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Un hôtel particulier pour écrin

Ci-dessus, très belles gravures rehaussées de Jacques Majorelle sur fond de rouge incarnat.

Page de droite, la façade du musée, rue du Parc. A noter, les ferronneries néo-Louis-XVI, très en vogue dans les années 1940.

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Cet hôtel particulier des années 1940, savamment transformé, accueille le Musée de la Fondation Abderrahman Slaoui.

Accrochées aux murs d’en face des gouaches du célèbre peintre figuratif marocain Ben Ali R’bati. Il a immortalisé des scènes de la vie quotidienne de Tanger au début du XX e siècle.

Lorsque, dans les années 1990, l’homme d’affaires et grand collectionneur, Abderrahman Slaoui, propose à Rachid Benbrahim Andaloussi la construction d’un musée privé sur un terrain nu lui appartenant, l’architecte – déjà militant fervent de la cause patrimoniale – n’a pas dû trop insister pour convaincre son interlocuteur de la pertinence de reprendre un bâtiment ancien, ayant du caractère, afin de le trans former en un écrin idéal, à même de mettre en valeur les œuvres et objets d’art exceptionnels, accumulés durant des décennies. D’autant plus aisément que l’architecte avait déjà savamment exploré la question, dans le cadre de la restauration-transformation de la Villa des arts, boulevard Roudani, pour le compte de la Fondation ONA, en association avec son complice de toujours, l’Argentin Eduardo Gaggiano. Projet ayant connu le succès que l’on sait. Le choix s’est porté sur un hôtel particulier des plus élégants, sis rue du Parc. Le bâtiment est de Ricignuolo, comme l’indique la plaque apposée à son entrée, et date des années 1940. Malgré des recherches poussées, on ne sait rien de cet architecte manifestement italien. Pour mettre le bâtiment aux normes actuelles requises pour un lieu ouvert au public, Rachid Andaloussi a dû engager de lourds travaux de

Au fond, un costume traditionnel féminin. La collection éclectique réunie par Abderrahman Slaoui est efficacement mise en valeur par la scénographie de Philippe Delis.

consolidation des structures porteuses (poutres et planchers) et ce, tout en préservant les sols recouverts d’un magnifique granito noir ainsi que les ferronneries néo-Louis XVI présentes ici et là (rampe d’escalier et protection des portes et fenêtres), comme une élégante ponctuation.

des tons vifs et chauds sur fond de granito noir Les cloisons abattues ont nécessité des raccords au sol qu’il a fallu traité avec doigté et discrétion. Toujours dans l’optique d’un usage public, des rampes d’accès ont été installées, un ascenseur moderne a remplacé l’antique monte-charge.

La terrasse offre une vue d’exception sur le parc de la Ligue arabe

Vue du salon au dernier étage. Aux murs, des affiches coloniales relatives au Maroc. Abderrahman Slaoui en a acquis une importante quantité, créant un engouement international pour le sujet.

L’approche muséographique engagée par Rachid Benbrahim Andaloussi a été exaltée par l’excellent travail de scénographie réalisé par l’architecte et designer Philippe Delis, auteur, également de l’aménagement du Musée Bank Al-Maghrib de Rabat. Certains murs affichent, adroitement, des tons vifs et chauds (rouge et jaune) qui, par un effet de contraste, soulignent les volumes généreux de l’espace – 600m 2 au total – ainsi que le noir du granito. Au dernier étage, la terrasse offre, d’un côté, une vue d’exception sur le parc de Ligue arabe, de l’autre, une vue plongeante sur le futur Grand théâtre de Casablanca. Une atmosphère de sérénité règne à l’intérieur du musée qui accueille des expositions temporaires de qualité, en dehors de la collection permanente constituée, entre autres, de très beaux bijoux marocains citadins anciens et d’une belle collection de gouaches du peintre Ben Ali R’bati. w

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