une grande variété de fonctions. Les techniciens travaillent dans leurs ateliers, les fantassins s'entraînent sur les champs de tir, d'autres suivent des cours dans une salle de classe ou sont peut-être employés dans un entrepôt. Toutes ces personnes sont exposées à l'environnement thermique d'une manière ou d'une autre. Pendant les froids mois d'hiver, les travailleurs sur écran d’ordinateur sont confortablement installés au chaud dans leur bureau (lorsque le chauffage fonctionne), mais pendant les chaleurs de l'été, ils cuisent et aspirent à se rafraîchir.
Plusieurs études ont été réalisées sur la température optimale dans un environnement de bureau. Une étude de l'université de technologie d'Helsinki (réalisée en 2006) indique que la productivité la plus élevée au travail est atteinte à une température d'environ 22 degrés. Selon cette étude, la productivité montre une tendance à la hausse à partir de températures basses jusqu'à 22 degrés et, au contraire, diminue à des températures supérieures à 23-24 degrés. Lorsque la température atteint 30 degrés, la productivité diminue de près de 10 % !
Genre
Toutefois, des incertitudes subsistent quant à l'influence exacte de la température sur les travailleurs. Par exemple, la recherche suggère que la relation entre la température et la productivité dépend aussi fortement du type de travail. En 2019, une étude intitulée "Battle for the thermostat" a été publiée. Elle montre qu'il semble y avoir une différence entre la façon dont la température affecte les performances des hommes et des femmes. Les chercheurs ont manipulé la température des pièces où les sujets étaient assis. Les thermostats variaient de 16 à 33 degrés. La conclusion est que lorsque le radiateur est largement ouvert, les femmes obtiennent de meilleurs résultats en mathématiques ou en raisonnement verbal que lorsqu'elles travaillent dans un environnement plus froid. En revanche, l'effet inverse a été observé chez les hommes : ils ont obtenu de meilleurs résultats à des températures plus froides.
Été et hiver
Les saisons semblent également jouer un rôle. En été, il est plus difficile de maintenir un climat intérieur
agréable qu'en hiver. Par exemple, en raison de grandes fenêtres sans ombrage approprié et de l'utilisation croissante d'appareils électriques. En hiver, en revanche, les plaintes peuvent provenir de changements de température locaux, par exemple en raison de courants d'air, du rayonnement froid des fenêtres ou d'un mauvais fonctionnement du chauffage. Les chercheurs font la distinction entre une température idéale en hiver et en été. Selon eux, la température idéale d'un bureau se situe entre 23 et 26 degrés en été et entre 20 et 24 degrés en hiver.
WBGT
Pour les facteurs d'environnement thermique de nature climatique ou technologique présents sur le lieu de travail, l'employeur doit procéder à une analyse des risques.
Pour effectuer cette analyse, plusieurs facteurs doivent être pris en compte : la température de l'air, l'humidité relative, le débit d'air, le rayonnement thermique, la charge physique de travail, les méthodes et équipements de travail utilisés, les vêtements de travail et les équipements de protection individuelle. La combinaison de tous
ces facteurs ainsi que leur évolution au cours des heures de travail doivent également être prises en compte.
Pour mesurer les températures froides, un thermomètre ordinaire suffit. Pour les températures chaudes, ce n'est pas suffisant. Une certaine température chaude peut être insupportable par temps très humide, alors qu'elle ne pose aucun problème par temps sec. Il faut donc tenir compte de l'humidité, mais aussi, dans certains cas, de la vitesse du vent et du rayonnement direct du soleil ou d'une machine sur les travailleurs.
Ces données ne sont pas mesurées à l'aide d'un thermomètre ordinaire, mais à l'aide d'un ‘thermomètre-globe mouillé’. Cette méthode de mesure porte un nom savant : WBGT (wet bulb globe
temperature).
Mesures de prévention
En fonction des résultats obtenus lors de l'analyse des risques, l'employeur doit déterminer les mesures de prévention appropriées qui tiennent compte des facteurs analysés et de leur combinaison. Ces mesures doivent également tenir compte des valeurs d'exposition déclenchant l'action ainsi que des réglementations et pratiques en vigueur en matière de confort sur le lieu de travail. L'employeur doit établir le programme de mesures techniques et organisationnelles visant à prévenir ou à minimiser l'exposition au froid ou à la chaleur, selon le cas, et les risques qui en résultent.
Les mesures techniques et organisationnelles comprennent :
- les mesures techniques pour modifier la température de l'air ambiant, l'humidité, le rayonnement thermique ou le débit d'air ;
- la réduction de la charge de travail physique ;
- des méthodes de travail alternatives ;
- la limitation de la durée et de l'intensité de l'exposition ;
- l'adaptation des horaires ou de l'organisation du travail (horaires alternés, périodes de repos) ;
- la fourniture de vêtements de protection ;
- la mise à disposition de boissons appropriées.
Les articles V.1-5 à V.1-13 du codex sur le bien-être au travail et la directive militaire DGHWB-SPSWRKPR-004 contiennent plusieurs mesures à prendre dans des cas spécifiques de froid ou de chaleur excessifs d'origine climatique ou technologique.
Le syndicat militaire ACMP-CGPM tient à souligner que le plan de mesures techniques et organisationnelles doit être prêt avant que les valeurs limites ne soient dépassées. Afin de protéger les travailleurs appartenant à des groupes à risques particulièrement sensibles (grossesse) des risques qui leur sont propres, l'employeur, après avoir consulté le conseiller en prévention-médecin du travail, adapte les mesures. Le chauffage est à nouveau en panne et il ne fait que 15° au bureau ?
Contactez : srt@acmp-cgpm.be car avec nous, vous ne restez pas dans le froid.
Donner d’une main pour reprendre de l’autre ?
Amélioration du salaire, chèques-repas... On pourrait croire que le personnel est effectivement devenu une priorité de nos dirigeants. Hélas, pas toujours ! L’augmentation du prix des repas au 1er avril (!) démontre que c’est encore souvent la logique des décennies passées qui prévaut…
Depuis quelque temps, la rumeur annonçait une augmentation importante des prix de l’Horeca à la Défense. La note est parue au mois de mars ; le Service de Restauration et d’Hôtellerie de la Défense (SRHD) adapte son tarif minimal à partir du 1er avril 2023. Le repas de midi passera ainsi de 4,50 € à 5,50 €, ce qui correspond à une hausse de 22% ! Il ne s’agit encore que du tarif minimal. Les gestionnaires locaux peuvent décider de montants plus élevés afin de maintenir leur budget en équilibre.
À titre d’exemple, voici les nouveaux tarifs pratiqués à Peutie par la firme Umami :
Petit-déjeuner 3,50 €
Déjeuner 6,00 €
Souper 3,50 €
Dès la fin 2022, le syndicat militaire ACMP-CGPM a interpellé les autorités pour savoir ce qui justifiait cette mesure. En effet, augmenter les prix juste après avoir octroyé des chèques-repas (dont la valeur, elle, reste bien entendu fixe), ressemble beaucoup à un marché de dupes. Nous attentions un long discours sur le Covid, l’Ukraine et une indexation inévitable mais en réalité c’est une autre motivation qui est à l’origine des augmentations…
En effet, les réponses obtenues se contredisaient dans plusieurs domaines mais de ces explications confuses il apparaît que le SRHD compte générer 200.000 euros supplémentaires chaque année. Or, cet organisme (qui est un Service Administratif avec une Comptabilité Autonome) créé au sein de la Défense rembourse toujours à l’armée le coût salarial de cinq ‘équivalents temps plein’ qui étaient auparavant employés dans l’Horeca du Club Prince Albert (CPA). Vous l’aurez deviné : cette charge salariale correspond ‘comme par hasard’ aux recettes supplémentaires que le SRHD veut obtenir...
C’est cependant un tout autre son de cloche qui prévaut dans la note du SRHD : « Les comptes annuels du SRHD […] ont montré un résultat négatif, principalement en raison de la crise corona, mais l'année dernière également à cause de la hausse des prix alimentaires ». En réalité, même avec l'augmentation du prix des aliments (que nous ne contestons pas) : SANS ces frais de personnel, le SRHD serait à l'équilibre et n’aurait pas besoin d’augmenter les prix !
Quand nous avons demandé pourquoi (pour le temps que ce personnel Horeca reste encore en service)
il n'y a pas d’intervention de la Défense, nos interlocuteurs ont vite ‘sorti le parapluie’ et répondu qu’il revient au ministère de la Défense d’accorder ou pas un subside au SRHD. En d'autres termes, en refusant d’assumer elle-même ces frais de personnel, la Défense transfère simplement la facture vers les militaires ?
Voilà qui correspond littéralement à l’expression : ‘Donner d’une main pour reprendre de l’autre’
Pour l’ACMP-CGPM c’est très simple : nous pourrions encore comprendre une augmentation inévitable à cause de l’inflation. Mais si la vraie raison se trouve dans les frais de personnel du SRHD, alors la Défense doit assumer ses responsabilités, au lieu de puiser la différence dans la poche de tous les militaires.
DANTE – 12/12/2022
Dans la famille de Boy OKKES (Hasselt)
ELENA – 14/12/2022
Dans la famille de Niels DONNÉ (Heusden-Zolder)
LOU – 22/12/2022
Dans la famille de Tom VAN GOOL (Turnhout)
ALICE – 08/01/2023
Dans la famille de Loïc GUALDI (Libramont-Chevigny)
MAXIME – 09/01/2023
Dans la famille de Xavier DEDECKERE (Anvers)
ANOUK – 12/01/2023
Dans la famille de Charles BLERET (Ottignies-Louvain-La-Neuve)
LÉANDRE – 26/01/2023
Dans la famille de Romain TRIBUZIO (La Louvière)
BASILE – 02/02/2023
Dans la famille de Simon GHEUX (Ixelles)
NORA – 14/03/2023
Dans la famille de Elke MARNEF (Leuven)
05/08/2019
STAS Fabian et DAXHLET Isabelle (Amay) (Par cohabitation légale)
04/12/2020
DE CLERCQ Stephanie et VAN CAEKENBERGH Tim (Assenede)
27/06/2022
SOLOT Anne-Sophie et BRASSEUR Julien (Namur)
15/07/2022
VLERICK Ken et DE PAEPE Marijke (Gent)
25/02/2023
TUTINO Anthony et LOCHT Julie (Grâce-Hollogne)
03/03/2023
PITON Olivia et MATERNE Andréa (Hannut)
18/03/2023
DRASUTIS Jonathan et SOIRON Adrianne (Visé)
NECROLOGIE
ROSSEELS FRANCIS
1938 - 27/07/2022
(Lesterny)
TIMMERMANS MICHEL
1935 - 15/02/2023
(Aartselaar)
TIELEMANS LIBERT
1942 - 31/03/2023 (Cologne – Allemagne)
Indice des prix à la consommation
- Janvier : 127,84 points
- Février : 126,95 points
- Mars : 127,67 points
Indice santé
- Janvier : 128,00 points
- Février : 126,86 points
- Mars : 127,80 points
L’indice santé lissé s'établit à 125,08 points en mars, encore sous l’indice pivot pour la fonction publique et les allocations sociales (fixé à 125,60 points).
Suivez-nous !
Les allocations sociales et les pensions ainsi que les salaires du secteur public seront donc probablement indexés de 2% en septembre de cette année. Le prochain indice-pivot après ce dépassement s’élèvera à 128,11 points.
PRIME SYNDICALE POUR L’ANNEE DE REFERENCE 2022
Pour tous les (ex-)militaires qui étaient en service actif en 2022 !
La Défense envoie en ce moment les formulaires de prime syndicale. Si ce n'est déjà fait, vous devriez recevoir le vôtre très prochainement.
Le formulaire original (donc pas de fax ni d’email avec le formulaire scanné) doit être complété et envoyé par la poste avant le 1er juillet 2023 à : ACMP-CGPM, Romboutsstraat 1 – Bus 021, 1932 ZAVENTEM
Vous pouvez aussi remettre le formulaire original complété et signé à un délégué CGPM qui nous le fera parvenir. Mais ceci n’est nullement une obligation.
Ne tardez pas à envoyer votre formulaire !
Dans les trois mois qui suivront la date de réception du formulaire de demande au Secrétariat permanent de l’ACMP-CGPM, nous ferons le nécessaire pour exécuter le paiement de la prime.
Pour plus d'infos ou si vous n’avez pas reçu le formulaire à la mi-mai, consultez cette page: https://www.acmp-cgpm.be/avantages/prime-syndicale-annee-de-reference-2022