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ET NOS ANCIENS

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Khady Diallo

Khady Diallo

Ces derniers jours, l’Hexagone s’enflamme au sujet des retraites. La population est vent debout contre l’allongement des cotisations et le report de 62 à 64 ans de l’âge légal de départ au repos. Vus d’Europe, où la plupart des pays ont déjà repoussé la date fatidique bien plus loin et depuis longtemps, les Français font un peu figure de flemmards. Vus d’Afrique, c’est très différent. On pense, à juste titre, que c’est vraiment un problème de riches. Car le continent connaît une réalité bien différente. Dans la majeure partie des pays, dotés d’une pyramide des âges inversée, le vrai casse-tête du moment, c’est pas les vieux, ce sont les jeunes ! Depuis des décennies, l’espérance de vie très basse des populations a motivé des politiques de départ à la retraite très tôt, autour de 55 ans pour la plupart des fonctionnaires et autres cotiseurs. Au grand dam de ces derniers (l’inverse de chez nous !), car les pensions sont minables et rarement versées en temps et en heure, les caisses étant la plupart du temps exsangues. Moralité, on préfère travailler plus longtemps pour vivre mieux. Les quelques dernières mesures qui ont décalé l’âge de départ à 60 ans ont été applaudies !

Cela dit, elles ne concernent qu’une infime partie de privilégiés, car les économies tournent en général à 80 % dans l’informel, donc les cotisations pour toucher une pension, 80 % des Africains ne savent pas ce que c’est. Partout, l’assurance vieillesse, selon l’adage qui a la vie dure, ce sont les enfants ! Pourtant, au-delà du problème d’agrandir l’assiette des cotisations, les gouvernements devraient commencer à se pencher sérieusement sur le sujet. Car selon les projections les plus sérieuses, et tant mieux, l’espérance de vie progresse. Lentement, mais sûrement. Le nombre de personnes de plus de 60 ans sur le continent est ainsi passé de 12 millions en 1950 à 53 millions en 2005, et devrait atteindre, selon les estimations des Nations unies, 200 millions en 2050. Certains pays, un peu plus visionnaires que d’autres, ont déjà commencé à réformer leurs caisses de retraite pour faire face à l’allongement de la période de versement, comme le Maroc ou la Côte d’Ivoire. Car on peut aussi supposer que le développement du continent passera par la diminution du monde de l’informel et que l’urbanisation changera peu à peu les mentalités dans la gestion des vieux, des veuves et des orphelins par les familles. Bref, un vaste chantier à ciel ouvert pour demain. ■

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