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Une heureuse cohabitation

Ci-dessus, vues de la façade principale. La volumétrie générale de cet hôtel particulier est caractéristique des bâtiments Art déco de la rue du Parc dont la plupart sont du même architecte, Hippolyte-Jospeh Delaporte. Page de droite, le hall d’entrée a conservé son état originel. Le damier blanc et jaune en marbre au sol fait écho au granito ocre en soubassement des murs. L’escalier en marbre blanc est souligné par le garde-corps en ferronnerie et cuivre jaune. Le luminaire est une création de l’architecte.

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Quand une esthétique ultra contemporaine s’inscrit harmonieusement à l’intérieur d’un hôtel particulier des années 1920, signé Delaporte.

Vue générale du hall d’entrée. Mobilier aux teintes black and white, piano à queue, menuiseries, assises en cuir, tapis aux motifs géométriques et toiles de maître aux murs.

Lorsque des proches parents ont proposé à Mounya Chaouni de s’attaquer à cet hôtel particulier, datant des années 1920, signé Hippolyte Delaporte et situé dans le quartier du parc, l’architecte a longtemps hésité. Comment ? De quelle manière « intervenir sur une œuvre aussi rare, aussi exceptionnelle » ? Le bâtiment, passé entre les mains de propriétaires successifs, avait subi plusieurs transformations selon le goût et l’usage des uns et des autres. Que fallait-il donc préserver ?

un contraste black and white servira de fil directeur Il fallait à tout prix sauvegarder en l’état la remarquable façade singulièrement Art déco. Une façade toute blanche, rehaussée par le noir des menuiseries (bois et ferronnerie). Ce contraste black and white servira de fil directeur. Il se retrouvera tout

La cour-jardin a été traitée comme une pièce à part entière. Toiles tendues, cheminée extérieure encadrée d’un bas-relief en marbre blanc, salle à manger d’hiver séparée par une porte coulissante en verre. Page de droite, la façade arrière du bâtiment redessinée dans un vocabulaire moderniste très 1930.

au long de l’intervention : les revêtements, le choix des matériaux et le mobilier. Mounya Chaouni a décidé de ne toucher en rien au hall et à l’es calier de l’entrée tant ces derniers étaient totémiques. De même, elle s’est fait un devoir de garder tel quel les niveaux existants et de respecter l’importante hauteur sous plafond. Pour le reste, les maître-mots ont été sobriété et clarté des volumes et des finitions. En revanche, la façade arrière donnant sur la cour-jardin a complètement été refaite dans un langage contemporain mais reprenant une modénature moderniste très années 1930. Dans la cage de l’escalier, Mondrian est invoqué à travers l’usage d’un jeu de verre coloré

Détails de l’escalier hélicoïdal. L’usage de verre coloré est un clin d’œil assumé au maître du néoplasticisme, Piet Mondrian.

de manière tout à fait néo-plasticienne. Dans le même esprit, la cheminée extérieure située dans la cour arrière est encadrée d’une sculpture en bas-relief en marbre blanc réalisée par l’artiste M’Hamed El Aidi.

un formidable travail stylistique En dehors du formidable travail formel et stylistique réalisé sur l’enveloppe par Mounya Chaouni, nous estimons, pour notre part, que la réussite de cette entreprise de réhabilitation-transformation réside dans l’ingénieuse adaptation des espaces existants aux exigences de la vie contemporaine. w

Jamal Boushaba

1. Hippolyte-Joseph Delaporte (1875- 1962), architecte français s’est installé à Casablanca en 1913. Il signe avec les frères Perret les magasins Paris-Maroc devenus les Galeries marocaines, démolis dans les années 1970. Il est aussi l’auteur de l’hôtel Excelsior, de l’immeuble Maret et des petites villas de la rue du Parc.

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