Participer n°648

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Juillet . Août . Septembre 2013 . Numéro 648

)Participer(

)Enjeux Scop(

Bilan chiffré 2012 : record de créations

)Vie du réseau(

Magazine des sociétés coopératives et participatives

Les Scop tiennent leur première Convention nationale

Cap sur les transmissions de PME


)Enjeux Scop(

bilan

2012, hausse des créations Jamais il ne s’est créé autant de Sociétés coopératives et participatives qu’en 2012 : ce record de création accompagné d’une excellente pérennité des coopératives existantes pourrait marquer l’amorce d’un réel changement d’échelle. En 2012, le Mouvement dénombre 2 165 Scop et Scic salariant 43 860 coentrepreneurs et générant un chiffre d’affaires consolidé de 3,9 milliards d’euros. Par rapport à l’année précédente, les progressions annuelles sont de 6 % en nombre d’entreprises, de 4 % en nombre de salariés et de 5 % en chiffre d’affaires. Ces chiffres révèlent une dynamique certaine par les temps qui courent…

Un rythme accéléré de créations L’an dernier, 248 nouvelles Sociétés coopératives et participatives ont vu le jour, alors que la moyenne des créations entre 2008 et 2011 était de 207 par an. 2012 marque donc un coup d’accélérateur au regard des créations d’entreprises coopératives adhérentes au Mouvement. Le nombre d’emplois nets créés en 2012 atteint 1 600, contre une création moyenne de 600 emplois nets par an au cours des quatre dernières années. Toutefois en un an, le nombre de salariés en équivalent temps plein reste stable (37 400 ETP en 2012). 30 % des créations issues de transmissions-reprises et autres transformations En 2012, 70 % des origines de création des Sociétés coopératives et participatives sont des créations ex-nihilo, représentant 679 emplois supplémentaires. Ces créations ex-nihilo pèsent un peu plus pour les Scop (72 % des créations) que pour les Scic (seulement 55 % des créations). Les transmissions et reprises, qui concernent principalement des Scop, comptent pour 15 % des créations de nouvelles

coopératives. Les reprises d’entreprises en difficulté (5 % des créations en 2012) augmentent relativement plus rapidement que les transmissions d’entreprises saines (10 %), signe du caractère durable de la crise économique. Les reprises d’entreprises en difficulté représentent 339 emplois sauvés et les transmissions 229 emplois consolidés par an en moyenne annuelle sur quatre ans. Par ailleurs, les transformations d’associations ou de coopératives augmentent significativement et constituent désormais 15 % des créations, soit quatre points de plus qu’en 2011. Ainsi, en 2012, ce sont 22 Scop et 15 Scic qui sont issues de telles transformations.

Les secteurs en développement En 2012, le développement de Sociétés coopératives et participatives se confirme dans trois secteurs : services (solde net positif de 76 coopératives), éducation, santé et action

Le bilan statistique détaillé est disponible dans le rapport d’activité de 2012 du Mouvement des Scop

sociale (+ 21) et commerce (+ 15). Sur les quatre dernières années, cette tendance s’accompagne d’une croissance importante des effectifs pour les deux premiers secteurs, ce qui n’est pas le cas dans le secteur du commerce dont les effectifs totaux diminuent sensiblement sur quatre ans. Ces évolutions ne remettent pas en cause la prédominance des secteurs traditionnels dans le Mouvement (construction et industrie manufacturière), malgré la diminution du nombre d’entreprises en 2012 dans ces secteurs.

70 % Origines créationde deScop Scopet et Scic Scic en 2012 Origines dedecréation 2012

10 %

Créations ex nihilo

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Transmissions d’entreprises saines

15 % 5% Reprises d’entreprises en difficulté

Transformation d’associations ou de coopératives

De plus en plus, la création d’emplois coopératifs est issue de transmissions d’entreprises

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)Enjeux Scop(

Retour aux performances économiques d’avant-crise Avec un chiffre d’affaires de 3,9 milliards d’euros et une valeur ajoutée totale de 1,8 milliards d’euros, les Sociétés coopératives et participatives confirment le rebond économique amorcé au début de l’année 2010 et retrouvent les performances consolidées d’avant-crise (avant 2008). Leurs activités se développent en France, mais aussi à l’étranger, 9 % de leur chiffre d’affaires étant réalisé à l’export (contre 7,8 % en 2010). Par ailleurs, le résultat net consolidé de 130 millions d’euros à fin 2011 est en hausse de 8,2 % en un an. En 2011, le chiffre d’affaires médian1 s’élève à 564 000 euros par Scop et à 261 000 euros pour les Scic. Ce chiffre d’affaires global est généré de façon inégale selon les secteurs d’activité. En 2011, celui du secteur de la construction s’élève à 1,4 milliards d’euros en progression sur un an (+ 5,3 %). Avec 1,1 milliards de chiffre d’affaires, l’industrie manufacturière affiche une progression économique de 11 % par rapport à fin 2010 ; de plus, la valeur ajoutée consolidée du secteur augmente de 6,5 %. Les taux de croissance les plus élevés en un an sont relevés dans le secteur de l’industrie extractive, énergie, eau et déchets : + 25,2 % concernant le chiffre d’affaires ; + 13,3 % pour la valeur ajoutée. Par contre, alors que nous notions précédemment la croissance du nombre de Scop et Scic dans le secteur du commerce, le chiffre d’affaires consolidé de ce secteur est en légère baisse et sa valeur ajoutée progresse sensiblement (+ 1,5 %).

Répartition des nets nets des Scop Répartition desexédents excédents des Scop au 31 au 31 décembre décembre2011 2011

43,2 %

12,7 %

44,1 %

Rémunération du capital 19,5 M€

Réserves pour l’entreprise 68 M€

D’année en année, les Scop sont fidèles à leurs principes de répartition des résultats

Un effectif moyen de 20 salariés Si près de 60 % des coopératives adhérentes emploient moins de 10 salariés, nous observons que les deux tiers des co-entrepreneurs travaillent dans des entreprises ayant de 10 à 249 salariés, et plus d’un sur cinq dans des grandes coopératives (250 salariés et plus). L’effectif moyen des Sociétés coopératives et participatives en 2012 régresse sensiblement en un an, atteignant 20,3 salariés par entreprise (21 salariés dans les Scop et 11 salariés dans les Scic). Des associés plus nombreux et issus de toutes les catégories Le Mouvement dénombre quelques 23 370 salariés associés dans les Scop et les Scic (soit 830 personnes de plus en un an).

Des taux de pérennité supérieurs aux moyennes nationales Fin 2012, le taux de pérennité des créations à trois ans atteint 82,5 % et à cinq ans 66,1 %, contre des taux de 66 % et 50 % au plan national (Insee). Notons que dans les cas de transmissions d’entreprises saines, ce taux à trois ans atteint 90,5 % et celui à cinq ans 82,1 %.

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Participation aux salariés 67 M€

Avec les Scic, l’engagement dans la coopération de travail ne concerne pas seulement les salariés, mais également d’autres personnes (physiques et morales). En hausse de 30 %, le nombre de sociétaires autres que les salariés s’élève à 14 660 fin 2012, preuve que le modèle de coopérative multi-sociétaire se développe bien. Dans les Scop, cet engagement se décline aussi au travers du partage des excédents nets des entreprises. En 2011, plus de 86 millions d’euros ont été distribués aux salariés et aux associés (majoritairement salariés) sous forme de participation et de dividendes dans les Scop. Par salarié équivalent temps plein, la participation moyenne est de 2 038 euros par an, en légère hausse par rapport à l’an dernier. Si ce partage des richesses profite aux salariés, associés ou non, en valeur absolue, la part des résultats nets mise en réserves passe de 40,7 % en 2010 à 44,1 % en 2011. Cette tendance traduit aussi l’engagement collectif à consolider financièrement l’entreprise pour la développer et la pérenniser dans une conjoncture économique difficile. Qui sépare les 50 % réalisant le plus gros chiffre d’affaires et les 50 % réalisant le plus petit chiffre d’affaires 1

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Des progrès mitigés en matière d’égalité professionnelle Les effectifs des Scop et des Scic comptent 30,5 % de femmes2, soit une progression de 8,5 % en quatre ans, en corrélation avec la constante montée du secteur des services. Par ailleurs, l’engagement des femmes dans le Mouvement poursuit sa progression, sans toutefois dépasser la barre des 25 % de salariées-associées. En quatre ans, nous observons également une baisse du capital détenu par les femmes passant de 19,8 % à 18 % du capital total détenu par les sociétaires. Dans les Scop et les Scic, l’engagement des salariés et leur participation aux organes de décision sont présents dans toutes les catégories socioprofessionnelles, à des degrés différents toutefois. Au global, le taux de sociétariat est de 53,3 % en 2012 dans le Mouvement. Cependant, ce taux atteint 80 % pour les cadres, 66 % pour les professions intermédiaires, 52 % pour les ouvriers et 37 % concernant les employés. De plus, 9,2 % des salariés sont soit des dirigeants, soit des administrateurs, ce qui est révélateur d’une participation active significative des salariés aux instances de direction. Si la moitié des dirigeants ou administrateurs élus sont des cadres, 20 % sont des employés, 18 %

Les salariés salariés des parpar catégorie Les desScop ScopetetScic Scic catégorie socio-professionnelle à fin 2011 socioprofessionnelle à fin 2011 2,7 % 13,6 %

40,1 % Cadres Employés

32,9 %

Professions intermédiaires Ouvriers Apprentis, stagiaires, …

10,6 %

Employés et ouvriers représentent 73 % des salariés de Scop

des ouvriers et 12 % des personnels occupant des professions intermédiaires. Ces résultats confirment l’importance de la formation des salariés notamment pour pouvoir accéder à des postes de direction. Il n’en reste pas moins que les Sociétés coopératives et participatives se démarquent clairement en matière de participation des salariés à la gou-

vernance. Pour rappel, les dispositions récentes de la loi sur la « sécurisation de l’emploi » (mai 2013) prévoient un nombre très limité d’administrateurs salariés dans les sociétés de 5 000 salariés et plus en France. Service des études Données à fin 2011

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Rejoignez le CAC !

Connaissez-vous le Club des Anciens Coopérateurs ? Fort de plus de 100 membres aujourd’hui, le CAC a vocation à réunir les anciens des Scop, élus et permanents du Mouvement Scop qui souhaitent : • participer aux rencontres des adhérents organisées par le CAC. Et pour ceux qui le souhaitent : • accompagner, parrainer, tutorer les nouvelles Scop et celles qui sont dans le besoin. • travailler sur la rédaction d’expériences coopératives et l’histoire du Mouvement.

Contact : Jean-Jacques Brunellière, président E-mail : jiji12@wanadoo.fr Web : les-scop.coop, rubrique le réseau / CAC

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)Rencontres(

Jean-François Draperi : « ESS et coopération : deux réalités La Recma, revue internationale de l’économie sociale, lance une nouvelle formule qui marque une professionnalisation de la revue, et par-delà, un intérêt croissant dans le monde pour le projet de l’économie sociale et solidaire. Rencontre avec son rédacteur en chef, Jean-François Draperi.

de la tradition anglo-saxonne qui oppose les coopératives et les associations sans but lucratif. Réunir les associations et des sociétés commerciales comme les coopératives parce qu’elles sont des groupements qui priorisent la personne sur le capital est une proposition avant tout française. Depuis 1970, ses promoteurs n’ont eu de cesse d’essaimer. Les avancées ont été timides entre 1970 et 2000. Et depuis 2000, l’idée fait réellement son chemin. On sait maintenant qu’il y a des chercheurs et universitaires du monde entier qui considèrent que cet objet théorique a du sens.

Jean-François Draperi, rédacteur en chef de la revue Recma

L’internationalisation progressive de la Recma marque t-elle la généralisation du concept d’ESS à travers le monde ? Le concept d’économie sociale a été proposé en France par Henri Desroche dans les années 70 sous l’impulsion des mouvements associatif, coopératif et mutualiste. La Rec, revue d’études coopératives, est devenue Recma, incluant les mutuelles et les associations, puis revue internationale de l’économie sociale. L’objectif était innovant au regard

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Comment expliquer l’essor de l’ESS depuis 2000 ? La chute du mur de Berlin en 1989 a consacré la fin de l’utopie communiste et de l’économie administrée. Les années 90 sont marquées par l’hégémonie du libéralisme, non seulement économique, mais également idéologique avec un individualisme croissant qui a entraîné une perte des solidarités et une accélération forte des inégalités. Ce processus est de plus en plus contesté depuis le début des années 2000. Les initiatives se développent essentiellement au niveau local avec la conviction croissante qu’il est possible de développer une économie territoriale sans compter sur la venue d’une grande entreprise. C’est le fondement de l’économie sociale, c’est-à-dire la prise en main des gens par eux-mêmes

au niveau des communautés locales. En France, à partir de 2004, les régions créent des vice-présidences à l’ESS. Puis les départements, les communes, les communautés de communes, les agglomérations se sont également organisés. Parallèlement, les Chambres régionales de l’économie sociale et solidaire (Cress) se sont structurées et des enseignements universitaires ont vu le jour. Et depuis 2012, la France a un ministère de l’ESS. Quand Henri Desroche, Jacques Moreau et d’autres ont lancé le concept d’économie sociale dans les années 70, l’ES était une démarche « descendante ». Depuis les années 2000, elle est également une démarche « ascendante » en provenance de la société.

L’ESS peut-elle passer d’initiatives locales à un mouvement de transformation sociale ? Bien qu’elle soit désormais institutionnalisée aux niveaux régional et national, les liens entre les initiatives locales et ces instances sont encore à fortifier et organiser. Les Cress constituent a priori le lieu privilégié de l’organisation de ce qui pourrait être un mouvement. Encore faut-il qu’elles puissent surmonter les nombreuses difficultés qui font obstacle à la définition d’un projet partagé. Il manque sans doute aujourd’hui une pensée ou peut-être plus encore la définition des termes d’un débat, dans lequel se reconnaissent ces initiatives et mouvements, tantôt dispersés, tantôt organisés. C’est la responsabilité commune des théoriciens et des acteurs que de les construire ensemble. Aujourd’hui, on parle de gestion, management, financement, rentabilité de façon totalement déconnectée des besoins alors que la finalité de l’économie est bien la communauté des hommes vivant en société.

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)Rencontres(

différentes » Les acteurs et entrepreneurs qui produisent toutes ces initiatives ont-ils besoin d’un corpus de pensée ? Ceux qui n’ont d’autre ambition que de créer une entreprise ont juste besoin d’une pensée micro-économique à l’échelle de l’entreprise. Mais ils continueront d’agir dans le cadre d’une économie dominée par le capitalisme, avec notamment un risque constant de banalisation, comme on l’a bien constaté dans les années 1990 marquées par la démutualisation ou l’entrée en bourse de nombreuses coopératives. On constate aujourd’hui qu’il y a une alliance objective entre les petites entreprises, l’ESS et l’économie publique. Cette prise de conscience d’intérêts convergents est salutaire car il n’est plus acceptable que ces trois économies qui rassemblent sans doute plus de 95 % de la population subissent la domination du capitalisme qui pèse financièrement, mais ne représente qu’une minorité d’acteurs. Où en est le projet coopératif aujourd’hui ? Je crois qu’il ne faut pas mélanger le mouvement coopératif et l’ESS. Ce sont deux réalités qui se recoupent, mais qui sont différentes. En effet, l’ESS et le mouvement coopératif peuvent exister indépendamment l’un de l’autre. Nous savons que les coopératives représentent un mouvement mondial extrêmement organisé dont l’Alliance coopérative internationale est la colonne vertébrale. Les sept principes coopératifs de l’ACI sont toujours un socle solide du projet coopératif vingt ans après leur réactualisation. En Europe, en Colombie, en Indonésie ou Sénégal, ces sept principes restent la référence. L’ESS n’a pas cette charpente. D’où la difficulté de l’exercice, pour le Gouvernement, d’élabora-

tion d’une loi-cadre qui pour être réellement fondatrice, pourrait aller jusqu’à formuler un projet politique pour l’ESS. En l’état, le projet de loi définit des principes à respecter au-delà de la gouvernance et des statuts juridiques, de sorte que l’ESS peut aller au-delà des coopératives, mutuelles et associations. Mais elle ne va pas jusqu’à dire, par exemple, que certaines coopératives, mutuelles ou associations ne font pas partie de l’ESS, en raison de pratiques qui ne coïncident pas à son projet, ce que considèrent pourtant de nombreux acteurs de l’ESS.

De ce point de vue, faut-il prioritairement promouvoir le projet de l’ESS ou aussi commencer à reconsidérer le projet coopératif ? Les deux, bien sûr. Si les coopératives reformulaient un projet fort, cohérent et qui réponde aux besoins de la société, je fais l’hypothèse qu’elles trouveraient dans l’ESS une meilleure reconnaissance. Mais aujourd’hui chaque type de coopérative vit largement dans son propre univers : les Scop sont dans une autre réalité que les coopératives agricoles, les coopératives bancaires ou de commerçants. Aucune des familles coopératives n’a légitimité à revendiquer à elle seule le projet coopératif. Reconstruire un projet coopératif suppose que les mouvements confrontent leurs idées. Et là comme ailleurs ce sont les pratiques qui montrent la voie aux idées : par l’essor de l’intercoopération. Propos recueillis par Pierre Liret

Internationale, scientifique, lisible et accessible online Avec son numéro d’avril 2013, la Recma fait peau neuve avec un nouveau design, parvenant à concilier une meilleure lisibilité et une présentation conforme aux standards des revues scientifiques dont elle fait désormais partie depuis sa reconnaissance en 2012 par l’Aeres, Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur. Cette reconnaissance est d’autant plus importante que, contrairement aux canons de la recherche universitaire, toujours plus segmentée en disciplines spécialisées, la Recma reste fidèle à son interdisciplinarité. La nouvelle maquette ponctue une dynamique d’ensemble d’ouverture et de professionnalisation : sous la houlette de Jordane Legleye, rédacteur en chef adjoint, la revue a gagné sa reconnaissance scientifique, mais aussi considérablement développé sa présence et l’accessibilité de son site web, gagné son référencement international sur Erudit.org, le portail québécois de sciences humaines et propose désormais la traduction en anglais et en espagnol des résumés de ses articles. L’édition numérique d’une sélection annuelle d’articles est en projet pour 2014, mais l’abonnement à la version numérique, pour les institutionnels comme les particuliers, est d’ores et déjà possible. www.recma.org

Commandez le guide juridique 2013 ! Référence unique en la matière, le guide juridique des Scop est l’outil indispensable de tous les praticiens : dirigeants de Scop et coopérateurs, mais aussi porteurs de projet, expertscomptables, avocats, professions juridiques, conseils de coopératives, etc.

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)Scop en action( CitéCréation offre une troisième vie au mur des Canuts Berceau de la première coopérative lyonnaise*, le quartier de la Croix rousse abrite depuis 1987 la fresque géante du mur des Canuts, dont la troisième version vient d’être dévoilée aux habitants. L’occasion de redécouvrir le talent de l’une des plus anciennes Scop de la région Rhône-Alpes : CitéCréation. Les lyonnais ont bien de la chance : leur ville accueille le plus important patrimoine français de peintures murales en trompel’œil, qui figure en troisième position des lieux culturels les plus visités de la ville des lumières ! A l’origine de nombre de ces projets, on retrouve la patte de CitéCréation, association transformée en Scop voilà plus de 25 ans.

Peindre des moments de ville La Scop a réalisé plus 600 fresques de par le monde entier dont une centaine à Lyon, mais celle du mur des Canuts est la seule conçue dès la création pour être évolutive. Les canuts étaient ces ouvriers tisserands qui se sont révoltés contre leurs conditions de travail, une première fois en 1831, sévèrement réprimés, puis en 1834 et en 1848. Après deux versions réalisées en 1987 et 1997, les habitants de la cité des Canuts n’étaient donc pas peu fiers de découvrir le 17 avril dernier le nouveau visage d’une fresque qui depuis 26 ans témoigne de l’histoire de leur quartier. Certains enfants présents dans la version initiale sont depuis devenus parents et apparaissent sur un Vélo’V accompagnés de leurs bambins, un danseur hip hop ou encore un chanteur des rues connu du tout Lyon font leur entrée au bas des escaliers de la cité… « En étant évolutive, cette fresque devient encore plus identitaire. Il ne s’agit pas d’une œuvre d’art, mais d’un témoignage, d’une trace », s’amuse Gilbert Coudène, l’un des neuf co-fondateurs de l’aventure CitéCréation. A la fin des années 80, ces étudiants fraîchement sortis des Beaux-Arts voulaient peindre le quotidien plutôt que s’enfermer dans une vision purement artistique de la peinture. « Nous sommes des artisans du bâtiment, au service d’un projet qui appartient au public. Un artiste parle de lui-même. Nous, nous faisons parler un lieu, nous peignons des moments de ville ».

Une œuvre identitaire et collective Les peintres ont également voulu décrire les évolutions de la ville de Lyon, qui s’est résolument engagée en faveur du développement durable ces dernières années. Des jardins ouvriers ont ainsi été ajoutés, et l’une des façades accueille désormais un mur végétal. Reflet également des valeurs de ses auteurs, en regardant de près un recoin de la fresque, on y distingue même… le logo des Scop ! Si cette fresque identitaire parle si bien de la vie du quartier, c’est aussi parce que ses habitants s’investissent chaque fois pleinement dans la préparation du projet et la « scénarisation du mur » : les membres de CitéCréation ont animé plusieurs réunions publiques, afin que chacun puisse parler de soi, de sa conception de la vie dans le quartier. Ce travail collectif permet de recréer du lien entre les habitants : en 1987, une association des amis du mur des Canuts a vu le jour. Pour ravir les curieux et amateurs de peintures, un livre** retrace les transformations de la fresque, en attendant de déambuler dans les rues de Lyon à la découverte de ces instants de ville. Carine Dieu-Romastin

Le logo des Scop, à retrouver dans la fresque * Bien avant la mise en place du statut d’Association ouvrière de production, la première coopérative lyonnaise, nommée Le Commerce véridique et social, était une épicerie fondée en 1835 sur la montée de la Grande Côte par Michel-Marie Derrion (à lire : Denis Bayon, « Le commerce véridique et social de Michel-Marie Derrion, Lyon, 18351838 » - Lyon 2002) ** « Le mur des Canuts de CitéCréation », Éditions lyonnaises d’arts et d’histoire, 29 €

CitéCréation Création : 1987 Chiffre d’affaires 2012 : 1,12 millions d’euros 11 associés, 80 peintres de par le monde www.citecreation.fr

ÉCohlCité, une école pour transmettre et susciter des vocations CitéCréation est à l’initiative du lancement en septembre dernier de la première école internationale de peinture murale, basée comme la Scop à Oullins (69). Lors de l’exposition universelle de 2008, lorsque l’équipe part pour Shanghai inaugurer la plus grande fresque en trompe-l’œil jamais réalisée (5 000 m2 !), c’est le maire en personne qui suggère à l’équipe de créer une formation dédiée à la peinture murale, particulièrement appréciée des asiatiques. Il n’en faut pas plus aux associés de CitéCréation pour concrétiser cette idée qu’ils caressaient eux-mêmes déjà. Le cursus s’étend sur une durée de trois ans, avec 34 élèves pour cette première promotion, dont la moitié viennent des cinq continents : Chine, Québec, Portugal… L’autre moitié est française et environ un tiers des étudiants viennent de la région Rhône-Alpes. www.ecohlcite.com

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)Scop en action( FRANCHE-COMTÉ

20 ans au service de l’innovation et de la solidarité

Des jeunes franc-comtois découvrent les secrets du tri des déchets DEEE*

Vingt ans, le bel âge pour la Scop jurassienne spécialisée dans le recyclage des déchets qui a célébré cet anniversaire symbolique par l’organisation de trois journées autour de son activité et de ses valeurs coopératives. C’est d’abord les salariés et leur famille qui ont été accueillis pour une visite du centre de tri de l’entre-

prise et la présentation de « Trivolution », plate-forme dernier cri de démantèlement des déchets DEEE* inaugurée en septembre dernier. Le lendemain, la Scop, très implantée sur le territoire, a ouvert ses portes aux collectivités franc-comtoises et aux publics scolaires de 8 à 12 ans : écoliers et collégiens ont découvert le cycle de

vie de leur console de jeux et autres écrans plats, et la façon dont leurs composants sont réutilisés pour produire de nouveaux équipements électroniques. « Nous nous inscrivons dans une démarche de prévention, il est essentiel de faire comprendre aux jeunes utilisateurs que ce qu’ils jettent ne disparaît pas dans la nature », nous explique le PDG Pierre Grosset. Cette seconde journée conviviale s’est prolongée par une soirée-débat autour du film « Les Fagor et les Brandt ». Pour la troisième journée, Juratri a ouvert le débat sur son avenir avec une rencontre intitulée « l’entreprise à l’heure du territoire : de la résistance à la métamorphose », organisée en présence de nombreux élus de la région et avec Claude Alphandéry pour grand témoin. Le ministre Benoît Hamon, qui avait fait le déplacement, a salué l’action sociale et la santé économique de Juratri, reprise par ses salariés en 2006 qui compte désormais 135 salariés dont 68 en réinsertion et dont le chiffre d’affaires a triplé en 5 ans. Cette initiative a été largement relayée dans les médias régionaux dont France 3 Franche-Comté, qui a consacré un long portrait à la Scop dans son édition du 14 juin. www.juratri.fr * Déchets d’équipements électriques et électroniques

MIDI-PYRÉNÉES

Scopelec fête ses 40 ans et une croissance record Autre anniversaire de Scop célébré en juin : les 40 ans de Scopelec, groupe spécialisé dans les télécommunications. Scopelec a connu une croissance spectaculaire ces dernières années, et compte maintenant plus 2 200 salariés, dont 700 en Scop. Signe révélateur de ce développement : lors de l’assemblée générale organisée le 29 juin dans le cadre de l’événement-anniversaire, ce sont 90 salariés qui sont officiellement devenus associés de la Scop, soit une progression du sociétariat de plus de 25 % ! « 40 ans, ça correspond à une vie au travail, et c’est une belle occasion de marquer le passage de flambeau entre les générations », résume François-Xavier Salvagniac, responsable communication et vie participative. Plus de cinq cents personnes, salariés de toute la

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Patrick Lenancker (à droite) a remis la médaille de la coopération à Jean-Luc Candelon (à gauche), président du Groupe Scopelec

France et retraités, partenaires et élus locaux ont ainsi répondu à l’invitation du président Jean-Luc Candelon, qui a durant la soirée été décoré de la médaille de la coopération par le pré-

sident de la CG Scop Patrick Lenancker. En janvier dernier, le médiatique rachat de Gobé, entreprise de 500 salariés spécialisée dans l’installation et la maintenance d’antennes-relais téléphoniques, a permis d’élargir la gamme de services proposés par le groupe et de renforcer la confiance du principal opérateur et partenaire historique, Orange. Ils lui ouvrent également de nouvelles perspectives commerciales vers les marchés d’outre-mer, où Gobé est déjà bien implantée. La priorité de Scopelec est aujourd’hui de consolider le groupe et de sécuriser son développement, qui suit depuis plusieurs années la croissance à deux chiffres du secteur de la téléphonie mobile. www.groupe-scopelec.com Carine Dieu-Romastin

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)Parcours(

formation des dirigeants

> FABIEN BESANÇON

Concilier la démarche de formation avec la stratégie de l’entreprise Fabien Besançon, de la Scop Synphonat (distribution de compléments alimentaires), vient de terminer la promo 2 du Parcours cadres dirigeants CG Scop-Paris Dauphine. De formation commerciale, Fabien travaille depuis 12 ans chez Synphonat, d’abord en tant que directeur de site, puis comme directeur général depuis 3 ans. Le fondateur et gérant historique de l’entreprise Jean-Claude Lahaye, par ailleurs président de l’UR Scop Auvergne et membre du Bureau de la DN, lui a proposé cette formation en perspective d’une candidature pour lui succéder lors de son départ à la retraite en février 2014. Le projet stratégique de Synphonat est au cœur du parcours de formation de Fabien qui le proposera aux 23 salariés associés de la Scop en

août prochain, après avoir soutenu son mémoire le 6 juillet. Au bout de dix mois, il a le sentiment « d’un profond changement, d’avoir mûri ». La formation lui a permis de formaliser et prendre du recul sur les compétences pluridisciplinaires acquises de façon instinctive dans son poste. Par ailleurs, « la formation permet aux dirigeants de Scop de s’ouvrir, savoir comment cela fonctionne ailleurs et mieux communiquer », souligne Fabien. A bientôt 45 ans, l’anxiété de se remettre aux études et d’accepter une remise en question était un frein au démarrage, mais « on y arrive à partir du moment où on n’en fait pas un exercice scolaire » et « si on est bien organisé ». Fabien apprécie le cadre de Paris Dauphine dont l’expertise en gestion n’est plus à démontrer. La dyna-

Fabien Besançon

mique de groupe qui s’est mise en place pendant et en dehors des cours participe à la réussite de la promotion dont « l’état d’esprit est extraordinaire », s’enthousiasme Fabien. Lui et d’autres stagiaires envisagent de participer aux instances électives du Mouvement « pour avoir l’occasion d’entretenir des liens ». www.synphonat.fr Corinne Lefaucheux

> HÉNÉDI BOULAABI

Travailler sur le concret

Hénédi Boulaabi

Hénédi Boulaabi a été élue gérante de Cedaet en juin 2012 après 2 ans au poste de consultante. Avec plusieurs départs en retraite, l’équipe de ce cabinet parisien d’expertises auprès

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des CHSCT* a été entièrement renouvelée depuis 2009. L’ancien gérant Michel Rousseau continue à travailler pour transmettre la Scop aux 9 salariés. Il a été décidé dans le processus que chaque salarié qui prendrait en charge la gérance « tournante » de l’entreprise pendant 3 ans suivrait une formation d’un an. Hénédi a choisi de suivre la formation proposée par Coeptis car elle avait le sentiment qu’elle était adaptée aux TPE et « qu’on allait travailler sur le concret, sur notre Scop, nos problématiques ». Le but étant de mettre en œuvre les enseignements assez rapidement pour commencer le travail de gérance, « en ayant des outils, des soutiens par l’expérience des formateurs et personnes présentes dans la formation ». Le projet de formation d’Hénédi porte sur le fonctionnement interne de l’entreprise pour l’améliorer sur plusieurs aspects (organisation, les processus de décision, le sociétariat…).

À 38 ans, ergonome et psychologue de formation, elle n’a pas eu de difficulté pour retourner sur les bancs de l’école car de par son métier, elle est familiarisée à la production de documents, rapports et travail d’analyse. La taille réduite de la promotion (maximum 14) donne la possibilité de « confronter des points de vue différents et d’avoir des cas de figure auxquels on n’aurait pas pensé et qu’on peut rencontrer dans la vie d’une Scop ». Pour Hénédi Boulaabi, l’interaction avec les autres est centrale, le fait d’avoir des cas pratiques aussi : « cela permet d’être plus impliqué ». Cela lui a également donné le moyen « d’avoir des outils, des retours concrets sur la manière de faire… et un vrai temps de respiration. » www.cedaet.fr Corinne Lefaucheux * Comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail

PARTICIPER Juillet • Août • Septembre 2013


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