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Portfolio Casablanca, entre-deux-guerres

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n , eux- guerres

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Rue Allal-Ben-Abdallah, ex rue de l’Horloge. Circa 1920-1930. Une des plus anciennes rues de la ville européenne. Une des plus élégantes aussi. A droite, l’ex-banque de la Compagnie algérienne. Au fond, la tour de l’Horloge, édifiée dès 1908. Au premier plan, ce couple de commerçants pose fièrement.

Rarement publiés, ces clichés signés Flandrin nous livrent un centre-ville des années 1920-1930, propre et prospère. Avec l’aimable autorisation de la Fondation Banque Populaire.

Ci-dessus, rue du Prince-MoulayAbdallah, ex Blaise-Pascal, derrière l’actuel consulat de France. Les chapeaux cloches des passantes nous indiquent que nous sommes encore dans les années 1920. A noter, la femme en haïk, passant son chemin. On se croisait sans vraiment se rencontrer. Page de droite, la rue Allal-BenAbdallah, vue depuis la médina. L’immeuble Glaoui est déjà construit, nous sommes dans les années 1930.

En 1995, la Fondation Banque Populaire acquiert un patrimoine inestimable : le fonds photographique Flandrin. Quelques 40 000 clichés sont répertoriés sur différents supports : tirages argentiques, négatifs en plaques de verre et en pellicule, ainsi qu’une quantité d’ouvrages et de cartes postales imprimés. 35 000 pièces sont estimées exploitables après le minutieux travail de dépoussiérage, de tri et d’archivage effectué par la fondation, selon les normes internationales. Les photographies de Marcelin Flandrin (voir bio express) couvrent un demi-siècle de l’évolution du Maroc dans ses aspects les plus divers:

Ci-dessus, vue du boulevard Mohammed-V, ex boulevard de la gare, au niveau du Marché central. Page de droite, le même boulevard, au niveau de l’actuel bar-restaurant le Petit Poucet. Les tractions avant ne connaissaient pas encore les bouchons. Circa années 1930.

sociétal, politique, industriel, touristique, mais surtout architectural et urbanistique. Un demi-siècle de protectorat, système dont le photographe, un temps attaché à l’Armée, fait ouvertement – et fort efficacement, il faut bien l’avouer – la propagande. Une attention particulière est portée par Flandrin à sa ville d’élection, Casablanca. Grâce à la photographie aérienne dont il est l’un des pionniers mondiaux, nous assistons avec lui, à la phénoménale transformation d’une petite cité blanche où l’on débarque à dos d’homme dans une petite rade, en

1889 | Naissance de Marcelin Flandrin à Bônes (Annaba) en Algérie 1901 | Arrivée au Maroc 1912 | Il demande à effectuer son service militaire au Maroc 1914-18 | Affecté à l’Aviation, il sera un pionnier de la photographie aérienne 1921 | Il s’installe définitivement à Casablanca 1924 | Publication de ses photographies dans l’ouvrage Nord Africa 1926 | Il couvre le voyage officiel du sultan du Maroc en France 1929 | Edition d’un album intitulé Casablanca de 1889 à nos jours 1957 | Il décède à Casablanca Marcelin Flandrin en quelques dates

mégapole portuaire étendant, en un brin de temps, d’un côté, ses belles villas, ses grands immeubles, ses larges avenues, de l’autre, ses usines, ses silos, ses hautes cheminées et ses immenses quartiers ouvriers. L’exceptionnel travail documentaire et esthétique que consacre Flandrin à Casablanca est largement diffusé de son vivant, à travers les ouvrages qu’il publie mais grâce surtout aux innombrables cartes postales qu’il édite et commercialise lui-même. Aujourd’hui, ce sont ces mêmes cartes postales que l’on trouve chez tout brocanteur de la ville et dont les reproductions squattent la toile, à la rubrique Casablanca. Plutôt que de publier une énième version de ces photographies au caractère architec tural et urbanistique affirmé sur lesquelles travaillent quotidiennement les militants de Casamémoire, nous préférons ici partager avec vous ces clichés plus rares, plus intimes, d’un Casablanca d’entre-deux-guerres, alors particulièrement élégant et prospère. Que nous disent ces clichés peuplés de person nages d’un autre temps ? w

Ci-dessus, vue de l’actuelle place des

Nations-unies.

Page de droite, le boulevard de Paris.

A gauche, l’échafaudage indique que la Banque d’Etat, actuelle Bank Al-Maghrib (Edmond

Brion, 1934), est en cours de finition.

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