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à 23 Espoirs, sensations, nouvelles têtes... le casting 2021

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ESPOIRS, SENSATIONS, NOUVELLES TÊTES... LE CASTING 2021

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PAUL CABON PAULINE PARIGOT

S’ils sont plusieurs milliers désormais en France à travailler dans le secteur de l’animation – grâce notamment à la révolution de la 3D qui a bouleversé le secteur sur la dernière décennie – Paul Cabon fait un peu figure d’OVNI. Déjà parce que, contrairement à pas mal de ses anciens collègues de promo (école Estienne à Paris, ESAAT à Roubaix, école La Poudrière à Valence), il ne s’est pas tourné vers un CDI stable dans un grand studio parisien. « J’ai fait le choix du retour en Bretagne en travaillant sous statut d’intermittent pour les studios rennais Vivement Lundi », explique le trentenaire originaire de Plouzané, né en 1985. Une voie plus « artisanale » donc, pour vivre de sa passion, le dessin. « Gamin, j’étais un petit rat de bibliothèque, toujours le nez fourré dans les BD et les mangas. Un univers qui fait partie intégrante de ma vie. » Mais ce qui rend le parcours de Paul Cabon atypique, c’est aussi et surtout qu’il a souhaité depuis la fin de ses études se tourner uniquement vers l’animation pour adulte. Un créneau qui, de son propre aveu, « n’existe pratiquement pas en France. Les rares films qui ne sont pas destinés à un jeune public et qui trouvent un distributeur délivrent un message social : Les Hirondelles de Kaboul, Funan… » Pas du tout le créneau de ce féru de SF et de fantastique, dont les trois courts métrages professionnels réalisés jusqu’ici (Tempête sur Anorak en 2014, primé au festival de Sundance, Le Futur sera chauve, nommé aux César 2018 et La Tête dans les orties, pour une deuxième nomination aux César cette année) balancent entre des univers tantôt oniriques, tantôt carrément déglingos. « J’aime l’animation pour son pouvoir d’évocation : il permet d’inventer tous les possibles et de voyager vers l’infini, pas forcément d’avoir une morale… » En pionnier, bien décidé à ce que « l’animation sorte de la case du mercredi après-midi », il travaille actuellement à l’écriture de son premier long métrage. Contrairement à ce que son nom indique (uh uh), Pauline Parigot est Bretonne, née à Rennes en 1992 et prédestinée pour faire carrière dans le monde du spectacle. « Mon grandpère Guy Parigot était lui-même un comédien et un metteur en scène de renom (cofondateur du Théâtre national de Bretagne en 1989 et professeur au conservatoire de Rennes pendant quatorze ans, il est décédé en 2007, ndlr). C’est évident qu’il a beaucoup compté dans mes choix artistiques. À 16 ans, j’avais déjà dans l’idée de m’orienter vers le cinéma : une décision prise à la découverte des films de La Nouvelle Vague, de Maurice Pialat et de John Cassavetes qui restent, encore aujourd’hui, des références personnelles… » Pauline est révélée à 20 ans dès son premier rôle dans le remarqué film Les Lendemains de Bénédicte Pagnot, où elle campe une étudiante rennaise au militantisme radical. Un rôle de composition pour la jeune fille sage et appliquée, passée par le conservatoire de théâtre et une école de formation du métier d’acteur à Cannes (l’ERACM). « Contrairement à ce qu’on peut parfois penser, c’est un métier qui s’apprend, même s’il est artistique. Je dis souvent que la réussite tient dans le triptyque "travail, talent et chance". Le troisième critère est indispensable et malheureusement c’est le plus injuste : beaucoup de très bons comédiens restent sur la touche juste parce que la pièce ne tombe pas du bon côté. »

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Alice Barbosa Ce qui ne semble pas être le cas pour elle : présélectionnée deux fois pour le César du meilleur espoir féminin (en 2014 pour Les Lendemains et cette année pour Frères d’arme, du Rennais Sylvain Labrosse, lire son portrait page 22), Pauline Parigot était à l’affiche en 2017 de Sage Femme au côté de Catherine Deneuve et Olivier Gourmet (méga classe). Après quelques apparitions télé (notamment dans la saison 2 des Revenants sur Canal+), elle tourne actuellement au Maroc pour Les Sentinelles, prometteuse minisérie consacrée à l’opération Barkhane des troupes militaires françaises au Sahel. « J’y joue le rôle d’une lieutenante prise dans un guetapens de soldats djihadistes. » Les sept épisodes de 52 minutes, réalisés par Jean-Philippe Amar (Engrenages, Un Village français…), seront diffusés sur OCS à partir de janvier 2022.

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DELPHINE DELOGET

De tous les talents émergents du cinéma breton, Delphine Deloget possède sans nul doute le plus beau CV. Avec, jusqu’à très récemment, une spécialité : le film documentaire. En 18 années d’expérience, la Paimpolaise de 46 ans a signé une dizaine de docus, tous primés et tous diffusés à la télé. « Cela a commencé en 2003 avec Qui se souvient de Minik, le fruit d’un voyage au Groenland. Dans la foulée, je suis partie quatre mois en Mongolie à la recherche des derniers chanteurs diphoniques des steppes. C’était culotté mais c’est comme ça qu’on se lance dans le métier : en quittant son bureau et en partant à l’aventure. » Les premières années, Delphine travaille en parallèle comme monteuse et cadreuse pour la télévision (« à Eurosport notamment en régie de matchs de basket et de baseball ! »). Du boulot alimentaire pour avoir l’intermittence et économiser assez pour repartir sur les routes. « J’ai aussi installé à mes frais chez moi un banc de montage pour être autonome. Le film docu, c’est beaucoup de DIY. » En 2015, c’est la consécration avec l’obtention du prestigieux prix Albert Londres pour Voyage en barbarie, plongée de 72 minutes dans le Sinaï égyptien au plus près de réfugiés érythréens kidnappés et torturés. « Un reportage coup de poing empreint cependant de pudeur et de dignité », salue le jury. Si elle admet que cette reconnaissance lui a « ouvert des portes », l’intéressée a le triomphe modeste. « C’est un milieu trop précaire et fragile pour se reposer sur ses lauriers. Il faut persévérer, toujours. » Car l’année 2021 s’avère déterminante pour celle qui s’apprête cet été à tourner son premier long métrage de fiction : Rodéo. « Un tournage à Brest où se passe également l’action du film. L’histoire d’une femme qui, suite à un accident domestique dont est victime son fils, sombre. » Un drame social dont elle signe également le scénario. « C’est une autre forme d’aventure. Le docu et la fiction sont deux mondes différents. Cette fois, je dois apprendre à m’entourer, à déléguer aussi. Ce n’est pas non plus du tout les mêmes modèles économiques. »

VINCENT LE PORT

C’est à 14 ans que « l’envie de faire des films » est née chez Vincent Le Port. Vingt-et-un ans et un diplôme à la FEMIS (la prestigieuse école de cinéma parisienne) plus tard, il attend avec impatience d’officialiser la sortie de son tout premier long métrage : Bruno Reidal. L’histoire (inspirée d’un véritable fait-divers) d’un jeune séminariste de 17 ans arrêté en 1905 dans le Cantal pour le meurtre d’un enfant de cinq ans son cadet et qui lutta toute sa vie contre ses pulsions meurtrières. « Le film est prêt depuis l’été dernier, il a un diffuseur (Capricci Films, ndlr) et a bénéficié de pas mal de financements, dont Arte et Ciné+, ce qui lui garantit en plus une deuxième vie assurée sur le petit écran. Reste à espérer une sortie en salle bientôt, possiblement en septembre… » Difficile d’y voir clair pour lui comme pour ses confrères avec ce calendrier complètement chamboulé depuis la réouverture des cinés. « C’est l’embouteillage, rien n’est sûr. Ce que je sais c’est que je ne suis plus à quelques semaines près ! »

VINCENT LE PORT

Pour ce drame historique, le jeune réalisateur rennais a pu bénéficier de 1,5 millions d’euros de budget. « Pour moi qui n’avais obtenu que des financements moindres pour mes précédents projets, c’est un gros bond en avant, même si ça reste très modeste (la moyenne française est de 4,4 millions d’euros, ndlr). » Impatient, Vincent Le Port l’est forcément, même si l’excitation s’est un peu émoussée avec l’attente. « Le cinéma, c’est l’école de la patience. J’ai commencé l’écriture en 2016, ce qui devrait donner un processus de cinq ans au total. Même s’il y a eu les conditions particulières liées au Covid, c’est long... » Pour patienter, le cofondateur du collectif d’auteursréalisateurs Stank a tourné il y a quelques mois un film expérimental de 7 minutes (La marche de Paris à Brest qui, comme son nom l’indique, est le fruit d’une rando réalisée entre son domicile parisien et sa Bretagne natale) et travaille actuellement sur d’autres projets, parmi lesquelles une nouvelle adaptation historique et une comédie contemporaine.

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MARIE LE FLOC’H

SYLVAIN LABROSSE

Le prestige de l’Olympia de Paris, les blagues plus ou moins inspirées de la maîtresse de cérémonie Marine Foïs, le show ensanglanté de Corinne Masiero, le triomphe d’Albert Dupontel avec Adieu les cons : Marie Le Floc’h a connu les honneurs de l’invitation à participer à la 46e cérémonie des César organisée le 12 mars dernier. Je serai parmi les amandiers, son film de 21 minutes, figurait parmi la sélection des meilleurs courts métrages de l’année. S’il n’a finalement pas été lauréat, il a au moins eu le mérite de mettre en lumière le travail de Marie Le Floc’h, réalisatrice de 32 ans, qui n’a pas choisi le port de pêche de Lorient par hasard comme lieu de tournage pour ce drame sur un couple de migrants en plein questionnement identitaire (le pitch : Maysan et son mari Iyad, qui travaillent tous les deux dans une usine de transformation de poissons, apprennent que leur situation administrative et celle de leur fille Nour est en passe d’être régularisée, mettant fin à leur exil syrien, mais le couple est en cours de séparation…). « J’ai grandi à Paris mais mes origines sont bretonnes par mon père. J’ai moi-même travaillé dans une pêcherie similaire à celle du film, sur le port de Keroman, pour m’imprégner de l’ambiance et la retranscrire avec le plus de réalisme possible », explique la jeune femme qui habite Bruxelles depuis qu’elle y a passé ses études de ciné (diplômée de l’Institut des arts de diffusion). Je serai parmi les amandiers est le troisième court métrage de Marie Le Floc’h et révèle un cinéma d’une grande sensibilité. « Mes inspirations principales sont à trouver du côté du cinéma iranien : Jafar Panahi, Abbas Kiarostami… » Sa présence aux César a été « une vraie belle surprise » et « un coup de boost » pour la suite de sa carrière, avec le projet d’un premier long métrage actuellement en cours d’écriture et dont elle ne peut encore rien révéler de l’histoire. « Passer du court au long est assez vertigineux, les défis sont nombreux : trouver des financements, un distributeur, une équipe de tournage… Je vais déjà

Comme son confrère Vincent Le Port, Sylvain Labrosse est dans l’attente. La sienne est même plus longue encore puisqu’il devrait s’écouler près de deux ans et demi entre l’avant-première de son premier long métrage Frères d’arme (à domicile à l’occasion du festival Travelling de Rennes en février 2019) et sa sortie en salle décalée par deux fois et finalement programmée le 14 juillet cet été ! « Il devait initialement sortir le 20 mai 2020, puis le 23 décembre. Chaque fois, un confinement l’en a empêché. On espère vraiment que ce nouveau report est le dernier », récapitule le réalisateur de 59 ans, installé à Rennes depuis 18 ans. Autodidacte, il a connu tous les métiers du cinéma, avant de finalement passer derrière la caméra. Frères d’arme est un film de débrouille (« Je devais obtenir 2 millions de budget, j’ai pu compter sur seulement un quart de ce financement initial »), mais un film dont il est « fier ». Parce qu’il n’a pas lâché son envie initiale de le voir sortir en salle alors que son distributeur, face au contexte, lui proposait l’an dernier d’envisager une diffusion TV. Parce qu’il a convaincu

DR m’appliquer sur cette première phase très importante du scénario. » Pour ce faire, elle a été invitée en résidence pour participer aux ateliers d’écriture organisés par Le Groupe Ouest, la structure de création cinématographique basée à Plounéour-Trez dans le Finistère.

deux valeurs sûres du cinéma français, Vincent Rottiers et Kévin Azaïs, de jouer les rôles principaux de cette tragédie tournée en partie à Brest. Fier aussi que la troisième actrice à l’affiche, la prometteuse Pauline Parigot (lire page 19), soit présélectionnée pour l’occasion dans la catégorie espoirs féminins des César 2021. « Le chemin est semé d’embûches et la date prévue de sortie – cet été en plein festival de Cannes – est un vrai pari mais j’ai envie d’y croire. Qu’enfin les gens puissent le voir est une libération. Presque un soulagement ! »

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