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360° PROTECTION DES EAUX
Espace réservé aux eaux
Donner libre cours aux rivières et aux ruisseaux Les rivières et ruisseaux proches de l’état naturel abritent une multitude d’espèces animales et végétales. Ils représentent un atout pour le paysage, et donc pour le tourisme et les loisirs de proximité, tout en contribuant à la protection durable contre les crues. Mais, pour remplir toutes ces fonctions, ils ont besoin d’espace. Texte : Kaspar Meuli L’espace réservé aux eaux ? Dans le langage courant, ce n’est pas un terme fréquent, mais pour les professionnels de l’écologie et de la protection de la nature, il est essentiel. Il désigne, pour les cours d’eau, le ruisseau ou la rivière en tant que tel, le terrain attenant et la végétation qui s’y développe. L’espace réservé aux eaux se compose donc du lit, de la zone de transition entre eau et terre et d’une bande de terrain de chaque côté. Cet ensemble assurant de nombreuses fonctions écologiques et hydrologiques, la loi suisse sur la protection des eaux lui accorde une grande importance. Pour garantir les « fonctions naturelles » des eaux, comme l’exige la loi, les cantons doivent déterminer l’espace réservé à tous les ruisseaux, rivières et lacs. Les nouvelles constructions n’y sont autorisées qu’exceptionnellement et l’exploitation ne peut y être qu’extensive. Ces restrictions ont des effets positifs directs sur la faune et la flore. Elles renforcent aussi la protection contre les crues et réduisent la présence de pesticides et d’engrais dans les eaux de surface, ce qui se répercute favorablement sur la qualité des eaux souterraines – lesquelles constituent de loin la principale ressource d’eau potable dans notre pays. En outre, les cours d’eau proches de l’état
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naturel sont un atout pour le paysage et offrent des espaces de détente à la population (voir encadré).
Le Tribunal fédéral estime lui aussi que les petits cours d’eau constituent des corridors importants pour la mise en réseau et la migration de nombreuses espèces.
Un gain pour la nature À partir du XIXe siècle, de nombreux cours d’eau ont été endigués et enterrés. Il s’agissait de gagner des surfaces pour l’agriculture et les habitations, et de lutter contre les inondations. Aujourd’hui, nos rivières sont donc souvent sous terre ou canalisées. Sur le Plateau, où l’exploitation est intensive, quelque 40 % des cours d’eau n’ont plus grand-chose à voir avec ce qu’ils étaient à l’origine et,
à l’échelon suisse, environ 20 % des rivières et ruisseaux disposent d’un espace insuffisant. Avec le temps, la perte d’habitats précieux liée à cette évolution est apparue de plus en plus clairement. De nombreuses espèces animales et végétales vivant dans les eaux ou à proximité se sont trouvées menacées ou ont même disparu. Les conséquences sont importantes pour la biodiversité dans son ensemble, puisqu’en Suisse quelque 80 % des espèces animales et végétales connues sont présentes dans les eaux, sur les rives et dans les zones alluviales. L’espace réservé aux eaux doit redonner plus de place aux ruisseaux et aux rivières, ce qui permettra aux milieux naturels de se développer. « Plus d’espace pour les eaux, c’est aussi plus d’espace pour la nature », affirme Simone Baumgartner, de la section Revitalisation et pêche, à l’OFEV.
L’importance des petits cours d’eau Quand nous parlons de milieux aquatiques précieux, nous pensons le plus souvent aux zones alluviales protégées le long des grandes rivières, qui effectivement comptent parmi les biotopes les plus diversifiés de Suisse. Mais il ne faut pas pour autant négliger les ruisseaux,