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Analyse de la création de l’univers

Parler de la création de l’univers, implique donc de parler aussi de celui qui l’a créé. Le Grand Tout, c'est-à-dire nous tous pour les chamanes, Dieu pour les religions théistes, Brahman pour les hindouistes et la Base fondamentale pour les bouddhistes. Mais, comme le dit Lama Denis Theundroup dans son livre « Le Dharma et la vie », chercher une vérité intellectuelle qui énoncerait « qui est Dieu » et « comment a-t-il créé l’univers », est s’engager dans une voie en laquelle les solutions avancées seront toujours imparfaites vu la portée ultime de la question. L’imperfection venant des limitations de « l’outil » intellectuel utilisé ; un outil limité qui voudrait comprendre l’ultime qui par nature le dépasse.  Il s’agit donc d’un sujet fort complexe et parfois pour essayer de comprendre un sujet comme celui-ci il peut être utile d’explorer d’autres traditions, surtout sachant qu’en chamanisme nous avons perdu une grande partie des connaissances de nos ancêtres. Les praticiens chamaniques que nous sommes ont bien la possibilité de faire des voyages chamaniques auprès de ces ancêtres pour rechercher ces informations, mais notre impeccabilité et éthique nous imposent la prudence quant aux interprétations. Donc, comme tout est réuni dans le Tout et comme chaque tradition est issue de la même Source et essaie à sa manière de nous éclairer sur ces sujets, nous pouvons trouver des éléments de réponse dans d’autres traditions, notamment celles qui s’appuient sur d’anciens documents écrits. J’ai commencé par explorer le sujet en chamanisme, au travers de divers voyages chamaniques auprès des esprits, puis j’ai cherché à consolider mes informations, et à approfondir le sujet avec le Samkhya de la tradition ayurvédique, et enfin le Dharma de la tradition bouddhiste. J’ai ainsi pu élaborer une synthèse de ces trois sources d’information, page 48.

• En chamanisme, nous pouvons rechercher notre mythe de la création. Ce que j’ai fait en Octobre 2004 lors d’un stage sur « Les esprits du cosmos ». La consigne était d’interroger l’esprit du photon, présent juste après le Big Bang qui reste une théorie scientifique encore incomplète et non totalement maîtrisée. Je considère donc ici que le Big Bang est le « mur » qui cache l’origine de notre univers. D’ailleurs, les scientifiques lui ont donné le nom de « mur de Planck » du nom d’un physicien impliqué dans la mécanique quantique. Voici ce que j’ai découvert : « Lors du voyage chamanique, l’esprit du photon m’apparut sous la forme d’un savant avec une barbe blanche. Il me proposa de passer au-travers du Big Bang, puis de remonter le temps pour arriver à la Source. J’ai donc rassemblé mon intention de remonter le temps et, après avoir traversé ce que j’ai perçu comme une explosion dont le son est « OM », je me suis retrouvé dans un lieu paisible, serein et calme, fait d’amour. Je baignais dans cette énergie, avec beaucoup de joie et de bien-être ; c’était pure félicité. Je perçus deux grandes énergies d’amour, une de nature yin et une autre de nature yang. Ceci me fit penser à Purusha et Prakriti dans la tradition védique, ainsi qu’aux pratiques du Bouddhisme tantrique dans lesquelles nous recherchons l’union de déités masculines et féminines en nous pour atteindre le samadhi et, ultimement, l’éveil. En fait, il ne s’agissait pas d’un lieu à proprement parler, mais plutôt d’un état de

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conscience dans lequel j’avais l’impression d’être sans forme et de flotter dans une énergie très agréable, très légère et douce. Une énergie dans laquelle je ressentis l’impression de faire partie du Tout, mais avec ma conscience individuelle. L’interconnexion de tous les êtres ne signifie pas forcément « fusion en une seule entité ». Même si deux êtres lumineux peuvent fusionner, ils n’en gardent pas moins leur individualité. J’étais donc un élément du Tout, et le « non-lieu » de l’origine explique pourquoi l’espace n’a pas de centre; nous en sommes tous le centre puisque c’est nous tous qui co-créons l’Univers. Ce fut mon premier satori, ou expérience de la vacuité, dont je ne connaissais pas encore le nom et qui dura le temps du voyage chamanique. » J’appris aussi dans ce voyage, que la fusion d’une partie de ces deux énergies d’amour, l’une de nature yin et l’autre de nature yang, donna lieu à une explosion dont le son est encore « OM ». « OM » est le début, le commencement, que l’on retrouve dans de nombreuses séries de mantras. « OM » ouvre la voie, il est le verbe qui a permis la création à partir des cinq éléments subtils.

« Cette explosion aurait eu pour rôle de fournir la matière « solide » nécessaire à l’incarnation, et le but de cette dernière serait d’expérimenter les émotions et impressions en tant que créatures divines. Les cinq éléments subtils de la Source furent ainsi transformés en cinq éléments grossiers. »

Lors de cette création, la Source dont nous faisons partie, s’est émanée, pour partie en élémentaux chargés de la formation et l’entretien des cinq éléments et de la nature, pour partie en animaux et pour partie en humains.

Après cette expérience, j’ai d’abord pensé que l’explosion que j’ai ressentie et qui était plutôt un jaillissement de matière dont le son est « OM », pourrait correspondre à la définition scientifique du Big Bang. D’autant que les scientifiques retrouvent dans l’espace la fréquence du OM imprimée dans la matière. Mais de nombreuses questions techniques ne corroborent pas complètement cette hypothèse, comme nous allons le voir tout au long de cette analyse. Certains grands Maîtres spirituels comme Saï Baba ont le pouvoir de faire apparaître instantanément des objets, comme des pierres précieuses, dans leur main. Alors, pourquoi attendre des milliards d’années pour avoir une Terre habitable ? De même, dans nos rêves nous pouvons faire apparaître puis disparaître toutes sortes d’apparences qui nous semblent tout aussi réelles et solides que dans la réalité ordinaire. De plus, certains grands Maîtres éveillés peuvent à leur mort résorber en sept jours toute la matière de leur corps physique, exceptés les ongles et les cheveux. Voilà qui interroge sérieusement sur la nature réelle de la matière !

Serait-ce grâce à nos co-créations que ces apparences peuvent se maintenir durant leur durée de vie, contrairement aux apparences oniriques que nous sommes seuls à créer lorsque nous rêvons ? Ces dernières ne se maintiennent que pour la durée de nos rêves, quelques minutes seulement. A notre réveil, personne d’autre ne maintient les apparences oniriques. Donc, elles disparaissent. Ou bien, toutes ces apparences sont elles issues d’une banque de données, la mémoire akashique, que chacun utilise à sa guise, dans la vie diurne comme dans les rêves ?

• En Inde, nous trouvons dans les Védas et plus particulièrement l’Ayurvéda, une science Cosmique appelée Samkhya, initialement transmise par le sage Kapila et enseignée par Charaka et Sushruta. Le Samkhya est l’observation de la manifestation de la Conscience. Voici quelques extraits du livre « Yoga et Ayurvéda » de Dr. David Frawley : « Avant tout, se trouve Brahman, la réalité absolue, l’Être Suprême réunissant Purusha et Prakriti qui sont les pouvoirs de la conscience et de l’inconscience, inhérentes en lui. Brahman est la nature immuable existant au-delà de notre manifestation changeante. Pour cette science cosmique, l’univers s’appuie sur 24 principes cosmiques (Tattvas). En amont, nous trouvons Purusha la Conscience Pure et Prakriti la Nature Primordiale, inconsciente d’elle-même.

Purusha : la Conscience Pure ou le Soi Supérieur (Atman) est le principe ultime à l’origine de l’univers qui reflète, dans un ordre parfait, le fonctionnement d’une Intelligence suprême. Le monde extérieur sert à fournir des expériences à Purusha. Le monde, ainsi que les objets, sont des phénomènes observables n’existant pas pour eux-

mêmes mais seulement pour celui qui les perçoit. »

(C’est donc une histoire de « perception » à rapprocher de l’agrégat « perception » enseigné par Bouddha Shakyamouni (voir page 40, la définition des cinq agrégats de la tradition bouddhiste). Conclusion, si personne n’est là pour les percevoir, ils n’existent

pas !)

« L’univers s’appuie sur l’Intelligence ; il fonctionne à travers le mental (Manas) et suit un schéma de lois organiques (Mahat) reflétant cette Conscience Pure qui est derrière lui.

Purusha n’est pas un Soi incarné mais la nature pure du Soi (de Brahman) existant au-delà de toute objectivité. Il ne fait donc pas partie de la création et n’est pas composé de formes matérielles, ni grossières, ni subtiles, ni causales. Le pouvoir de guérison suprême et le Prana original proviennent de Purusha.

Notre objectif consiste à retourner à la Conscience de Purusha. L’objectif de l’Ayurvéda, ainsi que de toute tradition spirituelle, est de relier notre corps et notre esprit à Purusha qui est la véritable source de bonheur et de bien-être. (Il est identifié par : « Sat / Chit / Anand » qui signifient « Être réalisé / Conscience pure / Extase, béatitude »).

Prakriti : substance de base de l’Univers, dans son état à la fois grossier et subtil, essence non manifestée, potentiel non différencié, à l’état de germe de tout ce qui peut apparaître en tant que « nom », « forme », ou « action ». Prakriti est différent de la matière dans le sens occidental, car c’est essentiellement l’aptitude de l’esprit à expérimenter toute chose visible ou pas.

Prakriti est insensible, inconsciente de sa propre existence, dénuée de subjectivité, et n’est qu’une objectivité latente sans la lumière réfléchie par Purusha.

Prakriti a trois qualités principales nommées en sanscrit : Sattva / Rajas / Tamas, (qualités de Lumière / Energie / Matière), à travers lesquelles se trouvent l’intelligence, la vie et la puissance produisant des formes matérielles. Ces trois qualités sont à l’origine des 24 Tattvas qui suivent. (Rajas signifie turbulence, activité. Elle est mobile et possède un mouvement vers l’extérieur. C’est cette qualité rajas qui va permettre la création à partir des cinq éléments subtils.)

Mahat : Intelligence cosmique. Toute manifestation provient d’une intelligence cosmique sous-jacente dans laquelle se trouvent toutes les lois et principes que la manifestation doit suivre, ainsi que les formes antérieures à la manifestation, qui existent en tant que germe, idéal ou archétype. A travers Mahat, se produit l’espace, le temps, le monde Divin et le germe de la différenciation. Il est la matrice de toute création. Au niveau de l’âme individuelle, Mahat devient Buddhi, le pouvoir de l’intelligence par lequel nous pouvons discerner la vérité de l’illusion, le vrai du faux, l’éternel de l’éphémère. Buddhi est la faculté clé de notre nature nous permettant de découvrir la nature réelle des choses comme étant séparées de leurs apparences changeantes. Il est l’intelligence de l’âme individuelle qui permet d’atteindre la réalisation et de révéler son Soi supérieur lorsqu’il ne dirige plus son attention sur les attachements extérieurs. L’Ayurvéda considère que la cause principale des maladies provient d’un mauvais fonctionnement de Buddhi dû à l’influence de l’ego, entraînant de mauvais jugements et de fausses croyances.

Mahat est Prakriti façonnée par la main de Purusha. Il n’est pas conscient par luimême, il agit à l’aide de la lumière reflétée par Purusha. L’univers prend d’abord naissance sous forme de méditation de l’Intelligence cosmique et c’est seulement plus tard qu’elle revêt une forme extérieure.

Ahankara : Toute manifestation est un processus de différentiation dans lequel prennent naissance des créatures séparées et divers objets, qui sont le fondement de l’ego. (Tandis qu’en tant que Brahman, nous sommes tous les mêmes). Ahankara signifie littéralement la naissance du « Je » car l’ego est un processus de différentiation et non une réalité intrinsèque. Grâce à lui, les énergies de base latentes dans la matière (Prakriti) et les lois fondamentales contenues dans l’Intelligence Cosmique (Mahat) sont aptes à prendre des formes spécifiques. Les qualités essentielles de la nature se diversifient en trois groupes de cinq sous l’influence ciblée de l’ego donnant lieu aux cinq organes des sens, aux cinq organes d’action et aux cinq éléments. Ceux-ci naissent à partir d’Ahankara par l’intermédiaire des trois gunas : sattva, rajas et tamas. L’ego crée le mental et les cinq sens, qui sont les instruments permettant à l’individu de fonctionner.

Ahankara est une série de pensées semant la discorde et non une entité réelle en elle-même. Il est une puissance de division nécessaire et inhérente à la nature, un stade d’évolution, mais il ne représente pas la réalité sous-jacente ou la nature des créatures vivantes. Il permet à l’âme de s’identifier à différents corps, mais il ne révèle pas notre véritable Soi, qui est la conscience indépendante de toute incarnation. L’ego représente l’aspect extérieur du mental, tandis que Buddhi représente son aspect intérieur. Buddhi reste cependant dominé par l’ego, à moins d’apprendre à méditer. Ahankara se développe chez l’enfant entre ses trois et cinq ans. A la mort, les défunts restent au niveau d’Ahankara, prisonniers de leur croyance en l’ego. C’est donc l’ego avec son karma résiduel qui va chercher à reprendre naissance, mais à ce momentlà, dans le nouvel utérus, il va oublier le passé et redéveloppera trois à cinq ans plus tard un nouvel ego, différent du précédent. C’est aussi au niveau d’Ahankara que nous avons la possibilité d’évoluer grâce à Buddhi, et atteindre Purusha, la délivrance.

Manas : Mental sensoriel. Manas signifie le principe d’élaboration et il est le principe des émotions et de l’imagination. Il nous relie au monde extérieur à travers les

cinq sens. (C’est le flux extérieur du chitta-nadi, vu page 16). Le monde manifesté agit à travers divers comportements individuels ou mentaux dirigés vers l’extérieur. L’ego projette automatiquement un mental sensoriel lorsqu’il se dirige vers l’extérieur. Le mental donne alors naissance aux cinq organes des sens et aux cinq organes moteurs (voir plus loin les cinq Tanmatras). Le mental extérieur est lui-même le sixième organe des sens et le sixième organe moteur et il les coordonne tous deux. Il doit exister un pouvoir d’attention sous-jacent permettant la coordination des organes des sens et d’action. Ceci est le rôle de Manas, qui est la carte centrale des circuits des sens.

Manas provient des qualités sattviques et rajassiques générales d’Ahankara. Il possède sattva (pouvoir d’illumination) agissant par les organes des sens, et également rajas (capacité d’agir) agissant par les organes moteurs. Ceci permet à Manas de coordonner à la fois les organes des sens et moteurs qui proviennent des qualités spécifiques sattviques et rajassiques d’Ahankara telles qu’elles sont reflétées par les cinq éléments.

Les cinq Tanmatras : Potentiel sensoriel ou éléments subtils. Les trois gunas sont les énergies causales de la création à l’origine du mental et sont composées essentiellement de qualités et de pensées : l’équilibre (sattva), le mouvement (rajas) et la résistance (tamas). Au niveau subtil, elles donnent naissance à une nouvelle série de substances, de formes et d’impressions. Ce sont les énergies fondamentales de l’ouïe en lien avec l’éther, du toucher en lien avec l’air, de la vue en lien avec le feu, du goût en lien avec l’eau, et de l’odorat en lien avec la terre.

Cependant, les tanmatras sont plus subtils que nos sensations physiques ordinaires provenant d’eux. Le mental peut les expérimenter directement sous forme de cinq moyens pour connaître la réalité. Ils sont émis au niveau subtil par toutes les choses qui existent dans ce monde. Ils sont les formes subtiles des cinq éléments avant d’être différenciés en objets grossiers. Les tanmatras sont liés au Prana ou force vitale qui est l’énergie subtile présente à l’origine des éléments.

De telles énergies premières sont nécessaires pour favoriser la coordination des organes des sens avec les objets des sens. Nous pouvons percevoir divers objets des sens

à l’aide de nos organes des sens parce que les organes ainsi que leurs objets sont des produits émis par les tanmatras. Ce sont les formes subtiles des cinq éléments avant d’être transformées en objets grossiers.

Les cinq organes des sens (les oreilles, la peau, les yeux, la langue, le nez) sont le potentiel de l’expérience mentale du monde extérieur et ils sont latents dans tous les esprits. Ils ne sont pas uniquement individuels mais cosmiques et sont localisés dans les cinq organes des sens des diverses créations. Des formes subtiles de ces organes existent également au-delà des limites du corps physique et leurs actions forment les perceptions extrasensorielles.

Les organes des sens, dénommés organes de la connaissance, sont essentiellement réceptifs et non expressifs. Leur activité s’effectue à travers les organes d’action correspondants.

Les cinq organes de l’action (la bouche, les mains, les pieds, le système uro-génital et l’anus) sont manifestés par les idées, telles que bouger, saisir, etc. Les organes physiques ne sont que des structures permettant à ces notions d’agir. Le corps est un véhicule doté d’un dessein spécifique qui permet à certaines actions d’être accomplies, afin que l’esprit

acquière de l’expérience. Ces potentiels d’action existent partout dans la nature et se manifestent de diverses manières. Il existe également des formes subtiles de ces organes qui nous permettent d’agir à l’aide du mental et des pouvoirs psychiques tels que la psychokinésie. Les organes de l’action sont essentiellement expressifs et non réceptifs.

Les cinq éléments (l’éther, l’air, le feu, l’eau et la terre) représentent les formes de matière éthérique, gazeuse, radiante, liquide et solide constituant le monde extérieur de l’expérience, y compris le corps physique. Les organes des sens et les organes de l’action fonctionnent respectivement sur les cinq éléments de manière réceptive et active. Ces éléments agissent à la fois aux niveaux grossiers et subtils. C’est seulement leurs formes brutes que nous expérimentons dans la matière physique. Les éléments subtils agissent sur l’esprit et dans les états de rêve. L’éther est l’élément originel. Il provient de l’esprit qui lui-même est une forme d’espace subtil qui est sa manifestation extérieure. Par le mouvement, un dixième d’éther devient de l’air. Par frictions, un dixième d’air devient du feu. Par la densité, un dixième de feu devient de l’eau. En coagulant, un dixième d’eau devient de la terre. Ainsi, la terre contient les cinq éléments. Ainsi, les cinq éléments ne sont rien d’autre que de l’éther dupliqué à nouveau. La science moderne a confirmé cette vision ancienne lorsqu’elle a découvert que les atomes sont composés principalement d’espace vide, que la forme solide n’est qu’une illusion, et qu’en fait, elle n’est qu’un champ énergétique.

(Je n’ai pas trouvé dans le Samkhya la notion de temps nécessaire pour obtenir une Terre habitable.)

SAMKHYA

(AYURVEDA)

BRAHMAN

/ DHARMA

(BOUDDHISME)

BASE FONDAMENTALE

PURUSHA

(Sat, Chit, Anand)

PRAKRITI Huitième Conscience

(Sattva, Rajas, Tamas) (Base fondatrice de l’ego)

MAHAT

(EVOLUTION) (avant les pensées)

Septième Conscience

(voilée)

(INCARNATION) BUDDHI AHANKARA Sixième Conscience mentale

(Sens du « Je », ego) (conceptuelle)

MANAS

(Mental pensant et conditionné)

Sixième Conscience mentale

(non conceptuelle)

GROUPE DES CINQ 5 Consciences sensorielles

TANMATRAS (vue/ouïe/goût/odorat/toucher)

5 ORGANES 5 ORGANES 5 ELEMENTS

DES SENS D’ACTION DE MATIERE

(Sattva) (Rajas) (Tamas) (yeux/oreilles/langue, (pieds/ bouche/ système Feu /éther /eau /terre nez/peau) urogénital/ anus/mains) /air

• Dans le Bouddhisme, le Dharma est l'enseignement du Bouddha Shakyamuni. Nous y trouvons l’existence de cinq agrégats (skandas) et de huit consciences que j’ai disposées dans le tableau précédent, en parallèle aux 24 Tattvas du Samkhya, car je peux effectivement observer un certain parallèle.

A la base de tout, se trouve la Base fondamentale qui englobe le samsara

et le nirvana. Selon Chögyam Trungpa dans « Regards sur l’Abhidharma », nous avons :

« Cette Base fondamentale ne dépend absolument pas des situations relatives. Elle « est » juste, dans son état naturel. Des énergies en surgissent et entraînent le développement des situations relatives. Etincelles de dualité, d’intensité et d’acuité, éclairs de sagesse et de connaissance ; toutes sortes de choses s’élèvent de cette Base fondamentale qui est donc à la fois source de confusion et source de libération. Libération et confusion sont toutes deux cette énergie qui se produit constamment, qui jaillit, puis retourne à sa nature fondamentale, comme les nuages qui émergent dans le ciel puis y disparaissent.

En ce qui concerne la base fondatrice de l’ego, la huitième conscience, elle s’élève quand l’énergie surgit de la Base fondamentale avec un tel éclat que cela entraîne une sorte d’aveuglement, d’égarement. Cet égarement devient la huitième conscience, la

base fondatrice de l’ego. Le Dr Guenther parle de l’errance de l’égarement. Il s’agit de l’erreur consécutive à cet état d’égarement, c’est une sorte de panique. Si l’énergie s’accordait à sa propre vitesse, il n’y aurait pas de panique. C’est comme quand vous roulez à vive allure : si vous vous adaptez à la vitesse, vous pouvez manœuvrer. Mais si vous êtes pris de panique à l’idée que vous avez roulé trop vite sans vous en apercevoir, vous écrasez la pédale de frein et vous avez de fortes chances d’avoir un accident. Quelque chose se

fige soudainement, ce qui entraîne un état d’égarement lié au fait de ne pas savoir

comment gérer la situation. C’est à ce moment là que la situation prend le dessus. Au lieu de faire complètement un avec la projection, c’est elle qui vous domine. Sa puissance inattendue vous apparaît comme votre propre création, ce qui induit un égarement extrêmement puissant et impressionnant. L’égarement sert de base fondamentale secondaire de l’ego, très éloignée de la Base fondamentale primordiale. »

(C’est ce même phénomène de vitesse qui peut se produire mais avec une bien plus faible amplitude, quand nous revenons trop rapidement d’un voyage chamanique du monde d’en bas ou du monde d’en haut sans repasser par le même chemin. A l’ «atterrissage », nous pouvons nous sentir quelque peu désorientés, nous n’occupons pas parfaitement notre corps physique et avons besoin d’aller marcher dans la nature pour y remettre bon ordre. Nous pouvons aussi avoir ce problème lorsque le réveil nous sort d’un sommeil profond. Mais, lorsqu’un esprit du bardo intermédiaire décide de s’incarner dans un utérus, il n’y a pas encore de corps physique bien établi, prêt à l’accueillir dans lequel il peut reprendre sa place ; il y a un ovule fécondé d’une taille moyenne de cent micromètres ! Une semaine plus tard, il fera sept millimètres. On peut alors comprendre l’égarement dans lequel peut se trouver l’esprit du fœtus.)

Les cinq constituants, ou agrégats de l'ego : Extrait de l'ouvrage "Le Dharma

et la vie" de Lama Denys Teundroup Rinpoché paru chez Albin Michel :

« Le Bouddha a enseigné la formation de l'ego à partir de ses cinq constituants, " skandha " en sanskrit. On peut les expliquer comme cinq étapes. Avant la naissance de l'ego, au départ, l'esprit dans l'instant premier est le terrain fondamental de l'énergie pure non dualiste, sans connaisseur ni connu, sans observateur ni observé, ouvert et dégagé, sans centre, ni périphérie, comme l'espace.

La naissance de l'illusion est d'abord celle d'une différenciation : l'espace commence à être perçu, à exister comme quelque chose pour une observation qui le perçoit, une distinction naît. C'est le début de la scission sujet-objet, la naissance de la dualité. En fait, cette différenciation initiale peut se constituer par rapport à n'importe quel point de référence dans les domaines des différentes facultés sensorielles : visuelle, auditive, olfactive, gustative, tactile ou mentale. Cette référence première est appelée " forme ". C'est le premier stade de l'ego : le skandha de la forme.

Une forme visuelle est une représentation du domaine visuel, par exemple : l'espace indéfini mais distinct, un morceau d'espace délimité, un contour, une référence visible quelle qu'elle soit. Mais à ce niveau initial, c'est une expérience nue, dépouillée de concept et de tout jugement. C'est une vision toute simple et silencieuse. Une forme sonore serait une vibration avant que cette résonance ne soit reconnue, avant même que l'on ait pris par rapport à elle une position qualifiée, et avant qu'elle ait été nommée, identifiée, et qu'elle n'ait pris un sens particulier.

La seconde étape est ce qu'on appelle skandha de la sensation. Il s'agit d'une prise de position par rapport à l'expérience initiale de forme. Celle-ci est maintenant sentie comme positive, négative ou neutre. Il y a ainsi des sensations agréables, désagréables ou indifférentes. La sensation est simplement ce positionnement, cette première impression.

La troisième étape fait intervenir l'identification. C'est-à-dire que la forme qui a été sentie est maintenant reconnue, et un nom lui est donné : il y a nomination ou conceptualisation. La sensation prend alors un sens. C'est le skandha de la perception.

A la quatrième étape, il y a une réaction devant cet objet identifié, devenu porteur d'un sens qui suggère une action ou une réaction. Il s'instaure une relation avec cette forme sentie et identifiée. Cette relation est conditionnée par différentes tendances ou " facteurs mentaux " latents qui sont les éléments animant volonté et impulsions. C'est le skandha des formations mentales ou de la motivation.

Il y a ainsi une situation en laquelle une forme a été sentie, nommée, a acquis un sens par rapport auquel prend place une réaction ou une action : un désir d’attachement ou d’aversion.

L'observateur, le témoin de la situation qui s'est ainsi mise en place, s'est développé et structuré dans les quatre premiers skandhas. Sa fixation sur cette situation comme étant son expérience finit de le solidifier. Il s'approprie complètement l'expérience et il en résulte un état de conscience pleinement constitué. L'ego est, et vit dans le monde

particulier qui s'est ainsi constitué et qui est devenu un état de conscience

complètement organisé. C'est la cinquième étape, le skandha de la conscience.

Cette structuration de l'ego par la formation des cinq skandhas : forme, sensation, perception, motivation, et conscience se répète d'instant de conscience en instant de conscience. Chacun de ces instants subsiste très brièvement puis disparaît, suivi par l'apparition d'un autre instant de conscience. A la fin de chacun de ces instants, il y a une

sorte de dissolution ou de mort de l'ego et de ses constituants, et au début de chacun d'eux il y a agrégation, naissance de ceux-ci. Il y a ainsi en permanence agrégation et désagrégation de l'ego, structuration, déstructuration et restructuration. Le phénomène se reproduit sans cesse. C'est ainsi que fonctionne l'ego. Et c'est ce processus de naissance et de mort qui constitue chaque instant de notre vie. » Dans son livre « Le grand virage de l’humanité », Philippe Guillemant, Ingénieur physicien du CNRS, parle de l’épaisseur du temps de la conscience qui est une fenêtre temporelle liée à nos sens et au traitement de l’information perceptive par notre cerveau. Notre vie est faite d’une succession de ces fenêtres temporelles. La science rejoint donc le Dharma sur ce sujet.

A partir de ces enseignements bouddhistes, les Lamas et Maîtres recommandent de méditer sur ces agrégats. C’est notamment le cas de la méditation « Vipashana ». Après un temps d’apaisement de notre mental, on médite sur l’agrégat « forme », les différentes parties du corps, les points douloureux ; puis on médite sur les sensations, les perceptions et les formations mentales. Le but est de rester observateur puis de s’identifier avec les sons, les objets, les ressentis, la respiration, et de ne pas se laisser entraîner par notre mental. C’est la méditation qui nous permet d’intégrer et de mieux comprendre ces notions quelque peu abstraites.

Les huit consciences : Notre esprit fonctionne comme un projecteur cinématographique qui projette des apparences sur l’écran blanc du cinéma, avec une fréquence telle que nous prenons les différentes images pour une continuité qui nous cache la pureté blanche de l’écran, pourtant présente entre chaque image. De même, notre système de perception globale à une rémanence telle que nous ne pouvons pas percevoir la nature de notre Esprit Pur, constituant de la Base fondamentale. Notre conscience base-de-tout, base fondatrice de l’ego, est une collection de consciences qui vont de la plus grossière à la plus subtile et qui fonctionnent ensemble pour nous permettre de sentir ce qui est « soi » et ce qui est « l’autre » et de vivre notre expérience ordinaire et dualiste du monde.

Au niveau plus grossier, nous trouvons les cinq consciences sensorielles (la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût et le toucher) qui perçoivent directement les objets extérieurs sans leur rajouter de discrimination conceptuelle telle que « bon » ou « mauvais », « agréable » ou « désagréable », etc. Ce sont des consciences non conceptuelles de perception directe qui œuvrent au niveau de l’agrégat de la forme. Ce sont les équivalents des cinq tanmatras du Samkhya. Vient ensuite une sixième conscience, connectée aux cinq consciences sensorielles : c’est la conscience mentale. Elle ne perçoit pas les objets directement mais en conçoit une image mentale à partir de nombreux précédents de perception des objets. Cette première partie est non conceptuelle et laisse place à une deuxième partie conceptuelle qui détermine qu’une perception visuelle, par exemple, est plaisante ou déplaisante, ou qu’un objet est grand ou petit. Cette deuxième partie de la conscience mentale participe aux agrégats « sensation » et « perception ». À un niveau plus subtil, nous trouvons la conscience affligée, « esprit klesha » en sanskrit. Les kleshas sont les afflictions mentales. La tradition bouddhiste en recense six : l’ignorance, le désir, la colère, l’orgueil, le doute et les opinions erronées. Cette septième conscience

affligée est l’instigatrice des pensées et des conceptions erronées, ainsi que des émotions perturbatrices. Elle correspond à l’agrégat « formations mentales ». Elle comporte aussi une fonction appelée « mental immédiat », en contact direct avec la conscience mentale, et dont nous verrons la fonction décrite par Thrangou Rimpoché qui fit la traduction et les commentaires de l’ouvrage du IIIe Karmapa, Rangjoung Dorjé, « Le traité distinguant conscience individuelle et sagesse ». Cette septième conscience perçoit l’esprit fondamental qui est l’aspect le plus fondamental de la conscience, la huitième conscience, c’est-à-dire l’alaya-vijnana. Mais, de manière erronée, elle considère cet esprit comme s’il était un « soi » existant vraiment, et considère les objets perçus comme s’ils étaient « autres », comme s’il s’agissait de phénomènes externes existant vraiment par eux-mêmes, comme un film continu et non pas une succession d’apparences discontinues projetées par notre esprit. L’ensemble de ces huit consciences constitue ce que nous appelons « l’agrégat de

la conscience ».

Lorsque l’éveil est atteint, la conscience base-de-tout impure (alaya-vijnana) laisse la place à la sagesse (alaya-jnana), constituée des quatre sagesses, indiquées dans le tableau suivant, et de la cinquième sagesse qui est la sagesse de la nature des phénomènes, ou sagesse de l’espace universel, correspondant à l’ensemble des huit consciences. Donc, les apparences comprennent l’ensemble de ce que nous pouvons voir, entendre, sentir, goûter ou toucher. Ces objets deviennent les apparences des cinq consciences sensorielles. De plus, ce que nous pensons et ressentons en rapport avec ces objets, cela aussi, ce sont des apparences. Les pensées et les émotions sont les apparences de notre conscience mentale.

Ces apparences sont l’individu et les phénomènes. L’individuque nous sommes est notre saisie d’une continuité dans les agrégats. Comme si notre « moi » avait toujours existé et qu’il allait toujours exister ! Cette croyance en la permanence et en l’autonomie des agrégats crée l’ego qui s’attache au « moi », au « je ». Les phénomènes sont toutes les choses qui sont appréhendées mentalement par le « soi » de l’individu. Lorsque nous saisissons les phénomènes en tant que réalité, ayant leurs propres caractéristiques, et lorsque nous nous y attachons, nous créons le « soi » des phénomènes. La mort nous effraie car elle sanctionne la mort du « soi » et de notre ego.

5 consciences sensorielles

(consciences des 5 portes)

Les 6 consciences (Agrégat de la forme)

1re conscience :

La conscience visuelle

2e conscience :

La conscience auditive

3e conscience :

La conscience olfactive

4e conscience :

La conscience gustative

5e conscience :

la conscience tactile

Sagesse accomplissante

6e conscience :

la conscience mentale

Conscience mentale non conceptuelle

Conscience mentale conceptuelle Sagesse

discernante

(Agrégat de la sensation) (Agrégat de la perception)

7e conscience :

la conscience voilée

(Agrégat des Formations mentales)

Mental immédiat (ou conscience voilée immédiate)

Mental souillé (ou conscience voilée) Sagesse de l’équanimité

8e conscience : la conscience base-de-tout

(ou conscience-base universelle)

(Agrégat de la conscience)

Sagesse semblable au miroir

Voyons maintenant comment Thrangou Rimpoché explique l’illusion dans « Le traité distinguant conscience individuelle et sagesse »: « Quatre conditions doivent être réunies pour qu’il y ait perception (apparition d’instantanés de conscience) et génération d’affects.

La première, la condition causale, correspond à la présence de la conscience-base universelle (huitième conscience) et de l’aspect mental souillé de la septième conscience. »

(C’est la conscience base-de-tout qui, par sa clarté, projette toutes les apparences, et son aspect souillé nous les fait prendre pour réelles.)

« La seconde, la condition régente, correspond à la présence des six facultés (sensorielles et mentale). La faculté mentale implique les six consciences elles-mêmes, car elle se constitue d’instantanés antérieurs de consciences sensorielles ou de conscience mentale. »

(C’est par elles que nous pouvons percevoir les apparences et l’illusion que nous y superposons, de par l’aspect souillé de la conscience.)

« La troisième, la condition objective, correspond à la présence de six types d’objets (formes, sons, odeurs, saveurs, champ du tangible et objets mentaux). Sans l’objet, il n’y a pas de conscience correspondante. Une conscience auditive naîtra sur la base d’un son ; une conscience olfactive naîtra sur la base d’une odeur, etc. En ce qui concerne l’apparition d’une conscience sensorielle, il faut qu’il y ait un objet perçu par l’intermédiaire des facultés sensorielles. De même, pour qu’il y ait conscience mentale, il faut qu’il y ait un objet mental, et ce grâce à la faculté mentale. »

(Ce sont ces six types d’objets qui matérialisent les apparences perçues.)

« Enfin, la quatrième, la condition immédiate, fait intervenir la continuité. La conscience se produit en une succession continue d’instants. Une pensée, par exemple, dure un instant, puis, l’instant suivant, une autre lui succède. La continuité est assurée par l’aspect mental immédiat de la septième conscience, qui correspond donc à la dernière condition. »

(Il en est de même pour toutes les consciences sensorielles. C’est l’effet « projecteur cinématographique ». )

« Lorsqu’une expérience sensorielle résulte de la réunion des quatre conditions, il s’y associe une sensation agréable, désagréable ou neutre. Quand nous avons une sensation plaisante, nous l’apprécions et éprouvons du plaisir, ce qui se développera progressivement en affects de désir-attachements. Quand nous avons une sensation déplaisante, cela se développera en affects de colère-aversion. Quand nous avons une sensation neutre, nous ne voyons pas la vraie nature de l’objet ; nous y répondrons par l’affect de l’ignorance, de l’opacité mentale. On constate que tous les affects résultent du fait de ressentir les objets comme bons, mauvais ou neutres. »

Thrangou Rimpoché précise par ailleurs : « Les apparences impures du cycle des existences, qui proviennent de causes et de conditions, appartiennent à deux catégories, commune et individuelle. Les apparences communes sont le résultat de causes identiques créées par plusieurs êtres, qui partageront une perception donnée. Pour la conscience visuelle, de nombreuses personnes percevront la même chose ; c’est ce qui se passe lorsque tout le monde, dans une salle, voit qu’elle a deux piliers. La seconde catégorie d’apparences est le résultat de causes et conditions individuelles qui produisent des expériences dissemblables de bien-être ou de mal-être. Par exemple, certains trouvent le piment délicieux, alors que, pour d’autres, il emporte douloureusement la bouche ! En dépit du fait que la saveur et l’organe sensoriel (la langue) sont identiques, l’expérience individuelle diverge. Cette diversité vient de conditionnements latents différents qui ont été emmagasinés dans la conscience-base universelle de chacun et qui procurent des causes différentes aux six consciences. (…)

Les cinq consciences sensorielles sont non conceptuelles et perçoivent les objets de façon très nette, car elles ne discriminent pas en beau ou en laid, désirable ou repoussant, etc. (…) À l’inverse, la sixième conscience ne perçoit pas directement les objets. Elle ne fait que suivre ce qui est perçu par les consciences sensorielles et n’a qu’une connaissance approximative de l’aspect des objets extérieurs ; elle conçoit les phénomènes en termes de bon ou mauvais, semblable ou différent, et ainsi de suite. (…)

Depuis des temps sans commencement, nous percevons des formes, des sons, des odeurs, des saveurs et le champ du tangible. Ces perceptions créent continuellement des conditionnements latents dans la huitième conscience. L’habitude d’une certaine forme, par exemple, en crée une empreinte. En fin de compte, une fois mûri, ce conditionnement va resurgir de la conscience-base universelle en tant que forme à nouveau ; mais nous percevrons cette forme comme extérieure. Tout ce que produit l’esprit advient en l’esprit lui-même. Nous avons vu précédemment que le rêve est la plus fidèle analogie du processus. Les apparences oniriques ne sont nullement reliées à des objets externes. Elles ne sont rien d’autre que les conditionnements latents de la huitième conscience. Le rêveur appréhende ces images mentales comme si elles étaient une réalité extérieure : il s’attache à l’idée qui les assimile à quelque chose d’extérieur ; mais, excepté cette saisie, il n’y a aucune connexion entre des phénomènes expérimentés par la conscience mentale du rêveur et des objets extérieurs. C’est pourquoi l’on peut affirmer que, de même, tout ce qui apparaît à l’état de veille aux cinq consciences sensorielles s’élève uniquement de l’esprit. »

Revenons à la quatrième condition immédiate. Thrangou Rimpoché précise, toujours dans ses commentaires sur l’ouvrage du IIIe Karmapa, « Le traité distinguant conscience individuelle et sagesse », comment fonctionne le mental immédiat, partie intégrante de la septième conscience affligée : « La fonction du mental immédiat est d’assurer la continuité : sous son action, une conscience visuelle naît puis cesse, permettant à une autre conscience visuelle de lui succéder immédiatement. Il en va de même pour les autres consciences sensorielles, ainsi que pour la conscience mentale. Le mental immédiat est la condition nécessaire à l’enchaînement ininterrompu de la naissance et de la cessation des instantanés de conscience, l’un à la suite de l’autre. Lorsqu’une conscience cesse, elle disparaît mais ne s’annihile pas. Elle retourne vers

la conscience-base universelle et y subsiste. Le mental immédiat est la condition nécessaire pour que toutes les apparences sortentdelahuitièmeconscienceetpourqu’elless’yabsorbent. Comment cause-t-il les instantanés de conscience ? Un instant de conscience ne peut naître s’il n’y a pas cessation d’un instant précédent de conscience ; ils doivent s’enchaîner en une continuité où chacun succède immédiatement à l’autre. Lorsqu’un instant de conscience cesse, grâce au mental immédiat, un conditionnement, jusqu’ici latent, de la conscience-base universelle se manifeste aussitôt l’instant suivant, également sous l’action du mental immédiat. La capacité d’immédiateté ne stoppe jamais, elle est toujours présente. Elle correspond à la continuité ininterrompue de l’esprit. »

Nous pourrions comparer le mental immédiat au rideau d’un appareil photographique. Le rideau s’ouvre, l’esprit projette une image, puis il se ferme pour se rouvrir aussitôt et l’image suivante apparaît, et ainsi de suite. Voici donc comment fonctionne l’illusion. Et pourtant, nous savons tous que notre « moi » n’a pas toujours existé et qu’il mourra. C’est une évidence constatée tous les jours sansexception. De plus, ces mêmes apparences se produisent pareillement dans la réalité diurne et dans la réalité onirique. Lorsque nous rêvons, nous saisissons tout autant la continuité des agrégats, nous croyons exister et nous croyons que tous les phénomènes existent réellement ! Et pourtant, chaque fois, le rêve se termine par un réveil et nous comprenons alors que nous avons été illusionnés ! Pour autant, nous ne pouvons pas nier l’existence du rêve. Il s’agit d’une existence relative mais non intrinsèque, à laquelle il ne faut pas s’attacher. C’est notre esprit qui se manifeste dans un corps onirique appelé le corps des conditionnements latents. En effet, chaque action du corps, de la parole et de l’esprit laisse une empreinte sur l’esprit, comme le résultat d’un contact. Nous avons tous accumulé, depuis des temps sans commencement, un très grand nombre d’empreintes qui demeurent sur l’esprit. Lorsque les conditions appropriées sont réunies, elles vont permettre au rêve de se produire. Et, chaque nuit, nous retombons dans la même illusion, car cette saisie de la continuité des agrégats est inconsciente. Le matin, au réveil, notre esprit retrouve son corps de maturité karmique qui attendait dans le lit. Alors, pourquoi n’en serait-il pas de même avec la réalité diurne ? Cette réalité ne serait-elle pas un grand rêve dont nous sortirons le jour de notre mort pour comprendre que ce n’était qu’une apparence de plus sur laquelle nous nous sommes illusionnés ? C’est comme si nous avions voulu jouer une pièce de théâtre dans laquelle nous sommes restés prisonniers de notre rôle. À la mort, le rideau tombe et nous retrouvons notre état de comédiens. De la même manière, lorsque des enfants jouent aux cow-boys et aux Indiens, ils finissent par oublier leur personnalité pour épouser celle de leur personnage de jeu. Des rôles de comédiens, nous en avons déjà joué une infinité dans toutes nos vies antérieures, et tous se sont achevés à la tombée du rideau. C’est d’ailleurs ce que disait déjà William Shakespeare au XVIe siècle : « Le monde entier est un théâtre, et tous, hommes et femmes, n’en sont que les acteurs. Et notre vie durant nous jouons plusieurs rôles. »

Nous pouvons aussi nous considérer comme une marionnette entre les mains d’un marionnettiste qui n’est autre que notre Esprit Pur. Ainsi se crée le karma qui n’a pas plus d’existence intrinsèque mais, pourtant, il est actif tant que nous restons prisonniers de cette illusion. Donc, il faut sortir de cette vue erronée si nous ne voulons plus souffrir du

samsâra. Après la mort, dans le « bardo du devenir », notre esprit recrée un corps mental sensible à toutes les émotions et aux cinq sens subtils, ainsi que des apparences illusoires. Puis, sous la force du karma, l’esprit est entraîné à reprendre naissance sous une forme ou une autre. Alors, tous les phénomènes qui s’étaient manifestés lors du bardo du devenir disparaissent, et c’est de nouveau un corps de maturité karmique qui prend le relais dans l’une des six classes d’êtres. Et ce sont toujours nos empreintes karmiques qui, tout comme dans les rêves, font que notre esprit crée, grâce à sa clarté, les apparences de notre nouvelle vie.

SYNTHESE DE LA CREATION :

Nous pouvons observer un certain nombre de correspondances entre ces trois traditions : • Origine : Pour les chamanes, avant toute création, nous sommes tous esprits purs et lumineux sans forme, pures énergies yin et yang. Il s’agit du Grand Tout, du Un. Pour les hindouistes, il s’agit de Brahman qui est la Grande Trinité hindoue : Brahma, Vishnu et Shiva. Ces trois dieux, en principe de force égale, sont le reflet des trois aspects de la puissance divine : création, préservation, destruction. Pour les bouddhistes, il s’agit de la Base fondamentale. Adibouddha est le « Bouddha primordial » dans le Bouddhisme tibétain. Il peut se référer selon les écoles à : Vajradhara pour les écoles Gelugpa et Kagyupa, ou Samantabhadra pour les écoles Nyingmapa et Sakyapa. Le Bouddha primordial ne se serait jamais incarné, contrairement au Bouddha Shakyamouni, incarné il y a 2500 ans pour apporter ses enseignements sur Terre.

• Illusion : Chaque tradition reconnaît l’aspect illusoire des apparences. Les chamanes le vivent lorsqu’ils pratiquent un démembrement ou lorsqu’ils se métamorphosent. Certaines traditions chamaniques travaillent avec les rêves lucides dans le but de maîtriser l’illusion des rêves et in fine l’illusion de la R.O. En Ayurvéda, nous avons vu que le monde, ainsi que les objets, sont des phénomènes observables n’existant pas pour eux-mêmes mais seulement pour celui qui les perçoit. En Bouddhisme, le thème majeur du Dharma est la vacuité dont voici la brève définition de Kalou Rinpoché : « Vous vivez dans l’illusion et l’apparence des choses. Il y a une réalité mais vous ne la reconnaissez pas. Quand vous la réalisez, vous voyez que vous n’êtes rien. Et n’étant rien, vous êtes tout. Voilà. »

• Intention : En tant qu’esprits purs, nous avons eu l’intention de manifester un univers et la nature afin d’y « jouer » différents rôles pour expérimenter les émotions. Pour cela, nous avons utilisé notre pouvoir de création et de préservation (l’énergie lumineuse infinie, Purusha et Prakriti pour l’Ayurvéda et la huitième conscience, base fondamentale de l’ego pour le Bouddhisme). Voici ce qu’en dit Don Juan, sorcier Yaki et maître de Carlos Castanéda : « Le raisonnement des sorciers d’antan fondant la récapitulation était leur conviction qu’il existe dans l’Univers une inconcevable force de dissolution qui fait vivre les organismes en

leur prêtant la conscience. Cette force fait aussi mourir les organismes, de manière à en extraire cette conscience prêtée et enrichie des expériences de leurs vies. Les sorciers d’antan croyaient que, puisque cette force convoite l’expérience de notre vie, il était d’une extrême importance qu’elle puisse se satisfaire d’un fac-similé de l’expérience de notre vie : la récapitulation (voir en annexe, page 53). Gratifiée par ce qu’elle recherche, la force de dissolution laisse les sorciers aller, libres d’élargir leur faculté de percevoir et, en l’utilisant, d’atteindre les confins du temps et de l’espace. »

• Création : Ce que j’ai appris auprès de l’esprit du photon est que la fusion d’une partie de ces deux énergies d’amour, l’une de nature yin et l’autre de nature yang, donna lieu à une explosion dont le son est « OM » et dont le but est de créer un univers pour y jouer nos différents rôles. Si nous considérons l’hypothèse scientifique du Big Bang, cette énergie initiale devait être colossale puisque, selon les scientifiques, juste après le Big Bang, l’univers aurait eu une température de 10 puissance 32 °C, soit 10 suivi de 32 zéros ! Il aurait donc fallu plusieurs milliards d’années terrestres pour disposer d’une terre habitable, avec des espèces végétales et des espèces animales et humaines pour l’habiter et y expérimenter toutes sortes d’émotions. Cette hypothèse pour obtenir une Terre habitable dans le cosmos fait appel à une probabilité quasiment nulle de réunir toutes les conditions physiques nécessaires à cette création. De plus, il ne faut pas oublier que tout n’a pas commencé il y a quinze milliards d’années. Il n’y a pas de début ni de fin. Avant cette ère, il y en a eu bien d’autres avec des dimensions temporelles probablement différentes. Avant que notre Terre devienne habitable selon notre espace-temps, nous étions ailleurs, dans d’autres rêves. Pour l’Ayurvéda, c’est la qualité « rajas » de Prakriti qui signifie turbulence, activité, qui va permettre la création à partir des cinq éléments subtils. C’est « rajas » qui met le feu aux poudres.

Tout ceci a pu se faire grâce à notre Intelligence au service de la création, représentée par les Dévas en chamanisme, Mahat en Ayurvéda et la septième conscience en Bouddhisme.

Selon David Frawley, nous avons déjà vu précédemment que : « Dans le cœur réside notre connexion avec le Créateur à partir de laquelle le chittanadi gagne de l'énergie. Les impulsions centrales provenant de notre esprit, nos samskaras, propulsent le mouvement à travers le chitta-nadi, du cœur vers le monde extérieur. Elles montent d'abord vers la gorge, d'où sort notre expression verbale, puis vers la tête où elles se connectent aux cinq organes des sens et aux objets extérieurs. Ensuite, elles redescendent de la tête à la gorge et retournent au cœur. »

De même, selon Chögyam Trungpa dans « Regards sur l’Abhidharma », nous avons vu que :

« Cette Base fondamentale ne dépend absolument pas des situations relatives. Elle « est » juste, dans son état naturel. Des énergies en surgissent et entraînent le

développement des situations relatives. Etincelles de dualité, d’intensité et d’acuité,

éclairs de sagesse et de connaissance ; toutes sortes de choses s’élèvent de cette Base fondamentale qui est donc à la fois source de confusion et source de libération. Libération et confusion sont toutes deux cette énergie qui se produit constamment, qui jaillit, puis

retourne à sa nature fondamentale, comme les nuages qui émergent dans le ciel puis y disparaissent. En ce qui concerne la base fondatrice de l’ego, la huitième conscience, elle s’élève

quand l’énergie surgit de la Base fondamentale avec un tel éclat que cela entraîne une sorte d’aveuglement, d’égarement. Cet égarement devient la huitième conscience, la

base fondamentale de l’ego. » (C’est sur elle que se construit tout l’univers) D’après le Dr Guenter, cet égarement devient panique car l’énergie de la Base fondamentale ne s’accorde pas avec la vitesse à laquelle elle surgie de sa Base. Cet égarement lui fait prendre les apparences pour réelles, d’où l’illusion.

Je vois un parallèle entre le surgissement de notre conscience du cœur vers le monde extérieur suivi du retour au cœur, et la création de l’univers suivie de retours d’étoiles en fin de vie dans des trous noirs. Le Big Bang initierait la création et les trous noirs résorberaient ce qui a vécu : les vieilles étoiles retournent à l’origine, énergies pures sans forme (taille infiniment petite). D’où ma question : et si le Big Bang des

scientifiques n’était autre que le surgissement de l’énergie de notre Base

fondamentale logée en notre cœur ? Cette énergie envahit notre chitta-nadi pour manifester notre monde au moyen de nos cinq consciences sensorielles (les cinq tanmatras), puis retourne au cœur et cela avec une fréquence telle que nos organes des sens nous donnent un sentiment de continuité. Ceci expliquerait pourquoi l’univers n’a pas de centre. Nous en sommes tous le centre. La mécanique quantique des scientifiques serait donc en nous, dans la source et elle encoderait notre ADN par diffusion. D’ailleurs, dans son livre « Le grand virage de l’humanité », (page 161), Philippe Guillemant dit : « On pourrait à mon sens considérer le Big Bang comme une espèce de cordon ombilical ou de passage étroit qui nous relie à l’autre versant de notre univers. » Ce cordon ombilical pourrait très bien être notre chitta-nadi. Plus loin, (pages 177 et 178), Philippe Guillemant suggère que la matière n’existe

pas par elle-même et qu’elle est seulement une information interprétée par la

conscience comme de la matière. L’information remplit l’espace de notre conscience. Fritjof Capra, dans « Le Tao de la physique » nous explique, page 104, que : « La théorie quantique a montré que toutes ces propriétés surprenantes des atomes proviennent de la nature ondulatoire de leurs électrons. Tout d’abord l’aspect solide de la matière est la conséquence d’un effet quantique typique lié à l’aspect duel ondulatoire/particulaire de la matière ». Ensuite, page 105, il précise : « Les vitesses de rotation élevées des électrons autour de leurs noyaux, font apparaître l’atome comme une sphère rigide, de la même façon qu’une hélice en rotation rapide apparaît comme un disque. » Cette information de matière solide est partagée par tous les êtres vivant sur Terre ce qui contribuerait à « solidifier » cette matière.

En tant que co-créateurs, nous partageons tous la même mémoire universelle aussi nommée « Akashique » dans laquelle sont recensées toutes nos créations, ce qui explique qu’en sortant du sommeil, nous pouvons reconstituer immédiatement notre environnement. Et si nous décidions tous (humains, animaux et élémentaux) d’arrêter instantanément cette manifestation, l’univers que nous connaissons cesserait d’exister hors de notre mémoire universelle.

Ceci me rappelle un phénomène observé chez les grands Maîtres bouddhistes. A

leur mort, ils demandent de rester seul durant sept jours et au huitième jour, quand leurs disciples entrent dans la salle où repose le corps, ils ne trouvent plus que les ongles et les cheveux. Ces Maîtres ont réalisé le corps d’arc en ciel : ils ont résorbé les cinq éléments de leur corps, à la manière d’un trou noir.

Ainsi, l’univers serait vide de formes réelles et existantes par elles-mêmes. Tout ce que nous pouvons voir, toucher, sentir, goûter et entendre est aussi virtuel que ce que nous pouvons percevoir avec un casque de réalité virtuelle. Nous fonctionnons comme si nous avions un casque de réalité virtuelle sur la tête. Le jour, nous utilisons tous le même programme sociétal (karma collectif et karma individuel) et la nuit chacun déplace son point d’assemblage (selon l’explication de Don Juan) et se connecte sur un programme onirique (karma individuel). La nuit, des milliards d’êtres s’endorment et rêvent de choses différentes. Pendant ce temps là, d’autres milliards d’êtres continuent de fonctionner dans le même espace-temps sur Terre car pour eux, il fait jour. Lorsque les premiers se réveillent, ils déplacent de nouveau leur point d’assemblage et stoppent le programme nocturne individuel qui disparaît pour se reconnecter sur le programme diurne commun qui subsiste grâce aux seconds qui peuvent maintenant s’endormir avec leur programme nocturne individuel, et ainsi de suite. Notre R.O. nous paraît solide et réelle tant qu’il y a toujours quelqu’un pour la soutenir. Tandis que nos rêves disparaissent au réveil et ne nous paraissent donc pas réels ; il n’y a personne pour les entretenir à notre réveil. Il est ainsi possible de superposer dans l’espace-temps un nombre infini de réalités virtuelles. Ceci permet à d’autres êtres utilisant un autre programme avec d’autres casques de réalité virtuelle de cohabiter dans le même espace-temps. Notre problème est que nous nous sommes attachés à notre programme au point de considérer que c’est La Réalité absolue et non plus virtuelle.

C’est le principe des multivers bien connu des scientifiques. Si notre univers fait donc partie d’un multivers, nous pouvons penser que c’est le fameux point d’assemblage des sorciers Yakis qui permet de passer d’un univers à un autre. Ceci pourrait bien être l’explication du phénomène des O.V.N.I. (Objets Volant Non Identifiés) qui auraient le pouvoir de passer d’un univers à un autre. Ceci pourrait aussi expliquer les mystérieuses disparitions de navires et leurs équipages dans le triangle des Bermudes qui serait comme une porte vers d’autres univers. Ces mêmes navires disparus ont dû être considérés comme des O.N.N.I. (Objets Naviguant Non Identifiés) par les habitants de l’autre univers dans lequel ils se sont trouvés.

Ce même principe des multivers pourrait bien expliquer où se situent les différents « mondes » identifiés par les bouddhistes : le monde des dieux, celui des demi-dieux, celui des humains, celui des animaux, celui des esprits avides et celui des enfers : • Les dieux et les demi-dieux sont ensemble dans un univers propre à eux. • Les humains et les animaux sont ensemble dans un deuxième univers. • Les esprits avides sont dans un troisième univers. • Les esprits infernaux sont dans différents autres univers, selon leurs caractéristiques.

Tout ceci n’est bien sûr que ma propre vision des choses, issue de mes pratiques chamaniques, de mes méditations et de mes études de l’Ayurvéda et du Bouddhisme. Cette vision a évolué au fil du temps et continuera certainement encore à évoluer dans l’avenir. Je vous invite donc à regarder dans votre propre microscope pour corroborer ou invalider ma vision. Je serais ravi de pouvoir échanger avec vous sur ces sujets. Vous pouvez me joindre sur : padmasambhava1904@gmail.com

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