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En Namibie, l’hydrogène vert devient concret
Les autorités ont signé, fin mai, un accord avec la société Hyphen pour développer une nouvelle phase de ce mégaprojet à 10 milliards de dollars.
«Nous avons démarré un processus qui a le potentiel de transformer la vie de beaucoup de gens dans le pays, dans la région, et même dans le monde entier », s’est enthousiasmé le président namibien Hage Geingob, le 24 mai, après la signature, à Windhoek, et au terme de dix-huit mois de discussions, d’un accord de faisabilité et de mise en œuvre avec la société Hyphen Hydrogen
Energy (joint-venture entre le fonds d’investissement suisse Nicholas Holdings Limited et le groupe allemand de production d’énergies renouvelables Enertrag) concernant un projet d’hydrogène vert. D’un coût total de 10 milliards de dollars (presque autant que le PIB du pays, estimé à 12,3 milliards !), le complexe industriel sera construit dans le parc national de Tsau Khaeb, dans le sud-ouest du pays, et devrait produire, à l’horizon 2030, 2 millions de tonnes annuelles d’hydrogène dit « vert » (c’est-à-dire par électrolyse de l’eau, au moyen d’électricité produite sans émission de gaz à effets de serre). Le PDG d’Hyphen, Marco Raffinetti, a estimé que le projet permettrait de créer 3 000 emplois directs et 15 000 indirects. Aussi, la Namibie, qui importe encore 40 % de son électricité, entend à terme devenir autosuffisante. Hyphen a également signé un accord avec la société portuaire néerlandaise Koole Terminals, afin de garantir l’acheminement de l’hydrogène jusqu’à Rotterdam, et prospecte les entreprises européennes susceptibles d’en acheter 750 000 tonnes par an, pour une utilisation dans les transports poids lourds, le chauffage et l’industrie.
Le pays d’Afrique australe, peuplé de seulement 2,5 millions d’habitants pour 825 000 km2, entend profiter de la transition énergétique pour valoriser son incroyable capital en énergies décarbonées, notamment ses plus de 300 jours d’ensoleillement par an. « La Namibie possède le potentiel pour devenir l’un des principaux hubs en énergies renouvelables sur le continent africain et dans le monde entier », avait déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lors d’une rencontre avec le président Geingob pendant la COP27 en Égypte, en novembre dernier. La Namibie avait alors signé un protocole d’accord établissant un « partenariat stratégique » avec l’UE, pour « assurer la mise en place d’un approvisionnement sûr et durable en matières premières et raffinées, ainsi qu’en hydrogène renouvelable, afin de soutenir la transformation écologique et numérique de [ses] économies ».
L’Europe parie sur l’hydrogène vert pour parvenir à décarboner son industrie et ses transports, avec comme objectif la production, en 2030, de 10 millions de tonnes et l’importation de 10 autres millions de tonnes, notamment depuis la Namibie, le Maroc, l’Égypte et le Kazakhstan. Des ambitions immenses pour un secteur qui se trouve, certes, en pleine croissance, mais qui n’en est pas moins encore à ses balbutiements : en 2022, la production mondiale d’hydrogène vert dépassait tout juste les 100 000 tonnes… ■