Vol. 10 n o 06 - 15 avril 2016 | MenSuel GRatuit | 20 000 eXeMPlaiReS CeRtiFiÉS | iMPReSSion inteRGloBe tC tRanSContinental
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TeCHNo
12 applications pour le camping
iPad/iPHone
Dominic Guay Avec l’arrivée du mois de mai revient la saison du camping. Cette année, c’est le 6 mai que certains parcs de la Sépaq ouvriront leurs emplacements pour campeurs hâtifs. pour l’occasion, voici quelques applications utiles aux novices du camping ainsi qu’aux habitués.
Initiation au camping de parcs Canada
Cette application est toute désignée pour ceux qui vivront une première expérience de camping cet été. Elle offre un large éventail de conseils pour bien prévoir votre séjour. Recettes faciles incluses. Camping Québec
Vous pourrez faire le bon choix grâce à son répertoire d’environ 850 campings. Activez le GPS, recherchez un endroit selon vos critères, et vous aurez directement accès au site web du camping sélectionné via l’application. dual Level
Vous êtes à destination et c’est le temps de monter votre campement ? Ce niveau vous aidera à trouver l’endroit relativement plat pour installer votre tente et vous permettra de mieux dormir... Knots 3d
Étant donné la météo capricieuse de notre Belle Province, il serait avisé d’installer des bâches au-dessus de vos diffé-
rentes installations pour garder le tout bien au sec. Avec cette application aux animations 3D, vous passerez pour l’expert en nœuds lorsque le temps sera venu de fixer les toiles aux arbres. Alerte pluie
Elle vous avisera vocalement ou par notification d’un changement météo à venir selon les critères que vous aurez définis au préalable. En camping, on apprécie savoir d’avance qu’une averse ou un orage se rapproche de notre site. Lampe-torche
Bien sûr, si vous avez bien suivi les conseils de l’application de Parcs Canada, vous aurez pris soin de vous munir de bonnes lampes de poche. Pour les autres, il y a Lampe-Torche. Anti Mosquito
Oui, votre iPhone peut aussi être un répulsif à moustiques grâce aux ultrasons! Vu les avis contradictoires, il est tout de même conseillé d’avoir avec soi des répulsifs plus conventionnels.
L’appli qui sauve
Croix Rouge. En camping, les premiers répondants ne sont pas toujours à proximité. Ainsi, cette application vous guidera pas à pas afin de poser les bons gestes si vous avez à porter secours à quelqu’un. Topographic Maps Canada, et Boussole
Pour plusieurs personnes, camping signifie randonnée. La première appli permet de télécharger différentes cartes utiles aux randonneurs. Parcourez les trajets partagés par la communauté d’utilisateurs ou créez votre propre parcours. La deuxième appli vous sera d’une grande utilité si vous ne savez pas lire les cartes de la première. Scrabble 3d et Fireplace 3d
Soir de pluie ? Quoi de mieux qu’une bonne partie de Scrabble sous la bâche avec des amis et un bon rouge! Ceux qui tiendront mordicus à faire un feu pourront se rabattre sur Fireplace 3D. Pour désespérés seulement...
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À L’OCCIDENT opINIoN MERCI (judéo-chrétien)
Patrice G. LLavador
Oui, merci à l’Occident (judéo-chrétien) de nous avoir offert, depuis la fin de l’horrible dernière guerre mondiale, plus d’un demi-siècle de tranquillité, de bonne entente entre nous, même si la guerre froide nous a un peu inquiétés au mitan de cette époque. Merci de nous avoir offert ce que l‘on appelle avec nos mots du siècle un espace de liberté et de paix. Où nous avons vu en Europe disparaître les frontières, où il faisait drôle de passer d’un pays à l’autre sans avoir à nous sentir coupables en regardant un douanier, le coffre de l’auto bourré de pastis et de cochonneries. Merci de nous avoir donné de la diversité, de la variété, et de nous avoir fait sentir ce qu’aurait pu être une civilisation de paix et de candeur. Merci de nous avoir permis de goûter à cette denrée si recherchée par nos ancêtres, cette liberté pour laquelle tant de gars sont morts avant nous pour la défendre et la mettre au monde, et merci à eux aussi de nous l’avoir offerte. Merci de nous avoir abrités de la violence, de nous avoir permis de nous baigner dans la douce indolence des chaudes après-midi d’été, année après année. Merci de nous avoir donné tant de moyens d’étancher notre soif de musique, de littérature, d’images, d’amour en liberté, pour nous être gaillardement rassasiés de ces images de filles en robes à fleurs, elles aussi insouciantes dans les lumières d’été qui leur allaient si bien, et elles le savaient, les garces. Merci à cet Occident (judéochrétien) d’avoir permis à un plus grand nombre d’apprendre, et même d’avoir appris tellement, que mainte-
toutes ces ordures qui ont sali le genre humain par leurs actes de dégénérés. Merci de nous avoir offert ta science, vu notre longévité augmentée et ces Prix Nobel et ces inventions marrantes, utiles et inutiles, quelquefois terrifiantes, et même celles qui ont pu atténuer la douleur de nos pères et mères. Et puis toi aussi, l’athée, viens ici ! Remercie aussi l’Occident (judéochrétien) de t’avoir laissé la parole, et même de l’avoir amplifiée pour que tu puisses lui cracher dessus, en ne te rendant même pas compte que tu sciais la branche sur laquelle tu es assis. Car s’il y en a un qui y passera en premier, l’athée, c’est bien toi. Le vide que tu as créé te sera fatal, car il sera occupé par ceux qui t’abhorrent. Enfin, il est venu le temps de te remercier, Occident (judéo-chrétien), car tout ce que je viens sommairement et maladroitement de t’énumérer est en train de s’évanouir. Une sorte de peur latente succède à l’excitation du voyage. Qui sait si cette bombe ne sera pas pour nous ? Il nous faut faire attention à nos moindres paroles, pour ne pas vexer celui qui pousse des coudes après avoir mis un pied dans la porte. Les filles, cachez ces seins que nous ne saurions voir, oui ce vers poétique est à remettre au goût du jour presque quatre cents ans après. Rendons-nous compte désormais que tout risque un jour d’être figé dans le texte d’une doctrine qui nous est étrange et étrangère, en vertu des principes mêmes qui régissent notre droit et nos pays. À savoir la loi de la démocratie, non, à dire vrai la loi du plus grand nombre. Et si le plus grand nombre décide que les lois humaines doivent disparaître, la loi du
tRaCeS est un mensuel gratuit distribué dans les laurentides, dans lanaudière, à laval et à Montréal.
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nant ceux qui ont dévoré sa culture le rejettent, repus, comme s’il était responsable de leur indigestion et des maux qui arrivent en se bousculant. Merci d’avoir renforcé la libre discussion, et d’avoir autorisé les libres penseurs ou les non-croyants à vivre leurs idées comme ils l’entendaient. Oui, merci de nous avoir permis de jouir de ces quelques décennies de recherche de sens et de fraternité. Merci de nous avoir donné cette liberté de parole, cette liberté de discussion, portée à un point tel que ceux qui auraient dû te couver avec soin, te protéger, s’en sont servis pour te nuire et te décrier au point où nous en sommes maintenant. Merci de nous avoir laissé notre libre arbitre. Même si tu voulais nous enfoncer tes leçons de morale au plus profond de notre caboche, même quelquefois durement, merci quand même de nous avoir laissé le simple choix de prendre ou ne pas prendre. Je ne sais pas comment on dit merci, cette fois en hébreu (mais je gage qu’on a pu l’entendre maintes et maintes fois lors de ces dernières décennies), pour avoir pris conscience que tout ce qui s’est passé ne se reproduirait plus. « Merci, et plus jamais ça ! ». Aussi bien à l’Ouest qu’à l’Est, que des Hitler et des Staline seraient à jamais considérés comme des crevures, que même l’adage romain qui veut qu’on ne dise pas de mal des morts, cette recommandation nous la transgressions unanimement. Oui, il conviendrait de te remercier pour avoir (momentanément, malheureusement) repoussé l’antisémitisme et permis de cracher sur la mémoire de
15 avril 2016
GRApHISMe Claire delpla, Communicdesign.ca communic@communicdesign.ca
RéSeAuX SoCIAuX josée Brisson
TIRAGe 20 000 exemplaires
Prochaine tombée : 27 avril
plus grand nombre aura alors force de loi. Et cette loi sera une loi qui nous ramènera loin en arrière. Au temps et lieux où les universités ne servent qu’à étudier encore et encore les textes sacrés, comme si en un millénaire on n’en avait pas fait le tour. Au temps où un individu qui a sa libre-pensée doit être anéanti, car il ne pense pas comme on lui a dit, comme on lui a ordonné de penser. Mais suis-je bête ! Quels ont été les moments les plus glorieux de ma vie ? Oui, ceux qui ont mené mes pas dans le grand désert qui m’a vu naître dans ses marches. C’est vrai que je l’ai aimé cet Orient générateur de tant de poésie, de spiritualité, dont probablement une partie de mes gènes est originaire. Cet Orient qui est en train de prendre une place anormale dans notre vie à tous, alors que nous avons fait des choix qui nous placent en observateurs bienveillants de notre univers. L’Occident (judéo-chrétien) nous a appris qu’il y avait une place pour chacun dans ce monde. Mais je n’ai pas l’impression que l’Orient l’entend de cette manière. Tout porte à croire que cela est derrière nous, que le vivre ensemble est une imposture qui nous coûtera très cher. Merci l’Occident (judéo-chrétien), on va voir si l’Orient en vaut la peine.
dépÔT LéGAL Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada iSSn 1922-3463 Toute reproduction des annonces et articles de TRACeS est interdite, sauf contrat spécifique.
Frédéric Séguin, photographe de l’espoir
MIGRANTS
Ces enfants sont en train de migrer vers nous…
«
Mon but est de sensibiliser et de communiquer l’espoir en dépit du désespoir, en m’éloignant du sensationnalisme. Photojournaliste, je m’assigne le rôle de capter les sourires des peuples, plutôt que d’exposer les victimes.
«
Frédéric Séguin sera l’invité du Symposium de Prévost du 27 au 31 juillet
infos : 514 833-8718
www.symposiumdeprevost.qc.ca
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Je déteste détester. Cela crée en moi une forme de frustration révélatrice de lacunes de connaissances. J’adore que l’on me convainque du contraire de ce que je pense a priori. J’ai alors le sentiment d’avoir appris quelque chose. Essayez donc de me convaincre de l’utilité artistique et culturelle d’œuvres telles qu’un urinoir, une machine à faire caca ou le vagin de la reine. Bonne chance ! J’entame ici une discussion avec ceux qui savent. Annie Depont
L’avocat du diable… s’entretient avec Simon Beaudry, artiste en art contemporain.
Pourquoi cette forme d’expression qu’est l’art contemporain est-elle incompréhensible pour beaucoup de gens ?
Encore faut-il définir ce que cette forme d’expression sous-entend et englobe. Dans notre société post-moderne et segmentée, les modes d’expressions sont comme toutes les facettes et les morceaux de la société. Avec des sous-groupes de plus en plus fragmentés, les références ne sont plus les mêmes pour l’ensemble de la société. Donc, il va de soi que des rencontres entre gens n’ayant pas les mêmes références ont lieu. De plus, l’intérêt pour la création en arts visuels est presque inexistant dans la société en général. On pense encore que l’art est une décoration. Qu’une toile doit fitter avec le divan ou qu’une sculpture dans la ville doit être belle et bien agencée à l’environnement, comme pour un nouvel immeuble à condos. L’éducation aussi hurle de sa mise à l’aveugle de l’histoire de l’art, de l’interprétation des œuvres, d’un manque d’intérêt pour toute forme d’art, ou d’une pratique artistique. En investissant massivement en éducation et en donnant une plus grande importance à la création et à l’art à l’école, on rapprocherait les individus et les œuvres, toute forme d’expression devenant ainsi plus familière, donc moins « opaque ». Pourquoi faut-il absolument une traduction, une explication, une grille de lecture ?
Il n’en faut pas absolument. Une œuvre à la base doit être capable de se consommer sans explication, sans traduction, sans façon suggérée de la lire. Les individus sont capables de ressentir des émotions au contact des œuvres. D’une part, souvent, par manque d’éducation justement, par manque de curiosité aussi (la société est faite pour nous donner ce que nous voulons, donc ce que nous connaissons), on s’arrête au premier niveau des choses. L’esthétisme d’abord. Ce dont ça a l’air. Puis on passe à autre chose, on est surstimulés de choses bien plus spectaculaires et divertissantes (comme la malbouffe) que l’art visuel qui, lui, se déguste tranquillement. L’art, donc, doit se ressentir plutôt que se faire expliquer au premier abord. Mais comme toute chose, lorsqu’on en apprend plus, l’art devient plus intéressant et transforme souvent notre point de vue. Voilà pourquoi, à mon sens, il faut absolument avoir des explications, des traductions. Les artistes doivent rendre leurs travaux plus intéressants en donnant plus d’informations. Ensuite, 6
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c’est au regardeur de faire le reste du chemin et de s’y intéresser, de chercher de l’information, d’être curieux, de compléter l’œuvre qui n’est que la moitié des choses. L’autre moitié venant de la personne qui y est confrontée. Toujours. L’esthétique et la pérennité ont-elles encore une valeur ? (esthétique de la forme, pérennité des matériaux)
Par esthétisme, on veut définir habituellement ce qui est beau. L’esthétisme, c’est la beauté. Mais dans l’art, cette valeur ne fait plus partie intégrante d’une œuvre, à moins d’en faire un élément nécessaire à sa compréhension ou à la démarche de l’artiste. Il faut que ça ait du sens de vouloir faire beau, sinon on est dans une autre expérience que l’art. L’esthétisme pour moi a beaucoup plus à voir avec l’expérience de la communauté, d’un groupe (Gianni Vattimo). C’est ça qui est beau et qui a du sens à mes yeux. Être ensemble est une expérience esthétique qui touche aussi à la pérennité : pour la poursuite du groupe, pour la survie, pour l’émancipation, pour la suite du monde (Pierre Perrault). La pérennité des matériaux, c’est un problème pour la survie d’une œuvre qui ne serait que physique. Mais l’art est avant tout immatériel, une posture, une façon de voir la vie, une parole. Moi, ce qui m’importe, c’est la pérennité des idées, des concepts, du groupe, de mon couple, de ma famille, de ma ville, de ma nation, de ma civilisation et ultimement de la vie. Je suis vraiment du côté de la vie et de l’expérience de la vie en commun. La transgression et la provocation font-elles obligatoirement partie de l’équation ? (différence entre : remarquer et observer - faire remarquer et souligner - se démarquer et faire preuve d’originalité - se faire remarquer et se mettre devant)
Tout est question de posture et de figure d’artiste. Par exemple, en tant que créateur, on peut décider de créer ce que l’on veut (ce qu’on peut), et le faire avec une intention de départ. La transgression est une posture. Habituellement, elle sert un but. Transgresser pourquoi ? Provoquer pourquoi ? En art, selon ma vision des choses, transgresser et provoquer doivent servir à éveiller, à pointer, à faire réfléchir. Je ne crois pas à un art qui impose. Je suis d’avis que l’art propose. En ce sens, une transgression propose autre chose. L’artiste qui transgresse a vu quelque chose qu’il nous propose de regarder. Ensuite, il faut se positionner par rapport au
geste. Encore une fois, la transgression fonctionne surtout, au moins à cinquante pour cent, avec quelqu’un d’autre que le créateur. L’expérience de la transgression présuppose deux personnes, donc c’est une expérience collective qui appartient au vivre ensemble, à l’échange. Plutôt que se mettre devant, je préfère être dedans. Ce qui n’empêche pas d’être original et de se faire remarquer. Je parle d’une posture d’artiste. Ne pas se placer en position de prophète en se plaçant devant ou au-dessus de la foule. L’artiste est un citoyen, un travailleur comme les autres, un parent, un étudiant, un individu comme les autres, et il agit parmi les siens, pas au-devant d’eux. Il a été souvent dit que l’art contemporain se targue de combattre l’élitisme. Comment expliquez-vous les millions dépensés ou placés par l’élite financière internationale pour acquérir des œuvres insensées ? Ne sommesnous pas aujourd’hui héritiers d’une lacune culturelle ?
On a tendance à penser que dépenser 2000 $ pour une œuvre, c’est une dépense excessive; alors, lorsque l’on parle d’acquérir une œuvre d’un million, j’imagine la commotion qu’elle peut susciter. C’est comme si on était incapable de reconnaître la valeur d’une œuvre, qu’il y a un créateur derrière, des artisans peut-être, des représentants (galerie, centre d’art, etc.). On reconnaît ce droit à un condo ou à une voiture. Ces choses-là sont des acquis. Ces objets-là servent à quelque chose. Bien entendu, je me répète, si on n’a jamais appris à se « servir » de l’art, on ne peut pas savoir à quoi ça sert, son utilité. Qui a besoin de l’art pour vivre ? Alors que se loger, s’habiller, se déplacer fait partie de ce qu’il faut faire. Il est à peu près impossible pour un artiste de vivre de son art parce que peu de gens achètent et consomment de l’art. On ne connaît pas les artistes, on ne connaît pas l’histoire de l’art, on ne connaît même pas le nom des politiciens qui nous gouvernent, nous sommes ignorants de bien des choses. Mais on est au courant de tel modèle de voiture, de téléphone intelligent, de jeux vidéo. L’éducation est la seule façon de sauver l’humain. Je suis pour la liberté absolue de l’être. Je suis pour la liberté des nations et des peuples. « Fabriquer » des citoyens ouverts à toute forme de culture, une culture qui dépasse la demande et l’offre productive et économique d’une société, est la seule façon d’être une société vraiment libre. C’est pour ça
ments issus du passé. »
« Le mode d’expression transdisciplinaire que j’utilise me permet de bâtir les équipes avec lesquelles je travaille. La plupart de mes créations sont le fruit du travail d’une équipe dont je fais cours personnel est le parcours de ma nation. MonEn septembre 2014, il va en Écosse pendant partie. Chaque “superartisan” qui y collabore espoir d’indépendance concerne mon émancipa! e e é n n devient partie prenante de l’œuvre, y appor10 a tion individuelle (être plus libre, plus en contrôle,trois semaines durant la campagne référentant une expertise qui se mélange à la mienne apprendre plus de choses, me nourrir de toutes lesdaire afin de créer des œuvres à même l’espace façons possibles, associer le travail à la création ar-public en se servant du contexte pour faire des comme un processus de métissage. Il y a un tistique) autant que notre émancipation nationaleliens entre l’identité québécoise et l’identité parallèle à faire entre mon processus de créa(contrôler tous nos morceaux et former des Qué-écossaise. En mars 2015, c’est en Floride qu’il tion et celui de la construction d’une société, bécois plutôt que des Canadiens, des États-Uniens se dirige afin d’explorer un prochain projet où chaque individu qui la constitue joue un rôle ou des Français). dans son édification. » d’art sur la diaspora québécoise, Floribec. Les lacunes, que nous avons en matière de culture, et ce, sur tous les plans, sont dues au manque de place que notre société leur accorde. Si on croit en l’État, le coup de barre doit venir par la force avec un investissement massif en éducation, sans compromis. Que l’école devienne le lieu d’un apBeaudry, prentissage global où la culture et les arts visuels se- Simon en résidence de production ront mis en évidence, pas juste une pause bricolage à l’Atelier l’œil de Poisson, entre les maths et le français ! Que l’art devienne travaillant sur l’œuvre La bête lumineuse. nécessaire, qu’il serve à quelque chose !
déBAT
À l’automne 2012, il commence une maîtrise en arts visuels et médiatiques à l’Université du que, dans ma démarche, je lie l’artiste que je suis au | | citoyen que je suis aussi, simultanément. Mon par-Québec à Montréal.|
Vol. 10 n o 03 - 22 janvier 2016 mensuel gratuit 20 000 exemplaires Certifiés impression interglobe tC transContinental
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Le déploiement de la bête lumineuse, 2013 (détail) polyptyque de 5 images
(Québec, janvier 2012)
portrait de l’artiste Simon Beaudry. © photo : alain desjean 2012
2008 à 2010, il collabore au magazine montréalais Urbania.
« Cette puisqu’ qui occ par la c d’une m interrog
Franço Centr
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Le français québécois, maître chez lui!
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MARTINE LAVAL Je suis vendue! Vendue à ma langue, vendue à mon Québec, vendue à ma culture! Descendante de l’homme politique français et avocat Étienne Lamy, également journaliste, membre et secrétaire perpétuel de l’Académie française, voilà d’où me vient l’amour des mots, de la langue française et de l’écriture. Première enfant conçue et née au Québec d’un jeune couple français arrivé ici avec deux bambins, j’hérite d’une double nationalité, mais celle de mon cœur est sans l’ombre d’un doute celle de mon pays qui finira bien par devenir un jour… Ça ne pourra pas toujours ne pas arriver Nous entrerons là où nous sommes déjà Car il n’est pas question de laisser tomber notre espérance. (Gaston Miron, Poèmes épars, 2003) Faire valoir notre langue
Le 20 mars dernier, Journée internationale de la francophonie, avait lieu à Saint-Jérôme la remise des Prix d’excellence en français Gaston-Miron, événement qui récompense annuellement des personnes, des entreprises ou des organismes qui se distinguent par leur contribution à l’épanouissement et à la promotion du français sur le territoire des Laurentides. La revue TRACES y était en nomination, renforçant ma fierté, mon sentiment d’appartenance, et mon choix de contribuer à faire valoir ma langue à travers cette revue qui affiche gracieusement sa différence dans son milieu. Chercher le bon mot, peaufiner sa syntaxe, traduire avec style sa pensée gonfle la satisfaction de lire en bout
de ligne toute la richesse et les subtilités de notre magnifique expression française. Imposer la langue de chez nous
La langue est l’expression d’un peuple, sa couleur, son identité. Au sein de chacune se trouvent l’accent et le jargon de ses régions qui n’ont peut-être pas le prestige social et culturel de la langue commune dominante, mais qui par contre la nuance, la colore, la panache. Le français du Québec est reconnu au sein de la francophonie pour son accent, ses néologismes, ses régionalismes, ses « sacres » employés sous forme de noms, d’adjectifs et de verbes conjugués à toutes les sauces, originalité et créativité du peuple que nous sommes et qui en rajoute! En France, berceau de la langue française, on galvaude la langue en y introduisant des anglicismes, croyant faire chic et de bon goût. Au Québec, on laisse non seulement de plus en plus pénétrer les anglicismes et la phraséologie anglophone, mais on laisse carrément l’anglais violer la langue du pays déclarée comme telle il y a 35 ans, grâce à l’imposition de la loi 101! La tolérance se transformerait-elle de nouveau en une forme de nouvelle colonisation ? Quand un peuple n’ose plus défendre sa langue, il est mûr pour l’esclavage. (Rémy de Gourmont) Le québécois maître chez lui!
La langue à terre, un film politique sur l’anglicisation du Québec produit et réalisé par Jean-Pierre Roy et Michel Breton, provoque la sérieuse réflexion de l’envahissement. Gens du pays! Réaffirmons qu’ici,
la langue de Molière l’emporte sur celle de Shakespeare, et même que celle de Vigneault, maître en son pays linguistique et poétique, en impose en plus à Molière! Et pour l’amour, ne ressentons nulle honte face à notre accent ou même à notre joual! Chaque langue a ses variations sur un même thème! Soyons également bien conscients, que dans l’universalité francophone, le parler québécois est notre passeport de distinction, et qu’il est grandement apprécié! Protégeons-le, défendons-le et sauvons-le donc fièrement! « Que le Québec devienne de plus en plus francophone dans sa langue, et universel dans sa culture », fut le souhait formulé par Benoît Lacroix, prêtre dominicain, théologien, philosophe et médiéviste centenaire québécois, devenu une icône intellectuelle. Rayonnons de la fierté de qui nous sommes, et bâtissons ce pays en devenir que nous entrevoyons! Partir de rien, parce qu’on n’est rien d’autre alors, où est-ce qu’on va, qu’est-ce qu’on fait errant en ce peuple, et dans sa langue errante ce peuple qui n’en finit plus de ne pas naître. (Gaston Miron, Poèmes épars, 2003) Savoureuses découvertes linguistiques : Québécois pour les nuls expliqué par Solange, sur le site YouTube de Solange te parle. Capsules Qui l’eût cru d’André Sauvé sur sa page officielle Facebook, dont celle intitulée Les mots. Les multiples jeux de mots de notre langue à travers les contes de Fred Pellerin.
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Caroline Archamb
le calme et le chaos
Artiste de la décennie de traces Pour fêter la dixième année de TRACES, j’ai choisi pour vous plusieurs cadeaux. Pour vous, et pour moi. Au cours des prochains numéros, je présenterai mes artistes favoris. Les vrais de vrais, ceux dont je voudrais m’approprier les œuvres. Beaucoup de peintres, puisque c’est mon domaine. En fait, mon rêve serait de les rassembler dans une formidable exposition. En attendant, voici le cinquième portrait de ma formidable galerie.
Annie Depont
Caroline est une des premières artistes à laquelle j’ai acheté une œuvre, il y a de cela… oh bien plus que ça! J’aurais bien aimé pouvoir la garder, cette belle toile qui s’appelait Harmonie, mais la vie étant ce qu’elle est, surtout la vie d’un magazine, j’ai dû m’en séparer. En pénétrant dans son grand atelier de Saint-Sauveur, j’ai été prise d’un regret épouvantable de l’avoir vendue, car le charme indicible du travail de Caroline Archambault opère toujours sur moi. De l’art abstrait ? Oui et non. Ce n’est pas figuratif, mais un monde mystérieux se manifeste et semble sortir du cadre pour nous rejoindre au plus profond de notre âme. Brouillards et fumées de couleurs somptueuses, paysages non dessinés, à peine suggérés, composent un corpus cohérent, élégant, envoûtant. Du 14 avril au 14 mai, une exposition particulière se tiendra à Montréal à la galerie Maurer. Claude Maurer est un spécialiste de l’art africain primitif et il souhaite créer un dialogue entre ses pièces très précieuses et l’art contemporain. « Je travaille avec de bonnes galeries, qui fonctionnent depuis longtemps, précise Caroline Archambault, entre autres L’Harmattan à Baie-Saint-Paul et Mi-
COURRIER DES LECTEURS Où trouvez-vous TRACES ?
chel-Ange à Montréal. Ensuite, j’ai un projet aux États-Unis, à Chicago, pour une exposition et une collaboration avec une galerie. J’ai aussi un projet d’écriture, un roman sur l’aventure d’être artiste aujourd’hui. J’écris pendant mes vacances, sinon je n’ai guère le temps. Je pars bientôt en voilier dans les Bahamas, ce sera peut-être l’occasion. Sinon, je marche beaucoup dans la nature avec mon carnet à dessin. Dès que j’ai besoin d’inspiration, la nature m’est indispensable. » En effet, les tableaux de Caroline sont des espaces qui appellent à la contemplation. Le style de Caroline Archambault se reconnaît facilement dans celui de quelques-uns de ses élèves, car il est difficile de se défaire de l’influence d’un maître pour trouver sa propre voie. « Il y en a certains pourtant qui se démarquent, dit Caroline, comme Lise Bolduc, entre autres. Dans mes cours, je reçois de plus en plus de gens d’expérience, cela devient un dialogue, un travail de coopération. Et puis, il y en a d’autres qui élargissent leur vocabulaire en allant faire autre chose, comme de l’estampe, par exemple. Je donne des ateliers intensifs de deux jours à des gens qui viennent d’un peu partout. J’aborde mes cours comme j’aborde mon
J’aime lire votre magnifique magazine entre les innombrables heures de cours que je suis à l’université de Saint-Jérôme. Il est toujours accessible à l’entrée principale. Il m’apaise l’esprit avec ses articles artistiques et culturels. Il est un plaisir à regarder. Merci de me divertir simplement et judicieusement. Virginie Sayegh
Je prends le magazine TRACES à la pharmacie Jean Coutu à Sainte-Sophie. Je le lis chez moi, avec un bon thé ou une tisane. Au début, je m’intéressais aux artistes. Mais, très rapidement, je me suis mise à le lire du début à la fin. Merci beaucoup pour ce beau magazine ! Maintenant, j’attends la prochaine parution de TRACES avec impatience. Merci à toute l’équipe ! Sylvie Leblanc, Sainte-Sophie
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HOMMAGE
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travail : avec spontanéité. C’est sûr que la technique est importante, elle est là pour supporter la création. En général, les étudiants sont très pressés et font l’erreur de se lancer trop tôt en carrière. La peinture est quelque chose de tactile, d’insondable, il faut apprivoiser le processus, comprendre ce que l’on a à dire. C’est très important. « La sculpture est mon projet de retraite, j’aime aussi beaucoup jouer avec la terre. À l’université, nous avions beaucoup de cours de sculpture. Depuis quatre ans, je recommence à danser et la danse a beaucoup changé ma peinture. » Ici, la conversation bifurque évidemment sur le film Les saisons de Françoise Sullivan qui sait si bien marier les diverses disciplines, et sur le voyage qu’elles firent ensemble dans le cadre d’EXPO CULTURE QUÉBEC JAPON que j’ai organisé pour elles. « J’avais beaucoup d’attentes, précise Caroline, car je suis très proche de la calligraphie zen. La philosophie de la peinture fait toujours partie de mon travail. Je n’ai pas été déçue, mais j’ai trouvé autre chose que ce que j’attendais. J’en suis revenue avec, entre autres, l’image du grand respect des Japonais entre eux, malgré leur nombre. Et envers la nature, aussi. Autrement dit, le calme
et le chaos, ce haut contraste qui m’a étonnée et séduite. Et puis, les conversations que j’ai eues avec madame Sullivan furent très intéressantes. Je n’avais pas eu cette occasion d’échanger avec elle, lorsqu’elle était ma professeure à l’université. « Même si j’ai fait mes classes au Studio Arts multidisciplinaire de Concordia, c’est encore la peinture qui me fascine. Je me souviens avoir lu que Giacometti sculptait parce qu’il disait n’y rien connaître à la peinture. (rire) Parmi les peintres contemporains que je préfère, il y a Zao Wou-Ki, un maître ! »
Il y a de fortes chances que Caroline Archambault soit présente aux SCULPTURALES DE SAINT-SAUVEUR* avec son compagnon Jacques Papin, afin de présenter au public la grande sculpture qu’ils sont en train de créer au sujet de l’équilibre, un terme cher à Caroline, qui dit vouloir « être libre et équilibrée ».
*Les 27 et 28 août, au parc Georges-Filion
Quelle belle surprise ! Je viens de recevoir votre lettre me transmettant une paire de billets pour le spectacle de Korine Côté le 5 mai prochain. Je savourerai cette sortie. Merci beaucoup Claudette Bélisle
Dès que je vois Traces, je saute dessus pour lire et découper des articles. Je fus très touchée par Martine Laval (Réflexions à fleur de mots). Elle a bien raison ! C’est dramatique, quatre ans après mon arrivée à Saint-Sauveur, que le beau marais aux grenouilles ait été balayé par le promoteur de condos pour des $$. Quelle horreur !
Mot de la rédaction Nous recevons aussi des appels téléphoniques. L’un d’entre eux, ce mois-ci, nous a bien amusés. Un monsieur se plaint qu’un magazine destiné à tous, le nôtre, « comporte des mots que 90 % des gens ne comprennent pas ». On lui demande alors de nous donner un exemple, et il nous cite « borborygme ». La question est : devons-nous baisser le niveau de vocabulaire afin de rejoindre cette soi-disant majorité qui, selon ce monsieur, ne fera l’effort d’aucune recherche ?
Juliette Corbeil
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Livreurs de nouvelles fantastiques
Avec Vous avez choisi Limoges, Christiane Lahaie retourne sur les lieux de ses premières amours. Elle y renoue avec le recueil de nouvelles cyclique, où des personnages arpentent les mêmes ruelles, les mêmes gares, les mêmes paysages. En quête de sens, ils hésitent entre rester ou partir. Aimer ou haïr. Exister ou… disparaître. La capitale du Limousin et ses environs deviennent alors le théâtre de petits drames quotidiens et de tragédies sans nom.
La nouvelle est un genre méconnu au Québec. Quel bonheur, pourtant, lorsqu’on ne dispose que de peu de temps, de pouvoir lire une histoire au complet, dénouement inclus, et de s’émerveiller lorsque l’auteur arrive, tel un danseur expert, à faire pivoter la ligne du récit pour créer une chute surprenante et révélatrice.
Photo : Diane Paquin
Nancy R. Lange
Christiane Lahaie, nouvellière, romancière et essayiste, est professeure à l’Université de Sherbrooke où elle enseigne la littérature, la création littéraire et le cinéma. Elle a publié, entre autres, Hôtel des brumes (Grand Prix de la ville de Sherbrooke 2004), Chants pour une lune qui dort (Prix Alfred-DesRochers 2005), Les classiques québécois (avec Georges Desmeules) et Ces mondes brefs. Pour une géocritique de la nouvelle québécoise contemporaine (avec Marc Boyer, Camille Deslauriers et Marie-Claude Lapalme).
en ouverture du recueil. Nous n’y évoluons pas dans l’univers du fantastique, mais plutôt dans le drame humain et dans le registre de l’hallucination. La mesquinerie teinte les relations familiales de cette nouvelle comme de la nouvelle suivante, où l’auteur revisite des thèmes qu’il a beaucoup explorés ces dernières années : le vieillissement et l’isolement à l’approche de la mort. Dans la nouvelle Le diable ne brûle pas, Hébert salue lui aussi Lovecraft comme si les deux auteurs, qui sont aussi des amis, s’étaient passé le mot de rendre hommage à celui-ci, chacun à sa façon. Ici, le récit livré par fragments verse dans le registre de la folie ou de l’impossible, au lecteur d’en décider. Mais qu’on soit dans un réel possible ou dans un réel impossible généré par l’angoisse du personnage, l’histoire ouvre une fenêtre sur le monstrueux. « Nous cherchions dans l’abomination un remède à l’ennui. », dit un des personnages de Louis-Philippe Hébert. Pas d’ennui en perspective à la lecture de ces deux recueils !
Louis-Philippe Hébert
« Dehors, un vent humide vous fouette et vous ranime. Le toit de la gare illumine le ciel de sa demi-lune de cuivre patiné. À côté, le campanile et son horloge vous permettent de mesurer le temps perdu. À cette heure, pas de taxi, évidemment. Tant pis. Quelqu’un finira par vous prendre et vous conduire là où vous avez résolu de vous installer pour écrire cette histoire que vous portez en vous depuis près de vingt ans. Oui, vous avez choisi Limoges plutôt que Paris, Bordeaux ou Lyon. À cause de la porcelaine. De toute chose fragile en ce monde. »
Louis-Philippe Hébert
Les ponts de glace sont toujours fragiles nouvelles
Les ponts de glace sont toujours fragiles
LITTÉRATURE
23 $
ISBN 978-2-924186-80-0
www.levesqueediteur.com
Parmi les recueils de nouvelles qui me sont passés par les mains depuis un an, j’en ai retenu deux, d’une grande qualité d’écriture et qui sont reliés par un lien particulier, l’auteur de l’un étant l’éditeur du deuxième. Ce dernier, Robert Brisebois, a livré en août 2015 De la température corporelle des marmottes et autres thèses inexplorées. Spécialiste de l’œuvre de Lovecraft, il y explore, en une multitude de styles, la veine du fantastique, forme privilégiée de la nouvelle, et multiplie les références à l’œuvre de celui-ci, « innovateur et créateur du genre », nous dit-il, en des clins d’œil dont les geeks de Lovecraft se régaleront. Intéressé par les sciences et auteur de milliers de lettres, la pensée du grand correspondant épistolaire que fut Lovecraft évolua pour, à la fin, être à l’avant-garde de son époque en préconisant, par exemple, qu’on donne le droit de vote aux femmes. Cet amour
de la réflexion est très présent dans le livre de Brisebois, entre autres dans la dernière nouvelle inspirée du philosophe Leibniz. L’analyse sociale s’y taille aussi une belle part, que ce soit dans l’époustouflante nouvelle Le pont Pax qui utilise avec brio le langage des textos, ou en nous faisant entrer dans la tête d’un autiste. L’écriture, tel un caméléon, se métamorphose d’une nouvelle à l’autre, pour rendre compte de la perception du monde du personnage principal de chaque nouvelle, perdu dans un monde hostile et organique aux inquiétantes et incompréhensibles transformations. Louis-Philippe Hébert, l’éditeur de Robert Brisebois, a lui aussi publié en 2015 un recueil de nouvelles intitulé Les ponts de glace sont toujours fragiles. Le titre, comme la splendide et dramatique photo de couverture signée Diane Paquin, donne le ton de la percutante nouvelle éponyme placée
BRISEBOIS, Robert. De la température corporelle des marmottes et autres thèses inexplorées : nouvelles, Les Éditions de la Grenouillère, 2015, 89 p. HÉBERT, Louis-Philippe. Les ponts de glace sont toujours fragiles, Lévesque éditeur, 2015, 178 p.
Le 26 avril, à Laval, Robert Brisebois sera l’invité de RAPPEL : ParoleAction (Regroupement des auteurs professionnels, publics et émergents lavallois). Une entrevue sera suivie d’un atelier d’écriture gratuit portant sur la nouvelle. En collaboration avec la FQLL à la bibliothèque Germaine-Guèvremont. Pour info : rappelparoleaction@hotmail.com
Collection printanière Hélène Léveillé
Laissez-moi vous parler de l’environnement dans lequel je vis. Il s’agit d’une ville. Rien de spécial à ça, me direz-vous, et vous aurez parfaitement raison. Mais, lorsque je regarde par la fenêtre, ce n’est pas la ville que je vois, mais bien la campagne. J’ai la chance de vivre dans une région agricole... municipale. Il y en a heureusement encore de ces irréductibles enclaves qui résistent à l’envahisseur tant honni : le promoteur de condos. Toutefois, ce n’est pas de ce sujet déprimant dont je désire vous entretenir aujourd’hui, mais plutôt de l’arrivée du printemps. Pour moi, il coïncide avec le chant des carouges à épaulettes. Les mâles, car les femelles choisissent de se prélasser quelques semaines de plus au soleil, entre filles. Elles laissent aux gars les joutes 10
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de gros bras pour la conquête d’un territoire. Ces derniers poussent la chansonnette en exhibant leurs flamboyantes épaulettes jaune et rouge. Chez la plupart des oiseaux, contrairement aux humains, c’est Monsieur qui se pare de ses plus beaux atours. Eh que je les envie ces femelles qui n’ont pas besoin de se coiffer, se maquiller, se démaquiller, de bien s’habiller, d’avoir de beaux déshabillés... ! Je veux être réincarnée en oiselle, mais dans le premier sens du terme : femme de l’oiseau, et non pas dans le second : jeune fille naïve et niaise. D’autant plus que pour la jeunesse, on repassera... Quant aux corneilles qui, du temps de nos ancêtres, quittaient nos froides contrées une fois la bise venue, elles résident maintenant toute l’année chez nous. Perchées aux premières loges dans le boisé d’en face, elles ad-
mirent les performances des pilotes de quads qui sillonnent les sentiers. Chaque fois qu’un de ces bruyants bolides leur passe sous le bec, elles s’excitent et y vont d’un délire de croassements encourageants : « Cââ ! Cââ ! Cââ ! » (« Allez ! Allez ! Allez ! ») Pour leur part, les bernaches du Canada font leur entrée au pays en un spectacle aérien parfaitement rodé; elles dessinent dans le ciel de grands V, comme pour nous dire : « Voilà, nous sommes enfin de retour ! » Une chose est sûre, elles ne passent pas inaperçues, d’autant plus qu’elles n’arrêtent pas durant toute la nuit de jacasser et de se raconter leurs péripéties de voyage. Elles ne pourraient pas nous laisser dormir tranquilles, les tabernaches ! De son côté, la rivière aux mille îles se gonfle d’orgueil. Elle charrie
de grandes plaques de glace sur lesquelles goélands et canards profitent d’un rafting gratuit. Par ailleurs, sur la route, quelques cyclistes téméraires ont déjà maille à partir avec les automobilistes. En l’absence de piste cyclable digne de ce nom, les belligérants refusent de souscrire au slogan : « La route se partage ! » Quant à moi, je sors peu à peu de mon hibernation. J’applaudis le grand retour de la vie, du temps doux, de la lumière du jour en pleine croissance. Et j’attends avec un enthousiasme fébrile l’explosion des bourgeons et l’orgie de couleurs dont la nature sera bientôt éclaboussée.
ENTREVUE « Je déteste les pinceaux neufs, ils n’ont pas d’expérience ! »
GILLES CHAREST, la leçon de peinture Annie Depont
Ancien directeur d’une agence de publicité, Gilles Charest commence à peindre « sur le tard ». Travailleur acharné, il se laisse convaincre par une amie de suivre des cours de peinture afin sans doute de changer le mal de place. Arrivé dans la salle de cours, on lui montre un chevalet. « Faites ce que vous voulez ! », lui intimet-on. L’élève préfère observer. Il regarde une artiste préparant une exposition à New York, seulement du blanc, toile après toile… Puis, avec trois couleurs, deux pinceaux, une spatule, il peint une maison. « Êtes-vous satisfait ? » lui demande la professeure. « C’est alors que je commence à comprendre qu’elle n’est pas là pour me dire quoi faire, mais pour me guider dans mon propre cheminement », dit l’artiste. Toujours fidèle à lui-même, Gilles Charest s’attelle à l’apprentissage avec vigueur. Deux soirs par semaine et un samedi complet par mois. Au bout de trois mois, il exprime le souhait de s’améliorer, d’aller plus loin. « Je vous conseille d’arrêter les cours, dit l’enseignante, choisissez-vous un sujet : un cube, une canette… faites-le aussi longtemps que vous pourrez le faire différemment. Et souvenez-vous que ce que vous apprenez pour composer un paysage ne vous sert à rien pour faire un visage. Allez voir des artistes, des galeries, des expositions et revenez dans un an ! » Choisir un sujet
« Nous avions un magnifique calendrier à la maison, avec des photos de poires, que je pensais faciles à faire. C’était sans compter sur le fait que, sur les courbes, la lumière et les ombrages se déforment. Donc, j’ai peint des poires l’une après l’autre, parfois sur le même tableau, encore et encore. Puis des amis me demandent à en acheter. Et, parmi eux, un psychologue qui me dit : “Tu sais que tu ne peins pas des poires ? – Com-
ment ça ? – La poire est un symbole féminin !”. « Aujourd’hui, j’ai opté pour la poire féminine, la pomme masculine, les cerises enfantines et les prunes étrangères. J’y travaille à temps complet. Je me souviens d’un premier galeriste qui me dit : C’est bien beau, ce que vous faites, mais vous perdez votre temps, vous n’en vendrez pas ! J’ai persévéré jusqu’au jour où j’ai rencontré Richard Hevey de la galerie d’art du même nom à SainteAdèle. Je ne me sentais pas prêt à lui proposer mes toiles malgré mes six années de pratique et les encouragements de ma conjointe et de mes amis. Cela m’a pris un mois avant de retourner le voir. Il commence par un ‘hum hum !’, et moi, je veux disparaître ! ‘‘Je trouve cela très intéressant, ajoutet-il, novateur, pas vu ailleurs. Mais c’est le client qui est roi. Me les laissez-vous ?’’ Nous établissons un prix et je comprends à ce moment-là qu’il y a des limites à se considérer comme débutant. « Deux semaines plus tard, Richard Hevey me demande de lui apporter trois ou quatre nouveaux tableaux. Les premiers avaient été vendus. Nous étions au début de 1999. Ce galeriste est toujours de bon conseil pour moi aujourd’hui. » Galeriste ou galeriste
« Parmi les galeristes avec lesquels j’ai travaillé, il y a eu les promoteurs d’art, souvent eux-mêmes collectionneurs, et les vendeurs de tableaux, ou marchands de cadres avec une toile au milieu. Deux approches opposées. J’ai constaté aussi, lorsque cela a bien fonctionné, qu’il s’agissait surtout de rapports humains plus que de peinture. »
des fonds noirs, pour donner du relief visuel et je crée de la texture en utilisant un polymère 100 % pur, afin qu’il ne rétrécisse pas. Il s’agit pour moi d’un processus très établi. Je ne peins à partir d’aucun modèle. Le temps varie considérablement d’un tableau à l’autre. Je travaille en moyenne sur deux ou trois toiles en même temps. » L’atelier de Gilles Charest, niché dans les Laurentides, est petit et très bien rangé. De nombreux tableaux y sont accrochés, attendant leur livraison aux quatre coins du pays et plus loin encore. Ailleurs, dans la superbe maison aux lignes contemporaines, de nombreuses œuvres d’autres artistes, parfaitement disposées, démontrent la passion pour l’art de Gilles Charest et de sa complice Solange. Galerie Richard Hevey
galerierichardhevey.com Galerie L’Harmattan
lharmattan.com Artgcharest.com
Il est fort probable que le public découvre aussi les nouveaux bronzes de Gilles Charest aux Sculpturales de Saint-Sauveur les 27 et 28 août prochains.
La production
« Je suis quelqu’un de travaillant. Je peins presque tous les jours, car ma technique est très longue. Je procède par frottis en mélangeant les couleurs directement sur la toile. Je commence toujours par 15 avril 2016
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CLAUDE JASMIN Écoute bien ça l’ami : un mercredi de fin d’après-midi, tu roules sur le boulevard de Sainte-Adèle paisiblement en revenant de ta quotidienne baignade, si bienfaisante à cette charmante auberge L’Excelsior, là où les 35 fenêtres de la piscine forment une vaste serre. Tu rentres donc, tu revois le village, le vaste marché IGA, tu vires à droite, rue Henri-Dunant, pour filer at home via la rue Morin. Et bang ! Les journaux en ont parlé, un bout de rue le cul à l’air ! Je n’en reviens pas. Le cœur me débat comme on dit. Ça vient juste d’arriver. Il y a eu un bon Dieu pour votre chroniqueur ! Dans La Presse, plus tard, je lis que sous ce bout de rue crevé, pulvérisé, il y a, visible, une sorte de cratère avec un genre de tunnel. Un quidam de Sainte Adèle y a vu « un nid de bête », de dinosaure ! Mais oui, c’est plausible, je prétends que ce fut un antre — maudit — de Satan ! Ce jour-là, je me suis sauvé
Le diable à Sainte-Adèle ?
quand s’amenaient, sirènes hurlantes, policiers et pompiers ! En effet, cette noire cave soudainement mise à découvert me laisse songeur. « Si c’était vrai », chante l’immortel Jacques Brel, hein !, et si c’était vrai… le démon ? Ce gouffre de noirceur déterré subitement… soudainement, ce puisard inattendu ? Pourquoi là, à la frontière ouest de notre tranquille parc de la Famille ? Eh bien, je sais très bien pourquoi. Là, à mi-parcours de la fameuse côte Morin, il y eut avant le parc actuel une auberge… disons, pour ne pas choquer les pieux yeux et pieuses oreilles… disons : dynamique. Ce fut d’abord le Ste-Adèle Lodge, puis le Montclair, un chaleureux petit hôtel de campagne, un peu bancal, couvert de bardeaux peints et fréquenté par les grouillantes jeunesses super-jazzées. Ô folles années de l’après-guerre ! On y accueillait, à pochetées, plein de frétillants danseurs, tous wolf affamés, et de jeunes et si jolies danseuses, si pétillantes. Je vous jure que l’on y tré-
RéFLeXIoN Mimi Legault
J’ai le moral en berne depuis que j’ai entendu la ministre de la Condition féminine Lise Thériault répondre que non, elle n’est pas féministe. C’est comme si le curé de notre paroisse déclarait en chaire que, finalement, il est athée. J’aurais préféré l’entendre dire : moi, féministe ? Mais je suis aux hommes ! On aurait dès lors compris qu’elle blaguait. Craignaitelle de passer pour une matante du 450 ? Ou de paraître plutôt cucul la praline ? Peu importe, ça se nomme être à côté de ses bottines. J’admets que les féministes radicales n’ont pas toujours aidé notre cause, mais il en fallait pour aller au front. J’ai grandi dans un monde de femmes qui, selon l’expression de grand-maman Marie,
pignait ferme dans le vaste ballroom bien rougi — tomates brûlantes — d’un flot d’ampoules. Un lieu aux concupiscences débordantes. Fauchés, l’on tétait une grosse Mol , et nos accortes compagnes, des Pink Lady, Singapore Sling, Gin Tonic… Le grand poète Alighieri Dante y aurait vu son enfer ! La rue adéloise, lambine et ignorant les décennies, a fini par témoigner ! Ô ces excitants, longs, et épuisants samedis soirs pour les nerfs, si énervants et fort énergisants ! Ces centaines de jeunes couples, beaucoup du monde étudiant — maudits calvaires de retenue — aux tentations déviées en caresses, parfois mal censurées (vive la pénombre), eh bien ! après des heures de danses collées (à mort), l’aube apparaissant aux fenêtres de l’hôtel, l’on se rendait, croyez-le ou non, à l’église pour se débarrasser du « devoir » de la messe dominicale. Ainsi, ce sol ouvert, éclat infernal, sur l’ancien domaine des plaisirs — ce fut le diable ! Il refoulait depuis trop longtemps et, bouffi d’une colère rentrée,
Mot maudit
pissaient debout. Petite anecdote, mon arrière-grand-mère répondait au nom de Cyr, elle était mariée à un Lamarche. Lorsqu’à 40 ans, elle fut enceinte pour la première fois, elle annonça à son mari que le petit porterait son nom. Horreur pour l’époux qui la crut folle ! Leur fils unique hérita du nom de Cyr-Marc Lamarche. Je suis devenue féministe à quatre ans après que l’oncle de mon petit voisin, alors curé, lui eut offert un autel et des vêtements sacerdotaux en cadeau. En voulant les essayer à mon tour, il s’est précipité sur moi en me criant : « T’as pas le droit, t’es une fille ! » Je ne veux pas devenir l’égale de l’homme. Comme l’a si bien dit Charlotte Whity avec humour, j’ai plus d’ambition que cela…, mais je désire ardemment jouir des mêmes
droits. J’ai déjà entendu dire que, si une femme désirait réussir, elle devait ressembler à une jeune fille, se conduire comme une dame, penser comme un homme et travailler comme un cheval. La belle affaire ! Je demeure pourtant inquiète devant nos adolescentes d’aujourd’hui, davantage axées sur le paraître que sur l’être. Elles ont l’ego en chute libre. Selon Rachel Chagnon, directrice de l’IREF de l’UQAM (Institut de recherches et d’études féministes), on assiste à un retour des fifilles qui connaissent très peu le féminisme, occupées qu’elles sont à leur selfie et accros à leur Facebook. Il revient aux mères d’outiller leurs filles dès le bas âge. On a beaucoup de chemin à parcourir quand la majorité croit encore qu’un séducteur est un play-
Difficulté à écrire vos textes ? © infographie tRaCeS
Laissez Mimi Legault vous aider.
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lettres | discours | corrections | travaux scolaires | c.v. | autobiographies mimilego@cgocable.ca 15 avril 2016
il a tenu, pauvre niais, à témoigner ! Manifestation ridicule et brutale, avec grand retard, est-ce qu’il s’ennuyait de ce vivant Sodome adélois, bien innocent, de la mi-côte Morin ?
boy et qu’une séductrice est une pute. Qu’un célibataire est un homme libre et qu’une célibataire est une femme seule. La vie m’a fait cadeau d’une fille. Je savais qu’il n’y avait rien de mieux que l’exemple. Je l’ai amenée avec moi dans le ring de la vie, refusant qu’elle baisse la garde. Qu’elle se relève après l’uppercut. Elle a appris à ne pas dire oui quand ça disait non. Ne me donnez surtout pas de trophée, je n’ai fait que mon devoir de mère. C’est Françoise Giroud qui disait que la femme sera vraiment l’égale de l’homme le jour où, pour un poste important, on désignera une femme incompétente. Devons-nous crier victoire ? N’est-ce pas ce qui vient d’arriver dans le clan libéral ?
ÉLECTIONS
suites présidentielles Christian Delpla
Il est intéressant de noter que dans les deux dernières décennies sont apparues sur nos écrans de télévision un grand nombre de séries télévisées où le président des États-Unis en est le personnage central. La première série à avoir obtenu un grand succès est West Wing, qui a pour théâtre la Maison-Blanche, avec Martin Sheen dans le rôle du Président. Cette série dépeint un homme très droit, honnête, cultivé et en possession de ses moyens. Les situations auxquelles il se trouve confronté sont suffisamment complexes ou épineuses pour entretenir le suspense théâtral, mais sont toujours résolues de façon éthique, et sans que le Président soit en porte-à-faux par rapport aux valeurs communément admises dans la société américaine. Cette série a été suivie de : 24, Scandal et dernièrement House of Cards sur le réseau Netflix. L’évolution subie par le personnage rappelle l’évolution
qu’on a observée dans le genre western. Jusqu’à la fin des années 1960, ce genre de films était bâti autour d’une action se déroulant dans des paysages grandioses et véhiculant des valeurs communément prônées et partagées dans la société : l’honnêteté, le courage, la compassion, voire la galanterie, etc. Puis vint l’époque des westerns moins conventionnels, voire carrément amoraux où le bon n’était plus sûr de l’emporter. C’est l’évolution qu’ont subie les séries télévisées qui avaient pour cadre la Maison-Blanche et le bureau ovale en particulier. Dans la dernière en date, House of Cards, Kevin Spacey et Robin Wright jouant le rôle de la Première dame (Golden Globe pour la meilleure actrice dans une série dramatique en 2014) nous donnent une interprétation très impressionnante d’un couple de politiciens ambitieux et sans scrupule qui est prêt à commettre plusieurs actions illégales, allant jusqu’au crime, pour résider à la Maison-Blanche. Pensez-vous
aux Clinton ? Nos candidats actuels n’iront pas jusque-là, donnons-leur ce crédit, mais ils sont sans doute prêts à prendre certaines initiatives en marge de la loi pour réussir leur projet. Le bénéfice qu’on peut retirer de ces séries est qu’elles ont rapproché la fonction de président des É.-U. du peuple, c’est-à-dire de l’électeur, le côté négatif étant qu’elles désacralisent cette fonction, donnant ainsi cours à un certain désenchantement, une méfiance de la population envers la politique et les partis. Ce que l’on voit tout au long des primaires américaines traduit, je pense, un peu cela. Le Parti républicain comme le Parti démocrate font face à une grande contestation antiestablishment, permettant à Donald Trump et Bernie Sanders de faire des scores tout à fait inattendus lors de cette course de fond que représente la course à la nomination. Au moment où j’écris ces lignes, on se rapproche de la ligne d’arrivée où l’on choisira les candidats démocrate et républicain. Hillary
Clinton ne semble pas être en voie de perdre cette course, alors que du côté républicain on se dirige vers une convention ouverte où tout peut arriver, même le pire. En ce qui concerne l’élection, la vraie, celle qui désignera en novembre 2016 le président des É.-U. pour quatre ans, les derniers sondages viennent encore titiller notre perplexité; Bernie Sanders ferait mieux que Hillary Clinton, quel que soit le candidat du Parti républicain ! Finalement, cette réalité est encore plus surprenante que toutes les séries télévisées que j’ai évoquées !
La couleur dans tous ses états Au cœur de soi
Exposition solo de peinture de l’artiste-peintre Cécile Buysse, à la Place des Citoyens à Sainte-Adèle, du 1er avril au 1er mai 2016.
Cela commence par une bataille. Celle de la plongée à corps perdu dans l’univers humide d’une huile épaisse travaillée « alla prima ». On y navigue un temps. Et on jubile. Émerge peu à peu un univers de formes et de couleurs, d’espace et de lumière qui se construit dans l’instant pur, chargé de présent et de mémoire. C’est au fond comme si le conscient et l’inconscient s’unissaient pour se féconder. Travail fait de spontanéité et de contrôle, il est aussi plaisir et quête, violence et douceur. C’est la couleur qui décide. Ou du moins, c’est le rôle que je tends à lui assigner. Sentir là où elle veut aller. Être canal. Laisser la toile se faire et se défaire, grâce à mon œil, mon bras, ma spatule. Cécile Buysse peint depuis bientôt 30 ans. Belge d’origine et Québécoise d’adoption, elle a obtenu un baccalauréat en arts visuels de l’Université
Concordia à Montréal (1991), où elle a travaillé notamment avec les peintres Guido Molinari et Peter Krausz. Elle n’a jamais cessé de poursuivre sa démarche depuis. Coloriste dans l’âme, elle explore et développe un langage qui lui est propre au moyen d’une huile épaisse appliquée à la spatule. La couleur jaillit et s’organise. Mouvements, gestes, aplats et grattage, c’est « la couleur qui décide », dit-elle. Émerge un univers, un espace « jubilatoire » à l’intérieur duquel notre œil prend plaisir à s’arrêter, à découvrir. Chaque toile, peu importe sa dimension, est une histoire, chaque toile est un voyage. Cécile Buysse vit et travaille à Val-David depuis bientôt 4 ans. Elle fait partie du collectif d’artistes Le temps…Nous et du Conseil de la culture des Laurentides. Elle est représentée depuis 2008 par la galerie Jean-Pierre Valentin à Montréal et, depuis 2009, par la galerie Gevik à Toronto. cecilebuysse@cgocable.ca 819 320-0646
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SoRtiR
•Salle André-Mathieu | 1 877 677-2040 | 475, boulevard de l’avenir, laval •Maison des arts de Laval | 1 877 677-2040 | 1395, boul. de la Concorde ouest •Théâtre Marcellin-Champagnat | 1 877 677-2040 | 1275, av. du Collège, laval •
28 avril
THE MAN IN BLACK HOMMAGE À JOHNNY CASH
•
10-11 mai MARIO TESSIER
•
•
5 mai KORINE CÔTÉ
10 avril ADIEU JE RESTE!
4, avenue Lafleur Sud Saint-Sauveur 450 744-3341
•
•
4 mai JEAN-THOMAS JOBIN
13 mai RENÉ SIMARD
SuiVeZ-nouS SuR
•
2 mars
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diX VinS VinS BlanCS
VinS RouGeS
Mantinia 2014, Moschofilero, Boutari
Côtes du Rhône 2013, Parallèle 45, Paul Jaboulet Ainé
(Grèce – Péloponnèse – 15,70 $)
(France – Vallée du Rhône – 17,50 $)
Un vignoble en altitude, des vignes entre 10 et 35 ans, un cépage particulier et une maison sérieuse, voilà les ingrédients qui font de ce blanc issu du moschofilero, un vin sec et léger aux parfums floraux légèrement citronnés, qui accompagnera sans faillir les fritures, dont des calamars.
C’est avec un certain plaisir, sans se tromper, que l’on appréciera cet assemblage de grenache et de syrah, aux tanins souples et bien enrobés. Fruité à souhait, il se faufile à table et se marie avec de nombreuses préparations, de la tourtière à l’entrecôte. Regaleali, Sicilia 2013, Conte Tasca d’Almerita (Italie – Sicile – 18,05 $)
Anthìlia, Sicilia 2014, Donnafugata
Le vin Noir 2011, Brulhois, Les Vignerons du Brulhois
(Italie – Sicile – 18,50 $)
(France – Sud-Ouest – 19,45 $)
Un blanc sec moyennement aromatique avec des notes de cédrat, et savoureusement fruité, aux saveurs de pêche blanche. Élaboré avec le catarratto principalement et d’autres cépages, c’est le vin le plus représenté au monde de cette excellente maison.
Tannat, cabernet franc et merlot se partagent à parts égales la composition de ce vin étonnant, coloré et joufflu, aux saveurs légèrement cacaotées, et dont on vante sans retenue ses vertus thérapeutiques.
(Italie – Delle Venezie – 14,00 $)
Grâce à un pressurage doux et lent, les pigments contenus dans le pinot gris ont le temps de se dissoudre dans le jus pour donner un vin d’une couleur rose pâle, presque pelure d’oignon. On sent le printemps poindre à l’horizon en servant cet italien fringant bien frais avec une salade de saumon fumé. Rioja 2014, Bodegas Marqués de Caceres (Espagne – Rioja – 15,30 $)
Nouveau millésime pour ce classique de la Rioja, réputé pour ses arômes bien présents de fruits rouges. Sec et généreux, il possède une bonne fraîcheur et une bonne matière fruitée issue du cépage tempranillo, cueilli au bon moment et vinifié dans les règles de l’art.
(Chili – Vallée centrale – 19,95 $)
Issu d’un assemblage de carmenère (35 %) et de cabernet sauvignon (39 %) qui apportent, en plus du fruit, la structure tannique, ce vin est charnu et savoureux. De la syrah et un peu de cabernet franc participent avec une certaine originalité à son expression aromatique. BenMarco 2013, Dominio del Plata (Argentine – Valle de Uco – 21,55 $)
Josee Brisson Traduction Gestion de médias sociaux Création et rédaction culinaire
450 275-2109
Il dépasse les vingt dollars, mais la différence sera vite compensée par le plaisir de découvrir ce malbec (principalement) élaboré par une grande dame du vignoble argentin, Susana Balbo. Coloré à souhait, expressif au nez et en bouche avec des notes de fruits noirs bien mûrs, il possède une bonne acidité qui équilibre l’ensemble, assez soutenu et corsé. © infographie tRaCeS
pinot Grigio Rosé 2014, Simboli, La Vis
escudo Rojo 2012, Baron Philippe de Rothschild
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Ce magnifique domaine installé au cœur de la Sicile nous propose un rouge joliment aromatique avec des parfums de fraise bien mûre. Le cépage nero d’avola apporte, en plus d’une bonne structure, une personnalité indéniable à cette cuvée méditerranéenne.
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Sauvignon, sémillon et un peu de muscadelles donnent un vin sec aussi vif en bouche qu’expressif au nez. Issu de la viticulture en bio, il est aromatique et invitant avec ses notes d’agrumes. Idéal en apéritif et avec un ceviche.
VinS RoSÉS
Jacques Orhon
JoseeBrissonConsultante
(France – Bordelais – 18,40 $)
à moins de vingt ...ou presque !
brissonjosee@hotmail.com
Bordeaux blanc 2014, Château Suau
divins
15 avril 2016
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