LA VIE EN PLÉNITUDE LEONARDO MADDAMMA NOUS LIVRE CE TEXTE ÉCRIT L’AUTOMNE DERNIER LORS D’UNE RETRAITE AU CENTRE JÉSUITE DE MANRÈSE. C’est une journée d’automne. Je marche et m’émerveille. Tant de couleurs et de formes! Il y a comme une danse des arbres, les uns avec les autres. Un monde mouvant et pluriel. Une multitude de nuances et de volumes. Partout, une profonde unité, comme un respect végétal au cœur des différences. Rien n’est de trop. Chaque branche s’oriente à sa manière. Sa voisine lui fait de la place pour qu’elle puisse exister et s’épanouir, là où elle a choisi de se tourner. Tous les rameaux s’effleurent et se touchent. Chacun est bien à sa place. Le vent souffle et les mouvements sont en harmonie. C’est comme l’Esprit-Saint. En soufflant il permet aux différences de s’exprimer. La différence, quand elle ne prétend pas à une uniformité, est une richesse. Je marche et j’écoute les oiseaux, le bruit lourd des fruits tombant des arbres, le bruissement des feuilles sous mes pas… Tous ces sons, conjugués aux craquements du bois sec me font penser à la mort, au détachement de soi. Cette mort qui permet la vie. En automne, la nature s’oblige à mourir. Chemin de croix des temps froids. Pour permettre ensuite à la grâce du Saint-Esprit d’atteindre sa plénitude et de rayonner la beauté. Dieu crée seulement pour la vie.
Tout en marchant, je m’en rends bien compte: chaque fois que je m’autorise la vie, je vis l’instant présent. Je ralentis ma marche. Me voici apaisé. Une sensation de paix qui ouvre mon regard sur de toutes petites choses. Silencieuses, splendides dans leurs contours et dans leurs teintes: les fleurs! Partout, la vie est présente. Me viennent alors à l’esprit tous ces hommes et ces femmes qui ne font pas de bruit, qui resplendissent, apportent de l’amour et vivent. Un univers infiniment petit qui ne se laisse découvrir que si l’on est vivants, inscrits dans l’ici et le maintenant.
Photo: Christiane Elmer
Et j’en viens à penser au Christ qui nous invite, au fil des jours, à prendre notre croix et à Le suivre, confiants de Le savoir à nos côtés. Pas d’enchaînements au passé, pas d’angoisses du futur: juste là, vivants et présents. Un joug léger. Saint François l’avait compris: toute la Création est vie, Parole qui dit la Vie, qui dit l’Amour du Père. Loué sois-tu, Seigneur, pour cette vie! Il m’appelle à être présent à Lui et plein de confiance en Son amour. Oui. Il m’offre la grâce de me sentir pleinement vivant.
Leonardo Maddamma
SPIRITUALITÉ 09
