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Les animaux de pouvoir
Animaux de pouvoir (ou animaux totem)
Nous parlons d’animaux de pouvoir mais qui sont-ils exactement ? On les considère souvent comme des êtres différents de nous, des sortes d’anges gardiens qui nous aident et nous protègent. La première fois que nous découvrons le chamanisme et que nous rencontrons nos premiers animaux de pouvoir, nous nous posons la question de savoir qui sont ils et s’ils sont en nous ou en dehors de nous. Pourquoi devrions-nous les rencontrer dans le monde d’en bas ? D’ailleurs, c’est quoi ce monde d’en bas ? Où est-il exactement ? Sous terre ? Plus tard, nous découvrons qu’ils peuvent aussi apparaître dans le monde du milieu et dans le monde d’en haut. Allons bon ! Ma compréhension, nourrie de plusieurs années de chamanisme et de Bouddhisme, est que les animaux de pouvoir sont bien en nous. Ils sont des qualités non incarnées de notre Esprit Pur qui est riche de possibilités illimitées ; il a le pouvoir de se manifester sous n’importe qu’elle forme, humaine, animale ou autres. Pour cela, il a en lui une palette infinie d’énergies : animales, humaines et diverses. Même lorsque nous nous incarnons en humains, nous gardons en nous toutes les énergies animales que nous utilisons subtilement, inconsciemment et plus ou moins modérément, mais que nous pouvons manifester volontairement grâce aux fusions avec les animaux de pouvoir ou encore mieux, aux métamorphoses que nous allons étudier dans ce chapitre. Parfois nous pouvons observer des personnes qui ont une allure très féline, d’autres qui ont une vue perçante comme un aigle, d’autres qui ont une démarche nous rappelant celle de l’ours, ou la souplesse du serpent, etc. Quand nous contactons nos animaux de pouvoir, nous nous relions à ces énergies animales internes. D’ailleurs, la méthode qui consiste à imaginer que l’on descend dans le monde d’en bas par une ouverture naturelle à la surface de la terre (une grotte, un trou dans un tronc d’arbre, un puits, etc.) est juste un moyen habile pour faciliter le positionnement de notre conscience sur notre Esprit Pur qui est situé au niveau du chakra du cœur. En effet, un canal énergétique, nommé chitta-nadi ou le canal de la conscience, relie le chakra du troisième œil, siège des six consciences (la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût, le tactile et le mental), au chakra du cœur, siège de notre Esprit Pur. Ce canal est la partie haute du canal principal Sushuma. En imaginant que nous descendons sous terre, notre conscience utilise ce canal énergétique pour se translater de notre tête qui est le siège du mental dans la réalité ordinaire, à notre cœur où se trouvent, entre autres, nos énergies animales, différentes facettes de notre Esprit Pur, et siège de la réalité non ordinaire, appelé « monde d’en bas ». C’est ce même canal que nous utilisons lorsque nous voulons méditer. C’est la raison pour laquelle, en voyage chamanique, quand nous descendons dans le monde d’en bas nous commençons par voir ou sentir que nous descendons dans un tunnel. Les personnes qui ont expérimenté une E.M.I. (Expérience de Mort Imminente) relatent aussi leur expérience au-travers d’un tunnel. Ce même tunnel est le chitta-nadi. L'Ayurveda fait référence à son homologue physique sous le nom de manovaha shrota, le canal qui transporte la pensée. Le Docteur David Frawley, éminent spécialiste de l’Ayurvéda, précise dans son livre « Yoga et Ayurvéda », page 184: « Dans le cœur réside notre connexion avec le Créateur à partir de laquelle le chittanadi gagne de l'énergie. Les impulsions centrales provenant de notre esprit, nos
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samskaras, propulsent le mouvement à travers le chitta-nadi, du cœur vers le monde
extérieur. Elles montent d'abord vers la gorge, d'où sort notre expression verbale, puis vers la tête où elles se connectent aux cinq organes des sens et aux objets extérieurs. Ensuite, elles redescendent de la tête à la gorge et retournent au cœur. C'est le double flux possible du chitta-nadi, chemin de l’incarnation ou chemin retour au cœur. Premièrement, il a un mouvement vers le monde extérieur, qui va du cœur à la tête et à travers les cinq sens. Ensuite, il a un mouvement contraire, du monde extérieur des cinq sens au monde intérieur de la psyché, qui descend de la tête au cœur.
Le flux extérieur du chitta-nadi donne naissance au mental extérieur, aux émotions et aux pulsions de vie. Il suit le mouvement de la force de répulsion cosmique ou de l'ignorance. Le flux extérieur de chitta-nadi nous amène dans le corps physique et crée l'état de veille, qui est dominé par l'activité sensorielle dans la tête.
Le flux intérieur du chitta-nadi apporte une purification de tous les canaux, favorisant l’ouverture des chakras internes et de leur plein potentiel et conduit au monde intérieur et à l'intuition, ce que le Samkhya (voir définition page 35) appelle buddhi ou intelligence intérieure. Le flux intérieur reflète le mouvement de l'attraction divine. Il nous emmène dans notre propre conscience et crée les états de rêve et de sommeil profond. Les rêves se produisent dans la région de la gorge. Le sommeil profond se produit à l'origine du cœur. »
« À la mort, le chitta-nadi coule vers l'intérieur, comme pour le sommeil profond, nous emmenant dans le plan astral et son expérience des mondes du ciel et de l'enfer. »
Dans le sommeil profond, nous ne rêvons pas, nous n’avons aucune activité et nous nous rechargeons dans l’énergie du cœur, l’énergie universelle. Dès que notre conscience remonte au niveau de la gorge, c’est comme lors d’une incarnation, cela va si vite que notre conscience se voile et nous nous retrouvons illusionnés dans un rêve. Cependant, avec l’entraînement ou spontanément pour certaines personnes, nous pouvons nous apercevoir que nous sommes en train de rêver ; nous sommes alors dans un rêve lucide que nous pouvons contrôler pour développer notre spiritualité. Si nous nous entraînons à rester lucides durant nos rêves, nous aurons plus de facilités pour rester lucides le jour dans notre réalité ordinaire puis, après la mort, dans le bardo de la mort et le bardo intermédiaire.
Certains étudiants en chamanisme disent avoir des réticences avec l’idée de descendre sous terre. Soit qu’ils ont peur de la mort et d’être enterrés, soit que cela a pour eux une connotation avec la « mère » avec qui ils ont quelques problèmes. Une solution pour eux serait qu’ils imaginent descendre à partir du troisième œil jusqu’au chakra du cœur en passant par la gorge. Arrivés au chakra du cœur, ils visualisent huit canaux qui se divisent chacun en trois autres canaux qui à leur tour se divisent chacun en trois autres canaux, ce qui représentent au total soixante douze canaux. Ils ont donc le choix pour poursuivre leur voyage ! Il ne leur reste plus qu’à appeler leurs animaux de pouvoir. Voici donc ce qu’est le monde d’en bas !
Toujours selon le Dr. David Frawley, dans son même livre: « L’ego entraîne l’accumulation de diverses toxines, d’impuretés ou de matières lourdes (malas) dans le chitta-nadi et entrave sa circulation. Ces toxines proviennent d’aliments, d’impressions et d’associations mal digérées, de régimes alimentaires inadaptés, de l’utilisation incorrecte
des sens et de relations inadéquates. En conséquence, la circulation à travers le chittanadi est affectée par la condition du corps, du prana et de l’esprit. » Donc, si certains étudiants en chamanisme ont des difficultés pour voyager, ils doivent travailler sur leur régime alimentaire, éliminer tout intoxiquant (alcool, drogues, etc.) et travailler sur leurs émotions non résolues, avec différents outils comme : les cercles d’or, la récapitulation, E.M.D.R., E.F.T., etc.
Les animaux de pouvoir sont une manifestation de l’esprit qui n’est pas obscurcie
par un corps physique doté d’un ego, contrairement à nous autres, les humains. Les animaux de pouvoir peuvent donc être les porte-paroles de notre Esprit Pur. Ils peuvent répondre à toutes nos questions et nous protégeront durant le voyage chamanique car le danger vient de notre mental. Plus nous nous éloignons du cœur et remontons vers le centre du crâne, plus notre mental prend le dessus. Les peurs que certains « voyageurs » éprouvent durant un voyage chamanique sont la manifestation du mental. Carlos Castanéda, docteur en anthropologie qui reçut les enseignements de Don Juan Matus, un sorcier Yaqui, relate dans ses nombreux livres avoir rencontré lors de ses voyages, sous les effets de plantes hallucinogènes, des esprits malfaisants. En fait, au niveau spirituel il n’y a pas d’esprits négatifs. Il peut juste y avoir des esprits qui ne sont pas à leur place. Ma compréhension est que, sous l’effet des plantes, Carlos Castanéda a rencontré ses propres démons intérieurs créés par son mental perturbé et amplifiés par l’action hallucinogène des plantes. Il s’agit donc d’une psychothérapie induite par les plantes. Il n’a pas travaillé avec ses animaux de pouvoir, ce que confirme d’ailleurs Michael Harner qui a dit de Carlos Castanéda qu’il ne voyage pas dans le monde d’en bas. Les plantes l’ont conduit dans la région de la gorge propice pour engendrer des rêves ou des cauchemars. Donc, lorsque lors d’un voyage chamanique nous nous éloignons de nos animaux de pouvoir, notre mental réapparaît et « mène la danse » ! La seule solution possible consiste à revenir près du chakra du cœur en réaffirmant avec force notre intention de rencontrer nos animaux de pouvoir. Et pour cela, nous utilisons le moyen habile qui consiste à descendre plus bas dans notre tunnel. Avec la fatigue ou les préoccupations de la vie en réalité ordinaire, il est fréquent que notre voyage oscille entre le cœur et la tête. Il faut en être conscient et réagir en conséquence. Parfois, il vaut mieux arrêter le voyage et se reposer.
Démembrement-remembrement : Une bonne méthode pour se remettre en énergie et pour se libérer de notre mental, autant que faire se peut, consiste à recevoir un « démembrement-remembrement ». C’est un voyage fabuleux qui permet de faire l’expérience de notre nature divine, de la Source. C’est l’expérience d’une mort et renaissance, une façon de se guérir, de se renouveler. Ceci dissout l’ego et les soucis terrestres qui nous empêchent de nous souvenir de notre lien avec la Source de vie. Tout ce qui est mauvais pour nous (intrusions énergétiques, mémoires de traumatisme, croyances limitantes comme la vieillesse) rejoint la Terre. En prendre conscience durant le démembrement. Le démembrement peut se faire avec un but, une intention précise comme se guérir d’une souffrance physique, ou d’une manière générale, pour se purifier et obtenir une grande énergie. Il peut aussi faire remonter beaucoup d’émotions, à vivre sans jugements. L’intention est l’expérience de la mort, la perte de notre forme physique, l’impermanence, puis la renaissance. Il y a un relâchement et l’abandon de nos
représentations et images de soi. Notre ego qui s’est construit à l’enfance, entre trois et cinq ans, s’est consolidé et solidifié durant de longues années. Avec le démembrement, nous commençons à le dissoudre petit à petit. Cette dissolution de l’ego induit une purification de nos karmas, car nous comprenons que nous ne sommes pas ce « Moi » que nous croyions être et donc au-delà du karma. Nous constatons que nous ne sommes plus ce corps physique auquel nous nous sommes attachés, croyant que nous étions cela, voire seulement cela ! Nous ne sommes plus non plus tous les personnages que nous avons joués dans d’innombrables vies antérieures. Nous ne sommes pas ce médecin, ingénieur, professeur, étudiant, fermier, etc. Nous sommes Lumière, énergie pure, et dans cet espace infini, ce grand Tout, nous sommes tous interconnectés. Vous faites l’expérience de ce que les bouddhistes nomment « Vacuité », le sans forme. C’est un moment d’éveil. Ressentez cette légèreté, cet amour pur, cette reliance au Tout. En Bouddhisme, nous trouvons l’équivalent avec la pratique de « Tchö » pour dépasser l’attachement et l’identification à l’ego. Cette pratique que nous trouvons aussi dans la tradition chamano-bouddhiste des Böen, permet de purifier les dettes karmiques que nous avons auprès de tous les Êtres. Cependant, nous devons être conscients qu’il est plus facile d’accumuler du karma négatif que de le purifier. Aussi, il faudra pour cela réitérer maintes fois le travail de purification. En bouddhisme, nous avons l’analogie du bocal plein de gousses d’ail. Tous les jours, nous en retirons une gousse mais à la fin il reste encore l’odeur de l’ail ! Il ne faut surtout pas se décourager, mais continuer le travail de purification.
Un démembrement-remembrement nous permet de devenir plus efficaces pour des pratiques qui ont du pouvoir car cela nous rapproche de notre Être authentique. Parfois ce sont nos animaux de pouvoir qui nous soumettent un démembrement sans avertissement préalable et sous leur entière responsabilité. Ils nous sautent dessus et nous détruisent d’une manière ou d’une autre jusqu’à ce que nous n’ayons plus l’apparence de notre corps physique. Ils agissent ainsi lorsqu’ils voient que nous sommes « englués » dans notre mental et n’avons pas suffisamment d’énergie pour faire le travail chamanique que nous avons planifié. Ceci a pour effet de nous remettre en énergie et de nous libérer provisoirement de l’étreinte de notre mental. Nous pouvons alors commencer notre travail chamanique. L’initiation à cette pratique doit se faire sous la supervision d’un enseignant qualifié.
« Couper le son » : Une autre méthode inspirée à Claude Poncelet par un chamane de l’époque celtique consiste à se faire couper la tête par nos animaux de pouvoir. C’est une pratique qui est proposée lors du stage « Chamanisme celte ». Lorsque nous voulons recevoir des messages des esprits et être sûrs que le mental n’interviendra pas, nous demandons à un de nos animaux de pouvoir de nous couper la tête, s’il juge cela opportun, et de nous la mettre entre les mains. Nous pouvons alors expérimenter une écoute directe d’esprit à esprit, sans interférence du mental. Nous sommes en quelque sorte dans la posture de Saint Trec’hmeur qui fut décapité au V° siècle par son père Conomor, pour des raisons bien différentes. Voici la bannière de procession de Saint-Trec’hmeur en l’église de SaintTénénan à Guerlesquin, dans le Finistère :
Métamorphose : La métamorphose est une technique chamanique redécouverte par Claude Poncelet. Elle a toujours été pratiquée par les chamanes et ne se transmettait de chamane à chamane qu’avec beaucoup de précautions pour éviter une mauvaise utilisation de celle-ci, ce qui serait une cause de karma très négatif. En effet, cette pratique apporte beaucoup de pouvoir et demande donc une grande éthique. Cela consiste à faire prendre à nos corps énergétiques la forme d’un de nos animaux de pouvoir. A ce niveau là, nous ne sommes plus l’Être humain avec son ego mais seulement un de nos animaux de pouvoir. Nous sommes donc au plus près de notre Esprit Pur. Nous disposons donc d’un maximum de pouvoir pour faire notre travail chamanique sans être entravé par notre mental. C’est très différent d’une fusion avec un animal de pouvoir car en fusion il y a à la fois l’animal de pouvoir et l’humain que nous sommes, avec son mental parfois « lourd » ! Pour la métamorphose, nous demandons à un de nos animaux de pouvoir de se positionner devant nous en tant que « modèle » puis nous alignons nos chakras avec les
siens et, avec notre intention, nous devenons l’animal de pouvoir. Notre apparence humaine laisse la place à l’apparence animale. Nous faisons ainsi « effet miroir » à notre animal de pouvoir. Ensuite, nous pouvons aussi aligner notre chakra de l’intention, le numéro trois, avec celui de l’univers : cela nous permet de faire « un » avec l’univers. Nous comprenons alors que nous sommes l’univers et étant l’univers, nous sommes le TOUT, c’est-à-dire toutes les apparences qui nous entourent et que nous co-manifestons en permanence en tant qu’esprits purs et lumineux. Toutes ces apparences n’existent pas par elles-mêmes et sont projetées dans l’univers par nous tous à partir d’une banque de données que l’on nomme « mémoire Akashique ». C’est entre autres notre croyance illusoire en leur existence qui leur donne leur aspect solide. Avec la métamorphose nous ouvrons une porte supplémentaire sur la spiritualité. Nous pouvons considérer la métamorphose comme une excellente pratique pour atteindre l’éveil. En effet, son rôle étant de servir la tribu, ceci est un acte de compassion pure. De plus, en métamorphose, le chamane est dans son Être authentique, dans lequel il se purifie et se trouve dans un état de concentration et de calme mental propice pour réaliser la vacuité, l’absence d’ego et de dualité, tout cela sous la direction d’un maître de métamorphose. Une pratique « soutenue » est nécessaire pour se libérer définitivement de l’illusion et atteindre l’éveil. Une formation avec un enseignant qualifié est fortement recommandée.
« Perte » d’un animal de pouvoir : Ce que nous appelons par simplification la « perte » d’un animal de pouvoir arrive dans certaines situations comme des chocs accidentels, des chocs émotionnels (séparation-divorce, perte d’un être cher, perte d’un emploi, etc.), lorsque nous n’utilisons plus les qualités d’un animal de pouvoir, si nous nous comportons de manière malhonnête, ou de telle sorte que nous ne sommes plus en accord avec l’animal, c'est-à-dire avec nous-mêmes ! A ce moment-là, ce n’est pas que l’animal de pouvoir s’enfuit et qu’il n’est plus en nous. Il est toujours présent, mais nous ne le percevons plus et même inconsciemment nous ne l’utilisons plus. Son énergie nous fait défaut dans notre réalité ordinaire, il y a alors perte d’énergie et éventuellement maladie : un manque de vitalité, des maux chroniques (rhumes, grippes, otites), des déséquilibres (on se cogne toujours du même côté), de l’irritabilité, une dépression, ou un cumul de malchances chroniques. Le soin qui consiste à « récupérer » l’animal de pouvoir « perdu » reconnecte le patient avec son énergie animale et donc à lui-même. Cela revient à remettre une énergie en surface comme ressortir un document perdu dans une pile sur un bureau.