Octobre . Novembre . Décembre 2013 . Numéro 649
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)International(
Les coopératives de consommation, reines au Royaume-Uni
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Magazine des sociétés coopératives et participatives
Pierre-Yves Gomez : Le travail invisible
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Coopération et enseignement :
quels enjeux ?
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© Jean-Robert Dantou
Sommaire Education et formation au cœur du projet coopératif
p.4 Média Scop p.6 Vie du réseau p.13 Actualités
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)International( p.14 Les coopératives de consommation reines au Royaume-Uni
© Jérémie Wash-Chastel – Coopaname
)Dossier(
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Coopération et enseignement : quels enjeux ?
)Rencontres( p.22 Pierre-Yves Gomez « L’association des salariés à la gouvernance est un impératif »
)Ouvertures( p.24 Coopératives d’habitants : un cadre juridique pour répondre à un réel engouement p.26 Zoom
)Scop en action( p.32 Parcours p.34 Lectures
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p.28 ECF-Cerca
Participer. Magazine des sociétés coopératives et participatives 37, rue Jean Leclaire 75017 Paris - tél. : 01 44 85 47 00, fax : 01 44 85 47 10 – www.les-scop.coop Réalisation : Scopedit, 37, rue Jean-Leclaire 75017 Paris. Gérant : Patrick Lenancker. Rédacteur en chef : Pierre Liret. Secrétariat de rédaction : Corinne Lefaucheux, Carine Dieu-Romastin. Conception, réalisation, appui éditorial : Philem Despiney, Scop In Studio 4, Bruno Chambrillon. Impression : Chevillon Imprimeurs. Dépôt légal : 4e trimestre 2013. CPPAP 1115 T 87741 . ISSN 1264-949X. Abonnement : 1 à 3 abonnements souscrits : 26 € par abonnement, à partir de 4 abonnements 22 € par abonnement. Contact abonnement : 03 80 48 95 37
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e 13 juin dernier, le ministère de l’Economie sociale et solidaire a signé avec le ministère de l’Education une convention marquant la volonté de l’Etat de promouvoir l’ESS dans l’enseignement. Un acte symbolique qui rappelle à toutes les coopératives que l’éducation et la formation sont inscrites dans les principes coopératifs de l’Alliance coopérative internationale et dans la loi française de 1947 sur les coopératives. Dans le service qu’elles doivent à leurs membres, la formation est un levier essentiel. Les Sociétés coopératives et participatives sont fortement impliquées dans la progression professionnelle de leurs salariés et leur employabilité. Une part des cotisations au Mouvement coopératif est consacrée à mettre en œuvre des programmes de formations managériales et coopératives, à l’image des Parcours mis en œuvre avec l’Université Paris Dauphine et l’école coopérative de management Coeptis. Enfin, les Scop disposent également avec Form.coop d’un dispositif de financement qui leur est propre et dédié au financement de ces formations coopératives. Ce satisfecit ne doit pas occulter les progrès à accomplir : trop peu de Scop et de Scic inscrivent encore leurs salariés dans les formations coopératives proposées par le Mouvement. C’est pourtant un enjeuclé de la sensibilisation des salariés en tant que co-entrepreneurs dans une société de plus en plus consumériste. Au-delà de la formation des membres, les coopératives ont aussi le devoir d’éducation et de sensibilisation de leur communauté territoriale et professionnelle. De fait, plusieurs représentants de Scop, de Scic ou du réseau des Scop interviennent ici ou là dans les écoles de commerce et les Universités. Mais cette démarche doit être significativement amplifiée pour espérer assurer une réelle biodiversité économique dans les modèles enseignés, notamment en droit et en gestion. Enfin, ayons conscience que nous serons d’autant plus écoutés des enseignants que nous saurons aussi répondre à leurs attentes, notamment en favorisant par les stages et l’emploi, l’insertion professionnelle des jeunes dont ils ont la responsabilité éducative. A chaque instant, sachons nous souvenir que l’emploi et l’émancipation professionnelle sont au cœur du projet des Scop. C’est tout le sens de l’engagement de la CG Scop et du Mouvement dans la promotion des emplois d’avenir et des contrats de génération.
Patrick Lenancker Président de la Confédération générale des Scop
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Emplois d’avenir et contrats de génération : les Scop s’engagent ! Sans attendre la signature de la convention entre l’Etat et la CG Scop, plusieurs Scop se sont déjà engagées sur les deux dispositifs destinés à encourager l’emploi des jeunes et des seniors : les emplois d’avenir et les contrats de génération. En Auvergne, STPS a recruté deux jeunes en emplois d’avenir pour les former au poste de soudeur. « Il est très difficile de trouver des soudeurs », confie Marie Marinho, gérante de la jeune Scop issue d’une reprise par les salariés fin 2012. Les deux jeunes ont été trouvés par relation dans le tissu local et professionnel. Spécialisée dans la double activité de terrassement et de plomberie soudure que requièrent les installations gaz, STPS a réalisé 500 000 euros de chiffre d’affaires en 2012 et compte désormais 10 salariés plein temps. En Ariège, Scop Pamiers Métal, qui compte vingt-trois salariés dont onze associés, a été la première entreprise de la région à signer un emploi d’avenir dans le secteur marchand. « Nos métiers sont dévalorisés et il est compliqué d’attirer des jeunes sur ces formations. Nous avons accepté de prendre en stage Alban Mallaki, un jeune Kosovar arrivé en France en 2009. Devant son enthousiasme et sa volonté d’apprendre, nous lui avons proposé un emploi d’avenir en mars dernier », indique Sabrina Marchandise, assistante comptable. Toujours en Ariège, le dispositif des contrats de génération est arrivé à point nommé pour Couserans construction, Scop de 67 salariés, leader régional du bâtiment : « Nous avions déjà engagé le processus de transmission des savoir-faire dans l’entreprise », explique Anouck Pauchard, responsable ressources humaines. « Les contrats de génération confortent notre démarche ». Sans attendre l’accord
Couserans construction est l’une des premières Scop à s’engager dans le dispositif du Contrat de génération. De gauche à droite : Vincent Perigaud, jeune charpentier de 19 ans, Patrick Rouaix, PDG de Couserans construction, Nelson Barroso, chef de chantier, 58 ans, et le sous-préfet de St-Girons, Philippe Sauvannet.
en cours de négociation dans la branche du BTP, la coopérative a donc, comme la loi le prévoit, établi un diagnostic intergénérationnel et signé un accord interne à l’entreprise avec les délégués syndicaux sur cette démarche. L’accord a été déposé à la Direccte (direction de l’emploi). Dès validation de l’accord en juillet dernier, Couserans construction a signé un premier contrat de génération, puis un deuxième en septembre. Couserans construction prévoit d’en signer un troisième en 2014. « Il est capital de former des jeunes
n Scop et Scic éligibles aux emplois d’avenir Dans le cadre de la convention signée avec l’Etat par la CG Scop, les Scop peuvent bénéficier pour leurs emplois d’avenir d’une prise en charge de 35 % de la rémunération brute quel que soit leur secteur d’activité et les Scic bénéficient d’une prise en charge à 75 %. Plus d’informations : labrioux@scop.coop
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pour maintenir les savoir-faire et la qualité du travail », conclut Patrick Rouaix, dirigeant de Couserans construction. A Saint-Sulpice, dans le Tarn, la Citel, spécialisée dans l’installation de réseaux électriques et qui compte plus de 120 salariés, s’engage elle aussi dans les contrats de génération, notamment en vue de pouvoir assurer la relève au poste de monteur câbleur réseau, pour lequel les candidats sont rares. La coopérative vient de faire valider par son comité d’entreprise le diagnostic et le plan d’action « Jeunes et seniors » qu’elle a établis. Ce plan prévoit notamment le recrutement de plusieurs jeunes. Et c’est dans ce cadre qu’un jeune apprenti de 20 ans, présent dans l’entreprise depuis deux ans, verra son contrat d’apprentissage transformé en CDI dès l’obtention de l’accord de la Direccte. Pierre Liret
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L’économie sociale doit relever le défi d’entrer dans les programmes scolaires et universitaires
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La signature le 13 juin dernier d’une convention entre le ministère de l’Économie sociale et solidaire et le ministère de l’Éducation sur la promotion de l’ESS dans l’enseignement offre un cadre favorable à l’objectif de faire mieux connaître le modèle des Scop et des Scic dans l’enseignement, ainsi que l’a acté le Congrès des Scop à Marseille en novembre 2012.
De longue date, les Scop et leurs représentants interviennent dans les universités, les écoles, dans le supérieur ou le secondaire.
ducation et information sont au cœur du projet coopératif. L’un des sept principes de l’Alliance coopérative internationale y est entièrement consacré : « Les coopératives fournissent l’éducation et la formation de leurs membres, les élus, les gestionnaires et les employés afin qu’ils puissent contribuer efficacement au développement de leur coopérative. Elles informent le grand public - en particulier les jeunes et les leaders d’opinion - sur la nature et les avantages de la coopération ». Et de fait, de longue date, régulièrement, et dans tous les territoires, les Sociétés coopératives et participatives et les représentants du réseau des Scop interviennent dans les universités, les écoles, dans le supérieur ou le secondaire. Mais pour autant, la coopération et plus largement, l’économie sociale et solidaire restent encore souvent absents des enseignements, livres et programmes, y compris les plus spécialisés en gestion ou en entrepreneuriat. C’est sur ce constat que le Congrès des Scop à Marseille en novembre 2012 a inscrit dans son orientation numéro 1 la volonté d’être plus présent dans l’enseignement et faire mieux reconnaître la « biodiversité » économique.
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Dès 2010, le rapport du député Francis Vercamer préconisait une meilleure visibilité de l’économie sociale et solidaire. Une première étape a été franchie en 2012 avec la création d’un ministère de plein exercice pour l’économie sociale et solidaire. Puis le 13 juin, Benoît Hamon, le ministère délégué à l’ESS, a signé avec le ministre de l’Education nationale Vincent Peillon une convention en vue d’une meilleure reconnaissance de l’ESS dans l’éducation et la formation. L’enjeu est notamment de pouvoir rajeunir l’ESS dont quelque 600 000 emplois sont à renouveler d’ici 2020. Or, une enquête du programme Jeun’ESS de juin 2011 auprès des 16-30 ans montre une adhésion aux principes mais un déficit de compréhension qui s’explique notamment par la faible place de l’ESS dans les manuels. Le défi est d’importance et pour le relever, la convention a noué un partenariat avec l’association Esper (L’Economie sociale partenaire de l’école de la République).
Enseignement supérieur : au-delà des masters spécialisés Dans l’enseignement supérieur sont nées depuis près de dix ans plusieurs
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formations spécialisées, dédiées à l’ESS. Ces formations prennent le plus souvent forme de masters en une ou deux années, accessibles à partir de Bac +3 ou Bac +4. Il existe aussi des licences accessibles post-Bac. Même les écoles les plus prestigieuses s’y sont investies telles que l’Essec, HEC ou Sciences Po pour ne citer que les plus connues. Dans le domaine juridique, l’Université Aix-Marseille III a créé en octobre 2012 un Desu (Diplôme d’études supérieures universitaires) dédié au droit de l’économie sociale et solidaire. Mais ces masters n’attirent qu’une petite minorité d’étudiants. Audelà de ces formations spécialisées, beaucoup reste encore à faire pour que les modèles d’organisation de l’ESS, à commencer par le modèle coopératif, soient référencés dans les enseignements généraux de droit et de gestion. « Les premières années en université sont consacrées à de la théorie économique de base », explique un jeune maître de conférences qui souligne la prééminence de l’enseignement macro-économique. L’Université de Paris Dauphine a institué en 2011, en partenariat avec la CG Scop, un Parcours « Cadres dirigeants de Scop », en formation continue, qui ras-
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Les jeunes élèves du Lycée Étienne Dolay (Paris 20e) ont organisé une exposition sur les structures de l’économie sociale et solidaire de l’est parisien
semble de 15 à 18 participants chaque année. Le lien reste néanmoins encore à faire pour assurer la prise en compte des Scop en formation initiale dans une université qui fait partie des références internationales en matière de gestion d’entreprise. Même son de cloche à Sciences-Po : « Le problème structu-
rel des enseignements sur l’ESS est qu’il s’agit d’un secteur méconnu », déclare Romain Slitine, maître de conférences à Sciences-Po Paris et Lille, « mais il donne un esprit critique sur l’entreprise et répond à un besoin de sens et d’engagement. Il est amené à monter en puissance car il vient enrichir la pédagogie
L’ESS dans l’enseignement du droit Les valeurs et principes de l’ESS se traduisent par des pratiques, mais aussi par un droit qui codifie et formalise ces pratiques. L’enseignement juridique est donc un levier essentiel de la reconnaissance des coopératives dans l’enseignement. Et de ce point de vue, beaucoup reste à faire, selon Marina Bertrel, enseignantechercheuse à Neoma Business School (Reims) et David Hiez, enseignant-chercheur à l’Université du Luxembourg, auteur notamment du livre de « Coopératives » (Delmas, août 2013).
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Marina Bertrel
Quelle place pour l’ESS, et les Scop en particulier, dans l’enseignement du droit ? DH : L’enseignement du droit à l’université change peu. Pour les enseignements généraux comme spécifiques, le nombre de cours proposés se multiplie tandis que le volume d’heures de cours
tend à se réduire. Cette offre pléthorique conduit à un repli sur l’essentiel. Or les Scop restent une structure marginale du droit des sociétés. L’intérêt parfois porté aux Scop il y a une vingtaine d’années dans l’enseignement juridique était surtout théorique ; les grandes notions du droit coopératif servaient de contradicteur en ce qu’elles réinterrogent la notion de société. Mais aujourd’hui ce type d’enseignement n’existe plus. MB : Dans les écoles de commerce, on constate une nette augmentation des cours consacrés à l’ESS, en raison de l’actualité (Année internationale des coopératives en 2012) mais plus profondément en raison d’une attraction pour le modèle coopératif en ce qu’il place l’humain au cœur du projet. Dans mon cours de droit
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de l’entrepreneuriat et de la gestion ». Autre illustration du faible intérêt des cursus généraux de gestion pour les coopératives et l’ESS : il y a très peu de coopératives dans les cas pratiques d’entreprise étudiés, notamment en école de commerce. La Centrale de cas et de médias pédagogiques (CCMP, centre de ressources pour formateurs de l’enseignement supérieur de gestion1) répertorie à ce jour trois cas sur les Scop. Selon Catherine Friedrich, directrice des études à la CG Scop, il est important d’encourager les chercheurs à réaliser des études de cas sur les Scop et les Scic car celles-ci sont un excellent moyen d’enseigner les spécificités des Scop et des Scic, d’autant que les problématiques liées aux ressources humaines, à la gouvernance, au financement, et à la participation des salariés etc. y sont moins abordées que des thématiques commerciales ou de marketing. La CCMP est le principal éditeur distributeur francophone d’études de cas d’entreprise. Sa mission : promouvoir la méthode des cas par l’édition et la diffusion d’études de cas d’entreprise, la formation de formateurs à l’écriture et à l’animation de cas, l’accompagnement et le conseil pour l’élaboration d’études de cas d’entreprise sur mesure. Ces cas sont surtout utilisés dans les écoles de commerce. 1
des sociétés, je peux aller jusqu’à 10 heures sur les Scop. Les cours de droit du travail également s’intéressent de plus en plus au management coopératif. Le contraste de volume d’heures avec l’université (masters spécialisés mis à part) s’explique sans doute par le fait que les écoles de commerce forment de futurs entrepreneurs, ce qui n’est pas l’objet de l’université. Quel type d’enseignement (macro ou micro) semble le plus judicieux ? DH : L’enseignement théorique des principes coopératifs peut susciter un intérêt, une curiosité chez les étudiants. Mais ce n’est pas la bonne approche pour aborder les questions techniques qui mobilisent aussi le droit général. Les trois axes
À découvrir en novembre, dans le cadre du Mois de l’ESS, le tout premier film d’animation sur les Scop, ainsi qu’une interface pédagogique à destination des enseignants et étudiants, pour les orienter sur les fondamentaux à retenir sur les Scop : définition, repères historiques, Mouvement coopératif… Rendez-vous sur la chaîne Youtube des Scop !
Une présence des Scop à amplifier La présence du modèle Scop dans l’enseignement supérieur passe donc le plus souvent par des interventions plus ou moins régulières dans des cours des élus et permanents des UR Scop (IUT, écoles de commerce, universités). Arnoult Boissau, directeur de l’UR Scop Auvergne,
importants sont : 1) mobiliser une petite place de l’ESS dans le cursus général, 2) constituer, par de bons troisièmes cycles, des îlots plus développés formant de futurs spécialistes au concret, 3) entendre parler de droit de l’ESS ici ou là. MB : La diffusion des principes coopératifs est nécessaire mais elle doit s’accompagner d’applications concrètes et précises. Il est important d’aller au-delà de la vision utopique et de montrer la réalité de terrain. D’où l’intérêt de faire intervenir des coopérateurs, des avocats, qui puissent montrer qu’il existe un autre modèle pour être économiquement performant. Pourquoi la doctrine juridique (contrairement aux économistes)
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intervient depuis 20 ans à l’école de commerce de Clermont-Ferrand ou à l’Université Blaise Pascal, sur des matières très spécifiques (modes de financements de l’ESS, modes de gouvernance). L’enseignement aborde autant les enjeux sociétaux que la dimension technique de la gestion d’une Scop : le capital nécessaire, la responsabilité juri-
s’intéresse-t-elle si peu aux Scop ? DH & MB (point de vue partagé) : Il est possible que les économistes trouvent à la coopération un intérêt méthodologique ou théorique absent chez les juristes. Pourtant ce droit présente un grand intérêt juridique, y compris pour les Scop elles-mêmes. Quelques spécialistes du droit commercial connaissent un peu le domaine, quelques thèses portent en partie sur le droit coopératif mais leurs auteurs ne poursuivent pas de carrière universitaire. Parallèlement les quelques publications sur le sujet s’effectuent dans des revues un peu confidentielles pour le monde juridique ; les revues juridiques sont peu demandeuses de réflexions sur les coopératives.
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dique des associés, etc., dans une volonté de demeurer très concret. Arnaud Lacan, cadre à la Maif et professeur associé à France Business School, est partisan de cette approche qui combine acculturation aux valeurs et approche technique, mais en apportant aussi « la force de la preuve », sous forme de témoignages d’acteurs. Cette exigence de concret rejoint aussi l’approche du département formation continue de Paris Dauphine. Pour Alberto Sanchez, son directeur pédagogique, « les masters possèdent un haut niveau conceptuel et pourraient certainement être davantage en adéquation avec les besoins de spécialisation concrète sur la finance, la gestion des associations, des Scop, comme nous le pratiquons en formation continue ». A Sciences-Po, le management des affaires publiques conduit aussi à intégrer des éléments pratiques liés aux coopératives et en l’occurrence sur les Scic, dans la préparation aux concours administratifs. « C’est une nouveauté », constate Ro-
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Le visuel de la Semaine de la coopération à l’école 2013, organisée au printemps dernier
main Slitine. Autre démarche innovante : depuis 2011, la chaire ESS de l’Université de Marne-la-Vallée et la coopérative d’activités et d’emploi parisienne Coo-
FINLANDE : APPRENDRE EN FAISANT Team Academy est une Business School au sein de l’Université de Jyväskylä. Selon Hervé Gouil, ancien directeur de l’UR Scop du Grand Ouest, et spécialiste du sujet, cette école rejoint l’intuition des CAE ou des coopératives de jeunes : « Apprendre en faisant ». A l’origine, un professeur de marketing lassé de la passivité de ses étudiants leur a proposé un projet de tour du monde, financé par ce qu’ils auront gagné en montant une entreprise coopérative. Une équipe de 24 personnes de 19 à 23 ans crée d’abord une association, puis une entreprise coopérative et recherche de vrais clients. Pendant trois ans est réalisé un gros travail d’apprentissage collectif pratique de l’entreprise. L’argent gagné par la coopérative leur permet de partir en voyage. Le travail peut être prolongé en petites équipes et débouche sur 30 à 40 % de créations d’entreprises, dont beaucoup en coopérative.
CANADA : CHAIRE EN GESTION ET GOUVERNANCE DES COOPÉRATIVES ET MUTUELLES, UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE En dépit de sa forte concentration en coopératives (33 000) et de leur poids économique, le Québec souffre d’un manque d’intérêt des chercheurs et les professionnels manquent d’outils de gestion adaptés. La Chaire en gestion et gouvernance des coopératives et mutuelles de l’Université de Sherbrooke a vocation à mieux cerner l’identité des coopératives et des mutuelles au Québec ainsi que leurs liens avec le développement durable. Objectif : mieux répondre aux défis d’une économie mondialisée, diffuser les résultats de ses travaux auprès de la communauté scientifique, transférer ses connaissances vers les milieux des coopératives, et contribuer au positionnement de l’Université de Sherbrooke dans le domaine des coopératives et des mutuelles.
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paname proposent aux étudiants de licence de créer une réelle activité économique sous forme coopérative, le temps d’une année. En lien avec les acteurs économiques du territoire, les étudiants choisissent collectivement une activité économique (un café coopératif sur le campus par exemple) et la développent en bénéficiant de l’accompagnement d’un professionnel de Coopaname qu’ils rencontrent chaque semaine en atelier. Coop’à-Prendre s’est vu récompensée du prix AEF Université-Entreprise en 2013. De nombreuses initiatives se sont aussi développées en marge de l’enseignement académique pour les jeunes à partir de 18 ans. Toutes contribuent à leur ouverture d’esprit sur l’entrepreneuriat et la biodiversité économique. Il en est ainsi de l’école internationale d’été des jeunes coopérateurs, dont l’expérience québécoise a été répliquée en France par le Mouvement Scop à l’initiative de l’UR Scop Poitou-Charentes sous le nom de Campus Cooperatives avec l’appui du pôle entrepreneuriat de l’Université de Poitiers. L’école d’été est ouverte aux jeunes étudiants et salariés de 18 à 35 ans. Ils peuvent tester grandeur nature la création d’une Scop ou d’une Scic virtuelle, mais qui peut devenir réelle. Par des ateliers méthodologiques, des conférences, les participants sont formés aux étapes et méthodes de création d’une entreprise coopérative (cf encadré page 21). Venues elles aussi du Québec2, commencent à naître en
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France plusieurs coopératives jeunesse services (CJS). Le principe : un groupe de jeunes de douze à dix-sept ans, généralement entre dix et quinze, ont pour défi de mettre sur pied leur entreprise coopérative pour offrir des services à leur communauté locale, avec l’appui des partenaires locaux. La première, la CJS de Châtellerault (Vienne), est constituée de 7 jeunes et rassemble comme partenaires la Mission locale, les centres socio-culturels, l’Ecole de la deuxième chance, l’IUT, la Cres, l’UR Scop, la CCI. Elle s’appuie juridiquement sur la CAE Scopadom. D’autres CJS ont vu le jour, dont trois en Bretagne. L’une d’elles avec le soutien d’une autre CAE, Chrysalide. Par leur vocation même d’encourager leur modèle d’entrepreneuriat collectif comme alternative à l’entrepreneuriat individuel, les CAE sont le fer de lance de ces initiatives.
L’éducation aux valeurs coopératives L’enseignement secondaire est aussi un enjeu pour les acteurs de l’ESS. L’action d’éducation à la citoyenneté économique peut passer comme en Île-de-France par la présentation des métiers de l’ESS auprès des élèves de l’enseignement technique et professionnel dans le secondaire. Les lycéens peuvent appréhender les métiers auxquels ils se destinent en découvrant les pratiques et les engagements des acteurs appliquant des logiques d’économie sociale et solidaire dans l’exercice de leurs professions. En partenariat avec l’association Minga, L’Esper et la communauté d’agglomération de Plaine Commune (Seine-Saint-Denis), des actions ont été déployées dans cinq lycées : interventions de deux heures en classe et rencontres collectives avec des professionnels de l’ESS. « Le dialogue avec les enseignants a permis d’identifier un fort besoin concernant les stages, et de dégager des pistes de travail sur l’intégration de l’ESS dans les programmes ainsi que le lien entre l’Education nationale et les entreprises de l’ESS », explique Noémie de Grenier, salariée associée de Coopaname. L’expérience débutée en 2011 s’est vue reconduite et étendue. Ainsi en 2013, en partenariat avec la mairie du 20e, a été réalisé un projet pédagogique d’exposition photos sur l’ESS par des élèves en bac pro « services de proximité et vie locale » du lycée Dolet. Durant un an, accompagnés par Jérémie Wach-Chas-
SECONDE ÉDITION DE CAMPUS COOPERATIVES EN 2014 Campus Cooperatives, l’école internationale d’été des jeunes créateurs de coopératives tiendra sa seconde édition française en juillet 2014 à Poitiers. Transposée en 2012 par l’Union régionale des Scop Poitou-Charentes à partir d’une initiative née au Québec, Campus Cooperatives consiste à permettre Première promotion de Campus coopératives, à un groupe d’une trentaine l’école internationale d’été lancée en 2012 de jeunes francophones de avec l’appui du pôle entrepreneuriat de l’Université 18 à 35 ans de se rencontrer de Poitiers pendant quinze jours dans un cadre hors scolaire pour apprendre l’entrepreneuriat coopératif et tester un projet de création de coopérative. Chaque équipe a pour objectif de présenter son plan d’affaires, construit collectivement, face à un jury composé de professionnels, d’élus et d’universitaires au terme des deux semaines. La première promotion avait réuni des jeunes représentant 11 nationalités différentes, tels que le Brésil, l’Ukraine ou encore la Libye (voir photo de la première promotion ci-dessus). La seconde édition, à dimension nationale, se tiendra via un partenariat renforcé entre la CG Scop et l’UR Scop Poitou-Charentes en vue de susciter le plus grand nombre de candidatures et au-delà, de promouvoir l’entrepreneuriat coopératif auprès des jeunes du monde entier. www.campuscooperatives.coop - contact@campuscooperatives.coop
tel (photographe à Coopaname), ils sont allés à la rencontre des structures de l’ESS de leur quartier pour en comprendre les valeurs et le fonctionnement. Les valeurs de la coopération peuvent même se transmettre dès l’école primaire par la sensibilisation à la coopération et au travail collectif plutôt qu’à la compétition purement individuelle. L’OCCE, organisation de représentation des coopératives scolaires à l’échelon national, organise depuis près de dix ans la Semaine de la coopération à l’école en partenariat avec Coop FR, organisation faîtière des coopératives françaises toutes familles confondues, à destination des classes du primaire. Des outils pédagogiques sont mis à la disposition des enseignants et les relais régionaux de l’OCCE font le lien entre les enseignants et les entreprises pour faciliter rencontres, échanges et autres interventions auprès des classes. L’OCCE forme les enseignants à la pédagogie coopérative en donnant une large place au débat, à l’échange, et à la nécessaire expression de l’enfant. Les divers outils, à se réapproprier
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par les enseignants, tendent à montrer l’intérêt d’une « intelligence collective qui ne sacrifie en rien l’intelligence individuelle », selon Catherine Frachon, déléguée générale de l’OCCE. Par ailleurs, en primaire, les élèves sont associés à la gestion de la coopérative scolaire, et l’OCCE veille à ce que cette première expérience de démocratie économique ne soit pas « confisquée » par le chef d’établissement. « Faire de nos adhérents des militants de la coopération est une préoccupation majeure de l’OCCE, car se servir des outils sans la philosophie qui les sous-tend ne sert à rien », conclut Catherine Frachon. Nathalie Delvolvé Les coopératives jeunesse service (CJS) regroupent de 12 à 15 jeunes de 12 à 17 ans. L’idée est de mettre sur pied leur entreprise coopérative afin de se créer un emploi dans la localité. Les jeunes de la CJS se dotent d’une structure décisionnelle coopérative et se répartissent les tâches et responsabilités afférentes à la gestion de leur coopérative et aux services qu’ils choisissent d’offrir à leur communauté. 2
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Coopératives d’habitants : un c pour répondre à un réel engo u Sous des vocables divers, habitat groupé, habitat participatif, coopératives d’habitants, ce que l’on qualifie fréquemment de troisième voie d’accès au logement, entre location et propriété individuelle, rencontre un succès croissant. Les difficultés des montages juridiques et financiers ont conduit à inclure des dispositions spécifiques dans le projet de loi Alur (relatif à l’accès au logement et à un urbanisme renouvelé) adopté en première lecture par l’Assemblée nationale en septembre, et notamment un statut juridique de la coopérative d’habitants. d’autre part une politique du logement favorisant cette forme d’habitat par des facilités d’accès au foncier, des prêts, des subventions. En France, l’habitat groupé suscite un intérêt grandissant. Outre le contexte de crise économique et d’accès au logement, ces projets naissent aussi d’une sensibilité écologique et de limiter la consommation afin de réaliser des économies sur le long terme. Il s’agit aussi de recréer des solidarités de voisinage et intergénérationnelles pour rompre l’isolement des personnes âgées.
Les coopératives d’habitants rencontrent un succès croissant en France et dans de nombreux pays étrangers
L’habitat participatif consiste en un projet collectif de logements dont les habitants s’impliquent dans la promotion et la gestion, et mutualisent finances, espaces (buanderie, potager,
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etc.), services pour créer un lieu de vie adapté à leurs besoins. Il est bien plus développé dans d’autres pays (cf. encadré) pour deux raisons : d’une part un statut de coopérative d’habitants,
Une conception alternative de la propriété Les coopérateurs sont individuellement locataires de leur logement mais collectivement propriétaires du bien immobilier par la souscription de parts sociales dans la coopérative. L’achat des parts permet à la coopérative d’emprunter. Elles peuvent être rémunérées mais dans la limite prévue à l’article 14 de la loi de 1947. Ensuite les coopérateurs paient une redevance (loyer et versement en comptes courants d’associé) dont une partie est capitalisée et remboursée à leur départ. Les cessions de parts entre associés ou à des tiers s’effectuent avec l’accord de la majorité selon le principe « une personne, une voix », selon des critères définis par les statuts mais le plus sou-
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n cadre juridique o uement vent à partir de l’ordre chronologique d’une liste d’attente. Le mécanisme anti-spéculatif repose sur une déconnection entre la valeur des parts sociales et celle du bien. Le Village vertical de Villeurbanne aura mis 8 ans à se concrétiser mais, en 2013, 14 ménages ont pris possession de leur logement. Sous statut de coopérative SAS, le Village vertical a bénéficié de partenariats avec la coopérative HLM Rhône Saône Habitat et l’association Habicoop qui accompagne de tels projets.
Simplifier les montages et sécuriser les financements D’un point de vue juridique, l’habitat groupé ne possède aucun cadre spécifique, ce qui conduit souvent à concilier deux statuts : l’un pour la construction, l’autre pour l’habitation ; ou l’un pour les espaces communs, l’autre pour les espaces privatifs. SCI, Société civile coopérative de construction, association syndicale libre, SARL, Scic, etc. Autant de statuts forts différents mobilisés au mieux mais des cotes mal taillées avec lesquelles il a fallu jongler jusqu’à présent, et qui ne simplifient pas les financements. « Les financements sont aujourd’hui fléchés sur l’accession individuelle ou le logement social », déplorait dans un entretien à la Recma Bertille Darragon (coordinatrice d’Habicoop). « Aussi, sans des aménagements favorables, notamment en termes de fiscalité et de nature des prêts consentis, les coopératives risquent de n’être accessibles qu’à des ménages favorisés… Quant à l’intégration de logements très sociaux, souhaitée par la plupart des groupes, elle n’est possible en l’état actuel de la législation qu’en bâtissant un montage complexe avec un bailleur social agréé ». Raison pour laquelle un partenariat avec les coopératives
HLM est à favoriser en apportant crédibilité et légitimité au projet, notamment envers les partenaires bancaires. Le nouveau cadre législatif visera à simplifier les montages juridiques et sécuriser les dispositifs financiers. Les personnes souhaitant se réunir autour du projet de construction ou d’acquisition de l’immeuble qui abritera leurs logements et des espaces partagés, forment des sociétés d’habitat participatif. Ces personnes ont la qualité d’associés et acquièrent au préalable des parts sociales de ces sociétés qui pourront prendre deux formes : coopérative d’habitants ou société d’autopromotion. La différence essentielle réside dans le rapport à la propriété (et à la démocratie) puisque l’autopromotion peut déboucher sur une copropriété classique tandis que la coopérative d’habitants demeure dans une propriété collective. Elles ne sont toutefois pas exclusives l’une de l’autre, l’autopromotion pouvant donner lieu à une coopérative d’habitants. « Si l’adoption d’un cadre juridique ne règle pas tous les problèmes, notamment l’imposition sur les sociétés, il représente déjà un grand pas », estime Audrey Golluccio (Habicoop). Nathalie Delvolvé
Pour un T3 et l’accès aux espaces collectifs d’un ménage avec des revenus fiscaux inférieurs à 40 000 euros : apport de 30 000 euros pour l’achat des parts sociales. S’il part 10 ans plus tard, la coopérative acceptera une cession à environ 36 000 euros (qui correspond à une inflation de 2 % par an). Chaque mois, le ménage paie une redevance de 730 euros, dont 520 euros de loyer et 210 euros d’apports en comptes courants + les charges. Au bout de 10 ans, il a accumulé 27 500 euros d’apports en comptes courants (soit 30 % de sa redevance). Le délai de récupération de cette somme dépend des capacités financières de la coopérative. Financement du projet : Coût de l’opération : 1,9 millions d’euros environ tout compris. Coût de construction : environ 1 360 euros/ m2 HT Coût du foncier : 162 euros/ m² Shon* en PLS** et 212 euros/ m² Shon* en libre Prix de sortie : évalué à 2 300 euros TTC/ m² Apport du groupe : 380 000 euros. *Shon : La surface hors œuvre nette est égale à la somme des surfaces des planchers de chaque niveau moins tout ce qui n’est pas aménageable (sous-sols et combles non aménageables, toitures-terrasses, balcons, loggias, surfaces non closes du rez-dechaussée et garages). **PLS : prêts locatifs sociaux.
)L’habitat participatif dans le monde( Canada : 250 000 personnes dans 91 000 logements, 2 200 coopératives Québec : les coopératives d’habitants représentent 30 % du parc locatif public Suède : 17 % du parc immobilier Norvège : 15 % Allemagne : plus de 6 millions de logements dont 2 millions en coopératives Italie : plus de 300 000 logements Autriche : 340 000 logements
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Exemple tiré du Village vertical
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« L’éducation à la sécurité routière est un apprentissage permanent qui passe par une éducation à la citoyenneté, il s’agit d’apprendre à partager l’espace social qu’est la route. » Simon Couteau, directeur général délégué
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)Scop en action(
La route est avant tout un espace social La Scop ECF-Cerca, première adhérente du réseau ECF, retrace dans un livre ses 35 ans d’innovation au service de la sécurité routière et la constance de son projet coopératif d’éducation à la citoyenneté.
out le monde connaît ECF, École de conduite française. Mais peu savent que, dans le grand ouest, la majorité des centres de ce réseau sont réunis en une seule et même Scop de 350 salariés : ECF-Cerca, comme Centre d’éducation routière Centre Atlantique. L’histoire commence à la fin des années 60 lorsque quelques jeunes formateurs créent l’association ECF et avec elle le programme « La vraie conduite ». Cette méthode novatrice séduit d’emblée les pouvoirs publics qui s’en emparent pour démocratiser l’éducation routière. À l’époque, tout est à inventer et une minorité de personnes possède le permis. En 1970, la petite association est choisie par le ministère des Transports pour généraliser l’organisation de stages de conduite. Très vite, une multitude d’antennes locales voit le jour. En parallèle, dans l’Ouest, une vingtaine d’entre elles choisissent de se réunir au sein d’une Scop : ECF-Cerca... Chaque membre conserve son autonomie juridique, mais peut s’appuyer sur la force du réseau, qui met à leur disposition toute l’ingénierie pédagogique conçue par l’association nationale et sans cesse améliorée, ainsi qu’un ensemble de services : marketing, contrôle de gestion ou formations. « L’éducation à la sécurité routière est un apprentissage permanent qui passe par une éducation à la citoyenneté, il s’agit d’apprendre à partager l’espace social qu’est la route », résume Simon Couteau, l’un des 4 directeurs généraux délégués et par ailleurs membre de la Direction nationale du Mouvement des Scop. ECF milite depuis sa création pour que des « piqûres de rappel » viennent ponctuer la vie des conducteurs. Avec les autres acteurs du secteur, elle a obtenu de nombreuses avancées réglementaires :
attestation de sécurité routière en 5e et 3e, conduite accompagnée, formation professionnelle continue…
Des solutions pour tous les publics Bien au-delà du permis de conduire, la Scop pilote des actions à destination de tous les publics, toujours animée par cette ambition pédagogique et citoyenne qui caractérise le projet coopératif. Elle est entre autres la créatrice du premier Village sécurité enfants ou encore d’un simulateur de perte d’adhérence et d’autres innovations au service des professionnels de la conduite, un secteur qui représente aujourd’hui la moitié de son activité. ECF-Cerca organise également des journées de sensibilisation pour les conducteurs seniors, mais aussi à destination des publics en difficultés d’insertion sociale et professionnelle. « Le permis est aussi un levier de mobilité. Dans plusieurs départements, nous avons mené des projets d’insertion professionnelle par l’éducation routière, avec des résultats spectaculaires. Pour les seniors, il s’agit plutôt de faire en sorte qu’ils restent conducteurs le plus longtemps possible ». Hasard du calendrier, c’est l’année de ses 35 ans qu’ECF-Cerca lance sa première formation diplômante, un BTS « Transports et logistique », qui ouvre ses portes cet automne à Tours. Une gouvernance bien organisée La Scop compte 350 associés, dont une quarantaine de retraités. Une gouvernance compliquée ? « Pas tant que ça, grâce aux nouvelles technologies ! Mais les rencontres sont essentielles, pour rester créatif dans nos méthodes et pour que chacun participe vraiment à la bonne marche de l’entreprise. » L’assemblée générale se réunit deux fois par an et des équipes du Siège sont présentes
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Témoignages, photos d’époque, anecdotes,… Le livre « Cœur de Scopeur » reflète bien l’esprit de famille et de convivialité qui habite l’ECF-Cerca depuis ses débuts. Éditions Cueilleuse d’histoires Prix de vente : 9,5 €
sur le terrain pour accompagner les centres, faire remonter les besoins… et le conseil d’administration compte plusieurs membres associés invités en tant que « CA Junior », pour favoriser l’émergence de nouvelles idées et des potentiels pour demain.
Inventer de nouveaux modes d’apprentissage Pour marquer son 35e anniversaire, ECFCerca a choisi de se raconter dans un livre, « Cœur de Scopeur ». Cet ouvrage se veut un hommage aux fondateurs de la Scop et aux salariés-associés qui ont fait grandir l’entreprise, mais esquisse aussi l’avenir de la coopérative : inventer de nouveaux modes d’apprentissage, notamment dans le cadre de l’enseignement à distance, de la mise en place de classes virtuelles et d’assistance aux élèves connectés, et penser les choses pour tous les âges… ECF-Cerca reste un laboratoire d’innovations au service de la sécurité routière. Carine Dieu-Romastin
ECF-Cerca Création de l’association : 1969 Création d’ECF-Cerca : 1978 Chiffre d’affaires Cerca-COA-MJ-Arvor 2012 : 24 millions d’euros
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)Scop en action( SPECTACLE VIVANT
© Compagnie SomeBody / Photo Patrick Beelaert
Artenréel#1, pour mieux accompagner les artistes
Les artistes d’Artenréel
La CAE strasbourgeoise Artenréel, dédiée aux métiers artistiques et culturels, a lancé cet été Artenréel#1, société de production et de diffusion de spectacles vivants : musiques actuelles, théâtre, arts de la rue, contes… « Le statut d’entrepreneur salarié en CDI cohabite mal dans certains cas avec le régime d’intermittent du spectacle, très spécifique. Aujourd’hui, lorsque l’activité de
création d’un artiste du spectacle se développe, il est contraint de quitter la CAE, pour vivre son intermittence. Cette frustration de ne pas pouvoir continuer à les soutenir pendant ce moment clé a fini par nous donner des idées », nous explique Joël Beyler, cofondateur d’Artenréel et actuel gérant d’Artenréel#1. L’objectif est de répondre aux besoins spécifiques des artistes en
offrant aux membres, outre la production et la diffusion de leur création, des services mutualisés et l’accès à un statut adapté à la réalité de leur métier. « Artenréel#1 constitue une nouvelle étape vers la professionnalisation de l’artiste qui souhaite continuer à évoluer dans un cadre coopératif. Nous sommes même sollicités par des artistes du département organisés en collectif ou en associations qui veulent rejoindre la coopérative ». La nouvelle coopérative, qui compte une dizaine de projets, abrite à ce jour quatre départements créés pour tenir compte de la diversité des métiers représentés : théâtre et danse, conte et arts de la rue, musiques actuelles ainsi qu’un label de production musicale. Si Artenréel#1 est pour le moment une coopérative loi 47, ses fondateurs comptent bien la transformer en Scop dès que l’équipe salariés comptera deux personnes. Artenréel #1 rejoint ainsi Artenréel, Coopénates et Antigone au sein de la Scic Cooproduction, qui a vocation à faciliter les échanges et mutualiser les moyens de ses 4 structures. Elle assure également un lien entre les acteurs du territoire, du secteur coopératif et de l’économie sociale et solidaire. www.artenreel-diese1.com www.cooproduction.coop Carine Dieu-Romastin
IMPRIMERIE
Pour fêter ses 20 ans en Scop, l’imprimerie Laballery, spécialisée dans la production de livres à partir de 100 exemplaires en impression numérique jet d’encre, a réuni quelque 300 invités, clients éditeurs et partenaires, le 30 septembre à Clamecy (Nièvre). Présent aux côtés des élus locaux et régionaux, Benoît Hamon, ministre délégué en charge de l’ESS, a salué le modèle Scop à travers l’exemple de la reprise de Laballery par ses salariés en 1993 après un dépôt de bilan. Evoquant le projet de loi sur l’ESS, il a mis l’accent sur les mesures en faveur des coopératives dont le droit d’information et la Scop d’amorçage, avant de visiter l’imprimerie. Sur le thème « Les Scop, un des piliers de l’écono-
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© Pierre Destrade - Le Journal du Centre
Laballery fête 20 ans de reprise en Scop réussie
Le président de Laballery David Perrain (au centre) et le ministre de l’ESS, Benoît Hamon
mie sociale et solidaire », une table ronde a réuni notamment Patricia Lexcellent, déléguée générale de la CG Scop, Jean-Louis Cabrespines, président du Conseil national
des chambres régionales de l’économie sociale (CN Cres) et du Ceges, et Gilles Mure-Ravaud (voir page 8), directeur général de l’imprimerie pour qui le leitmotiv est de « devancer les demandes du client ». Laballery, qui compte aujourd’hui 63 salariés, « a su domestiquer la révolution numérique », a insisté Christian Paul, député PS de la Nièvre. Ainsi, elle a investi quelque 8 millions d’euros depuis 2007 dans la modernisation de son parc de production, a continué de renforcer en 2013 sa capacité de finition, moyennant un investissement de 1,8 millions d’euros. Prochaine étape en 2015 avec les 90 ans de l’entreprise. www.laballery.fr Corinne Lefaucheux
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GÉOMÈTRE-EXPERT
Une Scop partenaire de l’expédition de mesure du toit de l’Europe 4 807 mètres pour le Mont Blanc. C’est le chiffre que tout le monde ou presque a retenu de ses cours de géographie. Et pourtant, la 7e campagne de mesure du mont, largement médiatisée à la rentrée, vient de déterminer l’altitude exacte du sommet à 4 810,06 mètres. Organisées depuis 2001 par les géomètres-experts de Haute-Savoie et Leica Geosystems, ces expéditions ont lieu tous les deux ans, et c’est la première année que la participation est ouverte à des géomètres-experts d’autres départements, dont Christian Caveau, géomètre-expert et administrateur de la Scop francilienne Cogerat. Fondée en 1968 à Vert Saint-Denis (77), le cabinet Cogerat, spécialisé dans les travaux fonciers et l’aménagement local, rassemble 60 salariés dont 5 géomètres-experts. Christian Caveau a été retenu parmi trente candidats pour participer à l’expédition du sommet des Alpes. « Le seul moyen de mesurer le Mont Blanc avec une précision centimétrique, c’est de monter à son sommet un appareil GPS topographique, qui fonctionne comme un récepteur satellite mobile », nous explique–t-il. Ces campagnes de mesures permettent de tester la résistance du matériel de Leica Geosystems, utilisé par les géomètres-experts dans leurs travaux quotidiens, par des températures négatives et des vents
Les géomètres-experts au sommet du Mont Blanc
de plus de 50 kilomètres heures. Les données recueillies en temps réel constituent une précieuse base d’informations pour fournir aux générations futures les moyens de comprendre les conséquences des variations météorologiques. La première mesure par GPS, réalisée en 2001, a démontré que l’altitude du Mont Blanc varie selon les années et les saisons. Le sommet des Alpes est ainsi passé de 4 808,45 mètres en 2003 à 4 810,90 mètres en 2007, et n’est plus redescendu depuis. Outre l’intérêt scientifique, cette expédition permet de rassembler des profession-
nels passionnés, comme nous l’a raconté Christian Caveau. « Quel plaisir d’avoir participé à cette expédition. On a passé un moment incroyable, le temps était idéal et l’ambiance très sympathique. Nous sommes partis le 12 septembre de Chamonix. Après avoir monté 2 000 mètres, nous avons passé la nuit au refuge des grands mulets (3 050 m) ouvert spécialement pour nous. Le lendemain nous sommes partis à quatre heures du matin. Huit heures plus tard, nous étions au sommet du plus grand mont d’Europe. » www.cogerat.fr www.leica-geosystems.fr Fanny Dive
2013, date symbolique pour la Scop basque Coreba Comme ECF-Cerca, Mateloc ou Laballery (voir pages 28, 10 et 30), 2013 est une année symbolique pour Coreba, qui a fêté ses 30 ans en juillet dernier. Créée en Scop en 1983 après la cessation d’activité de l’entreprise BERC, la Coopérative ouvrière de réseaux électriques du Bassin de l’Adour (Pyrénées-Atlantiques) n’a depuis cessé de prospérer, avec un chiffre d’affaires qui avoisine
aujourd’hui les 11 millions d’euros. L’activité de cette Scop spécialisée dans la construction, la rénovation et l’enfouissement de réseaux (électriques, souterrains, aériens, fibres optiques…) s’étend sur quatre départements du Sud-Ouest. Coreba réunit 93 salariés dont plus de 80 sont associés. www.scop-coreba.com L’un des chantiers de Coreba
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)Parcours( > ROGER GABORIEAU, CO-FONDATEUR ET ANCIEN DG DE L’IMPRIMERIE DU BOCAGE
Une succession réussie, un engagement coopératif et territorial
V Roger Gaborieau et Mireille Pujol
avec une ou deux idées nouvelles pour ma Scop. Sans ces échanges, je n’aurais pas pu laisser l’imprimerie à mes successeurs au niveau où elle est aujourd’hui ». Pour assurer la bonne santé de l’entreprise, la succession de Mireille Pujol, actuelle directrice générale, s’est préparée sur presque 2 ans. En retraite depuis le 1er juillet 2013, Roger Gaborieau poursuivra son engagement au service de son territoire. Régulièrement élu et réélu maire des Lucs-sur Boulogne, com-
mune de 3 400 habitants où est implantée l’imprimerie, il continuera d’être au service de ses concitoyens dans le domaine du développement économique, à la Communauté de communes de Vie et Boulogne. www.imprimeriedubocage.com Retrouvez la vidéo de l’imprimerie du Bocage, réalisée à l’occasion du Congrès de Marseille 2012 sur : www.youtube.com/lesscops Carine Dieu-Romastin
> MARIE-PIA MEYER, DIRIGEANTE DE L’ENTREPRISE D’INSERTION AU PORT’UNES
Un parcours managérial au service des autres
Marie-Pia Meyer lors de la remise des diplômes à Dauphine, en octobre
Après un Deug en Droit, Marie-Pia Meyer a travaillé sept ans au service contentieux de Renault Diac, qu’elle a quitté en 1996 pour s’occuper de ses deux enfants. Peu de temps après, elle tombe sur une annonce d’AU PORT’UnES, une association stras-
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bourgeoise spécialisée dans l’insertion par l’économique de personnes en difficulté, qui cherchait une assistante sociale capable de gérer des dossiers de surendettement. Elle intègre l’équipe, d’abord à mi-temps, puis à plein temps en prenant également en charge les missions RH. Elle participe à la transformation de l’association en Scop dont elle est élue dirigeante en 2008. En juillet 2012, le départ de la responsable administrative et financière la conduit à vouloir renforcer ses compétences managériales. « Il fallait réagir rapidement. J’avais entendu parler du Parcours Dauphine, j’ai appelé la CG Scop et le lendemain, j’avais un rendez-vous pour m’inscrire ». Ces quelques mois ont été riches d’enseignement : « Nous avions tous un
métier très différent mais les mêmes préoccupations au quotidien. Les formateurs de l’université semblaient prendre autant de plaisir que nous à échanger, et en dépit de l’étiquette académique de Dauphine, ça n’est jamais sorti du concret. Pour moi, une expérience fabuleuse ! » AU PORT’UnES compte aujourd’hui 103 salariés, dont 60 en insertion, 10 associés. Elle a réalisé en 2012 un chiffre d’affaires de 2,19 millions d’euros. Sa filiale, une entreprise adaptée, salarie 17 personnes dont 14 sont porteurs de handicaps. Son chiffre d’affaires 2012 est de 264 000 euros. Voir aussi page 26 www.auportunes.com Carine Dieu-Romastin
03/2012 - Réalisation Agence interne multimédia MAIF - MAIF - société d’assurance mutuelle à cotisations variables - 79038 Niort cedex 9. Entreprise régie par le Code des assurances.
Pas moins de 500 personnes étaient présentes pour le pot de départ de Roger Gaborieau, co-fondateur et directeur général de l’Imprimerie du Bocage pendant 33 ans. Une belle marque de reconnaissance pour un parcours illustrant l’essence même du projet coopératif : permettre aux femmes et aux hommes de vivre et travailler harmonieusement ensemble sur le territoire qu’ils ont choisi, leur permettre d’avoir un emploi et de gagner en émancipation professionnelle. En 1979, Roger Gaborieau fonde avec plusieurs amis de jeunesse la première Scop multimétiers, avant même la naissance des premières CAE, avec une tôlerie automobile, une menuiserie et une imprimerie. La première ferme ses portes en 1985, mais les deux autres connaissent une croissance rapide et sont transformées en deux Scop distinctes en 1999 : l’Atelier du Bocage et l’Imprimerie du Bocage, dont Roger Gaborieau continue d’en assumer la direction. Il choisit de s’engager au service du Mouvement coopératif et rejoint la Fédération des Scop de la communication dont il assure la présidence entre 1998 et 2002. « Je m’étais imposé une règle : revenir de chaque réunion
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Crédit photo : © Joseph Ford
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Coopératif par choix, solidaire par vocation, nous exportons et adaptons notre savoir-faire aux cultures de chaque pays. Aujourd’hui et plus que jamais, l’esprit coopératif nous anime depuis 1964. Acteur majeur de l’économie sociale, le Groupe Chèque Déjeuner met toutes ses expertises au service des entreprises, des comités d’entreprise, des collectivités et des particuliers. À travers ses produits – titres de services prépayés - et ses solutions de gestion de l’action sociale, il apporte des réponses humaines et réalistes aux besoins de ses clients et bénéficiaires. En 2012*, le Groupe Chèque Déjeuner représente 45 sociétés et 1990 collaborateurs dans 13 pays. Chaque jour, près de 168 000 clients et 21 millions d’utilisateurs apprécient les produits et services du Groupe Chèque Déjeuner.
www.groupechequedejeuner.fr
*Chiffres consolidés 2012
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