TRACES magazine #95

Vol. 8 n o 11 - 26 sept. 2014 | MensueL GrAtuIt | 20 000 eXeMPLAIres certIFIés | IMPressIon InterGLoBe tc trAnscontInentAL

ORHON, PÈRE & FILS | PAGes 6 et 11

Photos : stéphane Groleau

ENTREVUE : CLAUDE JASMIN | PAGe 9

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GAstronoMIe LE COUP DE CŒUR DU RESTAURATEUR 6e chronique Hugues Néron est restaurateur. Il a travaillé au Québec, en France et en Italie et a voyagé en constante recherche de bonnes tables...

Un 50e anniversaire de mariage bien spécial

Hugues Néron

Le Pont Couvert 10, rue du Centenaire La Conception 819 425-4381 info@lepontcouvert.com

La cuisine spontanée Fabrice Coutanceau chef propriétaire 392, rue Principale Saint-Sauveur 450 744-0545 info@cuisinespontanee.com

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26 septembre 2014

J’étais invité aux 50 ans de mariage d’un oncle et d’une tante : 85 et 78 ans. Je me suis dit que je passerais un moment amusant en famille, sans plus, entre cousins et cousines. Ça se déroulerait sans doute dans un lieu bien ordinaire, probablement une salle de réception d’hôtel. J’étais loin de me douter que la soirée me ferait découvrir un joyau des Laurentides et que je me régalerais autant.

C’était une belle journée du début du mois d’août, soleil plombant. On nous avait donné rendez-vous à l’église pour 15 h et on nous avait demandé de prévoir notre petite laine pour la soirée, sans plus. Une cérémonie très spéciale a eu lieu, à un point tel que même le prêtre a fait rire aux larmes son assemblée.

Puis, on nous a annoncé que nous devrions prendre l’autobus pour un trajet d’environ une heure. À la sortie de l’église, j’ai aperçu deux autobus scolaires, des foutus autobus jaunes, sans air conditionné, moi qui étais vêtu de mon costard tout neuf dernier cri. « C’est quoi, ce bordel ? » me suis-je dit en m’efforçant tant bien que mal de garder le sourire et en faisant semblant que la situation me plaisait. Une fois assis dans l’autobus, pour ne pas dire « coincé », les genoux recroquevillés, j’ai réalisé à quel point l’air était suffocant.

L’autobus a heureusement démarré au bout de quelques minutes et la brise des fenêtres grandes ouvertes faisait du bien. Je me suis rappelé à quel point ça sautillait, un bus scolaire. Heureusement que je n’avais rien dans l’estomac !

Puis, un chansonnier s’est levé, de sa guitare accompagné, et s’est mis à chanter des pièces de notre folklore tantôt francophone, tantôt anglophone, depuis Les Colocs jusqu’aux Beatles. Le party a pogné solide avant même que nous soyons arrivés à la réception et l’heure du trajet a passé à la vitesse de l’éclair à la vue des paysages magnifiques qu’offrent notre autoroute 15 et notre route 117 bien-aimées direction le nord passé Tremblant.

Les autocars sont sortis à la sortie 126 annonçant La Conception, puis se sont arrêtés à un endroit appelé Le Pont Couvert. J’ai été absolument impressionné et ébloui par le site plus qu’enchanteur, un pont autrefois dédié aux voitures, sur lequel on a construit ce qui ressemble à un chalet majestueux. Les tables et les chaises étaient vêtues de blanc avec des boucles dorées. Tous les invi-

tés étaient impressionnés par ce qu’ils voyaient, un pont couvert, la rivière Rouge qui coule plus bas et ses plages de sable fin. Les touristes qui se laissent dériver sous le pont par le courant font presque partie de la fête.

Une flûte de bulles rosées nous attendait à notre arrivée. Puis, les bouchées ont été servies pendant que les convives se racontaient les mêmes histoires racontées depuis toujours. Je vous le dis, cet endroit est unique et magique : il faut le voir !

Les bouchées sont arrivées : bijou de foie gras au porto, brochettes de bison séché aux canneberges, rouleau de printemps au canard laqué, bonbon d’agneau à la fleur d’ail, croustillant de panko au mayosabi, suppli au parmesan, tarte fine aux poireaux, aux oignons caramélisés et aux tomates séchées. L’œuvre du traiteur Fabrice Coutanceau ajoutait à la frénésie du moment, mon verre de bulles se remplissait plus vite qu’il ne se vidait; et j’adore les bulles !

Puis, nous sommes passés à table. Nos hôtes avaient choisi un buffet. Je ne suis pas friand des buffets, mais, cette fois-ci, j’ai adoré : les choix étaient peu nombreux, goûteux et bien choisis.

Quelques entrées seulement, tarte fine méditerranéenne au feta et aux olives, millefeuille de poivrons rouges et de fromage de chèvre, et un plat que tout le monde a savouré, un rôti de bœuf dans son jus tout simplement, dont la cuisson était parfaite; j’y suis retourné deux fois.

C’était ce que ma tante aimait servir à sa famille et c’est ce que sa famille aimait manger quand elle était ensemble. Le chef aurait certainement préféré qu’on lui réclame quelque chose de moins « traditionnel », mais j’avoue que le choix du plat tout autant que du buffet était fort judicieux : les convives, qui ne s’étaient pas vus depuis plus de dix ans pour certains, étaient libres de se promener de table en table. Un gâteau au parfum de chocolat a été servi en dessert pour combler les envies de mon oncle.

Le chansonnier a fait danser toute la parenté pendant que d’autres se racontaient des histoires autour du foyer installé à l’extérieur. La soirée s’est terminée alors que tout le monde se tenait la main en faisant la ronde autour du couple d’irréductibles rempli d’amour. Je me suis même mis à rêver que ça pourrait m’arriver aussi dans 50 ans...

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26 septembre 2014

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oPInIon Lance et conte !

Patrice G. Llavador

Il y a des fois, dans la vie, où vous ressassez des idées, des impressions, et vous essayez de les mettre en ordre.

Et paf ! Vous tombez sur l’article ou l’émission de radio qui vous met sur la voie. Pourtant, ça faisait longtemps que je savais que le peuple du Québec était, plus qu’autre chose, un peuple de conteurs. Oui, des gens qui parlent, qui ont cet art subtil de l’àpropos vif, réactif, toujours juste et mis en situation. Un petit exemple, un échange auquel j’ai assisté et dont je me souviens mot pour mot, entre deux Québécois : _ Ben oui, j’en ai assez de « toffer » ! Je vais tenter le gros coup malhonnête.

J’vais faire un ou deux millions. _ Quoi ! Tu te lances en politique ?

Même pas un centième de seconde entre les deux réparties. Chaque fois que j’ai socialisé, ici, j’ai assisté à ce genre de pétarade, le souffle court, pour ne pas perdre les expressions qui rendent la chose encore plus croustillante.

Et puis, cet été, un quotidien français du soir ressort une polémique qui a eu lieu en 2006, entre un romancier américain vivant à Montréal, David

Homel1, et le monde littéraire du Québec. En gros, celui-ci prétend que les arts de la scène, chanson, cirque, conte – j’ajoute humoristes; en fait, gestes plus paroles – sont les substituts d’une littérature québécoise qui a du mal à percer dans la francophonie, et particulièrement en France. C’est à ce moment-là que je me précipite sur la scène à mon tour.

Et qu’il me souvient de mes hivers des années 70 dans l’appartement partagé avec Gilles Tremblay (ça ne s’invente pas : les noms et prénoms les plus portés au Québec !) boulevard Saint-Joseph. Le soir, nous allions acheter à la Régie des voleurs un gallon de mauvais vin californien, une sorte de jus de raisin sucré et collant. La bouteille en verre, rondouillarde, avait un petit anneau fort commode pour la transporter. Après deux ou trois godets, Gilles se mettait à parler, à nous raconter son enfance à Saint-Jérôme, ses aventures avec les Italiens, les histoires de ruelles, de voisins. C’était fluide, les enchaînements, parfaits, comme s’ils avaient été préparés. Des heures à nous tenir en haleine, sans excès, sans absurdité ni invraisemblance. Si bien qu’après un hiver, nous avions une connaissance anthropologique parfaite de

la vie du petit peuple québécois. Au point que la série si fameuse de La Petite Vie a été une cristallisation de tout ce qui nous avait été raconté pendant ces soirées chaleureuses, qui duraient jusqu’à l’heure où la déneigeuse se mettait à couiner sur le boulevard.

Après avoir vécu d’autres épisodes de la même eau, après avoir observé le milieu dans lequel je suis immergé depuis si longtemps, j’en étais arrivé à la conclusion que le Québécois type était un conteur. Qu’il avait cette faculté innée de synthétiser rapidement son vécu et de le régurgiter de manière plausible, amusante, comme un succédané de littérature, mais en mode oral.

Mais là où David Homel a bousculé ses collègues locaux, c’est quand il mentionne que 23 % des Québécois ne peuvent lire un texte, ce qui explique leur oralité. Alors qu’aujourd’hui, chez notre confrère Voir, on parle de 49 %. M. Homel était donc meurtri que lui, l’étranger, on l’avait morigéné d’avoir dit la vérité, domaine réservé ! Circulez, il n’y a rien à voir !

Qu’il me soit toutefois permis d’ajouter mon grain de sel à ces

constatations. Le pays a vécu dans un tel isolement, à la fois social et climatique, que la veillée – terme encore usité2 – a nourri et forgé l’âme de ce peuple. Le conte, l’art de raconter, on s’en aperçoit en buvant les paroles de Fred Pellerin, que le conte est un art, et qu’il est à la littérature ce que la chanson est à la symphonie. On peut en faire une œuvre. La littérature a besoin d’un média, le papier, qui n’était pas dans les mœurs des siècles passés dans notre pays. La littérature est une démarche individuelle, tant pour celui qui l’écrit que celui qui la lit. Le conte est une démarche communautaire, et son média n’est pas le papier; c’est l’homme. Et ici, il a engendré des arts scéniques performants; il n’y a qu’à constater la densité et la qualité des humoristes.

Et puis, la Ligue d’improvisation est une invention québécoise.

1- www.lemonde.fr/festival/ article/2014/07/24/la-litterature-quebecoise-n-est-pas-un-produit-d-exportation_4459715_4415198.html 2- Il y a peu, j’entendais à l’étranger un Québécois parlant au téléphone et saluant son interlocuteur en lui souhaitant « Bonne veillée ! »

ENCORE PLUS SUR

www. traces magazine .com trAces est un mensuel gratuit distribué dans les Laurentides, dans Lanaudière, à Laval et à Montréal.

DIRECTION DE LA PUBLICATION Annie Depont 514 833-8718 annie.depont@traceslaurentides.com

RÉVISION DES TEXTES Lauraine croteau-Bertrand

ASSISTANTE nathalie Daragon

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DIRECTEUR PUBLICITÉ Pascal Kauffmann 514 349-4865 pascal.k@tracesmagazine.com

IMPRESSION Interglobe

ADMINISTRATION 6, avenue Filion, saint-sauveur (Québec) J0r 1r0

GRAPHISME claire Delpla, communicDesign.ca

RÉVISION MAQUETTE cynthia cloutier Marenger

TIRAGE 20 000 exemplaires

Prochaine tombée : 8 octobre

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26 septembre 2014

SITE WEB Michèle Potvin, Webgraf.ca michele.potvin@tracesmagazine.com DÉPÔT LÉGAL Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du canada Issn 1922-3463 Toute reproduction des annonces et articles de TRACES est interdite sauf contrat spécifique.

tecHno IOS 8

la dernière mise à jour pour votre iPad/iPhone, est offerte. L’avez-vous téléchargée ?

Dominic Guay Septembre est synonyme de changement chez Apple. Encore cette année, la marque à la pomme propose une évolution de son système d’exploitation pour iPad et iPhone. Explorons les principales nouveautés d’iOS 8.

Siri

Lorsque l’appareil est branché, l’assistant vocal ne requiert plus d’appuyer sur le bouton d’accueil afin de le mettre en marche. Suffit de dire « Dis, Siri » pour qu’il vous réponde. Grâce à l’intégration de Shazam, il reconnaîtra une chanson et permettra de l’acheter sur-le-champ via iTunes. Au fil des « conversations » avec votre téléphone, vous découvrirez les étonnants progrès de Siri.

Santé

Derrière cette nouvelle icône se cache un outil collectant et rassemblant différentes données sur votre état de santé. Votre fréquence cardiaque, la distance parcourue, les calories brûlées et vos taux de glycémie et de cholestérol y seront enregistrés au moyen de diverses applications. Ainsi, vous

aurez en main votre fiche médicale constamment mise à jour.

Messages

Il maintenant possible de faire parvenir un message vocal via cette application de messagerie texte. Appuyez sur le bouton « microphone » pour réaliser l’enregistrement et faites-le parvenir instantanément à votre destinataire en effectuant un balayage de l’écran.

L’envoi de vidéos y est aussi intégré.

Notifications interactives

Avec iOS 8, nul besoin de quitter l’application en cours d’utilisation pour répondre à un courriel, à un texto ou à des notifications reçus d’autres applications. Tout cela, grâce à la petite bannière apparaissant au haut de votre écran, accompagnée de différentes options.

QuickType

Photos

En plus de classer vos clichés selon vos préférences de recherche, Photos et ses nouveaux outils permettent de les retoucher à même votre appareil. Plusieurs apprécieront la possibilité d’effectuer un redressement de la ligne d’horizon pour certaines photos.

Le clavier devient plus « intelligent ». Il propose des mots en fonction de votre style d’écriture, de vos envois passés, du type de message ainsi que du destinataire. Texto ou courriel ? L’être aimé ou un collègue ? La saisie prédictive sous iOS 8 saura les reconnaître.

HomeKit

Avec cette nouveauté, vous aurez le contrôle sur l’ensemble des appareils connectés de la maison. À son plein potentiel, quand Siri vous entendra dire « Je vais me coucher », il pourra, de façon automatique, éteindre les lumières, verrouiller les portes et baisser la température des thermostats de la demeure. La domotique façon Apple...

Offert en téléchargement depuis le 17 septembre, iOS 8 vous réserve plus de soixante nouveautés à découvrir.

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26 septembre 2014

2014-04-23 2:35 PM

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société LA MAISON, LA VILLE ET LES GENS

Le phénomène bidonville Jean-Nicolas Orhon et Nicolas Reeves

« Dans bidonville, il y a le mot “bidon”. Il y a le mot “ville”. Mais il y a aussi, ce qu’on a parfois tendance à oublier, des gens. »

En librairie à compter du 22 septembre

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26 septembre 2014

Jean-Nicolas Orhon et Nicolas Reeves (respectivement fils de Jacques Orhon et de Hubert Reeves) nous transportent dans les bidonvilles de onze pays du monde. Des favélas de São Paulo au tent city du New Jersey, de Marseille à l’Abitibi – car oui, il y a des bidonvilles ici même, au Québec –, les deux auteurs résistent à la tentation du voyeurisme pour proposer une réflexion touchante, profonde et sentie sur l’habitat, la ville et le lieu de vie et, dans une plus large mesure, sur les notions de besoin et d’entraide. Ils posent un regard tout à fait original sur le milliard de personnes qui vivent dans la précarité de ces habitations qu’on a voulues temporaires, mais qui sont devenues permanentes.

Le phénomène bidonville est un journal de bord.

Cet ouvrage intime, abondamment illustré de photographies (plus de 150 images), raconte le cheminement des auteurs, pour qui ce projet, avant d’être un livre, est d’abord celui d’un film : Bidonville : Architectures de la ville future1. Voyages, lieux, obstacles, rencontres... entre l’essai et le carnet de route. Le phénomène bidonville et le documentaire qui s’y rattache sont de véritables vases communicants, deux projets intimement liés qui s’éloignent du misérabilisme pour s’intéresser à l’aspect humain et social du bidonville en adoptant un ton convivial et profondément humain. L’ouvrage se penche aussi sur les structures sociale et architecturale du bidonville, qui varient selon le pays où il se trouve. Configuré en fonction des rapports familiaux au Maroc, tortueux comme un labyrinthe en Inde, véritable « île dans la ville » à São Paolo, le bidonville y est défini comme un processus d’urbanisation collective, qui signe l’empreinte digitale d’une communauté.

Malgré un contexte d’extrême pauvreté, les habitants des bidonvilles assurent la transmission et la continuité de leur culture, de l’ADN de leur société et de leur identité, à l’encontre de l’image de chaos inhumain dont est souvent affublé leur lieu de vie. Qu’avons-nous à apprendre de ces gens qui créent et redéfinissent le mot « cohabiter » ? Ce n’est là qu’une des pistes intéressantes sur lesquelles nous conduit le scénariste et réalisateur JeanNicolas Orhon, qui a lui-même vécu en nomade urbain durant ce projet qu’il signe avec le chercheur Nicolas Reeves. La maison, la ville et les gens.

Le phénomène bidonville sera en librairie à compter du 22 septembre 2014. Le documentaire qui l’a inspiré sera projeté au Cinéma Excentris et au Cinéma du Parc dès le 22 août. À propos de Jean-Nicolas Orhon : Jean-Nicolas Orhon est réalisateur et scénariste. Après des

études en cinéma et en anthropologie, il réalise en 2003 son premier film, Asteur, qui porte sur la survie de la langue et de la culture françaises en Louisiane. En 2008, il écrit et réalise les courts métrages de fiction Tu t’souviens-tu ? et Jackrabbit ainsi que le documentaire Tant qu’il reste une voix (Prix Mnémo 2009), qui traite de la transmission des chansons et contes traditionnels. En 2011, il signe le court métrage de fiction Roule-moi un patin ainsi qu’une quinzaine de courts métrages documentaires sur les vignobles français. En 2012, il réalise Les Nuits de la poésie, un hommage à la poésie québécoise des années 1970 à aujourd’hui. Après plusieurs tournages aux quatre coins de la planète, il achève en 2013 le documentaire Bidonville : Architectures de la ville future. Présenté en avant-première aux Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM) ainsi qu’en compétition officielle au Hot Docs à Toronto et au Festival de films de Portneuf sur l’environnement (FFPE), le film a remporté un franc succès auprès du public et de la critique. Il a d’ailleurs remporté le Grand Prix du FFPE et poursuit actuellement sa tournée des festivals au Canada et à l’international. À propos de Nicolas Reeves : Diplômé en architecture du Massachusetts Institute of Technology, Nicolas Reeves est professeur à l’École de design de l’Université du Québec à Montréal, où il dirige le laboratoire NXI Gestatio pour les arts, l’architecture et l’informatique. Membre de l’institut de recherche-création Hexagram, au sein duquel il a agi pendant neuf ans à titre de directeur scientifique, puis de directeur, il poursuit simultanément une carrière de créateur en arts technologiques et un travail de recherche en morphologie urbaine.

Lauréat de plusieurs prix et bourses, il a présenté ses travaux et conférences un peu partout dans le monde. Il s’intéresse depuis ses études aux formes urbaines dites spontanées, telles que les quartiers précaires, les villages de squatters et les bidonvilles, qui permettent d’assister en temps réel à des processus de genèse urbaine sans équivalent dans l’histoire. Il voit dans la diversité et la richesse de leurs configurations autant d’empreintes spatiales singulières, spécifiques d’une culture ou d’une communauté.

La maison, la ville et les gens. Le phénomène bidonville, Les éditions du passage.

1- Au Ciné-Club de Prévost, dans les Laurentides, le 14 novembre prochain.

26 septembre 2014

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entrevue Claude Jasmin, secrétaire de son peuple « La mission de l’homme sur Terre est de se souvenir. »

Cynthia Cloutier Marenger

Montréal, 1948. Le jeune Claude, 17 ans à peine, est amoureux fou. Amoureux fou de sa belle Élyse Désaulniers. Ensorcelé par cette jeune fille de « la haute » qui habite la très chic rue Cherrier, alors que lui vit dans le quartier ouvrier de Villeray. Qu’à cela ne tienne, Élyse l’aime aussi !

Tous les espoirs sont permis... Mais le sont-ils vraiment ? La mère d’Élyse, Armande Des Aulniers – oui, oui, ses ancêtres étaient des seigneurs –, a de plus grandes ambitions pour sa fille unique qu’un fils de restaurateur, tout élève de cours classique soit-il.

L’amour peut-il résister à la différence de classes sociales ?

Sous-jacente, cette question parcourt le plus récent roman – « vrai à 90 % » – de Claude Jasmin, Élyse, la fille de sa mère, paru le 21 août dernier. Récit d’un amour fougueux, entier comme il peut l’être à l’adolescence, le livre fait aussi le portrait d’une époque, d’une ville, d’un quartier aux mille anecdotes, lumineuses malgré la Grande Noirceur qu’on imagine.

C’est que le prolifique auteur, qui se voit un peu comme l’un des secrétaires du peuple québécois, désire qu’on se souvienne de son histoire.

TRACES l’a rencontré afin d’en apprendre davantage.

C.C.M. Pour qui écrivez-vous ?

C.J. Je pense qu’on écrit pour les jeunes. Moi, je pense souvent à mes

cinq petits-fils – je n’ai aucune petite-fille – quand j’écris. Je me dis : « Ils vont voir comment c’était, cette époque-là. » Je veux instruire ceux qui s’en viennent.

C.C.M. Vous voulez être un passeur.

C.J. Oui. Je suis très mémère !

Quelqu’un m’a déjà fait remarquer : « T’écris toujours sur le passé ! » — « Mais je ne peux pas écrire sur l’avenir : je ne sais pas ce qui va m’arriver ! » Puis, je me suis rappelé que Henry Miller avait dit : « La mission de l’homme sur Terre est de se souvenir. » Ça m’avait frappé.

C.C.M. Vous reprenez cette mission à votre compte, de se souvenir, comme écrivain ?

C.J. Oui. Plus jeune, j’écrivais des romans, j’inventais des personnages.

Puis, en 75, j’ai écrit La petite patrie.

Je me rappelle, je m’étais dit : « Je vais raconter ma petite enfance. » J’avais lu qu’on est universel quand on raconte le particulier, quelque chose comme ça. J’ai pensé : « Je vais faire un roman universel. Et ça va être dans mon quartier. Dans un coin de Villeray. Dans un coin de rue. » Ça a été mon premier pied dans les souvenirs. Après, j’ai parfois fait des romans, parfois des livres de souvenirs. Des fois, je me dis : « Fais donc encore un roman ! » Pis ça me tente pas ! J’aime ça, écrire sur mon passé !

Henry Miller

(Rires) J’ai hâte d’écrire Angela. Une autre amoureuse.

C.C.M. Vous étiez un amoureux en série ! [N.D.L.R. Avant Élyse est paru Anita, une fille numérotée, aussi une ancienne amoureuse de Claude Jasmin.]

C.J. J’aimais les filles. Mon père voulait que je fasse un prêtre ! (Rires) Ah ! J’étais amoureux. J’avais 12 ans et j’étais en amour avec une petite voisine...

C.C.M. Quand vous écrivez, comment choisissez-vous les événements que vous racontez ?

C.J. Pour Élyse, la première chose que je me suis rappelée – je ne sais pas à quel chapitre ça vient –, c’est quand on était à Pointe-Calumet et que TiCor [un de ses amis de l’époque] forniquait – c’est le mot – en haut du chalet de Pierrette Bélanger, et que moi et Élyse, on était gênés parce qu’on entendait les cris et qu’on ne savait pas quoi faire. Alors, on s’en va en chaloupe, comme je l’ai écrit.

J’ai fait un premier chapitre là. Après, j’allais en arrière, en avant. Quand la mère d’Élyse est venue chez nous, je l’ai écrit vite. Ça m’avait tellement humilié ! Que Mme Des Aulniers vienne voir quelle sorte de famille c’était. Je savais qu’elle jugerait mon père, qui avait l’air un peu bizarre.

C.C.M. Donc, vous écrivez vos souvenirs les plus vivaces en premier ?

C.J. Voilà. J’ai souvent fait ça, dans mes livres. Tu écris un bout, et c’est comme tirer des oiseaux à la carabine après : tu tires un oiseau et les souvenirs lèvent ! Je prenais des notes à côté : « Il y a un chapitre à faire là, là ! » C.C.M. Vous commencerez Angela bientôt ?

C.J. Oui, au mois de novembre, décembre. Je vais le corriger en février, mars. J’ai hâte de l’écrire. J’aimais beaucoup les Italiens. C’étaient des gens sympathiques. J’aimais la langue italienne. Toute ma ruelle, tout le côté de la rue Drolet, c’étaient des Italiens. Et il y avait des belles Italiennes ! Malheureusement, on ne les avait pas : les Italiens avaient leur école ! Élyse, la fille de sa mère, Claude Jasmin, Éditions XYZ.

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Le resto coup de cœur de Ste-Adèle

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J’ai relu cette semaine, avec un immense plaisir, La Bulle d’encre, le magnifique et inclassable essai de Suzanne Jacob. Avancées, retours, déploiements.

Le rappel est ici utilisé, comme en alpinisme, pour nous donner l’assurance indispensable aux grandes explorations et, soudain, la visite de sommets de réflexion n’est plus aride. L’auteure nous prend par la main, par le cœur, par l’enfance et nous guide. Il sera question de la marche des civilisations à travers le temps jusqu’aux mythes qui nous régissent, à notre insu parfois, dans notre venue individuelle au sens et à une construction de l’intelligibilité du monde.

Nous commençons tous par la proximité, nous dit-elle en guise d’ouverture : « Au début, lorsque nous arrivons, nous sommes accueillis par des visages qui nous entourent de leur désir de nous lire [...] la mère a le lait, l’enfant a le cri [...], nous sommes lus et traduits dans la langue du lait. » Comment évolue-t-on ensuite vers la distanciation indispensable à tout travail sur l’écriture ? De ce recul naît aussi l’humour. (Le passage où l’auteure explique les rites catholiques à un touriste chinois imaginaire est particulièrement savoureux.)

Voilà un livre qui nous amène à relire le monde et à envisager le familier sous un jour nouveau. Étrangement, il nous donne le sentiment d’être plus intelligent quand on le referme, vibrant et éveillé.

Vers le milieu de cet essai, Suzanne Jacob parle des livres qui sont des « rencontres essentielles » qui créent, chez le lecteur, « le mouvement vertigineux des certitudes ». Un livre s’est imposé à moi cet été comme une évidence : l’admirable recueil Force de traînée, de Véronique Cyr. Traînée, Célia, hors de sa maison et jetée à fond de cale pour être expatriée.

Traîné sur le rivage, son père inconscient, à l’article de la mort. Force de traînée de sa parole lorsqu’il supplie sa fille de se faire sa place. Traîné par Célia, jusqu’à sa maison, le corps de cet inconnu tombé en plein champ qui fera dévier son destin. Entraînée, moi la lectrice, par cette forme où les vers se projettent dans le vers suivant, où le corps est dit avec tellement de justesse et où abondent les verbes à l’infinitif de l’impuissance face à l’écrasement subi par Célia, Mary, traînées de bas étage, amoureuses, résilientes.

Leur histoire d’exil et de passion me rappelle Kamouraska et sa société puritaine épiant la saga de filles perdues. Est-ce de la prose ? Est-ce de la poésie ?

Est-ce important d’y mettre une étiquette ? Un narratif syncopé empreint de sensualité alterne avec le monologue intérieur des deux jeunes filles. L’histoire, après un début qui laisse perplexe, mais qui, déjà, donne le drame à sentir, avance en contrepoint pour livrer une nouvelle version de ces filles d’Irlande, traînées de force jusqu’au Nouveau Monde. Je n’avais pas Internet pour vérifier de quels lieux il s’agissait. J’ai relevé une incohérence temporelle et je n’ai pas tout compris, mais peu importe; je suis ressortie de ce livre bouleversée. Je pense encore à elles, à ce qu’il leur a fallu de force et à ce qu’elles nous ont légué. « Le monde est un livre qui espère de chaque naissance qu’elle ajoute une page à son histoire », écrit Suzanne Jacob. Mission accomplie, Mesdames.

La Bulle d’encre, Suzanne Jacob, prix de la revue Études françaises 1997, PUM. Force de traînée, Véronique Cyr, Poètes de Brousse.

1000 ch avila

| St-Sauveur | 450 227-8383

Pas seulement des desserts...

De délicieux repas aussi !

Suzanne Jacob et Sonia Cotten seront les invitées de la soirée

Femmes de parole animée par Nancy R. Lange

le 23 octobre prochain à 19 h Médiathèque littéraire Gaëtan Dostie 1214, rue de la Montagne, Montréal Lecture suivie d’un micro ouvert RSVP à nancyrlange@videotron.ca

© infographie trAces

Deux retraites de création littéraire incluant hébergement, repas et ateliers seront offertes au bord d’un lac, à Saint-Hippolyte. 295 $.

(Possibilités d’arrangements pour personnes à budget restreint.)

3-4-5 octobre : narration, poésie et création sonore avec l’artiste métisse de réputation internationale Moe Clark. 7-8-9 novembre : Poésie : écriture et exploration.

Pour information : nancyrlange@videotron.ca.

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vIns Séances de signatures

Jacques Orhon Ambassadeur du vin au Québec, Jacques orhon, qui a enseigné pendant près de 30 ans à l’école Hôtelière des Laurentides, est maître sommelier. Fondateur de l’Association canadienne des sommeliers professionnels, il est membre de nombreuses confréries. Globetrotteur du vin, animateur et expert en dégustation, il est aussi chroniqueur à la télévision et l’auteur, aux éditions de l’Homme, de nombreux livres sur le sujet.

DIX vIns

Picpoul de Pinet 2013, Château Saint-Martin de la Garrigue

Vin de Savoie 2012, Les Rocailles, Pierre Boniface

(France – Languedoc – 19,40 $)

(France – Savoie – 15,55 $)

à moins de vingt

Amateurs de fruits de mer, et plus particulièrement d’huîtres servies nature, vous serez épatés par la vivacité de ce blanc très sec, mais qui ne manque ni de caractère ni de tonus.

Servir à 10 °C.

Le cépage mondeuse est à la base de ce rouge coloré et encore tannique, aux arômes de fruits noirs, légèrement poivrés, et qui peut étonnamment vieillir quelques années. À essayer pour son goût et son originalité !

Jacques Orhon

vIns BLAncs Chardonnay, Errazuriz Estate (Chili – Casablanca – 15,05 $)

Bien installée dans la région de l’Aconcagua, la maison Errazuriz possède des vignes dans la vallée de Casablanca, connue pour apporter toute la fraîcheur désirée dans les vins blancs, dont notamment dans ce chardonnay, qui ne manque pas non plus de matière fruitée.

vIn eFFervescent Cava, Seleccion Raventos Brut, Codorniu (Espagne – Penedès – 17,25 $)

Logé dans une jolie bouteille, ce vin est doté d’une belle robe et d’une effervescence persistante, d’arômes de pomme et d’agrumes, et d’une certaine élégance grâce à une bonne présence de chardonnay dans l’assemblage.

Languedoc 2012, Lou Maset, Domaine d’Aupilhac (France – Languedoc – 16,40 $)

Voilà un vin assez charnu qui en met plein la bouche, sans manières et avec un certain aplomb. Grenache et cinsault côtoient la syrah, le mourvèdre et le carignan avec bonheur et gourmandise dans des parfums et des saveurs rappelant la garrigue.

vIns rouGes

Rioja 2013, Genoli, Vina Ijalba

Primitivo Salento, Lapaccio, Pasqua

(Espagne – Rioja – 15,35 $)

(Italie – Pouilles – 14,75 $)

Avec ce vin sec et vif à base de cépage viura, aux arômes floraux et aux saveurs de fruits blancs, la Rioja, qui est connue pour ses rouges assez robustes, prouve qu’elle peut également produire des blancs d’une bonne qualité.

Rouge d’une belle couleur intense, au bouquet fruité et épicé, doté de tanins bien mûrs et d’une certaine rusticité. Avec sa capsule à vis, servir sans façon sur des viandes rouges grillées au BBQ.

12 h – 21 h Parc Georges Filion près de l’église.

Coteaux du Quercy 2012, Pyrène Nature, Lionel Osmin (France – Sud-Ouest – 18,15 $)

Appellation relativement récente qui donne un vin à la robe soutenue et des arômes de fruits rouges bien mûrs. En bouche, il est moyennement tannique, d’une bonne rondeur et plutôt charpenté.

Gran Reserva 2011, Malbec/Petit Verdot, Nieto Senetiner (Argentine – Mendoza – 19,20 $)

Avec plus de malbec que de petit verdot, Senetiner nous propose un rouge expressif aux notes de fruits noirs et d’épices douces. Soutenu et bien en chair, le vin est doté d’une bonne fraîcheur grâce à un vignoble en altitude.

Porto Vintage 1999, Vau, Sandeman (Portugal – Douro – 25,60 $)

Petite entorse au titre de ma chronique mais, à ce prix encore bien raisonnable, on en aura pour son argent avec un porto savoureux et qui nous fait remonter, mine de rien, au siècle dernier…

© infographie trAces

divins

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407, rue Principale – St Sauveur – 450 240-0000 chezbernard.com 26 septembre 2014

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Édito

Annie Depont

Lettre à mes artistes préférés

Chers collègues, Nulle part plus qu’au Québec vous ne serez entourés, formés, reconnus; je le pense sincèrement. Il est cependant un sujet qui fâche, une notion qui pèche par la carence de certains rappels : l’idée que la promotion d’un artiste doit être gratuite. Être un artiste n’implique pas nécessairement de vivre dans la pauvreté, et de solliciter la maigre bienveillance charitable. La carrière d’un artiste doit se gérer comme une entreprise, avec son image de marque, la qualité de sa production, sa promotion. « Ce n’est pas le public qui n’a rien compris », comme dit la chanson; c’est l’artiste qui attend qu’on vienne le découvrir et le porter « en haut de l’affiche ».

Lorsqu’un dossier de demande de subvention est bâti, il comporte inévitablement une ligne « promotion ». Cela sous-entend qu’avec l’argent éventuellement obtenu, on va pouvoir travailler à la mise en marché de son œuvre. Dans cette opération de séduction d’un public censé faire vivre l’art, les médias sont incontournables, toutes plateformes comprises. Les médias, eux, existent principalement grâce à leurs annonceurs.

Je me souviens de formations offertes par le Conseil de la culture qui disaient que nous avions huit paliers de sollicitation, huit possibilités, huit sources financières pour la mise en marché de notre travail. Pris par les préoccupations matérielles immédiates et la fièvre de la création, certains de mes amis oublient leur travail d’entrepreneur, le nient même, le rejettent, avant d’avoir les moyens de déléguer.

Alors, je vous pose la question : comment voulez-vous que vos médias fassent votre promotion si l’argent que vous avez sollicité précisément pour ce poste sert à autre chose ?

La tâche est ingrate, je le sais d’expérience.

Personne n’aime « quêter », mais il est bon de se souvenir que les moyens existent, qu’il faut aller les chercher pour enfin les employer judicieusement.

Présomption d’innocence, culpabilité et responsabilité Christian Delpla

La Commission Charbonneau est proche de conclure ses auditions et a permis de mettre en pleine lumière des pratiques qui semblaient d’un autre âge. Nous avons pu constater que, et cela est d’ailleurs vrai tout au long du spectre politique, l’argent est le nerf de la guerre et des batailles électorales. Bien sûr, le parti le plus exposé à la tentation est celui qui est au pouvoir et donc celui qui est le plus susceptible de distribuer de juteux contrats. En la circonstance, le Parti libéral du Québec tient la corde, mais les autres partis ne sont pas à l’abri, sauf peut-être Québec solidaire, qui est encore très éloigné des postes de décision. La mission de la Commission est de mettre ces pratiques au jour et d’établir si celles-ci sont généralisées en un système politique. Il n’est pas dans les attributions 12

de la Commission de poursuivre pénalement ou civilement tel ou tel individu qui est convoqué devant elle.

Trois personnes se sont retrouvées dans la même situation, avec de très proches collaborateurs convaincus de pratiques répréhensibles, deux au sein du gouvernement Charest, mesdames Nathalie Normandeau et Julie Boulet, l’autre comme maire de Montréal, Gérald Tremblay; les trois ont adopté la même défense : JE NE SAVAIS PAS. Tous trois se sont insurgés contre le fait qu’ils sont jugés coupables dans l’opinion ou les médias avant que la moindre preuve de leur culpabilité ait pu être apportée. Ils ont tous trois clamé que tout citoyen a droit à la présomption d’innocence. Ce principe de droit est tout à fait légitime et souhaitable, mais on sait très bien que, dans de telles situations, pour de telles pra-

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tiques, les culpabilités sont extrêmement difficiles à établir, et chaque observateur se laisse alors aller à son propre jugement. On peut le constater en parcourant les commentaires dans les médias. On le sait bien, pour l’avoir vu dans de nombreux films ou lu dans de nombreux livres, il y a des acteurs qui ont pour vocation d’être des fusibles : « Tu fais ça mais, moi, je ne suis pas au courant. » Pour pallier cette difficulté à établir des preuves, on a inventé le principe de responsabilité. Lorsqu’un subordonné commet une faute répréhensible, son chef direct doit en tirer les conséquences et remettre sa démission, car soit il le savait et il partage la culpabilité, soit il ne le savait pas et il est alors coupable d’incompétence pour le mauvais choix de ses collaborateurs. Le maire de Montréal a tiré la conséquence de la situation, après

avoir clamé en plusieurs occasions : « Je ne le savais pas! » Certains ont pu regretter qu’il en soit arrivé là, alors qu’aucune preuve de culpabilité n’avait été établie, mais il n’y a rien là que de normal. Mme Normandeau n’avait plus le choix de démissionner mais, plutôt que de donner des leçons de gestion gouvernementale, elle aurait dû reconnaître sa responsabilité pour toute initiative prise par ses collaborateurs. On attendrait de Mme Boulet, qui siège présentement à l’Assemblée nationale, qu’elle en fasse de même. On peut d’ailleurs se demander pourquoi les grands ordonnateurs du système de financement occulte, si système il y a, c’està-dire les chefs des partis, n’ont pas été convoqués par la Commission pour éclairer notre lanterne. Mais probablement que, eux non plus, ne le savaient pas.

eXPo Du 25 septembre 2014 au 9 janvier 2015 VERNISSAGE jeudi 25 septembre à compter de 18 h 30

Du 25 septembre 2014 au 9 janvier 2015, la galerie Espace VERRE présente le travail de six artistes canadiens de renom qui savent exploiter le verre en tant que matière sculpturale. Sous le commissariat de Christian Bernard Singer, Laura Donefer, André Four-

nelle, Jiri Ladocha, John Paul robinson, Koen vanderstukken et tim Whiten nous proposent une expérience

visuelle mémorable grâce à des œuvres au propos sensible, touchant différentes facettes de la condition humaine. Le vernissage aura lieu le jeudi 25 septembre à compter de 18 h 30.

Tim Whiten s’intéresse à la notion de transcendance.

Il explore différents types de transitions entre le monde matériel et les expériences non physiques, et son travail fait allusion à la force ainsi qu’à la vulnérabilité des êtres humains. Whiten utilise dans ses créations des archétypes tels le crâne, le bateau, des objets de culte et des équipements domestiques pour évoquer les objets matériels qui peuvent mener à d’autres niveaux de prise de conscience.

La référence aux archétypes est aussi au cœur de la démarche de John Paul Robinson, qui crée des symboles métaphoriques à partir d’explications scientifiques sur la nature et ses origines. Il interprète ce qu’il a baptisé « le potentiel mythique de la science » afin de décoder le monde qui l’entoure et d’y trouver sa place.

Les constructions de verre de Jiri Ladocha font preuve d’une oscillation maîtrisée entre le chaotique et l’organisé, entre le geste et l’abstraction, entre le mirage et la matière. Il explore le mystère des grands changements causés par des forces naturelles, personnelles ou collectives – des forces qui sont bien hors de notre contrôle. À l’ère des égoportraits, le travail de Koen Vanderstukken nous tourne vers la notion de perception de soi. Ses œuvres gravitent entre révélation et déception, tout en remettant en question nos idées préconçues sur l’égo en relation spatiotemporelle. Sa série de sculptures interactives interroge la nature même de la réalité.

L’œuvre de Laura Donefer interprète la matérialisation des émotions provoquées par la perte d’êtres chers, celle d’humains morts au combat, de l’environnement et d’autres événements porteurs de peine. Chaque sculpture de son installation représente une émotion associée à l’amour, des tréfonds de la colère et du désespoir à la gaité enjouée, à la paix qui vient avec l’amour inconditionnel.

La lumière, exprimée par le néon ou par le feu dans ses performances, est au cœur du travail d’André Fournelle depuis les années 1960. Son intérêt pour les pouvoirs communicatifs des matériaux fait un parallèle avec l’évolution de l’humanité et engage un dialogue entre l’art et la société. Ici, il nous livre deux propos spécifiques grâce à deux œuvres lumineuses : un commentaire sur l’attente de jours meilleurs et une référence au geste derrière l’impulsion créatrice.

Laura Donefer

John Paul Robinson

Espace VERRE est un centre de création et de diffusion des arts verriers situé au 1200, rue Mill à Montréal. La galerie est ouverte du lundi au vendredi de 9 h à 17 h ainsi que le dernier dimanche de chaque mois de 12 h à 17 h. L’entrée est gratuite.

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sortIr

•Salle André-Mathieu | 1 877 677-2040 | 475, boulevard de l’Avenir, Laval •Ciné-Club de Prévost | 450 990-6164 | salle saint-François-Xavier •Carol à Gogo | 450 227-8660 | 16, avenue de la Gare, saint-sauveur •En scène | 450 432-0660 #1 | 101, place du curé-Labelle, saint-Jérôme

•STANLEy 23 octobre PÉAN

•ANGÈLE 31 octobre DUBEAU & LA PIETÀ

Conférence Initation au jazz

(Théâtre Marcellin-Champagnat)

(Maison des arts de Laval)

•BoUCAR 6-7 décembre •30 octobre DIoUF BoBBy BAzINI (Théâtre Marcellin-Champagnat)

•14 novembre •LAURENT 15-16 octobre PAQUIN 29 septembre et 30 octobre PHILIPPE BERGHELLA de La Voix

•GEoFFRoy 12 octobre SAUVÉ de La Voix

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ÉVÉNEMENTS MONTRÉAL GUITARE TRIO À SAINT-PLACIDE Énergie, virtuosité et humour, voilà trois bonnes raisons de venir à Saint-Placide le samedi 25 octobre prochain. MG3, le trio d’enfer composé de Sébastien Dufour, Marc Morin et Glenn Lévesque, vous proposera un voyage musical ensorcelant, éclectique, inusité, à travers plusieurs influences, dans un mélange explosif de flamenco, de tango, de musique cubaine et de bien d’autres, par moments accompagné de leurs propres voix et entremêlé d’interactions avec le public.

Applaudi mondialement, le trio vient de lancer son 6e CD « DER PRINZ ».

L’excellente acoustique de l’église de Saint-Placide et son cachet chaleureux sauront mettre en évidence l’époustouflante présence scénique de ces trois musiciens.

Réservez dès maintenant !

Église de Saint-Placide, 81, 2e Avenue Billets : 35 $ et 45 $ Information et billetterie : 450 258-4150 www.artsetculturestplacide.com

© infographie TRACES

Samedi 25 octobre, 20 h

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Le célèbre sommelier globetrotteur Jacques Orhon sera de passage aux Saintes Saveurs et dévoilera en primeur son nouveau livre.

Séances de signatures samedi 11 et dimanche 12 de 15 h à 17 h

© infographie TRACES

INFO : 514 833-8718 | info@passagedartistes.com

Avec sa verve habituelle, Jacques Orhon nous présente un tour d’horizon des vins de France. Histoire, géographie, cépages, anecdotes et caractères des vins feront le bonheur des amateurs qui apprécieront grandement la sélection des bons millésimes, des bonnes maisons et des accords vins et mets. Pour cette nouvelle édition, l’auteur passe en revue l’actualité viti-vinicole de la France. © infographie TRACES

Photo : Julia Marois

Un Orhon Grand Cru !

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fromages du Québec

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