Septembre . Octobre . Novembre 2016 . Numéro 660
)Participer(
)Enjeux(
Groupements de Scop : un outil de croissance des coopératives
)Rencontres(
Magazine des sociétés coopératives et participatives
Laurent Berger : « le salarié est acteur à part entière de son entreprise »
Intercoopération, réflexion, convivialité
Bienvenue au 36e Congrès !
Sommaire p.4 Média Scop p.6 Vie du réseau p.10 Communication p.11 Hommages
)Zoom( p.12 L ’Union Sociale des Scop et des Scic : 70 ans au service des salariés
)Dossier(
p.14 I ntercoopération, réflexion, convivialité
Bienvenue au 36e Congrès !
)Enjeux Scop( p.24 Groupements de Scop : un outil de croissance des coopératives
)Rencontres( p.26 L aurent Berger : « Le salarié est acteur à part entière de son entreprise »
)International( p.28 Au Québec, les coopératives d’habitants jouent la carte de la mixité sociale
)Scop en action( p.30 Le Bâtiment Menuisier : l’excellence au bout des doigts p.32 « Je n’ai plus de voiture, j’ai Citiz » Techni Conseil : une transmission réussie p.34 Lectures
Au revoir… Et à bientôt ! Avec la fin de mon mandat de président de la CG Scop, ce n’est pas sans émotion que je signe ce dernier éditorial dans les colonnes de notre journal PARTICIPER. Pendant dix ans, vous m’avez confié la responsabilité d’être le porteparole de notre Mouvement, celui qui représentait les Scop et Scic à l’extérieur essayant d’incarner au mieux le Mouvement dans toutes les composantes de son histoire, de ses acteurs dans leur diversité et de sa modernité. J’ai accepté cette responsabilité qui s’inscrivait dans le prolongement de mon engagement en tant qu’élu de notre Mouvement. La route était difficile, surtout quand il faut rester vigilant pour continuer à assumer sa fonction de dirigeant dans les deux coopératives Arpège et A Cappella dont je remercie tous les salariés sociétaires pour leur soutien. Mais cette période de 10 ans de juin 2006 à octobre 2016 a été exaltante. L’envie de grandir, de faire valoir ses idées, d’impulser des actions concrètes et d’innover suscite nécessairement des débats, des désaccords, des résistances et des moments difficiles. Mais nous pouvons être fiers de ce que nous avons tous accompli, fiers des débats, même vifs, qui témoignent de la vitalité de notre Mouvement et fiers du collectif que nous représentons. Certains s’étonnent du nombre de nos instances, du nombre de réunions. La réalité, c’est que notre Mouvement se développe inexorablement d’année en année, parce qu’il vit de sa diversité, de l’engagement de chacun, de son organisation structurée que nous avons rendue plus fluide et efficace en 2012 en articulant mieux le national et le régional. Je tiens à remercier très sincèrement toutes celles et ceux qui ont accepté d’œuvrer pendant ces dix ans à mes côtés, qui ont comme moi, porté et représenté notre Mouvement et se sont engagés avec cœur, dévouement et efficacité. Je tiens aussi à remercier les équipes salariées de notre Mouvement et particulièrement l’équipe de la CG Scop pilotée depuis 4 ans par Patricia Lexcellent, grâce à qui nos idées prennent corps et se développent. Enfin, je tiens à rendre un hommage tout particulier à celles et ceux qui, trop nombreux, ont tant apporté à notre Mouvement, et l’ont quitté bien trop tôt, tel tout récemment mon ami Michel Faure, remarquable entrepreneur coopératif, militant convaincu, qui a tant apporté à sa coopérative, à sa région et à l’échelon national. Pour ma part, dans le respect de nos statuts, je quitte mon mandat de président, mais j’aurai bien sûr toujours grand plaisir à vous retrouver en tant que coopérateur dans nos instances. Belle et longue vie à notre Mouvement.
Participer. Magazine des Sociétés coopératives et participatives 37, rue Jean Leclaire 75017 Paris - tél. : 01 44 85 47 00, fax : 01 44 85 47 10 • www.les-scop.coop Réalisation : Scopedit, 37, rue Jean-Leclaire 75017 Paris. Gérant : Patrick Lenancker. Rédacteur en chef : Pierre Liret. Secrétariat de rédaction : Corinne Lefaucheux, Carine Dieu-Romastin. Conception, réalisation, appui éditorial : Philem Despiney, Scop In Studio 4, Bruno Chambrillon. Impression : Chevillon Imprimeurs. Dépôt légal : 4e trimestre 2016. CPPAP 1115 T 87741 . ISSN 1264-949X. Abonnement : 1 à 3 abonnements souscrits : 26 € par abonnement, à partir de 4 abonnements 22 € par abonnement. Contact abonnement : 03 80 48 95 37
PARTICIPER Septembre • Octobre • Novembre 2016
Patrick Lenancker Président de la Confédération générale des Scop
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Participer N° 660
)Vie du réseau( )Mouvement(
Emploi Patrick Lenancker devient trésorier du Fonds d’expérimentation contre le chômage de longue durée
Une Convention nationale sous le signe du Congrès #SCOP2016
Les élus de toutes les régions se sont réunis les 2 et 3 juillet derniers pour la 4e Convention nationale des Scop, essentiellement consacrée à la préparation du 36e Congrès national : présentation des travaux issus des Congrès régionaux, modifications statutaires… (voir dossier page 14)
L’appel des salariés d’Ecopla, candidat à la reprise de leur entreprise placée en redressement judiciaire, a été présenté en séance plénière par la nouvelle présidente de l’UR Scop Rhône-Alpes Laurence Ruffin, et relayé sur les réseaux sociaux.
Le Fonds d’expérimentation contre le chômage de longue durée a été créé en juillet, à l’initiative d’ATD Quart Monde sur l’idée que « si les emplois manquent, ce n’est pas le travail qui manque ». La démarche consiste à créer des « entreprises à but d’emploi » pour embaucher, sur des activités partiellement solvables, des chômeurs de longue durée en contrat à durée indéterminée. L’objectif de l’expérimentation, qui se déroulera sur cinq ans dans dix territoires, est de démontrer qu’une telle démarche peut être non seulement bénéfique pour les personnes concernées, mais aussi viable économiquement pour la collectivité publique, par le redéploiement des sommes destinées à compenser la privation d’emploi. La trésorerie de l’association qui portera ce fonds a été confiée à Patrick Lenancker, président de la CG Scop, une nomination qui s’inscrit dans le cadre de son rôle de rapporteur de l’avis du Cese. La présidence sera assurée par Louis Gallois, président de la Fnars, qui sera assisté de Michel de Virville, ancien conseiller maître à la Cour des comptes, élu vice-président de l’association.
Renouvellement du partenariat Apec
La CG Scop a renouvelé la convention de partenariat qui la lie à l’Apec depuis 2011 au cours de la Convention nationale le 2 juillet. Les deux organisations ont ainsi réaffirmé, via un
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plan d’action commun, leurs objectifs pour développer l’emploi dans les territoires : faciliter la mise en relation des cadres et des jeunes diplômés avec les coopératives, accompagner les porteurs de projets en création ou reprise d’entreprise, aider les Scop et les Scic dans leur politique de gestion des ressources humaines… Pour Marie-Françoise Leflon, présidente de l’Apec : « Ce secteur offre de réelles opportunités d’emploi pour les cadres et les jeunes notamment en création ou reprise d’entreprise, et ceci en parfaite adéquation avec les valeurs portées par l’économie sociale et solidaire. L’ambition de ce partenariat est d’une part, de mettre en relation des candidats avec les recruteurs et d’autre part, d’accompagner efficacement les entreprises dans la gestion de leurs politiques RH ».
Pour Patrick Lenancker, président de la CG Scop : « L’Apec est l’acteur de référence en France pour l’emploi des cadres et des jeunes diplômés. Bon nombre d’entre eux souhaitent s’investir dans un projet ayant du sens, à taille humaine et qui leur permette de concilier autonomie individuelle et projet collectif. Ils peuvent grâce à l’Apec découvrir les possibilités d’appui que propose le réseau des Scop partout en France dans le cadre de création, reprise d’entreprise, ou de prise de responsabilités dans une coopérative en recherche de renforcement de compétences ». Avec cette convention, l’Apec et la CG Scop s’engagent à mettre en place un plan d’action commun au plus près des territoires. Plus d’informations sur www.les-scop.coop (Rubrique Communiqués de presse)
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)Vie du réseau(
)Innovation sociale(
Plus-values des CAE et défis posés au développement de l’entrepreneuriat salarié Le développement de l’entrepreneuriat salarié en CAE est l’une des priorités du Mouvement Scop. Après sa reconnaissance par la loi, une seconde étape s’imposait pour définir, ensemble, les défis à relever. C’est chose faite avec les résultats de l’étude menée en 2015-2016, la première du genre. Fruit d’un important travail de terrain piloté par la CG Scop et les deux réseaux Coopérer pour Entreprendre et Copéa, l’étude a été réalisée par le cabinet Opus 3 : 12 CAE multi-activités impliquées, plus de 100 heures d’entretiens, 1 400 entrepreneurs de 60 CAE enquêtés en ligne.
L’UR Scop Auvergne porte la création d’un nouvel incubateur L’UR Scop Auvergne vient de lancer sur sa région Alter’Incub, l’incubateur dédié à l’émergence et à l’accompagnement de projets d’innovation sociale. Forte de son expérience d’accompagnement de porteurs de projet, l’UR Scop portera cette initiative avec les principaux acteurs régionaux des champs de l’économie sociale mais également de l’économie conventionnelle et de l’accompagnement à la création d’entreprises : Chambre régionale d’économie sociale et solidaire Auvergne, Auvergne Active, l’Agence régionale de développement des territoires d’Auvergne, Conseil régional Auvergne Rhône-Alpes, et d’autres acteurs. Le réseau Alter’Incub opère désormais sur quatre territoires : Auvergne, Occitanie/ Pyrénées-Méditerranée, Poitou-Charentes et Rhône-Alpes. www.alterincub.coop
L’étude révèle que les entrepreneurs salariés plébiscitent l’offre de services proposée par les CAE. Mais cette offre doit devenir plus lisible et faciliter la croissance d’activité à long terme qu’attendent les entrepreneurs. Les CAE ont de nombreux impacts positifs, qui pourraient être mieux valorisés avec un référentiel d’utilité sociale partagé. Les structures sont bien gérées, le modèle économique solidaire et responsabilisant, mais fragile et à consolider pour pouvoir développer l’entrepreneuriat salarié. Le rapport fourmille de données et conclusions riches et inédites sur les CAE et leur fonctionnement. L’étude et sa synthèse sont en ligne sur la plateforme collaborative du Mouvement ou sur demande au délégué CAE, Nicolas Scalbert : nscalbert@scop.coop
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)Vie du réseau( Finacoop, 1ère Scic d’expertise-comptable française
)Communication(
100 000 vues pour la vidéo « Une Scop, c’est quoi ? » Rentrée en fanfare pour le film d’animation des Scop, lancée en 2013, qui a dépassé les 100 000 vues mi-septembre ! Diffusée sur les sites internet des Scop comme par le réseau pour les réunions d’information et les formations, cette vidéo, pensée comme un outil de communication et de pédagogie, est regardée par plus de 3 000 personnes par mois. À voir et revoir sur youtube www.youtube.com/lesscop
)Europe(
Reconnaissance des Sociétés coopératives Dans une publication parue le 19 juillet dans son Journal officiel, la Commission européenne reconnaît et légitime la différence fiscale pour les Sociétés coopératives dans ses articles 157 et 158 (chapitre 5.4.1) : « Les sociétés coopératives peuvent être considérées comme ne se trouvant pas dans une situation factuelle et juridique comparable à celle des sociétés commerciales, de sorte que le régime d’imposition plus favorable pour les coopératives peut ne pas
relever du champ d’application des règles en matière d’aides d’État, pour autant que les conditions suivantes soient respectées : elles agissent dans l’intérêt économique de leurs membres ; elles entretiennent une relation non pas purement commerciale, mais personnelle particulière avec leurs membres ; les membres sont activement impliqués dans leur activité ; les membres ont droit à une répartition équitable des résultats économiques…»
Créée en juillet dernier, Finacoop est la première et unique Société coopérative d’intérêt collectif en France d’expertise-comptable dédiée à l’économie sociale et solidaire, aux biens communs, et au développement territorial et durable. Le passage en Scic, volonté de l’équipe de Finacoop, a dû attendre que le Comité national du tableau, instance indépendante rattachée au Conseil supérieur de l’Ordre des experts-comptables, casse le refus d’inscription émis par l’Ordre des experts-comptables de Paris Ile-de-France au terme de 7 mois de procédure juridique pour parvenir à ce statut qui fait de Finacoop la 1ère Scic d’expertisecomptable française. Pour l’équipe de Finacoop, « Cette victoire symbolise le mariage entre la loi Hamon sur l’économie sociale et solidaire (ESS) du 31 juillet 2014 reconnaissant ce mode d’entreprendre adapté à tous les domaines de l’activité humaine, et la loi Macron du 6 août 2015 autorisant toutes les formes juridiques d’exercice professionnel dans l’ensemble des professions réglementées. » Finacoop, ses associés salariés, partenaires, et clients bénéficiaires (150 en seulement 1 an d’activité) se félicitent de cette avancée significative pour l’ESS. La nouvelle coopérative ambitionne désormais de devenir le cabinet pluri-compétences de référence pour les entreprises de l’économie sociale et solidaire. En savoir plus sur www.les-scic.coop
Connaissez-vous le Club des Anciens Coopérateurs ? Fort de plus de 140 membres aujourd’hui, le CAC a vocation à réunir les anciens des Scop, élus et permanents du Mouvement Scop qui souhaitent : • participer aux rencontres des adhérents organisées par le CAC. Et pour ceux qui le souhaitent : • accompagner, parrainer, tutorer les nouvelles Scop et celles qui sont dans le besoin. • travailler sur la rédaction d’expériences coopératives et l’histoire du Mouvement. Contact : Jean-Jacques Brunellière, président - jiji12@wanadoo.fr - www.les-scop.coop rubrique le réseau / CAC
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)Dossier(
Intercoopération, réflexion, convivialité
Le 36e Congrès des Scop a lieu à Strasbourg, première commune du Grand Est français avec 275 000 habitants et Eurométropole de 470 000 habitants sur l’ensemble de son agglomération
Participer N° 660
)Dossier(
Bienvenue au 36 Congrès ! e
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uel avenir pour le Mouvement Scop ? Depuis le Congrès national de Marseille en 2012, les Sociétés coopératives et participatives se sont développées comme en atteste le bilan chiffré de ce dossier. Les Scop ont poursuivi leur progression sur les plans démographique (nombre de coopératives, emplois, créations) et économique (chiffre d‘affaires, résultat net, fonds propres). Mais la progression a aussi été significative pour les Scic dont le nombre a plus que doublé avec 300 nouvelles coopératives en solde net. Le bilan collectif pour l’ensemble du Mouvement est donc largement positif sur les quatre dernières années comme il l’a été les années précédentes. Ce développement a été soutenu et conforté par le Gouvernement qui, dès 2012, a créé un ministère de l’Economie sociale et solidaire dont il a permis la reconnaissance institutionnelle en faisant voter une loi qui lui soit dédiée. Mais la CG Scop a été au premier plan des acteurs mobilisés pour contribuer à mettre en œuvre cette loi, avec des mesures significatives pour encourager la transmission d’entreprise, les regroupements coopératifs, la croissance externe, le développement des Scic et des CAE, enfin reconnues par la loi. Outre une intense activité en lobbying, le Mouvement a poursuivi son effort de long terme sur la communication pour faire valoir la réussite
Cap sur le congrès
D’année en année, le Mouvement des Sociétés coopératives et participatives se développe. Le 36e Congrès de Strasbourg est l’occasion de décider des axes qui permettront d’accentuer ce développement et de l’équipe qui le portera.
du modèle entrepreneurial des Scop et des Scic, notamment auprès des cédants d’entreprises, mais aussi auprès des jeunes. L’action a aussi été intense sur tous les autres volets destinés à faciliter l’accompagnement des adhérents et les échanges entre eux : toilettage des institutions du Mouvement, organisation territoriale, renforcement de l’appui juridique et financier, développement des formations, etc.
Texte d’orientation Pour les quatre prochaines années, le Mouvement dispose des bases solides pour poursuivre et accentuer son développement. Trois piliers fondent le texte d’orientation soumis au Congrès et qui a été débattu depuis plusieurs mois en région et dans les instances nationales : affirmer le projet sociétal du Mouvement, son modèle d’entreprise à visage humain ; renforcer l’efficience du Mouvement au service de la performance des adhérents ; et franchir un nouveau palier de développement. L’affirmation du projet sociétal, c’est faire mieux reconnaître un modèle d’entreprise qui vise à la réconciliation entre performance économique et valeurs sociales et sociétales, qui donne du sens au travail et valorise le capital comme instrument et non une fin en soi. L’efficience pour rendre les adhérents plus performants, c’est d’abord la nouvelle organisation territoriale à mettre en œuvre à échéance fin 2017. Mais c’est aussi renforcer l’accompagnement individuel et collectif des coopératives, notamment sur la vie coopérative et favoriser leurs échanges, l’inter-coopération. Enfin, le Mouvement peut franchir un nouveau palier de développement, non seulement
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en poursuivant le travail de long terme sur l’encouragement aux transmissions d’entreprises en bonne santé et à la croissance interne ou externe des Scop, mais aussi en investissant les filières d’avenir comme le numérique, en s’appuyant sur les succès des Scop industrielles pour contribuer à la pérennité des PME de ce secteur.
Plénière, ateliers et Village coopératif L’enjeu du Congrès de Strasbourg est donc de débattre et échanger sur ces thèmes et les déclinaisons qu’ils impliquent, non seulement en plénière, mais aussi lors des ateliers du jeudi après-midi : vie coopérative, succession, numérique, RSE, refonte de l’entreprise, biens communs, nouveaux modes de financement. Et pour permettre de prolonger les débats au-delà des plénières et des ateliers, le 36e Congrès innove avec la mise en place sur le Village coopératif d’espaces thématiques pour pouvoir dialoguer avec les autres personnes partageant leurs centres d’intérêt et les exposants. Un temps y sera notamment dédié pendant 1h30 lors de la matinée de la seconde journée. Depuis début octobre, les congressistes ont la possibilité de programmer des rendez-vous d’affaires avec d’autres coopérateurs. Enfin, le dernier enjeu du Congrès porte sur le renouvellement des élus qui porteront cette prochaine étape du développement du Mouvement. C’est la Direction nationale réunie à Strasbourg qui en décidera, et choisira notamment le président qui prendra le relais de Patrick Lenancker dont le mandat s’achève après 10 ans à la tête de la CG Scop. Pierre Liret
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)Dossier(
Patrick Lenancker :
« La forme coopérative Quels étaient vos objectifs lorsque vous avez pris la présidence de la CG Scop ? Je suis devenu président de la CG Scop deux ans après le Congrès de Nantes de 2004. Patrick Ségouin avait été réélu, mais il nous a malheureusement quittés trop prématurément en 2006. Lorsque je suis devenu président, j’ai participé avec d’autres à l’élaboration du Livre blanc du développement coopératif. J’avais déjà la conviction que les coopératives elles-mêmes sont le premier levier de notre développement, par croissance interne ou externe. Bon nombre d’entre elles peuvent être des Scop vitrines ou des Scop ambassades et faire la preuve par l’exemple de leur efficacité économique, sociale et environnementale. Notre base militante est aussi un puissant levier de développement. L’accompagnement « militant » des Scop & Scic ambassades permet une relation de premier niveau avec les créateurs-repreneurs et l’accompagnement technique apporte un accompagnement de projet. C’est réellement quand les Scop et les Scic aideront à la création de nouvelles coopératives que le développement pourra s’accélérer au-delà de la tendance actuelle déjà encourageante. Quels sont selon vous les points-clé du bilan de votre présidence ? Depuis 2008, ce qu’on a réussi le mieux, c’est la fierté affichée des coopératives : elles montrent de plus en plus leur appartenance en affichant leurs « couleurs ». On
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© Jean-Robert Dantou
Après dix ans à la présidence du Mouvement des Scop, Patrick Lenancker va passer le relais. Pour Participer, il dresse le bilan de ses mandats et du développement coopératif.
a réussi à vaincre cette tendance à rester caché. En application de l’une des résolutions du Congrès du « Futur aux Scop », dès 2009-2010, le Mouvement s’est lancé dans un vaste effort de rénovation de sa communication en adoptant une logique de marque soutenant une nouvelle déclinaison : Sociétés coopératives et participatives, valorisée par un nouveau logo et une signature : la démocratie nous réussit. Ce profond changement s’est fait sans heurts. Cette nouvelle identité du Mouvement a été le résultat d’une large consultation des adhérents et a été très remarquée dans le monde de l’ESS et aussi de l’entreprise. D’ailleurs elle l’est encore, preuve que nous avons visé juste.
Depuis quelques années, on parle également davantage des transmissions d’entreprises en Scop…
Je suis attaché de longue date à faire reconnaître l’enjeu des transmissions d’entreprises saines en coopérative. Les médias parlent surtout des reprises à la barre du Tribunal… Désormais, les transmissions représentent au total plus de 20 % des nouvelles Scop. Ce sont des transformations d’associations. Ce sont aussi des PME qui réussissent leur transmission en mode apaisé grâce à deux facteurs-clé : l’anticipation et l’accompagnement. Cela passe par la sensibilisation des futurs cédants, l’accompagnement et la formation des salariés et la mobilisation des parties prenantes : banque, conseillers de confiance et aussi les acteurs du territoire, C’est une bonne réponse, notamment pour pérenniser les PME industrielles. La solution Scop doit devenir naturelle ; c’est un élément de la biodiversité économique.
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a de l’avenir ! » La loi ESS de 2014 est un marqueur important de cette dernière mandature… Pour les Scop, il manquait une loi-cadre. La loi a été une opportunité avec de grandes satisfactions : la création d’un nouveau statut transitoire de Scop d’amorçage, le groupement de Scop, la sécurisation des CAE pour les dirigeants et les entrepreneurs salariés, des améliorations pour les Scic notamment avec la possibilité dorénavant pour les collectivités locales d’intervenir jusqu’à 50 % du capital. J’ai un regret sur l’information des salariés, qui a été un feuilleton aboutissant à dénaturer le projet de départ de se concentrer sur les 10 à 15 % de cessions qui ne se font pas, faute de repreneurs. Concernant cette loi, la CG Scop a fait un vrai lobbying en profondeur avec des contributions précises, démontrant ainsi sa capacité d’engagement et de propositions. C’est globalement une réussite. Nous avons été davantage reconnus au sein des familles coopératives et des familles de l’ESS, y compris sur un plan européen et international, où nous avons affirmé notre présence et où nous sommes régulièrement sollicités.
Qu’en est-il du développement des Scop aujourd’hui ? Avec 51 500 salariés dans 2 850 Sociétés coopératives et participatives, notre bilan est positif. Il s’appuie sur la diversification de notre offre en passant finalement en peu de temps, d’une forme unique à une diversité de formes de coopératives de salariés associés : la Scop bien sûr mais aussi la Scic, la CAE qui n’est pas un statut, mais bel et bien une forme originale pour permettre à des entrepreneurs individuels d’entreprendre ensemble, la Scop d’amorçage et le groupe coopératif. Et on ne va pas s’arrêter en si bon chemin ; on pourrait inventer des coopératives de travail dans l’économie numérique et plus globalement des coopératives de travail dans beaucoup de secteurs d’activité. On doit aller vers
des sujets nouveaux et j’ai toujours voulu encourager les innovations. Je continue de dire que le qualitatif va générer le quantitatif.
Parmi les autres axes forts, il y a également l’encouragement aux jeunes entrepreneurs… D’ores et déjà, 15 % des coopératives sont dirigées par des coopérateurs de moins de 35 ans ; ils ont aussi créé un mouvement des jeunes coopérateurs. Les jeunes sont très attachés aux valeurs coopératives : promotion, participation, solidarité, travail collectif. Les jeunes viennent dans une Scop ou une Scic pour ça. Au-delà des jeunes qui ont pleinement leur place dans la coopération de production, nous devons favoriser aussi la création-reprise en coopérative par les femmes, les seniors, les indépendants. Les jeunes nous incitent collectivement à aller vers de nouveaux marchés et de nouveaux secteurs, en premier lieu l’économie numérique. Je note au passage que le Conseil national du numérique a repris deux propositions venant des Scop. Il faut faire savoir aux jeunes que la voie coopérative est une façon efficace de développer un projet de transformation sociale. Dans un contexte de mondialisation dérégulée, le Mouvement a aussi structuré son organisation territoriale
Cap sur le congrès
Le projet coopératif est en parfaite adéquation avec les besoins des territoires. Les Congrès régionaux de cette année traduisent ces besoins : les salariés associés viennent, discutent, échangent. On progresse aussi dans nos outils d’animation au sein du Mouvement. Les coopérateurs ne veulent plus de choses uniquement descendantes. Ils sont militants et prennent part aux débats sur un mode participatif. La formation est aussi un enjeu pour le Mouvement ; on a renouvelé la totalité de l’offre avec les Pass 1 et 2, la formation des dirigeants en lien avec l’Université Paris Dauphine. Il reste pour autant encore beaucoup de choses à faire notamment pour sécuriser la succession des dirigeants dans les Scop. Mais l’essentiel est que tous les changements de cette dernière décennie ont été réalisés collectivement. Depuis 2012, nous avons adopté une nouvelle gouvernance avec une Direction nationale composée de 2 membres par UR. Il est important à l’avenir de donner encore plus de place aux initiatives locales et les comités territoriaux vont y contribuer : c’est l’un des objets de notre réforme territoriale. Aujourd’hui, j’arrive au bout de mon mandat avec la certitude que la forme coopérative a de l’avenir ! Propos recueillis par Eric Larpin
Et s’il fallait citer une coopérative qui vous a particulièrement marqué par son caractère innovant ou inattendu ? C’est une question difficile tant j’ai visité et vu des projets et des entrepreneurs enthousiasmants. Récemment, je retiendrais Delta Meca, la première Scop d’amorçage. C’est l’aboutissement réussi d’un long processus pour faire reconnaître ce statut et les deux entrepreneurs qui ont choisi ce statut pour réaliser la cession de leur entreprise en Scop sont particulièrement émouvants. Ils réinventent la coopération avec une transmission apaisée. Je pense aussi à la Maison de Gaudissard, un gîte-hôtel du Queyras que j’ai visité cet été avec Jacques Cottereau. Ses fondateurs ont choisi la Scop parce qu’ils avaient une vision collective du développement touristique en zone de montagne.
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)Dossier(
Ils font aussi Les parrains
Caisse des Dépôts La Caisse des Dépôts et ses filiales constituent un groupe public, investisseur de long terme au service de l’intérêt général et du développement économique des territoires. Sa mission a été réaffirmée par la loi de modernisation de l’économie du 4 août 2008. Pour concrétiser les projets des acteurs du développement économique et de la cohésion sociale, elle met à leur disposition son expertise et sa capacité d’investissement en direct ou via ses partenaires. Reconnu pour son expertise dans la gestion de mandats, le Groupe concentre son action sur quatre transitions stratégiques pour le développement à long terme de la France : les transitions territoriale, écologique et énergétique, numérique et démographique. www.caissedesdepots.fr
Crédit Coopératif Le Crédit Coopératif, issu de la Banque des Scop créée par et pour
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les Scop à la fin du XIXe siècle, est la banque historique des Sociétés coopératives et participatives avec lesquelles il entretient des liens étroits : il est la banque de 80 % d’entre elles. Une charte signée avec la Confédération générale des Scop exprime une volonté commune de favoriser le développement, les créations, les transmissions ou les reprises d’entreprises sous forme de Scop. Le Crédit Coopératif apporte des réponses concrètes aux besoins financiers et bancaires en étroit partenariat avec les représentants des Outils financiers du Mouvement des Scop. www.credit-cooperatif.coop
Groupe Up Fondé en 1964, le groupe Up est un groupe international, indépendant dont la maison-mère située en France est une coopérative. Il conçoit et commercialise des produits et services qui facilite l’accès à l’alimentation, la culture, les loisirs, l’éducation, l’aide à domicile, l’aide sociale mais aussi accompagne les entreprises dans la gestion de leurs frais professionnels ou dans l’animation de dispositifs de stimulation et de fidélité. Présent dans 17 pays, le groupe Up améliore le bien-être au quotidien de plus de 21,3
millions de personnes. S’appuyant sur ses 2 685 collaborateurs, il a réalisé, en 2015, un volume d’émission de 6,6 milliards d’euros auprès d’1 million de clients dont 700 000 commerçants. www.up-group.coop
Secrétariat d’État chargé de l’ESS Partenaire des structures représentatives du Mouvement coopératif, le secrétariat d’État chargé du Commerce, de l’Artisanat, de la Consommation et de l’Économie sociale et solidaire contribue à accroître leur capacité d’accompagnement. Ainsi par le biais de la convention signée avec la CG Scop, le secrétariat d’Etat contribue à promouvoir la création et la transmission d’entreprises en Scop, auprès des jeunes actifs, cédants et salariés repreneurs. Ce partenariat permet aussi de développer la mutualisation de compétences au sein des UR Scop, afin de favoriser la création de Scop d’amorçage, de groupements de Scop, de Scic et de CAE. Enfin, il vise la formation des acteurs coopératifs aux autres dispositifs prévus par la loi ESS. www.economie.gouv.fr/ess-economiesociale-solidaire
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le 36 Congrès e
Cap sur le congrès
Les partenaires
Union Sociale L’Union Sociale des Scop et des Scic assure depuis 70 ans la solidarité du Mouvement des Scop. Grâce à la mutualisation des cotisations versées par les Scop et Scic, chaque coopérateur et coopératrice peut bénéficier et faire bénéficier sa famille des œuvres sociales. De l’aide naissance à l’indemnité de fin de carrière en passant par les vacances ou la scolarité, l’Union Sociale des Scop et des Scic a toujours une solution à offrir quelle que soit la situation ou l’événement qui se présente. Cet avantage permet aux enfants de partir en colonie, de participer à des centres aérés, de partir en vacances familiales, de pouvoir utiliser des chèques lire et/ou des chèques disque dans le cadre de leur scolarité. Les coopératrices et les coopérateurs sans enfant à charge partent en vacances avec des chèques vacances. L’Union Sociale est au côté de tous les salariés des Scop et des Scic adhérentes dans les moments douloureux de la vie. Ainsi, elle suit les orphelins jusqu’à leur majorité ou jusqu’à l’âge de 25 ans. www.union-sociale.coop
EMI-CFD L’École des métiers de l’information (ÉMI) est une coopérative de formation professionnelle dédiée aux métiers de l’information, de l’édition et de la communication. Depuis 1982, elle accompagne de nombreuses entreprises et institutions (Le Monde, L’Équipe, Télérama, Flammarion, la Mutualité française, le ministère de l’Écologie, le Secours Populaire…) dans leurs évolutions technologiques et éditoriales. Elle assure également, par des formations qualifiantes et certifiantes, la reconversion de plus de cent personnes par an. L’équipe a créé en 2012 le premier parcours qualifiant destiné à la communication des acteurs de l’ESS. www.emi-cfd.coop
Eurométropole La Ville et l’Eurométropole de Strasbourg s’engagent dans l’économie sociale et solidaire depuis de nombreuses années. L’Eurométropole de Strasbourg regroupe 28 communes de toutes tailles autour de Strasbourg (33 à compter du 1er janvier 2017). Elles portent une attention particulière à l’entrepreneuriat coopératif et aux Sociétés coopératives et participatives locales, si proches des valeurs d’intérêt général que leurs collectivités défendent au quotidien. Leurs maîtres mots : l’écoute, la prise en considération, le partenariat, les valeurs de l’ESS, la coopération. La stratégie de développement économique de l’Eurométropole (Strasbourg éco 2030) a pour objectif de créer 27 000 emplois sur l’agglomération. L’Eurométropole compte sur les coopératives, leur dynamisme et leur créativité. Elles représentent près de 5 000 emplois sur le territoire et l’Eurométropole souhaite que ce poids augmente. L’accueil et la présence forte au Congrès des Scop comme au sein du Village coopératif, avec notamment le 1er Start Scop du territoire, est donc une évidence teintée de plaisir à rencontrer les coopératives de toute la France. www.europtimist.eu
Mucs Créée en 1847 sous la dénomination de société Philanthropique, l’Union du commerce et la Mutuelle générale des Scop deviennent en 1997 la Mutuelle Union du Commerce et des Scop (Mucs). Avec des contrats Individuels et des contrats Entreprises, qui s’adressent aux Scop et aux entreprises issues de l’économie sociale et solidaire, la Mucs propose une couverture santé et prévoyance qui protège aujourd’hui près de 8 000 personnes dans toute la France. La Mucs fait bénéficier à chacun de ses adhérents de services tels que le tiers payant, le téléconseil, l’assistance en cas de besoin ou encore la gestion de compte par internet ou mobile. www.mucs.fr
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)Enjeux Scop(
Groupements de Scop : un outil
L’inauguration de Calice, groupement de Scop créé par TPC et Sefard
Les Scop se sont vite saisies de la possibilité de constituer des groupements de Scop issus de la loi ESS de 2014 pour consolider leur croissance. Illustration en région Centre avec TPC et la transmission en Scop d’une entreprise traditionnelle, et en Aquitaine avec le rapprochement de deux Scop de réseaux électriques. Jusqu’à il y a quelques mois, c’était impensable juridiquement : une Scop n’avait pas le droit d’être associée majoritaire d’une autre Scop au-delà de 10 ans et a fortiori il n’était pas possible de constituer un groupement de Scop avec une Scop « mère ». Depuis la loi ESS de 2014 et ses décrets d’application, publiés l’an dernier, c’est désormais chose possible ; ce qui devrait lever des freins au développement des coopératives. Cette ouverture était tellement attendue, qu’on compte déjà plusieurs groupements de Scop, actifs ou en préparation. Exemples aux multiples facettes en Centre-Val de Loire et en Nouvelle Aquitaine. À cheval sur deux départements, le Loiret et l’Eure-et-Loir, c’est une opération de croissance externe qui a conduit TPC, une Scop de conditionnement de
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cosmétiques près d’Orléans, à initier le premier groupement de Scop en France, à l’issue d’un rapprochement avec Sefard, une entreprise d’usinage métallique de Nogent-le-Rotrou. Une aventure d’autant plus étonnante que tout cela s’est déroulé en quelques mois et que c’est bien l’entreprise adaptée TPC (qui emploie 80 % de travailleurs handicapés) qui s’est porté acquéreur de Sefard, une entreprise classique avec du personnel valide. Mieux : cette dernière a accepté au passage de se transformer en Scop.
Le groupe constitué en trois mois « Si tout s’est passé rapidement, c’est parce qu’il y a eu beaucoup de bonnes volontés de tous les côtés, souligne Stéphane Foisy, PDG de TPC et de la nouvelle entité (qui porte le nom de Calice).
De notre côté, avec une trésorerie saine, nous cherchions une solution de diversification pour nous développer et pallier le désengagement des acteurs publics sur les postes de travailleurs handicapés ; de son côté, Sefard avait besoin de partenaires économiques pour se relancer après une période difficile. Les collectivités locales nous ont apporté leur soutien, comme la Région Centre qui a abondé le capital, en doublant l’apport des salariés. L’UR Scop a apporté son soutien technique pour ce qui était tout de même une première juridique ! » TPC compte 185 salariés et Sefard une trentaine : il a donc fallu expliquer à tout le monde, au travers de plusieurs réunions, puis d’assemblées générales extraordinaires (AGE), l’intérêt de se constituer en groupement de Scop. « Pour Sefard, une des conditions pour que
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de croissance des coopératives
Une mutualisation dans le respect de chacun « La proposition de TPC est aussi arrivée à une période, où le propriétaire de Sefard, Thierry Cousin, avait envie de transmettre son entreprise à ses salariés, complète Catherine Teilleux, responsable commerciale. Mais étant donné la valeur qu’avait prise l’entreprise depuis cinquante ans, il aurait été impossible pour les salariés de reprendre tout seuls le capital. C’est pourquoi l’intervention de TPC s’est avérée bienvenue. » Comme elles sont dans deux métiers différents, les deux entreprises continueront de garder leur identité, mais avec des possibilités de développement multipliées par deux. D’ailleurs, Stéphane Foisy ne s’en cache pas. Son objectif est d’augmenter le nombre de postes de travailleurs handicapés de TPC jusqu’à 400 d’ici huit à neuf ans. Pour autant, TPC pourrait se voir contester l’antériorité d’avoir lancé le premier groupement de Scop Car en Aquitaine, le groupe Copland né du rapprochement entre Copland et Copelec en mai dernier, peut aussi revendiquer d’avoir essuyé les plâtres. Une deuxième aventure, une deuxième histoire, avec cette fois-ci deux Scop, sur le même territoire et dans le même métier (construction de lignes électriques) : Copland, la Scop de Samadet (Landes) et Copelec, celle de Villefranque (Pyrénées-Atlantiques). Mais le point commun avec le groupe Calice est que toute l’opération est allée aussi vite dans le Sud-Ouest que dans le Centre !
© Jean-Michel Lafforgue
les deux opérations (transformation en Scop, intégration dans Calice) se fassent était que la moitié des salariés deviennent sociétaires, explique Sophie Boichaud, responsable des ressources humaines. En trois mois, nous avons donc expliqué les nouvelles règles aux salariés (montée progressive au capital, réinvestissement des bénéfices) et au final, lors de l’AGE de mai dernier, 70 % d’entre eux ont été d’accord pour se lancer dans l’aventure ».
Copland et Copelec unis dans un groupement qui mutualise les moyens tout en maintenant une autonomie
Deux Scop se rapprochent « Avec les salariés de Copelec, on se croisait régulièrement sur les chantiers depuis de nombreuses années, évoque Alexandre Hedri, PDG de Copland. On faisait le même métier, mais leur santé financière s’est dégradée. En conséquence, ils nous ont demandé de l’aide en fin d’année dernière. Une AGE en novembre 2015 a validé le rachat de Copelec par Copland. Dès nos premières discussions, nous avions pensé à la solution nouvelle du groupement de Scop. Le Groupe Copland est devenu réalité en mai dernier, avec deux entités : Copland et la Société nouvelle Copelec. Vingt salariés de Copelec ont décidé de poursuivre au sein du groupe. On leur a offert une part symbolique de la nouvelle Scop et ils se sont engagés à abonder le capital dès qu’ils le pourront. » Comme pour Calice, les statuts des deux sociétés ont été harmonisés et les administrateurs du groupement sont issus des deux sociétés. « Cet accord va permettre à Copelec de se remettre d’aplomb, poursuit Alexandre Hedri, et
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de notre côté, nous allons pouvoir nous développer sur une zone géographique, le Pays Basque, où nous étions encore peu présents. C’est certainement une bonne solution pour tout le monde, dans laquelle on mutualise des moyens, mais où chacun préserve une certaine autonomie.» Pour le groupe Calice, comme pour le groupe Copland, la diversification pourrait aussi passer par l’intégration d’autres Scop à l’intérieur des groupements. Rien n’interdit en effet de se cantonner à deux Scop et on a vu que Calice agrégeait des métiers bien différents, entre le conditionnement de cosmétiques et l’usinage métallique. Stéphane Foisy, PDG de Calice, l’image à sa façon : « au sein de notre groupement, il y a un rapport de mère à fille entre les deux entreprises, mais avec une égalité entre les générations ». Pourquoi alors ne pas accueillir d’autres membres dans la famille ? Eric Larpin
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