Avril . Mai . Juin 2014 . Numéro 651
)Participer(
)Ouvertures(
L’ESS : reconnaissance d’un secteur multiprofessionnel
)Enjeux(
Magazine des sociétés coopératives et participatives
PTCE : la coopération comme outil de développement local
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Réforme de la formation, un enjeu pour les Scop 28/04/14 16:12
Crédit Coopératif – Société coopérative anonyme de Banque Populaire à capital variable – RCS Nanterre 349 974 931 – APE 6419 Z – N° ORIAS 07 005 463 – 12, boulevard Pesaro – CS 10002 – 92024 Nanterre cedex – Offre sous réserve d’acceptation du dossier. Conditions disponibles en agences.
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Sommaire p.4 Média Scop p.6 Vie du réseau p.10 Actualités
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© Sandrine Greze, Oxalis
Le nerf de la guerre
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Réforme de la formation, un enjeu pour les Scop
)Ouvertures( p.18 L’ESS : reconnaissance d’un secteur multi-professionnel
)Enjeux Scop( p.22 PTCE : la coopération comme outil de développement local
@ Architectures Marc Ballay
p.20 Pratique
p.24 L’essor de la coopération de travail associé en Belgique
)Scop en action( p.26 Alma, l’informatique plus que jamais coopérative
)Rencontres( p.30 Emmanuelle Wargon, déléguée générale de la DGEFP p.32 Parcours p.33 Lectures Participer. Magazine des Sociétés coopératives et participatives 37, rue Jean Leclaire 75017 Paris - tél. : 01 44 85 47 00, fax : 01 44 85 47 10 • www.les-scop.coop Réalisation : Scopedit, 37, rue Jean-Leclaire 75017 Paris. Gérant : Patrick Lenancker. Rédacteur en chef : Pierre Liret. Secrétariat de rédaction : Corinne Lefaucheux, Carine Dieu-Romastin. Conception, réalisation, appui éditorial : Philem Despiney, Scop In Studio 4, Bruno Chambrillon. Impression : Chevillon Imprimeurs. Dépôt légal : 2e trimestre 2014. CPPAP 1115 T 87741 . ISSN 1264-949X. Abonnement : 1 à 3 abonnements souscrits : 26 € par abonnement, à partir de 4 abonnements 22 € par abonnement. Contact abonnement : 03 80 48 95 37
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© Sabam 2009 - Frankinho
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e tous temps, les Scop et leur Mouvement ont eu à cœur de poser les fondations économiques leur permettant d’atteindre leur idéal. C’est dans cet esprit que très tôt, le Mouvement a su se doter d’outils de solidarité financière par la mutualisation d’une partie des cotisations des coopératives adhérentes : Socoden pour l’exploitation ou le développement, Scopinvest pour consolider les fonds propres et Sofiscop en garantie avec le Crédit Coopératif. Ces trois outils apportent souvent la première pierre d’un tour de table plus important et l’innovation est en marche pour démultiplier nos capacités de financement avec Bpifrance, notamment pour les transmissions d’entreprise et le développement de nos Scop. La solidarité est aussi un levier performant en matière de formation professionnelle. Les Scop disposent depuis 2005 d’un fonds volontaire de financement des formations coopératives : Form.coop, géré par Uniformation. A l’heure où la réforme de la formation professionnelle présentée dans ce numéro va limiter les obligations légales de financement des entreprises, Form.coop démontrera de plus en plus son efficacité pour financer les formations coopératives et managériales au-delà des formations « métier » qui sont la première priorité des plans de formation. « Le nerf de la guerre » n’est pas une expression naturelle pour des entrepreneurs coopératifs animés par la volonté de faire ensemble et différemment. Mais dans un environnement économique qui repose sur une compétition sans merci, le financement est le premier levier de l’avenir et de l’autonomie des Sociétés coopératives et participatives.
Patrick Lenancker Président de la Confédération générale des Scop
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)Actualités( )formation professionnelle(
L’Afpa et la CG Scop signent une convention de coopération La CG Scop et l’Afpa, Association nationale pour la formation professionnelle des adultes, signent une convention de coopération pour favoriser des synergies entre les deux réseaux au service des porteurs de projet de création et reprise d’entreprises.
Patrick Lenancker et Yves Barou
Le 12 mars dernier, Patrick Lenancker, président de la CG Scop, et Yves Barou, président de l’Afpa, Association nationale pour la formation professionnelle des adultes, ont signé au siège de l’Afpa à Montreuil (93) une convention de coopération marquant un engagement réciproque pour mieux accompagner les stagiaires Afpa intéressés par la création et reprise d’entreprise. Le partenariat avec l’Afpa marque la volonté d’assurer un continuum étroit entre les deux organismes au service de l’insertion et de la réussite professionnelle des stagiaires de l’Afpa, en les informant et les sensibilisant à l’entrepreneuriat collectif et coopératif pendant leur formation, puis en offrant, à ceux qui le souhaitent, un accompagnement
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personnalisé pour la création de leur activité après leur formation. Il permettra de proposer un « service plus », à tous les stagiaires Afpa qui souhaitent créer ou reprendre une entreprise, et plus particulièrement à ceux qui suivent l’accompagnement ou la formation de « gestionnaires repreneurs d’entreprise ou créateurs ». Informer sur le modèle d’entrepreneuriat collectif Les points-clé de l’entrepreneuriat coopératif seront ainsi présentés dans le cadre des formations « création/ reprise » de l’Afpa. Et une information sur les modèles d’entrepreneuriat coopératif et collectif est d’ores et déjà à disposition des formateurs et stagiaires
Afpa via internet et l’édition de flyers et d’affiches. La démarche d’information permettra aussi de sensibiliser aux atouts de ce modèle les partenaires et financeurs. Enfin, le partenariat permettra de mieux faire connaître les services offerts par l’Afpa en matière de gestion prévisionnelle des emplois, de validation des acquis, et de formation professionnelle continue auprès des équipes salariées du réseau des Scop. Signé pour une durée de trois ans, le partenariat prévoit une expérimentation sur trois régions : Île-de-France, Bretagne et Rhône-Alpes afin d’étudier les meilleures modalités de cette coopération en vue d’un déploiement à plus long terme. Pour Jacques Cottereau, viceprésident de la CG Scop en charge de la formation et initiateur du rapprochement avec l’Afpa, « la finalité même des Scop est l’emploi et la progression professionnelle de leurs membres. Aussi se reconnaissent-elles pleinement dans la vocation de l’Afpa à accompagner les demandeurs d’emploi et salariés à toutes les étapes de leur vie professionnelle ». L’Afpa, acteur de l’ESS Avec plus de 150 000 personnes formées chaque année, l’Afpa (Association nationale pour la formation professionnelle des adultes) est depuis plus de soixante ans, le premier organisme de formation des actifs. L’association accompagne les salariés et demandeurs d’emploi de la formation à l’emploi : insertion, reconversion, professionnalisation. Engagée dans une démarche d’utilité sociale, l’Afpa affirme son ancrage dans l’économie sociale et solidaire, comme l’a exprimé le président Yves Barou lors de la signature du partenariat avec la CG Scop : « Il y a ceux qui voulaient privatiser l’Afpa et ceux qui voulaient au contraire l’étatiser. Le modèle de l’ESS permet de combiner une vocation d’intérêt général avec une dynamique d’entrepreneuriat privé ». Avec une large gamme de formations qu’elle renouvelle en 2014 et une offre modulaire, l’Afpa permet à chacun de construire son parcours de qualification avec les modules adaptés à ses besoins. Pierre Liret En savoir plus : www.afpa.fr
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Réforme de la formation,
un enjeu pour les Scop La loi relative à la formation professionnelle, à l’emploi et à la démocratie sociale a été promulguée le 5 mars dernier. Elle introduit « un changement de paradigme » dans la formation professionnelle, avec le passage d’une obligation de financer à une obligation de former, et une plus grande responsabilité accordée à la personne dans sa formation professionnelle. Une réforme particulièrement importante pour les Sociétés coopératives et participatives, dont le projet même est fondé sur l’évolution et l’émancipation professionnelle de ses membres.
L La loi pose le changement de paradigme du système de la formation professionnelle, en passant de l’obligation de cotiser à l’obligation de former.
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a dernière réforme de la formation professionnelle remonte à 1971 et l’évolution du contexte économique et social en quarante ans, avec notamment l’arrivée progressive d’un chômage de masse, a rendu sa refonte impérative. Pour ce faire, le gouvernement a privilégié le dialogue social et la concertation entre partenaires sociaux : la loi du 5 mars 20141 reprend fidèlement les dispositions inscrites dans l’accord national interprofessionnel du 14 décembre 2013. La loi pose comme objectif d’accroître l’accès à la formation professionnelle de ceux qui en ont le plus besoin : les jeunes, les chômeurs et les moins qualifiés, qui sont les premiers visés en cas de licenciements
économiques. Pour l’Udes (Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire, cf. p.18-19), « la loi pose le changement de paradigme du système de la formation professionnelle en renvoyant davantage à la responsabilité individuelle qu’à une démarche collective ». Elle consacre également les conseils régionaux comme chefs de file de la formation. Lorsqu’on les interroge, les Scop donnent à cette réforme une tonalité positive. Pour Claire Broussart, DRH d’UTB, première Scop du bâtiment avec 1 200 salariés, « la volonté des politiques est de faire des salariés les acteurs de leur formation depuis la formation initiale ». Elle poursuit : « La loi instaure une obli-
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)Dossier( gation systématique de formation tous les 6 ans, ce qui signifie qu’aucun salarié ne doit être mis de côté et que les besoins en compétences de l’entreprise seront régulièrement mesurés. C’est un véritable pari sur la responsabilité sociale des entreprises ! » Philippe Mazel, président du conseil d’administration de l’organisme de formation Performance Méditerranée, est plus attentiste mais considère que « si l’ensemble de la chaîne de la formation l’investit, ce sera une très bonne loi. Et on peut se réjouir qu’elle instaure la transparence dans le financement des syndicats ou dans le contrôle exercé sur les formations éligibles au compte personnel de formation. »
Responsabilité individuelle Cette « révolution » attendue s’appuie sur un outil au cœur de la réforme : le compte personnel de formation (CPF) qui remplacera le droit individuel à la formation (DIF) dès le 1er janvier 2015. Il permet d’accéder à la formation professionnelle tout au long de sa vie, quel que soit son
L’école UTB a pour vocation de créer des modules de formation exclusifs
statut (en poste, au chômage, en sortie d’étude) alors qu’auparavant, l’accès à la formation professionnelle dépendait justement de ce statut, les salariés étant
privilégiés par rapport aux autres, du fait du poids prépondérant des employeurs dans le départ en formation. Le CPF, plafonné à 150 heures de formation (contre
Transmettre à ses pairs : un principe majeur de En matière de formation continue, les Scop se distinguent sans doute par la place faite aux formations entre pairs et à la transmission des valeurs coopératives. Claire Broussart, UTB (Pantin, 93) Comme d’autres Scop, UTB a mis en place une école interne, « l’école UTB ». Elle trouve son originalité dans le fait qu’elle Claire Broussart s’appuie sur le partage d’expérience de ses propres collaborateurs pour mieux transmettre les savoir-faire propres à l’entreprise. Elle n’a pas vocation à se substituer aux autres organismes de formation, mais à créer des modules de formation exclusifs pour renforcer l’identité de la société, développer la transversa-
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lité et faire progresser les salariés. Y sont proposées des formations propres à nos process et à nos métiers, à nos exigences en termes de compétences techniques et comportemental, ainsi qu’un module sur le sociétariat (culture de l’entreprise, histoire, valeur). Les modules de formation sont conçus en interne et animés par des salariés qui deviennent des formateurs occasionnels. « Participer à ces formations fait partie des missions de nos managers ; ils développent ainsi leur capacité à transmettre leur savoir et savoirfaire », explique Claire Broussart.
Caroline Brisson
Caroline Brison, Groupe Chèque Déjeuner (Gennevilliers, 92) Une formation, « Vivre l’entrep r i s e c o o p é ra tive », est spé-
cialement dédiée aux futurs sociétaires pour qu’ils comprennent et s’approprient leur mission. Pendant 4 jours, sont abordés l’histoire de la coopérative, les droits et devoirs du sociétaire, la culture de groupe. Une fois les sociétaires admis et intégrés, la formation se poursuit pendant deux jours pour apprendre ensemble et savoir lire les comptes et prendre part aux décisions d’assemblées générales. Cette formation existe depuis une vingtaine d’années. En parallèle, le groupe a également mis en place un système de parrainage. Le comité de parrainage, les parrains et les marraines doivent faciliter l’insertion des futurs sociétaires et les guider vers le sociétariat. Ce parrainage consiste en des rencontres régulières autour de la transmission de l’histoire et de la culture du groupe. Il s’agit de donner des points de repère sur le positionnement du groupe dans l’ESS, le fonctionnement de la Scop. Les parrains et marraines suivent une journée de formation pour
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120 auparavant), pourra être alimenté par l’employeur, les partenaires sociaux, les conseils régionaux et Pôle emploi, « sans que rien ne soit dit, pour le moment, des modalités d’abondement », remarque Philippe Mazel, d’autant que 150 heures de formation lui paraissent bien peu pour accéder à une formation certifiante ou qualifiante. Toutefois, pondère-t-il, si le CPF prend le chemin du CIF, « la réforme est gagnée ». Pour Jean-Pierre Azaïs, représentant de la CG Scop à l’Udes et à l’Opca (organisme paritaire qui collecte les cotisations des entreprises pour la formation) de l’économie sociale Uniformation, « cette réforme constitue une opportunité pour les Scop car les outils mis en place sont conçus pour le développement, la transition, la succession. Dans l’idée originelle du législateur, le CPF et, plus encore, le conseil en évolution professionnelle (CEP) permettent aux individus intéressés de changer de statut. Il faudra donc combiner nos efforts avec les Opca pour qu’une information soit faite, le plus en amont possible, sur ces dispositifs dans les cas de reprises. »
Formation au vert chez Oxalis
Vigilance sur la mutualisation Autre point clé de la loi, la fusion de toutes les cotisations aux fonds de formation en une seule, variable en fonc-
tion de la taille de l’entreprise : 0,55 % pour les moins de 10 ETP (équivalent temps plein), 1 % au-delà, dont une partie sera mutualisée au profit des
être en capacité d’accompagner leurs filleuls. S’y ajoutent des ateliers d’échange de pratiques et une journée annuelle du parrainage qui réunit tous les parrains et marraines, leurs parrainés et le comité de parrainage. Le parrainage se fait sur la base du volontariat, après 7 ans d’ancienneté. Un appel à candidatures est lancé tous les ans auprès de ces salariés. Sont également proposées les formations de l’UR Scop pour les administrateurs, ce qui permet un renouvellement naturel des instances. Les cadres dirigeants seront orientés sur la formation montée en partenariat avec l’Université Paris Dauphine. « Pour nous la formation coopérative est aussi importante que la formation métier, la pérennité du Groupe dépend autant de son développement économique que de sa capacité à transmettre la culture, les valeurs, les pratiques et l’éthique de la coopérative, nous souhaitons des sociétaires engagés et responsables », souligne Caroline Brison.
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@ Bernard Maisonneuve, Oxalis
ur de la formation coopérative Anne-Laure Degris, Oxalis (Meythet, 74) « Nous avons instauré des modules obligatoires pour les personnes qui Anne-Laure Degris entrent dans la coopérative et celles qui commencent à se salarier ». Certains des nouveaux entrants n’ont jamais entendu parler des coopératives. Un module est y donc consacré (histoire, modèle démocratique), d’autres portent sur le fonctionnement, la gestion des activités (pour accompagner l’autonomie) ou la gestion de la CAE. Ce module est pris en charge par les administrateurs et les membres de l’equipe qui bénéficient d’une maquette pédagogique réalisée pour faciliter la transmission. « Les résultats sont excellents en termes d’inclusion, d’appropriation de notre outil de travail partagé », constate Anne-Laure Degris.
Oxalis se distingue par un fort nombre d’associés (plus de la moitié des effectifs), ce qui suppose de réfléchir à la nature de l’outil de travail collectif. Une deuxième formation est donc obligatoirement suivie lorsqu’il y a passage au statut de salarié ; elle comprend un module « devenir associé », un module plus commercial (pour assurer le salaire dans la durée), un module « droit social », réalisé sur le mode de l’éducation populaire. Depuis 5 ans, Oxalis organise également un regroupement annuel, le Carrefour des métiers ouvert à tous les membres, pour continuer à partager et monter en compétences. C’est une manière de se co-former en utilisant la richesse des uns et des autres.
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petites entreprises et des chômeurs. Ce qui inquiète l’Udes, qui constate que les structures employant entre 10 et 300 ETP sont confrontées au même problème d’accès à la formation que les TPE. Philippe Mazel s’interroge : « La baisse de l’obligation légale sur le plan de formation aura forcément des conséquences pour nos structures en tant qu’employeur. Jusqu’à présent, nous pouvions rester à un niveau élevé de formation grâce aux fonds mutualisés, bien gérés par Uniformation, mais demain... » Reste à suivre les négociations interbranches puisque des contributions complémentaires à l’obligation légale pourront y être décidées. Pour Jean-Pierre Azaïs, la réforme du financement peut ouvrir une opportunité pour le mouvement des Scop : « On dispose d’un outil interne de mutualisation, ajouté à la mutualisation légale, Form.coop qui représente 0,1 % de la masse salariale brute collectée. Cet outil sert pour les formations spécifiquement coopératives. La loi réinterroge ce dispositif puisqu’il n’y a plus de mutualisation légalement obligatoire. C’est le moment pour le mouvement de renforcer et d’étendre cet outil qui garantit la solidarité interne en matière de formation professionnelle. »
La formation au cœur du projet coopératif « Le cinquième principe de l’Alliance coopérative internationale2, normalement observé par l’ensemble des coopératives, est le suivant : “Les coopératives fournissent à leurs membres, leurs dirigeants élus, leurs gestionnaires et leurs employés, l’éducation et la formation requises pour pouvoir contribuer effectivement au développement de leur coopérative”. Autant dire que nous avons une obligation de formation envers nos membres », rappelle AnneLaure Degris, co-directrice de la Scop SA Oxalis, coopérative d’activités et d’emploi implantée sur tout le territoire national. La formation professionnelle y est donc une priorité, même si la donne est différente dans une coopérative aux multiples métiers. Oxalis a d’ailleurs mis en place un comité d’arbitrage composé de salariés permanents et d’associés, pour définir les règles de répartition des fonds collectés. La CAE entame aujourd’hui une réflexion pour être « plus
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)Dossier(
Dans le Groupe Chèque Déjeuner, les parcours de formation sont pluriannuels et construits dans la progression
proactive sur le plan de formation », explique Anne-Laure Degris. « Certains entrepreneurs-salariés, notamment ceux dont le chiffre d’affaires s’effondre, doivent être réorientés, se renouveler dans leur pratique ou leur métier. Cette réflexion en cours demandera le développement de compétences des équipes dédiées à l’accompagnement à la reconversion. Mais la formation est bien un objectif partagé par tous. » Un positionnement que ne renie pas Claire Broussart, DRH d’UTB, qui intervient sur des métiers très techniques : génie climatique, couverture, plomberie, etc. « Notre fonds de commerce s’appuie sur les compétences des équipes. Nous avons donc besoin de les voir évoluer. » D’autant que les métiers du bâtiment vont continuer de changer avec l’écoconstruction. Elle poursuit : « La formation professionnelle a toujours été une ligne d’investissement chez UTB, gérée en fonction des besoins stratégiques de l’entreprise et de ceux des salariés », quand dans d’autres entreprises elle est souvent vécue comme une contrainte budgétaire, constate-t-elle. Si bien qu’UTB est toujours allée au-delà de l’obligation légale en matière de formation professionnelle et a mis en place une école UTB » (cf. p. 14-15). Même credo à Perfor-
mance Méditerranée : « C’est dans nos gènes ! Tous nos salariés bénéficient ainsi d’au moins une formation par an. » Cette exigence de formation est aussi dictée par les partenaires, qu’il s’agisse des Opacif3 ou du Conseil régional de Paca auprès duquel Performance Méditerranée a obtenu le label de certification qualité R.E.S.E.A.U. Depuis toujours, le Groupe Chèque Déjeuner, l’un des trois acteurs-clé du titreservice, dépense lui aussi plus que les obligations légales et investit beaucoup dans la formation professionnelle. « Il est important d’accompagner nos collaborateurs dans leur développement, ça fait partie de la culture du groupe », rappelle Caroline Brison, responsable développement RH, culture de groupe et performance. En 2012, l’entreprise a redéfini sa politique de formation « pour se placer dans une logique pluriannuelle de parcours de formation, accompagner nos collaborateurs aux changements qu’allait vivre le groupe dans le respect de la politique de GPEC4 ». Trois niveaux ont été définis : un niveau « fondamentaux » qui est le socle commun que doivent acquérir tous les collaborateurs, en lien avec les savoir-faire et les savoir être du groupe. Un deuxième niveau correspond aux
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Jean-Pierre Azaïs (Scop Orque) représente la CG Scop à l’Udes et Uniformation
actions de formation spécifiques identifiées par métier et/ou filiale. Le troisième relève de l’accompagnement individuel. Pourquoi cette évolution de la formation professionnelle ? « Parce que nous avions besoin de projections à plus long terme, pour répondre aux enjeux stratégiques du groupe. Les parcours de formation sont construits dans la progression. La gestion de carrière des collaborateurs se fait aussi par le biais d’entretiens de progrès annuels qui abordent l’évolution professionnelle et à l’issue desquels un dispositif d’accompagnement est proposé. »
Scop de formation Quels impacts la réforme aura-t-elle sur les organismes de formation en Scop ? On en compte aujourd’hui 127, qui emploient 2 795 salariés. Les structures de moins de 10 salariés sont majoritaires (elles ne sont que 12 à dépasser les 50 salariés). En 10 ans, le nombre de Scop investies dans la formation professionnelle a crû de 60 %. Si la grande majorité se consacre à la formation d’adultes, elles sont nombreuses à « avoir adopté un positionnement de niche qui, selon Jean-Pierre Azaïs, garantit leur viabilité », en les protégeant d’une concurrence féroce dans un secteur aujourd’hui caractérisé par le recours aux marchés publics. « Les grands organismes de formation tireront plus avantage de la loi car les demandes plus globales seront faites sous appels d’offres. La loi va donc pousser les Scop de la formation au regroupement. Elle peut être une opportunité pour le tissu des organismes de formation qui a fait preuve
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jusqu’ici d’une grande créativité », constate encore Jean-Pierre Azaïs. Philippe Mazel ajoute : « Demain, Monsieur Dupont fera son marché sur Internet pour acheter directement des modules de formation, voire sollicitera une formation à distance (FOAD) ou un mini-Mooc5. Il faudra donc nous moderniser, ce qui demandera des investissements conséquents en matériel et en formation de formateurs. La loi peut être un challenge, une belle occasion de renouveler notre métier. » Et dans ce domaine, il reconnaît qu’être une coopérative apporte des avantages, d’une part parce que les Scop bénéficient du CICE (crédit impôt pour la compétitivité et l’emploi), « ce dont ne bénéficient pas nos concurrents associatifs », mais surtout, parce que l’organisme de formation
peut accéder aux outils de financement développés par le mouvement Scop, ce qui va s’avérer primordial « pour investir en recherche et développement sur la FOAD ou les mini-Mooc notamment ». Hélène Spoladore
Loi n° 2014-288 du 5 mars 2014 relative à la formation professionnelle, à l’emploi et à la démocratie sociale, JO du 6 mars 2014. 2 cf. Déclaration sur l’identité coopérative, 1995. 3 Organismes paritaires agréés au titre du congé individuel de formation (Opacif). 4 Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. 5 Pour Massive on-line open course, soit des petits modules de cours sur internet, ouverts au plus grand nombre. 1
Des formations ad hoc pour les managers et entrepreneurs coopératifs
« On ne naît pas co-entrepreneur, on le devient » 4e promotion du Parcours cadre dirigeants à Paris Dauphine La 4e promotion du diplôme universitaire business management Scop débutera à l’Université Paris Dauphine en octobre 2014. Construite en partenariat avec le réseau des Scop, cette formation d’une durée de 30 jours répartis sur un an, s’adresse aux dirigeants ou futurs dirigeants d’entreprises coopératives et participatives. Elle a pour objectif « le renforcement du management des dirigeants des entreprises coopératives » et vise plus largement à « développer la croissance interne et externe des Scop, pérenniser les entreprises, perpétuer des valeurs et pratiques communes et renforcer le réseau des dirigeants ». Contact : Sandrine Cosse – 01 72 60 51 94 – cosse@dep.dauphine.fr « Management des Scic - pour une gouvernance participative », une formation pour les dirigeants de Scic Depuis trois ans, l’École coopérative de management Coeptis a mis en place en partenariat avec le réseau des Scop une formation de deux jours sur la gouvernance des Scic. A la faveur du succès et des attentes rencontrés, ce module est aujourd’hui proposé sous un format de 3 jours (2j + 1j) permettant aux participants durant l’intersession d’investir les apports de la formation au sein même de leur entreprise, avant de revenir sur la 3e journée pour en partager l’analyse, dans une logique de retour d’expérience. Dates de formation : 13 et 14 octobre, 2 décembre 2014 Contact : Claire Laget - 04 30 78 14 11 - contact@coeptis.coop Campus coopératives promo 2014 Après le succès de la 1re édition de 2012 (150 candidatures, 32 lauréats de 10 nationalités différentes), le Campus des jeunes créateurs de coopératives se déroulera du 30 juin au 12 juillet 2014 à Poitiers. Ouvert à tout jeune francophone de 18 à 35 ans, quels que soient son statut et sa nationalité, il permet de découvrir ou de consolider les compétences nécessaires à la création et à la gestion d’une entreprise coopérative, avec l’appui des professionnels de la création d’entreprises coopératives et des créateurs de coopératives, sous forme de travail en équipe complété d’ateliers et conférences thématiques. Candidatures jusqu’au 15 mai. www.campuscooperatives.coop
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PTCE : la coopération comme outil de développement local
@ Architectures Marc Ballay
Développer les territoires par la coopération entre acteurs économiques locaux, tel est le pari relevé par les pôles territoriaux de coopération économique (PTCE), inscrits dans le projet de loi relatif à l’économie sociale et solidaire et objets d’un appel à projets, porté notamment par le think tank le Labo de l’économie sociale et solidaire. 23 lauréats ont ainsi été désignés en janvier dernier, dont plusieurs portés par des Scop et des Scic, naturellement tournées vers un modèle de développement local qui s’appuie sur une démarche coopérative et participative.
Le PTCE de Seignanx, qui existe dans les faits depuis près de 30 ans, œuvre pour l’emploi et le développement local
Regrouper sur un même territoire des entreprises de l’ESS et d’autres structures (entreprises commerciales, collectivités locales, centres de recherche, organismes de formation, etc.) dans une stratégie commune de mutualisation au service de projets économiques,
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socialement innovants, porteurs d’un développement local durable et créateur d’emplois. Tels sont définis les pôles territoriaux de coopération économique. Ces pôles ont naturellement adopté des statuts de l’ESS. Une étude récente du RTES relevait que 74 % des
PTCE étaient organisés sous forme associative, 14 % sous forme coopérative. La Scic est généralement envisagée en phase de pérennisation. « C’est la suite logique la plus cohérente avec les principes coopératifs et économiques des PTCE ».
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Passer à la vitesse supérieure Si l’appel à projets lancé en juillet 2013 a permis à certains projets d’émerger, d’autres étaient déjà largement impulsés et en ont profité pour gagner en reconnaissance ou en poids. Au début des années 1980, alors que le bassin d’emploi situé autour du port de Bayonne est confronté aux licenciements massifs dans le secteur industriel, les élus « emprunts d’une culture ouvrière, communiste et syndicaliste » font le choix de déléguer leurs compétences en matière de développement économique et social dans une structure qui deviendra bientôt le CBE de Seignanx. « L’ESS est arrivée naturellement dans ce projet dans une logique de faire de l’économie autrement, en s’appuyant notamment sur le modèle coopératif qui permettait d’aller sur le champ économique, mais avec un statut clair et explicite sur la question sociale, dans une approche participative et collective », raconte son directeur Stéphane Montuzet. Au fil des années, plusieurs structures relevant de l’ESS sont créées ou refondées dans le cadre du CBE : entreprises d’insertion, groupements d’employeurs, Geiq (dans le BTP)… Et plusieurs Scic, dont Perf, un centre de formation aujourd’hui territorial, Interstice, première CAE en Scic, ou Éole, une entreprise de restauration collective pour les salariés de la zone industrielle voisine, du foyer de jeunes travailleurs ou de la maison de retraite. Les partenaires travaillent également à la GPECT1. « Avec le PTCE, nous voulons passer à une échelle territoriale élargie, intervenir sur plus de problématiques – les circuits courts, la R&D, la formation professionnelle, l’environnement –, ouvrir une école des métiers de l’ESS, etc. » Coopérer pour innover Culture & Coopération à Saint-Étienne, la Coursive Boutaric à Dijon... Plusieurs projets de PTCE poussent l’innovation plus loin en misant sur l’« économie créative » pour développer leur territoire. Coopaxis, le PTCE de la région Centre « rassemble des artistes, des artisans, des personnes travaillant dans le numérique, notamment autour des logiciels libres, dans une friche culturelle située en quartier ZUS à Tours », présente Emmanuel Doudat, directeur d’Artefacts, coopé-
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Juratri est à l’origine du PTCE Clus’Ter Jura
rative d’activités et d’emploi (CAE). Contactée par des entrepreneurs portant des projets numériques pour monter une filiale sur Tours, la CAE leur « propose tout de suite de travailler en coopération ». Le lancement de l’appel à projets interministériel donne le coup de pouce nécessaire à la concrétisation d’un projet d’incubateur de projets pour lesquels le numérique peut être un vecteur de développement. Au nombre des partenaires, des organismes de formation, des entreprises, des centres sociaux, des régies de quartier, l’agglomération, le conseil général, qui profitent ainsi de la culture de coopération des autres.
De la coopération à l’emploi « Nous partions d’un constat : ce n’est pas la peine de faire de l’insertion s’il n’y a pas d’emplois à la clé », raconte Matthieu Grosset, directeur de Juratri, à l’origine du PTCE Clus’Ter Jura. Le Jura compte 250 000 habitants, 30 000 dans l’agglomération de Lons-le-Saunier, la préfecture. Le secteur public représente 70 % de l’emploi. Mais sur les 30 % d’emplois privés restants, « il n’y a pas de filière organisée (comme les lunettes ou les jouets dans le Haut-Jura), ni de dynamique économique forte ; les entreprises ne fonctionnent pas beaucoup entre elles », déplore Matthieu Grosset. Et la Scop d’insertion peine à accompagner des personnes vers un emploi durable, faute d’emplois disponibles sur le territoire, notamment pour les personnes les moins qualifiées. D’où
l’idée de « mobiliser les acteurs locaux dans l’esprit de la coopération plutôt que dans la compétition », explique Matthieu Grosset qui étudie alors d’autres expériences territoriales pour comprendre leur modèle de développement : Archer dans la Drôme, la Scic AlterEos à Lille. L’appel à projets PTCE précipite les choses : la Scop sollicite les entreprises locales, « des structures prêtes à innover et à coopérer, les deux critères retenus » et le Clus’Ter Jura voit le jour. « La coopération n’est pas seulement économique, on partage le territoire sur lequel on est implanté. Tous ont intérêt à son développement. » Le PTCE rassemble une quinzaine de structures commerciales, associatives, publiques, coopératives. « Notre défi : créer 250 emplois à trois ans, faire émerger de nouvelles entreprises qui favorisent l’accompagnement des personnes âgées, la mobilité, l’habitat, etc., et mettre en place un fonds d’investissement », énumère Matthieu Grosset. « L’objectif est de fonctionner à 5-8 acteurs dans un premier temps pour montrer qu’en coopérant, on peut créer des emplois », en adoptant une méthodologie nouvelle. « La coopération est un atout pour n’importe quel territoire ; elle implique des vertus dynamiques économiquement, socialement, humainement ». Hélène Spoladore Pour en savoir plus : www.ptce.fr www.lelabo-ess.org 1
Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences territoriale.
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)Scop en action(
développement
Alma, l’informatique plus que jamais coopérative Les Almatiens, heureux salariés de la Scop Alma, ont su prendre le contre-pied de la crise économique pour diversifier leurs compétences.
© F. Ardito
termes d’échanges d’informations, de transparence…», poursuit Laurence Ruffin. D’où la réorientation de « Solutions collaboratives », un ensemble de services pour accompagner les clients qui souhaitent gérer leurs processus métiers, optimiser la gestion documentaire ou faciliter l’échange d’informations au sein de leur structure.
L’émulation collective est au cœur du succès d’Alma
A
lma est née en 1979 à Grenoble, à l’initiative de chercheurs de l’Institut de mathématiques appliquées, désireux de créer une structure de valorisation entre l’université et l’industrie. Et parce qu’ils étaient convaincus que l’esprit collaboratif devait être au cœur du projet, ils ont choisi le statut Scop. 35 printemps plus tard, Alma se porte comme un charme : la Scop compte 80 salariés associés, une trentaine de salariés répartis dans 5 filiales à l’étranger, un chiffre d’affaires de 8 millions d’euros, et se positionne parmi les leaders mondiaux de l’édition de logiciels industriels.
Une dynamique maintenue grâce à la diversification Les raisons de ce succès : des compétences sans cesse renouvelées sur des technologies de pointe, et un fonction-
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nement coopératif qui incite chacun à l’excellence. « Dès 2009, nous avons anticipé les éventuels effets de la crise en diversifiant nos activités, jusqu’alors centrées sur la conception de logiciels de CFAO (tôlerie, robotique) », nous explique sa dirigeante Laurence Ruffin, auparavant déléguée puis responsable du développement de l’UR Scop Rhône-Alpes jusqu’en 2009. Alma a ainsi développé deux nouvelles activités, avec d’abord, en 2010, l’intégration d’un nouveau logiciel de dossier patient pour les hôpitaux. L’équipe « Santé » est récemment passée à quinze salariés, avec le rachat récent d’Accoss, une entreprise parisienne dans le même secteur. « Nous complétons ainsi notre offre en devenant éditeur et non plus seulement intégrateur. C’est un marché jeune, avec beaucoup de perspectives ». « Nous avons aussi voulu réfléchir à ce que notre valeur ajoutée coopérative pouvait apporter à nos clients, en
Une consolidation à l’international Déjà présente dans cinq pays*, Alma entend asseoir son implantation à l’international et a récemment étendu son réseau de distribution sur la Turquie, la Hollande, l’Argentine ou encore Singapour. La Scop grenobloise parie également sur la mise en place de nouveaux partenariats internationaux, pour gagner de nouveaux marchés et mutualiser les coûts de développement. Alma a toujours joué la carte coopérative, avec des pratiques originales de gouvernance : en 2001, elle instaure le concept de « Scopettes », sortes de mini-entreprises au sein de la Scop, pour faciliter l’animation de la vie coopérative tout en préservant son efficacité économique. Outre les assemblées générales, les lettres d’informations ou des week ends festifs, Alma organise depuis 2013 les « Alma cafés », rencontres informelles organisées sur un sujet proposé par les salariés : le secteur de la santé, les financements de l’économie sociale… ou le dernier bouquin à lire absolument ! « Cette façon de travailler prend du temps, mais comme nos orientations sont débattues et adoptées collégialement, on ne perd pas de temps ensuite à les rediscuter. Au final, nous gagnons en efficacité, en créativité et en qualité de travail ». Carine Dieu-Romastin www.alma.fr * Italie, Brésil, Chine, Allemagne et Etats-Unis
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)Parcours( > CAMILLE DORIVAL, 34 ANS, DIRECTRICE GÉNÉRALE D’ALTERNATIVES ÉCONOMIQUES
Relever le défi du virage numérique Après des études de lettres, puis d’histoire, Camille Dorival, intègre en 2000 l’Institut d’études politiques de Paris où elle obtient un diplôme « Médias et journalisme ». Sensibilisée très jeune aux enjeux de l’économie sociale (son père en est un membre actif), elle réalise au cours de ses études un court stage à la rédaction de la Scop Alternatives Economiques. Une première expérience convaincante puisque Philippe Frémeaux, alors PDG et directeur de la rédaction, la recontacte quelques mois plus tard et l’engage comme journaliste pour animer la rubrique sociale : emploi, protection sociale, ressources humaines… A partir de 2009, elle prend parallèlement en charge le pilotage de nouvelles activités : gestion de la collection des hors-série poche, mise en place de partenariats, puis lancement d’une activité de formation continue... En 2012, Thierry Pech, successeur de Philippe Frémeaux, pense à elle pour assurer la direction opérationnelle de l’entreprise et lorsqu’il annonce son départ
en décembre 2013, c’est Camille Dorival qui est désignée pour reprendre la direction générale. Pour la nouvelle directrice, la clé de l’avenir du journal passe notamment par la diversification : « Nous souhaitons développer les activités qui reposent sur notre savoir-faire, à commencer par nos offres de formations. Depuis octobre dernier, nous coproduisons aussi avec Arte une série de documentaires, intitulée « Déchiffrage ». Outre le développement de services à la publication (PAO, commercialisation, gestion des abonnements…), et de rédaction hors-média (comptes rendus et actes de réunions ou débats, réalisation de brochures à valeur ajoutée rédactionnelle…), Camille Dorival entend bien amener le journal à relever le défi du numérique : de nouveaux outils numériques vont être lancés, et une publication 100 % web verra le jour dès la rentrée prochaine, en partie grâce au Fonds pour l’innovation numérique dans la presse, dit « fonds Google ».
Camille Dorival
Dans sa version papier, le magazine est diffusé à près de 100 000 exemplaires chaque mois et lu par plus de 850 000 personnes, dont 30 % de jeunes lecteurs, lycéens et étudiants. La coopérative compte aujourd’hui 43 salariés pour un chiffre d’affaires de 7,5 millions d’euros. www.alternatives-economiques.fr Carine Dieu-Romastin
> ÉRIC DEBÈGUE, GÉRANT DE CRISTAL PRODUCTION
Il donne voix aux artistes
Éric Debègue
Lui-même danseur et comédien, Eric Debègue crée à 25 ans l’association Cristal Production, un collectif pour accompagner les artistes dans leurs démarches (contrats, subventions, promotion etc.). Quatre ans plus tard, en 1996, il fonde Cristal Publishing, une maison d’édition
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musicale qui produit également des albums sous le label Cristal Records, grâce à la création de l’un des plus grands studios d’enregistrement dans les locaux d’un ancien cinéma, l’Alhambra Colbert, à Rochefort (Charente-Maritime). Fortement marqué « jazz », le catalogue s’est progressivement ouvert à d’autres courants musicaux puis au cinéma : « Nous sommes aujourd’hui le plus important label indépendant de bandes originales de films comme « En solitaire », ou plus récemment « Le dernier diamant », avec Yvan Attal et Bérénice Béjot (sorti le 30 avril 2014) ». Parallèlement à la croissance de Cristal Publishing, qui réunit quinze salariés, Cristal Production a poursuivi son chemin… Le collectif est devenu un véritable bureau
de production. En plus de vingt ans, il a accompagné près de cinq cent artistes et organisateurs dans la réalisation de leur projet artistique. En 2012, au terme d’une réflexion menée par les artistes, les six salariés-associés et les parties prenantes, le bureau de production a décidé de poursuivre en Scic, « pour fédérer les acteurs de tous horizons et renforcer l’intercoopération culturelle en Poitou-Charentes. » Une innovation dans le secteur culturel en France puisque Cristal Production devient ainsi l’un des premiers bureaux de production coopératif. Une fierté pour Eric Debègue, qui poursuit sa volonté de donner voix aux artistes. www.cristalprod.com Fanny Dive
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Dépasser
Credit photo : © Joseph Ford
son imagination
Coopératif par choix, solidaire par vocation, nous exportons et adaptons notre savoir-faire aux cultures de chaque pays. Aujourd’hui et plus que jamais, l’esprit coopératif nous anime depuis 1964. Acteur majeur de l’économie sociale, le Groupe Chèque Déjeuner met toutes ses expertises au service des entreprises, des comités d’entreprise, des collectivités et des particuliers. A travers ses produits – cartes et chèques de service socioculturels - et ses services spécialisés, il apporte des réponses humaines et réalistes aux besoins de ses clients et bénéficiaires. En 2011*, le Groupe Chèque Déjeuner représente 280 millions d'euros de CA, 47 sociétés et 2 073 collaborateurs dans 13 pays. Chaque jour, 185 334 clients et 22,7 millions d’utilisateurs apprécient les produits et services du Groupe Chèque Déjeuner.
www.groupe-cheque-dejeuner.com
* réalisé 2011
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