Magazine «environnement» 4/2008 - Bois: le grand retour

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Bois: le grand retour

ENVIRONNEMENT

4/2008


Sommaire

ÉDITORIAL

Vieille ressource, nouvelle sève Le bois fait son grand retour. Après la guerre, cette ressource locale et traditionnelle a été négligée au profit d’autres matériaux – jugés plus modernes –

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Spots

6 – 41 DOSSIER BOIS 6

Une ressource à mieux exploiter

L’OFEV est en train d’élaborer une politique pour qu’on utilise tout le potentiel du bois et qu’on le valorise au mieux du point de vue économique.

et d’agents énergétiques fossiles.

10 Plein régime dans les scieries

En 1949, dans un livre vision-

La Suisse façonne de plus en plus son bois. Elle peut néanmoins encore mieux se diversifier au niveau des produits.

naire intitulé « The Coming Age of Wood », Egon Glesinger de la FAO prédisait que le bois jouerait un rôle économique majeur dans le monde et qu’il serait de plus en plus recherché. Pourtant, pendant des décennies, il a gardé une image vieillotte et nostalgique. Le regain d’intérêt qu’il suscite ne date que de quelques années, mais ouvre des perspectives souriantes à la sylviculture et à l’économie du bois. Dans le même temps, de nouvelles questions surgissent. Le bois permet de bâtir des maisons, de les agrandir, de

15 Une sylviculture naturelle Un nouveau catalogue d’exigences doit garantir que l’exploitation du bois ne se fasse pas au détriment des autres fonctions de la forêt.

21 Constructions avant-gardistes L’architecture en bois se décline en nouvelles dimensions. Deux exemples: Green Offices et la cabane du Mont-Rose.

les aménager et de les chauffer. Il sert de matériau de base pour le papier et le carton, pour des carburants et même

25 Au service du climat

peut-être, à l’avenir, pour des substances chimiques. À

En utilisant le bois pour construire et se chauffer, on contribue à protéger le climat.

l’heure où les autres ressources se font rares et chères, son extraordinaire diversité d’emploi laisse présager que la pression sur cette matière première – et donc sur la forêt – va sensiblement s’accroître. Dans ce contexte, l’OFEV s’est allié à l’Office fédéral de

27

Recherche Le programme Wood Fibre 2020 se penche sur diverses solutions de valorisation innovantes pour le bois.

l’énergie (OFEN) et au Secrétariat d’État à l’économie (SECO) pour définir une politique de la ressource bois,

28 Glossaire

d’entente avec les principaux milieux concernés. Ce document servira de point de repère stratégique pour une

29 La situation en Suisse

mise en valeur optimale des produits ligneux.

Le bois abonde dans nos forêts.

Le bois constitue le thème central de ce numéro du magazine ENVIRONNEMENT. Le dossier parle aussi de forêt, puisqu’une sylviculture durable offre les meilleures conditions pour approvisionner notre économie en bois sur le long terme. « Qui veut la forêt doit aussi vouloir le bois », disait-on lorsque cette matière première souffrait encore

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Nos bois en bref (à déplier) Panorama des volumes et essences indigènes.

37 Un excellent pourvoyeur d’énergie À l’avenir, le bois pourrait couvrir les besoins de chauffage d’un quart des bâtiments en Suisse.

d’une demande anémique. La formule peut désormais être inversée: de nos jours, qui veut le bois doit prendre

40 Protéger les sols forestiers

soin de la forêt.

Les lourds engins qui récoltent le bois doivent ménager les sols forestiers. Cours pour les exploitants.

Andreas Götz, sous-directeur de l’OFEV

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42 – 53 HORS DOSSIER 42

Subventions vertes La réforme de la péréquation financière et de la répartition des tâches (RPT) s’applique aussi à la protection de l’environnement.

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Chats sauvages Un programme de l’OFEV les compte et les surveille dans le Jura.

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Éducation à l’environnement Le service-environnement est de plus en plus connu et actif.

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Biotechnologie et sécurité La formation des responsables de la sécurité biologique va se professionnaliser.

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Lutte contre la corrosion Le revêtement de la conduite forcée de l’usine électrique de Tenero contenait des PCB: il a été assaini. Une intervention modèle.

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Jugement / Rubrique internationale Nouvelles des cantons OFEV interne Agenda Dernières publications de l’OFEV Actif Le savoir-vert / Impressum

Bois: tous les liens La rubrique Online a été déplacée. Vous la trouverez sur le site de l’OFEV à l’adresse suivante: www.environnement-suisse.ch/magazine2008-4 Ce service a été étendu et comprend une liste de liens ainsi que des sources bibliographiques pour chaque article du numéro.

En couverture: Le bois est un bon employeur. En Suisse, OFEV/AURA E. Ammon

l’économie forestière et l’industrie du bois occupent quelque

Le bois des forêts suisses est à nouveau demandé:

80 000 personnes, surtout dans les régions rurales.

récolte dans la forêt bourgeoisiale de Sumiswald (BE).

Photo: OFEV/AURA E. Ammon

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Agir pour le grand tétras et le pic mar La parade du grand tétras (photo) est un spectacle fascinant que l’on observe de moins en moins dans les forêts suisses. Les dernières populations qui ne soient pas directement menacées se rencontrent dans les Grisons, les Préalpes septentrionales et la chaîne du Jura. La situation du pic mar n’est guère plus enviable: on ne recense plus qu’un demi-millier de couples nicheurs. Pour conserver ces deux espèces, l’OFEV, la Station ornithologique suisse de Sempach et l’Association suisse pour la protection des oiseaux (ASPO/Birdlife Suisse) ont développé des plans d’action au sein du programme de conservation des oiseaux en Suisse. Ils y ont défini les objectifs à moyen terme, la stratégie, les priorités des mesures ainsi que les conditions organisationnelles et financières de la mise en œuvre. Cette dernière est de la compétence des cantons, qui bénéficient d’un soutien de la Confédération dans le cadre de la nouvelle péréquation financière.

mise à disposition

Des rues éclairées à la demande L’éclairage nocturne coûte de l’argent et de l’énergie tout en polluant l’atmosphère. La ville de Lemgo, en Rhénaniedu-Nord-Westphalie, explore de nouvelles solutions avec son système de lampadaires économiques. Un coup de téléphone suffit pour allumer pendant quinze minutes les lampes des rues que l’on veut parcourir. L’utilisateur ne paie que la communication. Ce système est actuellement testé dans trois communes. Jusqu’à la mi-2009, les responsables rassemblent des données concrètes sur les économies d’énergie réalisées, la réduction des émissions de CO2 et le comportement des utilisateurs. Les demandes reçues de la République tchèque, d’Autriche, des Pays-Bas et de Suisse ne seront examinées qu’ensuite.

Bruno Stadler, section Chasse, faune sauvage et biodiversité en forêt, OFEV, 031 325 57 14, www.conservation-oiseaux.ch

Dial4Light®, Frank Bräuer, Services industriels de Lemgo (Allemagne), 0049 5261 255 251, www.stadtwerke-lemgo.de OFEV

Les CFF mettent le frein aux gaspillages Les conducteurs de locomotive des CFF sont formés à la conduite écologique. Lorsqu’un gros train ralentit de 200 à 160 km/h en utilisant uniquement le frein électrique, il économise la quantité de courant que consomme un ménage moyen en une semaine. Le perfectionnement des mécaniciens fait partie du programme d’économies d’énergie lancé par l’entreprise. L’objectif est de réduire la consommation de 10 % d’ici à 2015. Markus Halder, Centre environnemental ferroviaire des CFF, Berne, 051 220 42 94, www.sbb.ch/umwelt CFF

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SPOTS Déchets électroniques: zéro pointé pour les portables

Le pédibus fait son nid en Suisse alémanique Une étude réalisée sur mandat de l’Office fédéral des routes (OFROU) a montré qu’un enfant sur dix, en Suisse, est amené à l’école en voiture – même près d’un sur trois à proximité des centres urbains. Or, selon les experts, les enfants qui se rendent à pied à l’école apprennent à tenir compte de la circulation, font des expériences sociales enrichissantes et prennent conscience de l’environnement et de la nature qui les entourent. C’est la raison pour laquelle l’Association Transports et Environnement (ATE) a lancé « À pied à l’école… une aventure fascinante ». Cette campagne doit notamment montrer que jouer les chauffeurs de taxi pour ses enfants n’est pas une fatalité. Les pédibus, par exemple, permettent aux jeunes élèves de se déplacer à pied et en groupe sur le chemin de l’école. Bien connus des Romands, ils commencent à faire des émules en Suisse alémanique. Association Transports et Environnement, Berne,

Si l’on emballait tous les déchets électroniques suisses de 2007 dans des palettes entassées l’une sur l’autre, on obtiendrait une colonne haute comme 53 fois le Cervin. Près de 50 000 tonnes d’appareils électriques et électroniques usagés ont été éliminées l’an passé par SWICO Recycling, une commission indépendante et à but non lucratif de l’Association économique suisse de la bureautique, de l’informatique, de la télématique et de l’organisation (SWICO). Cette quantité, en hausse de 6,5 % par rapport à 2006, correspond à un taux de retour de 80 %. Les téléphones portables font toutefois exception, avec des retours de 15 % seulement, bien qu’ils soient repris gratuitement dans tous les points de vente. Ces téléphones contiennent des métaux lourds comme le plomb et le chrome, ainsi que des substances dangereuses comme le baryum et le béryllium. Presque tous leurs composants peuvent être valorisés. SWICO va miser davantage sur l’information pour faire connaître ce type de recyclage. SWICO Recycling, Zurich, 044 445 38 10, www.swicorecycling.ch

mise à disposition

Livraison de déchets électroniques chez Immark SA, à Regensdorf (ZH).

0848 611 611, www.ate.ch

Une fleur pour l’environnement Les écolabels sont des instruments de l’économie de marché qui aident le consommateur à prendre des décisions responsables. Ces dernières années, le label à la fleur de l’UE s’est bien établi en Europe. En tant que partenaire commercial important de l’Union, la Suisse observe cette évolution avec intérêt. Pour certains groupes de produits, des experts suisses collaborent à la définition des critères d’attribution. Depuis 2006, les établissements touristiques de notre pays peuvent se faire examiner directement par un vérificateur suisse. La certification se fait ensuite en Autriche. D’autres branches n’ont pas encore cette chance: elles doivent suivre toute la procédure dans un État membre de l’UE. C’est ce qu’a fait la société Panolin SA, à Madetswil (ZH), qui fabrique des lubrifiants sophistiqués: sept de ses produits ont été certifiés en Allemagne. Le label est parfois incontournable puisqu’en France, par exemple, la loi l’exige pour divers produits. Anna Wälty, cheffe de la section Biens de consommation et écobilans, OFEV, 031 323 13 17, www.eco-label.com, www.panolin.com, www.swisstourfed.ch mise à disposition

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SPOTS

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POLITIQUE DE LA RESSOURCE BOIS

La forêt nous loge et nous réchauffe Utiliser durablement et valoriser efficacement le bois, tel est l’objectif de la politique de la ressource bois, en cours d’élaboration à l’OFEV. Le potentiel de production de nos forêts doit être intégralement exploité, et le bois récolté être utilisé comme matériau d’abord, puis, en fin de vie seulement, comme agent énergétique.

Le bois est l’une des principales ressources naturelles de notre pays: c’est un matériau et un agent énergétique à la fois climatiquement neutre et renouvelable. En outre, son exploitation contribue au rajeunissement régulier des forêts et à leur stabilité. Selon la loi, nos forêts doivent satisfaire à des exigences multiples et parfois contradictoires: fournir le bois, offrir un lieu de détente, protéger contre les dangers naturels, aider à conserver la biodiversité. La Confédération est tenue de veiller à ce que la forêt puisse remplir durablement toutes ces fonctions. Cela implique entre autres que l’utilisation du bois tienne compte de façon optimale, d’un point de vue économique, des différents intérêts. En collaboration avec le Secrétariat d’État à l’économie (SECO) et l’Office fédéral de l’énergie (OFEN), l’OFEV élabore dans ce but une politique de la ressource bois qui devra répondre à deux questions déterminantes: combien de bois la forêt suisse peut-elle fournir durablement chaque année et comment le valoriser au mieux?

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Un potentiel inexploité À l’échelle nationale, nous pourrions utiliser durablement davantage de bois: on abat en effet moins de bois exploitable qu’il n’en repousse. Ce fait s’explique par la faible demande du passé,

avec les différents groupes d’intérêts – économie forestière et industrie du bois, cantons, organisations environnementales, milieux scientifiques – pour tenir compte des exigences de chacun.

Les politiques climatique et énergétique misent sur les énergies renouvelables pour réduire les émissions de CO2, ce qui augmente la pression sur les forêts. le comportement des propriétaires de forêts en matière d’offre, les petites structures des propriétés et les coûts de récolte élevés dus à la topographie dans certaines régions. Avec la raréfaction du pétrole à l’échelle mondiale, pourtant, la demande en bois s’est considérablement accrue depuis 2006. En outre, les politiques climatique et énergétique misent sur les énergies renouvelables pour réduire les émissions de CO2, ce qui augmente la pression sur les forêts. Bien que la population aime les forêts entretenues, claires et « propres », d’aucuns craignent que l’exploitation accrue du bois ne les détruise. La politique de la ressource bois a été discutée

L’objectif actuel est d’exploiter autant de bois qu’il en croît. Des études approfondies examinent s’il serait aussi opportun de réduire les grandes réserves. Valoriser intelligemment La concurrence entre les diverses formes de valorisation – matérielle ou énergétique – de cette matière première limitée s’est renforcée. Sur le plan de l’économie nationale, et pour autant qu’une utilisation comme matériau soit possible, la valorisation directe du bois à des fins énergétiques n’est pas idéale. L’objectif stratégique est plutôt de l’utiliser en cascade: bois et produits suite page 8


Politique de la ressource bois: les objectifs pour 2020 1. Une sylviculture rentable utilise à fond le potentiel de production de bois durablement exploitable dans les forêts suisses. Ce potentiel est estimé à 8 ou 8,5 millions de mètres cubes (m3) par an. 5,7 millions de m3 ont été récoltés en 2007. Avec la proportion d’écorce et les pertes de récolte de près d’un million de m3, ce chiffre représentait environ 80 % du potentiel.

2. La demande en produits ligneux se développe, notamment la proportion de bois dans le parc immobilier. La consommation annuelle de sciages et de dérivés du bois doit passer à 0,39 m3 par personne, soit 20 % de plus qu’en 2006. La part du bois dans le parc immobilier suisse doit grandir de 50 %. Le potentiel existe: en Autriche, la consommation de dérivés du bois et de produits de scierie était en 2006 de 0,84 m3 par habitant.

3. La valorisation énergétique du bois des forêts, du bois hors forêt et du bois usagé augmente. Le potentiel d’exploitation du bois d’énergie de nos forêts varie de 2,7 à 3,2 millions de m3 par an selon les estimations. Actuellement, on en utilise environ 1,3 million; un recensement exact est impossible, surtout dans les forêts privées. Le bois usagé peut également être valorisé davantage. Voir aussi page 37.

4. Le bois est utilisé en cascade. Les assortiments qui se prêtent à une utilisation tant matérielle qu’énergétique sont d’abord exploités comme matériau.

5. Le potentiel d’innovation de la chaîne de valeur ajoutée du bois s’accroît. En raison de leurs petites structures, l’économie forestière et l’industrie du bois suisses ne peuvent réaliser seules les investissements nécessaires: il faut donc soutenir la recherche, le développement et le transfert de savoir et créer des conditions favorables à l’innovation.

6. La concertation avec d’autres politiques sectorielles et acteurs importants est assurée.

OFEV/AURA E. Ammon

L’OFEV veille à garantir une collaboration de confiance avec les autres offices fédéraux, les cantons, le secteur de la forêt et du bois, les milieux scientifiques et la recherche.

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Politique de la ressource bois: définition et délimitation Activités internationales

Politique forestière Conservation et utilisation durable de la forêt

Politique énergétique

Utilisation de la ressource bois Filière bois: du bois sur pied à la valorisation ou à l’élimination, en passant par les produits en bois

Politique de la ressource bois Mise à disposition durable du bois Valorisation efficace Politique climatique Politique économique et régionale OFEV

La politique de la ressource bois, axée sur l’utilisation, est indépendante de la politique forestière. Pour toutes les mesures concernant l’exploitation du bois, elle tient compte des dispositions actuelles de la loi fédérale sur les forêts, qui prescrit une gestion durable.

ligneux doivent demeurer aussi longtemps que possible dans le système économique. Une telle utilisation part d’une valeur ajoutée élevée pour descendre successivement les échelons. Le bois exploitable en tant que matériau ne devrait jamais être employé en premier lieu comme combustible – mais en fin de vie, si. Il faut commencer par se loger avant de se chauffer! Le plan d’action bois La politique élaborée sera mise en œuvre à l’aide d’un plan d’action bois, qui poursuivra dès 2009 certaines activités de bois 21, le programme d’encouragement de l’OFEV (voir encadré page 9). L’accent

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est mis sur l’utilisation judicieuse du bois en termes économiques et écologiques. Les mesures tiennent compte des situations différentes de l’économie forestière et de l’industrie du bois. L’un des principaux champs d’action destinés à accroître l’efficacité de la production de bois consiste à conseiller et motiver les propriétaires de forêts. Pour améliorer les conditions de ce dialogue, les dispositions correspondantes de la politique forestière vont être optimisées et flanquées de mesures structurelles, par exemple dans les domaines des coopérations et de la logistique.

Des impulsions utiles À la différence de l’économie forestière, le secteur de la transformation du bois n’a pas besoin de mesures pour rendre ses structures plus efficaces: c’est le marché qui s’en charge. Mais il faut créer les conditions nécessaires à l’innovation et à la compétitivité, notamment en matière de recherche et de développement, de formation et de perfectionnement ainsi que de transfert du savoir. On soutiendra par exemple le développement d’immeubles en bois de plusieurs étages à haute performance énergétique, ou la recherche de nouvelles filières de valorisation pour le bois de feuillus.


Récolte de bois par produit, 1986–2006

bois 21

en milliers de mètres cubes

bois 21 est un programme d’encouragement de l’OFEV auquel participent l’industrie du bois, les hautes écoles et les organisations environnementales. Lancé en 2001, le projet entend poser les fondements d’une valorisation durable du bois d’ici à fin 2008. Il a pour principaux objectifs d’accroître les ventes, d’utiliser le bois indigène et d’améliorer le rendement de la chaîne du bois, de la forêt au marché. Les priorités sont les suivantes: • améliorer la compétitivité de l’économie forestière et de l’industrie du bois; • augmenter le rendement de l’industrie du bois, en mettant l’accent sur les coopérations et le transfert de savoir; • perfectionner les bases techniques de l’utilisation du bois; • lancer des produits et des procédés novateurs; • faire connaître et couronner les objets et les projets innovants. Grâce à bois 21, des progrès importants ont été réalisés dans la production, la transformation et l’utilisation du bois. Une évaluation du programme a montré que pour l’essentiel, les objectifs ont été atteints.

1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007

Grumes 2976 2923 2793 2887 4488 2987 2917 2908 3234 3304 2663 2990 3386 3294 6801 3920 3046 3501 3425 3421 3630 3648

Bois d’industrie 758 763 809 842 895 764 721 594 518 542 478 454 460 462 811 619 520 513 561 584 634 689

Bois d’énergie 894 884 893 813 879 786 845 836 858 833 853 940 1000 981 1626 1122 991 1107 1147 1251 1417 1329

Total 4628 4570 4495 4542 6262 4537 4483 4338 4610 4678 3995 4383 4845 4737 9238 5662 4557 5121 5133 5256 5681 5666

Source: Statistique forestière suisse, OFS

La politique de la ressource bois et le plan d’action bois ne sont pour l’essentiel que des outils d’accompagnement: en effet, les flux de matières sont surtout régulés par le marché, qui est fortement influencé par la politique énergétique dans le cas du

bois. Reste que ces outils peuvent donner des impulsions et empêcher ou du moins atténuer de nombreux conflits grâce à l’harmonisation des politiques sectorielles. Ulrike Krafft, OFEV

Pour retrouver cet article en ligne, avec liens et sources bibliographiques: www.environnement-suisse.ch/magazine2008-4-01

INFOS

Ulrike Krafft

Rolf Manser, chef de la

Cheffe de projet Politique

division Forêts, OFEV

de la ressource bois, OFEV

031 324 78 39

031 324 40 45

rolf.manser@bafu.admin.ch

ulrike.krafft@bafu.admin.ch

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DOSSIER BOIS

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OFEV/AURA E. Ammon

TRANSFORMATION DU BOIS

L’ère des méga-scieries Il y a peu, la Suisse exportait encore une bonne partie de son bois brut sans le façonner. Une époque révolue, car depuis la mise en service de la scierie industrielle de Domat/Ems (GR) en 2007, les capacités de sciage ont considérablement augmenté. Cette tendance devrait se maintenir ces prochaines années. En empruntant l’A13 ou en prenant le train de Coire en direction de l’Oberland grison, on longe, à hauteur de Domat/Ems, les tas de grumes et le bois débité de la scierie Stallinger Swiss Timber: jamais on n’avait vu autant de bois en même temps en Suisse.

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L’entreprise Stallinger La quantité de débitage visée – un million de mètres cubes (m3) par an – frise le record, le temps nécessité pour la planification et la construction aussi: un an à peine après le premier coup de bêche, les scies et les trieuses avaient

déjà commencé à travailler sur la ligne de canter. La mise en service des rails, du séchoir et de la raboterie a suivi. Christian Felix, responsable processus et qualité à la scierie Stallinger, estime que le mérite revient aussi au chef de projet chargé de la construction,


Les troncs sont classés avant d’être écorcés: un miroir placé dans la cabine de contrôle permet à l’expert de voir tous les côtés du fût (en haut à gauche). Après l’écorçage, un chargeur frontal (à droite) dépose les troncs triés sur la ligne de canter, où ils sont amenés vers les scies. Un collaborateur surveille le processus au pupitre de commande.

Gregor Sax. Ce dernier, longtemps responsable technique chez Stallinger en Autriche, connaissait par cœur les lignes de sciage Linck et les installations de triage Springer. Le bois provient à 25 % des Grisons, à 60 % du reste de la Suisse et à 15 % d’Autriche, d’Allemagne et de France. Les livraisons des Grisons sont acheminées pour la plupart par camion, alors que les autres le sont à 90 % par train. Le bois grison devrait être lui aussi transporté plus souvent par le rail à l’avenir. Une installation automatisée Une fois les arbres déchargés et entassés dans le parc à grumes, une grue les amène à l’installation de triage, où ils sont déposés sur une chaîne d’amenage. De sa cabine de pilotage, Renato Caviezel classe les fûts qui passent bruyamment devant lui. « J’ai deux secondes à peine pour évaluer un tronc puis presser sur un bouton », expliquet-il. Renato Caviezel travaille de 5 à 14 heures ou de 14 à 23 heures. Sa tâche consiste également à superviser sur écran tous les processus automatiques de la ligne de tri, de l’écorçage au triage. « Il faut au moins avoir une formation de forestier-bûcheron pour faire ce travail », ajoute-t-il. Les troncs dont la base est trop volumineuse sont déviés sur un circuit de contournement, puis rabotés par un

réducteur de pattes. On procède ensuite à l’écorçage, au passage dans un détecteur de métal et à la mensuration du tronc écorcé. L’écorce est réutilisée dans la nouvelle centrale biomasse Tegra Holz & Energie AG, toute proche (voir page 37). Des exportations dans le monde entier Dans la première ligne de canter, on débite deux planches de bord à l’aide de fraises d’angle et de lames de scie; on retourne alors le tronc pour en tirer deux autres. Le rectangle restant passe par la scie circulaire; on peut en faire jusqu’à dix planches. Ici aussi, un collaborateur est assis devant plusieurs écrans. Il supervise l’installation totalement automatisée en suivant les différentes étapes, des scies à l’emballage en passant par la trieuse de planches. Une partie du bois de sciage est façonnée à la raboteuse. Chez Stallinger, on travaille aussi bien le sapin que l’épicéa. Le second, plus demandé dans la construction, se vend à meilleur prix. Le bois débité quitte la scierie pour deux tiers par rail, pour un tiers par camion, à destination soit de l’Autriche, où il sera transformé en bois lamellé-collé, soit d’un autre pays de l’UE, mais aussi du Japon, des États-Unis, du Proche- ou du MoyenOrient. L’entreprise compte s’agrandir. Elle veut produire elle-même le bois lamellécollé. D’autres options consistent à fa-

briquer des panneaux ou à installer une unité de production de pellets, qui réutiliserait la sciure et les copeaux de rabotage afin d’en faire du combustible pour les chauffages. Valoriser sur place la sciure serait une solution optimale pour Stallinger, car le transport des sous-produits du bois exige une logistique démesurée. La scierie de Domat/Ems compte actuellement 109 postes de travail et s’étend sur 15 hectares. Son parc à grumes est aussi vaste que 14 stades de football réunis. Une surface de 4,5 hectares est réservée aux projets d’extension. Moins nombreuses mais plus grandes La mise en service de l’usine Stallinger a permis à la Suisse de prendre le virage de la transformation industrielle du bois. De 2002 à 2007, la quantité de grumes sciées a augmenté de 12 % pour atteindre 2,5 millions de m3, soit près de 70 % de la récolte 2007. Durant la même période, la concentration s’est poursuivie dans le secteur des scieries: le nombre d’exploitations a diminué de près de 20 %, avec en corollaire une hausse de la productivité moyenne de 43 %. En 1996, aucune scierie ne dépassait les 100 000 m3 de bois débité. Elles étaient deux en 2002 et cinq en 2007. Malgré ces capacités en augmentation, un tiers du bois abattu en Suisse est toujours exporté tel quel, sans être

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OFEV/AURA E. Ammon

L’écorce est acheminée vers la centrale de Tegra (en haut à gauche). Après le premier débitage du tronc, le rectangle de bois de cœur restant (en haut à droite) peut donner jusqu’à dix planches. Elles sont triées par un collaborateur. Suivant leur position, marquée par une couleur donnée, le convoyeur à courroie les mène dans différentes filières (au milieu à droite). Puis elles sont emballées et expédiées.

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Flux du bois de forêt en Suisse en millions de mètres cubes

Récolte de bois 5,71

0,1

0,1

1,3 2,5

Grumes

0,7

0,1 1,3

Bois d’industrie

Bois d’énergie OFEV 2008

Importations 2 Exportations 2

1

Statistique forestière suisse, OFS

Utilisation en Suisse

2

Commerce extérieur suisse, DGD

façonné. Mais si, comme prévu, l’usine Schilliger de Luterbach (SO) ouvre ses portes en 2009 et traite 0,6 million de m3 par an, le secteur suisse de la transformation du bois ne pourra définitivement plus être considéré comme sousdéveloppé. D’autant plus que d’autres grosses entreprises pensent à s’agrandir. Une matière première suffisante? Les forêts suisses produiront-elles assez de bois pour couvrir les besoins de cette industrie? Oui, mais pas de la qualité voulue: nos scieries transforment en effet à 95 % des résineux. Si tous les projets de construction et d’agrandissement se réalisent, la demande pourrait passer de 2,5 millions de m3 actuelle-

ment à 4 millions en 2010. Or le potentiel des grumes de résineux est estimé à 3,4 millions de m3 par an pour le pays. Les forêts suisses ne livreront donc plus assez de bois pour faire tourner les scieries à plein régime. Hansruedi Streiff, directeur de l’association Industrie du bois Suisse, s’attend à ce que la concurrence joue toujours plus sur l’achat de matière première et fasse disparaître d’autres petites scieries. Les épicéas, principaux fournisseurs des scieries, poussent en majorité dans les Préalpes et les Alpes. Dans ces régions, la récolte est plus difficile que sur le Plateau, mais grâce à la technologie et aux infrastructures permettant l’accès aux forêts, l’activité est rentable,

surtout si le prix du bois continue à augmenter. Une tendance à la hausse est en effet enregistrée depuis 2006: il vaut enfin à nouveau la peine pour les propriétaires de forêts d’abattre leur capital vert. En 2007, 5,7 millions de m3 de bois ont été récoltés, soit 13 % de plus que la moyenne des vingt dernières années. Les feuillus à mieux exploiter Il n’en va pas de même pour les feuillus: seuls 131 000 m3 ont été abattus en Suisse en 2007, ce qui représente 5 % du total des coupes. Le hêtre, le feuillu le plus répandu dans nos forêts, était encore en partie transformé en cellulose jusqu’en 2007. Aujourd’hui, il n’est

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Mayr-Melnhof reprend le groupe Stallinger (bw) En 2008 aussi, le groupe Stallinger a fait parler de lui, sur son marché d’origine cette fois: ce groupe autrichien qui possède des scieries en Autriche, en Allemagne et en Suisse, avec 875 collaborateurs et un chiffre d’affaires de 250 millions d’euros, a été repris par son plus gros concurrent national, Mayr-Melnhof. Selon la presse, l’un des plus importants transformateurs de bois européens peut ainsi faire passer son chiffre d’affaires de 400 à 600 millions d’euros. La scierie Stallinger de Domat-Ems reste pour l’instant à 75 % aux mains des frères Stallinger, qui assumeront des tâches de gestion au sein du groupe Mayr-Melnhof et devront surtout veiller à la santé de la scierie grisonne. Hansruedi Streiff, directeur de l’association Industrie du bois Suisse, considère le groupe MayrMelnhof comme un partenaire extrêmement solide, qui produit aussi en Tchéquie et sera sous peu en Russie. La reprise de Stallinger lui permettra de jouer dans la cour des grands, au niveau mondial. plus utilisé que comme matériau énergétique ou exporté. Il serait possible de mieux l’exploiter. Augmenter la création de valeur n’est pas le seul argument en faveur de l’ouverture de nouvelles grandes scieries de feuillus: à l’état naturel, la forêt du Plateau en serait peuplée, et sous un climat en réchauffement, les résineux, plutôt adaptés à des températures plus basses, devraient s’y trouver encore plus en difficulté qu’aujourd’hui. Le projet AvantiBois Conscients de cette situation, des représentants publics et privés de la sylviculture des cantons de Vaud, de Fribourg,

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de Berne, de Neuchâtel et du Jura ont lancé le projet AvantiBois afin de construire une scierie de feuillus. Le lieu d’implantation prévu était Avenches (VD), mais la ville a opposé un refus en 2007, cédant en dernière minute le terrain convoité au géant californien de l’informatique Yahoo. AvantiBois est donc à la recherche d’un nouvel emplacement. Les sites favoris sont pour l’heure Grandson et Moudon, dans le canton de Vaud. Selon une étude mandatée par AvantiBois, 810 000 m3 de feuillus provenant d’un rayon de 150 kilomètres pourraient être livrés chaque année à la scierie, dont 540 000 m3 de France et 270 000 m3 de Suisse. De son côté, une entreprise examine maintenant la possibilité d’implanter une scierie de feuillus en Suisse orientale. L’exploitation de cette sorte de bois ne dépend cependant pas seulement des capacités de sciage, explique Hansruedi Streiff. En Allemagne, malgré la mise en exploitation de trois grandes scieries pour hêtres, on transforme bien moins de feuillus qu’il y a dix ou quinze ans. En effet, le rendement de ces espèces est moindre, leur tri plus ardu et leur transformation plus lente. Leurs produits sont donc plus chers, et sont remplacés par d’autres, meilleur marché, en imitation bois (stratifié), en matériau dérivé du bois ou en résineux. Diversifions les produits L’économie forestière et l’industrie du bois occupent actuellement 80 000 personnes en Suisse, et ce surtout dans les régions rurales, où les emplois dans l’industrie et les services sont rares. Façonner plus de bois dans le pays est l’un des principaux objectifs de la poli-

tique de la ressource bois (voir aussi page 6). Marco Zanetti, chef de la section Économie forestière et industrie du bois à l’OFEV, estime qu’un grand potentiel de création de valeur existe en Suisse dans l’industrie du bois (production de produits finis et semi-finis tels que poutres collées ou composants de bâtiments). « Nous n’avons pas pour l’instant de production notable de contreplaqué. » Et selon Hansruedi Streiff, aucun entrepreneur du pays ne propose encore de maisons préfabriquées standardisées en grand nombre. Cette situation se reflète également dans la balance commerciale du bois (bois, produits en bois, produits semifinis, pâte de bois et cellulose), qui affichait encore en 2007 un déficit de 2,6 milliards de francs. « Il faudrait des investisseurs privés », souligne Marco Zanetti. Les cantons pourraient évidemment aussi soutenir jusqu’à un certain degré le secteur, à l’image de ce qui s’est passé aux Grisons avec l’entreprise Stallinger. À Luterbach, le projet de Schilliger Holz AG bénéficie également de l’appui du canton de Soleure. Brigitte Weidmann

Pour retrouver cet article en ligne, avec liens et sources bibliographiques: www.environnement-suisse.ch/magazine2008-4-02

INFOS Marco Zanetti Chef de la section Économie forestière et industrie du bois, OFEV 031 324 77 84 marco.zanetti@bafu.admin.ch


SYLVICULTURE PROCHE DE LA NATURE

Nouveau catalogue d’exigences Mieux exploiter le bois est l’un des objectifs de la politique forestière suisse. Afin que cela ne se fasse pas au détriment des autres fonctions de la forêt, on élabore actuellement un catalogue d’exigences élémentaires pour une sylviculture proche de la nature. Des critères que l’entreprise forestière de la Bourgeoisie de Sumiswald (BE) n’aura aucun problème à remplir.

OFEV/AURA E. Ammon

Du bois de qualité pour le marché mondial: les troncs des sapins abattus dans la forêt bourgeoisiale de Sumiswald sont exportés jusqu’au Japon.

Un sapin s’élève bien droit dans le ciel, tel une colonne de cathédrale gothique. Il atteint les 70 centimètres d’épaisseur à hauteur de poitrine et son tronc est lisse jusqu’à une bonne quinzaine de mètres. Il est enraciné dans une pente raide de la forêt bourgeoisiale de Sumiswald, dans l’Emmental.

Il doit avoisiner les 250 ans. Sa croissance, lente, garantit un bois aux cernes fins. Un abattage ciblé Ce sapin est sur le point d’être abattu. L’ingénieur forestier Walter Marti, responsable de la division forestière 4 du

canton de Berne, l’a marqué la veille d’un point rouge, en présence de deux représentants de la Bourgeoisie. La scierie Brand de Zollbrück (BE) donnera entre 115 et 160 francs par mètre cube pour la partie inférieure du tronc. Elle viendra le prendre sur la route forestière et en fera des planches pour

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OFEV/AURA E. Ammon

La forêt bourgeoisiale de Sumiswald (BE) à l’automne: l’accroissement est entièrement exploité.

fenêtres, portes et autres produits exigeant du matériel de première qualité qu’elle livrera ensuite à des menuiseries locales, européennes ou même japonaises. La Bourgeoisie obtiendra également un prix correct pour la partie supérieure du tronc, branchue, qu’elle vendra à une autre scierie. Seules la cime et les grosses branches finiront en bois d’énergie ou d’industrie, pour un prix allant de 25 à 50 francs par mètre cube: parmi les acquéreurs, on trouve la centrale de chauffage à distance de Sumiswald, qui chauffe 80 immeubles, ou l’usine Kronospan de Menznau (LU), spécialisée dans la fabrication de matériaux en bois. Sur une surface de deux hectares autour du majestueux sapin, environ 70 arbres d’un volume de tige moyen de trois mètres cubes (m3) sont marqués pour l’abattage: quelques-uns ont atteint un âge semblable à notre sapin et fourniront eux aussi du gros bois d’excellente qualité; d’autres poussent trop

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près d’arbres prometteurs qui ont besoin de place pour croître; d’autres encore doivent disparaître pour que les jeunes pousses aient plus de lumière. Un épicéa dont la couronne a été rabattue par la tempête Lothar de 1999 sera laissé tel quel. Son bois mort n’a plus aucune valeur économique, mais il est devenu un précieux biotope. Un pic noir y a creusé son nid. Écologique et rentable Walter Marti estime qu’il faudra quelque neuf jours à deux hommes de l’équipe forestière pour abattre les arbres, parer le bois et le déposer, trié par qualité, en bordure de route forestière. Ils devraient en tirer 200 m3 de bois, soit un revenu de 20 000 francs pour la Bourgeoisie. Une affaire qui tourne. D’un point de vue écologique également, les résultats sont probants. En choisissant avec soin les arbres à récolter, les bûcherons conservent une forêt à la structure variée et étagée, peuplée

de sapins, de hêtres et d’épicéas de toutes classes d’âge. Cette forme de sylviculture proche de la nature, traditionnelle dans l’Emmental surtout, génère ce que l’on appelle des forêts jardinées. L’exploitation se fait sur de petites surfaces ou même par individu; la forêt est constituée d’espèces adaptées au lieu. Celle de Sumiswald, avec ses 354 hectares, en est un bel exemple. Cette forêt produit 2800 m3 de bois utilisable par an, plus ou moins tous exploités. Les comptes d’exploitation affichent régulièrement des bénéfices; ils étaient équilibrés même après la tempête Lothar, alors que le prix du bois avait chuté et que la plupart des entreprises forestières suisses étaient dans les chiffres rouges. Une paresse raffinée En quoi la Bourgeoisie de Sumiswald se distingue-t-elle des autres exploitants? Elle cultive une « paresse raffinée », selon la formule de Hans Leibundgut,


Les forêts protectrices également concernées Une exploitation plus intense du bois profiterait aussi à certaines forêts qui protègent habitations, voies de communication et autres biens des avalanches et des chutes de pierres. Dans de nombreux endroits en effet, le rajeunissement est défaillant parce que le bois n’a plus été abattu depuis longtemps ou que le gibier ongulé a trop brouté les jeunes pousses d’arbre. L’abattage aide donc à maintenir la fonction de protection. Mais il doit respecter les particularités du lieu: il faut parfois renoncer à couper un arbre pour ne pas réduire l’effet protecteur de la forêt. Les principes d’exploitation de ce type de forêts ont été élaborés dans le cadre du projet Gestion durable des forêts de protection, puis formulés dans des instructions pratiques. Gestion durable des forêts de protection. Soins sylvicoles et contrôle des résultats: instructions pratiques. L’environnement pratique, OFEV, 2005.

professeur de sylviculture à l’EPFZ entre 1941 et 1979. On laisse la nature travailler et ne gère son évolution qu’en abattant les « bons » arbres. Le rajeunissement naturel de la forêt permet d’économiser sur les plantations et de réduire les soins aux jeunes peuplements – habituellement exigeants – à de petites interventions après les abattages. La récolte représente 90 % du travail sur place. Ce sont surtout les grands arbres fournissant beaucoup de bois de qualité qui sont coupés. Le transport jusqu’à la route forestière accessible aux camions se fait par

treuil et tracteur ou, pour des distances plus importantes, avec un système à câble-grue. Quatre forestiers-bûcherons et un ouvrier forestier se répartissent trois postes de travail auprès de la Bourgeoisie. Ils consacrent la moitié de leur temps à des engagements auprès de tiers, pour des travaux de correction le long de routes ou de torrents ou pour l’abattage de bois dans des forêts privées, générant ainsi des revenus. Cent ans de persévérance Cette situation favorable est le fruit de la ténacité de plusieurs générations, souligne Walter Marti. Ces cent dernières années, il a été possible d’augmenter fortement la part de bois de qualité lors de la récolte et d’optimiser le mélange des essences. Les feuillus sont deux fois plus nombreux qu’en 1912. Ils représentent environ 25 % des arbres, ce qui correspond aux conditions locales. Cette forêt jardinée prouve qu’une sylviculture proche de la nature permet la réussite économique, tout en satisfaisant les autres exigences de la société envers la forêt, comme l’a souligné Peter Bachmann, professeur émérite de l’EPFZ et président du groupe d’experts de la Fondation Binding, qui a décerné un prix à la Bourgeoisie de Sumiswald en 2007. Le prix Binding pour la forêt est attribué à des propriétaires ou des entreprises forestières qui pratiquent une gestion durable exemplaire, tenant

compte des potentiels écologiques et de l’environnement social, et appliquant des stratégies économiques à long terme. L’entreprise forestière de la Bourgeoisie de Sumiswald est ainsi parvenue à relever avec succès un défi auquel est confronté l’ensemble de la forêt suisse. Après des années de chute de prix, la cote du bois est à nouveau à la hausse. L’augmentation du prix des énergies fossiles, l’utilisation toujours plus fréquente du bois dans la construction (voir page 21), l’augmentation des capacités des scieries (voir page 10), mais aussi la nécessité de limiter les émissions de gaz à effet de serre ont stimulé une demande autrefois moribonde pour ce matériau et agent énergétique neutre du point de vue du CO2. Mieux exploiter la matière première de nos forêts est donc un objectif de la politique de la ressource bois formulée par la Confédération sous l’égide de l’OFEV (voir page 6). Mais la différence entre l’exploitation durable de tout le bois disponible et la surexploitation est parfois ténue. Entre mécanisation et ménagement Par ailleurs, l’économie forestière est en profonde mutation. Le coût des salaires a presque doublé depuis 1980. La maind’œuvre doit être remplacée par des machines si l’on veut que la récolte de bois génère des profits ou couvre au moins les sommes investies. La tendance est à la mécanisation complète,

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Labels de qualité pour la gestion durable des forêts Les normes communes des différents labels garantissant aux consommateurs que bois et produits en bois proviennent de forêts exploitées de manière durable sont en cours de remaniement. Il s’agit du label FSC du Forest Stewardship Council, du label Q de Swiss Quality / Agro Marketing Suisse ainsi que du label du PEFC (Programme for the Endorsement of Forest Certification Schemes), qui rassemble depuis 1999 des milieux de l’économie forestière et de l’industrie du bois issus de différents pays européens. Les normes de ces trois labels de l’économie privée sont harmonisées avec les exigences élémentaires pour une sylviculture proche de la nature; elles se réfèrent aux mêmes indicateurs. Notons que leurs standards minimaux de certification sont plus stricts que ceux des exigences élémentaires. Les forêts certifiées remplissent donc également les normes imposées par le projet de l’OFEV. C’est le cas de 60 % de la surface forestière suisse.

qui a d’ailleurs ses avantages pour les ouvriers forestiers: elle réduit fortement l’usure physique et les risques d’accident. Mais permet-elle encore de ménager suffisamment la diversité à petite échelle des sites et des habitats en forêt? « Il faut maintenant assurer le maintien du niveau écologique atteint en Suisse dans la sylviculture », explique Christian Küchli, chef de la section Prestations forestières et qualité des forêts à l’OFEV. Dans ce but, l’office a lancé un projet qui consiste à élaborer

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des exigences élémentaires pour une sylviculture proche de la nature. Elles garantiront que l’augmentation des coupes et la rationalisation du travail n’empêchent pas nos forêts d’assumer leurs diverses fonctions. Une démarche participative Le projet est suivi par des représentants des principaux groupes d’intérêts. L’objectif est d’établir un catalogue de normes réalisables, bénéficiant d’une large assise. Elles ont été testées dans des forêts du Plateau, du Jura, des Préalpes, des Alpes et du versant sud des Alpes. Il s’agit également de déterminer des critères et des indicateurs qui serviront à contrôler le respect des exigences élémentaires. « Une sylviculture proche de la nature influence le développement de la forêt afin d’atteindre des objectifs économiques, écologiques et sociaux; elle se fonde pour ce faire sur les processus naturels »: tel est le principe directeur du projet. Les normes définies visent à sauvegarder la fertilité du sol, la régénération des peuplements, le mélange des essences ainsi que la biodiversité. Ni engrais ni produits phytosanitaires La protection des sols revêt deux aspects, l’un chimique et l’autre physique. D’une part, il faut empêcher que des produits chimiques nocifs y pénètrent. La sylviculture proche de la nature renonce donc aux engrais et aux produits phytosanitaires. Personne ne remet en question cette prescription, qui est respectée de tous. La protection physique est une question plus délicate. L’image de sols maltraités, marqués de profonds sillons à vif, est fami-

lière à ceux qui fréquentent les forêts. Correctement utilisées, les énormes machines auxquelles on a toujours plus recours actuellement ont cependant un impact limité (voir page 40). Rajeunissement naturel La régénération de la forêt doit se faire le plus naturellement possible. Mais cela n’est réalisable que si des arbres porte-graines de l’espèce souhaitée se trouvent dans les environs. Or les faines ne tombent pas loin du hêtre. Les exigences élémentaires relatives au rajeunissement concernent donc également l’étendue des surfaces de régénération, et par conséquent aussi celle des parterres de coupe. Si la largeur de ceux-ci ne dépasse pas une hauteur et demie d’arbre, les espèces à semences lourdes peuvent elles aussi se régénérer. Un microclimat favorable est également indispensable pour que les germes poussent. Certaines sortes d’arbres ne parviennent pas à se rajeunir sur de trop grandes surfaces ouvertes. Pour des forêts mélangées Le mélange des espèces correspond à une sylviculture proche de la nature lorsqu’il est suffisamment adapté à l’emplacement pour ne pas nuire à ses propriétés écologiques – ne pas acidifier son sol par exemple. Il peut donc aussi comprendre des essences qui, à l’état naturel, ne pousseraient pas dans une région donnée, comme les épicéas sur le Plateau. La part de résineux prévue dans les exigences élémentaires est du même ordre de grandeur que celle relevée dans les peuplements actuels. Elle atteint 50 % dans les aires de feuillus. Une pratique autrefois courante, la


Gros bois de très bonne qualité: mesurage d’un tronc (à gauche). Débardage en terrain difficile: utilisation du câble-grue (à droite). Photos: Walter Marti

monoculture d’épicéas sur de grandes surfaces, n’est par contre pas compatible avec les nouvelles normes. Le mélange d’essences est également important pour garantir l’effet de filtrage des sols: les forêts de feuillus protègent mieux les eaux souterraines des dépôts d’azote atmosphérique – et donc de la pollution par les nitrates – que celles de résineux. Près de 10 % des surfaces forestières suisses se trouvent dans des zones de protection des eaux souterraines. Dans ces secteurs, il est indiqué de fixer

des parts de feuillus plus élevées que celles figurant dans le catalogue. Arbres biotopes et bois mort Une exploitation plus poussée du bois ne nuit pas à la biodiversité. En effet, depuis des décennies, il croît plus de bois qu’il n’en est coupé. Les forêts suisses se sont ainsi densifiées et assombries. Cette tendance met en péril certains habitants des lieux, des orchidées héliophiles à de nombreux papillons vivant en forêt, en passant par le grand tétras qui tient de

loin la première place sur la liste rouge des espèces menacées. Abattre des arbres est un moyen efficace de remédier au problème. En outre, les bêtes qui ont besoin de bois mort pour vivre doivent pouvoir en disposer. Les exigences élémentaires prévoient donc également un taux minimum de bois mort. Les arbres biotopes doivent eux aussi être ménagés, par exemple ceux qui présentent des cavités utilisées par les pics ou les chauvessouris. Enfin, il faut suspendre les tra-

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Walter Marti

La forêt bourgeoisiale de Sumiswald est un exemple type de forêt jardinée comme on en trouve dans l’Emmental. À l’arrière-plan, la Schützenalp (BE).

vaux forestiers durant certaines périodes sensibles telles que celle de la reproduction d’oiseaux menacés. Aucune exigence n’a de rapport direct avec la fonction récréative de la forêt. Mais les objectifs déterminés ne la compromettent pas – bien au contraire. Gare aux sols « Il ne faut pas voir dans ce catalogue une définition complète de la sylviculture proche de la nature, mais des normes minimales qui doivent être appliquées dans toutes les forêts exploitées », souligne Christian Küchli. « Il

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s’agit de mettre en place un filet de sécurité écologique pour un proche avenir qui verra la pression augmenter à nouveau sur la forêt. » Les tests réalisés jusqu’à maintenant ont montré que ces normes sont en général respectées. « La protection physique des sols, elle, laisse encore à désirer. Dans ce domaine, les exigences minimales requièrent que les machines de récolte empruntent toujours le même réseau de layons de débardage, préservant le reste de la forêt. »

Pour retrouver cet article en ligne, avec liens et sources bibliographiques: www.environnement-suisse.ch/magazine2008-4-03

INFOS Christian Küchli, chef de la section Prestations forestières et qualité des forêts, OFEV 031 324 77 80 christian.kuechli@bafu.admin.ch

Hansjakob Baumgartner


CONSTRUCTIONS EN BOIS

Toujours plus haut, toujours plus grand De plus en plus de bâtiments de plusieurs étages en bois voient le jour en Suisse. Évocation de deux réalisations phare dans ce domaine: l’une déjà existante, Green Offices, près de Fribourg, et l’autre en chantier, la cabane du Mont-Rose, au-dessus de Zermatt.

C’est dans le bas de la commune de Givisiez, aux portes de Fribourg, que se dresse Green Offices. Il s’agit d’un grand bloc moderne de trois étages constitué pratiquement à 100 % de bois, à l’exception des fondations et des murs du sous-sol. La façade est tapissée de lamelles et trouée de fenêtres allongées protégées par des stores jaunes. À l’intérieur, le parterre est couleur lie de vin, les balustrades chocolat, les murs sont crépis à l’argile et peints en ocre. À maints endroits, le bois est aussi laissé à l’état brut, notamment pour les escaliers ou les cloisons entre les espaces de travail. Près de quarante personnes, faisant partie d’une dizaine de bureaux ou entreprises, occupent le lieu, inauguré en 2007. Selon Conrad Lutz, l’architecte initiateur du projet, à la fois maître d’ouvrage et utilisateur, tout le monde s’y sent bien. Les locaux sont généreux et agréables à vivre hiver comme été. À la saison chaude, un puits canadien les tempère. Green Offices est le premier immeuble de bureaux certifié Minergie-P-Eco. Ce label est le plus exigeant de tous au niveau de la construction. Pour l’heure, seuls six bâtiments l’ont obtenu en Suisse. Un modèle d’économie d’énergie Exemplaire du point de vue énergé-

tique et écologique, Green Offices a gagné le Watt d’Or 2008, une récompense attribuée par l’Office fédéral de l’énergie pour les meilleures performances énergétiques. Afin d’illustrer la contribution de sa réalisation à la lutte contre les gaz à effet de serre, Conrad Lutz met face à face la consommation de CO2 d’un pilier en bois et celle d’un pilier en acier: le premier a absorbé 200 kilos de CO2 pendant sa croissance, alors que le second en rejette 300 kilos. Même scénario en ce qui concerne l’énergie grise, soit celle impliquée lors de la fabrication, du transport et du

Du bois partout Pour trouver le matériau de base de Green Offices, il n’a pas fallu aller bien loin. La forêt de Semsales, située près de Châtel-Saint-Denis (FR), a fourni le nécessaire, soit 500 mètres cubes de sapin blanc et d’épicéa. Les caractéristiques matérielles du bois peuvent varier selon le moment où on le coupe. Dans le cas de Green Offices, ce travail a été effectué à la bonne lune (décroissante et descendante). « Couper à ce moment-là garantit un bois plus sec, qui travaille moins et qui sera moins susceptible d’être attaqué par les cham-

En optant pour le bois, on a économisé plus d’un million de kWh, ce qui équivaut à l’énergie nécessaire pour chauffer le bâtiment pendant cent ans.

montage: Green Offices n’a sollicité que 946 000 kilowattheures (kWh) pour être élevé, alors qu’un bâtiment standard engloutit plus de 2 000 000 kWh pour cette seule phase. En optant pour le bois, on a donc, dans le cas des bureaux de Givisiez, économisé plus d’un million de kWh, ce qui équivaut à l’énergie nécessaire pour chauffer le bâtiment pendant cent ans. Conrad Lutz s’enthousiasme: « Il y a là un potentiel gigantesque. Il faudrait que de telles constructions deviennent la norme. »

pignons et les insectes », explique Conrad Lutz. L’architecte a tenu à travailler avec des entreprises locales, autant au niveau de l’abattage, du sciage et du collage que du montage du matériau. Mais le bois n’est pas seulement présent dans l’ossature, les façades, le toit et les planchers. L’isolation thermique est, elle aussi, faite à partir de dérivés de cette ressource, à savoir de cellulose et de fibre de bois. Elle présente d’ailleurs une épaisseur de 40 cm dans les façades et de 50 cm entre la

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Conrad Lutz Architecte Sàrl

Grâce à son recours au bois et à son efficacité énergétique, l’immeuble de bureaux Green Offices, à Givisiez (FR), n’a absorbé pour sa construction que la moitié de l’énergie sollicitée pour un bâtiment traditionnel. Les fenêtres, étroites et décalées, laissent entrer suffisamment de lumière et de chaleur. Le bois se retrouve aussi dans l’aménagement intérieur.

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Studio Monte Rosa

Un sommet de plus dans le panorama des Alpes valaisannes: la nouvelle cabane du Mont-Rose (montages photographiques).

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cave et le rez-de-chaussée ainsi que sous le toit. L’immeuble est tellement bien isolé qu’en guise d’installation de chauffage, un seul petit poêle à pellets posé dans le hall central fait l’affaire. Autre endroit où on utilise le bois, à Green Offices: les toilettes sèches. Dans ce genre de WC, les copeaux remplacent l’eau. De son côté, Michael Gautschi, de la section Économie forestière et industrie du bois de l’OFEV, se réjouit de la part toujours croissante du bois dans la construction en Suisse: « Dans les im-

2795 mètres d’altitude, au milieu d’un panorama grandiose. L’édifice comptera cinq étages et offrira 120 places réparties en chambres de huit lits au maximum, disposées en étoile autour d’un local d’accès commun. L’ossature sera essentiellement en bois, mis à part les fondations en acier et en béton fixées dans la roche. Recouverte d’une couche protectrice en aluminium, l’enveloppe du bâtiment fonctionnera comme un thermos, pour garantir une isolation optimale. La cabane bénéficiera de deux grandes sur-

L’énergie nécessaire au bon fonctionnement de la cabane sera produite à 90 % en autarcie grâce à un procédé stockant l’énergie excédentaire des cellules photovoltaïques dans des accumulateurs et à un système de récupération de chaleur de l’air vicié. meubles d’habitation, il atteint maintenant une part de marché d’environ 5 % et il est en continuelle progression. » Ce boom est en partie dû aux nouvelles directives de protection incendie, qui permettent depuis 2005 d’édifier des bâtiments en bois allant jusqu’à six étages. Le développement technique qui a conduit à ces nouvelles prescriptions a été grandement soutenu par l’OFEV dans le cadre du programme d’encouragement bois 21 (voir encadré page 9).

faces vitrées: les fenêtres du restaurant panoramique et la cage d’escalier. Le reste du diamant sera percé de petites ouvertures, pour réduire au maximum la déperdition de chaleur. L’énergie nécessaire au bon fonctionnement de la cabane sera produite à 90 % en autar-

INFOS Michael Gautschi Section Économie forestière et industrie du bois, OFEV

Un bijou sur plans Il faut encore, pour l’instant, se rabattre sur les maquettes ou des photomontages pour pouvoir se faire une idée de la nouvelle cabane du Mont-Rose. Étonnant. Cela ressemble à une sorte de cristal argenté qui aurait été poli et stylisé. On ne sait pas exactement où finissent les parois et où commence le toit. Reste à imaginer l’objet ancré à

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031 324 77 85 michael.gautschi@bafu.admin.ch Peter Greminger

cie grâce à un procédé stockant l’énergie excédentaire des cellules photovoltaïques dans des accumulateurs, à une centrale thermique fonctionnant à l’huile de colza et à un système de récupération de chaleur de l’air vicié. La seule énergie fossile utilisée sera du gaz pour la cuisine. Mais on est toujours à la recherche d’alternatives. Encore un exemple de construction durable Parmi les principaux sponsors de la nouvelle cabane du Mont-Rose figurent l’OFEV, Énergie Ouest Suisse (EOS) et le producteur de matériaux de construction Holcim. Peter Greminger, consultant senior à l’OFEV, souligne l’importance d’une telle construction pour la Suisse et le monde: « C’est la première fois que l’OFEV s’engage autant pour un tel projet; ce genre de réalisation est avant-gardiste et montre qu’il est possible d’allier la technologie moderne avec l’efficacité énergétique et le ménagement des ressources. » Tout comme Green Offices, la nouvelle cabane du Mont-Rose donne en plus un signal clair quant à l’utilisation du bois dans l’architecture moderne. Autre point positif: elle encourage également la production locale, en l’occurrence, ici, l’exploitation des forêts valaisannes. Les fondations du refuge ont été posées pendant l’été 2008. L’avancement des travaux dépendra de la clémence de la météo. L’inauguration est prévue pour l’automne 2009. Cornélia Mühlberger de Preux

Consultant senior (gestion des risques et gestion forestière) de la direction, OFEV

Pour retrouver cet article en ligne, avec liens

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et sources bibliographiques: www.environne-

peter.greminger@bafu.admin.ch

ment-suisse.ch/magazine2008-4-04


BOIS ET CLIMAT

Un précieux allié contre le CO2 Une étude de l’OFEV démontre qu’exploiter davantage – mais durablement – le bois et le valoriser judicieusement profite plus au climat que le laisser en forêt.

Jusqu’à présent, la forêt était surtout considérée comme un puits de carbone: les arbres en croissance absorbent en effet le CO2. On sait aussi que le bois, agent énergétique climatiquement neutre, peut remplacer le pétrole et le gaz. On connaît moins ses avantages en tant que matière première: les chantiers d’ouvrages en bois rejettent beaucoup moins de dioxyde de carbone (CO2) que pour des bâtiments en béton, en acier ou en verre (voir aussi page 21). Une étude de l’OFEV (CO2-Effekte der Wald- und Holzwirtschaft, avec résumé en français) s’interroge sur la forme de gestion forestière et de valorisation du bois la plus favorable au bilan suisse de CO2. Elle quantifie à l’aide de modèles et de scénarios les impacts de l’utilisation du bois et les compare à l’effet de puits de carbone. Le volume de bois récolté en forêt et son exploitation comme matériau ou comme agent énergétique varient selon les scénarios. Se loger avant de se chauffer Conclusion de l’étude: c’est une utilisation optimisée du bois qui a l’effet positif le plus durable sur le bilan de CO2. La forêt est alors exploitée de façon à ce qu’il repousse le plus de bois possible, qui sera mis à profit tant dans le bâtiment que pour l’énergie. À long terme, il vaut mieux viser une utilisation accrue du bois, notamment dans la construction, que mettre l’accent sur l’agent énergétique. Les scénarios « optimisation de l’accroissement, priorité à

la construction » et « optimisation du point de vue du Protocole de Kyoto » donnent les meilleurs résultats. « En se servant du bois dans le bâtiment et, des décennies plus tard, pour le chauffage et l’électricité, on ménage doublement le climat », dit Richard Volz, de la section Prestations forestières et qualité des forêts à l’OFEV. « D’abord, on évite les émissions de CO2 lors de la construction; ensuite, le bois réutilisé sous forme énergétique remplace les combustibles fossiles. » L’intérêt de cette utilisation en cascade n’est pas négligeable. En 1990, quelque trois millions de tonnes de rejets ont été ainsi évitées en Suisse, et ce chiffre pourrait augmenter de six millions d’ici à 2025. Il représenterait alors 12 % de nos émissions annuelles présentes de gaz à effet de serre. Du dioxyde de carbone stocké Pour la politique climatique, les bâtiments en bois sont aussi intéressants en tant qu’entrepôts intermédiaires de CO2. Même en appliquant toutes les mesures prévues, il ne sera pas possible, d’ici à 2025, de réduire les rejets autant que l’exigent les milieux scientifiques. L’utilisation du bois dans la construction ou pour d’autres biens durables nous accorde un sursis: le CO2 prélevé de l’atmosphère pendant la croissance des arbres est stocké provisoirement et ne sera libéré que longtemps après. « Le bois construit aujourd’hui et brûlé en fin de vie nous aidera à surmonter la

phase critique des prochaines décennies, où les émissions demeureront trop élevées », explique Richard Volz. Un puits pas éternel Dans le scénario prévoyant une diminution de l’exploitation, la forêt a un effet de puits relativement important à court et moyen termes. Mais il s’atténuera dans un proche avenir. Dès 2075 au plus tard, si ce scénario devient réalité, la forêt émettra du CO2 au lieu d’en stocker: le gaz sera libéré lors de la putréfaction du bois. Ce phénomène pourrait même se produire bien plus tôt si les tempêtes déracinent beaucoup d’arbres – un risque dont le modèle ne tient pas entièrement compte. Meilleure utilisation = plus d’emplois Qu’en serait-il si l’économie forestière et l’industrie du bois suisses maintenaient la situation actuelle? Ce serait la pire des solutions, à court comme à long terme. « Du point de vue climatique, il faut viser dans tous les cas une meilleure utilisation », dit Richard Volz. « Si le potentiel de la forêt est intégralement exploité pour la protection du climat, l’économie forestière et l’industrie du bois en profiteront aussi. » En effet, l’étude estime que 27 000 nouveaux emplois seraient ainsi créés. Ils rapporteraient une valeur ajoutée supplémentaire de deux milliards de francs par an. Kaspar Meuli

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Scénarios étudiés

millions de tonnes d’équivalents CO2 /an

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0 –2 –4 –6 –8 –10 –12 –14 –16

Réduction de l’entretien de la forêt Optimisation de l’accroissement (énergie) Scénario de base

Optimisation de l’accroissement (construction) Optimisation du point de vue du Protocole de Kyoto

millions de tonnes d’équivalents CO2 /an

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OFEV 2007

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–100 –200 –300 –400 –500 –600 –700 –800 –900

–1000

Optimisation de l’accroissement (construction) Optimisation du point de vue du Protocole de Kyoto

Réduction de l’entretien de la forêt Optimisation de l’accroissement (énergie) Scénario de base OFEV 2007

Contribution annuelle (en haut) et cumulée (en bas) de la forêt suisse à la protection du climat.

1. Optimisation de l’accroissement L’accroissement du bois produit dans les forêts suisses est maximisé à long terme et complètement exploité. • Priorité à la construction La part de bois dans la construction est en hausse de 80 %. On utilise nettement plus de bois provenant de la forêt pour l’énergie (+120 %). • Priorité à l’énergie La part de bois dans la construction reste à son niveau actuel. On utilise beaucoup plus de bois provenant de la forêt pour l’énergie (+345 %). 2. Optimisation du point de vue du Protocole de Kyoto L’exploitation de la forêt doit permettre de créer des puits de carbone absorbant 1,8 million de tonnes de CO2 par an – quantité imputable selon le Protocole de Kyoto – tout en assurant une grande production de bois. Cela implique un accroissement de l’utilisation: +80 % dans la construction et +65 % pour l’énergie. 3. Scénario de base Maintien de la situation actuelle: au cours des prochaines années, l’exploitation du bois s’accroît de 20 %, l’utilisation de bois dans la construction et à des fins énergétiques augmente dans les mêmes proportions. 4. Réduction des soins sylvicoles L’exploitation annuelle de la forêt suisse baisse de 40 %. On utilise nettement moins de bois dans la construction (–25 %) et beaucoup moins de bois provenant de la forêt pour l’énergie (–80 %).

Référence: utilisation moyenne vers l’an 2000. Tous les scénarios tablent sur un commerce extérieur constant.

INFOS Richard Volz Section Prestations forestières et qualité des forêts, OFEV Pour retrouver cet article en ligne, avec liens et sources bibliographiques:

031 324 77 86

www.environnement-suisse.ch/magazine2008-4-05

richard.volz@bafu.admin.ch

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ENVIRONNEMENT 4/08 DOSSIER BOIS


RECHERCHE

Wood Fibre 2020 En Suisse, il n’existe pas de chaire universitaire consacrée aux diverses applications du bois. Mais le programme de recherche Wood Fibre 2020 va donner à cette ressource la place qu’elle mérite dans la science et l’économie.

Le mariage d’une forme familière et d’un matériau commun peut donner des résultats surprenants, comme en témoigne un immeuble de six étages à Steinhausen (ZG): de forme cubique aux jolies structures variées, il attire le regard par sa façade de cèdre rouge, inhabituelle pour ce genre de bâtiment. Pour des raisons esthétiques, l’architecte l’a voulue en bois importé du Canada. Mais à part la façade, la première maison en bois de cette hauteur en Suisse a été entièrement bâtie avec des arbres de la région. En août 2006, elle a accueilli ses premiers habitants. En complément des techniques usuelles de transformation du bois, de nouvelles solutions ont dû être développées, notamment pour assurer l’insonorisation et la protection contre les bruits de pas. La planification non plus n’a pas été une mince affaire: il a fallu se procurer et monter dans les délais plusieurs milliers de mètres carrés de panneaux de bois et de plâtre et autres éléments préfabriqués. Mais tout cela a valu la peine: l’immeuble a été salué pour sa parfaite isolation sonore et ses performances énergétiques supérieures aux normes Minergie. L’OFEV partie prenante Le bois est un matériau très prometteur pour l’innovation, à condition de disposer de la logistique, de l’ingénierie et des connaissances nécessaires sur les fibres et les structures moléculaires. C’est ce qui a décidé un groupe de spécialistes issus de divers horizons – uni-

versités, hautes écoles spécialisées (HES), instituts de recherche, économie du bois, administrations, associations – à lancer un projet ambitieux. Wood Fibre 2020 réunira la recherche fondamentale universitaire et le secteur Recherche appliquée et développement de l’ancien programme InnovationsRoadmap 2020 des HES. Le nouveau projet couvre aussi bien le cycle de vie des produits que le matériau sous toutes ses dimensions, de la molécule au bois de construction. Paul Gilgen, chimiste à l’Institut fédéral de recherche Empa (Materials Science & Technology) et coordinateur de Wood Fibre 2020, en est convaincu: « Si l’on veut pouvoir utiliser de manière optimale cette ressource limitée qu’est le bois quand les matières premières viendront à manquer, il faut une vision globale. » À moyen terme, Wood Fibre 2020 doit aboutir à la création d’un pôle de recherche national et d’une nouvelle chaire. Mais auparavant, il s’agit de convaincre différentes institutions de participer au financement initial. L’OFEV envisage d’y contribuer: « Il est important que la recherche puisse trouver de nouveaux procédés de production, de transformation et de valorisation du bois », explique Marco Zanetti, chef de la section Économie forestière et industrie du bois à l’OFEV. Nouveaux procédés et production durable En effet, les applications du bois sont

en pleine évolution. Yves Weinand, de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), a développé des structures portantes novatrices et, en collaboration avec la HES de Bienne, le soudage par friction: deux éléments de bois sont frottés l’un contre l’autre sous haute pression pendant que la zone de contact est exposée à des ultrasons. La lignine se fluidifie en surface et soude ainsi les deux parties. Ce procédé permet de construire de grandes formes voûtées qui ne pouvaient être réalisées jusqu’ici qu’en béton coulé. Dans le domaine moléculaire, on étudie la possibilité de fabriquer des produits à base de cellulose au lieu de pétrole. Un autre volet du programme se penche sur les modes de transformation et les incitations économiques dans le domaine de l’utilisation échelonnée des fibres. Le débat scientifique sur la production durable du bois en forêt pourrait aussi représenter un axe prioritaire de Wood Fibre 2020. Il vise à garantir que la course aux ressources ne se fasse pas aux dépens de la nature. Lucienne Rey

Pour retrouver cet article en ligne, avec liens et sources bibliographiques: www.environnement-suisse.ch/magazine2008-4-06

INFOS Marco Zanetti, voir page 14

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Glossaire Accroissement Régénération du volume de certaine période.

Layon de débardage bois de tige durant une

Sentier tracé en forêt pour faciliter le passage ou pour établir des divisions, des coupes.

Bois débité

Ligne de canter

Produits des scieries tels que les planches, les poutres ou les lattes.

Un canter est une machine qui sert à équarrir les grumes. La ligne se compose de différentes unités de transformation: sciage, débitage de planches, profilage, tronçonnage, etc.

Bois d’énergie Bois brûlé à des fins énergétiques. Il peut s’agir de bois provenant directement de la forêt, mais aussi de déchets de bois ou de résidus provenant des scieries et de leurs entreprises de transformation.

Bois de tige La tige est l’axe principal de l’arbre, de la surface du sol à la cime. Le bois de tige est donc le bois aérien d’un arbre, sans les branches, mais avec l’écorce.

Substance des parois cellulaires du bois.

Loupe Excroissance à la base et au sommet de certains arbres, qui, par les enchevêtrements, offre une riche variété de dessins et de nuances. Utilisée en ébénisterie.

Pâte de bois Fibres de bois produites mécaniquement, matière première pour la fabrication du papier.

Bois d’industrie Bois utilisé dans la fabrication de la ou des panneaux.

Lignine

cellulose, du papier

Pertes de récolte

Cellulose

Parties des arbres restant en forêt lors de la récolte: branches, cimes, morceaux de troncs pourris. Le calcul du potentiel de production de bois part du principe que les gros branchages et les rameaux peuvent être utilisés, presque entièrement pour les premiers, à 50 % pour les seconds, comme bois d’énergie ou comme bois d’industrie.

Substance principale des parois cellulaires du bois. Surtout utilisée pour la fabrication du papier.

Potentiel de production de bois

Bois hors forêt Bois provenant des haies, des boisements riverains des cours d’eau, des allées.

Bois usagé provenant de la démolition de bâtiments ou de l’élimination de meubles et d’emballages.

Chaque année, 11,3 millions de mètres cubes de bois se régénèrent dans les forêts suisses. Certains arbres ne sont pas exploitables parce qu’ils sont difficilement ou pas du tout accessibles ou parce qu’ils doivent rester en forêt pour des raisons de protection de la nature. Les branches et l’écorce des arbres abattus ne sont pas entièrement utilisables non plus. Le potentiel durablement exploitable et à valeur économique tangible se réduit ainsi à 8 ou 8,5 millions de mètres cubes.

Gros bois

Résidus de bois

Arbres d’un diamètre de plus de 50 cm à hauteur de poitrine.

Résidus non pollués de l’industrie du bois, de son artisanat et des chantiers.

Débusqueuse Machine servant à extraire les grumes, qui soulève la charge hors du sol pour la déposer soit dans sa propre structure soit sur une remorque.

Déchets de bois

Grume Tronc d’arbre ou morceau de tronc brut, pas encore équarri.

Volume de bois

IFN

Dans l’IFN, le volume de bois est défini comme le volume de bois de tige par unité de surface, y compris les arbres secs ou à terre.

Inventaire forestier national: recensement périodique de la forêt suisse.

Pour retrouver ce glossaire en ligne: www.environnement-suisse.ch/magazine2008-4-07

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INVENTAIRE FORESTIER NATIONAL

Les bûchers sont pleins La forêt suisse produit plus de bois que jamais. Et le volume ne cesse d’augmenter. Pas pour toutes les essences toutefois: sur le Plateau, l’épicéa est en recul.

(hjb) Nos réserves de bois sont connues dans le détail: tous les dix ans, l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) recense sur 7000 parcelles les conditions locales, la composition des espèces ligneuses dans les différentes classes d’âge et d’autres indicateurs permettant de suivre l’état de nos forêts. Chaque arbre de 12 centimètres de diamètre ou plus est mesuré individuellement. Le premier inventaire forestier national (IFN 1) a été réalisé entre 1983 et 1985. La période de 2004 à 2006 a déjà fait l’objet du troisième recensement. Les résultats provisoires démontrent que le volume total de bois en forêt augmente toujours, mais plus lentement que par le passé. En 2004 – 2006 (IFN 3), il était supérieur de 3 % à celui de 1993 –1995 (IFN 2), alors qu’il avait augmenté de 13 % entre les deux premiers inventaires.

Actuellement, on compte 359 mètres cubes (m3) de bois par hectare de forêt, soit 29 de plus qu’il y a 21 ans. Les réserves sont équivalentes en Autriche ou en Allemagne voisine (Bavière et Bade-Wurtemberg). Le volume de feuillus, en particulier, a augmenté dans toutes les régions du pays. L’accroissement dépasse l’exploitation et la mortalité naturelle des arbres de plus d’un million de m3 par an. Chez les conifères, par contre, la croissance annuelle est de 6,2 millions de m3 pour 6,6 millions de m3 de bois exploité ou de bois mort. Le volume a donc baissé ces dix dernières années, notamment dans le cas de l’épicéa sur le Plateau: de 40 millions de m3 en 1995, il a chuté à 32,5 millions en 2006. Ce recul est dû à la tempête Lothar, à la sécheresse de 2003 et aux épidémies de bostryches qui ont suivi, mais aussi à l’exploitation accrue de cette essence.

On relève de grosses différences régionales: dans le Jura et les Préalpes, l’accroissement est à peu près compensé par l’exploitation et la mortalité. Les forêts des Alpes et du sud des Alpes, elles, sont nettement sous-exploitées. L’accroissement y est de 1,6 à 3,5 fois supérieur à l’exploitation et à la mortalité, contrairement à la situation sur le Plateau.

Pour retrouver cet article en ligne, avec liens et sources bibliographiques: www.environnement-suisse.ch/ magazine2008-4-08

INFOS Hans Peter Schaffer Section Questions générales et métiers forestiers, OFEV 031 324 69 26 hanspeter.schaffer@bafu.admin.ch

Exploitation et accroissement du bois, de 1993–1995 (IFN 2) à 2004–2006 (IFN 3), chiffres provisoires en millions de mètres cubes par an* accroissement Jura 1,65 Plateau 2,88 Préalpes 2,29 Alpes 1,99 Sud des Alpes 0,66 Suisse, total 9,47

exploitation – 1,27 – 2,62 – 1,54 – 0,86 – 0,07 – 6,36

mortalité – 0,24 – 0,84 – 0,67 – 0,39 – 0,12 – 2,26

différence 0,14 – 0,58 0,08 0,74 0,47 + 0,85

* L’IFN calcule l’accroissement et l’exploitation sur la base du bois de tige en écorce. Ses données incluent les pertes de récolte restées en forêt. C’est pourquoi l’IFN indique des valeurs d’exploitation plus élevées que la statistique forestière, qui ne recense que les ventes de bois sans écorce: 5,7 millions de mètres cubes en 2007.

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Walter Marti


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1 Épicéa Léger, tendre et solide, mais peu résistant aux intempéries. Le plus apprécié en construction intérieure (charpentes, parois, etc.). Largement utilisé dans la fabrication de meubles et de matériaux en bois ainsi que dans l’industrie du papier.

2 Sapin Tendre et facile à travailler. Aisé à imprégner contrairement à l’épicéa et donc utilisable à l’extérieur (revêtements, barreaux). Également employé en construction intérieure et dans l’industrie du papier.

3 Pin sylvestre Très résineux et donc résistant aux intempéries. Facile à travailler et prisé dans la fabrication de meubles, de portes et de planchers, mais aussi en utilisation extérieure (fenêtres, ponts et construction navale).

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4 Mélèze Plus dur et durable que les autres bois de conifères. Très résineux et donc résistant aux intempéries. Utilisé dans l’industrie du meuble et en construction intérieure, mais aussi dans la fabrication de châssis de fenêtres, de revêtements extérieurs et de mobilier de jardin.

5 Hêtre Dur, solide et facile à courber à la vapeur. C’est le bois aux utilisations les plus nombreuses: parquets, meubles, escaliers, jeux de plein air, véhicules, énergie et industrie du papier.

6 Chêne Le cœur de chêne est le plus dur et le plus durable de tous les bois européens. Très résistant à l’eau. Utilisé pour la fabrication de meubles, de parquets, en tonnellerie et pour répondre à des exigences de haut niveau dans le bâtiment.

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7 Merisier Mi-dur, élastique, robuste, dense, possède un grain fin. Ne résiste pas aux intempéries. La beauté de son grain est très appréciée pour les aménagements intérieurs haut de gamme, pour les meubles, en marqueterie et dans la facture d’instruments de musique.

8 Érable de montagne Devient entièrement blanc s’il est correctement stocké. Relativement dur et durable. Facile à travailler et à imprégner. Utilisé pour la fabrication de meubles, d’aménagements intérieurs et de parquets. Prisé par les sculpteurs sur bois et les facteurs d’instruments.

9 Orme Dur, très résistant à la pression, robuste et flexible. Durable en intérieur. Facile à travailler. Utilisé pour la fabrication de meubles, d’aménagements intérieurs et de parquets. Loupe appréciée pour la beauté de son grain par les tourneurs et les sculpteurs sur bois.

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10 Châtaignier Dur, dense et solide. Très durable, en plein air aussi, grâce à une forte teneur en tanin. Facile à travailler. Utilisé dans les aménagements intérieurs et les constructions extérieures, comme échalas et pareavalanches.

11 Frêne Dur, robuste et flexible. Relativement facile à travailler. Durable à condition d’être imprégné pour l’usage extérieur. Employé pour les aménagements intérieurs, les parquets et les meubles, les manches de balais et d’outils ainsi que les engins de gymnastique.

12 Tilleul Tendre, léger et robuste. N’est pas durable en plein air. Facile à travailler. Utilisé en sculpture, en tonnellerie, pour la fabrication de jouets, d’allumettes et de laine de bois ainsi que dans la construction de modèles réduits et pour le placage de meubles.

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Photos: Jean-Denis Godet

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1 Épicéa L’épicéa est l’arbre le plus répandu en Suisse, où il représente 44,8 % du volume de bois. Ses habitats de prédilection sont les Préalpes, abondamment arrosées par la pluie, et les versants alpins d’altitude. En montagne, il développe des cernes serrés et réguliers qui le destinent à un usage bien particulier: celui de corps de résonance. Les régions alpines exportent dans le monde entier des produits semifinis de haute qualité qui seront transformés en instruments de musique.

2 Sapin Aimant l’ombre et l’air humide, le sapin pousse en moyenne altitude (Jura, Oberland bernois et Préalpes). Grâce à ses racines pivotantes, il forme des futaies stables dans la forêt de protection. Il représente 14,8 % du volume de bois. C’est l’arbre de Noël classique. Cette tradition n’existe toutefois en Europe que depuis le début du XIXe siècle.

4 Mélèze Le mélèze est une essence pionnière. Ses aiguilles caduques lui permettent de supporter le froid en altitude. Il est le premier arbre à repousser après les coupes rases et les glissements de terrain. En pourrissant à terre, ses aiguilles préparent le sol pour des arbres plus exigeants comme l’épicéa et l’arolle. Il représente 5,5 % du volume de bois. Avide de lumière, il forme souvent des futaies clairsemées où le bétail peut paître.

5 Hêtre Le hêtre, qui représente 17,6 % du volume de bois, est le feuillu le plus répandu en Suisse. À condition de bénéficier d’un sol de bonne qualité et de précipitations en suffisance, il domine naturellement en plaine comme en moyenne altitude. Sa couronne épaisse laisse passer peu de lumière et on ne trouve à son pied que des herbes fleurissant avant la feuillaison. Les jeunes hêtres se développent uniquement dans les vides laissés par l’abattage ou l’exploitation.

3 Pin sylvestre Le pin sylvestre a besoin de beaucoup de lumière. Cela mis à part, il est rustique et peuple les sols secs, acides ou humides que beaucoup d’autres essences évitent. Il ne représente que 2,8 % du volume de bois. On récoltait autrefois sa résine abondante en incisant son écorce. Des copeaux trempés dans la résine servaient de torches et éclairaient salles de châteaux et intérieurs paysans.

6 Chêne Chez nous, on trouve surtout deux sortes de chênes: le chêne sessile pousse sur des tertres dans un sol meuble, alors que le chêne pédonculé se développe dans les dépressions de terrain. Le chêne privilégie un climat plus chaud que le hêtre et on le rencontre rarement à plus de 1000 mètres d’altitude. Il ne représente que 2,1 % du volume de bois. Au Moyen Âge, son rôle était vital: il fournissait du bois, du tanin mais aussi de la viande, car ses glands nourrissaient les cochons.

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7 Merisier Le merisier privilégie les futaies de feuillus clairsemées et ensoleillées ou les lisières de forêt, jusqu’à 1500 mètres d’altitude. Il ne représente que 0,2 % du volume de bois. Il est l’ancêtre de toutes les variétés de cerisier, dont la culture date de plusieurs siècles avant notre ère. Le général romain Lucullus fut le premier à rapporter des cerises d’Asie mineure à Rome, d’où elles furent ensuite introduites en Europe centrale.

10 Châtaignier Le châtaignier pousse au Tessin et dans le Val Bregaglia entre 800 et 1000 mètres d’altitude. On en trouve aussi quelques exemplaires dans les zones tempérées du nord des Alpes. Il représente 1,2 % du volume de bois. Introduit par les Romains, il fournissait un aliment de base il y a quelques générations encore. Aujourd’hui, l’exploitation des châtaigneraies est déficitaire et ne subsiste que grâce à l’aide publique.

8 Érable de montagne L’érable de montagne pousse dans les sols riches et les zones à air humide du Jura jusqu’aux Alpes. On le rencontre jusqu’à la limite de la forêt, souvent avec le sorbier des oiseleurs. Il représente 2,6 % du volume de bois. Selon la légende, le cheval de Troie était en érable, ce qui atteste sa facilité à être travaillé.

11 Frêne Le frêne aime les milieux frais et les sols riches et profonds. Il pousse principalement sur les rives dans les forêts de ravin et les forêts alluviales, jusqu’à 1500 mètres d’altitude. Il représente 3,6 % du volume de bois. Nos ancêtres utilisaient son feuillage pour nourrir les chèvres et les moutons durant l’hiver: ils faisaient sécher les branches coupées dans les arbres et sous les auvents.

12 Tilleul 9 Orme L’orme de montagne pousse dans les sols humides et riches – souvent avec le chêne pédonculé – ou dans les forêts de ravin avec le frêne et l’érable de montagne. On le trouve jusqu’à 1500 mètres d’altitude, mais il ne forme pas de futaies importantes. Il ne représente avec l’orme champêtre que 0,2 % du volume de bois. Depuis un siècle, les ormes européens sont menacés par un champignon transporté par un petit insecte appelé scolyte.

Le tilleul à petites feuilles pousse jusqu’à 1400 mètres d’altitude dans les sols frais et profonds, alors que le tilleul à grandes feuilles ne se développe que sur les sols calcaires secs. Tous deux aiment la chaleur. Ensemble, ils représentent 0,5 % du volume de bois. Autrefois, tandis qu’on dansait sous le tilleul à grandes feuilles, on exploitait le tilleul à petites feuilles dont l’écorce contient des fibres utilisables comme ficelles. Beatrix Mühlethaler

Pour retrouver ce panorama des volumes et essences indigènes en ligne, avec liens et sources bibliographiques: www.environnement-suisse.ch/magazine2008-4-09

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BOIS D’ÉNERGIE

Un combustible à nouveau prisé La Suisse, qui brûle aujourd’hui 3,6 millions de mètres cubes de bois d’énergie par an, pourrait doubler sa consommation sans pour autant grignoter ses ressources. Et par la même occasion réduire ses émissions de CO2 d’environ 4 %.

OFEV/AURA E.Ammon

L’usine Tegra de Domat/Ems (GR) transforme 320 tonnes de bois par jour. Une râpe fait des copeaux à partir du bois livré.

Une bonne odeur de feu de cheminée flotte dans l’air, en contraste total avec les énormes tuyaux, les citernes ventrues, les pompes, les génératrices et la chaudière en acier haute de plusieurs étages. Nous sommes dans la chaufferie de l’unité 2 de l’usine Tegra Holz & Energie AG à Domat/Ems (GR). Le feu

brûle sans interruption, alimenté automatiquement par les immenses tas de copeaux de bois stockés dans la halle voisine. Chaque jour, la chaudière en transforme 320 tonnes en électricité et en chaleur. Ces copeaux sont produits à partir de bois d’énergie issu de la forêt, de

déchets de bois, ainsi que de résidus et d’écorce fournis par la scierie Stallinger toute proche (voir aussi page 10). « Notre matière première provient d’un périmètre d’environ 70 kilomètres », explique Christian Welte, copropriétaire de Tegra.

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OFEV/AURA E.Ammon

Une usine presque propre Le bilan des rejets polluants de l’usine est excellent. « Grâce à notre système de filtrage sophistiqué, nos émissions de poussières fines sont largement inférieures à la limite légale », dit Christian Welte. Tegra injecte 128 000 mégawattheures (MWh) d’électricité par an dans le réseau, assez pour satisfaire les besoins d’une ville de 15 000 habitants. Elle produit en outre 220 000 MWh de chaleur

Nouvel essor du bois d’énergie Un cube de bois de 10 ✕ 6 ✕ 6 centimètres renferme un kilowattheure d’énergie, autant qu’un décilitre de pétrole ou que l’énergie électrique exploitable dégagée par un litre d’eau faisant une chute de 386 mètres. Jusque tard dans le XIXe siècle, le bois était la principale source d’énergie en Suisse. Il fut par la suite relégué dans l’oubli par le charbon, puis par le pétrole et le gaz naturel, et ne couvre plus que 3,6 % de la

Le taux d’utilisation (rapport entre l’énergie exploitable et exploitée) de l’usine s’élève à 60 %. sous forme de vapeur chaude pour Ems Chemie et la scierie Stallinger, et est en négociations avec Coire pour alimenter un nouveau lotissement à l’ouest de la ville par une conduite de chauffage à distance d’environ 8 kilomètres. Le taux d’utilisation (rapport entre l’énergie exploitable et exploitée) de l’usine s’élève à 60 % et serait meilleur encore si elle ne produisait que de la chaleur. Mais la demande locale est trop faible – la consommation des ménages est saisonnière – et l’électricité se vend plus cher.

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consommation énergétique. Le bois d’énergie connaît toutefois un nouvel essor depuis quelques années et alimente désormais près de 700 000 fours à bois ou cheminées et un nombre croissant de grandes installations. Quelque 3,6 millions de mètres cubes (m3) sont ainsi transformés chaque année, principalement en chaleur. La forêt en fournit directement 1,3 million de m3 seulement. La plus grande partie est issue des scieries et de la transformation de leurs produits ainsi que du bois récupéré dans les démolitions. Le bois hors forêt est utilisé lui aussi.

La forêt encore plus sollicitée Le potentiel en bois d’énergie forestier est loin d’être entièrement exploité: selon les estimations, on pourrait en prélever 2,7 à 3,2 millions de m3 sans épuiser les réserves ni concurrencer d’autres emplois, en respectant le principe de l’utilisation en cascade qui veut qu’on ne brûle jamais directement de précieuses grumes (voir page 6). Toute intervention dans la forêt, notamment pour son entretien, produit du bois de moindre valeur comme des branches et des troncs tordus qui peuvent servir uniquement comme bois d’industrie ou d’énergie. Dans les années à venir, les scieries, qui sont en train de développer massivement leurs capacités, augmenteront leur production de bois d’énergie (voir page 10). Les déchets de bois recèlent également un potentiel inexploité, puisqu’une grande partie (environ 400 000 tonnes par an) est exportée dans les pays voisins pour être transformée essentiellement en panneaux d’aggloméré. Mais nous ne renforcerions pas particulièrement la protection du climat en brûlant directement ces déchets dans nos chaudières, car un panneau d’aggloméré en fin de vie peut


Dans la chaudière, le feu brûle sans interruption (au milieu). Des conduites amènent la vapeur à la turbine (à droite). Un collaborateur surveille le processus au poste de commande (à gauche).

aussi se substituer aux agents énergétiques fossiles. Que ce soit chez nous ou ailleurs est indifférent sur le plan climatique. La Suisse pourrait transformer en énergie 5,5 à 7 millions de m3 de bois par an, soit 2 à 3,5 millions de m3 de plus qu’aujourd’hui. Si elle utilisait ces capacités pour remplacer une quantité équivalente de pétrole, elle réduirait ses émissions de gaz à effet de serre de 2,5 à 4,3 %. Pas pour nos voitures C’est dans les chaudières des réseaux de chauffage à distance que le bois déploie sa plus grande efficacité énergétique (taux d’utilisation: plus de 80 %). La production d’électricité couplée à l’exploitation des rejets de chaleur est un peu moins efficace. Le taux d’utilisation atteint son plancher lorsqu’on transforme le bois en carburant à grand renfort d’énergie. « Sur le plan de l’économie des ressources, faire le plein de bioéthanol est la pire solution », dit Claire-Lise Suter, de la section Économie forestière et industrie du bois de l’OFEV. « Elle n’est appropriée qu’en fin de chaîne, par exemple lorsque le carburant est issu

d’un déchet comme le substrat lignocellulosique. » Avec une puissance installée de 82 mégawatts (MW), la centrale à bois de Tegra est la plus grande de Suisse. En produisant la même quantité d’énergie avec du pétrole, on dégagerait 280 000 tonnes de CO2 , soit 0,5 % des émissions de la Suisse. D’autres grandes centrales à bois (15,6 et 6,4 MW) sont implantées à Bulle (FR) et à Wilderswil (BE). Une troisième (30 MW) est en construction à Bâle et une installation combinant bois et gaz (55 MW) est en projet à Berne.

ménages, émettent des poussières fines. « Le problème vient souvent d’erreurs de manipulation », explique Beat Müller, chef de la section Industrie et combustion de l’OFEV. « On ferme l’arrivée d’air pour réduire la perte de chaleur par la cheminée ou on n’allume pas le feu correctement. » Pour être sûr de bien s’y prendre, il suffit d’observer la fumée: s’il y en a, elle doit être peu abondante et blanche. Les chauffages centraux à accumulation de chaleur ou à alimentation automatique en granulés de bois ne posent quant à eux aucun problème. Urs Fitze/hjb

Boom prévisible Grâce à une meilleure isolation et aux progrès de la technique thermique, les bâtiments devront être de moins en moins chauffés. Si la consommation de bois de chauffage progresse en chiffres absolus, le pourcentage du bois dans la production de chaleur augmentera fortement. Il est tout à fait possible qu’un jour, la forêt suisse couvre directement ou indirectement un quart des besoins en chauffage des bâtiments. Cela étant, il ne faut pas oublier que les foyers à bois, notamment ceux des

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INFOS Claire-Lise Suter Section Économie forestière et industrie du bois, OFEV 031 324 78 58 claire-lise.suter@bafu.admin.ch

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PROTECTION DES SOLS FORESTIERS

Sus aux ornières Aller chercher le bois abattu en forêt demande l’utilisation de gros véhicules. Comment procéder à ce travail en ménageant les sols? Une quinzaine de machinistes ont affiné leurs connaissances à ce propos en suivant un cours organisé en avril 2008 au Centre de formation professionnelle forestière du Mont-sur-Lausanne.

Ce début de printemps 2008 est difficile pour les machinistes en forêt. En effet, il a beaucoup plu ces dernières semaines et les sols sont détrempés. Le risque de compactage, lorsqu’on passe avec les engins, est grand. « Il n’est pas évident de tout concilier: la planification, les délais de livraison, la météo », explique Pascal Oppliger, de La Sagne (NE). Pascal Oppliger travaille dans une forêt de résineux à quelque 1000 mètres d’altitude. Si la pluie s’installe pendant plusieurs jours, pour éviter d’endommager les zones plus fragiles, il essaie de se rabattre sur des chantiers de réserve, où les risques de dégâts sont moindres. Autre possibilité: profiter du temps donné pour entretenir, réparer, réviser le matériel. « Le problème est que si cela dure trop longtemps, la rentabilité de l’entreprise en

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souffre; en plus, quand revient le beau temps, on ne sait plus où donner de la tête tant le travail s’est accumulé », ajoute le débardeur. De la théorie… En attendant, aujourd’hui, 23 avril 2008, Pascal Oppliger retourne sur les bancs d’école. C’est la première fois que, soutenu par l’OFEV et en partenariat avec le Service des eaux, sols et assainissement du canton de Vaud (SESA) et l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL), le Centre de formation professionnelle forestière, situé au Mont-sur-Lausanne, organise un cours sur la protection des sols forestiers à l’intention des machinistes. Dix-sept d’entre eux sont venus des quatre coins de Suisse romande pour participer à cette demi-journée. En avant

donc pour quelques bases théoriques d’abord. Véronique Maître, pédologue au SESA, rappelle les principales caractéristiques du sol, sa structure, sa porosité, sa granulométrie, tout en s’attardant sur sa sensibilité au compactage. Elle insiste sur le fait qu’il faut un siècle pour former un centimètre de sol. Dans l’exposé qui suit, Fritz Frutig, du WSL, explique la base légale en la matière, décrit les différentes perturbations constatées sur les sols forestiers et les types d’ornières observées, avant d’aborder les mesures de prévention. Ainsi, au niveau opérationnel, de nombreuses optimisations s’offrent aux machinistes, notamment en ce qui concerne la technique des récolteuses ou encore leur utilisation. La matière est dense, complexe, mais les intervenants parlent un langage clair et donnent des pistes concrètes.


Comment réduire les risques

Cornélia Mühlberger de Preux

Véronique Maître (au milieu page 40) explique les dégâts causés au sol: compactage (zone grise dans la coupe du sol, première photo à gauche), ornières sillonnant le chemin de desserte (à droite page 40). Un moyen de les prévenir consiste à former des tapis de branches dans les layons (ci-dessous).

… à la pratique Suit une visite sur le terrain dans les bois du Jorat. Des coupes transversales du sol ont été effectuées à divers endroits. Les machinistes doivent déterminer, à l’œil nu ou en composant des petits boudins, dans quelle mesure la terre est compactée. Est-elle friable? Est-elle meuble? Ils ont également droit à la démonstration de la sonde PANDA (pénétromètre automatique numérique dynamique assisté par ordinateur) qui permet de montrer la résistance à la pénétration en fonction de la profondeur. Plus la résistance d’un sol est élevée, plus il est fortement compacté et plus sa capacité d’infiltration d’eau et d’air est faible. Les participants sont ensuite confrontés à différents types d’ornières. Les discussions sont animées. On arrive à plusieurs conclu-

Pour rester concurrentielle, l’économie forestière se rationalise en mécanisant la récolte de bois: des abatteuses-ébrancheuses coupent et élaguent les arbres et déposent les troncs débités dans le layon, tandis que des débusqueuses transportent les grumes jusqu’à la route forestière la plus proche, où elles seront chargées sur un camion. Ces lourdes machines font courir un risque aux sols, qu’il est néanmoins possible de réduire: des engins dotés d’un grand nombre de roues pour répartir le poids, des pneus à pression variable ou des systèmes à chenilles ou à bandes permettent de diminuer l’impact exercé. D’autres solutions consistent à densifier le réseau de dessertes, à former un tapis de branches dans les layons et à recourir aux machines uniquement à l’endroit et au moment adéquat: il faudrait par exemple éviter leur emploi sur des sols humides, qui sont plus sensibles. L’OFEV a lancé avec l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) un projet allant dans ce sens (Physikalischer Bodenschutz im Wald). Il comprend la compilation des données existantes et leur mise en pratique, ainsi que l’organisation de cours et de conférences. Ce projet s’adresse aux écoles forestières, aux services de protection des sols, aux responsables de la formation et aux bureaux d’ingénieurs. Lors du troisième Inventaire forestier national (IFN 3, voir aussi page 29), on a pour la première fois recensé les atteintes portées aux sols par l’exploitation du bois. Les résultats seront connus début 2009.

sions. La plus importante: il y a moyen d’intégrer les machines de façon judicieuse et il existe de nombreuses mesures permettant de réduire de façon conséquente la pression sur le sol et de prévenir les dégâts (voir encadré). Et qu’a retenu Pascal Oppliger du cours? « Pour ma part, je vais continuer à faire attention à la nature du terrain dans la mesure du possible et adapter ma façon de travailler ainsi que mes engins en fonction des consignes données. » Quant à Jean-Pierre Clément, de la section Sol de l’OFEV, également présent à la demi-journée, il clôt la discussion en soulevant un élément important: « Pour que le travail soit fait dans les règles de l’art, il faudrait que tout le monde tire à la même corde: les propriétaires de forêt, les entrepreneurs, les ingénieurs forestiers, les

gardes forestiers de triage, les forestiersbûcherons et les machinistes. » Cornélia Mühlberger de Preux

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INFOS Jean-Pierre Clément Section Sol OFEV 031 322 93 49 jean-pierre.clement@bafu.admin.ch

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SUBVENTIONS À L’ENVIRONNEMENT

Une procédure simplifiée L’allocation de subventions sur la base de programmes s’applique aussi à la protection de l’environnement. Dans ce domaine, environ 60 % des ressources fédérales sont d’ores et déjà affectées à des programmes pluriannuels. Exemples tirés de la gestion forestière et des zones protégées pour oiseaux d’eau.

En matière d’environnement aussi, la réforme de la péréquation financière et de la répartition des tâches (RPT) conduit à de nouvelles formes de collaboration entre Confédération et cantons. Les subventions allouées projet par projet sont remplacées par des contributions globales versées sur la base de programmes pluriannuels définissant des objectifs liés aux prestations. Cette approche partenariale renforce le principe de subsidiarité. La Confédération se concentre sur la définition d’une stratégie nationale, tandis que les cantons assument plus de responsabilités et bénéficient d’une marge de manœuvre plus large pour la mettre en œuvre. Ce système a le mérite de simplifier la procédure administrative. Confédération et cantons ont négocié les conventions-programmes en 2007, les objectifs environnementaux réunissant un vaste consensus. Bien qu’incontestables, les interventions qui s’imposent au niveau des cantons, surtout dans la prévention des dangers et la protection de la nature et du paysage, dépassent toutefois largement les ressources fédérales. Une kyrielle de conventions-programmes Au total, 223 conventions ont été conclues, qui regroupent les vingt-six can-

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Ressources fédérales allouées dans le cadre des conventions-programmes de 2008 à 2011 en francs suisses

Protection de la nature et du paysage Revitalisation des eaux Protection contre le bruit et isolation acoustique Ouvrages de protection selon la loi sur les forêts Ouvrages de protection selon la loi sur l’aménagement des cours d’eau Forêts protectrices Biodiversité en forêt Gestion forestière Zones protégées pour faune sauvage et oiseaux d’eau Total

tons et régissent les domaines suivants: protection de la nature et du paysage, revitalisation des eaux, protection contre le bruit et isolation acoustique, ouvrages de protection selon la loi sur les forêts et la loi sur l’aménagement des cours d’eau, forêts protectrices, biodiversité en forêt, gestion forestière et zones protégées pour faune sauvage et oiseaux d’eau. Dans le cadre de ces programmes, la Confédération versera entre 2008 et 2011 quelque 610 millions de francs aux cantons pour couvrir des prestations environnementales (voir tableau).

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114 900 569 10 800 000 59 948 200 78 888 740 70 325 300 186 213 735 34 590 310 45 139 440 9 141 636 609 947 930

À ce total viendront s’ajouter près de 400 millions destinés à la nature et au paysage, à la lutte contre le bruit et aux mesures d’isolation acoustique, aux ouvrages de protection et aux forêts protectrices. Cette somme correspond à de grands projets qui restent subventionnés isolément et à des engagements pris précédemment. Environ 60 % des ressources fédérales réservées à l’environnement seront dès à présent utilisées selon les programmes définis, et cette part s’accroîtra dans les années à venir avec l’arrivée à échéance des anciens engage-


ments. La Confédération consacre au total 45 millions de francs à l’économie forestière. Dans ce domaine, elle a conclu des conventions-programmes avec tous les cantons, qui peuvent les mettre en œuvre selon leurs impératifs et leurs priorités. La gestion de la forêt suisse est ainsi assurée à long terme.

Suisse orientale créeront ainsi un organisme commun pour commercialiser leur bois. Un seul service logistique, assisté par ordinateur, réduira les frais administratifs et les frais des entreprises. Une présence collective sur le marché, avec des offres communes, améliorera la compétitivité et les revenus.

Ensemble pour exploiter Un financement initial alloué par la Confédération peut par exemple favoriser la collaboration entre propriétaires de forêts et optimiser les structures de la gestion forestière. C’est ce qui est prévu à Lucerne: les forêts de ce canton appartiennent en grande partie à des particuliers, que l’on veut inciter à former des organismes régionaux d’exploitation. Ces unités de gestion privées et professionnelles planifient l’exploitation et la vente du bois, de même que l’entretien des forêts, pardelà les limites des propriétés. Douze de ces organismes devraient voir le jour dans le canton et regrouper la plupart des 12 000 et quelques propriétaires.

Des stratégies pour les zones protégées La Suisse compte aujourd’hui dix réserves d’oiseaux d’eau et de migrateurs d’importance internationale. La liste des réserves d’importance nationale comprend dix-huit objets, auxquels huit autres viendront s’ajouter bientôt. On dénombre en outre quarante et un districts francs fédéraux. Ces habitats où la protection de la faune est prioritaire occupent 4 % du territoire. Au moyen des conventions-programmes, la Confédération subventionne l’entretien de ces réserves par les vingt et un cantons concernés. Avant l’entrée en vigueur de la RPT, la Confédération cofinançait les coûts de surveillance (salaires des gardeschasse, équipement, cabanes, formation de base, marquage des réserves), de même que la prévention et l’indemnisation des dégâts dus au gibier. Dans le cadre du programme concernant les réserves pour faune sauvage et oiseaux

Unis pour commercialiser Un autre objectif consiste à rationaliser la répartition des tâches et la logistique du bois, en vue d’accroître l’efficacité. Là encore, la Confédération assurera le financement initial. Des cantons de

d’eau, elle peut désormais aussi appuyer financièrement l’élaboration de stratégies de gestion. De tels projets s’imposent pour protéger la faune contre les dérangements dus aux personnes qui pratiquent leurs activités de loisirs à toute heure du jour et à toute saison en dehors des chemins balisés. Ils s’avèrent très efficaces, car ils permettent d’identifier les conflits d’utilisation, puis d’adopter, d’entente avec tous les acteurs, des mesures qui seront ensuite appliquées et contrôlées. Pendant la première phase de réalisation, soit jusqu’en 2011, la Confédération soutiendra l’élaboration de ces stratégies dans dix-sept réserves. Barbara Haering Pour retrouver cet article en ligne, avec liens et sources bibliographiques: www.environnement-suisse.ch/magazine2008-4-12

INFOS Florian Wild (en haut) 031 322 93 45 florian.wild@bafu.admin.ch et Daniel Lehmann (en bas) 031 322 93 31 daniel.lehmann@bafu.admin.ch Codirecteurs du projet RPT/ Environnement, OFEV

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FAUNE

Les chats sauvages reviennent à pas feutrés Ils sont invisibles, difficiles à identifier et ne laissent pas de traces évidentes. Pourtant, il est possible de surveiller les populations de chats sauvages en combinant sagesse populaire, analyses génétiques moléculaires et méthodes statistiques. Une telle opération est en cours dans le Jura.

Notre époque moderne assiste à la renaissance de la faune sauvage. Et pas seulement du lynx, du loup et de l’ours: le renard conquiert les villes, la martre agace les automobilistes. Les animaux que la nature a dotés de griffes acérées et d’une mâchoire puissante suscitent encore et toujours des controverses. Mais le retour du chat sauvage se fait sans bruit. Ses effectifs sont en lente progression en Europe centrale, probablement depuis les années 1930 déjà. Il a fallu du temps pour qu’on s’en aperçoive. Cela ne s’explique pas seulement par son mode de vie extrêmement discret. Même si on a la chance de voir un chat sauvage dans la nature, on ne peut jamais en être sûr. Certains chats domestiques ont en effet exactement la même couleur et le même dessin. Et les chats errants circulent partout, y compris au cœur de la forêt. Les traces que l’animal laisse dans la neige ou ses fèces ne livrent pas non plus d’indications sûres. L’indice crânien – la longueur du crâne divisée par la capacité crânienne – est la seule caractéristique morphologique fiable qui le distingue, car le chat sauvage est doté d’un plus gros cerveau. Mais cette valeur ne peut être chiffrée qu’une fois l’animal mort.

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Protégés partout en Europe « Le chat sauvage appartient aux espèces les plus nuisibles de notre pays »; « les chasseurs ont toute raison d’éliminer cet hôte indésirable par tous les moyens »: tel était encore le verdict de manuels de chasse du XXe siècle. Quand il a été enfin généralement reconnu que l’animal ainsi diffamé s’en prenait presque exclusivement aux souris et ne représentait donc une menace ni pour d’autres espèces, ni pour les enfants, il avait presque disparu d’Europe centrale. Les dernières populations importantes vivaient dans une région montagneuse de forêts s’étendant des Ardennes belges au Jura français en passant par le massif palatin, en Allemagne, et par les Vosges. Aujourd’hui, le chat sauvage est protégé dans tous les pays d’Europe. On ne sait s’il avait complètement disparu de Suisse ou si quelques individus avaient survécu dans le Jura. Dans les régions frontalières, certains devaient avoir subsisté. Du côté du Glaserberg, par exemple, un territoire isolé au nord de la rivière Lucelle. C’est de là que proviennent sans doute les chats sauvages apparus dans les années 1970 sur le Blauen, une chaîne de collines boisées du Jura bâlois. Chasseurs et pro-

meneurs en ont observé là à plusieurs reprises, mais les preuves avérées se limitaient à deux individus écrasés par des voitures en 1991 et 2005. Le biologiste Darius Weber, qui vit à proximité du Blauen et s’y rend souvent, a voulu en savoir plus sur la présence de l’animal dans la région. Il a mis au point une méthode permettant de calculer les effectifs de chats sauvages sur le terrain. Elle associe sagesse populaire et technique de pointe. La valériane les attire Les méthodes de génétique moléculaire permettent depuis peu de distinguer les chats sauvages des chats domestiques sans attendre leur mort: un poil suffit pour faire une analyse génétique. Mais comment s’en procurer dans la nature? En ayant recours à une vieille astuce: la valériane. Celle-ci est connue pour son effet irrésistible sur les femelles comme sur les mâles, surtout pendant la période du rut, en décembre et janvier. Les animaux se frottent alors aux plantes avec ardeur. Des chercheurs allemands ont été les premiers à tirer parti de cette attirance dans les montagnes du Harz. Ils ont vaporisé de la teinture de valériane suite page 46


Hintermann & Weber SA

Lors du projet d’études sur les chats sauvages du Blauen (BL), un appareil photo automatique avait été installé à côté de certains poteaux imprégnés de valériane. Un détecteur de mouvement déclenchait la prise de vue. Les animaux photographiés ici en train de se frotter avec ardeur à l’appât arborent tous le dessin caractéristique du chat sauvage. Seule l’analyse des poils restés collés au bois permettra de vérifier qu’il ne s’agit pas de croisements.

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sur des poteaux en bois non rabotés qu’ils ont plantés le long des voies de migration du gibier. Les chats qui s’y frottent y laissent forcément quelques poils. Recensement pileux Darius Weber s’est servi de cette méthode dans un projet de recherche qu’il a mené en 2006 et 2007 en collaboration avec les généticiennes Barbara Hefti-Gautschi et Tabea Stoeckle ainsi qu’avec les chasseurs du Blauen. 136 poteaux ont été placés sur les passages du gibier dans un périmètre de 66 kilomètres carrés et examinés à intervalles de quinze jours pendant une année. Le matériel récolté a d’abord été trié sous le microscope. Les poils d’autres animaux attirés par la valériane – hérissons, martres, loirs et renards – ont été mis de côté, tout comme ceux dont la couleur permettait d’affirmer qu’ils provenaient de chats domestiques. Les poils soupçonnés avoir appartenu à un chat sauvage ont été analysés en laboratoire. L’étude génétique ne montre pas seulement si l’on a affaire à un chat sauvage ou domestique. Chaque individu laisse sa propre empreinte. L’analyse signale donc d’emblée le nombre minimal de bêtes présentes dans la région, soit toutes celles qui ont été identifiées individuellement. Un brin de mathématique À l’aide de méthodes statistiques, on

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parvient ensuite à faire une estimation assez précise des populations, y compris des bêtes non identifiées. Elle repose sur le fait que quelques chats n’ont laissé des traces sur les poteaux qu’une fois, d’autres plusieurs fois. Le calcul est compliqué, mais le principe est simple: quand tous les échantillons proviennent du même animal, il est probable qu’il se déplace seul. À l’inverse, quand chaque échantillon provient d’un animal différent, on n’a sans doute pas encore recensé toute la population. Dans la réalité, il peut arriver qu’on trouve une seule preuve pour certains individus, deux pour d’autres, davantage pour d’autres encore. Les sommes partielles et le total de tous les animaux identifiés permettent d’aboutir à une estimation de la population entière. Au Blauen, on est ainsi arrivé à des effectifs de 25 à 38 chats. Un programme de surveillance national Le chat sauvage vit dans des forêts étendues, devenues rares sur le Plateau. Dans les Alpes, les hivers sont trop durs: quand il y a de la neige, l’animal doit renoncer aux souris, devenues inaccessibles. La région de propagation potentielle de l’espèce se limite donc en Suisse au Jura: là, il y a suffisamment de forêts et en période d’enneigement, il reste toujours quelques versants sud dégagés pour chasser. C’est donc sur cette région que se concentre le programme national de

surveillance à long terme lancé récemment sur mandat de l’OFEV. L’objectif n’est pas de recenser le nombre de chats sauvages vivant en Suisse, mais d’obtenir un indicateur de l’état de la population, permettant de savoir si les effectifs sont en hausse, en baisse ou à peu près stables. En l’occurrence, on vérifie la proportion de surfaces peuplées par rapport à la totalité des habitats adéquats. 150 surfaces représentatives d’un kilomètre carré, comptant chacune trois poteaux exposés pendant trois mois et contrôlés toutes les deux semaines, suffisent pour obtenir une valeur présentant la précision voulue. Les travaux de terrain sont effectués par les gardes-chasse locaux. Ils dureront jusqu’à la fin de l’hiver 2009/ 2010. Hansjakob Baumgartner

Pour retrouver cet article en ligne, avec liens et sources bibliographiques: www.environnement-suisse.ch/magazine2008-4-13

INFOS Thomas Briner Section Chasse, faune sauvage et biodiversité en forêt, OFEV 031 324 78 49 thomas.briner@bafu.admin.ch


ÉDUCATION À L’ENVIRONNEMENT

Tous unis au service de la cause Plusieurs prestataires de l’éducation à l’environnement se sont regroupés au sein d’un service commun. Leurs activités de marketing concertées leur assurent une présence plus professionnelle et améliorent la visibilité de la branche.

Publicité, marketing, corporate design… Pour un écologiste de la vieille école, les termes issus du monde économique ont quelque chose de suspect: « éco » et « bio » lui paraissent être des notions diamétralement opposées à celles de hausse du chiffre d’affaires et de bénéfices. À tort, juge Peter Lehmann, directeur du sanu, qui propose une formation pour le développement durable. « Parce que les différents prestataires ont longtemps négligé tout marketing systématique et agi chacun pour soi dans des niches, l’énorme potentiel de l’éducation à l’environnement n’a pas été exploité jusqu’ici. » De plus en plus de secteurs impliqués De fait, les besoins en éducation à l’environnement sont considérables. Une étudiante l’a confirmé après avoir évalué l’application de la législation lors de son stage auprès du sanu, en 2005. Les autorités communales, les petites et grandes entreprises du bâtiment et des transports, les usines d’élimination des déchets et les services industriels et bien d’autres personnes et institutions sont tenus tous les jours de mettre

en œuvre les consignes de la politique et du droit de l’environnement. Certains prestataires avaient bien essayé, par le passé, de vendre leur produit. « Mais il est impossible, avec des moyens modestes, de concurrencer des hautes écoles reconnues et leurs grands stands aux rendez-vous du monde de l’éducation. » Peter Lehmann est bien placé pour le savoir! En 2005, le sanu a donc participé à une table ronde avec des représentants de l’OFEV et d’autres organismes proposant des cursus écologiques. Avec l’EPFZ, les hautes écoles spécialisées, la formation professionnelle, la formation des adultes et l’éducation à l’environnement, tous les niveaux étaient impliqués, et le service-environnement a été mis en place. « Nous avons opté pour une organisation souple, sans forme juridique, mais avec un budget et un objectif annuels », dit Peter Lehmann. Un organisme actif Le service-environnement marque sa présence lors des salons et publie un guide comprenant un catalogue des prestataires, un aperçu des diverses filières et des témoi-

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Le service-environnement réunit les sept institutions et organisations suivantes: EPFZ, département des sciences de l’environnement, haute école des sciences appliquées de Zurich, institut de l’environnement et des ressources naturelles, haute école technique de Rapperswil, filière architecture du paysage, Centre forestier de formation de Lyss, Silviva, sanu et OFEV.

gnages de personnes ayant suivi les cours en question. Chaque année, il se concentre sur un groupe cible qu’il souhaite familiariser avec les formations offertes. « L’automne passé, nous avons organisé une réunion avec l’Association suisse pour l’orientation scolaire et professionnelle (ASOSP) », relate Peter Lehmann. « Des multiplicateurs fantastiques qui adressent maintenant les intéressés à nos prestataires. » Lors de la manifestation NATURE qui s’est tenue à Bâle en février 2008, le service s’est présenté de manière très professionnelle, avec un budget de 27 000 francs. « Finis le manque de moyens et les stands de fortune, nous n’avons plus besoin de nous cacher », jubile Peter Lehmann. « Des spécialistes de l’environnement, il en faut partout », tel était le slogan. Le stand montrait, avec des exemples tirés de différentes professions, que de nombreuses

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personnes doivent relever des défis environnementaux et sociaux dans leur domaine d’activité. Une compétence accrue dans les questions du développement durable peut donc signifier un échelon de plus dans une carrière. Pour 2008, le service-environnement a choisi comme groupe cible une clientèle exigeante: il a mis sur pied une présentation spéciale pour s’adresser au milieu de la finance. Car les banques et les assurances sont de plus en plus concernées par les développements écologiques et sociaux et exercent une influence importante sur toute l’économie.

Mais le service n’attache pas la priorité à une augmentation des chiffres d’affaires. « Il s’agit bien plutôt de mettre en évidence l’utilité et l’offre de la branche, et de faire prendre conscience à ses représentants de l’importance de la communication. » L’OFEV soutient le service-environnement. « C’est une sorte de projet modèle de partenariat dans ce secteur », dit Daniela Jost, de la commission Éducation et formation OFEV. « C’est ainsi que les choses devraient être: tous unis au service de la cause, même si une certaine concurrence reste nécessaire. » Lucienne Rey

Le vent en poupe Le sanu est le moteur du service-environnement. La cotisation que les organisations membres versent chaque année sert exclusivement à financer les activités de marketing, car le sanu ne facture aucune dépense de personnel au projet qu’il pilote: « Notre engagement est couvert par un mandat de l’OFEV », explique Peter Lehmann. Les efforts investis sont payants, même s’il est difficile de chiffrer les succès. « Au cours des deux à trois ans passés, le sanu a enregistré à lui seul une demande en hausse de 20 %. Cette évolution s’explique aussi par l’appui politique actuel », estime Peter Lehmann.

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INFOS Gisela Basler Éducation et formation OFEV 031 323 03 06 gisela.basler@bafu.admin.ch Daniela Jost Éducation et formation OFEV 031 324 48 30 daniela.jost@bafu.admin.ch


BIOTECHNOLOGIE

Vers plus de professionnalisme dans la sécurité biologique La recherche et la production impliquant des organismes génétiquement modifiés ou pathogènes comportent un risque pour l’homme et l’environnement. Les responsables de la sécurité biologique ont pour tâche de le limiter au maximum. Avec le secteur de la biotechnologie, la Confédération met sur pied une formation uniforme.

IVI Kathrin Summermatter

Quartier de haute sécurité pour les agents pathogènes: poste de biosécurité biologique à l’institut de virologie et d’immunoprophylaxie (IVI) de Mittelhäusern (BE).

D’où vient le virus de la grippe aviaire? Comment fabriquer des médicaments plus efficaces grâce au génie génétique? En Suisse, de nombreux laboratoires privés, instituts universitaires et services fédéraux étudient des agents pathogènes et des organismes génétiquement modifiés. Or ce travail est délicat. Le personnel, les équipes de nettoyage et les visiteurs des laboratoires ne doivent pas s’infecter. C’est le but de l’ordonnance sur la protection des travailleurs contre les risques liés aux micro-organismes (OPTM). Il faut aussi éviter que des agents pathogènes ne s’échappent des laboratoires, ce qui fait

l’objet de l’ordonnance sur l’utilisation confinée (OUC). Suivant ces deux ordonnances, entrées en vigueur en 1999, les entreprises concernées doivent nommer des responsables de la sécurité biologique (Biosafety Officer, BSO). Actuellement, près de 700 BSO travaillent en Suisse. Leurs activités et leurs compétences varient considérablement, d’après une étude réalisée en 2007 sur mandat des offices fédéraux de l’environnement, de la santé publique et de la protection de la population. De grandes unités de recherche emploient plusieurs BSO à plein temps, alors que cela n’aurait

guère de sens dans les petits laboratoires utilisant occasionnellement des organismes pathogènes. « De plus, la sécurité biologique est plus ou moins lacunaire auprès des employeurs qui la jugent peu importante », constatent les auteurs de l’étude. Formation: des exigences plus élevées Les sociétés concernées sont tenues de confier la sécurité biologique à un BSO. Il doit disposer de connaissances techniques et sécuritaires suffisantes pour être à même de remplir sa fonction. Mais le contenu de cette formation n’est pas précisé. À l’exception d’un

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La Suisse pionnière (pld) « La formation de BSO en Suisse est rudimentaire », estime Stéphane Karlen, BSO à l’EPF de Lausanne. Selon lui, les connaissances sont généralement sommaires, à part dans quelques grandes sociétés et établissements publics. De nombreux BSO ignorent presque tout de l’analyse des risques et de l’appréciation des dangers. Stéphane Karlen espère que la formation prévue sera proche de la pratique. Il faudrait par exemple enseigner le déroulement d’une décontamination, pour que le BSO soit au clair sur ce sujet en cas d’urgence. Kathrin Summermatter, BSO à l’Institut de virologie et d’immunoprophylaxie (IVI) de Mittelhäusern (BE), qui travaille au niveau de sécurité 4, regrette également que le perfectionnement se limite souvent à s’informer auprès de collègues expérimentés et à apprendre sur le tas. Elle estime en revanche que les contacts personnels sont fructueux. Cette experte en biosécurité propose donc d’institutionnaliser les échanges d’expériences entre BSO au même titre que leur formation. Elle souligne aussi combien il est important d’harmoniser le cursus proposé avec celui de l’UE: « Avec ses projets, la Suisse joue un rôle d’avant-garde au niveau international. »

séminaire annuel d’une journée consacré à la biosécurité, aucune instruction systématique n’est proposée en Suisse. Les offices fédéraux sont conscients de cette lacune. « Notre objectif est d’élaborer un cours pour les BSO qui permettra d’améliorer le niveau de connaissances », déclare Daniel Kümin, collaborateur scientifique à la section Biotechnologie et flux de substances de l’OFEV jusque récemment. L’étude de 2007 indique aussi comment pondérer les éléments de la formation prévue. Elle propose notamment de soumettre le BSO, qui a généralement fait des études de microbiologie ou de biologie moléculaire, à des exigences différenciées selon le niveau de sécurité requis. Les laboratoires où l’on travaille avec des agents pathogènes et des organismes génétiquement modifiés sont classés en fonction du niveau de risque. Il est par exemple moins dangereux de manipuler des plantes ou des souris génétiquement

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modifiées (niveau 1) que des virus du sida (niveau 3). Le concept de sécurité, l’élimination des déchets et la sécurité au travail dans un environnement à risque biologique doivent être des matières suivies par tous. Les équipements de sécurité au laboratoire et la sécurité biologique ne seraient enseignés que pour les niveaux 2 et 3. L’instauration d’une culture de la sécurité, la prévention et la maîtrise des accidents majeurs n’interviendraient que pour le niveau 3. Un organe de surveillance est en train d’élaborer le cahier des charges détaillé du BSO. Il pourra ensuite homologuer les hautes écoles spécialisées, universités et autres institutions qui dispenseront la formation. Le premier cours de base pourrait démarrer dès le second semestre de 2009.

d’autant plus que l’industrie pharmaceutique ignore les frontières. La formation de BSO doit donc être uniformisée à l’échelle internationale. Les modules actuellement en projet ont aussi été soumis à l’Association européenne de biosécurité (European Biosafety Association, EBSA), où la Suisse est représentée et engagée financièrement. « Une harmonisation arrangerait notamment la branche pharmaceutique », souligne Daniel Kümin. Ainsi, les formations seraient reconnues partout en Europe et les BSO certifiés pourraient changer de poste sans difficulté. Reste à voir si un BSO peut être engagé de l’extérieur à la journée ou s’il doit rester sur place en permanence – une condition que les petits laboratoires auraient de la peine à satisfaire. Et l’on ne sait pas encore si la Confédération prendra à sa charge une partie des frais de formation. Pieter Poldervaart

Pour retrouver cet article en ligne, avec liens et sources bibliographiques: www.environnement-suisse.ch/magazine2008-4-15

INFOS Sabrina Leuenberger Section Biotechnologie et flux de substances, OFEV

Harmonisation avec l’UE La sécurité biologique revêt un caractère d’urgence dans le monde entier,

ENVIRONNEMENT 4/08 BIOTECHNOLOGIE

031 323 83 96 sabrina.leuenberger@bafu.admin.ch


Division tessinoise de l’environnement, section de la protection de l’air, des eaux et du sol

La vieille conduite forcée de la centrale de Tenero (TI), ici au-dessus de la Verzasca, a dû être assainie. Les PCB toxiques sont invisibles, mais les taches de rouille, elles, se repèrent à l’œil nu.

REVÊTEMENTS ANTICORROSION

Un assainissement complexe, mais exemplaire En 2005, une analyse effectuée par le canton du Tessin a révélé que le revêtement de la conduite forcée aérienne de l’usine électrique de Tenero contenait des polychlorobiphényles (PCB) toxiques. Il fallait donc intervenir. Région de Gordola (TI), février 2008: une tente interminable serpente à travers une zone résidentielle entourée de jardins et de vignes. À l’intérieur règnent un bruit assourdissant et un brouillard dense: on ôte l’ancien revêtement verdâtre de la conduite forcée menant à la centrale électrique de Tenero, en commençant sommairement sous haute pression à 2800 bars,

pour finir par un décapage fin au sable. La présence de polychlorobiphényles (PCB) en teneurs élevées dans le vernis a rendu nécessaire l’assainissement. Des mesures de protection maximales Maintenant, toute trace de peinture nocive a disparu. L’assainissement de la conduite a été une tâche onéreuse et difficile. « Le revêtement anticorrosion

datait des années 1970. Comme la teneur en PCB de la couche externe atteignait 7,5 %, il a fallu prendre des mesures draconiennes pour protéger l’environnement lors de l’ablation de l’ancien vernis. Presque tous les secteurs étaient concernés: l’air, l’eau, le sol, les déchets spéciaux et les sites contaminés, sans oublier la protection de la nature », déclare Gianni Ruchti,

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Pour assainir la conduite forcée, il a fallu l’étancher avec des feuilles de polyéthylène (à gauche). À droite de la tente, un système d’aération alimente le tunnel en air frais. La conduite qui serpente sur le versant escarpé de Gordola en direction de Tenero, au bord du lac Majeur, traverse une zone résidentielle parsemée de vignes (au milieu).

qui travaille à la section de la protection de l’air, des eaux et du sol au sein de la division tessinoise de l’environnement. La société Verzasca SA, dont les actionnaires principaux sont le canton du Tessin et la ville de Lugano, a dû emballer la conduite forcée dans des feuilles de polyéthylène indéchirables reliées de manière étanche sur une longueur de 670 mètres. Un sas d’accès, un dispositif de filtration de l’eau et un système d’aération et d’extraction de l’air équipé de filtres à poussières complétaient l’installation. Traitement drastique des déchets Les mesures de sécurité comprenaient également un système élaboré d’élimination des déchets, impliquant un maximum de retraitement: « Le sable a été extrait plusieurs fois; un huitième seulement a été éliminé en tant que déchet spécial », indique Urban Müller,

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de la société Marty Korrosionsschutz AG de Pfäffikon, qui avait remporté l’appel d’offres public. L’eau utilisée pour les travaux sous haute pression passait par un système de filtrage et de contrôle à plusieurs paliers avant d’être déversée dans le collecteur. La boue résiduelle polluée était évacuée dans des fûts. Course d’obstacles En théorie, tout allait très bien: « Nous étions au clair sur les charges et sur les coûts », déclare Urban Müller. Mais la réalité a été bien différente: « Sur ce versant recouvert d’éboulis, on ne pouvait pas se contenter de poser des feuilles en plastique. Nous avons dû installer un plancher en bois étanche. » Puis l’abrasion et la projection se sont heurtées à des difficultés. « L’idée initiale consistait à injecter la dernière couche du nouveau revêtement à l’intérieur du tube. Mais nous avons dû nous résou-

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dre à la poser à la main. Il a fallu qu’un homme rampe dans le tuyau de 70 centimètres de diamètre et progresse segment par segment. » Le temps manquait pour revêtir la conduite forcée en deux passages comme il avait été prévu initialement, aussi a-t-il fallu la traiter en une fois. Des plaintes de voisins gênés par le bruit des filtres n’ont pas permis de travailler vingt-quatre heures sur vingtquatre. Or le délai disponible était de quatre mois seulement, car la conduite forcée devait être remise en service en mai 2008. La tâche étant beaucoup plus importante que prévu, il y a eu un retard de trois semaines. « Notre offre se montait à 780 000 francs seulement. Cela a été notre chantier le plus cher… », résume Urban Müller d’une voix morne. Une préparation minutieuse La société Verzasca SA, la commune de


Les PCB nuisent à la santé

Division tessinoise de l’environnement, section de la protection de l’air, des eaux et du sol

À droite: la peinture nocive a été enlevée; il ne manque plus que la nouvelle couche de protection.

Gordola et le canton du Tessin avaient pourtant préparé l’intervention d’une manière exemplaire: ils avaient analysé le sol aux alentours de la conduite et dans les jardins voisins, puis étudié les eaux superficielles et souterraines ainsi que le revêtement de la conduite. Les effets possibles de l’assainissement avaient également fait l’objet d’une analyse des risques. Les responsables n’ont pas pris la décision d’assainir avant d’avoir acquis la certitude que la population ne courait aucun danger. L’implication des personnes directement concernées a joué un rôle important: les riverains – une cinquantaine de propriétaires – et la presse ont été mis au courant. Des experts ont répondu aux questions de la population lors d’une soirée publique d’information. Par exemple à celle-ci: ne serait-il pas plus simple de démonter la conduite forcée et d’en construire une nouvelle? Cette option avait évi-

demment figuré parmi les scénarios examinés par le comité d’étude. « Le démontage et l’élimination de l’ancienne conduite ajoutés à la fabrication et au montage de la nouvelle auraient coûté beaucoup plus cher », déclare Marco Bertoli, directeur de la société Verzasca qui détient la centrale électrique de Tenero. L’assainissement a finalement coûté 1,5 million de francs. « Mais la méthode a d’abord été choisie en fonction de la sécurité de la population et des travailleurs ainsi que de la protection de l’environnement », souligne Gianni Ruchti, de la division tessinoise de l’environnement.

En Suisse, l’utilisation des polychlorobiphényles (PCB) dans les systèmes ouverts est interdite depuis 1972. Depuis 1986, cette interdiction s’applique aussi à leur importation, à leur production et d’une manière générale à toutes leurs applications. Mais on en trouve encore sous la forme d’additifs, en particulier comme plastifiant du mastic et d’autres pâtes d’étanchéité, ainsi que dans le revêtement des ponts en acier, des piscines, des installations d’épuration et des conduites d’eau sous pression. L’érosion en entraîne donc encore un peu dans l’environnement, et parfois même dans la chaîne alimentaire. De grandes quantités sont disséminées lorsqu’on ôte des peintures anticorrosion par projection de sable sans capter les poussières. Les matériaux contenant des PCB doivent être stockés provisoirement, transportés et incinérés dans des fours à température élevée en tant que déchets spéciaux. Traités autrement, ils produisent des dioxines extrêmement dangereuses. L’absorption répétée de quantités importantes de PCB peut entraîner des irritations cutanées, des dégradations du foie et des reins ainsi qu’un affaiblissement du système immunitaire. Des doses élevées de PCB sont même susceptibles d’avoir un effet cancérogène. Des troubles de la reproduction ont été observés chez des animaux exposés pendant un certain temps aux PCB. C’est peut-être une des raisons pour lesquelles la loutre a disparu de Suisse.

Vera Bueller

INFOS Roland von Arx Chef de la section Sol, OFEV Pour retrouver cet article en ligne, avec liens et sources bibliographiques: www.environnement-suisse.ch/magazine2008-4-16

031 322 93 37 roland.vonarx@bafu.admin.ch

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Jugement Indemnisations pour les riverains d’aéroports À Opfikon-Glattbrugg (ZH), de nombreuses parcelles sont situées sous un axe de décollage de l’aéroport de Kloten. Dans dix-huit cas pilotes, la Commission fédérale d’estimation a statué sur des demandes d’indemnisation pour cause d’immissions sonores excessives. Le droit de défense des riverains contraint notamment une entreprise à éviter d’engendrer des atteintes abusives (fumée, suie, émanations désagréables, bruit, vibrations) sur la parcelle de son voisin. En revanche, on ne saurait l’invoquer dans le cas d’une installation publique telle que l’aéroport de Zurich: le plaignant ne peut être qu’exproprié et indemnisé. Dans un cas précis, la Commission fédérale d’estimation a évalué que la perte de valeur de l’immeuble due au bruit des avions se montait à 140 000 francs, somme qui devait être versée au propriétaire par l’aéroport de Zurich. Les deux parties ont toutefois attaqué cette décision auprès du Tribunal fédéral. Dans son jugement rendu le 8 février 2008 (1E.15/ 2007 et 1E.16/2007), celui-ci a décidé que l’aéroport devait payer un dédommagement de 150 000 francs pour la dépréciation du bien concerné. Le Tribunal fédéral a examiné les trois conditions nécessaires pour que la violation des droits de voisinage habilite le propriétaire à exiger une indemnisation: l’imprévisibilité et la spécialité des immissions, ainsi que la gravité des dommages subis. Le 1er janvier 1961 constitue un seuil pour le critère d’imprévisibilité des nuisances sonores dues aux aéroports nationaux. Si une parcelle a été acquise à une date ultérieure autrement que par héritage, il n’existe pas de droit à une indemnisation. La condition de spécialité est remplie en particulier si les immissions sonores dépassent les valeurs limites d’exposition définies par le droit de l’environnement. En raison du bruit excessif, le propriétaire ne dispose plus alors que d’une partie de l’ancienne valeur vénale de la parcelle. L’ampleur de cette perte est déterminante: lorsque la dévalorisation se monte à 10 % ou plus, on considère que le dommage est grave.

Rubrique internationale Payer pour les écosystèmes Les écosystèmes constituent les infrastructures naturelles du régime hydrologique. Ils sont indispensables à l’épuration des eaux usées ou à l’atténuation des crues. Les paiements pour services environnementaux (PES) financent des prestations qui contribuent à entretenir ces écosystèmes. Il peut s’agir d’un signe de solidarité entre des entreprises privées et l’État, ou entre des personnes qui vivent à proximité du même cours d’eau, en amont et en aval. Ce genre d’entraide est particulièrement indiqué dans le cas de l’eau, une ressource qui fait déjà défaut à un tiers de la population du globe. À l’occasion de la 17e Semaine mondiale de l’eau en août 2008 à Stockholm, les chances et les risques des PES ont été discutés lors d’un séminaire dirigé par l’OFEV. En résumé, si ces instruments ne sont pas la panacée, ils peuvent être efficaces quand ils sont associés à d’autres mesures nationales ou internationales. Sibylle Vermont, section Affaires globales, OFEV, 3003 Berne, 031 322 85 47, sibylle.vermont@bafu.admin.ch

Sur les traces des changements climatiques Qui dit changements climatiques dit hausse des températures, tempêtes et nouveaux régimes de précipitations. Chaque variation de ces facteurs exerce une influence sur les catastrophes naturelles. Le projet international AdaptAlp (Autriche, Suisse, Allemagne, France, Italie et Slovénie) doit étudier les effets du réchauffement sur les différentes régions alpines et voir comment prévenir au mieux les dangers naturels. Représentée par l’OFEV, la Suisse coordonne un projet partiel et en profite pour tester le nouvel instrument en ligne RiskPlan. Cet outil de calcul et de gestion permet d’évaluer de manière pragmatique les processus liés aux dangers naturels et les risques qui en découlent. Peter Greminger, consultant senior, OFEV, 3003 Berne, 031 324 78 61, peter.greminger@bafu.admin.ch, www.riskplan.admin.ch

Des échanges productifs Les graves problèmes écologiques ne peuvent être résolus que dans le cadre d’une coopération internationale, et les questions d’économie, de développement et d’environnement sont étroitement liées. Les mémorandums d’entente peuvent tenir compte de tous les aspects: ils incitent à l’échange bilatéral d’informations sur les technologies, les innovations, la législation et le savoir-faire. Une collaboration environnementale de ce type peut aussi accompagner des accords de libre-échange. La Suisse a conclu en 1989 un accord de collaboration avec la Russie, en 2005 un mémorandum d’entente avec l’Uruguay. Des négociations sont envisagées avec la Chine, le Mexique, l’Indonésie et l’Inde.

Informations complémentaires: Maurus Bärlocher,

Karine Siegwart, cheffe de la section Europe, commerce et coopération

division Droit, OFEV, 3003 Berne, 031 325 43 29,

au développement, OFEV, 3003 Berne, 031 322 68 62,

maurus.baerlocher@bafu.admin.ch

karine.siegwart@bafu.admin.ch

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VS

La métamorphose d’Ossona

Martin Pfaundler / OFEV

Mur du barrage de Montsalvens (FR).

CH

Nouvelle procédure d’évaluation pour les cours d’eau

Le débit est l’un des trois facteurs qui déterminent l’état écologique d’un cours d’eau, avec la qualité de l’eau et les conditions géographiques et structurelles de la rivière. Les utilisations humaines influencent non seulement l’écoulement total, mais aussi sa répartition au cours de la journée et de l’année. Pour appliquer la législation, les cantons doivent notamment évaluer leurs rivières sur le plan hydrologique. Pour cela, ils disposent désormais d’une procédure standardisée à l’échelle nationale, le module « Hydrologie – régime d’écoulement » au niveau R (région), abrégé « HYDMOD-R ». Des outils informatiques sont aussi disponibles gratuitement.

Si vous y êtes passé il y a à peine dix ans, vous ne reconnaîtrez pas les hameaux d’Ossona et de Gréféric, dans le Val d’Hérens. À cette époque, tout y était à l’abandon. Le plateau d’Ossona revit maintenant grâce à un projet pilote de développement régional rural soutenu par la Confédération, le canton et la commune de Saint-Martin. Les terres sont à nouveau exploitées et dévolues à l’agrotourisme. On peut y assister à la fabrication du fromage et à la traite des chèvres, aider l’agriculteur à cueillir les fruits ou à faire les foins. Les anciennes bâtisses ont été réhabilitées et certaines d’entre elles transformées en gîtes. Depuis l’été 2008, une auberge accueille les promeneurs de passage. Maria Pires, Daniel Beuret, 079 467 11 43, www.ossona.ch

Martin Pfaundler, chef suppléant de la section Gestion des eaux, OFEV, 3003 Berne, 031 323 03 12, www.systeme-modulaire-gradue.ch > Hydrologie

ZH

Pour une information transparente du contribuable

Les taxes prélevées pour l’approvisionnement en eau potable ou pour l’élimination des eaux usées peuvent susciter une grande incompréhension auprès des contribuables. Dans le canton de Zurich, par exemple, chacune des 171 communes a son propre système de calcul. Les autorités ont ainsi de la peine à expliquer les différences de prix ou à justifier des hausses de tarif. Un nouveau système de gestion financière fournit désormais aux communes une base claire pour aménager et communiquer leur structure de taxation. Développé par l’office cantonal de l’eau, de l’énergie et de l’air (AWEL) en collaboration avec le service cantonal des communes, il suscite un fort intérêt dans toute la Suisse. Office cantonal de l’eau, de l’énergie et de l’air, Stefan Schmid, Zurich, 043 259 32 07,

site internet

Ossona (VS).

stefan.schmid@bd.zh.ch, www.abwasser.zh.ch > Finanzierung

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VS

Quand la forêt renaît de ses cendres En 2003, le plus grand incendie de forêt à toucher le Valais depuis plus de cent ans avait détruit quelque 200 000 arbres dans la réserve forestière de Loèche. Cinq ans plus tard, cette terre brûlée a reverdi et les premiers jeunes saules, bouleaux et trembles s’élancent vers le ciel. En certains endroits, on trouve maintenant davantage d’oiseaux et de plantes qu’avant la catastrophe. L’épinard-fraise, par exemple, n’y avait plus été recensé depuis un siècle. L’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) a assuré le suivi scientifique de la recolonisation de la zone sinistrée. Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage, Birmensdorf, 044 739 21 11, www.wsl.ch > Recherche: « Waldbrand im Wallis » (sur le site allemand du WSL) mise à disposition

BE

Le recyclage des piles se développe Les installations de l’entreprise de recyclage Batrec Industrie SA à Wimmis sont en cours d’agrandissement. Leurs capacités vont passer de 3500 à 5000 tonnes de piles par an. La plupart des piles usagées de Suisse sont valorisées à Wimmis dans le cadre de procédés de fusion. L’entreprise a développé un système pionnier qui isole à la fois les substances toxiques et les métaux, dans un circuit fermé, pour les transformer en produits. Une nouvelle installation permettra en outre le recyclage des charbons actifs et des catalyseurs utilisés dans l’industrie du gaz. Capacité annuelle: 8000 tonnes. L’entreprise a été créée en 1989 à l’initiative de la Confédération. Batrec

Batrec Industrie SA, Wimmis, 033 657 85 00, www.batrec.ch

Four à induction: coulée du ferromanganèse et des scories.

Suisse du Nord-Ouest

Trois pays, une base de données

Dans l’espace trinational du Rhin Supérieur, 5,9 millions de personnes vivent sur une surface de 21 500 km2. Pour les autorités, le monde politique, les médias, les entreprises et les citoyens, une plateforme internet baptisée SIGRS regroupe maintenant de nombreuses données concernant la région: aires bâties, infrastructures de transport, évolution démogra-

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phique, développement économique, formation et recherche, loisirs et tourisme, environnement et climat. Les données sont sans cesse complétées, pour répondre entre autres aux suggestions des utilisateurs. http://sigrs-gisor.org

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Ruben Wyttenbach

VD

mise à disposition

Un métro révolutionnaire

Le M2 pour lequel les Lausannois ont voté il y a six ans est enfin opérationnel. Le premier métro urbain entièrement automatique sur pneus de Suisse roule depuis fin octobre 2008. Il traverse la capitale vaudoise du nord au sud. Le trajet long de 6 km s’effectue à 90 % en tunnel, avec 14 stations et 336 mètres de dénivellation. Celle-ci est la plus forte d’Europe pour ce genre d’engins: à certains endroits, la pente atteint 12 %. Le métro M2 est une des mesures importantes d’assainissement de l’air de la région lausannoise acceptées par le canton. Il est censé faciliter la mobilité et renverser durablement la répartition modale en faveur d’une plus grande utilisation des transports publics. Selon les prévisions, le nouveau métro devrait transporter chaque année 25 millions de voyageurs. Olivier Français, conseiller municipal et directeur des travaux,

LU

L’électricité, ça coule de source! Dans le village de Schüpfheim, lorsque l’eau potable sort du robinet, elle a déjà produit du courant propre. La centrale hydraulique de Pfrundweid (photo) fonctionne avec l’eau du réseau. Depuis début 2008, elle fournit du courant pour environ 40 ménages. Les centrales à l’eau potable ne sont pas une nouveauté en Suisse. Ces dix-huit dernières années, on en a construit une centaine, qui fournissent un total de 60 millions de kilowattheures par an, de quoi approvisionner 12 000 ménages. Selon l’Office fédéral de l’énergie (OFEN), le potentiel inexploité est du même ordre de grandeur. Wasserversorgung AG Schüpfheim, 041 484 24 50; Office fédéral de l’énergie, Ittigen (BE), 031 322 56 11, www.suisse-energie.ch

021 315 52 00, www.lausanne.ch/m2

BE

Ça bouge dans l’Emmental

Depuis quelques années, l’association Mobilité Emmental s’engage activement pour des modes de déplacement durables dans les régions de Berthoud et de Langnau. Ses objectifs sont ambitieux: réduire le trafic individuel motorisé de 10 à 20 % d’ici à 2020, dans un espace où vivent quelque 70 000 personnes. Pour cela, le programme emmental bewegt propose des offres de mobilité et des services innovants. À Langnau et Trubschachen, il existe désormais un courrier-

vélo de livraison à domicile, un « bus des citoyens », des cours de mobilité pour personnes âgées et une location de vélos électriques. Association Mobilité Emmental, Berthoud, 078 628 96 70, www.mobilitaet-emmental.ch; direction du programme « emmental bewegt », Berne/Berthoud, 079 467 99 36, www.emmental-bewegt.ch

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GE, VD, VS

La qualité de l’air en direct Quel est le niveau d’ozone à Sion? Et de poussières fines à Genève? Le nouveau site internet www.transalpair.eu fournit des informations actuelles sur la qualité de l’air dans une vaste région située à cheval sur la France, l’Italie et la Suisse. À côté de la cartographie de la pollution atmosphérique, il présente également un indice de la qualité de l’air pour les différentes zones, sur la base des législations suisse et européenne en la matière. Le projet a notamment été soutenu par les cantons de Genève, de Vaud et du Valais. www.transalpair.eu

site internet

GE

Du quai de la gare au terminal

Dans le cadre de son système de management, l’aéroport international de Genève met en œuvre différentes mesures de protection de l’environnement. L’un des principaux soucis est de limiter le trafic routier engendré par l’aéroport. Grâce à la gestion de la mobilité pratiquée depuis 2002, la part de passagers qui se rendent à l’aéroport avec les transports publics est de 35 %. De nouvelles offres devraient encore augmenter cette proportion, notamment des incitations financières plus substantielles pour les passagers et les employés qui renoncent à prendre leur véhicule. Aéroport international de Genève, 022 717 71 05, www.gva.ch mise à disposition

Rapport environnemental de l’aéroport de Genève.

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GE

L’énergie traquée dans les écoles

Dans les établissements scolaires, il est possible d’améliorer fortement l’efficacité énergétique. Les petits Genevois qui ont participé aux « Opérations Énergie » depuis 1997 le savent bien. Cette démarche consiste à combiner un programme pédagogique avec un audit énergétique des bâtiments pouvant déboucher sur des économies très concrètes. Incités à devenir de véritables « Robins des watts », les élèves impliqués dans le projet essaient de préserver l’énergie par tous les moyens. Du coup, les utilisateurs des bâtiments passent du rôle de consommateurs passifs à celui d’acteurs responsables. Ce projet mené par l’association TerraWatt a reçu le prix cantonal du développement durable 2008, ex aequo avec trois autres lauréats. Service cantonal du développement durable, Genève, 022 388 19 40, www.terrawatt.ch

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OFEV interne Nouveau chef pour la division Hydrologie Le Valaisan Dominique Bérod, âgé de 44 ans, a repris le 1er septembre la direction de la division Hydrologie de l’OFEV. Il succède à Manfred Spreafico, parti à la retraite. Dominique Bérod dirigeait jusquelà l’unité d’aménagement des cours d’eau du Service des routes et des cours d’eau du canton du Valais. Il était responsable de la protection contre les crues, de la prévention des dangers et de la revitalisation des rivières. Il reste par ailleurs actif dans divers organes spécialisés. Dans sa nouvelle fonction à l’OFEV, M. Bérod consolidera encore le centre de compétences national en hydrologie. Son prédécesseur, M. Spreafico, a contribué de manière décisive au rayonnement de cette structure durant les trente ans qu’il a passés au service de la Confédération. Considéré comme l’un des meilleurs experts internationaux en hydrologie, il continue d’enseigner à l’Université de Berne.

Quatrième édition de NATURE à Bâle: une foire, un congrès et un festival La quatrième édition de NATURE, la plus grande foire suisse des modes de vie durables, aura lieu du 19 au 22 février 2009 à Bâle, durant le deuxième week-end de la MUBA. Destinée à toute la famille, elle proposera des expositions interactives, un zoo permettant aux enfants de caresser les animaux, des produits écologiques ainsi que des découvertes culinaires. L’OFEV y sera présent avec une exposition sur les flux de substances dans l’environnement. Parallèlement, le festival NATURE présentera à nouveau un défilé de mode durable, le « Green Fashion Switzerland ». Le 19 février, le congrès NATURE aura pour thème « La nature de l’énergie – l’énergie de la nature ». Enfin, une « Journée de la NATURE » aura lieu le 21 février au forum de la MUBA. Informations sur la foire et le festival ainsi qu’inscription au congrès: www.natur.ch ou 061 205 10 11 (secrétariat NATURE).

Le magazine de l’OFEV fête son 50 000e abonné et prépare sa mue Le magazine ENVIRONNEMENT que vous tenez dans vos mains suscite un intérêt croissant. À la fin juillet 2008, Luca Demarta, de Lugano-Pregassona, est devenu son 50 000e abonné. La publication a enregistré quelque 20 000 abonnements supplémentaires au cours des six dernières années. On peut la commander gratuitement par téléphone, au 031 324 77 00, ou par courriel (umweltabo@bafu.admin.ch). Tous les numéros sont aussi disponibles sur Internet (www.environnement-suisse.ch/magazine) en français, en allemand et partiellement en italien. Pour le prochain numéro, ENVIRONNEMENT s’offrira une nouvelle maquette. La graphiste Ruth Schürmann, de Lucerne, lui a préparé un nouvel habit moderne qui met davantage en valeur les contenus et permet de mieux les présenter sur Internet. À découvrir dans quelques mois!

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Agenda Vous trouverez des informations concernant des manifestations diverses sur notre site: www.environnement-suisse.ch/calendrier

Jusqu’au

Hermine et belette

26 avril 2009 Musée d’histoire naturelle, Fribourg, 026 300 90 40, museehn@fr.ch

Cette exposition met à l’honneur les deux plus petits carnivores du monde. Au menu: des images, des postes interactifs ainsi que diverses animations (conférences, projections de films et sorties sur le terrain).

1er mars Hôtel de Ville, Bussigny (VD)

3e festival du Film vert Au programme de cette édition, quatre films: L’enfant qui voulait être un ours; Ma mondialisation; Aigoual, la forêt retrouvée; Bruno Manser – Laki Penan.

www.festivaldufilmvert.ch

24 et 25 mars Olten (SO) Programme détaillé disponible dès janvier 2009. Informations et inscriptions sur le site internet

De nouveaux instruments pour la gestion des dangers naturels Première rencontre PLANAT pour les spécialistes et les responsables de l’information à la Confédération, dans les cantons et les communes, ainsi que dans les organisations privées.

www.planat.ch

www.fr.ch/mhn

Jusqu’au

Genève contre nature?

14 juin 2009 Musée d’histoire naturelle, Genève, 022 418 63 00, info.mhn@ville-ge.ch

Le canton de Genève recèle plus de 15 000 espèces animales et végétales. Quatre cheminements empruntant des cours d’eau genevois et la rade en présentent quelques facettes.

Du 1er au 3 avril Birmensdorf (ZH), inscription jusqu’au 15 février, 280 et 150 francs

Paysage et santé Cette conférence internationale sur le thème « Détente et santé dans le paysage et la forêt » rassemblera des participants issus de la pratique et des sciences. WSL, Birmensdorf, 044 739 24 75, events@wsl.ch

www.wsl.ch/landscapeandhealth

www.ville-ge.ch/mhng

8 décembre 2008 Pôle Sud, quartier du Flon, Lausanne, 20 h

Conférence-débat: « L’écoquartier Kronsberg, un modèle pour Lausanne? » L’écoquartier Kronsberg, situé au sud-est de la ville de Hanovre en Allemagne, a été réalisé selon des standards écologiques très élevés. Il possède en outre une grande mixité sociale et un centre de quartier très actif.

À partir du 26 avril Journées sans voitures, dans toute la Suisse

En 2009 également, des journées sans voitures seront organisées dans différentes régions de Suisse. Vue d’ensemble sur le site internet qui leur est dédié. Fondation « La Suisse à vélo », 031 307 47 40, info@slowup.ch

www.slowup.ch

29 avril

www.ecoquartier.ch

Slow up!

Les effets néfastes du bruit

Journée internationale Journée d’actions avec pour devise « Évitez Du 6 au 8 février 2009

Salon du bois

contre le bruit, dans

Centre polyvalent

Depuis 2003, la plateforme Salonbois réunit sous un même toit des exposants de toute la Suisse actifs dans le domaine du bois.

toute la Suisse

Espace Gruyère, Bulle (FR)

Cercle Bruit Suisse, c/o Service de la protection de

026 912 63 55, info@salonbois.ch

La nature sous pression

15 et 16 mai

« Chasse au trésor »

De nombreux conflits doivent être résolus, par exemple entre la protection des eaux et l’utilisation de la force hydraulique, ou entre l’écologie et la consommation de biomasse. La Foire NATURE abordera ces thèmes à travers des expositions et des ateliers.

Communes, villes,

La Fondation suisse pour la pratique environnementale (Pusch) conseille les autorités et les entreprises pour l’organisation de cette journée. Thème: utilisation parcimonieuse des ressources, des produits et des déchets.

www.natur.ch

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l’environnement du canton de Lucerne, 041 228 60 60 www.laerm.ch

www.salonbois.ch

Du 19 au 22 février Centre des congrès de Bâle, de 10 h à 18 h, 16 francs, gratuit pour les moins de 16 ans, 061 205 10 47, info@natur.ch

le bruit ». Le site internet fournit des informations thématiques et renseigne sur les différentes manifestations.

ENVIRONNEMENT 4/08

entreprises et écoles de toute la Suisse

021 624 64 94, steven.byrde@rds-sa.ch www.chasseautresor.ch


Dernières publications de

l’OFEV

Indications bibliographiques: Titre. Sous-titre. Nombre de pages; langues disponibles; prix en francs; numéro de commande pour les versions imprimées ou code à saisir dans le champ de recherche pour le téléchargement gratuit du fichier PDF.

Commande OFEV, Centrale d’expédition, CH-3003 Berne, +41 (0)31 322 89 99, fax +41 (0)31 324 02 16, docu@bafu.admin.ch, www.environnement-suisse.ch/publications N’oubliez pas le numéro de commande de la publication souhaitée! Des frais de port sont prélevés pour les grandes quantités, même si la publication est gratuite. Vous trouverez un bulletin de commande inséré au milieu de ce numéro.

Pour les personnes intéressées • Information spécialisée sur la pêche. Pêcher est synonyme de loisir, de défi et de plaisir – mais aussi de responsabilités. 12 p.; F, D, I, E; gratuit; DIV-9506-F. • Faune et flore des zones alluviales. Fiche 13 du dossier Zones alluviales. 20 p.; F, D; gratuit; commande: Service conseil Zones alluviales, rue des Pêcheurs 8A, 1400 Yverdon-lesBains, 024 426 32 28, scza@bluewin.ch. • Attention! Dangers naturels. La Confédération informe et prévient. Les bonnes informations au bon endroit au bon moment. Dépliant. 6 p.; F, D; gratuit; DIV-7530-F. • Crues de 2005 en Suisse. Rapport de synthèse de l’analyse des événements. 22 p.; F, D, I, E; gratuit; DIV-7529-F. • Revêtements de routes peu bruyants à l’intérieur des localités. Rapport final 2007. Condensé. Édité en collaboration avec l’Office fédéral des routes (OFROU); 23 p.; F, D, E; gratuit; DIV-6003-F.

• Nouvelles impulsions pour la recherche environnementale. Thèmes prioritaires et mesures présentés dans le Plan directeur de recherche Environnement 2008–2011. Dépliant. 6 p.; F, D; gratuit; DIV-1027-F. • Posterserie zu Klimawandel und Klimapolitik. Neuf posters en allemand sur les changements climatiques et la politique climatique suisse, destinés aux communes, aux écoles et aux organisations; voir www.environnement-suisse.ch/climat > Service climat > Protéger le climat au quotidien > Protéger le climat à l’école. Édité en collaboration avec l’OcCC et ProClim; gratuit; commande: 031 322 93 26 ou climate@bafu.admin.ch.

Pour les spécialistes • Aide-mémoire en cas de dégâts de tempête. Aide à l’exécution pour la maîtrise des dégâts dus à des tempêtes en forêt classées d’importance nationale. 300 p.; F, D, I; gratuit; UV-0801-F. • Directives d’exécution relatives aux mesures de compensation des rejets de CO2 des centrales à cycles combinés alimentées au gaz en Suisse. Communication de l’OFEV et de l’Office fédéral de l’énergie (OFEN) en leur qualité d’autorités d’exécution. 47 p.; F, D; pas de version imprimée; UV-0826-F. • NABEL. La pollution de l’air 2007. Mesures exécutées à l’aide du Réseau national d’observation des polluants atmosphériques (NABEL). 139 p.; F, D; pas de version imprimée; UZ0823-F. • Revêtements de routes peu bruyants à l’intérieur des localités. Rapport final 2007. Édité en collaboration avec l’Office fédéral des routes (OFROU); 119 p.; F, D; gratuit; DIV-6002-F.

• Programme de sécurité de l’entreprise au sens de l’ordonnance sur l’utilisation confinée (OUC). Directive pour l’exécution de l’OUC. 24 p.; F, D; pas de version imprimée; UV-0817-F. • Mesures de sécurité dans les laboratoires de diagnostic microbiologique médical. Directive pour l’exécution de l’ordonnance sur l’utilisation confinée (OUC) lors de l’analyse d’échantillons de matériel clinique. 22 p.; F, D; pas de version imprimée; UV-0815-F. • Schutzauftrag und Subventionierung bei Naturgefahren. Rechtsgutachten. Avec résumé en français. 121 p.; D; 20 francs; UW-0821-D. • Ereignisanalyse Hochwasser 2005. Teil 2: Analyse von Prozessen, Massnahmen und Gefahrengrundlagen. 427 p.; D; 35 francs; UW-0825-D.

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Actif À travers les marais de Meyrin Le sentier didactique des Marais de Mategnin, près de Meyrin, vient d’être entièrement restauré. Situé dans une réserve gérée par Pro Natura Genève, il traverse des prairies humides et des roselières entourées d’arbres. La zone abrite une diversité remarquable d’oiseaux et d’insectes. De nombreux migrateurs s’y arrêtent. Cette réserve est la première du canton et une des seules en Suisse à posséder un parcours didactique accessible aux personnes à mobilité réduite. Pro Natura Genève, 022 311 10 10, www.pronatura.ch/ge S. Miazza/Pro Natura Genève

Le climat entre nos mains À l’heure où le climat vacille, chacun d’entre nous devrait agir pour diminuer son impact sur l’environnement. Tel est le credo de LaRevueDurable, qui vient de lancer l’opération « Le climat entre nos mains ». Cette initiative permet de calculer ses émissions à effet de serre, de les réduire, de partager ses expériences et de suivre ses progrès. Des exemples de gestes à adopter? Remplacer le bœuf et le veau par du porc et du poulet local, acheter moins, régler la température de son logement à 19 degrés ou encore adopter une conduite écologique. LaRevueDurable, 026 321 37 11, www.leclimatentrenosmains.org

site internet

Un coup de pouce à la forêt Envie de vacances actives dans les Grisons? La fondation Bergwaldprojekt propose de découvrir l’écosystème forestier en y effectuant des travaux concrets, en collaboration avec les services forestiers locaux. Des projets spéciaux s’adressent aux familles. Fondation Bergwaldprojekt, Trin (GR), 081 650 40 40, info@bergwaldprojekt.org, www.bergwaldprojekt.ch > Schweiz

mise à disposition

Du bateau à vapeur au funiculaire Un nouvel ouvrage de Patrimoine suisse présente cinquante moyens de transport et leur histoire par le texte et la photo. Une lecture d’hiver qui peut donner des idées d’excursions pour le printemps! mise à disposition

« Les plus beaux moyens de transport de Suisse », édition bilingue en

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français et allemand, disponible pour 12 francs auprès de Patrimoine suisse, Zurich, 044 254 57 00, www.patrimoinesuisse.ch, n° ISBN 978-3-033-01522-7


Impressum 4/08, novembre 2008 Magazine ENVIRONNEMENT de l’OFEV, parution quatre fois par an. Gratuit, n° ISSN 1424-7135 Éditeur: Office fédéral de l’environnement (OFEV) L’OFEV est un office du Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication (DETEC). Direction du projet: Bruno Oberle, Thomas Göttin Conception, rédaction, production, marketing: Georg Ledergerber (direction), Flavia Castelberg (suppléante); Hansjakob Baumgartner (hjb) et Marco Zanetti (coordination du dossier Bois); Beat Jordi, Cornélia Mühlberger de Preux Collaborations externes: Vera Bueller, Urs Fitze, Barbara Haering, Kaspar Meuli, Beatrix Mühlethaler, Pieter Poldervaart, Lucienne Rey, Brigitte Weidmann; Peter Bader et Nicole Bärtschiger (rubriques); Danielle Jaurant (coordination et rédaction linguistique de la version française) Traductions: Anne Anderson, André Carruzzo, Nadine Cuennet, Stéphane Cuennet (éditorial, rubriques), Milena Hrdina, Tatiana Kolly, Christian Marro, Stéphane Rigault Réalisation et mise en page: Atelier Ruth Schürmann, Lucerne Délai rédactionnel: 29 septembre 2008 Adresse de la rédaction: OFEV, Communication, rédaction ENVIRONNEMENT, CH-3003 Berne, 031 322 93 56, fax 031 322 70 54, georg.ledergerber@bafu.admin.ch Langues: français, allemand; italien uniquement sur Internet Internet: sauf les rubriques, le contenu du magazine se retrouve sur www.environnement-suisse.ch/magazine

Le savoir-vert Le Trivial Pursuit du voyage équitable Découvrir le monde en respectant les populations locales et l’environnement, cela s’apprend. Une manière ludique de s’exercer à devenir un touriste responsable est de jouer à Pazapa. Ce jeu, lancé par l’association Tourism for Help, a été conçu avec l’aide du WWF et de la Fondation Éducation et Développement. Information et commande: Tourism for Help, 022 792 75 59, www.tourismforhelp.org, admin@tourismforhelp.org; ou Fondation Éducation et Développement, 021 612 00 81, www.globaleducation.ch, fed@globaleducation.ch. Prix: 69 francs.

La flore du Jura à portée de clic Où se cachent l’étoile d’eau à fruits obtus, le potamot nageant ou l’utriculaire négligée? Le nouveau portail internet dédié à la flore du Jura bernois et du canton du Jura, www.filago.ch, l’indique aux botanistes curieux, qu’ils soient amateurs ou spécialistes. Des cartes détaillées donnent les aires de répartition de la flore régionale et sont régulièrement mises à jour. Le portail permet aussi de participer à des enquêtes sur différentes espèces. Philippe Juillerat, 032 724 48 89, www.filago.ch

Vivre sans voiture Le Club des Suisses sans automobile est une plateforme d’information et de discussion destinée au million de personnes qui, en Suisse, vivent sans voiture – et à celles qui ont l’intention de bientôt vendre la leur. Club des Suisses sans automobile, Zurich, 044 430 19 31, www.clubderautofreien.ch

Un poisson bien dans votre assiette Surpêche, destruction des milieux marins, algues tueuses et eutrophisation: les mers ne vont pas bien. Les populations de poissons sont aussi touchées. Un guide d’achat du WWF aide à faire le bon choix lorsque l’on veut manger du poisson ou des fruits de mer. Siège régional romand du WWF Suisse, Vernier, 022 939 39 90; le guide d’achat peut être

Abonnement gratuit, changement d’adresse et commande de numéros supplémentaires: UMWELT / ENVIRONNEMENT, case postale, CH-4501 Soleure 031 324 77 00, fax 032 624 75 08, umweltabo@bafu.admin.ch

téléchargé sous www.wwf.ch > Ce que vous pouvez faire > Alimentation > Poissons et fruits de mer

Papier: Cyclus Print, 100 % de vieux papier sélectionné Tirage: 18 000 ENVIRONNEMENT / 51 000 UMWELT Impression et expédition: Vogt-Schild Druck AG, 4552 Derendingen (SO) Copyright: reproduction du texte et des graphiques autorisée avec indication de la source et envoi d’un exemplaire justificatif à la rédaction. Ce magazine entend favoriser le débat. On y trouve par conséquent des contributions qui ne reflètent pas forcément l’avis de l’OFEV.

Le numéro 1/2009 sortira à la mi-février avec pour dossier:

Des ressources pour la vie La raréfaction des ressources naturelles met l’humanité devant un défi majeur. Comme les autres pays, la Suisse dépend de la fertilité de ses sols, de la productivité de ses forêts, de la propreté de ses eaux. Un air pur, des habitats riches en espèces et des paysages variés constituent les fondements de la qualité de vie – et aussi les atouts d’un site économique. L’OFEV s’engage pour que les générations futures disposent encore de ces trésors naturels.

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Pour un abonnement gratuit: 031 324 77 00 ou umweltabo@bafu.admin.ch Infos: 031 322 93 56 ou info@bafu.admin.ch


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