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Rencontre avec Jane Fonda
from REAL by How To Spa
Égérie des Seventies, la première fois qu’elle a vraiment fait parler d’elle, c’est en s’attaquant à une cause qu’elle estimait injuste. En l’occurrence, les ravages civils et militaires occasionnés par la Guerre du Vietnam. Au début des années quatrevingt, changement de fond et surtout de forme. Jane Fonda devient l’initiatrice du culte-aérobic. Jamais on avait vu une telle vague de sueur déferlée dans les grosses villes américaines. Une vague musclée, vitaminée qui allait submerger les clubs des plus huppés aux plus populaires puis nos salons grâce à l’invention du magnétoscope. À 83 ans printemps, la papesse du bien être, la reine du «Workout» est toujours infatigable quand il s’agit de nous parler de wellness! A 70s icon, she first came into the spotlight when speaking out against what she felt was unjust, namely, the civilian and military carnage caused by the Vietnam War. The early 1980s marked a significant change in both form and content: Jane Fonda started the aerobic cult. A wave of sweat swept through American cities like never before. A vigorous, vitamin-rich wave that flooded the clubs, from the most exclusive to the most mainstream, finally making its way into our living rooms thanks to the invention of the VCR. At 83 years of age, the goddess of well-being, the queen of Workout, is still tirelessly preaching about wellness!
Par / By Frank Rousseau
À plus de 80 printemps, quel est le secret d’une telle énergie?
Je dors neuf heures par nuit. Je fais de l’exercice et je mange bien, c’est pourquoi j’ai de l’énergie. Il n’y a pas de secret. Juste une bonne hygiène de vie et surtout de la constance…
Vous êtes pour beaucoup, un symbole de «self-discipline». Qu’est-ce qui vous a poussé à proposer des vidéos de remise à forme alors que la plupart des actrices de votre âge auraient plutôt tendance à donner des recettes de cuisine?
Si j’ai réalisé et produit «Firm & Burn» c’est parce qu’il manquait dans l’univers du fitness, des séances spécifiques dédiées aux personnes qui ont une mobilité articulaire un peu réduite, des capacités cardiovasculaires un peu diminuées, voire des douleurs articulaires chroniques. Vous vous doutez bien que lorsqu’on atteint un certain âge, on a plus la même pêche que lorsqu’on a 25 ans. Pour autant, je ne vois pas pourquoi, nous les «séniors» nous devons ne plus nous entretenir physiquement. C’est pourquoi, j’ai voulu proposer une gymnastique qui respecte «l’âge de nos artères». Pour autant, je ne souhaitais pas que cela soit des exercices pépères, tristes et ennuyeux. «Firm & Burn» offre un programme qui bouge et qui vous donne un moral d’acier.
En quoi vos cassettes de fitness ont changé la vie des femmes selon vous?
Ce fut à la fois une vraie évolution et une révolution surtout. À cette époque en effet, les hommes percevaient leur «moitié» comme des ménagères à part entière. Les seuls exercices «physiques» autorisés se cantonnaient au lessivage des sols, le lustrage des casseroles et bien sûr le devoir conjugal dans la chambre à coucher. Imaginez le choc, lorsque qu’ils nous ont vu prendre d’assaut les salles de gymnastique et les «living-room» afin d’acquérir, nous misérables créatures, ces abdos, triceps qui, durant des millénaires, ils nous reprochaient de ne pas avoir! Imaginez dès lors la surprise de nos compagnons lorsqu’ils ont découvert que ce sexe dit faible pouvait, lui aussi, vouloir acquérir force et souplesse. Et donc à terme… l’indépendance!
Vous avez toujours été une activiste, une femme qui prenait des positions avec un certain courage. Quel est le combat dont vous êtes la plus fière?
Les combats contre moi-même! Beaucoup de gens l’ignorent mais j’ai, par exemple, été boulimique à une période de ma vie. Pour m’en sortir, il m’a fallu faire un gros travail sur moi - même. Mais surtout, il m’a fallu trouver l’occasion pour faire ce «coming out» alimentaire! C’est en publiant mon premier livre sur l’aérobic que j’ai pu extérioriser ce trouble. Je pense aujourd’hui être guérie de ce qu’il faut appeler un pêché de vanité. M’asseoir devant une assiette ne me coûte plus comme avant. Mais j’en veux à certains médias et à certains magazines de mode qui véhiculent l’idée que la maigreur est la «norme» standard si l’on veut être acceptée par les hommes.
At over 80 years of age, what is the secret of such boundless energy?
I sleep nine hours a night, I exercise and I eat well - that’s why I have energy. There is no secret. Just a healthy lifestyle and, above all, constancy.
For many people, you are a symbol of self-discipline. What made you decide to make fitness videos when most actresses your age would rather present cooking recipes?
I made and produced ‘Firm & Burn’ because there was a lack of fitness programmes aimed at people with reduced joint mobility, cardiovascular problems or chronic joint pain. Naturally, when you reach a certain age, you don’t have the same energy as when you were 25. However, I don’t see why we ‘seniors’ shouldn’t continue to keep ourselves in good shape, which is why I wanted to provide a workout that’s compatible with the ‘age of our arteries’. However, I didn’t want it to be a dull and dreary routine. ‘Firm & Burn’ offers a programme that gets you moving and boosts your morale.
How do you think your fitness tapes changed the lives of women?
It was both an evolution and a revolution. Back then, men saw their ‘other half’ strictly as housewives. The only ‘physical’ exercises allowed for women were washing the floor, polishing the pots and pans and, of course, marital duties in the bedroom. Imagine the shock when they saw us miserable creatures storming the gyms and living rooms, seeking to build those abs and triceps that for thousands of years they had criticised us for not having! Imagine then our partners’ surprise when they discovered that the so-called weaker sex also wanted to become strong and supple. And ultimately … independent!
You have always been an activist, a woman who took a stand when it took courage to do so. Which battle are most proud of?
The battles against myself! Many people don’t know this, but I was bulimic at one point in my life. I had to work on myself a lot to overcome it. But above all, I had to find the opportunity to come out about my relationship to food! Publishing my first book on aerobics really helped me open up about this disorder. I now think I’m cured of what you might call the sin of vanity. Sitting in front of a plate is no longer as painful as it used to be. But I blame certain media and fashion magazines that promote the idea that being slim is the ‘norm’ if you want to be accepted by men.
Vous donnez l’impression d’être toujours dans le contrôle, de surveiller la moindre consommation de protides et de glucides. On se demandait s’il vous arrivait de lâcher un peu la bride….
Bien entendu! Vous savez, il n’y a rien de pire, que les frustrations. Qui dit «frustrations» dit un jour «prix à payer». Votre corps vous demandera à un moment ou un autre de rendre des comptes. Avec le temps, je me sens aussi beaucoup moins coupable quand je mange un bon hamburger à 1500 calories. D’ailleurs, c’est en France, quand j’étais l’épouse de Roger Vadim, que j’ai commencé à un peu «profiter de la vie» sans me culpabiliser pour chaque cuillère. De retour aux Etats Unis, je n’avais pourtant pas pris un gramme. Ce qui intriguait, vous en vous en doutez, mes compatriotes. On me demandait : «Par quel miracle, tu es restée si svelte? Tout le monde sait en effet que la cuisine au beurre n’est pas ce qu’il y a de mieux pour l’organisme». Ce à quoi je répondais : «Il vaut mieux manger une bonne cuisine au beurre en quantité raisonnable que de grignoter des snacks toute la journée».
Justement, quelle est votre plus belle victoire sur le paraître?
C’est probablement le jour où je me suis décidée à me faire enlever mes prothèses mammaires! J’avais accepté de me faire gonfler les seins pour satisfaire l’homme qui partageait ma vie à ce moment-là. J’ai compris que j’étais devenue sa chose et quelque part, il m’avait instrumentalisé pour ses fantasmes personnels. Quand j’ai dépassé le cap de la quarantaine j’ai aussi eu recours à la chirurgie esthétique au niveau du visage. Avec le recul, je me dis que cela m’a été utile. Cela m’a donné la possibilité de travailler une dizaine d’années supplémentaires sur ce marché très dur, impitoyable que l’on appelle le «movie business». Vous savez, je ne suis pas une inconditionnelle de la chirurgie plastique. D’un autre côté, je me dis que si ça peut vous permettre de reprendre confiance en vous… alors pourquoi ne pas envisager cette option! Mon corps, lui, est 100 % naturel. Je l’entretiens quotidiennement par une série d’exercices que j’ai bien sûr adaptés en fonction de mon âge.
Si vous aviez une prière à faire ou un vœu à exaucer, que serait-il? Quelque chose de personnel?
Pouvoir vivre pleinement le troisième acte de ma vie! C’est le dernier. Je n’ai plus le luxe de gaspiller mon temps comme avant. Je sais que la vie que je suis en train de vivre, d’écrire en quelque sorte, doit être irréprochable. Je n’ai plus le droit à l’erreur. C’est comme si je traçais mon destin sans gomme! Plus rien ne peut s’effacer!
You give the impression of always being in control, always watching your intake of protein and carbohydrates. We were wondering if you ever let go a little…
Of course I do! You know, there’s nothing worse than frustration. Frustration always comes with a price to pay, and your body will at some point hold you accountable. Over time, I also feel much less guilty for tucking into a sumptuous 1,500 calorie hamburger. In fact, it was in France, when I was married to Roger Vadim, that I started to ‘enjoy life’ a little without feeling guilty about every spoonful. However, when I came back to the States, I hadn’t gained an ounce, which puzzled my American friends as you can imagine. People asked:’ How on earth did you manage to stay so slim? Everyone knows that cooking with butter is not the best thing for your body.’ I replied: ‘It’s better to eat good food with butter in reasonable quantities than to munch on snacks all day.’
Precisely, what is your greatest victory over appearance?
It was probably the day I decided to have my breast implants removed! I had agreed to have my breasts enlarged to please the man I shared my life with at the time. I realised that I had become his thing and, in a way, he had exploited me for his personal fantasies. When I hit my forties I also had plastic surgery on my face. Looking back, I think it was useful. It gave me the opportunity to work for another ten years in this very tough and unforgiving market called the film industry. Although I’m not a big fan of plastic surgery, I think that if it can help you regain your self-confidence … then why not! As for my body, it’s 100% natural. I maintain it every day through a series of exercises that I have of course adapted to my age.
If you could make a wish, what would it be? Something personal?
To be able to live the third act of my life to the full! It’s the last one, so I don’t have the luxury of wasting my time like I used to. I know that the life I’m living and the story I’m writing must be flawless. I can’t afford to make mistakes any more. It’s as if I were drawing my destiny without an eraser! There’s no going back on anything!