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Youssou Ndour

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Khady Diallo

Khady Diallo

LA STAR SÉNÉGALAISE REND HOMMAGE,

dans son album Mbalax, à ce genre populaire dont il est devenu l’ambassadeur mondial. Confessions musicales et panafricaines. propos recueillis par Astrid Krivian et Cédric Bouvier

Le mbalax m’a vu grandir. J’ai commencé à chanter à 14 ans. J’ai vécu l’évolution de la musique, l’amplification du son, etc. Pendant longtemps, la musique cubaine avait le vent en poupe, au Sénégal. Au cours des années 1970, notre génération s’est tournée vers les percussions traditionnelles, comme le sabar, la marque de fabrique du mbalax. Sur ce rythme, les instruments modernes se sont ajoutés. C’est alors devenu la musique la plus populaire du pays !

Il raconte notre société, notre histoire, ce qui nous fait vibrer, ce qui nous révolte. C’est en restant connecté avec le quotidien que l’on peut vraiment raconter des histoires. Sur mon dernier album, Mbalax [notamment présenté en octobre dernier à la Fiesta des Suds, à Marseille, ndlr], je parle des défis en matière d’environnement, et notamment de la question de l’eau – sa distribution, sa protection. À travers la musique, on peut faire passer des messages beaucoup plus rapidement qu’en politique, j’en sais quelque chose [rires] ! [Ministre de la Culture et du Tourisme sénégalais entre 2012 et 2013, il a ensuite été ministre-conseiller du président Macky Sall, ndlr.]

Ce qui a forgé ma réputation de musicien, c’est la world music, née dans les années 1980 de la rencontre des musiques africaines, orientales, avec la pop, le rock… J’ai collaboré avec Peter Gabriel, Paul Simon. Le mbalax est l’une de ses sources, mais ce n’est pas la world music ! J’aime le rappeler pour dissiper cette confusion. Ma mère appartient à la caste des griots, mais mon père, non. Ils se sont aimés malgré cette différence sociale. Cet héritage résume bien ma carrière, ma façon d’appréhender la musique, partagé entre le griot, né pour chanter, raconter l’histoire, et celui qui a dû travailler pour devenir musicien. À mes débuts, ce n’était pas simple de faire accepter à mon père ma vocation. Originaire de l’intérieur du Sénégal, il a quitté son village natal pour Dakar. Il n’a pas eu l’opportunité d’aller à l’école et tenait beaucoup à ce que moi, son fils aîné, étudie. Et voilà que je refuse pour faire de la musique ! Il a un peu bataillé. Mais quand je me suis vraiment lancé, il était fier de moi.

Pour imager mon attachement et ma présence à Dakar, je suis comme un pêcheur qui quitte les côtes sénégalaises, voyage et revient avec des poissons, sûr que les gens vont l’attendre et apprécier le fruit de sa pêche. J’aime le monde, parce que j’aime Dakar ! Je pars, je rencontre d’autres sonorités, mais chaque fois, je reviens pour m’assurer que ma musique est validée ici. C’est aussi ce qui m’a poussé à créer des infrastructures, un studio à Dakar. Avant, on galérait pour enregistrer : c’était soit à la radio nationale, soit à Paris. Les sessions à Paris étaient concentrées sur quelques jours, chaque heure était comptée, on était stressés ! Ça pouvait impacter le travail. Le jour où j’ai pu enregistrer, tout en faisant ma pause déjeuner avec mes enfants… Quel bonheur !

Il faut continuer à promouvoir le panafricanisme, l’harmonie entre les Africains, pour qu’ils parlent d’une seule et même voix. Et que sa jeunesse soit consciente. Cette nouvelle génération va vraiment prendre les choses en main. La force de l’Afrique, c’est sa jeunesse. ■

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