Guide de production
FRAMBOISES HORS SOL
Guide de production
FRAMBOISES HORS SOL Pierre-Manuel Plante Guy-Anne Landry
Droits d’auteur Il est interdit de reproduire, de traduire ou d’adapter cet ouvrage sans l’autorisation écrite du Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ) afin de respecter les droits d’auteur et d’encourager la diffusion de nouvelles connaissances.
Avertissements Les marques de commerce mentionnées dans ce guide le sont à titre indicatif seulement et ne constituent nullement une recommandation de la part des auteurs ou de l’éditeur. Au moment de sa rédaction, l’information contenue dans le présent guide était jugée représentative du secteur de la production des petits fruits au Québec. Son utilisation demeure sous l’entière responsabilité du lecteur. Certains renseignements pouvant avoir évolué de manière significative depuis la rédaction de cet ouvrage, le lecteur est invité à en vérifier l’exactitude avant de les utiliser. La publicité insérée dans ce document concrétise l’appui du milieu à la parution de l’ouvrage. Sa présence ne signifie pas que le CRAAQ en approuve le contenu et cautionne les entreprises et les organismes concernés. Dans le présent document, le masculin englobe le féminin et est utilisé uniquement pour alléger le texte.
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Rédaction Pierre-Manuel Plante, agr., M. Sc., consultant et producteur agricole Guy-Anne Landry, agr., M. Sc., conseillère en horticulture, Direction régionale de la Mauricie, MAPAQ
Révision Philippe-Antoine Taillon, agr., conseiller en horticulture, Direction régionale de la Capitale-Nationale, MAPAQ Marc Poirier, agr., conseiller en horticulture, Direction régionale du Centre-duQuébec, MAPAQ Stéphanie Tellier, agr., M. Sc., conseillère en petits fruits et arbres fruitiers, Direction régionale de la Capitale-Nationale, MAPAQ
Coordination, édition, conception graphique et mise en page par le CRAAQ Guillaume Breton, chargé de projets Barbara Vogt, chargée de projets aux publications Nathalie Nadeau, graphiste Véronique Michaud, graphiste
Photographies Toutes les photographies, incluant la photo de couverture, sont de Guy-Anne Landry, sauf : Figures 3.11 a, b; 4.7 c, d; 7.4 : Pierre-Manuel Plante; Figures 3.24; 3.31 : Stéphanie Tellier; Figures 4.2 c; 4.4 b; 4.8 b; 5.3; 5.9 : Philippe-Antoine Taillon; Figure 5.6 : Marc Poirier; Figure 5.5 : Dubois Agrinovation..
Ce projet est financé par l’entremise du Programme Innov’Action agroalimentaire, en vertu du Partenariat canadien pour l’agriculture, entente conclue entre les gouvernements du Canada et du Québec.
FIER DE SOUTENIR LA CULTURE DES
FRAMBOISES
D’ICI
Avant-propos Depuis les dix dernières années, plusieurs questions nous ont été adressées par des producteurs, des membres de la relève agricole, des conseillers, des enseignants ou leurs élèves en formation horticole. Nous avons donné plusieurs conférences lors de journées horticoles à travers la province, ainsi que des formations sur la culture de la framboise hors sol ou sous abris. Notre formation en agronomie, nos voyages réalisés en Europe, mais aussi le démarrage d’une ferme nous ont permis d’approfondir nos connaissances, d’expérimenter et de maîtriser certaines bases de la technique de production hors sol du framboisier cultivé sous abris. Finalement, c’est grâce au petit coup de pouce de Liette Lambert, agronome retraitée du MAPAQ de la Montérégie, que nous avons trouvé l’énergie suffisante pour rassembler une équipe (à la révision, les conseillers et la conseillère du MAPAQ : Philippe-Antoine Taillon, Marc Poirier et Stéphanie Tellier; et le CRAAQ à la publication), et pour compiler l’ensemble des connaissances accumulées au fil des années, afin de rédiger ce premier guide sur le sujet. Nous espérons que ce guide saura répondre à vos interrogations et vous aidera tout au long de votre projet de production de framboises cultivées en hors-sol.
Pierre-Manuel Plante, agronome, M. Sc. en agroforesterie profil racinaire, consultant et producteur de framboises, bleuets et pommes biologiques Guy-Anne Landry, agronome, M. Sc. en production de framboises sous grands tunnels, conseillère en production fruitière au MAPAQ – Direction régionale de la Mauricie
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Table des matières Introduction...........................................................................................................................................................1 Chapitre 1 - Physiologie ...........................................................................................................................5 Biologie du framboisier......................................................................................................................5 Framboisier d’été (non remontant).............................................................................................6 Framboisier d’automne (remontant)........................................................................................11 Chapitre 2 - Types de plants............................................................................................................... 17 Plants courts à racines nues........................................................................................................ 17 Racines.........................................................................................................................................................19 Plants mottes frais ou frigo ........................................................................................................20 Longues cannes à racines nues et longues cannes avec substrat ..............22 Longue cannes à racines nues.........................................................................................22 Longues cannes avec substrat .......................................................................................22 Chapitre 3 - Phase végétative (zone pépinière)...............................................................25 Production de plants mottes ......................................................................................................25 Préparation de la racine .......................................................................................................25 Bouturage à partir de racines........................................................................................... 27 Bouture devient plant motte...............................................................................................32 Zone pépinière.......................................................................................................................................33 Choix et préparation du site en zone pépinière....................................................33 Substrat.............................................................................................................................................36 Contenants.....................................................................................................................................40 Implantation et densité...........................................................................................................42 Fertilisation.....................................................................................................................................44 Palissage .........................................................................................................................................44 Taille des plants et effeuillage en fin de saison....................................................48 Technique d’entreposage des longues cannes (extérieur ou frigo)......50 Chapitre 4 - Phase de fructification (zone production)............................................55 Choix du site et préparation du terrain................................................................................55 Sortir les tiges de l’hivernement...............................................................................................56 Programmation de la sortie des plants et de la récolte.......................................... 57 Substrat, contenants et rempotage.......................................................................................59
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Substrat et rempotage...........................................................................................................59 Pots : caractéristiques à privilégier ..............................................................................59 Gouttières.................................................................................................................................................62 Densité et palissage .........................................................................................................................63 Gestion des drageons......................................................................................................................69 Double récolte avec variété remontante (variété d’automne) ........................... 70 Chapitre 5 - Gestion de la fertigation....................................................................................... 73 Prélèvements et règlementation...............................................................................................74 Quantité d’eau........................................................................................................................................ 75 Qualité de l’eau...................................................................................................................................... 76 Équipements............................................................................................................................................77 Fertilisation..............................................................................................................................................82 Solutions nutritives adaptées aux phases de la culture...............................82 Exemple du calcul d’une solution nutritive (phase végétative).................86 Solution mère et solution fille............................................................................................ 87 Prise en compte des éléments présents dans l’eau.........................................88 Adaptation de la CÉ de la solution nutritive............................................................ 97 Lessivage des pots.................................................................................................................... 97 Durée et fréquence des épisodes de fertigation.........................................................99 Durée...................................................................................................................................................99 Fréquence........................................................................................................................................99 Suivi de la CÉ et du pH au lessivage.....................................................................................101 Outils d’aide à la gestion de l'irrigation..............................................................................102 Entretien du système de fertigation.....................................................................................105 Chapitre 6 - Phytoprotection.......................................................................................................... 107 Principaux ravageurs et désordres...................................................................................... 107 Maladies fongiques................................................................................................................. 107 Insectes et acariens.............................................................................................................. 108 Désordres physiologiques..................................................................................................110 Carences minérales.................................................................................................................111 Contrôle des rongeurs....................................................................................................................112 Conclusion...............................................................................................................................................112 Ressources.............................................................................................................................................112 Chapitre 7 - Récolte et postrécolte............................................................................................113 Stade de maturation, manipulation et calibre...............................................................113 Mise en emballage.............................................................................................................................115
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Entreposage...........................................................................................................................................115 Réfrigération.................................................................................................................................115 Entreposage sous atmosphère contrôlée.............................................................. 117 Rendement anticipé et planification de la récolte...................................................... 117 Chapitre 8 - Aspects économiques...........................................................................................119 Évaluation des coûts pour la phase végétative...........................................................119 Coûts en matériel.....................................................................................................................120 Coûts de main-d’œuvre........................................................................................................120 Évaluation des coûts pour la phase de production fruitière...............................121 Coûts en matériel......................................................................................................................121 Coûts de main-d’œuvre .......................................................................................................122 Calcul de rentabilité.........................................................................................................................123 Calcul des charges fixes..................................................................................................... 124 Calcul des charges variables par pot........................................................................ 124 Calcul des produits-revenus par pot .........................................................................125 Calcul de la marge avant charges fixes...................................................................125 Calcul du point mort...............................................................................................................125 Calcul du potentiel...................................................................................................................125 Interprétation...............................................................................................................................125 Conclusion..............................................................................................................................................126 Annexes............................................................................................................................................................. 127 Annexe 1. Paramètres acceptables pour une source d’eau d’irrigation............. 127 Annexe 2. Tableaux de conversion..................................................................................................129 Annexe 3. Substances chimiques citées....................................................................................131 Références....................................................................................................................................................133
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Introduction La technique de production de framboises hors sol sous abris s’est d’abord développée en Europe (Landry, 2013). L’Angleterre, les Pays-Bas, la Belgique et l’Allemagne ont particulièrement innové dans ces façons de produire, mais plusieurs pays européens les ont adoptées à leur tour (Norvège, Suisse, France, Espagne, Italie) (Landry, 2020). Des équipes de recherche travaillent toujours à la mise au point de ces techniques : citons par exemple Delphy aux Pays-Bas (Heijerman, 2021), Agroscope en Suisse (Ançay et Carlen, 2015) ou la Norwegian Institute of Bioeconomy Research en Norvège (Sønsteby et coll., 2013). Le développement de cette technique avait pour but de répondre à une problématique de fatigue des sols, essentiellement liée à la présence de Phytophthora fragariae var. rubi causant le pourridié des racines, qui engendre le dépérissement des framboisières en plein sol. Les systèmes hors sol permettent de cultiver ces sites devenus défavorables à la culture de plein champ. Cela permet également de mettre en culture des sites qui ne seraient pas propices à la culture de la framboise pour de multiples autres raisons. La culture sous abris ne fait pas exception. En effet, avec l’utilisation de plus en plus populaire d’abris pour protéger les cultures des intempéries, Guide de production – Framboises hors sol
survient une contrainte au niveau des rotations de culture. En cultivant en pot, les plants peuvent alors être déplacés d’un abri à l’autre si nécessaire ou, le cas échéant, ils peuvent demeurer sous les mêmes abris plusieurs années durant.
Émergence de la culture de la framboise sous abri et hors sol au Québec La framboise est un petit fruit cultivé en champ au Québec depuis plusieurs décennies. Selon les données publiées dans le Profil sectoriel de l’industrie bioalimentaire au Québec des quinze dernières années, en 2008, 578 exploitations québécoises récoltaient des framboises sur 465 ha; tandis qu’en 2019, ce sont 505 entreprises récoltant sur 384 ha qui étaient recensées. Ces chiffres démontrent que le nombre d’entreprises a diminué de 13 % et les superficies en récolte de 17 % (MAPAQ, 2008 et 2020). Plusieurs facteurs expliquent ces diminutions. Certaines entreprises ont cessé complètement cette activité agricole; pour d’autres, l’apparition des problèmes de maladies racinaires au champ (pourridié des racines) a eu comme effet de beaucoup diminuer le rendement de leurs framboisières. Certaines rencontraient également des difficultés à percer le marché du gros (épiceries,
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supermarchés), car les framboises des variétés cultivées en champ au Québec, non protégées des intempéries, perdent rapidement leur fermeté et leur durée de conservation en postrécolte. Les responsables des achats pour ces établissements leur préfèrent donc les fruits plus fermes provenant de l’importation. C’est dans ce contexte qu’en 2006, décidés à reprendre ces parts de marché, certains producteurs québécois innovants ont tenté l’aventure de la culture de la framboise en plein sol et hors sol sous grands tunnels. Les premiers essais ont d’abord eu lieu avec des cultivars de framboisiers remontants. De nouveaux cultivars disponibles pour le Québec ont pu être mis à l’essai (p. ex. : Autumn Britten, Autumn Bliss, Caroline, Polka, etc.). Ces cultivars sont moins intéressants à implanter directement en champ, puisqu’ils produisent des framboises prêtes à être récoltées trop tardivement en fin d’été et à l’automne, lorsque les précipitations et les gels hâtifs abîment les fruits. Les grands tunnels ont ainsi permis d’augmenter le rendement commercialisable et de prolonger la saison à l’automne. Vers 2014, la production de framboises d’été selon la technique « longues cannes » en pots est apparue comme une avenue prometteuse. Ce système permet d’optimiser l’usage des abris
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en réalisant l’année de production végétative dans une zone pépinière, puis de déplacer les plants sous les abris dans leur année de fructification. La maîtrise de ces nouvelles techniques, combinée au bon choix de cultivars, augmente de façon importante le rendement à l’hectare : celui-ci passe de 3 000 kg/ha en champ à près de 20 000 kg/ha sous abris (Brillant, 2017; Larivière, 2017; Pouliot, 2019). En 2021, la production de framboises sous abris parapluie et grands tunnel (plein sol et hors sol, combinés) a été réalisée sur plus de 45 ha par 41 entreprises québécoises. Le développement de la filière framboise hors sol passera notamment par l’accessibilité des cultivars répondant aux marchés visés, à la mise au point et à la maitrise des techniques de production ainsi qu’à l’accès à des aides financières. C’est donc un travail conjoint entre tous les acteurs de la filière : les pépiniéristes, les producteurs, leurs conseillers et les acheteurs, qui permettra à cette filière de bien se développer.
Avantages et inconvénients de la culture hors sol Au Québec, l’intérêt pour la culture de framboises hors sol réside dans la possibilité de cultiver des variétés non rustiques, mais d’intérêt commercial. Tulameen en est un exemple, puisqu’il s’agit d’un cultivar non rustique, offrant
Introduction une qualité de fruit exceptionnelle pour le marché frais local. Comme les plants sont en pots, il est ainsi possible de les coucher sous des protections hivernales, ce qui leur permet de survivre sous les conditions prévalant au Québec. Une autre méthode consiste à entreposer les pots dans des chambres froides à température contrôlée pour toute la période hivernale et de programmer les sorties de plants au printemps suivant, afin d’étaler la période de récolte. La culture hors sol permet également d’avoir une zone pépinière sur l’entreprise pour la phase végétative et de déplacer les plants dans les abris seulement pour la phase de production de fruits. Grâce au développement de la culture hors sol, la production peut s’étendre à différentes régions, sur des sols au potentiel agricole moins favorable ou sur des entreprises ne disposant que de très petites superficies. Cette technique, combinée au bon choix de cultivar, offre l’opportunité aux producteurs qui la maîtrisent d’obtenir des rendements forts intéressants.
sont d’ailleurs très élevés, d’où l’importance de commencer à petite échelle et d’être bien accompagné. Ce guide vise donc à outiller les producteurs et leurs conseillers intéressés par la technique de production hors sol.
Note sur la production biologique hors sol Bannie dans divers pays d’Europe, la production biologique hors sol des framboises est actuellement acceptée au Canada. Toutefois, les pratiques à recommander ne sont pas encore solidement établies. Actuellement, des discussions sont en cours quant aux techniques applicables et aux volumes de substrats recommandés, entre autres. C’est pourquoi ce mode de production n’a pas été abordé en détails dans le présent guide.
Comparativement à la culture en plein sol, le hors-sol nécessite de très bonnes connaissances techniques, un suivi rigoureux de la culture et beaucoup de main-d’œuvre. Les coûts de production et les investissements
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Chapitre 1
PHYSIOLOGIE
Biologie du framboisier Le framboisier Rubus idaeus fait partie de la famille des Rosacées. Son système racinaire et sa couronne sont vivaces, tandis que ses tiges sont bisannuelles. Le système racinaire du framboisier est composé de rhizomes et de racines. Les rhizomes sont des tiges souterraines à croissance horizontale. Les tiges émergent de bourgeons situés sur la couronne pour l’ensemble des variétés (rouges, jaunes, noires ou pourpres), et aussi à partir des rhizomes pour les variétés à fruits rouges ou jaunes seulement. Lorsque cultivées en plein sol, la majorité des racines du framboisier se développent dans les premiers 25 à 30 cm de sol. Certaines racines peuvent atteindre plus de 180 cm de profondeur.
Les rhizomes, eux, se développent dans la partie superficielle du sol. En culture hors sol, rhizomes et racines s’entremêlent dans le contenant et finissent par occuper l’espace (Figure 1.1). Les framboisiers sont classés en 2 groupes selon leur type de fructification : • les framboisiers d’été (non remontants; en anglais, floricane varieties ou summer-bearing plants), • les framboisiers d’automne (remontants; en anglais : primocane varieties ou fall-bearing plants, ever-bearing plants). La plus grande différence entre les deux réside dans la période d’induction de la dormance et de l’initiation florale. La compréhension de la
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Figure 1.1 Système racinaire du framboisier - (a) illustration du développement racinaire en plein sol - (b) système racinaire en pot de 1,8 L Illustration : a) Véronique Michaud; Photo : b) Guy-Anne Landry
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physiologie différente des framboisiers d’été et d’automne ouvre la possibilité de programmer ou prolonger la période de production de fruits.
Framboisier d’été (non remontant) Lorsque les températures se réchauffent au printemps (année 1), les tiges végétatives émergent et se développent au cours de la première année de croissance. Ces dernières produisent des fruits seulement à la saison suivante (année 2). Lors de l’année de production, on les nomme tiges fructifères. Suite à la récolte, les tiges se dessèchent et meurent. Il s’agit d’un cycle bisannuel (Figure 1.2).
Année 1 La levée de dormance se produit entre mars et avril. Entre mai et juillet : La croissance de la tige végétative se produit à partir d’un bourgeon situé sur la couronne ou sur un rhizome (Figure 1.5). La photopériode, la température et la nutrition en eau et en minéraux influent sur la croissance et l’initiation florale du framboisier d’été. En août, septembre : L’arrêt de la croissance, l’initiation florale et l’induction de la dormance s’effectuent en simultané,
à une température fraîche d’environ 15 °C combinée à une photopériode critique inférieure ou égale à 15 heures de clarté (jours courts). Sous notre latitude (45° N), cette période se situe généralement en août lors de l’année de croissance de la tige végétative. Certains cultivars initient plus tôt que d’autres. À noter que la tige végétative nécessite obligatoirement un minimum de 15 nœuds pour que l’initiation florale puisse survenir. Généralement, plus la tige sera longue, plus elle aura de nœuds. En pleine croissance, les nouvelles feuilles du bout de la tige ont plutôt un port dressé et effilé. Lorsque la croissance de la tige cesse, il est possible de distinguer une rosette de feuilles évasées à l’apex de la tige (Figure 1.5). À noter : Les températures moyennes supérieures à 18 °C interrompent l’induction florale, et ce, même en jours courts ou en jours longs. En plus de compromettre l’induction florale, ces températures élevées accentuent la profondeur et la durée de la dormance. Ceci implique qu’un nombre d’heures de froid plus élevé sera nécessaire afin de lever la dormance. La combinaison de jours courts et de températures fraîches en fin d’été et début d’automne permet la différenciation florale et l’acclimatation au froid, jusqu’à ce qu’une dormance profonde (appelée endodormance1) s’installe en octobre ou novembre.
1. Pour plus de détails, voir Edin et coll, 1999. Le framboisier (CTIFL).
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Chapitre 1 Physiologie
Attention aux températures élevées si vous cultivez sous serres ou sous grands tunnels. Le framboisier n’est pas friand de grandes chaleurs. Les températures supérieures à 18 °C ne sont pas favorables à l’induction florale des tiges végétatives. Les températures supérieures à 25 °C ne sont favorables ni en période de floraison, ni en production de fruits.
Année 2 À partir du début de la dormance, un nombre suffisant d’heures de froid (températures inférieures à 7 °C) doit être cumulé afin de lever la dormance (écodormance2) et permettre le débourrement normal des bourgeons et une croissance normale des latérales, des fleurs et des fruits. La majorité des cultivars nécessitent un cumul de froid situé entre 800 et 1000 h (soit un minimum de 6 semaines d’entreposage). Tulameen nécessite environ 800 heures à moins de 7 °C pour lever la dormance.
De mai à juin : Une fois le nombre d’heures de froid suffisant cumulé, l’augmentation des températures supérieures à 7 °C permet le débourrement des bourgeons et la croissance normale des latérales sur la tige fructifère. La floraison s’étale sur une période de 2 à 4 semaines. En juin, juillet : C’est la période de fructification. Le cultivar, les conditions climatiques et l’hivernement des tiges ont un impact sur la période entre le stade « débourrement » et le stade « fruits mûrs ». Environ 70 jours peuvent s’écouler du stade débourrement jusqu’à la production de fruits pour le cultivar Tulameen. Après la récolte, les tiges fructifères vont se dessécher et mourir, tandis que la dormance profonde va s’installer en octobre-novembre pour les tiges végétatives.
2. Pour plus de détails, voir Edin et coll, 1999. Le framboisier (CTIFL).
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Figure 1.2 Framboisier non remontant : cycle de croissance, année 1 Illustrations : Véronique Michaud, d’après images Depositphoto - mariaflaya
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Chapitre 1 Physiologie
Figure 1.3 Framboisier non remontant : cycle de croissance, année 2 Illustrations : Véronique Michaud, d’après images Depositphoto - mariaflaya
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Figure 1.4 Framboisier non remontant : synthèse du cycle de croissance sur 2 ans Illustrations : Véronique Michaud, d’après Heide et Sønsteby, 2011
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Chapitre 1 Physiologie
Framboisier d’automne (remontant) Année 1 Les tiges végétatives émergent au printemps (année 1) de bourgeons situés sur les rhizomes ou sur la couronne (Figures 1.6 et 1.7). La croissance de la tige et le développement des feuilles augmentent avec la température sans toutefois dépasser des extrêmes (p. ex : plus de 30 °C). La température optimale de croissance végétative se situe entre 20 et 24 °C. La photopériode, la température et la nutrition en eau et minéraux influencent la longueur des entrenœuds. L’initiation florale survient tôt en jours longs et à des températures optimales situées entre 20 et 24 °C. Toutefois, pour que la floraison survienne, plus de 20 nœuds (au minimum) doivent être formés sur la tige (et jusqu’à 40 nœuds pour certaines variétés). L’initiation florale débute en haut de la tige et se poursuit vers le bas. La tige croît jusqu’à ce que la floraison débute. Les premières fleurs apparaissent sur les latérales situées dans le haut de la tige. La plage de température optimale favorise une floraison et une fructification précoce. Vers la fin de l’été et début de l’automne,
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les fruits sont produits sur le tiers ou la moitié supérieure de la tige, selon le cultivar et les conditions climatiques. La production de fruits ralentit à mesure que les températures diminuent. La production cesse avec l’arrivée du premier gel. La section de tige qui aura produit des fruits se dessèche et meurt. Contrairement au framboisier d’été, l’initiation florale et l’induction de la dormance n’interviennent pas en simultané chez le framboisier d’automne. Sous nos conditions climatiques, la diminution des températures à l’automne induit la dormance dans les bourgeons situés au bas de la tige. La longueur de la tige qui demeure végétative varie en fonction des cultivars et des conditions climatiques. Les bourgeons en dormance se comportent alors comme ceux d’un framboisier d’été; c’est-à-dire qu’un cumul d’heures de froid (températures inférieures à 7 °C) est nécessaire pour lever leur dormance.
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