Demain n° 04 - Août-septembre 2021

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE ET POLITIQUE

La RSE au cœur des entreprises romandes Malgré la crise, la responsabilité sociétale des entreprises n’a pas été reléguée sur la touche. Si l’on en croit le « Baromètre RSE », publié par HEG Genève en partenariat avec B Lab Suisse, 78 % des entreprises de la région mettent en place des actions, de manière formelle ou informelle.

L’étude relève également que les entreprises du panel ne menant aucune action de RSE comptent moins de 50 employés. Le plus souvent, un manque de ressources, d’outils ou de connaissances est à l’origine d’un faible engagement en la matière. Les grandes entreprises ont également davantage de moyens pour cibler leurs actions (audits, bilans de gaz à effet de serre…) ; les PME passant plutôt par l’adoption de normes.

Quand des étudiants vont à la rencontre de notre tissu économique pour mieux le comprendre, les résultats sont instructifs, bien au-delà des bancs de leur haute école. Pour croquer le portrait des pratiques actuelles en matière de RSE, six étudiants de la Haute école de gestion de Genève ont conduit une étude qualitative auprès de 50 entreprises romandes. Dans le cadre d’un cours en management durable, ils ont travaillé en partenariat avec B Lab Suisse, dont la volonté est de favoriser un changement positif, vers la durabilité, en faisant des entreprises « une force pour le bien commun ».

Que les entreprises de la région aient bien conscience de l’importance de leur rôle environnemental et social ne fait aucun doute. Les Objectifs de Développement Durable (ODD), adoptés en 2015 par les Nations Unies dans le cadre de l’Agenda 2030, sont connus par 73 % d’entre elles. Dans la période de crise liée à la pandémie, elles ne l’ont pas oublié : pour assurer le développement durable de notre économie, considérer l’humain et l’environnement qui l’entoure s’avère simplement vital.

Pour Andrea Baranzini, directeur de la HEG-Genève, les questions de base étaient claires : « Les entreprises de notre région se préoccupent-elles de la RSE ? Quelles sont leurs motivations ? Dans quels domaines d’action œuvrent-elles en priorité et avec quelles stratégies ? » Des interrogations qu’il juge centrales, puisque le positionnement en matière de Responsabilité sociétale des entreprises est aujourd’hui corrélé aux résultats financiers à long terme. Même durant les crises économiques, il note que les entreprises ayant davantage investi dans la RSE ont eu moins de difficultés à revenir à meilleure fortune. L’enjeu à relever côté haute école : enseigner comment mettre en pratique des stratégies de durabilité, via des formations sur le « management durable », pour permettre aux politiques de durabilité de se professionnaliser.

DES MESURES AVANT TOUT ENVIRONNEMENTALES A ce jour, en matière de RSE, il apparaît que les entreprises romandes interrogées mettent principalement l’accent sur des mesures envi-

ronnementales (recyclage et tri, gestes pour l’environnement, processus, fournisseurs et/ ou locaux durables, déplacements professionnels, énergie renouvelable, transport de marchandises, digitalisation, plan de mobilité douce…). Près de 50 % d’entre elles agissent ainsi pour réduire leur empreinte carbone, alors que 20 % effectuent des achats durables. Malheureusement, l’étude relève également qu’il y a peu de formalisation et de suivi des mesures implémentées. Pour instaurer des politiques cohérentes, à même d’influencer la performance de l’entreprise, cette dimension s’avère pourtant essentielle. Si les objectifs liés à l’environnement sont majoritaires, viennent ensuite ceux liés à la gouvernance d’entreprise et la transparence, puis à la diversité et l’inclusion, et enfin au bien-être des employés.

POUR EN SAVOIR PLUS « Baromètre RSE HEG Genève – Etat des pratiques RSE dans les entreprises de Suisse romande, édition 2021 »

DES INDICATEURS ENCORE INSUFFISANTS Pour chaque entreprise, la première étape devrait consister à évaluer son impact social et environnemental, via la mise en place d’indicateurs. Sur cette base, des plans d’actions et des bonnes pratiques peuvent être formalisés, et les résultats quantifiés. On observe qu’un peu plus de la moitié des entreprises sondées établissent des indicateurs pour mesurer les aspects sociaux et environnementaux. Celles qui vendent un produit ont davantage tendance à mettre en place des indicateurs environnementaux, alors que les entreprises de services mesurent plutôt les deux aspects. Certaines sociétés se lancent seules dans leur parcours d’amélioration, d’autres se font guider par des consultants spécialisés, des labels ou le programme STI instauré par B Lab par exemple.

TEXTE FANNY OBERSON FANNY.OBERSON@CVCI.CH


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