´ g a M Le
Association à but non lucratif, loi de 1901
Sommaire Histoire
Édito
Fraternité
Rousseau
Discussion sur la nécessité sociale d’union fraternelle du tout pour tous
Le bien commun Rodolphe Oppenheimer de la mémoire d´Edgar Faure à la psychanalyse
Société
Histoire peu commune
Entre communisme et libéralisme Le temps est venu d’une troisième voie
Les Génies
Rousseau
Madagascar : Il ne reste plus qu´à agir !
De la doctrine spirite à l’énergie, une approche de la fraternité universelle
Art numérique Art mondialisable
HORIZON 2020
Pourquoi l´ímpact compte-t-il ?
Notre-Dame-des-Landes Propositions
1000 Ans Supplément Terre Écologie
Transport et mobillité En Suisse
Esprit sportif La fraternité
Qui est en situation de handicap ? Question de société
Lettre à Emmanuelle Ou le racisme figuratif
Moralisation
pour une contractualisation législative et des députés au plus proche de leurs administrés
Interview
N°2
Mère porteuse
D’après le roman à paraître d´Houria Gouriten
Lettre trimestrielle
Mars 2018
Édito Ce Printemps français prochain peut s’avérer mou-
vementé, à l’image de ce mag du mois de mars que nous avons vu grandir au fil des rencontres, au fil de nos échanges, au fil des passions. Temps doux, bourgeons du moment, autant que cette autre... renaissance naturelle, celle qui unit inlassablement ceux qui se refusent à croire que tout serait déjà joué. Carole Vilbois
Antoine Fontaine
Nous le savons c’est ensemble et aussi individuellement que jour après jour une nation bâtit son d’édifice. L’idée d’Unité Nationale qui a émergé le 2 février 2017, voilà à peine une année, est née de l’enthousiasme que nous avons la chance de partager .
Nôtre Idéal, Défendre le vôtre !
Deuxiéme numéro
Mag´
Le conseil de l´Unité Nationale
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Il y a eu une certaine émotion le jour de l’envoi de notre flyer vers les dites grandes formations politiques de notre pays, mais aussi le jour où nous avons transmis nos vœux d’Unité Nationale à l’attention des 25 dirigeants des mouvances ayant des représentants élus dans le paysage institutionnel politique français. Un geste fort qui fut réalisé pour la première fois dans l’histoire de notre pays, et rendu possible grâce à la volonté de 30 conseillers venus de tous bords, pour qui la démocratie n’existe qu’avec l’autre. Une émotion certaine encore en nous rendant dans les sièges des partis, comme rue de Solferino, où le ballet des cartons de déménagements indiquait la fin de quelque chose, alors que nous portions le message d’un espoir naissant, celui de la gouvernance partagée. Nous avions conscience de vivre un moment historique, d’être les invisibles spectateurs d’un changement inéluctable et les acteurs d’une République à la fois en déclin et en devenir. La fraternité comme un fil invisible, thématique de ce numéro, qui nous unirait les uns les autres au-delà des clivages politiques, au-delà même des frontières, des mers et des continents. Vraiment ?
Au pays réel des apparences, et à la lecture des articles de ce Mag’, on
pourrait y percevoir l’indifférence face aux enfants porteurs de handicap (p39-41), l’insensibilité devant la souffrance d’une mère porteuse (p48-49), l’apathie d’une Emmanuelle vis-à-vis du racisme (p42-45), voire l’ataraxie dans un pays si pauvre et pourtant si riche comme Madagascar (p4-8). Et pourtant, ils portent aussi l’espoir de solutions fraternelles. Alors, tel un antidote à la désunion, il conviendrait d’abord de raviver les souvenirs, et se rappeler qu’en d’autres temps, des individus se sont déjà essayés avec plus ou moins de succès à la fraternité. Tantôt pour en définir son essence comme Rousseau (p14-17), tantôt pour en faire un existant, soit à un échelon international ou national avec de grands génies d’époques révolues (p22-27) ou plus près de nous avec Edgar Faure (p9-13), soit de manière très localisée avec les communautés humaines de ces si lointains biens communs (p18-19). Chacune, de toutes ces flammes, doit être résolument entretenue, nous en sommes les héritiers mais nous devons aussi devenir des inventeurs.
Dans la lignée de cet appel pour une troisième voie, après le communisme et le libéralisme (p20-21). Alors, sans doute une poésie Supplément Terre (p34-35) ou l’art, désormais numérique (p28-29), sont des préalables indispensables pour voir poindre des solutions en faveur de cette fraternité, dans un esprit réellement sportif (p38), de la moralisation de nos politiques (p46) à la mobilité grâce aux transports (p36-37), par exemple à Notre-Dame-des-Landes (p33). Dans cette société en mutation, au-delà des idées, l’argent reste encore pour le moment un moyen d’accompagner les évolutions souhaitables et puisque Horizon 2020 en met à disposition, autant en comprendre les mécanismes (p30-32). Écrire ce qui nous unit, plutôt que ce qui nous divise, pour léguer un jour les bases du
« gouverner ensemble »
une tâche à la hauteur des ambitions d’une grande Nation. Soyons la première à franchir ce pas !
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Serge Jovial Imbeh Economiste & Financier IMBEH Serge Jovial est né le 13 septembre 1978 à Soavinandriana — Antananarivo III. Il est le dernier fils d’Imbeh et de Hoareau Ravaohita Jeannette. Il a commencé son cycle primaire à l’école catholique de Maintirano où il a passé son enfance. Il a passé son cycle collégial à l’école protestante d’Ivato –Aéroport / Antananarivo avant de rejoindre l’école catholique Saint Joseph pour terminer son cycle lycéen. Après son baccalauréat en 1997, il a intégré l’Institut de Management des Arts et Métiers (IMGAM), une université privée. Il a obtenu son Diplôme professionnel en Administration des Entreprises et Commerces (DPAEC) en 2000, équivalent BAC+3 (Licence). Il a continué au sein de la même université et obtenu en 2002 le Diplôme d’étude supérieure en Management (DESMAM), équivalent BAC+4, spécialisation en Finance. Après ses études à Madagascar, il a quitté l’île et rejoint l’Université de Limoges de 2002 -2003 pour poursuivre ses études au sein de la Faculté de l’économie de ladite université dans le module « analyse et politique économique ». Il a intégré le High School of Economics de l’Université science sociale de Toulouse 1 en 2003 pour suivre le DEA Marchés et Intermédiaires financiers. Photo Carole Vilbois
Après des années de théorie, il a intégré l’ESC de Toulouse (Business School) en 2004 afin de s’orienter vers la professionnalisation de ses formations et ses études. . En collaboration avec l’Université de Luxembourg, Doctoral School in Economic and Finance, il a obtenu son titre de Docteur en économie en 2008. Il a commencé, en 2006, sa carrière professionnelle en intégrant SOCIÉTÉ GÉNÉRALE CORPORATE & INVESTMENT BANKING dans le centre d’affaire du groupe à la Défense — Paris. Il a rejoint DELOITTE Luxembourg, un cabinet d’Audit et des conseils prestigieux, en 2007 pour prendre le portefeuille des Banques et des Fonds d’investissement. Il y est resté jusqu’en 2011 avant de rejoindre HRT GROUPE Luxembourg dont il devient le responsable du secteur financier du Groupe. Parallèlement en 2008, il a commencé à enseigner en tant que vacataire au sein de l’université de Luxembourg et continuera ainsi plus tard avec l’Université de Metz.
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Connu pour sa détermination et ses compétences, il a été sollicité par le groupe VISTRA Fund Services Luxembourg pour développer et promouvoir les activités de la firme. Lors de l’arrivée d’une nouvelle vague de réglementation en Europe dans le cadre d’UCITS V et AIFMD, la SOCIÉTÉ GÉNÉRALE BANK & TRUST Luxembourg lui a proposé de rejoindre le groupe pour développer et mettre en place les procédures en vigueur au Luxembourg et dans l’Union européenne et il développe également les activités bancaires et des fonds d’investissement au Luxembourg. Il est aussi membre de plusieurs commissions au sein des institutions luxembourgeoises comme : ALFI, IRE, CSSF,… Compétent et déterminé à combattre les corruptions, l’insécurité et la pauvreté, c’est en 2004 qu’il décide de travailler à la mise en place d’un projet de société pour le développement de Madagascar.
Et c’est ainsi qu’il a décidé de se porter candidat à l’élection présidentielle de 2018.
République de Madagascar 24 313 180 habitants (2017) Croissance démographique 2,72 % / an Superficie 587 295 km² Densité 41,40 habitants / km² PIB 9,991 milliards $USD (2016) PIB/habitant 401 $USD (2016) Croissance du PIB 4,20 % an (2016) Espérance de vie 64 ans (2013) Taux de natalité 33,58 ‰ (2013) Indice de fécondité 4,36 enfants / femme (2013) Taux de mortalité 7,10 ‰ (2013) Taux de mortalité infantile 46,13 ‰ (2013) Taux d'alphabétisation 64,66 % (2015) Langues officielles Malgache français et anglais Monnaie Ariary (MGA)
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Bonjour, Monsieur Imbeh, l’Unité est très honorée de pouvoir réaliser cette interview, ici à Luxembourg. Vous avez fait vos études à l’école doctorale de Toulouse en France, vous êtes économiste, vous connaissez bien la place financière de Luxembourg pour avoir mis vos talents au service de la banque d’investissement, vous avez également enseigné en tant que vacataire à l’université de Metz et de Luxembourg. Qu’est-ce qui pousse un homme à retourner sur sa terre natale pour se mettre au service de son pays et de ses concitoyens ? Bonjour, je considère que c’est avant tout un devoir. Lorsque vous traversez le pays trois à quatre fois par an et que vous faites le constat de la dégradation de la vie de vos propres concitoyens , vous vous posez la question. Ensuite il ne reste plus qu’à agir, apporter ses connaissances et sa compétence. Le PIB suit une courbe en légère augmentation ces dernières années d’après les chiffres d’Instat Madagascar, et pourtant les exportations et les importations sont en légère baisse, le secteur secondaire du commerce accuse cette baisse, alors que le secteur tertiaire lui progresse légèrement, comment analysez-vous ces chiffres, se traduisent-ils par une perte de pouvoir d’achat à Madagascar, dont 77 % de la population en 2010 vivait avec moins de 2 € par jour, les plus alarmistes parlent aujourd’hui de 90 % de la population ? 92 % plus précisément. Cela signifie que l’on n’adopte pas une politique économique adaptée à la situation réelle du pays , tout simplement. On est dans un pays qui va droit dans le mur, depuis notre indépendance, on connaît des pouvoirs sans fondement et sans vision à long terme. Nous pourrions pourtant permettre le développement de Madagascar en inversant la tendance. On oublie dans ce pays le développement des secteurs primaire et secondaire qui sont ses atouts majeurs, ils sont mal exploités et ne font pas l’objet d’une stratégie politique claire de développement. L’augmentation à la fois de la croissance et de l’inflation, est-ce le signe d’un décalage entre l’offre et la demande ou d’après vous est-ce lié aux liquidités en circulation ? Quel est votre avis en tant qu’expert ? Quel est l’objectif de croissance s’il n’y n’a pas d’impact réel sur la population ? On avance aujourd’hui une croissance de 4,1 % pour 2017. Vous imaginez ce chiffre ? Cela veut dire qu’il y a des incohérences, la croissance est présente, mais le peuple s’appauvrit. Clairement quelque chose ne va pas.
Madagascar
En plus de cela, si on ne maîtrise pas l’inflation aujourd’hui deux fois supérieure à la croissance, il n’y n’aura jamais d’impact sur la situation économique du pays. Là où je suis d’accord avec vous, ce sont les décalages entre l’offre et la demande; c’est la loi du marché et on ne peut pas y échapper. Par contre, le problème c’est qu’on ne pose pas la bonne question. Comment va-t-on rétablir et réduire cet écart ? En plus de cela, on a des balances commerciales déficitaires qui ne jouent pas en notre faveur.
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Madagascar exploite 5 % de ses terres, il resterait 41 % de terre agricole inexploitée, l’agriculture est-elle l’un des secteurs à développer en priorité ? Je dis même Primordial, plus de 60 % des Malgaches sont des agriculteurs et notre principale nourriture c’est le Riz. Comment peut-on imaginer que l’on importe du riz alors qu’on a encore des surfaces inexploitées ? J’ai été le premier à dire qu’il nous fallait dans ce pays une Politique agricole universelle. L’idée est de faire une exploitation à grande échelle avec un partenariat public privé. L’objectif c’est d’avoir une autosuffisance alimentaire dans ce pays et pourquoi ne pas exporter par la suite le surplus ? Nous avons la chance d’avoir une terre très riche, vous pouvez faire pousser ce que vous voulez à Madagascar. L’espérance de vie à Madagascar était encore très récemment de 64 ans. Que voudriez-vous faire pour le secteur de la santé, quelle sera votre priorité en tant que chef de l’État ? Dans les domaines de la Santé ou l’éducation, tout est à refaire. À Madagascar vous rentrez dans un hôpital et vous voyez les malades qui dorment par terre, le lit d’hôpital est inexistant. Vous imaginez la suite concernant les médicaments ? Alors même que ces deux ministères sont ceux qui reçoivent le plus de subventions étrangères. Vous êtes en droit de vous demander ce que deviennent les fonds, leurs véritables utilisations et à qui ils profitent. Les gens ne vont plus à l’hôpital, car ils y sont mal soignés, et ceux qui ont les moyens vont dans des cliniques privées ou à l’étranger. C’est honteux ! C’est ma priorité, car la dignité humaine passe par la santé. Je veux l’égalité dans ce secteur que l’on soit riche ou pauvre. Il faut moderniser l’hôpital, avoir un nombre croissant de spécialistes, développer les partenariats interna. tionaux dans le domaine de la santé, des vaccins. À court terme, il faut également éradiquer les maladies que je qualifie de maladies du « Moyen-Âge ». Choléra, paludisme, peste… Cela inclut la prise en charge des classes moyennes et des plus pauvres dans mon programme, bien évidemment. L’espérance de vie très faible que vous avez mentionnée est dûe au déclin de la qualité de vie et de soin dans le pays. Seuls 15 - 20 % de la population bénéficie de l’électricité, avec l’arrivée dans l’hémisphère nord de l’intelligence artificielle et les écarts qui ne manqueront pas de se creuser, comment voyez-vous le développement technologique de votre pays ? Avez-vous des mesures phares à proposer à la population ? Des projets de partenariat ? Pensez-vous que le développement passe obligatoirement par le développement technologique de votre île ? 6
Crédit Photos © Antoine Fontaine
Photo © Antoine Fontaine
C´est inévitable le développement technologique. Comment peut-on développer un pays sans électricité et sans infrastructure ? L´objectif que je me suis fixé est l´accessibilité pour tous à l´information technologique, que ce soit à l´école ou dans un endroit spécifique comme la bibliothèque, la mairie, le ministère, même si cela semble difficile au regard de la situation actuelle. Nous avons besoin de partenariat, il y en a qui sont déjà implantés à Madagascar, et d'autres qui devraient pouvoir nous rejoindre. Il faut prévoir des incitations fiscales pour que le programme puisse être réalisé.
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En 2014 Madagascar comptait 22,5 Millions d’habitants, les projections font état de 46 millions d’habitants en 2050. Devant un tel défi et une population aussi jeune, pensez-vous que demain les futurs talents de l’île devront s’exporter, ou avez-vous des solutions pour que l’immigration soit un choix et qu’elle ne soit pas subie ? Comment avez-vous vous-même vécu ce déracinement ? Les gens auront besoin de partir tant qu´ils n´auront pas un avenir dans leurs propres pays. Mais si dès maintenant vous préparez l´avenir des jeunes d´aujourd´hui, à ce moment-là c´est leur choix de partir, la situation n´est plus subie. Parmi mes priorités se trouve l´emploi des jeunes, des emplois dignes de ce nom. Ils sont les responsables de demain, c´est comme cela que vous pouvez différencier un homme d´État d´un homme de pouvoir. Vous ne vivez pas à Madagascar depuis plusieurs années, cela ne risque-t-il pas d’être un handicap que les autres candidats pourraient-vous reprocher, comment avez-vous maintenu le lien avec votre pays? Je me suis préparé à cette attaque ! Je me suis dit qu´un homme comme moi qui passe 3 à 4 fois par an dans ce pays et qui sillonne les 22 régions, les 119 districts et les 1580 communes ne peut pas se voir reprocher de faire trop peu pour son pays. S´il existe un homme qui connaît mieux ce pays que moi, qu´il se présente. J´ai toujours maintenu ce lien, car je travaille avec des élus, avec des associations et des ONG, des partis politiques et aussi des simples citoyens. 7
Photo © Carole Vilbois
Madagascar est un pays disposant de nombreuses richesses naturelles et dans le même temps il est un des pays les plus pauvres au monde selon des critères définis par l’ONU, comment expliquer ce paradoxe ? Nous utilisons mal nos ressources. Située dans le bassin indo-océanique, entre l’Asie et l’Afrique, comment Madagascar trouve son compte dans la mondialisation, quelle est sa place et quels rapports entretient-elle avec les grandes puissances économiques comme la Chine, les États-Unis ou encore la France ? Madagscar devrait être un pays incontournable dans cette zone, vu sa situation géopolitique et ses potentiels. Malgré les problèmes politiques dans ce pays, nous avons gardé toujours ce lien avec nos partenaires techniques et financiers. Nous devons redéfinir ce partenariat en nous efforçant de faire du gagnant-gagnant. Ces derniers temps le revirement diplomatique du pouvoir actuel m’inquiète. Il y a beaucoup de facilités offertes par la Chine en dehors des cadres légaux, environnementaux et politiques.
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En France lors des dernières élections présidentielles le président Macron a été élu par seulement 44 % des électeurs donc loin de la majorité absolue. A l’occasion des élections législatives, moins de la moitié du corps électoral français a pris part au vote. Quels rapports les citoyens malgaches ont-ils avec la politique, les élections et la classe politique ? J’ai redonné petit à petit confiance aux populations, car nous avions à la dernière élection 25 à 30 % des électeurs engagés derrière nous. Pourquoi ? Car les gens ne croient plus à la politique, cela n’a jamais changé leurs vies ou leur quotidien. Interview de Monsieur Serge Jovial Imbeh réalisée d´aprés les questions d´Antoine Fontaine et de Carole Vilbois 8
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Rodolphe Oppenheimer De la mémoire d´Edgar Faure à la psychanalyse En 1987, voilà 30 ans dans l’émission «Stratégie», Edgar Faure s’exprimait en ces termes:
Edgar Faure
sorti le 1 avril 2014 de Rodolphe Oppenheimer-Faure et Luc Corlouer
« Je pense que la nouvelle ère dans laquelle nous entrons doit être une ère de non-agressivité. Je pense que les conditions en sont réunies. Mais cela m’entraînerait vers des exposés philosophiques. En tout cas, c’est, je crois, ce qu’il nous faut jouer. La France doit de nouveau montrer au monde la voie. La voie de quoi ? De la liberté, de l’égalité, mais alors surtout le point sur lequel j’insiste, de la Fraternité. Vous savez qu’elle n’a été ajoutée qu’en 1948, mais ce n’est qu’aujourd’hui qu’elle peut prendre tout son sens. Parce que durant toute la période coloniale, il était difficile de parler de fraternité à l’échelon mondial. La France justement peut évoquer la Fraternité, car il y a un pluralisme de modes culturels et ethniques, et ce pluralisme peut être pour nous une source d’enrichissement si nous le prenons ainsi. Donc la France doit porter à nouveau le flambeau de la fraternité ».
L’homme qui s’exprime ainsi, bachelier à 15 ans, fut le plus jeune avocat du Barreau de Paris, à 19 ans. Il s’amusait de ne pouvoir s’occuper de ses affaires, faute d’être majeur en ce temps-là, mais d’avoir le droit de le faire concernant celles de ses clients. Adepte de bons mots et d’autodérision, lorsque plus tard on lui reprochera d’avoir fait partie de nombreux gouvernements, et d’être une girouette, il ira jusqu’à faire rire l’opposition en déclarant : « Ce ne sont pas les girouettes qui tournent, c’est le vent ». Véritable pionnier de la politique diplomatique, de l’approche systémique, et de la transversalité, il fera parfois les frais de cet engagement sans faille contre vent et marrée. En 1945, il est procureur général adjoint français au tribunal militaire international de Nuremberg. .
Dans cet après-guerre, il prendra à bras le corps de nombreux dossiers, celui de la décolonisation de la Tunisie et du Maroc entre autres. Treize fois ministres, président de l’Assemblée nationale, deux fois président du Conseil, maire, député, sénateur, académicien, diplomate, écrivain, poète, auteur-compositeur, il est homme de talent, et homme d’État. Aujourd’hui gardien de la mémoire de son grand-père, président du Jury du prix Edgar Faure, Rodolphe Oppenheimer est aussi un pluridisciplinaire, auteur d’ouvrages destinés à aider ceux qui souffrent, ce talentueux psychanalyste a voué sa vie à dénouer les phobies des autres. Musicien comme son grand-père, il partage avec lui le talent du verbe et l’esprit politique des visionnaires. Il est l’auteur d’un ouvrage « Edgar Faure, secret d’État, secret de famille » aux éditions Ramsay, dans lequel il nous livre une vision plus intime et familiale d’Edgar Faure. Nous partageons avec vous ici le discours prononcé par Rodolphe Oppenheimer lors de la remise du prix Edgar Faure 2017. Nous avons aimé son approche pragmatique et réaliste des déboires de notre démocratie, la note d’espoir et la justesse d’esprit lorsqu’il nous parle de l’école de la vie. Nous avons été touchés par son appel à la liberté, et comme chacun de ses mots résonnait parfaitement avec la vision politique avant-gardiste d’Edgar Faure lui-même, et l’esprit qui anime chacun d’entre nous, nous sommes heureux de partager avec vous ce texte, qui nous a enthousiasmé. 9
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Rodolphe Oppenheimer-Faure Président-fondateur de l'association Edgar Faure et du prix éponyme. Chevalier de l'Ordre national du Mérite Chevalier de l'Ordre des Palmes académiques Chevalier de l'Ordre du Mérite agricole Chevalier de l'Ordre des Arts et des Lettres Psychanalyste
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http://psy-92.net
Documentaire Edgar Faure L'enragé du bien public
Rodolphe Oppenheimer De la mémoire d´Edgar Faure à la psychanalyse Prix Edgar Faure 2017 Discours de Rodolphe Oppenheimer-Faure Chers amis, Ce qui nous réunit ce soir, n’est pas la remise d’un prix, mais bien plutôt le rendez-vous annuel de notre cénacle composé d’hommes et de femmes (la parité n’est pas un vain mot) d’hommes et de femmes qui partagent les mêmes valeurs et qui ambitionnent de réhabiliter dans un avenir immédiat la France de toujours. Un cénacle où se retrouvent chaque année, des artistes, des penseurs, des scientifiques… Et, reconnaissons-le, même des hommes politiques ! Notre communauté si vous me permettez cette audace est soudée par un certain nombre de valeurs que sont, la tolérance, celle d’une école de pensée qui ne repose pas sur des partis politiques et des idéologies antagonistes, mais sur des hommes qui partagent une même vision du monde. Nous pensons à vous, Jaurès, Léon Blum, Mendès France, de Gaule Edgar Faure en découvrant cette nouvelle race d’hommes et de femmes venus de partout, de la société civile, de la meilleure formation existante, l’école de la vie.
Prix Edgar Faure 2017 Le Prix Edgar Faure 2017 a été attribué à François SUREAU pour l'ouvrage "POUR LA LIBERTE, REPONDRE AU TERRORISME PAR LA RAISON "paru aux Éditions Tallandier
Une nouvelle génération venue de tous les horizons et qui incarne en la portant sans préjugés une majorité d’idées qui annonce la France, celle de demain, libérée de ses a priori et de ses préjugés, une Nation rendue à son peuple et qui découvre qu’il existe d’autres perspectives que les «ismes » communisme, fascisme, autant d’idéaux nés dans le manichéisme et disparus dans ses ruines. .
Des prétendus détenteurs de vérités, qui confisquaient le pouvoir à travers leurs élites autoproclamées dont ils se portaient garants de Napoléon à la Commune, des forces du Pacte de Varsovie à la chute du Mur de Berlin. Nous ne sommes pas ici pour synthétiser en quelques mots l’histoire occidentale, mais, il n’est pas inutile de se remémorer les hommes providentiels, les dictateurs qui ne croyaient qu’en eux-mêmes et parvinrent à endoctriner leurs peuples et les pays qu’ils envahissaient. Notre ambition est de les resituer dans l’histoire universelle. Chaque année ici nous rajoutons nos pièces à l’édifice du progrès et non à celui des ruines. Nous nous souvenons pour mieux prévoir. Révolution, dictatures, démocraties qui n’avaient rien de populaire, républiques qui n’étaient que des oligarchies ; révolutions qui n’étaient que des sursauts réactionnaires et qui inventaient l’illusion que l’histoire avait un sens… le leur !
edgarfaure.fr
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Rodolphe Oppenheimer De la mémoire d´Edgar Faure à la psychanalyse Que de crimes et d’impostures a-t-on commis en ton nom. République, on peut les numéroter autant qu’on veut, elles ont oublié qu’on ne confisque pas la liberté, l’égalité et la fraternité dont notre pays est le symbole. Empereurs autoproclamés. Quels galvaudages a-t-on commis en vos noms. Pardonnez-moi ce néologisme, mais de quels secrets la « res publica » est-elle donc détentrice pour qu’on se réfugie derrière ses supposés attributs et ses vertus venues de mots vidés de leur sens (RDA), de n’importe où (RDA) de n’importe quand, comme autant de démocraties dont les présidents auto proclamés se sont déguisés en chefs étoilés. Nous pourrions multiplier les exemples de ces impostures pathétiques, ces cache-misère. Mais ce qui nous intéresse ce soir est notre 11e anniversaire. Ce qui nous réunit ce soir c’est une communauté d’esprits qui ne se réclame que du droit à la souveraineté et plus encore à l’indépendance. Nous n’avons de rendre de comptes qu’à nous-mêmes et cette licence s’avère le plus impitoyable des procureurs. Mort des idéologies, disparition de ceux qui croient que la politique est un métier et non une vocation. La vocation d’invoquer même dans les désaccords, aussi profonds soient-ils ce qui reste le devoir le plus important de l’humanité.
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Penser que l’homme n’a qu’un devoir, c’est d’être heureux, de trouver le bonheur où il se réalise, où il s’accomplit le mieux.
Depuis quelques minutes, je parle du « Faurisme » vous l’avez compris, des majorités d’idées contractées avec des hommes venus de tous les horizons, de toutes les origines. Ce rôle que j’ai accepté de jouer est sans doute le plus délicat, il engage les morts. Pas n’importe lesquels, ceux dont notre pays peut être fier à un moment où le dénigrement et la flagellation satisfont la part obscure de penseurs peu éclairés. On réhabilite les vieux démons, on croit les moderniser en les déguisant en partis anachroniques et poussiéreux. Ce rôle dont j’ai modestement accepté de revêtir les habits, entourés d’hommes et de femmes qui patiemment élaborent une école de pensée reposent sur la tolérance et l’humanisme. Ils peuvent compter sur moi, je le sais, ils me l’ont prouvé, année après année, ils m’entourent et me portent. Ensemble nous transcendons les nouvelles menaces qui pèsent sur ce que nous incarnons. Mais nous sommes libres, libres d’être différents, libres parfois d’être en désaccord. Des oppositions naît le progrès, de l’authenticité, la lumière. Cette année l’association Edgar Faure comptera un délégué par circonscription et se réunira pour synthétiser ce que désire le peuple de France, alors nous connaîtrons encore mieux, ce qu’attendent nos concitoyens, la France oui, la France avec les régions oui bien sûr.
Un homme nouveau qui s’accomplit en dehors des écoles et des filières traditionnelles. Rodolphe Oppenheimer
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« La Droite et la Gauche ne sont plus que des directions, seul l’Avenir a un futur politique. » Rodolphe Oppenheimer
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28 juin 1712 : naissance de Jean-Jacques Rousseau à Genève ! Fils d’un horloger sa mère meurt des suites de l’accouchement.
Biographie de Jean-Jacques Rousseau
1722 : le père du futur philosophe fuit à Nyon. À la suite d’une dispute il confie ses enfants à son beau-frère qui place Jean-Jacques chez un pasteur. Entre 1724 et 1728 : Jean-Jacques Rousseau retourne à Genève où son oncle le place en apprentissage chez un greffier puis chez un graveur où il est maltraité. 1750-1751 : Il remporte le prix de l’académie de Dijon ! Son essai, " Le discours sur les sciences et les arts" paraît en 1751, il 1728: Il quitte Genève et arrive à Confignon où il abjure le décide de devenir à plein temps copiste de musique. protestantisme et entre comme laquais au service de Madame de Vercellis. 1752-1753: Le Devin du village, l’un de ses opéras est joué en présence du Roi à Fontainebleau. Ce dernier le convoque pour Entre 1729 et 1735 : Jean-Jacques Rousseau voyage, lui offrir une pension. Rousseau ne se rend pas à l’audience et découvre l’amour dans les bras de Madame de Warrens, refuse la pension. Il commence à rédiger le " Discours sur les découvre la musique, travaille au cadastre de Chambéry, richesses ". écrit et donne des cours de musique. 1754 : Rousseau se querelle avec d’autres philosophes lors de 1738 : Il écrit des poèmes romantiques et envoie au dîners qui réunissent les Encyclopédistes ! Il répond par écrit à Mercure de France un mémoire de cosmographie publié une nouvelle question de l’académie de Dijon sur l’origine de dans le numéro de juillet. l’inégalité parmi les hommes qui est rejeté « à cause de sa longueur et de sa mauvaise tradition ». 1740 : Rousseau est précepteur des enfants du prévôt général de Lyon et rédige deux mémoires où il explique 1755: Rousseau publie le Discours sur l’inégalité qui devient comment il va organiser son enseignement. rapidement un scandale. 1741 : Revenu à Chambéry, il compose un opéra-tragédie 1756-1762 : Il rédige la "Lettre à d’Alembert " sur les spectacles, " Iphis et Anaxarète ", puis un autre, " la découverte du " La nouvelle Héloïse ", "Du contrat social" et " Émile " ou " De Nouveau Monde ". l’éducation ". Chaque livre fait à sa manière scandale ! Du contrat social et Émile sont même condamnés par La Sorbonne et 1742 : Il est à Paris où il présente un nouveau système de le parlement de Paris ainsi que par d’autres villes en France et notation musicale créé par lui-même à l’académie des à l’étranger. sciences. 1762- 1767 : Commence alors une période de poursuite judiciEntre 1743 et 1744 : Rousseau publie une dissertation sur aire, d’exil et d’écriture de textes de défense face aux accusa.la musique moderne et expose son système au Mercure tions graves portées à son encontre ! Il part en Angleterre en de France. Il prend le poste de secrétaire d’ambassade à 1766 avec David Hume, mais les deux se séparent très vite puis Venise et découvre la musique italienne. Il se disputera de retour à Paris en 1767, Rousseau s’installe sous la protectavec l’ambassadeur puis démissionnera, avant de retour- ion du Prince de Conti à Trie-Château, où Il publie son dictner à Paris. ionnaire de musique. 1745 : Le philosophe rencontre Thérèse Levasseur, compagne puis épouse, mère de ses cinq enfants qui seront abandonnés à l’hospice des Enfants-Trouvés ! Il fait également la connaissance de Diderot! Il travaillera aussi pour son futur meilleur ennemi Voltaire et deviendra le secrétaire de Madame Dupin.
1768-1778 : Il épouse Thérèse Levasseur et rédige ses confessions ! À Paris, il est toujours sous le coup de condamnations judiciaires et Voltaire ou ses autres ennemis l’attaquent sans pitié ! Il rédige " Des dialogues " où Rousseau juge Jean-Jacques Rousseau, puis écrit "Les Rêveries" ! Il a des problèmes de santé mentale et son métier de copiste ne lui permet pas de vivre décemment avec sa femme. Il demande de l’aide financière au Marquis de Girardin qui répond à sa demande et lui propose de venir vivre à Ermenonville dans un pavillon. Rousseau y arrive pour y mourir moins de deux mois plus tard le 2 juillet 1778 d’une apoplexie séreuse.
1749 : Rousseau participe à l’Encyclopédie en y écrivant des articles sur la musique. Son ami Diderot est incarcéré au donjon de Vincennes où il lui rend visite. Il sera interpellé par la question de l’académie de Dijon qu’il lit dans un journal : « le rétablissement des sciences et des arts a-t-il contribué à épurer les mœurs ?» . 1794 : Le corps de Rousseau est transféré au Panthéon.
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Discussion sur la nécessité sociale d’union fraternelle
du tout pour tous avec Jean-Jacques Rousseau
« Pour éclairer la volonté générale, il faudra changer les hommes et faire d’eux des parties indivisibles du tout » Du Contrat social 1762 par Jean-Jacques Rousseau. Il y a des questions existentielles que l’on se pose depuis la nuit des temps ! Par exemple : quelle peut-être la cause de l’inégalité dans le monde ? Est-ce un problème ? Si oui, comment le résoudre ? Certains d’entre nous ont étudié ce phénomène et tenté d’y apporter des solutions concrètes ! Jean Jacques Rousseau fut l’un des plus prolifiques et éloquents de son temps, il reste également l’un des plus accessibles. On peut facilement imaginer son excitation à dévoiler les fondements du système ayant pour résultat l’inégalité des humains, sujet qui le turlupine depuis longtemps, quand il participe en 1754 au concours de l’académie de Dijon qui a pour thème : « Quelle est l’origine de l’inégalité parmi les hommes, et si elle est autorisée par la loi naturelle ? » Il en sortira une tirade restée dans l’histoire.
Maurice Quentin de la Tour 1704-1788 Portrait de
Jean-Jacques Rousseau (1712–1778)
Selon Rousseau, les puissants sont aussi les plus misérables « se faisant de leur force ou de leurs besoins une sorte de droit au bien d’autrui, équivalent, selon eux à celui de propriété, l’égalité rompue fut suivie du plus affreux désordre : c’est ainsi que les usurpations des riches, les brigandages des pauvres, les passions effrénées de tous étouffant la pitié naturelle, et la voix encore faible de la justice, rendirent les hommes avares, ambitieux et méchants ».
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Pour Rousseau, c’est la faiblesse morale, « le genre humain avili et désolé, ne pouvant plus retourner sur ses pas ni renoncer aux acquisitions malheureuses qu’ils avaient faites et ne travaillant qu’à sa honte, par l’abus des facultés qui l’honorent, se mit lui-même à la veille de sa ruine », qui est à l’origine de l’inégalité et la propriété son œuvre est un droit au bien d’autrui acquis par la force qu’il associe à une usurpation ou encore à un brigandage !
C’est loin d’être banal surtout au XVIIIe siècle. On comprend pourquoi Rousseau ne gagna pas le prix de l’académie cette fois-là ! Peut-être ne gagnerait-il toujours pas aujourd’hui si la question était posée dans notre société contemporaine ? Il y a autre chose de surprenant dans ce texte. Il parle de la pitié qu’il qualifie de naturelle ainsi que de la justice qui aurait une voix encore faible, pour expliquer le désordre crée par la rupture de l’égalité, résultat de la création de la propriété, elle-même issue de la force ou du besoin devenu un droit au bien d’autrui et affirme avec audace que c’est ce qui rendit les hommes « avares, ambitieux et méchants » !
“Les lois sont toujours utiles à ceux qui possèdent et nuisibles à ceux qui n’ont rien.” Du contrat social (1762) de Jean-Jacques Rousseau
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Discussion sur la nécessité sociale d’union fraternelle du tout pour tous avec Jean-Jacques Rousseau Premièrement, on connaît la raison de l’inégalité des humains dans le monde, mais en plus on sait désormais l’origine du mal et son antidote. C’est révolutionnaire ! Comme si l’égalité était naturelle et ne pouvait être protégée que par la pitié et la justice ! C’est sûrement de cette observation que découle l’obsession de Jean Jacques Rousseau pour la justice sociale afin de préserver l’intérêt général et promouvoir le bonheur du tout pour tous ! Autrement dit, le sentiment de fraternité qui est le lien de solidarité qui devrait unir tous les membres de la famille humaine a pour origine l’empathie, cette faculté intuitive de se mettre à la place d’autrui et de ressentir ce que l’autre ressent. Ce terme est très proche du mot pitié, sentiment qui porte à compatir aux souffrances ou à la faiblesse d’autrui, parce que selon Spinoza, cet autre nous l’imaginons semblable à nous-mêmes. Selon Descartes, l'empathie « est une espèce de tristesse mêlée d'amour ou de bonne volonté envers ceux que nous voyons souffrir de quelque mal dont nous les estimons indignes ». Sans cette fraternité pleine d’empathie et de pitié, la justice ne peut pas exister, car elle est la cause profonde du bonheur social ! Sans fraternité, point de bonheur social. Sans bonheur social, point de paix sociale ! Le bonheur social serait d’origine selon Rousseau et il fut détruit par la création de la propriété, car, « Il s’élevait entre le droit du plus fort et le droit du premier occupant un conflit perpétuel qui ne se terminait que par des combats et des meurtres » et voici l’origine de la guerre et voilà pourquoi elle est perpétuelle ! Merci Rousseau ! Chacun pourrait faire remarquer à Rousseau que si le désordre ne fait aucun doute il y a aussi des moments de paix ! Comment explique-t-il cela ? « Les riches, dit- il, durent bientôt ressentir combien leur était désavantageuse une guerre perpétuelle dont ils assuraient seuls tous les frais et dans laquelle le risque de la vie était commun et celui des biens, particulier. D’ailleurs, quelques couleurs qu’ils puissent donner à leurs usurpations, ils sentaient assez qu’elles n’étaient établies que sur un droit précaire et abusif et que n’ayant été acquise que par la force, la force pouvait les leur ôter sans qu’ils eussent raison de s’en plaindre. » .
Et donc, pourrait-on demander à Rousseau ? Et bien c’est pourquoi, nous dirait-il, nous avons institué « des règlements de justice et de paix auxquels tous soient obligés de se conformer; qui ne fassent exception de personne et qui réparent en quelque sorte les caprices de la fortune en soumettant également le puissant et le faible à des devoirs mutuels (…) Telle fut, ou dût-être, l’origine de la société et des lois, qui donnèrent de nouvelles entraves au faible et de nouvelles forces au riche, détruisirent sans retour la liberté naturelle, fixèrent pour jamais la loi de la propriété et de l’inégalité. Ils firent un droit irrévocable d’une adroite usurpation, et pour le profit de quelques ambitieux, assujettirent désormais tout le genre humain au travail, à la servitude et à la misère. » Hou là là, pourrait-on rétorquer, c’était donc cela ! On pourrait également lui dire : vous dites « détruisirent sans retour la liberté naturelle (…) fixèrent pour jamais la loi (…) firent un droit irrévocable… » Il n’y a plus rien à faire alors ? Et pourtant c’est vous qui parlez de pitié, de justice et donc de fraternité comme antidote du désastre ? N’y a-t-il vraiment plus rien à faire Monsieur Rousseau? Il répondrait comme il le fit dans son ouvrage " Du Contrat Social " en 1762.
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Discussion sur la nécessité sociale d’union fraternelle du tout pour tous avec Jean-Jacques Rousseau Il est clair que « Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme pas sa force en droit et obéissance en devoir. De là, le droit du plus fort (…) est réellement établi en principe (…), céder à la force est un acte de nécessité, non de volonté ; c’est tout au plus un acte de prudence. (…) sitôt que c’est la force qui fait le droit, l’effet change avec la cause ; toute force qui surmonte la première succède à son droit. Sitôt que l’on peut désobéir impunément, on le peut légitimement, et puisque le plus fort a toujours raison, il ne s’agit que de faire en sorte qu’on soit le plus fort. » C’est cela votre conseil ? Et bien Monsieur de La Fontaine avec qui j’ai déjà eu à discuter avait illustré avec sa fable, « Le loup et l’agneau », ce que vous me dites là ! Ce n’est pas mon sujet. Moi, je parlais de fraternité, de pitié, de justice vous savez cet état naturellement humain selon vous qui a été détruit par la faiblesse morale, en sachant que penser à abolir la propriété est en l’état utopique et irréalisable, mais pour ce qu’il en est au moins de la protection des biens communs et de la disparition de la misère ?
Rousseau en train de lire devant la maison de Môtiers en Suisse Dessin de Gruph, 1783
Alors il dirait il ne vous reste plus qu’à « Trouver une forme d’association qui défende et protège par toute la force commune, la personne et les biens de chaque associé et par laquelle chacun s’unissant à tous n’obéissent pourtant qu’à lui même et reste aussi libre qu’auparavant. (…) chacun se donnant tout entier, la condition est égale pour tous, nul n’a intérêt de la rendre onéreuse aux autres (…) Chacun de nous met en commun sa personne et toute sa puissance sous la suprême direction de la volonté générale, et nous recevons en corps chaque membre comme partie indivisible du tout ». C’est cela la fraternité pourrait-il ajouter et on pourrait lui répondre : il n’y a plus qu’à faire !
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Sophie Diagne Vice-présidente Conseillère Identité-Histoire-Culture
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Le bien commun , une histoire peu commune. Alors que leurs actes de décès sont maintes fois publiés, dont l’un des plus retentissants à notre époque contemporaine fut l’article de l’écologue Garett Hardin, intitulé « la tragédie des biens communs » [1], ces formes de gestion dites en bien commun ne meurent pourtant pas. Cet article d’Hardin va acquérir une grande notoriété dans des cercles multiples, et notamment économiques en influant de manière décisive sur des aspects centraux et stratégiques de la pensée économique dominante, dont le modèle se déploie aujourd’hui à travers la planète. Or, il ne se passe pas une semaine dans l’actualité sans que nous soyons continuellement informés des multiples crises qui menacent notre planète — crise climatique, crise alimentaire, crise de l’eau, crise de la pêche… pour ne citer que celles concernant directement l’environnement naturel. Les ressources deviennent rares, les activités économiques accentuent les pollutions environnementales, mais la question semble peu se poser de savoir si cette rareté n’est pas directement liée à un modèle de développement donné. L’ampleur des problèmes imposerait de recourir davantage aux solutions qui sont elles-mêmes à l’origine de ces crises : progrès technologique, dépossession des communautés locales, extension de la sphère marchande et privée, concentration des pouvoirs aux mains de grands acteurs politiques, scientifiques et surtout économiques.
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Après avoir été un temps confiné à l’hétérodoxie, au milieu des années 1980, les débats [2] qui parcourent les biens communs sont redevenus centraux,
grâce aux chercheurs de l’école de Bloomington regroupés autour du Professeur de sciences politiques, Mme Elinor Ostrom [3]. En 2009, elle est la première femme à recevoir le prix d’économie en mémoire d’Alfred Nobel pour l’ensemble de ses travaux et son analyse portant sur la gouvernance économique des biens communs. Son travail est en réalité bien plus large puisqu’il porte sur l’étude de l’action collective et de la coopération humaine dans la gestion de ressources naturelles communes. Depuis sa thèse soutenue en 1965, sur la gestion des nappes phréatiques dans le sud de la Californie, Elinor Ostrom a observé de manière empirique une grande variété de systèmes d’utilisation de biens communs, qui combinent généralement autogestion des communautés locales, règles coutumières, sans pour autant exclure complètement les mécanismes de marché et la régulation étatique. Analysant de nombreuses situations à travers la planète relatives soit à des massifs forestiers, des bassins versants, ou encore des zones d’irrigation ou de pêche, le professeur Oström constate que ces ressources naturelles font l’objet de ce qu’elle appelle des « arrangements institutionnels ». Ceux-ci ont été mis au point par les communautés locales elles-mêmes, souvent sur de longues périodes et avec une approche différenciée du droit de propriété, entre sphère collective relevant de la communauté et sphère privée de l’individu.
Antoine Fontaine Co-président Conseiller Outre-mer &Territoire
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Le bien commun , une histoire peu commune.
[1] Garret Hardin, The Tragedy of the Commons, Revue Sciences -13 décembre 1968. [2] La renaissance du débat sur les biens communs peut être datée des années 1980. C’est au cours de cette décade en effet qu’on assiste au « retour des communs » avec un moment fort, du 16 au 21 avril 1985, avec la tenue à Annapolis à l’initiative du National Research Council (NRC) des États-Unis d’une conférence qui fera date. À l’origine de cette initiative d’Annapolis, il y a chez certains opérateurs clés de l’aide au développement, et notamment du NRC qui joue ici un rôle important, une forte inquiétude liée aux échecs rencontrés par les politiques d’aides visant à promouvoir la productivité de l’agriculture dans différents pays situés en zone tropicale. Ces politiques en question souvent initiées par la Banque mondiale, et centrées sur la mise en place dans les pays du Sud de grandes exploitations dédiées à la culture intensive, ne sont pas sans liens avec les préconisations — dont beaucoup remontent à Hardin — de favoriser partout la propriété exclusive, seule garante d’efficience selon eux, au détriment des formes plus « traditionnelles » d’exploitation des terres. [3] Elinor Ostrom, Gouvernance des biens communs – Pour une nouvelle approche des ressources naturelles – Deboeck 2010. Écrit en 1990, l’ouvrage ne sera traduit en français qu’en 2010. Il s’agit d’un ouvrage fondateur dans sa carrière, où les nombreuses références à d’autres travaux (plus de 500) et les nombreux remerciements dans l’avant-propos attestent de l’aspect collaboratif de l’ouvrage. .
A suivre
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Entre communisme et libéralisme, le temps est venu d’une troisième voie. Vingt-cinq ans après la chute du mur de Berlin en 1991, l’économie et les relations internationales, mais également la vie en société et les comportements humains trouvent leur essence dans le libéralisme. Celui-ci a finalement emporté la lutte engagée depuis les débuts de la révolution industrielle contre le communisme, ce dernier tirant sa légitimité des populations ouvrières objectivement exploitées par les dirigeants capitalistes d’alors. Avec la fin de l’URSS, le monde s’est ensuite ouvert et la « mondialisation » s’est installée. Cette dynamique puissante a provoqué un accroissement exponentiel des technologies, des biens de consommation, des communications et des prix bas, et s’est finalement propagée à tous les pays. Le communisme avait dans son programme, la volonté d’étendre à tous les peuples son idéologie, mais il n’y est pas parvenu. .
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Le libéralisme, dès qu’il a éliminé son adversaire, réussit à faire partager la sienne, celle de l’ouverture des marchés à l’échelle du monde. À y regarder de plus près, la mondialisation n’a pas forcément apporté que des avantages. Ainsi, la surexploitation des ressources, la pollution endémique et les catastrophes écologiques, l’inexistence de conditions de travail dignes pour les pays émergents, la désindustrialisation de l’Occident et la stagnation des salaires ou le chômage de masse pour des peuples qui ont connu un âge d’or pendant les Trente Glorieuses peuvent nous faire douter que le Progrès, porté par la pensée libérale, ne soit donc pas aussi naturel que cela. Car où sont les promesses de paix, de développement et de prospérité pour l’humanité, enfin dégagée du totalitarisme soviétique que formulaient les chantres de la « fin de l’histoire » ? Pour la prospérité, ce n’est pas exactement
le résultat que l’on pouvait en attendre : 10 % des plus riches détiennent 50 % des richesses mondiales, 42 milliardaires possèdent autant d’avoirs que la moitié de l’humanité. Qu’est-ce qui distingue au final cette oligarchie capitaliste de la défunte Nomenklatura soviétique qui confisquait les richesses au détriment de ses peuples ? Et ne parlons pas de la paix, car les conflits sont toujours aussi présents. Mais alors le libéralisme est-il en train de nous conduire au même résultat que le communisme ? C’est ce que je pense, car le libéralisme dans sa forme actuelle et le communisme du XXIe siècle portent des erreurs qui ne permettent pas de répondre aux aspirations légitimes de la majorité des hommes : vivre en paix, en aimable société avec ses semblables dans une prospérité raisonnable. Le communisme fait de la non-possession de richesses par le privé, une obligation pour supprimer la supposée compétition entre les catégories sociales, théorisée par la lutte des classes.
Benoit Lamothe Consultant stratégie
Seules, la propriété privée et la détention de capitaux sont les moteurs les plus efficaces d’accroissement de valeur, car elles sont les moyens donnés à chacun d’exprimer sa créativité et ses talents, sa volonté de transformer le monde pour l’ajuster aux besoins individuels et collectifs. Le libéralisme, quant à lui, fait de la propriété privée un absolu. Il attend donc que la société, structurée par les corps intermédiaires (famille, associations, syndicats professionnels, collectivités locales, entreprises, etc.) et l’État, . adaptent les lois, les règles et les mœurs pour constituer des marchés toujours plus étendus et unifiés. C’est bien la pensée libérale que l’Union européenne met explicitement en œuvre, en inscrivant dans ses traités la triple « liberté » des échanges, des capitaux et des personnes avec non seulement les pays d’Europe, mais aussi avec les « tiers », c’est-à-dire tous les pays du monde, dont la Chine et son prodigieux marché de 1,3 milliard d’habitants. Ne pas reconnaître qu’une large partie des difficultés économiques voire sociétales que traverse la France actuelle-
ment tient de l’aveuglement doctrinal en faveur de « l’avenir radieux » de la construction européenne. Si l’État et les corps intermédiaires existent, c’est à l’Histoire que nous le devons, celle de la civilisation européenne qui s’est bâtie sur plus de mille ans. Les lois, les limites, les encadrements, les pouvoirs et les contre-pouvoirs sont le résultat patient de l’expérience, de la recherche du compromis pour susciter les facteurs de paix et de prospérité pour le plus grand nombre. Ici s’exprime une seconde dimension indispensable pour répondre à l’aspiration des hommes, c’est le collectif, le domaine public, la mise en commun des moyens et des ressources. Le collectif réalise des œuvres, des projets que ne pourraient probablement pas accomplir des individus et que des organisations à but lucratif ne voudraient pas entreprendre. Or, le libéralisme a fait à son tour fausse route en affaiblissant la sphère collective pour ôter les freins à l’émergence du grand
marché, à l’établissement des échanges illimités, à l’apparition d’un monde unifié, standardisé, où chaque homme sur cette planète aura les mêmes désirs et consommera ensuite les mêmes produits. Il convient donc de trouver un équilibre, exercice toujours difficile, entre les domaines du public et du privé. Rompre cet équilibre, c’est commettre une injustice envers l’homme, dans son besoin de se réaliser et d’aller de l’avant ou dans sa nécessité de disposer de conditions de vie dignes et durables. Ce que le communisme et le libéralisme oublient, c’est que la personne humaine doit être le centre et la finalité de la société et non pas leur idéologie collectiviste ou capitaliste. L’histoire montre que la France, justement pays d’équilibre au sein de la civilisation européenne, a su tracer son chemin parmi les errements de la pensée humaine et défendre la dignité de l’homme. C’est maintenant à notre tour, hommes et femmes du XXIe siècle de relever ce défi. Il est grand temps de répondre présent. 21
Les Génies autour des questions complexes du devenir de notre civilisation, de la doctrine spirite à l’énergie, une approche de la fraternité universelle.
Dossie
r
L’adulte haut potentiel est immanquablement attiré par la résolution des questions les plus complexes, la quête ultime étant pour lui de répondre à la celle d’une vie après la vie, rien ne contredira cela ni dans la théorie ni dans l’ouvrage de Nietzsche qui . nous parle du surhomme et réfère au Zoroastrisme dans son « Also sprache Zarathustra », pas même les travaux d’alchimiste de Newton.
Dieu avait tracé sur terre… Il considérait l’univers comme un cryptogramme livré par le Tout-Puissant. »
Au fil des siècles et des questionnements, il fut alors un temps où Camille Flammarion [2] était l’homme incontournable, l’autodidacte au cœur de la société, dans un monde où le savoir est à la portée de la main de celui qui s’en donne le pouvoir. Vulgarisateur, il permet à tous d’aborder les John Maynard Keynes [1] écrira problèmes d’astronomie, de « Newton n’était pas le premier au climat, ainsi que les phénomènes siècle de la Raison, il était le météorologues. Il épousera en dernier du siècle des Magiciens, le première noce Sylvie Pétiaux, une dernier des Babyloniens et des féministe qui fondera en 1899 Sumériens… pourquoi lui donner l’association pacifiste « La paix et le nom de magicien ? Parce qu’il le désarmement par les femmes considérait l’univers entier et tout ». Son Frère cadet Ernest [3] device qu’il contient comme une endra éditeur. énigme, comme un secret que l’on pouvait lire en appliquant la Lorsque Camille Flammarion se pensée pure à certains signes, penchera sur la question du spiritisme, il est loin d’imaginer lors de certaines voies mystiques que
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sa première rencontre avec Allan Kardec, qu’il écrira quelques années plus tard en 1869 le discours de ses funérailles. On pourra entendre ce jour-là son postulat en faveur du spiritisme : « Car, Messieurs, le spiritisme n’est pas une religion, mais c’est une science dont nous connaissons à peine l’a b c.... En quoi consiste le mystère de la vie ? Par quel lien l’âme est-elle attachée à l’organisme ? Par quel dénouement s’en échappe-t-elle ? Sous quelle forme et en quelles conditions existe-t-elle après la mort ? Quels souvenirs, quelles affections garde-t-elle ? Ce sont là, Messieurs, autant de problèmes qui sont loin d’être résolus et dont l’ensemble constituera la science psychologique de l’avenir. » Allan Kardec vient de s’en aller et pourtant son nom résonnera longtemps encore après lui,
Carole Vilbois Co-président Conseillère Économie Énergie Systémique
Camille Flammarion Photo Eugène Piro
Portrait d'Allan Kardec
paru dans le magazine L'Illustration en 1869.
Jacques Lantier écrira [4] : « La plupart des Français ignorent ce qu’est réellement le spiritisme, et jusqu’au nom d’Allan Kardec. J’étonnerai sans doute beaucoup de lecteurs en leur révélant, pour terminer, que le rayonnement du génie français à l’étranger ne soit pas . toujours dû en premier lieu, comme ils le supposent, à Voltaire, à Rousseau, à la Révolution, à Napoléon ou à Pasteur, mais parfois à Allan Kardec et à son spiritisme. » Allan Kardec [5] est un pédagogue de formation et pratiquera les principes de l’« Émile » de Rousseau. Polyglotte, il parle plusieurs langues, l’allemand, le néerlandais et l’anglais. Il donnera après 1832, gracieusement des cours de chimie, physique, anatomie et astronomie lorsque son école, où il applique ses principes de pédagogie, fait
face à des difficultés financières. Refusant le nom d’auteur lui préférant celui de codificateur, il écrira la doctrine spirite : inspiré par Johann Heinrich Pestalozzi, on y retrouvera les fondements référents à la fraternité universelle et à l’ouverture aux femmes, en des temps où il n’était que rarement question de la place des femmes. C’est le Tout-Paris des intellectuels et de la science qui lit alors ses ouvrages, on souhaite le rencontrer, même Napoléon III le recevra, avant que quelques spirites démasqués par des supercheries grossières ne fassent tomber l’homme et sa science dans la désuétude, jusqu’à ce qu’en France on en oublie jusqu’à son nom. Pourtant Allan Kardec est l’un des auteurs français les plus lus au Brésil. Plus de trente millions d’ouvrages ont été vendus. Plus de six millions de Brésiliens se déclarent spirites et mettent en application la doctrine de Kardec dans des milliers de centres où l’on applique son enseignement. Dans le sillage des mouvements autour d’Allan Kardec, Jean Prieur [6] évoque quelques-uns de ses illustres contemporains,
épris comme Michelet, Lamartine, Renan, Zola, Théophile Gautier, George Sand et Victor Hugo, de progrès politique, spirituel et social. Illusions généreuses que le XX° siècle s’est chargé de démentir et que le XXI° devra convertir en réalité… On pourrait croire que le Spiritisme, et les « Psi », sont des phénomènes liés à une période de notre histoire, mais vous n’avez certainement jamais entendu parler d’un certain Major Dames [7], officier de renseignement militaire membre du programme d’information à distance pour l’unité d’espionnage psychique du gouvernement américain. Son travail consiste à visualiser, comme un médium, une cible en se concentrant. Ainsi, nous sommes en droit de nous demander si tout ceci est bien sérieux et scientifique. Les craintes des génies, et ceux de la plus puissante armée du monde peuvent trouver des fondements dans l’étude du futur en vue de mieux préparer l’avenir. De nos jours des satellites surveillent l’activité solaire afin de nous prévenir en cas d’éruption majeure, nous laissant ainsi un bref délai de réaction, qui d’après les études les plus optimistes, ne donnera aucune amplitude aux diverses unités d’intervention. 23
Les Génies autour des questions complexes du devenir de notre civilisation, de la doctrine spirite à l’énergie, une approche de la fraternité universelle. Plus proche de nous le passage de la seule tempête tropicale Berguitta sur l’île de la Réunion poussa à son annonce, une foule en quête de survie à se ruer dans les supermarchés pour extraire le contenu des étals d’eau minérale devenue principale source de convoitise.
Major Ed Dames photo de l´ouvrage : Tell Me What You See: Remote Viewing Cases from the World's Premier Psychic Spy
Non une éruption solaire majeure comme nous l’annonce le Major Dames, ne tuera pas les humains. Les ondes électromagnétiques iront saturer les lignes électriques aériennes, détruiront les postes de transformation et si rien n’est fait pour passer à des solutions souterraines, un retour à la normale prendra de nombreuses années. Alors bien entendu nous pouvons nous réjouir de l’enfouissement des lignes, de l’utilisation des IGBT . [8] et des alternatives qu’ils offrent pour le transport du courant continu, mais pouvons-nous nous fier à des spirites pour nous dire ce que l’avenir présage ? Il suffit de voir les images du dernier black-out à New York en 1977 pour se faire une idée de ce que notre civilisation deviendrait en cas d’éruption solaire majeure, la fraternité est le premier bastion qui tombe, lorsque poussé par ses instincts de survie, l’homme a recours aux pillages.
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Sur le site internet de Futura science, on peut lire « L’éruption solaire la plus puissante enregistrée depuis 40 ans a été celle dite d’Halloween, de classe X28, elle était survenue le 4 novembre 2003. Fort heureusement, ce jour-là, la bourrasque de vent solaire ne s’est pas dirigée vers notre planète, épargnant aux Terriens, devenus très dépendants de l’électricité, une tempête géomagnétique catastrophique. » Le 10 septembre 2017, alors que nous sommes en dehors de la période des pics d’activité du cycle solaire, une éruption majeure a eu lieu en direction de la planète mars, là encore notre planète a été épargnée. Quid du devoir de l’État ? Est-ce le rôle des Électriciens de servir de lanceur d’alerte ? Les populations les plus pauvres du monde, qui n’ont pas accès à l’électricité ne seront pas impactées, et lorsque par humanisme nous nous tournerons vers eux… en faisant appel à la fraternité, et qu’en guise d’écho, nos consciences entendront sans doute dans ses pays où les missionnaires ont fait de notre Dieu le leur :
Nicolas Tesla photo de Napoléon Sarony. Nicolas Tesla né le 10 juillet 1856 à Smiljan dans l'Empire d'Autriche et mort le 7 janvier 1943 à New York. Inventeur et Ingénieur naturalisé américain (en 1891) d'origine serbe.
« Les premiers seront les derniers et les derniers les premiers ». Que pourrons-nous encore espérer des années où tout nous était offert et permis ? Nous souviendrons-nous que 74 milliards de budgets pour la recherche européenne pour une période de 6 ans, c’est 200 grammes de riz par jour pendant la même période pour les 500 millions d’Africains sous le seuil de pauvreté ? Il nous est facile d’imaginer que nous sommes nés dans la meilleure partie du globe, grâce à notre technologie nous sommes invisibles, demain l’intelligence artificielle gouvernera le monde, nos terres qui profitent d’un climat tempéré nous mettent à l’abri d’une famine. Et si investir dans l’avenir c’était investir dans l’autre ? Et si nous devenions solidaires ? Comment en sommes-nous arrivés là ?
Retour sur l’histoire de nos engagements énergétiques.
Nicolas Tesla 1933
L’Homme qui meurt seul et pauvre dans ce New York le 7 janvier 1943 à 86 ans vit depuis 10 ans dans la chambre 3327 au NewYoker Hotel.
Les investisseurs qui avaient en ce temps-là investi dans les mines de cuivre ne voyaient pas sa philanthropie d’un bon œil. L’électricité serait filaire ou elle ne serait pas. Elle le sera assurément comme un pied de nez à l’histoire de l’humanité, à « courant alternatif ».
Celui-là même qui réchauffe votre café le matin, qui vous permet de De sa fenêtre il peut contempler lire sur un ordinateur, ou qui éclaila ville et les mille feux qui l’illumi- re vos nuits. nent. La journée, il nourrit les pigeons dans Central Park, et De cette guerre des courants que personne ne peut imaginer que la se livrent alors Thomas Edison et CIA viendra à sa mort s’emparer Nicolas Tesla, personne, ni les des documents laissés par le vieil banquiers si sûrs de leurs faits, ni homme, le plus grand génie du les savants les plus expérimentés ne présagent la finalité. siècle dernier. Plus de 700 brevets, instigateur de l’essor de l’industrie au début du siècle dernier, grâce, entre autres, à son moteur à courant alternatif, aux turbines des centrales hydroélectriques, à la télé. commande, la radio, et plus proche de nous, indirectement le wifi… et assurément au déphasage de son courant électrique permettant ainsi son transport à moindre coût sur de grandes distances, cet homme que l’on ne devrait pas avoir à présenter est Nicolas Tesla. Nicolas Tesla disait « Le monde est divisé en deux, ceux qui ont l’électricité et ceux qui ne l’ont pas », et il travaillera longtemps, pour que son rêve se réalise : l’énergie libre et gratuite pour tous.
Ce sont ces lignes qui peuvent être saturées par une tempête magnétique et mettre en danger l’ensemble de notre civilisation moderne en faisant tomber le réseau électrique. De ce simple choix, de cette victoire et de ce combat entre deux brillants ingénieurs pourrait bien dépendre l’avenir de toute notre civilisation. La Maison-Blanche, a pourtant en octobre 2016, passé tranquillement un ordre exécutif, qui n’a pas ému outre mesure et dont le thème ne laisse planer aucun doute : « Efforts de coordination pour préparer la nation pour des événements météorologiques spatiaux » dont vous pouvez ci-contre lire un extrait.
« Les événements météorologiques spatiaux, sous forme de fusées solaires, de particules énergétiques solaires et de perturbations géomagnétiques, se produisent régulièrement, certains avec des effets mesurables sur les systèmes et technologies d’infrastructures critiques, tels que le système de positionnement global (GPS), les opérations satellites et la communication, l’aviation et le réseau électrique. Les événements météorologiques extrêmes de l’espace ceux qui pourraient dégrader considérablement l’infrastructure à un point critique pourraient désactiver de grandes portions du réseau électrique, ce qui entraînerait des pannes en cascade qui affecteraient les services clés tels que l’approvisionnement en eau, les soins de santé et le transport. La météo spatiale a le potentiel d’affecter et de perturber simultanément la santé et la sécurité sur tous les continents. La préparation face aux événements météorologiques spatiaux est une initiative de tous les pays qui exige des partenariats entre les gouvernements… »[9]
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Les Génies autour des questions complexes du devenir de notre civilisation, de la doctrine spirite à l’énergie, une approche de la fraternité universelle. Et pourtant, comme les autres génies, Tesla se tournera un temps vers les mondes inexpliqués, dans son ouvrage [10] il nous dit : « Depuis que certains des plus grands hommes de notre époque — des scientifiques à la pointe dont les noms sont immortels — m’ont dit que j’avais un don exceptionnel, j’ai concentré toute mon énergie mentale sur la recherche de solutions aux grands problèmes, quels que soient les sacrifices que cela devait impliquer. J’ai cherché, pendant des années, à résoudre l’énigme de la mort, et ai été à l’affût du moindre signe spirituel ». Pouvons-nous exclure le progrès et le génie, de l’entité spirituelle qui anime l’humain et le pousse au questionnement, et devons-nous accepter la science du visible, comme réussite palpable et succès, en écartant énergiquement le mysticisme qui les habitent ? Une part de l’homme .rationnel acceptable par tous, et une part de fragilité, inacceptable. Nietzsche écrira à propos de son ouvrage [11] dans Ecce Homo en 1888 : « - Hélas ! Mon Zarathoustra cherche encore cet auditoire (capable de le comprendre), il le cherchera longtemps ! » Ainsi en est-il de cette œuvre majeure, qui préfigure l’homme de demain, lorsque la génétique permettra à tous de choisir, le sexe, le genre, mais surtout l’intelligence, rendant le monde intrinsèquement différent.
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de nos consciences inquiètes, nous ne puissions réaliser qu’un jour, notre monde puisse faire face à une catastrophe naturelle d’une telle ampleur que le salut se trouve alors À Paris fin 2017, lors d’une réunion dans les contrées du Sud ? publique, concernant l’intelligence artificielle, alors que d’éminents Que retiendrait l’histoire de notre spécialistes étaient présents pour civilisation en dehors de notre se pencher sur la question de orgueil, et d’un homme jugé « trop l’éthique… j’écris sur un petit bout arrogant » qui pourtant voulait le bien-être de toute l’humanité, que de papier ma question. nous avons laissé mourir seul et Lorsque l’intervenante regarde ma pauvre, pour n’avoir osé écouter le question, et qu’elle la lit à haute chant des sirènes du capitalisme à voix, j’ai un instant l’espoir de voir outrance ? Est-ce une fable, un lien poindre autre chose que son éton- mystique qui unit les spirites de tout temps et le devenir de l’humanité ? nement. Est-ce science ou conscience ? Et si – Quid de l’évolution de l’intelli- celui que Walt Disney tenta de faire gence artificielle pour les pays du passer pour un savant fou, diabolisud en voie de développement. ? sant l’un des hommes à l’intelligence généreuse, n’était autre que la voix de Elle commence un semblant de la raison que nous refusons d’entendre. Et si nous étions capables de réponse, en se hasardant… fraternité, de ralentir un peu, le « Oui, bien entendu il y a l’UNES- temps d’aider nos compatriotes terriCO… » et s’empêtre dans un hors ens, humains du sud à rattraper leurs sujet qui durera 15 minutes et retards, ou si au fond c’était justice, mettra une partie de la salle mal qu’un jour le couvercle se referme sur notre civilisation ? à l’aise. « L’homme de demain regardera l’homme d’aujourd’hui, comme nous regardons le singe ». En sera-t-il réellement ainsi demain ?
Bien entendu lorsque l’on pense intelligence artificielle personne ne pense Afrique…
« Laisser l’avenir dire la vérité et évaluer chacun selon son travail et ses réalisations. Le présent est le leur ; l’avenir, pour lequel j’ai travaillé vraiment, est le mien.» Nicolas Tesla
puisque depuis Tesla, personne n’a jamais relevé, en dehors de quelques vœux pieux qu’il était temps de faire une mise à jour technolo- Sur la stèle soutenant le buste d’Allan Kardec en bronze sculpté par gique de l’hémisphère Sud. Paul-Gabriel Capellaro, on peut lire : Alors l’intelligence artificielle vous pensez bien ? Nos intelligences « Tout effet a une cause. Tout effet seraient-elles à ce point-là artifici- intelligent a une cause intelligente. elles, que même dans le soubres- La puissance de la cause intelligente est en raison de la grandeur de saut l’effet. »
Carole Vilbois
[1]
John Maynard Keynes fondateur de la macroéconomie keynésienne, l’un des plus influents théoriciens de l’économie du xxe siècle, conseiller de nombreux hommes politiques. Il fut l’un des acteurs principaux des accords de Bretton Woods, après la Seconde Guerre mondiale.
[2]
Nicolas Camille Flammarion est né le 26 février 1842 à Montigny-le-Roi et mort le 3 juin 1925 à Juvisy-sur-Orge, il était un astronome français.
[3] Ernest Flammarion né en 1846 et
décédé en 1936 était un éditeur français, fondateur des éditions Flammarion-Marpon devenues plus tard les éditions Flammarion qui restèrent dans la famille jusqu´en l´an 2000.
[4] Jacques Lantier en conclusion de
son ouvrage « Le Spiritisme ou l’aventure d’une croyance » Parution 1971 aux éditions Grasset .
[5]
Allan Kardec, de son vrai nom Hippolyte Léon Denizard Rivail, né le 3 octobre 1804 à Lyon et mort le 31 mars 1869 à Paris, était un pédagogue français, fondateur de la philosophie spirite ou spiritisme. Il est généralement surnommé le « codificateur du spiritisme ». Son œuvre influence aujourd'hui la culture et la vie publique brésilienne.
[6] Jean Prieur « Allan Kardec et son époque » aux éditions du Rocher
[7] Major Ed Dames professeur d’observation à distance du monde, de l’armée des États-Unis (à la retraite), officier de renseignement militaire trois fois décorés et un membre du programme d’information à distance ayant été officier de formation et d’opérations pour l’unité d’espionnage psychique du projet classé TOP SECRET du gouvernement américain.
[8] Le courant continu haute tension est une technologie d'électronique de puissance utilisée pour le transport de l'électricité en courant continu haute tension. Son utilisation est minoritaire par rapport au transport électrique à courant alternatif (AC) traditionnel de nos réseaux électriques. Son principal intérêt est de permettre le transport d'électricité sur de longues distances ; le courant continu cause moins de pertes dans ce cas. Par ailleurs, c'est l'unique possibilité pour transporter de l'électricité dans des câbles enterrés ou sous-marins sur des distances supérieures à environ 100 km, utilisant des IGBT développés dans les années 1990 et appelées « Voltage source converters », « convertisseurs source de tension », réglables, plus compactes, ne nécessitant pas un réseau « fort », et particulièrement adaptées au transport d'électricité provenant des éoliennes offshore ou au transport d'électricité par câble.
[9] Ex. Ord. No. 13744 Space weather
events, in the form of solar flares, solar energetic particles, and geomagnetic disturbances, occur regularly, some with measurable effects on critical infrastructure systems and technologies, such as the Global Positioning System (GPS), satellite operations and communication, aviation, and the electrical power grid. Extreme space weather events — those that could significantly degrade critical infrastructure — could disable large portions of the electrical power grid, resulting in cascading failures that would affect key services such as water supply, healthcare, and transportation. Space weather has the potential to simultaneously affect and disrupt health and safety across entire continents. Successfully preparing for space weather events is an all-of-nation endeavor that requires partnerships across governments, emergency managers, academia, the media, the insurance industry, non-profits, and the private sector.
[10]
MES INVENTIONS -Nicolas Tesla -Chapitre 5 traitant de la Science des « Téléautomates » (Robotique)
[11]
Ainsi parlait Zarathoustra, sous-titré « Un livre pour tous et pour personne » en allemand : Also sprach Zarathustra. Ein Buch für Alle und Keinen, poème philosophique de Friedrich Nietzsche, publié entre 1883 et 1885.
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ART NUMERIQUE // ART MONDIALISABLE.
Koceila Chougar Conseiller Politique
L’homme a toujours évolué entre deux dimensions, celle du sensible liée au réel et celle de l’éthéré imaginaire. L’organe régissant les interactions entre réel et imaginaire est le cerveau. La pensée, le psychisme, la logique et les émotions s’entremêlent pour donner corps à notre identité. Le cerveau, en connexion profonde avec le monde qui nous entoure, l’analyse, le décortique pour .interagir, survivre, régir et exister au travers de nos cinq sens. Depuis plus de 30000 ans, l’homme a appris à projeter son imaginaire sur un support. Il se dissocie de lui-même, de son simple imaginaire pour créer amplifiant ainsi son sentiment de gratitude face à l’existence. En plus de lui sembler nécessaire, l’acte créatif devient plaisant et utile. Avec l’évolution liée à l’imaginaire, l’homme a très vite développé une pratique nommée l’art, une représentation tacite et sensorielle de ce qu’il est, de ce qui l’entoure et de ce qu’il imagine. 28
Le but de la création artistique devient une forme de mémoire collective et intime. Elle se partage et honore celui qui la crée. La création fige l’instant, les souvenirs, les faits et les émotions. L’homme commence en prenant de plus en plus conscience de sa propre existence, affine et enrichit son rapport aux autres. Il partage et confronte ses représentations. De fil en aiguille, notre logique s’est peu à peu développée pour donner lieu à des réflexions logiques qui s’enchaînent, construisent, s’organisent pour bâtir en se projetant. Cette capacité fait profondément partie de notre héritage génétique et social. Peu d’être-vivants sur Terre ont une capacité à imaginer et à prédire l’avenir. Notre évolution, qu’elle soit personnelle ou collective nous a contraints à développer des capacités de réflexion pour mener à bien nos vies, dans un souci constant d’amélioration.
Nos comportements sociaux se régulent par différentes notions liées au temps, aux distances, aux mœurs, aux lois et à bien d’autres disciplines. À l’aube du 21e siècle, une nouvelle technologie fait son apparition. L’arrivée des technologies dites digitales et informatiques a su remettre en cause plusieurs de ces codes, amplifiant la mondialisation par une hyper connectivité mondiale. Le code ou langage informatique a fait son apparition. De nouveaux comportements sociaux émergent. Les ordinateurs deviennent des plateformes utilisables par tous. La Silicon Valley devient la capitale mondiale de cette nouvelle société dite Geek ! Avec l’avènement du numérique, les distances se sont raccourcies et allongées. Les temps se sont compressés et décuplés. Et les identités se sont numérisées...
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La notion même de justice a pu être remodelée selon de nouvelles règles et son compagnon paradoxe, règne en maître !
La musique, la peinture, la mode ou encore la sculpture révèlent l’invisible aux profanes. Ils entrevoient ce qui leur échappe.
La culture d’une organisation a toujours été révélée de façon judicieuse grâce aux arts qui la fréquentent. L’accès aux réseaux sociaux s’est vulgarisé. Tout le monde peut-être à présent n’importe qui. Le monde s’est virtuellement ouvert à tous.
Ces tendances forment un panorama difforme d’une culture sociale souvent inassumée et choquante. Les secteurs de la digitalisation, du numérique ou la robotisation n’échappent pas aux règles habituelles liées au neuf.
Avec les différentes formes d’art, les tendances se précisent. Mises côte à côte, ces disciplines permettent ainsi de délimiter ces tendances, tout comme le font les différentes faces d’un cube ! La musique, la peinture, la mode ou encore la sculpture révèlent l’invisible aux profanes. Ils entrevoient ce qui leur échappe.
Le digital, nouveau média incontestablement partagé, bat sans mesure l’affront des résistants. L’objet artistique subit une transformation, consomme de l’énergie et mobilise des ressources en copiant le cycle vital de la biologie. Le média ordinateur, véritable support d’expansion des arts numériques devient une grande galerie d’art planétaire et ouverte à tous !
Le digital rend l’art et l’imaginaire accessible à tous. 29
HORIZON 2020 Pourquoi l´ímpact compte-t-il ? ET CE QUE L'UNION EUROPEENNE ATTEND DE VOTRE PROPOSITION Un nouveau programme de travail (WP) a été lancé pour la période 2018-2020. Un financement de 30 milliards d’euros est disponible pour des projets capables de démontrer un impact réel au niveau mondial. Après mon expérience en tant qu’évaluateur de propositions, je partage ici des idées sur Horizon 2020 (H2020) et quelques conseils pour rendre votre proposition plus réussie et attrayante. Le nouveau WP 2018-2020 : plus de budget et plus d’attentes des projets Le nouveau WP couvrant la période 2018-2020 a été publié en octobre 2017. Un examen attentif de ce WP montre clairement la direction prise par la Commission européenne (UE) concernant ses priorités politiques :
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Construire une économie décarbonée et durable : 3,3 milliards € Transition vers des énergies plus propres et plus d’efficacité énergétique : 2,2 milliards € Les TIC en tant que catalyseur pour le développement de l’industrie et des services : 1,7 milliard d’euros Construire une économie plus circulaire : 1B € Sécuriser l’Union : 1B € Réglementation de la migration : 200 M€
Ces priorités politiques encouragent les projets visant à résoudre les problèmes qui y sont liés à travers des solutions innovantes, quelle que soit leur source d’innovation (sociale, économique, technologique, etc.). Le soutien de l’UE se traduit par des subventions couvrant de 70 % à 100 % des coûts de mise en œuvre du projet (selon les règles spécifiques à chaque appel à projets). Bien évidemment, cette masse d’argent attire de nombreuses entreprises et institutions de recherche à travers l’Europe pour financer leurs propres projets et activités d’innovation et de R&D. Ce contexte fait de la sélection un processus hautement compétitif, car le financement disponible n’est pas suffisant pour toutes les propositions de projets. C’est une guerre darwinienne où les meilleurs prennent tout l’argent. Gardez à l’esprit que le taux de réussite moyen est d’environ 11 % et il est bien plus bas pour 30 certains appels à projets.
Carlos Perez Vice-Président
Conseiller financement de l´innovation Prendre le temps de comprendre comment fonctionne H2020 est définitivement la clé pour augmenter vos chances de succès. En quelques mots, H2020 est structuré autour des priorités politiques définies par les États membres qui se traduisent par des domaines prioritaires (« focus areas »). Ces domaines prioritaires sont subdivisés en sujets (« topics ») tels que les technologies émergentes futures (FET) et le leadership en technologies clés pour l’industrie (LEIT). À l’intérieur de ces sujets se trouvent les appels à projets (« calls ») dans lesquels vous pouvez soumettre vos propositions de projets en respectant la description des appels à projets du WP, les règles pour la soumission de propositions fixées par l’UE et les dates limites. Les appels sont entièrement décrits dans le WP,
les règles pour la soumission de propositions fixées par l'UE et les dates limites. Les appels sont entièrement décrits dans le WP avec leur portée, l'impact attendu est parfois mentionné, mais pas toujours écrit, la taille attendue des projets en termes de durée et de budget. En tant que candidat, la première étape consiste à sélectionner un appel correspondant au sujet de votre proposition. Plus votre proposition correspond au sujet de l’appel à projets, plus vous avez des chances d'obtenir la subvention ... mais ce n'est que le début de votre parcours. Comme vous pouvez l'imaginer, il est essentiel de ne pas envoyer une proposition qui ne correspond pas au sujet de l’appel à projets, dans le cas contraire votre proposition sera hors compétition dès le début. Lors de la lecture de la description de l'appel, veillez à identifier le type d'action associé à l'appel. Les suivants sont les plus fréquents (ici mentionnés en anglais pour éviter des confusions) : • • • •
« Research actions » (RA) « Innovation Actions » (IA) « Research & Innovation Actions » (RIA) « Cooperation and Support Actions» (CSA)
Chaque action nécessite un niveau minimum de maturité technologique appelé TRL («Technology Readiness Level»). Plus la proposition est proche du marché, plus les TRL d'entrée et de sortie sont élevées. Ceci est un deuxième filtre à passer dans la phase d'évaluation pour continuer dans la course. La figure suivante montre une vue simplifiée de la structure H2020 et où se situe votre proposition. ( Schéma page 32) .
Comprendre l'impact en Horizon 2020 L’impact est un point vraiment critique qui fait de votre proposition une bonne ou une mauvaise proposition. En effet, le nouveau WP recherche des propositions qui peuvent avoir un impact élevé et tout en proposant des solutions innovantes pour relever les défis identifiés. Tout d'abord, il est important de prendre quelques minutes pour comprendre ce que l’impact signifie du point de vue de l’UE. Comme indiqué dans l'introduction générale du WP 2018-2020, l'impact est créé lorsque les livrables d’un projet (idées, concepts, technologies, processus ou solutions) peuvent créer des entreprises, développer des parts de marché et générer des emplois à court, moyen et long termes. Pour les chercheurs, ces objectifs peuvent sembler contradictoires à leurs intérêts et missions de recherche principalement axés sur la création de nouvelles connaissances, la publication d'articles, des présentations lors de conférences scientifiques ou la création de droits de propriété intellectuelle et laissez-moi vous le dire, cela l'est vraiment.
Lors de mes interventions en tant qu'évaluateur de propositions aux appels à projets, j'ai été vraiment triste de voir combien de temps, d'efforts et certainement d'argent ont été gaspillés pour élaborer d'excellentes propositions qui n'aboutissent à rien en terme d'impact. Une astuce, plus le TRL requis à l’entrée est élevé, plus il faut travailler sur l’impact. Vous devez vous concentrer sur le côté business de votre proposition : Expliquez clairement comment votre proposition a le potentiel de créer de nouvelles opportunités économiques, des emplois et comment vous pouvez fournir des réponses solides qui justifient vos arguments. En d'autres mots, ce que les évaluateurs recherchent en terme d'impact est un plan d'affaires à la fois léger, robuste, simple et clair (évitez donc le jargon technique) : Quel problème allez-vous résoudre ? Quelle opportunité allez-vous saisir ? Quel produit / service livrerez-vous ? Quel sera votre principal argument commercial ? Quelle est la taille du marché potentiel aujourd'hui et dans les prochaines années ? Qui seront vos utilisateurs / clients ? Quel est votre plan de commercialisation ? À quoi ressembleront vos chiffres ? Et, vous devez-être en mesure de fournir toutes ces informations en quelques pages ... et oui, je sais que cela pourrait être un défi, mais il est possible de le relever si vous vous concentrez sur le côté business (droit au but !). Ne perdez pas de vue que votre proposition sera lue par des évaluateurs surchargés et le pire qui puisse leur arriver est de perdre leur intérêt après avoir lu les cinq premières pages qui ne parviennent pas à montrer efficacement ce que vous voulez résoudre et comment le faire ! Lors de l’évaluation, l'impact est surpondéré par rapport aux deux autres critères (excellence et mise en œuvre). Vous devez obtenir au moins trois points en impact pour rester dans la course même si vous avez des scores élevés dans les deux autres critères. Alors, réfléchissez deux fois sur vos plans de commercialisation, de diffusion et d'exploitation lorsque vous rédigez votre proposition ! La figure suivante montre comment l'impact bat l'excellence et la mise en œuvre. ( Tableau page 32) D'autre part, les activités de diffusion devraient soutenir vos plans de commercialisation bien au-delà de la publication d'articles ou des présentations lors de conférences. Votre plan de diffusion peut tirer parti de la section impact et gagner des points supplémentaires pour obtenir la subvention. À ce stade, les candidats doivent porter leur casquette de «Business man» et avoir une vision claire à long terme pour votre projet bien au-delà de la fin de celui-ci. 31
Conseils pour mieux réussir à rédiger des propositions Selon mon expérience en tant qu’évaluateur, je voudrais partager avec vous quelques conseils et astuces pour vous aider à augmenter l’impact dans vos propositions : Evitez le hors-sujet : sélectionnez soigneusement l’appel où vous souhaitez soumettre votre proposition et assurez-vous de bien comprendre la description de l’appel.
HORIZON 2020 Pourquoi l´ímpact compte-t-il ? ET CE QUE L'UNION EUROPEENNE ATTEND DE VOTRE PROPOSITION
Soyez dans la course dès le début : vérifiez les TRLs d’entrée et de sortie attendues. Mettre l’accent sur l’impact : assurez-vous d’avoir un plan de commercialisation solide et fondé sur des données fiables et réalistes. Renforcez l’impact : alignez vos activités de diffusion sur vos activités de commercialisation en laissant de la place à d’autres activités de diffusion. Soyez crédible : incluez dans votre consortium des partenaires capables de prendre en main les activités de commercialisation. Un chercheur qui fait des plans d’affaires n’est pas très convaincant. Rédigez des propositions simples et faciles à comprendre en limitant au maximum le jargon technique, Impact = plan d’affaires .
Conclusion H2020 constitue une excellente opportunité pour financer vos projets d’innovation, mais assurez-vous de ne pas perdre votre temps et votre énergie à rédiger des propositions qui ne correspondent pas aux attentes de l’UE. L’UE souhaite améliorer le taux de réussite des propositions tout en obtenant le meilleur impact grâce à des mécanismes tels que la soumission de propositions en deux étapes. Gardez surtout à l’esprit que H2020 est très compétitif et vous devez trouver un moyen de briller parmi la foule en soumettant des propositions exceptionnelles qui créent un impact réel et mesurable. Alors, faites vos devoirs, définissez une vision et une ambition pour votre proposition et planifiez en conséquence....
Bonne chance ! 32
Source: EU commission
www.carlosperez.biz
Notre-Dame-des-Landes pour des propositions concrètes Après avoir travaillé le sujet
et avoir fréquenté cet aéroport régional pendant de très nombreuses années et étudié le projet démesuré, obsolète et inutile de l’« Ayraultport-NDDL » initié pour le Concorde, je livre mes propres suggestions : – Construire une nouvelle piste transversale évitant ainsi le survol du centre-ville, – puis réparation de la piste actuelle sans fermeture et sans prolongation vers la zone humide. – Évacuer la ZAD. – Rendre les terres gelées aux agriculteurs locaux et aux projets éco-environnementaux. – Négociation avec Vinci pour annuler les clauses de sortie de NDDL en contrepartie de la rénovation de Nantes-Atlantique. – Prolonger la desserte de N-A depuis le centre-ville – Raccorder Nantes à CDG en TGV à horaires fiables et adaptés pour les vols intercontinentaux. .
– Obliger les élus locaux de renoncer à leur spéculation foncière et à défausser leurs nuisances sur les territoires de NDDL en assumant leurs responsabilités.... et à déclarer leurs relations intimes avec Vinci.
Renaud de Langlade Ingénieur civil des télécoms et chef d’entreprises innovantes « Multirécidiviste » 33
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1000 Ans Supplément Terre C’est élément Terre Maîtriser l’eau le feu et l’air Pour avoir mille ans Supplément Terre Être les Tribus-Terre De cette pollution sans frontières Les mêmes envies coulent dans nos arts Terre Va au Sud au Nord Et vois les hommes vêtus d’espoir Porter l’avenir dans leurs regards C’est élément Terre Sortir des cendres une nouvelle ère Si on veut une chance supplément Terre Question monnaie Terre L’or devient bleu noir ou bien vert Combien coûte une fin salut Terre Pars à l’Est à l’Ouest Et vois les hommes vêtus d’espoir Porter l’avenir dans leurs regards C’est élément Terre .
Plus d’oxygène dans l’atmosphère Pour avoir mille ans supplément Terre Crise aliment Terre Il pousse du blé des fleurs de pierre Les mêmes rêves s’écoulent dans nos arts Terre
Chanane Vice-Président
Conseiller Écologie www.chanane.com 35
Transport et mobillité En Suisse Que penser du transport et de la mobilité en France ? On peut toujours dire que c’est mieux ailleurs ou que la France est le plus beau pays du monde où tout est merveilleux. Sauf que la réalité est plus complexe qu’il n’y paraît. En effet, il suffit d’aller voir ailleurs pour voir ce qui marche chez nous et ce qui peut être amélioré. Et en matière d’intermodalité, la Confédération helvétique a de l’avance sur nous. C’est peut-être un peu plus complexe de prime abord, mais les possibilités offertes sont bien là qui permettent une intermodalité au top ! Il n’y a pas de vente de titres de transport dans les bus et les trolleybus (à Genève notamment) ce qui évite les risques de braquage des conductrices et des conducteurs et leur permet de se concentrer à chaque instant sur la conduite (« Votre sécurité, notre priorité » est d’ailleurs l’un des leitmotive des TPG qui le répètent à longueur d’affiches dans les bus, trolleybus et tramways). Il est d’ailleurs demandé de limiter les nuisances sonores à proximité des postes de conduite pour le motif évoqué ci-dessus. À Genève, on achète systématiquement son ou ses titres de transport en agence commerciale ou dans les distributeurs automatiques installés à CHAQUE station de tramway, bus ET trolleybus ! Si si, à chaque station il y en a ! En France, ils seraient certainement vandalisés dans certains quartiers quasi immédiatement. Tel n’est pas le cas en Suisse où on valide le titre de transport qui se valide (les abonnements ne se valident pas) AVANT la montée dans le véhicule à l’automate à la station.
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Difficile du coup d’effectuer des relevés précis de fréquentation quand en France la validation systématique permet de savoir exactement qui utilise les transports en commun (voire à travers le qui le type d’usager via son titre de transport [abonnement avec voyages illimités, titre avec nombre de voyages limités, titre illimité à la journée ou pour le week-end], quand ils sont employés, mais pas bien sûr l’identité de la personne). Mais ce système a un avantage, et pas des moindres, c’est que l’on peut avoir des titres de transports purement urbains, mais aussi des titres de transport nationaux valident également sur la plupart des réseaux de transport urbains en plus des trains par exemple, même si ces titres de transport n’ont pas le même format. Ainsi, on peut souscrire un abonnement annuel pour se déplacer partout en Suisse (si l’on est résident de Suisse et/ou du Liechtenstein) par exemple pour utiliser les transports en commun de la plupart des villes de Suisse. Mais si l’on n’est pas résident de Suisse et/ou du Liechtenstein, rien n’est perdu. Les touristes ne sont pas oubliés puisqu’il existe aussi un autre titre similaire alternatif qui permet ceci. Naturellement, le prix est autrement plus élevé, mais le jeu en vaut vraiment la chandelle. En effet, la circulation et le stationnement dans les grandes villes de Suisse sont assez difficiles (surtout le stationnement), ceci dans le but de limiter la présence de la voiture en ville et de favoriser le report modal sur les transports urbains. Et les réseaux de transports urbains ainsi que les trains sont adaptés à cette volonté ! Il y a un départ toutes les 30 minutes en journée vers TOUTES les grandes villes de Suisse depuis chacune d’elles ! Il existe effectivement des possibilités de partir toutes les 30 minutes de Zürich vers Bâle (Basel en Allemand) et inversement, ou bien également de Genève vers Lausanne, Bern et Zürich ainsi que Bâle, et inversement, etc. Pour les réseaux urbains, l’offre diverse est adaptée aux besoins : jusqu’à un passage toutes les 15 minutes en soirées pour la plupart des lignes principales (tramway, bus et trolleybus), un passage toutes les 10 minutes maximums en journée les dimanches et jours de fête sur nombre de lignes, 4 lignes
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de tramway (il y en avait 7 avant une réorganisation de l’offre tramway pour la simplifier sans supprimer de desserte pour autant [à une station près, située en branche, sauf erreur]) et 6 lignes de trolleybus sur Genève (et à chaque fois, les bus ou les trolleybus sont des articulés voire même biarticulés comme la ligne de trolley 10 qui va à l’aéroport depuis le centre de Genève ! Et ils peuvent être bondés un dimanche soir à 20 h 30 !!! Seuls les bus de certaines lignes périurbaines sont non articulés, des standards comme on dit dans le jargon.). À Zürich, l’offre de transports est encore plus étoffée, puisqu’on ne dénombre pas moins de 15 lignes de tramway, 8 lignes de trolleybus, dont 2 avec des véhicules biarticulés, et nombre de lignes de bus [à chaque fois ou presque exploitées par des véhicules articulés] !!! On peut prendre toutes ces lignes urbaines et périurbaines, les lignes de train nationales quelles qu’elles soient sauf exception éventuelle, les lignes de train de banlieue ou régionales (les Stadtbahnen ou S-Bahn en allemand), avec… un seul titre de transport ! En matière d’intermodalité, à ce jour la France a encore du progrès à faire ! Certes, on peut lire ici ou là que les tarifs des transports en Suisse sont prohibitifs et hors de prix. Mais il faut comparer ce qui est comparable. Car la SNCF a TOUT à envier aux SBB-CFF-FFS (Schweizerische Bundesbahnen - Chemins de fer fédéraux - Ferrovie Federali Svizzere). Les trains sont nettement plus à l’heure et si problème il y a, l’information est transmise en temps réel autant que faire se peut et surtout… les correspondances sont assurées, notamment pour les derniers départs ! Les contrôleurs se déplacent dans le train et se renseignent auprès de TOUS les voyageurs pour savoir s’ils ont ou pas une correspondance après l’arrivée en gare terminus du train dans lequel ils se trouvent et font le nécessaire pour que les voyageurs puissent attraper le train suivant, en arrivant même à indiquer la voie de départ pour… CHACUN des trains qui attendent l’arrivée du retardataire pour partir ! Concernant les réseaux urbains, périurbains ou régionaux, quand on voit la qualité de l’offre, on comprend alors mieux que les tarifs soient plus élevés qu’en France, ceci d’autant plus que chez nous excepté Lyon avec son célèbre réseau TCL, on ne paye qu’une infime partie du coût réel dans le prix du titre de transport.
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À titre d’exemple, à Orléans, la part payée par l’utilisateur correspond à 20 à 25 % du coût réel, quand à Lyon on est proche des 60 % (c’est LE réseau qui fait figure de bon élève et de premier de la classe). En Suisse, concernant Zürich, la responsable de l’autorité organisatrice des transports de Zürich a déclaré très sereinement lors d’un colloque récent qu’elle préférait augmenter les tarifs des transports en commun plutôt que de voir la part payée par la collectivité augmenter inexorablement, ceci afin de montrer aux gens que les transports ont un coût (non négligeable faut-il le rappeler) et que ces augmentations permettent de financer les agrandissements et développements de l’offre de transport (une 16e ligne de tramway est en cours de construction et d’aménagement dans la capitale économique de la Confédération helvétique). On le voit bien ici, les Suisses ont bien des choses à nous apprendre en matière de transport et de mobilité. Et nos dirigeants actuels seraient bien inspirés de s’en inspirer justement. Car c’est également ainsi que l’on pourra faire reculer la part de la voiture en ville sans passer par des mesures totalement idiotes et contre-productives comme à Paris.
Thomas Raymondaud Vice-Président
Conseiller Transport 37
Esprit sportif La fraternité Deux mots mis ensemble pour ne former qu’un esprit, une unité indispensable dans une équipe. Dans tout sport collectif, nous avons une cohésion, la passion, l’envie de jouer, un esprit collectif, une amitié entre les joueurs. Dans le sport il y a un esprit d’appartenance à une famille, des liens qui se créent, tous unis autour de la même passion, celle du sport ; même dans les sports dits individuels nous retrouvons cette fraternité, car on y trouve aussi des équipes.
Le sport va chercher la peur pour la dominer, la fatigue pour en triompher, la difficulté pour la vaincre. Pierre De Coubertin
Pour qu’une équipe sportive puisse aller le plus loin possible ou bien individuellement, il faut être fraternel, soudé, solidaire les uns et des autres. Seul sans un entourage de cohésion sportive et de fraternité on ne va pas très loin. Nous pouvons observer et constater que dans le sport les différences n’existent plus.
L’homme se dépasse au profit du collectif. Il ne reste que la magie du sport et son essence. .
Le sport engendre un puissant liant, qui au-delà des clivages, pousse dans l’effort et le désir du dépassement de soi, l’individu à se joindre à l’autre, à allier le geste à l’esprit. La fraternité, nous avons le devoir de la faire découvrir aux jeunes et moins jeunes, au-delà des individualismes. Qu’en pensez-vous ?
Vice-Président
Conseiller Défense et Jeunesse 38
Guillaume Gallet
Qui est en situation de handicap ? Question de société
Les synonymes médicaux ne manquent pas au mot handicap: Infirme. Invalide. Débile. Idiot. Taciturne. Déséquilibré. Colérique. Brutal. Instable. Altération de la réalité, du discernement. Pathologie. Violent. Troubles du comportement. Confus. Des troubles de l’apprentissage. Handicap moteur ou mental.
Isabelle Resplendino Conseillére à la question du handicap
Le handicap doit-il être un sujet dans une société dite évoluée ? Cette question liminaire est sans doute l’occasion de rappeler dans un souci de clarification que le handicap est avant tout une construction plutôt contemporaine d’ordre socioculturel d’origine essentiellement occidentale. Le souci de normaliser à l’ère d’un capitalisme dysfonctionnel, ou le besoin de médicaliser, propre à l’Occident est loin d’être universel [1]. Si la diversité est une donnée de fait, elle n’est pas, si tant et toujours, la bienvenue. En France, à force de classer, de ranger, de normaliser, on masque souvent une difficulté majeure à accepter la diversité, l’altérité, le corps autre, étrange, étranger. À l’origine, si on s’attache à la sémantique le « handicap » était associé . à ceux dont les performances surpassaient celles des autres. Le terme lui-même de l’anglais « hand in cap » signifiait littéralement, « la main dans le chapeau ». Il était employé dans le domaine du jeu dés le XVIe siècle, notamment des courses de chevaux, et consister à handicaper un concurrent plus fort que les autres, en le chargeant au départ d’un poids supplémentaire, ou en l’obligeant à parcourir une distance plus longue, pour égaliser les chances de tous les partants. On ne sait pas vraiment quand ni comment ce terme de handicap est passé de la limitation des aptitudes des meilleurs chevaux à celles des capacités humaines amoindries, mais aujourd’hui il est utilisé très largement et dans tous les domaines, pour indiquer un désavantage qu’il soit économique, social, physique etc.
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À partir du moment où dans une famille on accueille un enfant handicapé, ou alors qu’une personne devient handicapée, le sentiment dominant consiste à se sentir démuni face aux démarches à accomplir pour prétendre ce à quoi on est censé avoir droit. Faut-il toujours que l’on soit obligé de pleurer pour obtenir quelque chose ou prendre le risque chaque fois de se faire jeter, surtout par l’administration ? Peut-être qu’il y a un peu plus de sourires aujourd’hui, mais il sonne souvent faux. C’est déjà ça, faudrait-il se dire ? L’enfant ou l’adulte handicapé a normalement des droits comme n’importe quel citoyen, mais la réalité qui domine à partir du moment où on est différent, c’est qu’il faut se battre pour faire entendre ses droits. Comme s’il fallait en faire davantage pour être un citoyen, et ce malgré la loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. Si nous changions de lunettes sur le handicap, sans que personne ne se sente pointer du doigt devant cet inconnu ?
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Il faudrait alors peut-être commencer par le début, et agir sur le premier lieu de socialisation extra familiale que constitue l’école. Si la loi du 11 février 2005 a permis de nettes avancées en matière de scolarisation d’enfants porteurs de handicaps, l’inclusion réussie fait malheureusement trop souvent figure d’exception, alors que les méthodes pédagogiques à l’origine du succès ne sont pas suffisamment prises en exemple [2]. Intoduction
Antoine Fontaine
C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles, il conviendrait de créer des incitants afin que les futurs enseignants puissent se former à l’orthopédagogie [3] tant en formation initiale qu’en formation continue.
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Ainsi des modules, par exemple sur les troubles de l’apprentissage (les dys), les méthodologies et outils spécifiques pour y répondre seraient les bienvenus dans le cursus de développement de compétences des enseignants. Dans le même ordre d’idée et suivant les recommandations de la Haute autorité de santé (HAS) et de l’agence nationale de l'évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux en matière d'autisme (ANSEM) , des formations pourraient être proposées aux élèves enseignants. Les modules de formation que pourraient suggérer les écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE) ou encore l'école supérieure de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche (ESENESR) ne manquent pourtant pas : Gestion et prévention des comportements-problèmes ; Gestion et prévention du harcèlement lié à la différence ; Les moyens de communication alternatifs et augmentatifs ; etc. Ainsi, assez rapidement, chaque école pourra disposer d’au moins un référent sur ces thèmes, ou du moins dans un maillage territorial satisfaisant. En outre, il conviendrait de revoir le Code de l’éducation en créant au sein même de l’éducation nationale de nouveaux métiers : Kinésithérapeutes - Orthophonistes - Puériculteurs - Aide- puériculteurs - Éducateurs spécialisés Éducateurs de jeunes enfants - Aide-éducateurs. En attendant de passer d’un système médico-social et sanitaire à un modèle éducatif pour les enfants porteurs de handicap, la transition s’opèrera par une transformation de l’existant, comme cela est déjà le cas mais en amplifiant la tendance pour les Instituts médico-éducatifs (IME) devenant des Services d'éducation spéciale et de soins à domicile (SESSAD) , ou encore les unités d’enseignement interne dans les IME devenant des unités d’enseignement externe dans les écoles.
Qui est en situation de handicap ? Question de société
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[1] Charles Gardou (dir.), le handicap au risque des cultures. Variations anthropologiques, Erès, coll. « Connaissances de la diversité »
[ 2] http :/ /www. l e te l e gram me. fr/ breta g ne/ h a ndi c a p - une- e c o l e - c o n ductivea-la-rentree-27-06-2014- 10231348.php [3] L’orthopédagogie est l’ensemble des méthodes et procédés d’enseignement qui visent à permettre aux enfants, aux adolescents et aux adultes aux prises avec des difficultés ou des troubles d’apprentissage, de pallier ces entraves et de développer au mieux leurs potentialités. [4] http://eduscol.education.fr/cid72849/-plus-de-maitres-que-declasses.html [5] Un reportage sur ces classes : https://www.youtube.com/watch?v=r_zWIIO3at0
Il s’agit de créer une pédagogie adaptée aux élèves avec des programmes répondant au maximum aux besoins des élèves. La différenciation devra se faire afin d’éviter qu’un élève se retrouve soit dans une classe ordinaire avec un programme inaccessible pour lui, soit dans une classe spécialisée avec un niveau d’études inférieur à ses capacités réelles. Il ne s’agit pas de « placer » un enfant dans une classe ordinaire pour être « socialement correct ». Tous les enfants ont soif d’apprendre. Mais il existe aussi des limites à l’inclusion dans une classe ordinaire, par exemple : des élèves souffrant d’hypersensibilité sensorielle auxquels l’effectif d’une classe ordinaire serait trop pénible à supporter ou des élèves dont la propre estime serait mise à mal en constatant qu’ils n’ont pas le même programme que leurs camarades. Les formes de scolarisation sont donc à déterminer au cas par cas, en ayant toutefois le but, au maximum, d’inclure les élèves dans une classe ordinaire. Il faut insister sur ce qui est l’idéal de l’inclusion scolaire : un groupe d’élèves ayant des besoins spécifiques dans une classe ordinaire, avec un enseignant spécialisé et un enseignant ordinaire. Ces modalités sont légalement rendues possibles en France par le dispositif « Plus de maîtres que de classes ». [4] Ces classes ont été installées dans divers pays par le scientifique québécois Philippe Tremblay. Lors de leur expérimentation, elles étaient destinées aux élèves avec troubles d’apprentissage. Par la suite, elles se sont étendues aux élèves avec tous types de besoins spécifiques. La diversité de la population peut se retrouver au sein d’une même classe, mais on peut aussi y définir les nécessités d’adaptation. [5] Sans doute le jeune enfant porteur de handicap a-t-il besoin d’une attention plus grande, mais lorsqu’il deviendra adulte, son problème restera le même si notre regard ne change pas sur lui. C’est bien la société qui fait de lui une personne handicapée, un être différent.
Isabelle Resplendino 41
Lettre à Emmanuelle Ou le racisme figuratif
Vous trouverez sans doute étrange qu’un inconnu vous écrive une lettre qui ne vous parviendra peut-être jamais. Je vous adresse ces mots parce que les vôtres sur un célèbre réseau social un 3 janvier de cette année ont couvert d’un linceul, une fois encore, une fois de plus, le passé si présent dans cette île coloniale ou d’outre-mer français : La Réunion. Au bout d’un moment, on se surprend à ne plus s’étonner, à ne plus dénombrer ces faits, ces actes ou ces mots, tels que les vôtres, à propos d’un article de presse posant la divergence d’opinions sur le caractère raciste de l’affiche d’un festival réunionnais : « Soutien total à (…), Réalisatrice. Y’en a marre de la dictature des soit disant “ bien pensants ” ! Puis, je vous relis Emmanuelle. J’analyse vos mots. Alors, je me dis : comment rester indifférent face à l’invitation, de la part d’une personne comme vous relais d’opinion, à couper court à tout débat sur un sujet autour du racisme tout en l’appuyant par une inversion du rôle et du poids des protagonistes ? Mais, avant d’aller plus loin dans la réponse, il faut que je vous dise encore Emmanuelle, je suis ce que le langage courant appelle un créole blanc. Enfin, blanc, autant que le mélange génétique d’ethnies différentes le permette et sans doute beaucoup moins que ce que la colorimétrie autorise. Ces mots . de “créole blanc” ont sûrement un sens dans une société réunionnaise qui proclame l’insignifiance de la race, alors que celle-ci structure profondément l’île. Je dois aussi vous le concéder dès maintenant, en voyant la première fois cette affiche le lendemain de sa présentation, son dit “ esthétisme ” comme la qualifie son auteur, associé aux mots “ Même pas peur ” m’ont tout de suite fait penser ) cette triste pratique du blackface [1] qui longtemps a permis à l’imaginaire blanc de moquer les personnes noires tout en les associant à des pratiques maléfiques. Pour ma part, et je sais que nous ne sommes pas d’accord, je considère cette affiche comme ayant une connotation raciste, certes inconsciente, mais puissante.
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Le propos n’est pas ici de poursuivre cette polémique. Il ne s’agit pas plus de vous pointer du doigt, Emmanuelle ou d’ailleurs tous ceux qui ont cru bon la soutenir sous couvert de la liberté artistique ou du racisme impossible de la conceptrice et de l’évènement. Mon propos est plutôt de discuter, à l’inverse de vous, de la question raciale sous le prisme du soutien médiatique et social dominant, pour ne pas dire écrasant, qu’a reçu la réalisatrice dont le votre, total, chère Emmanuelle. En France et à La Réunion particulièrement, le racisme a beau structurer en profondeur le champ social, son déni, qui est l’une des conditions de sa reproduction, le suit comme son ombre. Tout débat sur le caractère systémique du racisme, sur la responsabilité des institutions dans sa diffusion, sur la domination blanche et sur la manière dont nous sommes tous socialisés dans un environnement raciste est impossible. Et votre propos, chère Emmanuelle, l’exprime exactement. Socialisée à travers un sens profondément intériorisé de supériorité et de droit, dont vous n’êtes pas consciente et que vous ne pouvez admettre, vous devenez tous comme la conceptrice de l’affiche très fragile dans les conversations sur la race. Chaque “ polémique raciste ” de ce type est l’occasion de mesurer, dans une île qui se pense en modèle de tolérance, le fossé qui sépare la conception dominante du racisme en France, le renvoyant seulement à un comportement individuel inacceptable et celle que s’en font les personnes dites de couleur. À tout le moins, celles qui n’ont pas encore complètement perdu le contact avec leur propre culture et identité.
Il s’agit de créer une pédagogie adaptée aux élèves avec des programmes répondant au maximum aux besoins des élèves. La différenciation devra se faire afin d’éviter qu’un élève se retrouve soit dans une classe ordinaire avec un programme inaccessible pour lui, soit dans une classe spécialisée avec un niveau d’études inférieur à ses capacités réelles. Il ne s’agit pas de « placer » un enfant dans une classe ordinaire pour être « socialement correct ». Tous les enfants ont soif d’apprendre. Mais il existe aussi des limites à l’inclusion dans une classe ordinaire, par exemple : des élèves souffrant d’hypersensibilité sensorielle auxquels l’effectif d’une classe ordinaire serait trop pénible à supporter ou des élèves dont la propre estime serait mise à mal en constatant qu’ils n’ont pas le même programme que leurs camarades. Les formes de scolarisation sont donc à déterminer au cas par cas, en ayant toutefois le but, au maximum, d’inclure les élèves dans une classe ordinaire. Il faut insister sur ce qui est l’idéal de l’inclusion scolaire : un groupe d’élèves ayant des besoins spécifiques dans une classe ordinaire, avec un enseignant spécialisé et un enseignant ordinaire. Ces modalités sont légalement rendues possibles en France par le dispositif « Plus de maîtres que de classes ».[4] .
Ces classes ont été installées dans divers pays par le scientifique québécois Philippe Tremblay. Lors de leur expérimentation, elles étaient destinées aux élèves avec troubles d’apprentissage. Par la suite, elles se sont étendues aux élèves avec tous types de besoins spécifiques. [1] Charles Gardou (dir.), Le handicap au risque des cultures. Variations anthropologiques, Erès, coll. « Connaissances de la diversité » La diversité de la population peut se retrouver au sein d’une même classe, mais on peut aussi y [ 2 ] h t t p : / / w w w. l e t e l e g r a m m e . f r / b r e t a g n e / h a n d i c a p - u n e - e c o l e - c o n ductivea-la-rentree-27-06-2014- 10231348.php définir les nécessités d'adaptation.[5] Sans doute le jeune enfant porteur de handicap a-t-il [3] L'orthopédagogie est l'ensemble des méthodes et procédés d'enseignement qui visent à permettre aux enfants, aux adolescents et aux adultes aux prises avec des besoin d’une attention plus grande, mais difficultés ou des troubles d'apprentissage, de pallier ces entraves et de lorsque il deviendra adulte, son problème restera développer au mieux leurs potentialités. le même si notre regard ne change pas sur lui. [4]http://eduscol.education.fr/cid72849/-plus-de-maitres-que-declasses.html Co-présidentC’est bien la société qui fait de lui une personne [5] Un reportage sur ces classes : https://www.youtube.com/watch?v=r_zWIIO3at0 handicapée, un être différent.
Antoine Fontaine Conseiller Outre-mer & Territoire
Isabelle Resplendino
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Lettre à Emmanuelle Ou le racisme figuratif
La première difficulté alors est la croyance qu’ont, ici, mais aussi ailleurs, de nombreuses personnes à se penser comme non racistes. Il s’agit des personnes notamment blanches, mais aussi celles de couleurs, aussi surprenant que cela puisse paraître. Dans « Peau noire, masques blancs », Frantz Fanon [2] faisait déjà le constat que le plus grand triomphe du racisme, c’est lorsque les noirs cherchant à transcender leur condition d’opprimés en tant qu’« autres », devenant quelque chose qu’ils ne sont pas. Et sous le colonialisme en effet, les personnes d’ascendance non européenne ont été constamment mises sous pression de se conformer aux stéréotypes racistes tenus à leur encontre par la société dominante blanche. Nombreux non européens ont ainsi succombé à cette pression, ici à La Réunion, en adoptant le masque « blanc » afin de survivre ou faire en sorte que la vie de leurs enfants aille de l’avant. Ainsi, chacun de nous a développé des opinions sur la race simplement en baignant dans cette culture dominante. On peut déplorer que les sources « traditionnelles » — écoles, ouvrages scolaires, médias — ne nous fournissent pas les multiples points de vue dont nous avons besoin. Nous développons ainsi des opinions chargées d’émotions fortes, mais sans qu’elles soient bien informées. Notre socialisation nous rend racialement analphabètes. Lorsqu’on ajoute à cela un manque d’humilité vis-à-vis de cet analphabétisme, car tout simplement nous ne savons pas ce que nous ne savons pas, vous obtenez la fuite que nous . voyons si souvent lorsqu’on essaie d’engager avec des personnes par exemple blanches dans des conversations significatives sur la race, créant un stress racial. Ainsi, comme dans l’affaire qui nous préoccupe, le fait qu’une association de lutte contre les discriminations et le racisme, dont le représentant noir, a suggéré qu’une affiche réalisée par une personne blanche (qui se défend de l’être complètement) puisse provenir d’un cadre de référence raciste a déclenché un tel stress, relayé médiatiquement. Dès lors que, nous sommes confrontés à ce type de situation, nous nous retirons, nous nous défendons, argumentons, minimisons, ignorons, et par tous les moyens repoussons ces défis pour regagner notre position raciale et l’équilibre. 44
C’est la position qu’a adoptée dans ce cas la conceptrice, mais aussi ses relais tant politiques que médiatiques. N’est-ce pas Emmanuelle ? Nous ressentons tout défi à notre vision du monde raciale comme un défi à nos propres identités conçues comme bonnes et morales. Et il faut bien le dire Emmanuelle, ce qui est d’autant plus surprenant ici à La Réunion, c’est par ailleurs cette croyance selon laquelle la société réunionnaise, fondée à l’origine sur la race (qui il faut le dire n’existe pas) et s’appuyant sur l’exploitation de certaines ethnies grâce aux systèmes, esclavagiste puis colonialiste et départementaliste, ait pu accoucher d’une société respectueuse de toutes les origines et donc non raciste.
Au-delà de ces explications sur notre horizon raciste chère Emmanuelle, ce qui heurte encore davantage dans votre propos et c’est la ligne qu’adopteront plus tard les soutiens en faveur de cette affiche raciste, c’est bien l’inversion des dominations dans l’expression. Ainsi, comme par miracle ceux qui dénoncent l’acte jugé comme raciste deviennent les représentants d’une dictature de bien-pensant. Bien-pensant : Qui pense « comme il faut », c’est-à-dire en conformité avec un système traditionnel de caractère religieux, social, politique (définition du Centre national de ressources textuelles et lexicales). Croyez-vous vraiment chère Emmanuelle que notre société ait à ce point changer, pour qu’une association représentante de noires dénonçant une affiche qu’elle juge à connotation raciste soit l’expression d’un système traditionnel dominant, religieux, social et politique, qui placerait la conceptrice blanche de l’affiche dans le camp de ceux qui sont opprimés et censurés ?
Je ne sais si je pourrais un jour compter sur votre réponse. Mais, désormais à notre époque chère Emmanuelle, ceux qui dénoncent un acte ou des mots racistes, sans pour autant chanter le passé aux dépens du présent et de l’avenir pour paraphraser Frantz Fanon, utilisant les concepts de supériorité blanche ou qui évoquent un racisme structurel depuis les quelques tribunes qu’on leur consent grâce à internet et les réseaux sociaux, sont à vos yeux devenus les néo, soit raciste soit fasciste.
Frantz Fanon Des dictateurs de la bien-pensance. J’étais avant sans le savoir un raciste sans conscience, je suis à présent un néo-raciste inconscient.
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Affronter sur les réseaux sociaux et les médias les personnes qui ont tout à perdre à remettre en cause le racisme fondamental des institutions de ce pays demande une folle énergie. La lutte pour ne parler que de celle idéologique, passe sans doute par la multiplication d’espaces de politisation, de diffusion et de production de discours alternatifs afin de contrer celui dominant sur le racisme. C’est peut-être cela la fameuse mission dont parlait Frantz Fanon. Une fois découverte, il nous faut la remplir ou la trahir. Pour ceux qui choisissent de la remplir, c’est pour qu’advienne un jour le seul vœu si fraternel qu’avec Fanon nous formulons : « Que jamais l’instrument ne domine l’homme. Que cesse à jamais l’asservissement de l’homme par l’homme ». [1] Le « blackface » (aucune traduction française n’existe à ce jour) est une pratique théâtrale qui s’est développée à partir du XIXe siècle aux États-Unis. Durant des spectacles appelés « minstrel shows », des acteurs blancs se peignaient le visage en noir pour interpréter des personnages caricaturaux de noirs attardés, toujours hilares et portés sur la danse et la musique. Le blackface, consistant à se grimer le visage en noir, n’est autre que la manifestation d’un « racisme ordinaire ». Si aux États-Unis, cette dernière idée a fait son chemin, cela ne semble pas être le cas en France.
La multiplication des « polémiques racistes » et leurs bruits médiatiques, sans que jamais rien de constructif n’émerge, démontrent bien cette impossibilité dans le pays d’ouvrir le débat sur le racisme et cette domination d’inspiration blanche. Que faire alors Emmanuelle ? Car si le problème racial est sans doute un peu aussi une affaire de connaissances dont on nous refuse les sources traditionnelles évoquées plus haut et « si c’est au nom de l’intelligence et de la philosophie que l’on proclame l’égalité [2] Frantz Fanon (1925-1961) fut à la fois médecin des hommes, c’est en leur nom aussi qu’on décide psychiatre, essayiste, militant politique aux côtés du Front de libération nationale (FLN) algérien, leur extermination », nous avertissait Frantz Fanon. dont il épousa la cause indépendantiste. Martiniquais, il fait partie de ces penseurs noirs dont la France a toujours du mal à accepter l’importance dans une histoire qui est pourtant celle de tous. Anticolonialiste radical, célébré dans de nombreux pays, il demeure un intellectuel que la France a préféré ignorer, en le taxant de « prophète raté ». Nombre de ces ouvrages furent interdits à la vente. Pourtant, ce penseur à la plume hautement littéraire peut contribuer à éclairer non seulement notre histoire, mais également nos débats et réflexions contemporains. La thématique des « deux camps » qu’il évoque est loin de se limiter à l’opposition entre deux couleurs de peau, mais s’inscrit dans le couple plus vaste des « oppresseurs » et des « opprimés ». Pour lui en effet, « une société est raciste ou ne l’est pas », et « le racisme colonial ne diffère pas des autres racismes ».
Antoine Fontaine
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Moralisation : pour une contractualisation législative et des députés au plus proche de leurs administrés Historiquement, depuis 1792 et la naissance de la République, les députés et présidents français ont le plus souvent eu dans leur passé une profession d’homme de loi — et quand on regarde le rôle législatif dévolu à l’Assemblée Nationale depuis sa création en 1792, avec l’élaboration de projets et amendements de lois, cela semble assez logique. Cette tendance diminue ces dernières années, la mandature en cours portant aux nues (ou vouant aux gémonies) les cadres de profession supérieure. On ne peut que s’en réjouir; mais pour autant, la mission de la chambre basse n’a pas changé depuis 1958. Le député doit donc, avec un choix judicieux d’assistants parlementaires, écrire, déposer et réfléchir sur des propositions de loi. Mais puisque ce n’est généralement pas son cœur de métier, il lui est difficile d’effectuer son travail, celui-ci étant régulièrement retoqué, voire dans le pire des cas, anticonstitutionnellement rejeté [1] — j’aurai réussi à placer le mot le plus long de notre langue !
Mais pourquoi diable déléguer un travail de législateur à une personne qui n’y connaît que peu de choses voire rien ? Le domaine politique est un des seuls domaines à sembler s’y adonner. Le président de l’Assemblée Nationale François de Rugy qui veut réformer l’Assemblée Nationale, et modifier la Constitution pour rendre le Parlement plus fort — il l’a rappelé dans ses vœux aux Français de 2018 — devrait s’inspirer de cette réflexion. En confiant par exemple à des législateurs et spécialistes en droit ce travail, car vous aurez peut-être deviné le sens de mes propos : il s’agit de libérer le député de ses autres fonctions. Notamment le fait de siéger et travailler dans sa commission de travail obligatoire, et dans toutes ses autres fonctions, d’autant qu’il peut par opportunisme, siéger à un nombre déraisonnable de commissions et groupes de travail — on peut prendre le cas du député Pieyre-Alexandre Anglade par exemple. Ce travail n’est d’ailleurs apprécié par quiconque, ce qui malheureusement permet le doute sur la qualité et l’implication des travaux de chacun. Il est aussi un travail que je considère comme fondamental et qui n’est pas examiné, celui du travail de remontée des idées des Français sur le terrain, avec le courage pour les députés de la majorité, de porter des amendements en désaccord avec le gouvernement. Les députés seraient d’autant moins stigmatisés qu’ils ne seraient que les transmetteurs des volontés populaires, et éviteraient cette classique léthargie de nos citoyens après la période électorale, comme si la vie politique était cadencée pour ne battre que durant une année tous les cinq ans.
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Guillaume Chatelain Vice-Président Conseiller question numérique et moralisation politique 46
Ce contresens sur la vie de la cité, qui elle ne s’arrête pas de battre pendant quatre ans, la mandature actuelle devrait bien se garder de le reproduire sous peine d’être inévitablement sanctionnée lors des prochaines échéances électorales. [1] Cf amendement 140 sur le projet de loi de Finance 2018.
L´Unité Nationale
le 18 février 2018, rencontre à Luxembourg avec les conseillers : Guillaume Chatelain, Guillaume Gallet, Antoine Fontaine, Carole Vilbois et Carlos Pérez ( Absent
Rencontre à Paris autour de l´intelligence artificielle en décembre 2017 de trois conseilléres de l´Unité Nationale,SophieDiagne,Carole Vilbois et Nadia ( Absente sur la photo).
de la photo) .
Antoine Fontaine lors de la pause d´un cadenas Unité Nationale à Schengen. Le bureau de l´Unité Nationale à Echternach au Luxembourg lors de la la fête des Brandons (Buergbrennen) qui célébre la sortie de l´hiver, le 18 février 2018.
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le 28 Novembre 2017 l´Unité Nationale a participé à une rencontre avec le rapporteur général de l’Observatoire de la Laïcité, Nicolas Cadène , à Saint-Pierre sur l´île de la Réunion.
Le bureau de l´Unité Nationale a signé à Schengen sur les lieux des accords le livre d´or, marquant son attachement à la liberté de circuler le 21 février 2018.
Rencontre à Paris avec Bernard Kouchner le 6 mars 2018 autour de la thématique : La nouvelle place de la France dans les relations internationales, organisé par la conférence Olivain .
Soirée sur la thématique de l´Europe à Luxembourg en présence du député Pieyre-Alexandre Anglade ( LREM ) organisé par LREM Luxembourg le 28 février .
Rétrospective
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Mère porteuse D’après le roman à paraître d´Houria Gouriten Chez L’avocat. Sarah était face à la porte impressionnante de son avocat, il ne lui restait plus qu’à appuyer sur l’interphone, pour être en lien direct avec le premier pas qui la mènerait jusqu’à la bataille juridique la plus cruciale de son existence. Tant d’un point de vue humain que sur le plan médical, tant d’un point de vue psychologique, que dans celui du domaine de la réparation qui participerait par la phase du dédommagement à reconnaître tous les préjudices que son corps contraint et presque éteint avait subis.
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Elle sonna, une voix empressée lui répondit. La voix de l’avocat qui lui répondit à cet endroit était toujours pressée ou d’encaisser un chèque ou de lui faire remplir bien assez tôt les demandes d’aides juridictionnelles qui suffisaient à payer ses honoraires pour l’affaire dans laquelle elle était censée servir au mieux les intérêts de Sarah. Dans ce cas précis, maître Scaer Béatrice allait être amenée à réclamer à l’ex-conjoint de Sarah une prestation compensatoire au vu de toutes les souffrances que son utérus meurtri et que ses ovaires souffreteux avaient endurés dans le but de procréer. Elle avait dû médicalement s’y soumettre pour répondre au désir d’enfant, d’un mari qui souffrait de stérilité. Loin s’en faut. C’était peu de le dire. Face aux devoirs qu’il pensait lui incomber, l’utérus de Sarah durant quatre ans, avait été à pied d’œuvre, contre cette catastrophe humaine qu’est la stérilité. La nature ayant encore plus horreur de ce vide là.
Houria Gouriten
Conseillère à la question du harcèlement et du bien-être au travail
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Sarah pénétra le cabinet, il était vaste, luxueux et lumineux, l’objet de tant de contre-parties se disait-elle. De grandes plantes l’oxygénaient et le rendaient presque vivant, sous le regard de palmiers qui n’avaient pas encore perdu leur dignité tant ils se tenaient droit à chaque angle de la pièce. Sarah était à nouveau dans ce bureau. En face de celui-ci se tenaient deux chaises de style que l’on ne trouve que chez des antiquaires, ainsi que leurs accoudoirs inquisiteurs faits de bric et de broc. Ils siégeaient, elle prit place sur l’un d’eux, un énorme dossier dans les bras. Se tenaient dans cette chemise cartonnée que le temps n’avait pas encore jaunie, quatre années d’un parcours de combattante et de fécondations in vitro. Un miroir chagriné cerclé de barricades et encadré par des dorures étincelantes la regardait en face, droit dans les yeux. De là où elle était assise, il semblait se plier en quatre pour elle, et la fixait. Il convenait pour le miroir de rappeler à Sarah qu’il allait la faire se voir, telle qu’elle était : perdue, vieillie et fragilisée. Mais déterminée et confiante lui chuchota-t-elle, vilain miroir afin qu’il ne l’entende surtout pas. Ses cheveux étaient en ordre de bataille et ses pensées aussi, et peu lui importait en définitive que cette glace lui renvoie l’image de toutes les rides prises après tant d’années passées au service de l’infécondité, seul à l’avenir un jugement et une condamnation lui rendraient l’espoir : celui d’une justice qu’elle était venue plébisciter dans l’attente de l’adouber le jour où elle lui rendrait son enfant. Il n’était pas de cendres, son fils, bien que le berceau n’eut été que de flammes irascibles, pas de celles qui prennent feu, non, mais de celles qui consument les mères malheureuses et par voie de conséquences leurs enfants aussi. Auparavant son fils avait été la force d’un si grand rêve, sans répit, ni trêves, aucune. Et puisque l’on dit des rêves qu’ils sont censés nous apprendre de nous ce que nous sommes, Sarah avait appris de celui-ci que l’horreur pouvait atteindre son comble dans l’absolu, lorsque pour atteindre ce même rêve que rien ne suffit à négliger, on finit par l’acheter. Elle croisa ses jambes, sur ce corps empli davantage de détermination que de muscles, que les prises de poids accumulées durant toutes les tentatives de grossesse échouées avaient abîmé.
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Plus les embryons avortaient, plus les kilos s’étaient installés, seules traces visibles de ces fausses couches successives. Elles étaient bien peu de choses comparées aux blessures impalpables que l’on ne pouvait pas voir, que l’on ne pouvait pas savoir, car toute honte bue, elles s’étaient tues et passées sous le joug du secret, dans des panthéons de silence. Car oui, comment effectivement dire à sa famille, qu’à chaque tentative de fécondation in vitro, le sperme avait été issu d’un donneur anonyme, lorsque l’époux stérile s’y oppose, et veut passer pour le père biologique et reconnu comme tel par la société ? Ce choix confié au secret suffisait pour lui à combler son impuissance totale en matière de fertilité et à y pallier en la taisant. De fait Sarah était devenue complice de ce secret, un petit mâle pour un grand bien se disait-elle à l’époque.
Houria Gouriten 49
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Pas d'avenir évolutif à attendre pour l'homme en dehors de son association avec tous les autres hommes. Pierre Teilhard de Chardin Le phénomène humain
Éditeur L´Unité Nationale
Co-Directeur de publication Co-Rédacteur en chef Antoine Fontaine & Carole Vilbois
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Date du dépôt légal 28 mars 2018
Relecteur Antoine Fontaine Vanessa Delbergue Direction Artistique Carole Vilbois
L´Unité le Mag´ N°2 Gratuit Numéro ISSN 2605-8898