Décembre 2021
Edition Fribourg - Berne
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FRIBOURG PREND DE LA HAUTEUR
E-paper
La première édition fribourgeoise est lancée 3 Immobilier
Outils pour améliorer la transparence du marché 6-9
Commerce
Sacha «Love» Ruffieux, l'amoureux des guitares 28-29
Avec le projet du Parc de la Fonderie, la ville se dote de tours contemporaines. Il offre aux Fribourgeois 226 nouveaux logements tout en réhabilitant une friche industrielle. 4-5
4x La référence à Genève depuis 23 ans se déploie dans toute la Romandie avec 4 nouvelles éditions régionales, mensuelles et 100 % digitales gion Genève Ré 27 sept - 3 oct 2021
sept 30 août - 5 2021
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Edition Fribourg - Berne – Décembre 2021
O T I D É L’
SOMMAIRE 4-5 Actualité
Par Serge Guertchakoff Rédacteur en chef
Avec le Parc de la Fonderie, Fribourg prend de la hauteur
6-19 Immobilier Des indicateurs pour améliorer la transparence du marché du logement Les prix des logements qui grimpent. Le CIFI fait le point Les stations de ski suisses en tête de l’indice des prix de l’immobilier alpin de luxe Le groupe Naef célèbre ses 140 ans
20-23 Dossier De l’utilité des outils digitaux dans la gestion locative
24-29 Commerce Le célèbre hôtelier François Baumann entend promouvoir l’authenticité Sacha «Love» Ruffieux, l’amoureux des guitares
30-31 Emploi et formation Quand le regard et le sourire parlent
32-33 Gastronomie Hommage à Louis Villeneuve, ambassadeur de la salle à Crissier
Éditeur: IMMOBILIER.CH SA Rédacteur en chef: Serge Guertchakoff DA et maquette: Agence EtienneEtienne Publicité: info@immobilier.ch Tél +41 22 307 02 20 Impression: CH Media Print AG Edition hebdomadaire • Genève Région: tirage 143’000 ex. envoi ePaper 40’000 ex. Editions mensuelles • Vaud: envoi ePaper 40’000 ex. • Valais: envoi ePaper 10’000 ex. • Fribourg-Berne: envoi ePaper 10’000 ex. • Neuchâtel-Jura: envoi ePaper 6’000 ex. Toutes les éditions sont disponibles sur immobilier.ch
UNE ÉDITION FRIBOURGEOISE MENSUELLE Chose promise, chose due. Voici quelques semaines, nous avions annoncé notre intention de lancer prochainement un «Tout l’immobilier» mensuel dédié à chaque canton. L’édition fribourgeoise que vous avez sous les yeux se veut uniquement digitale, sous forme e-paper. En effet, sa mise en page respecte strictement le nouveau graphisme de l’hebdo genevois du même nom. Rappelons très brièvement que le titre «Tout l’immobilier» est né en 1998. A l’époque, ses actionnaires sont dix régies immobilières, essentiellement genevoises (la seule exception étant Rytz à Nyon), ainsi que le rédacteur en chef Thierry Oppikofer. L’union faisant la force, en 2021, ceux-ci ont vendu leurs actions à la société immobilier.ch, laquelle regroupe quelque 120 agences et régies immobilières de toute la Suisse romande, y compris les dix régies genevoises. Comme vous pourrez le constater à la lecture de ce premier numéro, l’ADN de «Tout l’Immobilier» ne se cantonne pas uniquement à ce secteur, malgré ce que notre nom semble indiquer. Dès le début de cette aventure, ce média avait en effet souhaité traiter des questions liées à l’emploi et à la formation. Nous avons choisi de perpétuer cette tradition éditoriale. De même en matière de sujets culturels, il est arrivé et il arrivera encore que nous vous présentions des articles traitant d’un spectacle ou d’un nouveau livre. Outre l’apparition d’une rubrique gastro, le principal changement réside dans notre envie de suivre aussi l’actualité du commerce, ceci à l’heure où le rouleau compresseur de la vente en ligne asphyxie progressivement les arcades. Or, dans tout village ou centreville, il faut absolument des commerçants pour faire vivre ces lieux. Les seuls locaux occupés par des services de l’administration ne peuvent suffire à donner une âme à nos cités. Mais que l’on ne s’y méprenne pas: «Tout l’immobilier» ambitionne de couvrir le mieux possible l’actualité immobilière de votre quartier, de votre ville, que ce soit en matière d’aménagement ou de nouvelles constructions. Bonne lecture.
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Actualité
Construction
FRIBOURG PREND À SON TOUR DE LA HAUTEUR Fraîchement sorti de terre, le Parc de la Fonderie et ses trois imposantes tours offriront 226 nouveaux logements aux Fribourgeois tout en réhabilitant un morceau de la ville jusque-là oublié.
A
près Genève et ses gratte-ciel inédits à Pont-Rouge, voici que Fribourg se dote elle aussi de tours contemporaines surplombant la ville. D’une hauteur inhabituelle, ces trois bâtisses désormais en phase finale de livraison emménagent route de la Fonderie, une zone pourtant laissée à l’abandon depuis la délocalisation industrielle des années 1970. Une modernité séduisante... «Le but était justement de ramener la ville sur cet axe majeur de la Fonderie qui n’avait pas initialement vocation à devenir des logements, puisqu’il avait été laissé en friche, mais qui offrait de grandes possibilités vu la qualité de son emplacement», précise Laurent Delamadeleine de chez SAPCO Fribourg, en charge du projet. Bien loin de la logique d’exploitation maximale qui peut parfois s’imposer dans les centres urbains, les concepteurs du Parc de la Fonderie ont cherché à densifier ce terrain de 11'730 m2 non pas pour accumuler des barres d’immeubles mais plutôt pour offrir un réel espace de verdure au sein de ce nouveau quartier totalement repensé. Un parc en cours d’aménagement qui accueille d’ores et déjà ses trois tours ultra-modernes de douze étages chacune et dont l’architecture contemporaine tranche avec l’existant fribourgeois. L’une d’entre elles étant en PPE et livrée depuis le 1er novembre, se compose de 72 appartements tandis que les deux autres tours en location seront livrées les 15 décembre et 15 janvier prochains, toutes trois gérées par la régie Gerama.
Le Parc de la Fonderie compte trois tours ultra-modernes de douze étages. LDD/Gerama
«Nous avons développé un produit qui n’existait pas sur le marché, un volet coulissant en tôle déployée qui peut être rétracté sur le côté» Laurent Delamadeleine, chargé du projet
Une construction d’envergure qui résulte de l’union entre les sociétés Parvico à Givisiez et Implenia Suisse, investies dans ce projet saillant pour Fribourg depuis plus de dix ans (lire encadré). Saillant car côté conception, les 226 logements au total se veulent uniques voire disrupteurs sous certains aspects. «Son architecture compacte, telle une vitrine tout en hauteur, offre des finitions de gamme supérieure, avec une façade qui semble animée vue de l’extérieure grâce à l’une de nos innovations», décrit Laurent Delamadeleine. Avant d’ajouter: «Nous avons développé un produit qui n’existait pas sur le marché, un volet coulissant en tôle déployée qui peut être rétracté sur le côté. Ce qui fait que chaque habitant peut le disposer comme il le
Actualité
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Des balcons avec une vue imprenable sur la ville et les Préalpes. LDD/Gerama
souhaite et ainsi modifier l’apparence du bâtiment qui mue constamment au gré des différents mouvements.» De quoi gérer individuellement l’apport en lumière dans les habitations tout en donnant un certain dynamisme aux trois bâtiments disposés en quinconce. Et ce visuel séduit puisque la demande est au rendez-vous. Avec des logements en PPE vendus dans leur totalité avant même leur construction et plus de 140 dossiers d’intérêt déposés pour les deux tours restantes en location, le responsable du projet chez SAPCO Fribourg se dit confiant sur le remplissage de ces nouvelles constructions. ...et une mobilité plus verte Mais si ce projet est tant attendu c’est aussi pour son aspect «durable», car «ces biens immobiliers sont conçus pour tenir sur la durée. Notre projet est surtout exemplaire de par l’emploi de sa localisation», comme l’indique Laurent Delamadeleine. Situé à deux pas de la gare et sur l’itinéraire de la future voie verte qui reliera la route de la Fonderie à la route des Arsenaux, un complexe de 600 places à vélos ainsi qu’un parking souterrain de 154 places équipé en bran-
chements électriques seront installés afin de favoriser une mobilité plus douce. Des infrastructures toutes opérationnelles et aménagées autour du parc d’une surface conséquente de 9000 m2 dont la végéta-
lisation démarrera d’ici au mois de mars. Ce qui profitera non seulement à tout un nouveau quartier mais également à l’ensemble de la ville de Fribourg. Julie Müller
Les dates clés du projet 2008
Un groupe de travail est créé avec la Ville de Fribourg pour réfléchir à densifier la friche industrielle. Présentation du plan d’aménagement directeur (PAD).
2014
Le PAD est déposé officiellement.
2015
Le PAD est obtenu et le projet mis à l’enquête.
2018
Le permis de construire est octroyé.
2019
Début des travaux, le terrain est défriché et creusé.
2021
A la fin de l’année, les travaux s’achèvent et la phase de livraison est en cours.
Pour plus d’informations relatives à la location d’un appartement: GERAMA Immobilier 026.351.15.40 ou location@gerama.ch
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Immobilier
Observatoire du logement
DES OUTILS POUR AMÉLIORER LA TRANSPARENCE DU MARCHÉ Pour déterminer quels quartiers ou quels types d’appartements sont les plus demandés en ville de Fribourg, un observatoire a développé des indicateurs adaptés à la commune et aux besoins des spécialistes du domaine. Explications.
C Marilyne Pasquier. LDD
’est d’abord la capitale du canton de Fribourg qui a servi de zone d’essai à l’Observatoire du logement et immobilier. Depuis sa création il y a trois ans à la Haute école de gestion Fribourg (HEGFR), le centre décortique le marché de l’immobilier en ville de Fribourg. Il fournit notamment des indicateurs sur la durée d’occupation des lieux, le nombre de logements libres ou encore la durée d’absorption des locatifs, c’est-à-dire l’intervalle de temps avant qu’un logement soit à nouveau loué. L’équipe menée par Marilyne Pasquier, professeure à la HEG-FR, peut ainsi
confirmer ou infirmer les ressentis des professionnels de l’immobilier, grâce à des analyses approfondies et étayées. «Nous avons par exemple constaté que 58% des 4 pièces en ville de Fribourg étaient reloués immédiatement (voir tableau 1). Grâce à nos relevés, nous arrivons à la conclusion que les logements de ce type sont vraiment très prisés.» Servir à l’aménagement du territoire L’observatoire a permis de répondre à un autre grand besoin de la capitale fribourgeoise: la granularité des observations, soit leur précision géographique
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à l’échelle du quartier. «Il y avait cette impression que des quartiers comme celui du Schoenberg étaient en train de se vider. Une intuition que nos données permettent de confirmer au travers d’éléments précis (voir tableau 2)», explique la directrice. Cette photographie de l’immobilier et du logement en ville de Fribourg est un prototype qui peut être modulé et étendu selon les besoins. Connaître la répartition et l’évolution des biens immobiliers sur un territoire donné vise à servir d’outil pour les plans d’aménagement du territoire des cantons, des villes et même des petites communes. «L’idée est de déployer ce
système d’informations dans les régions urbaines et dans les agglomérations. Le souhait du comité de pilotage de l’observatoire est d’aider à créer le débat et de pousser les différentes régions fribourgeoises, lorsque leurs préoccupations sont partagées, à trouver des solutions immobilières de concert avec les acteurs privés. L’objectif est de contribuer à mettre en place une politique dynamique du logement, avec des solutions au niveau local, régional et cantonal.» Cette livraison d’informations «fiables, ciblées et directes sur la réalité immobilière du canton de Fribourg» est rendue possible grâce à une collaboration de
Immobilier
différents acteurs. «Les observatoires de l’immobilier sont généralement soit très ancrés au niveau étatique, soit privés, relève Marilyne Pasquier. Dans notre cas, il s’agit d’une association à but non lucratif regroupant des acteurs publics comme privés. Le but est d’être le plus souple possible et de coller aux préoccupations de tous les acteurs du marché.» Ainsi, l’Association des locataires (Asloca), l’Union patronale (UPCF), la branche fribourgeoise de l’Union suisse des professionnels de l'immobilier (USPI), la Chambre fribourgeoise de l’immobilier (CFI), la Chambre de commerce et d’industrie (CCIF), la Banque cantonale >>
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Immobilier
(BCF) ou la Raiffeisen participent au projet. Du côté des acteurs étatiques, figurent aussi bien le service du logement de la Direction de l’économie et de l’emploi (DEE) que les communes de Fribourg, Bulle ou Estavayer. Des relevés à la source Pour récolter des données qui décrivent vraiment ce qu’est la réalité du terrain, les chercheurs évitent de puiser dans les données directement issues des portails immobiliers, accessibles en grandes quantités mais moins fiables. Ainsi au total, 16 régies immobilières transmettent leurs données au centre de compétences, via un système sécurisé. Cette façon de prélever des informations à la source constitue une autre singularité de l’observatoire fribourgeois vis-à-vis des structures de ce type en
Suisse. Des relevés trimestriels présentent le marché, actuellement très détendu au vu du haut taux de logements vacants. Plus de la moitié du parc locatif de la ville de Fribourg est déjà analysée de cette manière. «Après avoir obtenu ces relevés, nous les comparons avec les chiffres du registre des bâtiments et des logements ainsi que du registre des habitants. Cela nous permet d’avoir une base de données solide et de générer les indicateurs souhaités par les acteurs du marché immobilier.» Les chercheurs dévoileront très prochainement les résultats concernant la deuxième ville du canton: Bulle. Leur méthode leur a permis de couvrir 58% du parc locatif situé sur le territoire du chef-lieu gruérien. Léo Michoud
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Immobilier
«L’objectif est de contribuer à mettre en place une politique dynamique du logement, avec des solutions au niveau local, régional et cantonal»
Les représentants des entreprises et organismes membres de l'association de l'Observatoire du logement et immobilier Fribourg. De gauche à droite: Pierre Mauron (Asloca), Alain Pauli (BCF), Andrea Burgener Woeffray (Ville de Fribourg), Yves Menoud (CFI), Gilberte Schär (USPI Fribourg), Rico Baldegger (HEG-FR), Philippe Galley (ECAB), Louis Bertschy (CFI), Philippe Thalmann (Parloca), Pascal Krattinger (Service du logement), François Bosson (Raiffeisen), le conseiller d’Etat Olivier Curty (DEE), Reto Julmy (UCPF), Philippe Gumy (CCIF). LDD
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Immobilier
Etude CIFI
DES PRIX QUI MONTENT, QUI MONTENT… Jusqu’à quels sommets grimperont les logements suisses? Cela dépend des terrains constructibles. A ce titre, Fribourg est favorisé, relève la dernière étude CIFI.
L
e rêve de devenir propriétaire d’une PPE ou d’une villa reste un mirage pour la plupart des résidents suisses, constate le groupe de conseil du secteur immobilier CIFI (IAZI en allemand). Les obstacles pour entrer au paradis des propriétaires sont nombreux, à commencer par les taux théoriques de 4 à 5% pour calculer la charge supportable lors de l’octroi d’un prêt hypothécaire. Et aussi par le prix des logements qui a considérablement grimpé. Le CIFI indique une hausse de 5,5 % en moyenne en Suisse en 2020, voire 7,9% à Genève, 4,6% en Valais et 4,5% dans le Pays de Vaud. L’exemple fribourgeois Outre le canton de Neuchâtel qui s’en sort bien avec une hausse limitée à 1,6 % (mais gare aux impôts!), les Fribourgeois ne sont pas trop mal lotis avec seulement 5,3 % d’augmentation sur un an, alors que le canton affiche une croissance de sa population la plus plus rapide de Suisse avec 40% depuis 1988. La ville de Bulle en est un exemple. La Suisse ne compte que 8% de son territoire pour y construire de l’habitat
et ses infrastructures, alors que l’agriculture représente 36%, la forêt 31% et les lacs rochers et glaciers près de 25% du territoire. Sur une carte, l’habitat total représente une petite partie des Grisons! La perspective d’une Suisse à 10,5 millions d’habitants à l’horizon 2040 n’est pas rassurante. Ne pas acheter n’importe quoi Qui dit plus d’habitants devrait dire hausse des prix du logement. Pas partout et pour plusieurs bonnes raisons: ainsi le canton de Fribourg dispose d’un terrain non-construit encore vaste et cela a permis l’activité de construction la plus forte. Le marché immobilier a pu ainsi absorber la croissance de la population sans trop faire grimper les prix. «Les montagnes ne montent pas jusqu’au ciel», dit le proverbe chinois. Tout montagnard sait qu’on finit par redescendre, une fois le sommet atteint. Reste à savoir quand il faudra aborder une descente que l’on ne souhaite pas vertigineuse! Depuis l’apparition du coronavirus en 2020, les villas ont enregistré une hausse des prix de 5,8%: «Il s’agit de
Combien de revenu Par commune > 22 18 - 22 14 - 18 12 - 14 10 - 12 8 - 10 <8
Neuchâtel 13 Berne Ne 18
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Evolution prix des logements Évolutiondu des prix des logemen (T1/2020-T3/2021) le coronavirus Depuis le corona (T1/2020-T3/2021) > 10% 8% - 10% 6% - 8% 4% - 6% 2% - 4% 0% - 2% < 0%
District de Delémont + 8% Canton Neuchâtel + 4% District de la Broye + 9%
District de Lausanne + 4% Canton Genève + 9% District de Sion + 5%
«Le marché immobilier s’impose comme une valeur refuge»
Laus
Genève
Immobilier
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us annuels pour devenir propriétaire? Bâle 18
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Delémont
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Schaffhausen
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St. Gallen
Zug Luzern Schwyz
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Chur
Fribourg
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Sion
Bellinzona Lugano
Source: CIFI, AFC (revenu imposable)
nts Basel Zürich
Delémont
Bern
Luzern
Fribourg
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Sion
Source: CIFI
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La hausse moyenne des prix des logements en 2020 est de 5,5% en Suisse; 7,9% à Genève, 4,6 % en Valais et 4,5% dans le canton de Vaud
la plus forte croissance annuelle depuis début 2013, note le CIFI lors de son premier congrès financier et immobilier organisé en Suisse romande, au Musée cantonal à Lausanne. Les appartements par étage sont à peu près au même niveau avec 5,1%. La croissance des prix a été particuliè-
rement marquée dans les régions périphériques de la Suisse, soit dans les Grisons et le Jura (+ 8% à Delémont), mais aussi à Genève. Dans le canton du bout du lac, il faut compter 29 revenus annuels moyens pour devenir propriétaire (sans aucune hypothèque). A Sion, il en faut 12 (voir graphique).
Le rêve d’une petite maison à la campagne a été boosté par le Covid. Dans le même temps, les propriétaires plus âgés n’ont pas trop envie de quitter leur logement. De nombreuses villas disparaissent aussi du marché pour construire un immeuble de rapport plus rentable. D’où une forte demande confrontée à une offre limitée et les prix prennent l’ascenseur: «Les régions où il n’est plus possible d’acquérir une maison de 140 m2, âgée de dix ans et en bon état, pour moins d’un million de francs ne cessent de s’agrandir, commente le professeur Donato Scognamiglio, CEO de CIFI. On y trouve la vaste région zurichoise, Berne, Genève, la région lémanique et celle entourant les stations les plus renommées: «Mais les acheteurs nagent souvent en plein brouillard. Ils sont prêts à acquérir un bien immobilier n’importe où, plutôt que de devoir payer des taux négatifs à leur banquier. Quand le brouillard se sera dissipé, ils réaliseront que leur maison est... en Thurgovie», ironise le professeur de l’Université de Berne qui vit à Zurich.
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Mieux vaut être propriétaire que locataire La Suisse est un pays de locataires. Et pourtant avec les taux hypothécaires historiquement bas, l’achat d’un logement est bien plus avantageux que sa location. Une fois surmontés les nombreux obstacles avant d’apposer sa signature chez le notaire, il est possible d’économiser des centaines de francs chaque mois. Avec une hypothèque à taux fixe d’environ 1,3%, un financement à 80%, les frais d’entretien et l’impôt sur la valeur locative, un appartement en PPE de 115 m2 situé à Genève coûte 2,05 millions de francs. Les frais d’hypothèque, d’entretien et l’imposition s’élèvent à 2483 francs par mois. La location d’une surface comparable coûterait 3150 francs, ce qui correspond à une économie pour le propriétaire de 667 francs par mois: «Actuellement les particuliers sont doublement frappés par l’inflation, relève le CIFI. A la fois par les taux négatifs qu’ils doivent payer sur leur épargne au-delà d’un certain montant et par l’argent qui perd de son pouvoir d’achat. C’est là que le marché immobilier s’impose comme une valeur refuge.» Olivier Grivat
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Immobilier
Etude Knight Frank
LES STATIONS DE SKI SUISSES EN TÊTE DU CLASSEMENT La 13e et dernière étude de la société internationale Knight Frank indique qu’en 2021, les stations de ski suisses ont pris la tête de l’indice des prix de l’immobilier alpin de luxe.
La station de Gstaad en tête du classement par prix. LDD
«A
près dix-huit mois d’agitation et deux saisons de ski perdues, la montagne est le lieu incontournable où s’évader, relève Kate Everett-Allen, responsable de la
recherche résidentielle internationale chez Knight Frank. Si les réservations de locations immobilières sont un indicateur clé de la demande de vente, nous nous attendons à une saison 2021-2022 active. Le défi sur certains
marchés, tels que les stations suisses de St-Moritz et Verbier, est désormais la pénurie de stock.» Comme le relève le communiqué de presse de Naef Prestige, on assiste à une hausse de la demande en matière d’achats d’une résidence de ski en raison de la pandémie: 18% des acheteurs mondiaux l’envisageaient en juin 2021, contre 11% en décembre 2020. Le Global Buyer Survey confirme cette tendance avec la clientèle asiatique: 22% envisagent une telle acquisition. «Le moment est opportun, étant donné que le monde entier se prépare pour les Jeux olympiques d’hiver de Pékin en février 2022. Les experts de l’industrie du ski estiment depuis longtemps que l’Asie joue un rôle essentiel pour l’avenir de ce sport, en contribuant à accroître la population mondiale de skieurs», ajoute Kate Everett-Allen. Un constat que confirme Jacques Emery, à la tête de la division Naef Prestige: «A ma connaissance, tous les chalets et les appartements de haut standing sont d’ores et déjà loués à Verbier entre Noël et Nouvel An. Et le constat est quasiment
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INDICE DES PRIX DE L’IMMOBILIER DE LUXE ALPIN 2021 (chalet de 4 chambres avec situation en plein centre)
identique en ce qui concerne le reste de la saison. Je constate également qu’un des impacts de la Lex Weber a été de favoriser la construction de résidences hôtelières. Or les ressortissants étrangers sont intéressés à investir dans ce type de biens.» St-Moritz en première place Knight Frank a élaboré un indice des prix de l’immobilier de luxe alpin en se basant sur 20 stations suisses et françaises. Cet indice est basé sur un chalet de quatre chambres au bénéfice d’une situation idéale en plein centre. Les stations de ski suisses ont pris la tête de cet indice à la fin du second trimestre 2021, ceci pour la première fois depuis trois ans. L’explication des chercheurs de Knight Frank: «Cette situation est induite par une pénurie de stock et une forte demande suisse. Mais la pandémie a également mis en lumière les avantages de l’indépendance de la Suisse. La capacité du pays à fixer ses propres réglementations de voyage, sa décision de rouvrir ses stations de ski en décembre 2020 (unique en Europe) et
Verbier a atteint un prix de vente record de 30'000 francs du m2 pour un appartement à la revente
sa gestion globale de la pandémie ont vivement renforcé son attrait.» L’étude révèle que St-Moritz occupe la première place de cet indice. «En juin 2020, quelque 90 résidences de ski étaient disponibles à l’achat, un an plus tard elles ne sont que 20, ce qui a inévitablement impacté les prix. La situation est similaire à Verbier où certaines propriétés ont été vendues à plus de 12% du prix affiché. La station a également atteint un prix de vente record de 30'000 francs du m2 pour un appartement à la revente.» Report de certaines transactions Comme l’explique Alex Koch de Gooreynd, responsable du bureau international Knight Frank pour la Suisse, «les potentiels vendeurs ont mis leur bien en location et les parents qui envisageaient de vendre ont mis leurs projets en attente car leurs enfants et autres proches ont voulu profiter des Alpes ces douze derniers mois». Bref, les professionnels du secteur espèrent assister à un «rétablissement des niveaux de stock de biens en vente». >>
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Immobilier
La station la plus chère de France reste Courchevel 1850
Courchevel 1850. LDD
En France, on se rappelle que les stations de ski n’ont pas eu l’autorisation de faire fonctionner leurs remontées mécaniques. Néanmoins, les propriétés ont tout de même continué à changer de mains. «Chamonix (6,1%) et Megève (4,7%) se sont avérées être les premières stations de France, principalement en raison de leur facilité d’accès depuis des villes telles que Milan, Turin et Genève, ainsi que de leur valeur relative.» «Les stations de moyenne altitude avec un mix d’activités constituant une base idéale toute l’année séduisent un éventail plus large d’acheteurs», explique Roddy Aris, responsable du bureau international Knight Frank pour les Alpes françaises. La station la plus chère de France reste Courchevel 1850, pas étonnant que le groupe Ultima s’y soit installé. «C’est sans doute le marché refuge des Alpes françaises. Les acquéreurs savent qu’ils accèdent à l’une des stations de ski les plus prisées au monde, avec des prestations de service et des infrastructures de premier ordre. Le défi consiste à trouver le stock nécessaire», confie Roddy Aris.
La tranche de prix entre 4 et 8 millions d’euros est la plus prisée. Idéal pour le télétravail? Comme le confirment l’ensemble des professionnels de l’immobilier, le télétravail a connu un boom grâce à la Covid-19. Reste qu’il faut pouvoir bénéficier d’une connexion haut débit. C’est dans ce contexte que Knight Frank a décidé de créer son propre système de monitoring des stations idéales pour le télétravail à l’intention des personnes qui envisagent de déménager. «Nous avons classé les stations alpines en mesurant la vitesse du haut débit, le choix des commodités par station, la proximité d’un aéroport et le degré d’ouverture aux acheteurs non-résidents.» Chamonix arriverait en tête, devant Megève et Villars-sur-Ollon. Cela étant, l’équipe basée à Londres n’est pas toujours parfaitement renseignée. Ainsi, lorsqu’elle indique faussement que le Magic Pass donne accès au domaine skiable de Crans-Montana. Bonne lecture! S. G.
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Anniversaire
NAEF IMMOBILIER CÉLÈBRE SES 140 ANS Pour marquer le coup, le groupe Naef a alloué 140’000 francs à diverses associations romandes œuvrant dans les domaines social, culturel et environnemental.
La société s’est installée, en 1886, au 18, rue de la Corraterie, pour y rester jusqu’en 1995.
La précédente et la nouvelle enseigne. LDD
LDD
«E
n cette période de pandémie, avoir une démarche altruiste est apparue comme une évidence», résume Etienne Nagy, CEO du groupe Naef. Fondé le 26 septembre 1881, le groupe Naef a souhaité «marquer avec sens cet anniversaire important. Nous avons souhaité penser à ceux qui sont dans le besoin et en particulier les personnes impactées par la crise sanitaire.» L’annulation pour cause de crise
sanitaire, de divers événements clients du groupe (lire l’interview) a permis de financer une grande partie de la cagnotte de 140’000 francs allouée à ce projet. Deux étages La démarche de Naef comprend en quelque sorte deux étages, comme avec une fusée. D’une part, les diverses filiales du groupe ont été invitées à proposer et sélectionner les associations à soutenir dans leur région respective. Chacun des
385 employés a pu déposer un dossier de candidature pour l’association qui lui tenait à cœur. Un comité a ensuite vérifié que les projets répondaient aux critères d’éligibilité, puis ceux-ci ont été soumis au vote à raison d’une sélection de trois projets répartis entre les agences. Les dons pour un total de 100'000 francs ont ensuite été distribués aux associations concernées: pour Genève, Net Léman, Lecture & compagnie et le Foyer Arabelle; pour Nyon, Au potager de Nyon,
Immobilier
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Les membres du conseil d'administration (de gauche à droite et de haut en bas): Etienne Nagy, Jean-Paul Bart, Michèle Peiry, Frédéric Naef, Marc-Olivier Buffat, Aude Peyrot et Pierre Poncet. LDD
L’acte de fondation de la société en 1881 par les deux associés Ernest Naef et Charles Nicole. LDD
l’Ecole de Musique de Nyon, l’Académie des Arts Créatifs, le Local Nyon et Pro Infirmis; pour les agences de Lausanne et Vevey, Summit Foundation, l’Association professionnelle pour la recherche et le partage des savoirs et Capdendo; pour Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds, l’association Liane, la Théâtrale et la Paternelle; et enfin pour Fribourg, l’Atelier Estampille. Second étage de cette démarche: le groupe a souhaité également soutenir
une association locale ayant une activité liée au domaine de l’immobilier. C’est ainsi que le Fonds logement a été créé cette année au sein du Centre social protestant de Genève, suite à un don de 40'000 francs du groupe Naef. Le but de ce fonds est d’accorder une aide ponctuelle aux personnes ou aux familles qui ont des retards de paiement du loyer. Pour en revenir à cette célébration, voici une synthèse de l’histoire du groupe Naef Immobilier. Comme le raconte très
joliment l’introduction d’une petite brochure éditée à l’occasion du centenaire, en 1981: «Petite histoire de deux amis, citoyens genevois qui s’associèrent pour ouvrir un bureau d’affaires commerciales et immobilières à Genève en 1881. Ils avaient alors vingt et un et vingt-deux ans.» Le 26 septembre 1881, Charles Nicole et Ernest Naef s’associèrent pour ouvrir un «bureau d’affaires et de régie» rue de Hollande 9. Ce dernier avait auparavant >>
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Immobilier
Le Parc des Crêts, à Troinex (GE). Naef est en charge de la commercialisation avec Barnes. LDD
effectué un stage de banque chez Pictet & Cie à Genève, c’est d’ailleurs Ernest Pictet qui encouragea Ernest Naef à s’intéresser aux affaires immobilières. Le premier immeuble qu’ils eurent à gérer était le 9, quai du Seujet. En 1886, le bureau est transféré au 18, rue de la Corraterie où elle restera jusqu’à son déménagement à l’avenue Eugène-Pittard en 1995, son adresse actuelle. Attiré par des placements plus favorables à l’étranger, Charles Nicole vendit sa participation à son associé en 1907. Ce dernier restant alors seul à la tête de la maison lui donna son nom. En 1920, Ernest Naef associa à ses affaires son fils Bernard. Dès lors, la maison fut connue sous le nom E. & B. Naef. L’installation de la Société des Nations à Genève donna un nouvel élan à la ville. Le bureau fut associé à diverses opérations immobilières à la rue de Lausanne, à Champel et à la Rôtisserie. Le fondateur de la maison mourut en décembre 1938. Son fils Bernard la transforme dès 1940 en société en commandite. L’effectif du bureau s’élevait alors à une vingtaine de personnes. En 1947, Jean Naef, fils aîné de Bernard Naef, devint associé de la maison. Le second fils de Bernard, François, re-
Lorsque Naef & Cie fête son centenaire, les effectifs s’élevent à 65 personnes. Aujourd’hui, le groupe compte 385 employés
joint à son tour l’entreprise en 1958 et en devint associé en 1962. Lorsque Naef & Cie fête son centenaire, les effectifs s’élèvent à 65 personnes. Deux ans après l’arrivée d’Alain Peyrot à la direction générale, en 1987, la croissance va s’accélérer avec non seulement l’ouverture du bureau de Nyon et l’acquisition du portefeuille de la régie Barde, de la régie Aubert et l’acquisition des sociétés Albert Hutin SA, Claude Deriaz SA et Creditréform. Il sera nommé à la présidence du conseil en 1994. En 2001, c’est au tour de l’agence de Lausanne de voir le jour. En 2002, Frédéric Naef, représentant de la quatrième génération et fils de François, est nommé administrateur. Il est suivi en 2004 par l’arrivée d’Etienne Nagy et de Jean-Paul Bart comme administrateurs également. Puis en 2006, Etienne Nagy est nommé au poste de directeur général. En 2015, une troisième agence est créée à Vevey. En 2020, le groupe s’installe au cœur de Verbier et en 2021, la société Gerimmo (rachetée en 2014) devient Naef Immobilier La Chaux de Fonds. Toujours en 2021, le groupe Naef a ouvert une huitième agence à Fribourg. Serge Guertchakoff
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Immobilier
«PRÈS D’UN MILLIARD DE VOLUME DE VENTE ANNUEL» Cinq questions à Etienne Nagy, CEO de Naef Holding
reportée mais a bien eu lieu. Enfin, la plupart des conférences prévues dans la bibliothèque que nous avons créée au boulevard James-Fazy (GE) ont été remplacées par un webinaire. Votre groupe est désormais actif dans quasiment tous les cantons romands. Etudiez-vous néanmoins l’ouverture d’autres agences? En effet, nous couvrons le Jura depuis notre agence de La Chaux-de-Fonds. A Verbier, nous ne couvrons que l’activité liée à l’immobilier de montagne, principalement la vente de résidences secondaires. Ouvrir de nouvelles agences n’est pas un projet prioritaire pour nous actuellement. Mais la question pourrait se poser pour le canton de Vaud, vu sa taille. Nous souhaitons désormais stabiliser notre croissance. L’activité de courtage a vu son chiffre d’affaires être multiplié par trois ces six dernières années. Et rien que cette année, nous avons créé 15 postes, toutes activités confondues.
Est-ce que cent quarante ans plus tard, il y a encore des membres de la famille Naef actifs dans le groupe et/ou actionnaires? Oui, Frédéric Naef, représentant de la quatrième génération, préside notre conseil d’administration. Avec sa mère et ses sœurs, ils détiennent toujours une partie du capital du groupe. Cependant, comme le prévoient nos statuts, nous n’avons pas d’actionnaires dominants. Cela nous oblige à gouverner en recherchant le consensus. Voici quatre ans, suite au départ d’Alain Peyrot, nous avons décidé d’ouvrir l’actionnariat à deux familles genevoises et à une famille romande. Quels ont été les événements qui ont été annulés à cause de la crise sanitaire? La présentation du Wealth Report réalisé par notre partenaire Knight Frank qui devait se dérouler, comme d’ha-
«Nous couvrons le Jura depuis notre agence de La Chauxde-Fonds»
bitude dans un grand hôtel, à Genève et Lausanne a été remplacée par un webinaire. Nous avons aussi annulé une de nos «rencontres propriétaires». L’inauguration de nos bureaux à Fribourg également, elle, a également été
Voici quarante ans, dans votre brochure consacrée au centenaire, Naef & Cie rappelait qu’une de ses spécificités était la gestion de villas particulières. Est-ce toujours le cas? En existe-t-il d’autres? La régie Dumur, intégrée par Naef, était une des plus anciennes régies de Genève. Elle avait pour particularité de gérer quelques grands domaines. Aujourd’hui, nous avons toujours cette activité de gérance de lots individuels, mais plus tellement de grands domaines. Etes-vous désormais la seconde plus grande régie de Suisse romande, derrière le groupe Gerofinance-Régie du Rhône? Je le pense, en effet. Nous avons actuellement quelque 385 collaborateurs toutes activités confondues (avec Acanthe, le bureau d’architectes Alios, le bureau de pilotage Sioux, etc.) et allons finir l’année autour des 800 millions d’état locatif et nous allons atteindre le milliard de volume de vente annuel. Propos recueillis par S. G.
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Dossier
Travail de bachelor
DE L’UTILITÉ DES OUTILS NUMÉRIQUES DANS LA GESTION LOCATIVE Les agences immobilières incorporent de plus en plus la digitalisation dans leurs activités. Voici une synthèse partielle du travail de bachelor effectué par Almudena Batista, étudiante en filière économie d’entreprise à la HEG-FR dans le cadre du cours de gestion immobilière.
demeurent toutefois peu proposés : gestion des contrats en ligne, supervision de la consommation d’électricité et du chauffage à distance, plateforme d’offres flexibles s’agissant de la conciergerie ou des espaces communs, etc.
Almudena Batista.
L’
immobilier vit aujourd’hui une véritable accélération de sa transformation digitale qui s’est particulièrement intensifiée avec l’avènement de la pandémie de Covid-19, le confinement ayant obligé les professionnels de l’immobilier à repenser leurs méthodes de travail. A l’aube de la quatrième révolution industrielle, celle de l’intelligence artificielle et de la robotique, les services digitaux dans le secteur de l’immobilier locatif suisse
Visite virtuelle Cette étude est axée sur l’analyse de l’utilité des outils numériques dans la gestion locative en Suisse romande. Rappelons que la transformation numérique désigne l’apparition d’Internet et l’utilisation des technologies y relatives, tandis que la transformation digitale désigne plus précisément l’utilisation que l’humain fait du numérique par l’usage de ses doigts. La numérisation de la société grâce aux smartphones est en grande partie responsable de l’ubérisation. Airbnb est un exemple mondial d’ubérisation dans le secteur de l’immobilier locatif. Les attentes des consommateurs, de mieux en mieux informés, ont évolué. La recherche
d’un logement sur les différents portails immobiliers, à commencer par immobilier.ch, comporte de nombreux avantages. La personne peut maintenant remplir un formulaire détaillant ses critères pour bénéficier d’une liste exhaustive des biens susceptibles de correspondre à ses besoins. Il est même parfois possible de réaliser une visite virtuelle à 360 degrés interactive et immersive qui permet à l’intéressé de se déplacer dans chaque pièce et de visiter le bien en entier, comme s’il y était. Les portails immobiliers contraignent ainsi les agences traditionnelles à entamer une transformation profonde, non seulement dans leur relation client, mais aussi dans leur organisation interne. La Proptech laisse entrevoir un gain de productivité non négligeable par une facilitation des processus et un gain de temps et d’argent. Finalement, la pandémie de Covid-19 n’aura été qu’un accélérateur d’une transformation digitale de l’immobilier.
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Les portails immobiliers contraignent les agences traditionnelles à entamer une transformation profonde. LDD
Avec la génération Millénium, les outils digitaux dans le futur de la gestion locative prendront une place de plus en plus importante
Environ 300 entreprises développent et commercialisent des outils digitaux pour le secteur de l’immobilier en Suisse en 2021. Selon une étude réalisée par la PropTech Academy et portant sur 130 start-up actives dans ce type de services, environ 45% d’entre elles ont été créées entre 2017 et 2021. La gestion immobilière est le deuxième secteur le plus novateur, derrière l’immobilier intelligent et devant l’estimation immobilière. Avantages pour les locataires La gestion locative digitale présente de nombreux avantages. Du côté des locataires, certaines applications permettent un meilleur suivi des dépenses d’énergie. Le locataire peut également avoir accès aux documents en lien avec son bail. Certains bailleurs souhaitent aussi favoriser les échanges et services entre les résidents d’un immeuble en mettant à leur disposition des plateformes numériques : publication d’annonces entre voisins,
messagerie de quartier (ndlr : avec Eikenott à Gland), prêt d’objets, documents pratiques en lien avec le bail, conciergerie, etc. Il est possible pour le locataire de consulter le planning des machines à laver et recharger son compte en ligne. Toutes les demandes de réparations sont centralisées sur ces plateformes, ce qui simplifie nettement les échanges entre propriétaires et locataires. Du côté des régies, la digitalisation permet d’automatiser les fonctions d’un bâtiment afin d’obtenir une gestion plus aisée et simplifiée. L’immeuble intelligent, écoresponsable, entièrement domotisé et connecté est alors capable d’anticiper les divers besoins des locataires. L’état des lieux digitalisé sur tablette avec le solde de tout compte accélère l’éventuel processus de remise en état, la restitution de la caution et la disponibilité du logement pour une nouvelle attribution. Les bailleurs doivent cependant veiller à la confidentialité des données trans >>
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Dossier
mises. En effet, ces dernier peuvent accéder à certaines informations privées telles que les habitudes de leurs locataires en matière d’éclairage, de consommation d’énergie ou de prise de repas. Etat des lieux des principales proptech Neuf secteurs ont été identifiés : la commercialisation concerne les plateformes numériques servant d’intermédiaires entre l’offre et la demande, afin de réaliser des négociations et des transactions. Il peut s’agir de plateformes de mise en relation en ligne, servant pour du courtage, des enchères, des transactions ou de la location Citons Flatfox, Neho ou Casasoft. En matière d’investissement, on parle de plateformes innovant par le mode de financer un bien immobilier. Il peut s’agir de financement participatif comme le crowdfunding, le peer to peer, etc. Citons Foxstone, Swisslending ou Crowdhouse. Pour la gestion des biens immobiliers, que ce soit en lien avec l’efficacité
Quelque 300 entreprises développent et commercialisent des outils digitaux pour le secteur de l’immobilier en Suisse. LDD énergétique, la gestion locative digitale, l’entretien, la location d’espaces de stockage, voici quelques exemples de sociétés : Propbase, Allthings, Novihome ou encore Green E-value. Dans la construction, appelée aussi la « ConTech », cela regroupe aussi bien les
logiciels de planification urbaine, la visualisation 3D ou encore la BIM (Building Information Modeling) : Realview.ch, Buildigo ou BIMmo. Le bâtiment intelligent et l’Internet des objets simplifient le fonctionnement, la gestion et la durabilité des bâtiments : SmartPlace, E-NNO, ROOMZ.
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Dossier
La pandémie de Covid-19 aura été un accélérateur d’une transformation digitale de l’immobilier
La réalité virtuelle et la réalité augmentée peuvent faciliter le développement, la maintenance et la visualisation des bâtiments : Raumgleiter, NOMOKO ou encore Klapty. Il y a bien entendu aussi l’analyse du big data, on pense alors à Popety.IO, Datahouse ou Immocompass. En matière d’estimation immobilière, il y a notamment PriceHubble, FPRE ou Wüestpartner. La Real Estate Fintech facilite le financement des biens immobiliers. Les plateformes y relatives fournissent des informations aux acheteurs et vendeurs potentiels et permettent d’effectuer directement des paiements ou des prêts. Citons Swisspeers, Cashare ou encore Valuu. Voici encore une proposition de cartographie des outils digitaux de gestion locative basée sur la revue de la littérature. Cartographie des outils Ces outils sont regroupés selon leur utilité et les besoins associés aux différentes étapes de la location : avant, pendant et après. De manière très sché-
matique, cela démarre par les portails immobiliers (tel immobilier.ch), puis l’état des lieux d’entrée (homePad), l’analyse de données, les visites virtuelles (spectando ou Archilogic), le contrat de bail (Ebail) et ensuite le cautionnement (Smartcaution ou swisscaution). Pendant la location d’un logement, différents portails proposent de digitaliser les échanges entre la régie, les propriétaires, les prestataires de services et les locataires. On peut donner en exemple Tayo Software ou homePad, puis les prestations de conciergerie et de nettoyage (Batmaid), les prestations de blanchisserie (Bubblebox), les prestations de rénovations et de réparations (Houzy, Buildigo, Devis.ch ou Abilect). Il y a aussi de l’analyse de données à ce stade (E-NNO et Locatee), pourquoi pas la recherche de « sous-locataires » temporaires (airbnb), la santé également (DOMO) et la consommation d’énergie (esmart, ou encore smarthome). Enfin, lors du départ, on peut encore citer MOVU Schweiz, pour l’état
des lieux de sortie homePad et les documents de sortie Fairwalter. Cette liste n’a rien d’exhaustif. Relevons pour terminer qu’à la suite de nombreuses interviews, les besoins des locataires en matière d’outils digitaux seraient : avoir une liste de contacts, par exemple le concierge ; les informations concernant le fonctionnement du local de buanderie de l’immeuble ou sur le déroulement du tri des déchets ; l’accès au dossier de locataire : contrat de bail, facturations ; la déclaration de sinistre ; la résiliation électronique ; et, enfin la prise de rendez-vous. Notons qu’avec la nouvelle génération qui devient locataire et qui est née avec les nouvelles technologies, la place des outils digitaux dans le futur de la gestion locative prendra une place de plus en plus importante dans les prochaines années. Il est donc primordial pour les entreprises concernées d’intégrer ces nouvelles technologies pour assurer leur pérennité. Almudena Batista
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Commerce
Hôtellerie
«L’AUTHENTICITÉ CONSTITUE NOTRE ATOUT TOURISTIQUE»
Commerce
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Célèbre hôtelier, François Baumann souhaite promouvoir le canton de Fribourg où il a grandi et développé trois établissements à succès.
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l a pris la gestion de son premier hôtel à seulement 22 ans, la célèbre Auberge aux 4 Vents de Granges-Paccot (FR), avec des collègues. Pourtant, François Baumann ne semblait pas prédestiné à travailler dans l’hôtellerie. Ses parents étaient infirmiers, et pour son premier job d’étudiant, à 16 ans, il a été engagé en tant qu’aide jardinier. Ce sont ces petits boulots qu’il a fait durant ses études de commerce à Fribourg qui vont l’orienter vers ce domaine. Rénovation de l’hôtel Alpha Décontracté, François Baumann est constamment à la recherche de nouvelles opportunités. «Je me suis toujours dit qu’il fallait entreprendre en étant jeune. Lorsque j’ai su que l’Auberge aux 4 Vents était à remettre, j’ai voulu me lancer puisqu’il s’agissait d’une adresse incontournable du canton de Fribourg. Comme je ne souhaitais pas prendre toutes les responsabilités, j’ai cherché des associés. J’ai également suivi des
formations chez GastroSuisse pour perfectionner mes compétences.» Après cinq ans, des divergences en ce qui concerne la gestion de l’établissement surgissent et le poussent à se lancer dans une carrière en solo. «Mes associés préféraient laisser naviguer le bateau, alors que moi je souhaitais faire évoluer notre offre. J’ai donc décidé de laisser ma part et en 2010 j’ai repris l’hôtel Alpha au centre-ville de Fribourg, qui était totalement désuet.» Cette deuxième acquisition lui permet de gérer un établissement à sa manière. Grâce à l’aide financière de la famille et des proches, qui comble le manque de soutien des banques, il débute la rénovation de l’Alpha, pour le transformer en business hotel. En quelques années, François Baumann développe l’établissement, qui affiche rapidement un taux d’occupation annuel de 90%. Mais la volonté de s’agrandir persiste. En 2020, il reprend l’Auberge aux 4 Vents avec le restaurateur Philippe Roschy, >>
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Commerce
L'hôtel Le Sauvage situé dans la Vieille-Ville de Fribourg. LDD
lorsque ses anciens associés quittent l’établissement. «C’était une vraie opportunité à saisir. En revanche, je n’avais pas forcément planifié l’achat de l’hôtel Le Sauvage, en l’espace de quelques mois. Mais je trouve souvent que les meilleures choses arrivent par des occasions plutôt que par des décisions volontaires.» Magie de la vieille-ville François Baumann voudrait faire davantage connaître Fribourg et ses trésors cachés, qu’ils soient culturels ou gastronomiques. «L’authenticité de ce canton et de ses habitants constitue un atout touristique indéniable. La magie de la vieille-ville ou de la nature à seulement quelques kilomètres du centre sont difficiles à trouver ailleurs. Et la gastronomie comprend de vrais délices, et pas seulement les produits les plus expor-
«Les meilleures choses arrivent par des occasions plutôt que par des décisions volontaires»
François Baumann.
L'Auberge aux 4 Vents avec une salle de b sur rails qui sort par la fenêtre (en haut).
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bains munie d'une baignoire LDD
tés, comme la cuchaule, la moutarde de bénichon ou le jambon de la Borne – qui vient par ailleurs tout juste d’obtenir l’AOP.» Ouverts en janvier 2020, et fermés après seulement quelques mois en raison du Covid, l’Auberge aux 4 Vents et Le Sauvage n’ont pas trop souffert de la crise sanitaire et des différentes restrictions. «La plupart du chiffre d’affaires des deux établissements se fait l’été, et nous avons eu de bons résultats en 2020 et en 2021. Avec les aides financières que nous avons reçues en plus et quelques réductions des coûts, nous avons pu très bien passer le cap.» Cette période de creux lui permet également de diversifier ses activités: «Nous avons créé une escape room au Sauvage qui a plutôt bien marché!» François Baumann, bien connu dans
Commerce
le canton de Fribourg, souhaite rester simple. «Selon moi, la réussite passe seulement par le travail. Je n’aime pas le mot «entrepreneur» car je trouve qu’il incarne une vision un peu trop simpliste du métier. En revanche, j’adore entreprendre, et aussi prendre des risques!» Concernant l’avenir de l’hôtellerie, le Fribourgeois souligne la nécessité d’innover. «L’introduction d’une certaine flexibilité dans les horaires pourrait notamment se révéler intéressante. Faire des check-in et check-out à des heures établies me semble être une pratique assez désuète. La digitalisation peut permettre de simplifier la gestion des arrivées et des départs, et ainsi d’offrir plus de confort aux clients que l’on accueille.» Peut-être une nouvelle opportunité à saisir pour François Baumann... Antonio Rosati
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Commerce
Musique
UNE BÉNÉDICTION POUR LES AMATEURS DE GUITARES Bien connu sur la scène alternative romande en tant que musicien et ingénieur du son, Sacha Ruffieux a coiffé une troisième casquette en 2020, celle de commerçant. Située en face de la cathédrale de Fribourg, sa boutique Holy Guitars propose des instruments soigneusement choisis.
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ifficile de l’imaginer avec autre chose qu’une guitare entre les mains. Et pourtant, c’est par l’accordéon que Sacha Ruffieux est entré dans le monde qui allait devenir le sien, celui de la musique. «J’ai sué sur cet instrument à vent entre 6 et 13 ans, puis, vers 15 ans, je suis passé à la guitare après avoir constaté que les gens qui en jouaient avaient l’air plus heureux que les autres», se souvient celui que les amateurs romands de musique alternative connaissent bien sous le nom de Sacha Love. Belle collection Que ce soient ses parents, ses colocataires ou ses copines, tous ont dû s’y faire: lorsque l’on vit avec le quadragénaire fribourgeois, on trébuche forcément à un moment ou à un autre de la journée sur un instrument à cordes. Des guitares, vintage de préférence, cet ingénieur du son de formation en possède une jolie collection, qu’il laisse traîner un peu partout. Pas assez néanmoins pour satisfaire sa boulimie. Depuis mai 2020, il est le co-propriétaire du magasin Holy Guitars, niché dans le quartier du Bourg à Fribourg, juste en face de l’imposante cathédrale St-Nicolas.
Le magasin Holy Guitars se situe à un jet de corde de la cathédrale St-Nicolas. LDD
«Je vis au-dessus de cet espace incroyable qui abritait précédemment un atelier de sérigraphie. En décembre 2019, lorsque j’ai appris qu’il se libérait, je n’ai pas hésité», se souvient Sacha Ruffieux. Déjà en gestation, le projet de magasin de guitares élaboré avec Martino Lepori, un autre musicien du cru,
s’en est trouvé précipité. «D’importants travaux étaient nécessaires et comme notre budget ne nous permettait de faire appel à des professionnels que de façon limitée, il a fallu les réaliser nousmêmes. Pas si évident pour quelqu’un comme moi, qui est né avec deux mains gauches.»
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Commerce
réalisé qu’il y avait autant de touristes!» Chez Holy Guitars, le visiteur est accueilli avec un café. S’il s’attarde, il se voit parfois offrir de trinquer en compagnie de l’un ou l’autre des patrons. «Notre philosophie, nous y croyons et y tenons dur comme fer: en offrant un conseil de qualité dispensé par des passionnés, on parvient à fidéliser la clientèle.» Sacha Ruffieux l’avoue, «il s’agit d’un modèle d’affaires atypique, parce qu’il table sur des revenus à plus long terme». Mais c’est aussi «ce qui le rend durable». Et si le projet est viable, c’est parce qu’ils se rémunèrent modestement et n'ont aucune dette.
Sacha Ruffieux, alias Sacha Love: «Nous ne proposons que des guitares que nous aurions envie d’utiliser nous-mêmes.» LDD
«En offrant un conseil de qualité dispensé par des passionnés, on parvient à fidéliser la clientèle»
«Au début, nous ne savions pas exactement ce que nous voulions. Par contre, nous savions précisément ce que nous ne voulions pas: un de ces gigantesques guitar centers avec un stock énorme, dans lesquels on trouve de tout.» Bravant l’onde de crise qui frappe de plein fouet les petites enseignes spécialisées, les deux complices ont opté pour «une ambiance boutique, un lieu à la fois chic et décalé, dans lequel les gens entrent juste parce que c’est joli, un peu comme dans un cabinet de curiosités». Dans les faits, le cachet de l’enseigne et son emplacement unique contribuent fortement à attirer les clients. «J’ai vécu presque toute ma vie à Fribourg, mais je n’avais jamais
Vintage et exclusivités Que découvre le mélomane lorsqu’il pénètre dans la boutique? «Notre créneau, c’est de ne proposer que des guitares que nous aurions envie d’utiliser nous-mêmes.» Holy Guitars vend essentiellement du vintage et des occasions, parfois en dépôt-vente. Côté guitares neuves, «nous travaillons avec plusieurs petites marques que nous représentons en exclusivité suisse, voire européenne», par exemple les américaines Kauer et Waterslide ou encore la belge Uma. Le principal défi pour les deux passionnés n’est d’ailleurs pas de faire apprécier ces guitares à leur clientèle. «La plupart du temps, nous sommes tentés de les garder pour nous, un peu comme un patron de bistrot porté sur la bouteille.» Heureusement pour son porte-monnaie, Sacha Ruffieux a d’autres occasions d’étancher sa soif de nouvelles «grattes». De par sa triple casquette d’auteur-compositeur-interprète (Sacha Love), de guitariste accompagnateur (Yellow Teeth, Marc Aymon, Stress) et d’ingénieur du son (il est le co-fondateur du studio d’enregistrement fribourgeois La Fonderie), le musicien est en contact quasi-quotidien avec d’autres amateurs de belles guitares. Et dans le cas de figure inverse, lorsqu’il souffre d’un tropplein de cordes et de riffs? «Il me suffit de monter chez moi et de caresser mon chat Georges, une activité qui m’épanouit presque autant que de jouer de la guitare, tout en sollicitant les mêmes muscles.» Patricia Michaud
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Emploi et formation
Communication non verbale
LE REGARD ET LE SOURIRE... PARLENT Comment contrôler notre communication non verbale et interpréter celle des autres ? Quelques solutions de bon sens en ce qui concerne le sourire, le regard et... les odeurs.
Le meilleur dictionnaire du regard est notre
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e sourire. Nous ne sommes évidemment pas responsables de la tête que nous avons, mais bien de celle que nous faisons ! Le pouvoir du sourire est immense et crée une ambiance propice à une saine communication. Si nous nous sommes levés « du pied gauche », (certes, il y a plus glamour comme expression !) cela peut arriver à tout le monde, décidons que les autres ne méritent vraiment pas de pâtir des effets d’une mauvaise humeur passagère. Relativisons la situation, attachons de l’importance à ce qui en a, convenons que l’appétit vient en mangeant et sourions. Par chance le sourire est contagieux et le nôtre, par effet de mimétisme, va souvent se retrouver sur le visage de la personne qui nous fait face et contribuer à créer une spirale positive. A quand l’enseignement du sourire à l’école ? Celui de notre interlocuteur explique sa satisfaction, son plaisir d’être avec nous.
Et s’il préfère s’en abstenir, parce que la vie n’est pas toujours un long fleuve tranquille, offrons-lui le nôtre. Attention au sourire figé, avide, mécanique, forcé ou moqueur qui relève de la famille des rictus. Voici une petite anecdote peutêtre véridique. Une personne attend avec un numéro de passage qui est le 24. Devant lui une femme se retourne et dit : « Monsieur, voulez-vous passer à ma place ? La personne du guichet vers lequel je dois me rendre n’est jamais de bonne humeur et je préfère un(e) autre de ses collègues. » Petite flamme qui brille ou désintérêt Le regard émet des messages qui correctement décodés vont indiquer chez nous ou chez notre vis-à-vis, tout ou son contraire ; comme le plaisir d’être avec l’autre ou l’indifférence, la bienveillance ou une certaine dureté, la compréhension ou encore l’incompréhension,
Le sourire est contagieux et le nôtre, par effet de mimétisme, va souvent se retrouver sur le visage de la personne qui nous fait face et contribuer à créer une spirale positive
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Emploi et formation
sens de l’observation. LDD
l’intérêt pour le sujet avec cette petite flamme qui brille dans les yeux ou le désintérêt. Nous allons déchiffrer ces états d’âme chez notre interlocuteur en étant conscient qu’il va faire de même. Il va réduire le contact visuel s’il s’ennuie ou n’approuve pas et s’il regarde ailleurs, c’est que vous avez perdu son attention. Le meilleur dictionnaire du regard est notre sens de l’observation. Le soussigné, grand sportif, dans ses rêves, passait récemment devant une superbe boutique en revenant d’un footing, vêtu d’un short et d’un polo. Dans la vitrine, il aperçoit un chemisier qui allait plaire à son épouse. Bien décidé à en faire l’acquisition, il pénètre dans le magasin. La vendeuse avisant sa tenue, le toise d’un air hautain et avant qu’il ait pu ouvrir la bouche, lui indique que les soldes sont au sous-sol. Le même soussigné y jette un œil et dit à Madame Revêche : « C’est encore trop cher pour moi ! » Puis, dépité, il quitte les
lieux. Léonard de Vinci écrivait que « les yeux sont la fenêtre de l’âme ». Nous n’avons pas prévu d’interpréter ici le regard énigmatique de la Joconde, mais conviendrons que la qualité du contact visuel joue un rôle considérable dans la qualité d’un dialogue. Il y a une véritable « danse des regards » dans un entretien harmonieux. L’odeur créatrice d’image Les odeurs nous mènent par le bout du nez. Une odeur de pain au chocolat, une odeur de cuir... et hop, nous pénétrons dans la boutique, comme attirés par un aimant invisible. Ce que nous sentons agit donc sur nos actions. Autre exemple, un lieu bien aéré véhicule une image de dynamisme, de modernisme. Au contraire, une odeur de poussière, voire de renfermé peut faire penser que le temps a passé et que l’entreprise est justement dépassée ! L’odeur est donc créatrice d’image.
Et puisque communiquer est une question de relations interpersonnelles, posons-nous la question de savoir si nous devons attirer l’attention de l’autre par notre propre odeur. Tous les goûts sont certes dans la nature, mais soyons absolument conscients que les odeurs peuvent fortement impacter la communication. Aux deux extrêmes, certaines sont presque envoûtantes, d’autres donnent envie de fuir. Une chose est certaine d’immenses potentiels de gains résident dans l’olfactif. Pour conclure, l’objectif n’est pas de « sur-interpréter » ni de décoder tous azimuts le « fonctionnement » de notre interlocuteur. La démarche relève d’avantage de la détermination de tisser des relations de qualité, d’améliorer notre impact professionnel sur les autres, en associant à notre sens de la psychologie, celui de l’observation. Michel Bloch
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Gastronomie
Restaurant de l’Hôtel de Ville de Crissier
MAESTRO DE LA SALLE Louis Villeneuve, l’irremplaçable maître d’hôtel du célèbre restaurant de Crissier, prend sa retraite à la fin de l’année. Hommage à un ambassadeur de la salle pour qui passion rime avec transmission. bienveillance que d’émerveillement, retraçons l’immense parcours d’un maître de salle dont le souhait le plus cher est de continuer de transmettre son savoir à la jeune génération.
Un environnement d’excellence et de rigueur. LDD
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alheureusement, il va falloir s’y faire! Après quarante-sept années passées à arpenter les salles du restaurant de l’Hôtel de Ville de Crissier aux côtés de quatre cuisiniers de légende, le grand Louis Villeneuve tire sa révérence. Il était le roi de la découpe, du dressage, de l’accueil et des codes du service. Au fil du temps, il est devenu par la force des choses, le professeur attitré de toute une génération de futurs talents au service de la salle. Comment retracer des décennies de vie professionnelle en un article? Il y aurait tellement de choses à dire sur cet homme de caractère et de poigne qui s’est frayé un chemin pour atteindre le sommet de la pyramide dans son métier. Les mouvements ne sont peut-être plus aussi rapides qu’à l’époque mais la précision du geste demeure intacte. Avec autant de pudeur que de candeur, autant de
Souvenirs, souvenirs Alors que le chapitre de sa vie dans la commune à l’ouest de Lausanne est sur le point de s’achever, Louis Villeneuve est plus actif que jamais. «Hors de question de rester sans rien faire», martèle-t-il d’une voix énergique. Même si la nostalgie d’une certaine époque l’anime, il n’est pas hanté par le passé. Chefs d’Etats, acteurs, artistes, musiciens, grands de ce monde et inconnus de passage... il les a tous vu défiler dans ce temple de la gastronomie mondiale. «Le restaurant de l’Hôtel de Ville de Crissier était une référence, est une référence et restera toujours une référence.» A la seule présentation d’une carte, que de rencontres exceptionnelles, que de liens d’amitié tissés au gré des services de midi ou du soir, que de brèves de comptoir entre deux majestueuses découpes du canard nantais au vin rouge façon Frédy Girardet. Malgré tous ces souvenirs, c’est vers l’avenir qu’il se tourne avec le même enthousiasme et la même énergie. Toujours avec panache et même si le temps passe à toute vitesse, il se sent comme un jeune homme prêt à relever de nouveau défis. Ambiance théâtrale Louis Villeneuve rentre en scène comme un boxeur sur un ring. «A chaque service, je ressens la même pression même si je ne le montre pas. Plus jeune, je ne me sentais pas à la hauteur de l’enjeu. Avec le temps, on apprend à gérer l’intensité
Louis Villeneuve et
d’un service, qui plus est celle d’un restaurant trois étoiles.» Un comble lorsqu’on a la chance de le voir en action en toute décontraction. Cet aspect de la compétition l’anime au quotidien et l’a accompagné durant toutes ses années. Ce n’est pas le genre de Louis Villeneuve de prendre la place d’un autre mais il ne se serait certainement pas laissé prendre la sienne. «Sans pour autant écraser l’autre, il faut simplement démontrer au quotidien que l’on est le meilleur. En vérité, cela se fait naturellement. Il est essentiel de donner l’exemple.» Vis-à-vis de ses confrères, Louis Villeneuve est fier de son métier. Tout au long de sa carrière, il a toujours fait en sorte d’apporter un supplément d’âme à son cadre professionnel. Issu d’un milieu paysan, la notion d’humilité et du
Edition Fribourg - Berne – Décembre 2021
Gastronomie
Franck Giovannini au passe de la cuisine de l’Hôtel de Ville de Crissier. LDD
«Sans pour autant écraser l’autre, il faut simplement démontrer au quotidien que l’on est le meilleur»
travail nécessaire à son métier est une règle de vie. Même si la haute gastronomie n’est plus réservée à une élite, le maître d’hôtel déplore certaines tenues vestimentaires inadaptées dans un environnement d’excellence et de rigueur. «Que l’on soit assis en tant que client ou debout en train de servir, tout est une question de respect et d’éducation.» Transmission Tous les jours il travaille aux côtés d’une jeune génération désireuse d’apprendre les enseignements du «maître». Car ils le savent... les jours sont comptés avant la date butoir. Même si une forme de fermeté s’impose pour passer les bons messages et se faire comprendre, le grand Louis transmet son savoir avec pédagogie afin que l’excellence du métier perdure. «La jeunesse a besoin de cadre! J’explique
toujours aux équipes que dans un métier en contact avec la clientèle, il est primordial d’avoir une culture large, multiple, tous azimuts afin de permettre une adaptation immédiate dans n’importe quelle situation en face de n’importe quel type de client.» Louis Villeneuve le sait bien, faire preuve d’éclectisme est un atout dans un métier essentiellement basé sur le relationnel. Il y aura forcément une dernière représentation. Et malgré son extraordinaire parcours, les yeux de Louis Villeneuve s’embrument à la seule évocation du baisser de rideau. Même si l’avenir de la profession demeure incertain, il garde néanmoins foi en cette génération 2.0 et reste confiant en sa succession. La représentation s’achève peut-être mais la pièce de théâtre continue... Edouard Amoiel
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