Participer 661 spécial industrie

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Décembre 2016 . Janvier . Février 2017 . Numéro 661

)Participer(

)Pratique(

)Enjeux(

Magazine des sociétés coopératives et participatives

Coopératives et entreprises adaptées : des projets en commun

Le statut du dirigeant de Scop

Jacques Landriot, nouveau président

« Cap vers les 70 000 emplois coopératifs »


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)Dossier(

Spécial congrès

Les Fédérations de métiers communication Pour les deux Fédérations de métiers présentes sur le Village, le Congrès de Strasbourg a été l’occasion de mieux se connaître et de susciter l’échange et le partage entre leurs coopératives adhérentes.

Un moment coopératif avec l’espace web

Culture, innovation et détente avec le « Café Librairie Kiosque Espresso Book Machine » Succès assuré pour l’Espresso Book Machine, système d’impression automatisé de livres à la demande ! Editeurs, imprimeurs et libraires en Scop étaient invités à participer à cette animation. Alternatives Économiques, Page Centrale et la Librairie des Volcans ont mis à disposition quelques ouvrages imprimés sous les yeux des congressistes en moins de cinq minutes. Les bonnes feuilles du livre de Pierre Liret « La solution coopérative » ont également été imprimées en direct pour l’occasion. L’équipe et les administrateurs de la Fédération des Scop de la Com’, revêtus du tablier MADEinSCOP, ont participé activement à l’animation du stand où régnait une ambiance chaleureuse autour d’une impressionnante bibliothèque et de boissons chaudes offertes par Café Michel.

Projection du showreel des Scop d’audiovisuel Le film réalisé à l’initiative de la Fédération des Scop de la communication par Atalante Productions a été mis à l’honneur pendant toute la durée du Congrès avec plusieurs diffusions en plénière. Ce showreel reprend des extraits de documentaires, publicités ou reportages réalisés par les Scop d’audiovisuel et met en lumière le savoir-faire du réseau. A voir et revoir sur www.made-in-scop.coop

Un moment ludique avec l’animation « studio photos » Chaque congressiste, équipe, entreprise a pu immortaliser ce moment de partage et d’échange avec un dispositif de prise de photo et d’impression en direct. Une grande frise des clichés commentés par leurs auteurs a décoré l’espace pour le plus grand plaisir de tous.

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et industrie au cœur du Village coopératif Un quiz géant sur l’industrie

collaboratif Le nouveau site des Scop de l’industrie, www.industrie.coop, développé avec le même outil que celui de MadeinScop, a été officiellement lancé lors du Congrès, après plusieurs mois de travail mené main dans la main par les deux Fédérations. Avec près de 320 adhérentes pour l’industrie et 250 pour la communication, ces plateformes dédiées permettent de valoriser la diversité des compétences des Scop et Scic des deux Fédés et étaient plus qu’attendues par leurs membres. Ces outils, simples et pratiques d’utilisation, accessibles à tous, proposent plusieurs points d’entrée : métier, région, secteur… Et ce n’est qu’un début, ces sites vont s’enrichir peu à peu, et intégreront d’autres fonctions complémentaires.

Les congressistes ont pu découvrir les talents d’animateurs de Jérôme Mathieu, président de la Fédération de l’industrie et son délégué Gérard Cassisi. Pour surprendre les visiteurs, un quiz géant a été organisé, livrant quelques « intimités » sur les Scop. Installés face aux stands des Fédés, les Scop Éthiquable et Café Michel ont offert aux visiteurs de savoureuses boissons et produits. Les congressistes ont remporté de nombreux cadeaux coopératifs, et la nouvelle fonderie Gillet est repartie avec le 1er lot : un éléphant géant en peluche, offert par Moulin Roty.

Une mini exposition pour illustrer la diversité des Scop de l’industrie Au-delà du site web, les visiteurs ont aussi pu découvrir les multiples facettes des Scop industrielles : la fibre optique d’ACOME, les balises lumineuses d’Elaul, ou encore des maquettes de matériel agricole....

Le coin des bonnes affaires avec le stand Coopadev La centrale d’achat du Mouvement était présente avec deux de ses fournisseurs référencés, Staples Jpg pour les fournitures de bureau et TDA International pour son logiciel de gestion de la participation. Des offres exceptionnelles ont été proposées aux congressistes. Tous les tarifs négociés pour les coopératives à retrouver sur www.coopadev.coop

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« Retrouvez toutes les photos sur www.facebook.com/ madeinscop

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« Une équipe aussi soudée que les matières qu’elle assemble », comme se définit l’équipe de 45 salariés de la Scop Cetil


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)Scop en action(

SPÉCIAL INDUSTRIE

Comment les chaudronniers de Cetil façonnent leur avenir Scop tourangelle, Cetil (Chaudronnerie et tôlerie d’Indre-et-Loire) a été créée en 1980 à l’initiative de 20 salariés, suite à une liquidation judiciaire. Aujourd’hui, l’effectif a plus que doublé et les 45 salariés (dont 31 associés) forment, comme elle le dit, une équipe « aussi soudée que les matières qu’elle assemble ». Chaudronnerie, tôlerie, peinture, polissage, câblage, étude et conception d’ensembles : les activités de Cetil ont su évoluer en même temps que son parcours coopératif. Pourtant son chemin n’a pas été un long fleuve tranquille. Frédéric Le Bret, actuel président du conseil d’administration, et un des derniers fondateurs encore présent dans l’entreprise, se souvient de cet élan de naïveté qui les avait poussés, lui et quelques-uns de ses collègues, à rêver d’une entreprise à capital ouvrier. Ni la réticence des banques ni la faible notoriété du statut coopératif dans les années 1980 n’avaient réussi à ternir leur enthousiasme et leur volonté : « Aujourd’hui, avoue-t-il, personne ne regrette rien. On a vécu de belles choses en 36 ans. »

La soudure, une affaire de high-tech Dans un secteur industriel soumis à de fortes concurrences, en particulier étrangères, il a fallu faire preuve d’imagination et de perfectionnisme. De nouvelles activités basées sur la soustraitance dans les domaines de la chaudronnerie, de la tôlerie de précision, de la mécano-soudure, de l’assemblage et de l’intégration de composants ont dû faire leurs preuves et montrer qu’elles étaient porteuses. Répondant à des commandes aussi bien dans l’agro-alimentaire, l’électronique, le nucléaire ou l’aéronautique, Cetil a su se faire reconnaître et apprécier. Dans le domaine ferroviaire, elle vient de décrocher un marché pour le train ICx de la Deutsche Bahn (l’équivalent allemand de notre TGV).

Dans un tout autre genre, elle fabrique une machine à servir au verre du vin millésimé depuis une bouteille de bon cru. Le service se commande avec une tablette tactile – et bientôt avec un smartphone. Le virage 2.0 a été pris depuis longtemps. Comme l’explique Frédéric Le Bret, « innover ce n’est pas seulement inventer. C’est innover dans le process, dans sa façon de faire. » La qualité des produits de Cetil ne trompe pas. Un chiffre en dit long : 75 % des clients ont plus de 30 ans de fidélité.

Développer l’exportation L’avenir s’écrit aussi en termes de diversification. L’un de ses anciens clients qui commercialisait des stations de potabilisation de l’eau cesse son activité sans trouver de successeur. Il propose à la chaudronnerie de la reprendre. Cetil connaît parfaitement le produit – et pour cause : c’est elle qui le fabrique depuis 25 ans – et se lance dans l’exportation. Elle engage pour cela un chargé de commercialisation spécialisé export et bénéficie d’un dispositif d’aide à l’exportation du Conseil régional du Centre. Si cette activité ne représente encore qu’un faible pourcentage de son chiffre d’affaires (environ 5 % sur 4,5 millions d’euros annuels), elle prouve que l’entreprise n’hésite pas à explorer d’autres champs. Après avoir fait construire une usine moderne de 4 600 m², Cetil vient d’investir 200 000 euros dans un robot de soudage, capable de traiter de grosses pièces (jusqu’à 500 kg). Elle vise, avec ce nouvel outil arrivé dans ses murs en juillet 2016, trois objectifs : générer

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des gains de productivité, augmenter son volume de production potentiel... et diminuer la pénibilité du travail en confiant les pièces les plus lourdes à la machine.

Le défi du recrutement Si la vitalité économique de l’entreprise est au rendez-vous, Cetil n’échappe pas à un problème récurrent pour beaucoup de métiers techniques : le recrutement. « Les formations ne sont pas à la hauteur, regrette Nathalie Bonneau, la responsable financière. Les lycées professionnels sont souvent équipés de matériels qui ne sont plus ceux que nous utilisons et les jeunes qui arrivent sur le marché du travail ne disposent pas des compétences souhaitées. » Avec une moyenne d’âge de 41 ans, l’entreprise n’est pas spécialement âgée, mais il faudra bien remplacer les « plus que quinquas » dont l’âge de la retraite approche... Il y a là une soudure générationnelle à réussir : « Nous sommes attentifs à ce problème de recrutement, essayons d’anticiper et faisons beaucoup de formation en interne. » Il n’est pas question que, demain, à Cetil, les robots remplacent les personnes ! Scop La Navette

Cetil en chiffres Crée en 1981 49 salariés/ 42 associés CA 2015 de 4,2 millions d’euros Contact : 02 47 34 60 00 www.cetil.fr

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)Scop en action(

SPÉCIAL INDUSTRIE

Une start-up coopérative au service de la mobilité Parce qu’elles sauvent des emplois, les Scop les plus connues dans l’industrie sont celles issues de reprises d’entreprises en difficulté. Mais le choix coopératif se fait aussi dans ce secteur sur une logique « start-up ». C’est le cas de TAP Concept, jeune entreprise aveyronnaise à la pointe de la technologie en matière d’usinage. Créée en 2014 et soutenue par de nombreux partenaires, cette Scop emploie désormais quatre salariés au service du mieux-être des personnes en situation de handicap.

de servir de positif pour thermoformer un corset... Cette activité est complétée par la distribution d’équipements ainsi que de matériels et fournitures à destination des ortho-prothésistes et autres professionnels du secteur.

La conception et la fabrication de produits à destination des personnes en situation de handicap est le cœur de métier de TAP Concept

Conception solidaire Au cours de son parcours professionnel dans le champ social, Cédric Grelon fait un constat : un véritable fossé existe dans le monde du handicap entre ce que les gens inventent et bricolent dans leur garage pour répondre aux besoins spécifiques de leurs proches et ce qu’on trouve effectivement sur le marché. D’où cette idée pour cet ancien responsable associatif devenu entrepreneur : faire de la conception et de la fabrication des produits à destination des personnes en situation de handicap le cœur de métier de TAP Concept (acronyme de Technologie d’aide à la personne). Cette Scop accompagne donc des inventeurs dans la mise au point et la réalisation de leur projet. C’est ainsi qu’ont vu le jour des équipements tels que la selle de quad, qui permet de faire profiter des personnes à mobilité réduite de sport mécanique, ou le releveur de baignoire aqua-bag. Pour autant, il semble évident à Cédric Grelon que le coût de cette phase de recherche et de développement ne doit pas impacter le coût du produit et ne peut être supporté par son

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utilisateur final. C’est pourquoi le modèle économique de l’entreprise repose sur le développement d’activités annexes.

Équipement innovant Pour réaliser les produits destinés à améliorer le quotidien des personnes en situation de handicap, l’entreprise s’est dotée d’un équipement de pointe : un robot 6 axes de grande taille, unique en France, qui permet d’usiner des formes complexes dans des blocs de mousse, de résine, de plastique, voire de bois. Cet équipement a nécessité un investissement conséquent mais permet à l’entreprise de proposer un service d’usinage et de fraisage de haute qualité pour répondre à des besoins spécifiques d’industriels, de designers d’art, d’architectes-urbanistes, d’ortho-prothésistes, etc. Elle fournit ainsi des équipements pour les yachts de luxe, du mobilier spécifique pour de l’événementiel, des plans 3D de projets architecturaux ou paysagers, etc. Dans le domaine paramédical, elle usine également des pièces reproduisant fidèlement le corps scanné d’une personne afin, par exemple,

Entreprise coopérative évidemment TAP Concept est « une entreprise humaine, où la notion de partenariat est la clé de la réussite ». Et c’est ainsi qu’elle fonctionne, depuis le début, en s’appuyant sur un réseau de professionnels dans ce domaine : orthoprothésistes, médecins, infirmiers... Ce réseau ne cesse de s’étoffer et constitue bien souvent les premiers clients des produits développés. Pour son fondateur, l’organisation de l’entreprise elle-même se devait donc de montrer les valeurs qui sous-tendent son action. C’est pourquoi, dès son origine, il semblait évident qu’elle devait impliquer ses salariés. C’est ainsi que s’est fait le choix de former une Scop. Les premiers salariés étaient issus du monde du handicap. Après deux ans d’activité, TAP Concept emploie 4 salariés, tous associés, et compte un autre associé extérieur. Scop La Navette

TAP Concept en chiffres Création : 2014 Sainte-Radegonde (12) 5 membres associés, dont les 4 salariés Investissement initial : 300 000 euros CA 2016 : 500 000 euros Contact : 05 65 77 37 22 www.tapconcept.fr

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)Scop en action(

SPÉCIAL INDUSTRIE

Coopérative locale et leader mondial ! Créée il y a 41 ans, Smart Equipment Technology (SET) est leader mondial des équipements d’assemblage avec une précision au micromètre. Basée à St Jeoire-en-Faucigny, en Haute-Savoie, l’entreprise conçoit, fabrique, vend, entretient et répare des machines pour la micro-électronique et le semi-conducteur pour l’assemblage de composants qui rentrent dans la fabrication d’équipements médicaux, optoélectroniques ou spatiaux.

réel virage pragmatique qui lui permet de satisfaire sans encombre les nombreuses demandes.

L’équipe de la Scop SET

De la multinationale à la coopérative En 2012 et en dépit d’une activité florissante et excédentaire, SET subit de plein fouet les conséquences de la liquidation du groupe international auquel elle appartient. Placée en redressement judiciaire et en attente de repreneur, elle voit ses salariés se battre pour continuer à exercer sur le territoire français les métiers qui ont fait son succès. Les salariés décident alors de se lancer dans l’aventure de la reprise de leur entreprise en Scop, et ce malgré l’offre concurrente d’une multinationale américano-singapourienne. Après une procédure judiciaire à rebondissements, le collectif de salariés, épaulé par l’Union régionale des Scop de Rhône-Alpes et Transméa (société de capital-risque dédiée à la reprise d’entreprise), obtient l’annulation de la cession de leur entreprise au groupe multinational. Ce sera un nouveau départ pour SET qui, depuis 2012, conduit donc son activité sous statut Scop.

Un virage pragmatique Habitués au travail collaboratif, les salariés se sont immédiatement remis au travail pour honorer leurs commandes. Bien que le nouveau statut n’ait pas changé le fonctionnement opérationnel, la gouvernance de l’entreprise mais aussi le modèle économique ont été adaptés à la réalité d’une Scop. Les 37 salariés d’alors, dont 31 associés, ont été très vite initiés au fonctionnement participatif, notamment par le biais du conseil d’administration où orientations, comptes, types de développement sont débattus et approuvés. En l’espace de quelques années, l’entreprise s’est considérablement développée (près d’une dizaine de millions d’euros capitalisés en fonds propres) avec, en prime, la création de plusieurs nouveaux postes pour répondre à l’augmentation de l’activité (recherche et développement de machines innovantes ou intégration de nouvelles technologies telles que la 3D, par exemple). Un

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À l’assaut de l’international Aujourd’hui, SET compte 47 salariés dont 42 associés. Forte de ce succès, elle continue à travailler sur son coeur de métier en étoffant sa gamme de produits. Pascal Metzger, PDG de l’entreprise, précise que le statut Scop s’avère être un véritable atout dans leur développement. Les circuits de décisions raccourcis (moins de niveaux de validation) permettent un gain de temps certain dans leurs relations avec les clients. Actuellement, grâce à leur stratégie menée avec le soutien de leurs différents partenaires financiers (Business France, Bpifrance...), leur activité est ancrée en France mais réalise 90 % de son chiffre d’affaires à l’export. Site internet en anglais, voyages d’études, participation à des salons et conférences pour de la prospection directe ou de la veille, etc. : la nouvelle organisation ne laisse rien au hasard. « Il ne faut pas avoir peur de l’international », conclut Pascal Metzger, « il faut juste s’appuyer sur tous les interlocuteurs possibles, que l’équipe soit prête et ouverte aux voyages et prendre en compte les spécificités culturelles de chaque pays. » Scop La Navette

SET en chiffres Création en 1975, reprise en Scop fin 2012 Saint-Jeoire-en-Faucigny (74) 47 salariés / 42 associés CA moyen > 9 millions d’euros Contact : 04 50 35 83 92 www.set-sas.fr

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