Islamic Finance Magazine Juillet 2024

Page 1


Sommaire

06 L’EDITO

Avec Sory TOURE

10 ACTUALITES

Point sur la financeislamique en Afrique et dans le reste du monde

13 AVIS D’EXPERTS

Opinions avisées d’experts sur les tendances de l’industrie de la finance islamique

Sory TOURE IFMAG

Côte d’Ivoire

La banque islamique en Australie

Le halal dans la filière viande britannique

Abdulraqeb Farea SALEM

Directeur Général, Saba African Bank Djibouti

Relever le défi du leadership de la banque islamique à Djibouti 36

Finance islamique à Djibouti

Abdirahman ROBLEH

Directeur des statistiques monétaires et de la balance des paiements

Banque Centrale de Djibouti

60

80

86

Capital-investissement islamique dans l'UEMOA

Ndèye Diago DIÈYE

Fondatrice / Gérante Associée

KHUWAYLID CAPITAL

Sénégal

Portrait d’un entrepreneur révolutionnaire

Mamadou NDIAYE

Co-fondateur et DG

Appsaya & Wasabih

Sénégal

Révolution du Takaful en Afrique de l’Ouest et au-delà

Momodou Musa JOOF

Directeur Général / CEO

WEST AFRICA TAKAFUL

Gambie

102

Technologie et inclusion financière

Gbenga AWE

Chef de Division

The Alternative Bank

Nigeria

112

Economie islamique face aux défis contemporains

Ezzedine GHLAMALLAH

Co-fondateur

SAAFI

France

122

Une vision éthique pour une prospérité partagée

Almir COLAN

CEO et Fondateur

Muslim Money Matters

Australie

Djibouti se positionne comme un hub financier de premier plan non seulement dans la Corne de l’Afrique mais aussi sur l’ensemble du continent africain, grâce à sa stabilité sociopolitique, sa situation géographique stratégique, et sa vision ambitieuse de devenir une plaque tournante pour la finance islamique.

En plus de ces atouts, il faut compter avec la croissance soutenue que connaît l'économie djiboutienne, avec un PIB réel en hausse de 7,1% en 2023 et une projection de 7,5% pour 2024, tirée notamment par le dynamisme des activités portuaires, du commerce (+7%), de l’énergie (+9%) et de la construction (+12%).

La Banque Centrale de Djibouti, sous la direction avisée de son gouverneur, joue un rôle central dans cette transformation, en établissant un cadre réglementaire robuste et en facilitant l'innovation financière, le tout dans un écosystème favorable Il en parle d’ailleurs dans son entretien exclusif dans ce numéro et fait écho de l'ambition affichée « d'ériger Djibouti en hub financier à rayonnement international. »

L'essor de la finance islamique est un pilier essentiel pour la réalisation de cette vision stratégique. Depuis la création de la première banque islamique en 2006, trois des treize banques du pays sont islamiques, et deux autres disposent de guichets charia-compatibles. Les actifs de ces institutions ont fait un bond de 182% entre 2015 et 2024, et représentent aujourd’hui 24,1% de l’actif bancaire total. Quant à leurs dépôts, ils captent désormais 24,9% de l'épargne nationale, en progression annuelle de 20% Plus largement, les banques islamiques constituent 44% du nombre d’agences bancaires, 42% du nombre de comptes bancaires et 47% du nombre de distributeurs automatiques de billets Deux compagnies Takaful évoluent également dans ce paysage financier islamique dynamique et en plein essor

Dans ce contexte, Djibouti a récemment accueilli deux événements majeurs : l'IFT Djibouti et le Djibouti Fintech Forum. Co-organisé par Dexterity Africa et le CTID, dans le cadre de l’initaitive Islamic Finance Tour Africa (IFTA), l'IFT Djibouti avait pour thème "Djibouti : Développer un hub de la finance et de la fintech islamiques en Afrique". Les discussions ont abordé divers sujets cruciaux, tels que les perspectives économiques du pays, les sources alternatives de financement, la réglementation de la finance islamique, le développement d’un marché des capitaux, les opportunités de la fintech, la révolution numérique, et les stratégies pour attirer les investissements étrangers.

Quant au Djibouti Fintech Forum, il a mis en lumière le potentiel de la fintech pour transformer l'économie locale et régionale La fintech offre des solutions innovantes pour l'inclusion financière et sociale, vitales pour le développement économique durable Les autorités djiboutiennes et autres parties prenantes ont montré leur détermination à capitaliser sur ces opportunités pour renforcer la position du pays en tant que hub financier incontournable. Retrouvez également dans ce numéro plusieurs autres rubriques où des experts traitent de thématiques pertinentes Abdulraqeb Farea SALEM, Directeur Général de Saba African Bank, partage sa vision de l'avenir de la finance islamique à Djibouti dans une grande interview Almir COLAN, Fondateur et Directeur Général de Muslim Money Matters en Australie, éclaire sur la pertinence de l'économie islamique pour atteindre une prospérité partagée Dans la rubrique Femmes en finance islamique, Ndèye Diago DIEYE, pionnière du capital-investissement islamique dans l'UEMOA, révèle la pertinence de son fonds d’investissement à impact pour l’atteinte des ODD Momodou Musa JOOF partage aussi son expérience en tant que révolutionnaire du Takaful en Afrique de l’Ouest et au delà

Avec toute notre gratitude pour votre fidélité,

Directeur de publication

sory.toure@dexterityafrica.com

Rédacteur en chef muhammed.jimoh@ dexterity-africa.com

Correction

muhammed.jimoh@ dexterity-africa.com

pefagneli.sanogo@ dexterity-africa.com

Secrétaires de rédaction

Tenan SORO tenan.soro@ dexterity-africa.com

salomon.nouaman@ dexterity-africa.com

Infographie yannickachille222@ gmail.com

Marketing et vente publishing@ dexterity-africa.com

Publié par Dexterity Africa Abidjan Côte d’Ivoire

Contributeurs

Sous notre présidence, se tiendront le 44ème

Conseil d’administration et la 22ème Assemblée

Générale de l’IFSB, les 1er et 02 juillet prochains à Djibouti.

L’organisation de cet évènement constitue une opportunité formidable pour promouvoir l’image du pays à l’international, comme une destination des investissements en provenance de l’industrie financière islamique, un lieu propice à tous les types d’investissements d’ailleurs, connu pour sa stabilité et son ouverture sur le monde offrant un accès privilégié et sûr pour toucher l’hinterland africain en grande partie encore vierge. Il s’agit d’un évènement important que tous les pays membres ont hâte à accueillir pour pouvoir bénéficier d’une prestigieuse plateforme de communication et de promotion.

Il est évident que la position stratégique de Djibouti sur la mer Rouge et le détroit de Bab elMandeb, en plus de sa stabilité sécuritaire et économique, la prédispose à devenir le principal centre logistique de la région. Djibouti a renforcé cette orientation à travers les investissements lancés dans les domaines ferroviaire, routier, énergétique, ainsi que dans l'infrastructure portuaire, la création de zones franches et les facilités offertes aux investisseurs grâce à la législation et à la fenêtre unique d'investissement. Toutes ces initiatives représentent des étapes importantes.

BANQUES

49,6

La Banque Populaire de Mauritanie (BPM), une banque islamique de premier plan en Mauritanie, a mis en œuvre la plateforme de Business Intelligence (BI) iMAL d'Azentio. Cette décision stratégique permet à la BPM de prendre des décisions plus rapides et fondées sur les données pour soutenir sa croissance et son innovation.

iMAL BI propose des analyses avancées, simplifiant la gestion des données et extrayant des informations précieuses. Cela permettra à la BPM d'identifier les sources de revenus à fort potentiel, d'améliorer le service client et de garantir le respect de la charia.

IFT Djibouti et Djibouti Fintech Forum, tenus en juin dernier à Djibouti, soulignent le potentiel de la finance islamique et de la Fintech pour positionner Djibouti comme un hub financier à l’international. Ces événements ont mis en lumière l'importance de la technologie financière et de la finance islamique dans la réalisation de cette vision. Au regard de sa stabilité socio-politique et sa situation géographique stratégique, Djibouti présente de solides atouts. La finance

La plateforme fournit un accès aux données en temps réel, des capacités d'analyse améliorées et des tableaux de bord personnalisés. Cette vision globale à travers les différents départements favorise une meilleure collaboration au sein de la BPM. L'utilisation existante par la BPM de la plateforme bancaire de base iMAL d'Azentio a soutenu son expansion réussie vers la banque universelle. iMAL BI renforce ce partenariat en fournissant à la BPM les outils nécessaires pour accéder aux bonnes données au bon moment. Cela permettra d'optimiser les opérations commerciales, de stimuler la croissance et d'améliorer l'engagement client tout en respectant les principes de la charia.

islamique, qui respecte les principes éthiques, combinée aux innovations Fintech, offre des solutions financières inclusives et transparentes. Les discussions ont abordé des sujets clés tels que l’éducation financière islamique, l'analyse des risques financiers grâce à l'IA et les grandes données. Par ailleurs, les événements ont renforcé la collaboration entre le public et le privé pour accélérer le développement d’un écosystème Fintech dynamique. Ont participé à ces assises plusieurs institutions et organismes partenaires tels que la Banque Centrale de Djibouti, Saba African Bank, Salaam Bank, East African Bank, etc. Ainsi, ce fut une aubaine pour plusieurs acteurs de ces secteurs d’échanger et converger plus sereinement vers un avenir financier dynamique et inclusif. Pour rappel, ces événements ont été co-organisé par Dexterity Africa et CTID.

TAKAFUL 0,8

Le 15ème Forum économique international "Russie - Monde islamique : KazanForum" s'est s’est tenu du 14 au 19 mai à Kazan, la capitale du Tatarstan, attirant plus de 20 000 participants de 87 pays. Cet événement de haut niveau constitue une plateforme clé pour le renforcement des liens entre la Russie et les États membres de l'Organisation de la coopération islamique (OCI). Le Forum s'est concentré sur les infrastructures, les investissements, les échanges culturels et la diplomatie. Les discussions ont porté sur des domaines clés tels que l'intégration de la finance islamique, les coentreprises dans les secteurs pharmaceutique et énergétique, et la promotion de l'innovation par le biais de projets de startups.

Les accords signés lors du Forum soulignent son rôle de facilitateur de la collaboration. Notamment, la Banque centrale de Russie a établi un partenariat avec des institutions financières de l'OCI, tandis que des entreprises énergétiques russes et saoudiennes ont convenu de projets d'exploration conjointe. L'événement a également accueilli le premier marché immobilier international, présentant des opportunités immobilières à travers la Russie, les Émirats arabes unis, la Turquie et l'Indonésie.

Le KazanForum 2024 souligne le potentiel de partenariats productifs entre la Russie et le monde islamique, favorisant la stabilité et la croissance économique dans le paysage mondial dynamique d'aujourd'hui.

banque islamique numérique du pays. Le PDG, Muhammad Humayun Sajjad, souligne son engagement envers des "solutions bancaires innovantes et centrées sur le client" adaptées au marché pakistanais.

Mashreq Pakistan, filiale de la banque émiratie

Mashreq Bank, a obtenu l'approbation de principe (IPA) de la State Bank of Pakistan (SBP) pour lancer des opérations bancaires islamiques numériques. Cette décision s'inscrit dans la lignée de la récente distinction de Mashreq en tant que meilleure banque islamique numérique au monde par Euromoney. Cette approbation marque une étape importante dans l'objectif de Mashreq Pakistan de devenir la première

Mashreq Pakistan propose une expérience client presque entièrement numérique et des plateformes numériques primées comme NEO. Ces innovations visent à révolutionner le secteur bancaire au Pakistan, en offrant une commodité, une sécurité et des services conformes à la charia inégalés.

La SBP, qui a activement promu le développement de la banque islamique, se félicite de l'arrivée de Mashreq. G.M. Abbasi, directeur du département en charge des politiques relatives à la finance islamique, y voit un moyen de favoriser un environnement financier plus inclusif.

Grâce à son expertise et son engagement envers la finance islamique, Mashreq Pakistan est sur le point d'établir de nouvelles normes en matière de banque numérique, façonnant ainsi l'avenir des services financiers dans la région.

Une variété d'émissions audio en podcast couvrant différents aspects de la finance islamique, du business halal et des technologies émergentes diffusées dans deux langues: français et anglais.

Nous mettons l'accent sur les développements clés, les tendances et les innovations dans ces domaines.

La finance islamique évolue dans un environnement en constante mutation, marqué par de nouvelles attentes sociétales en matière de durabilité, de redevabilité et d'éthique. Face à ces défis, le rôle traditionnel des comités de charia (Sharia Boards), axé sur la validation de la conformité des produits et services financiers islamiques, est de plus en plus remis en question. De nombreuses parties prenantes appellent à repenser la place et les missions de ces comités pour en faire de véritables garants de l'alignement global des pratiques des institutions financières islamiques sur les objectifs suprêmes de la charia (Maqasid Al Sharia) qui sont en phase avec les objectifs du Millénaire pour le développement (ODD).

En tant qu'expert en finance islamique, quelle est votre vision de l'évolution des rôles et responsabilités des comités de charia à moyen et long terme ? Comment ces comités peuvent-ils contribuer à renforcer la gouvernance, la performance éthique et l'impact positif des institutions financières islamiques dans un monde en pleine mutation ? Enfin, quels sont les principaux défis et opportunités auxquels ces comités seront confrontés dans le contexte de la transformation rapide du secteur ?

e rêve d'une banque islamique à part entière en Australie s'est provisoirement brisé sur les récifs

de la réalité économique. Début

Australia a dû rendre la licence bancaire restreinte que lui avait octroyée

Australian Prudential Regulation Authority

(APRA), le régulateur financier. Motif invoqué : l'incapacité à réunir les fonds propres requis dans un contexte de marché difficile. Un revers pour cet établissement qui ambitionnait d'être la première banque islamique du pays à proposer des services bancaires conformes à la bcharia, la loi islamique. Malgré la conviction de ses

fondateurs et le soutien de quelques investisseurs, dont le conglomérat émirati Abreco et l'australien Hijaz Financial Services (fondé par Hakan Ozyon), qui avait investi 10 millions de dollars dans le projet, IBA n'aura pas réussi à convaincre suffisamment de monde pour lever les 30 millions de dollars nécessaires à

millions de dollars nécessaires à conserver sa licence dans un contexte de marché difficile pour les startups.

L'APRA a annoncé jeudi avoir accepté la demande d'Islamic Bank Australia de révoquer sa licence de Restricted ADI. Une licence que la banque, anciennement connue sous le nom d'IBA Group, avait décrochée il y a moins de deux ans, mais elle n'avait toujours pas lancé de produits ni recruté de clients. Pourtant, la venue d'IBA avait suscité de grands espoirs pour le développement de la finance islamique en Australie. Selon un des hauts dirigeants de l'institution interrogé par Banking Day, on estimait à environ 14 000 les souscriptions sur la liste d'attente de la banque. Une liste qui ne sera jamais transformée en véritables clients compte tenu des contraintes de la réglemen-

-tation RADI. « Ce fut un parcours passionné et engagé pour fournir des services financiers islamiques à notre communauté », a déclaré Islamic Bank Australia sur son site web. Mais les conditions actuelles du marché des capitaux se sont avérées extrêmement difficiles à ce stade. La banque, qui n'avait pas encore lancé de produits ni de clients, assure néanmoins que sa "détermination reste aussi forte que jamais" et qu'elle explore activement des options pour surmonter ce revers. En attendant, elle change de nom pour devenir "Islamic Money", car sans licence bancaire, elle ne peut plus utiliser le terme "bank".

Sur le papier, le projet avait tout pour séduire. L'Australie compte plus de 800 000

musulmans, soit plus de 3% de la population, avec une croissance annuelle de 15% depuis les années 1990 selon la National Australia Bank. Une communauté jeune, avec 82% de moins de 45 ans et près de la moitié de moins de 24 ans d'après un rapport du "State of the Global Islamic Economy". Et disposant d'un certain pouvoir d'achat, puisque 37% de ses membres gagnent entre 1 299 et 2 999 dollars australiens par semaine. Autant de clients potentiels pour une offre bancaire respectant l'interdiction islamique du riba (intérêts /usure) et des investissements dans des activités jugées immorales (alcool, jeux d'argent, armement, tabac, pornographie, porc...). Certaines estimations évoquaient ainsi un marché de 250 milliards de dollars pour la finance islamique en Australie.

Des chiffres à prendre avec précaution comme le soulignait il y a quelques années Asad Ansari, directeur d'Amanah Finance : "La communauté musulmane n'est pas un monolithe, elle a des opinions, des origines et des profils socioéconomiques variés. Je ne pense pas que 100% des musulmans vont se précipiter vers la finance islamique." De fait, les rares offres conformes à la charia disponibles jusqu'ici, proposées par des acteurs du secteur conventionnel comme la National Australia Bank, restent très marginales.

raison des défis posés par la levée des capitaux nécessaires au maintien de notre licence dans les conditions actuelles exceptionnellement difficiles des marchés", explique son PDG Dean Gillespie. Outre la frilosité des investisseurs, les contraintes réglementaires et fiscales constituent un véritable cassetête. Comme l'expliquait le Dr Imran Lum, directeur de la finance islamique à la National

commerciaux islamiques adossés à des contrats de location. Ce fut le cas en 2023 pour l'entreprise de construction Bodon Homes basée à Melbourne. Elle fut l'une des premières sociétés australiennes à financer l'acquisition de biens immobiliers commerciaux et de terrains via les services de finance islamique pour clientèle professionnelle proposés par la NAB.

« Nous savions depuis le départ qu'il y aurait beaucoup de challenges », affirmait récemment Anthony Wamsteker, le président d'IBA, au média Banking Today. C'est dans ce contexte qu'Islamic Bank Australia avait obtenu en juillet 2022 de l'APRA le statut de Restricted Authorised Deposit-Taking Institution (RADI). Une licence restreinte permettant à la banque de construire progressivement son modèle, avec des dépôts plafonnés à 2 millions de dollars les deux premières années. L'objectif était de tester ses produits (comptes courants, dépôts à terme adossés à des investissements, financement immobilier en copropriété locative...) auprès d'un nombre limité de clients dès 2023, avant un lancement au grand public prévu au plus tôt fin 2024. Hélas, la banque a dû jeter l'éponge prématurément, "en

Nous savions depuis le départ qu'il y aurait beaucoup de challenges.
Anthony Wamsteker, président d'IBA, au média

Banking Today.

Australia Bank, "il faut mener d'intenses négociations pour structurer une offre conforme à la fois aux lois fédérales et régionales et aux principes islamiques". Une gymnastique juridique et financière acrobatique à laquelle s'est risquée la NAB en lançant des financements immobiliers et

L'avenir dira si l'initiative de la NAB fait des émules. En attendant, les partisans de la banque islamique à part entière ne baissent pas les bras. Islamic Bank Australia, rebaptisée Islamic Money, assure que son

"engagement à fournir des services financiers islamiques reste intact" et qu'elle "explore diverses options pour rebondir". Ses malheurs auront au moins eu le mérite de secouer le cocotier et de susciter le débat sur la place de la finance islamique dans le paysage bancaire australien.

Mais pour s'imposer durablement, la finance islamique devra faire la preuve de sa viabilité et de son attractivité dans un environnement économique et réglementaire complexe. Sur le plan financier, elle doit démontrer qu'elle peut générer des rendements compétitifs pour les investisseurs tout en respectant ses principes éthiques. Un défi de taille dans un contexte de taux bas, de volatilité accrue et de pression réglementaire croissante. Sur le plan commercial, elle doit séduire une clientèle exigeante et diverse, en quête de sens mais aussi de performance. Cela passe par une maîtrise des coûts, une génération d’économies d’échelle, une innovation constante dans des produits et services transparents et digitalisés, capables de répondre aux besoins spécifiques des entrepreneurs, des familles et des particuliers musulmans, sans exclure pour autant le reste de la population. Un véritable numéro d'équilibriste qui nécessite une grande agilité et

une vision à long terme, dans un secteur bancaire australien caractérisé par une forte concentration autour de quelques banques (les Big Four") détenant à elles seules 66% des actifs du secteur.

Dès lors, le développement de la finance islamique en Australie apparaît comme un chantier de long terme, qui ne se fera pas sans heurts ni revers. Il implique de réconcilier des impératifs de rentabilité, de régulation et de respect des croyances. Il suppose aussi de mener un travail de pédagogie auprès d'une communauté musulmane diverse, en quête de repères dans une société sécularisée. Un défi aussi stimulant que nécessaire pour une nation qui se veut une mosaïque harmonieuse de peuples et de cultures.

Comme le résume un analyste, "la route est encore longue et semée d'embûches, mais chaque pas, même timide, est un pas dans la bonne direction". Le rêve brisé de voir la première banque islamique du pays en 2024 n’est finalement qu'un épisode d'une histoire qui ne fait que commencer. Une histoire qui ne sera pas un long fleuve tranquille, mais qui mérite d'être écrite, avec réalisme, patience et détermination.

Comme vous le savez, l’IFSB est un organisme international de normalisation qui a pour mandat de promouvoir et d’améliorer la solidité et la stabilité des services financiers islamiques sur le plan international. Cet organisme compte actuellement 191 membres issus de 58 juridictions, dont 82 membres représentant des autorités de régulation et de surveillances; 10 organisations intergouvernementales et 99 acteurs de marché, dont des institutions financières, des cabinets professionnels internationaux, les marchés de capitaux, etc. Le F.M.I, la Banque Mondiale, la Banque des Règlements Internationaux, la B.I.D sont également membres de cette institution. Vous comprendrez donc que c’est un grand honneur pour la Banque Centrale de Djibouti et pour moi d’accéder à la présidence tournante de cette importante institution et qui consacre les efforts déployés par notre pays pour le développement de la finance islamique. C’est une grande responsabilité et des défis nouveaux auxquels nous nous attèlerons en ne ménageant aucun de nos efforts durant notre mandat.

Sous notre présidence, se tiendront le 44ème Conseil d’administration et la 22ème Assemblée Générale de l’IFSB, les 1er et 02 juillet prochains à Djibouti.

L’organisation de cet évènement constitue une opportunité formidable pour promouvoir l’image du pays à l’international, comme une destination des investissements en provenance de l’industrie financière islamique, un lieu propice à tous les types d’investissements d’ailleurs, connu pour sa stabilité et son ouverture sur le monde offrant un accès privilégié et sûr pour toucher l’hinterland africain en grande partie encore vierge. Il s’agit d’un évènement important que tous les pays membres ont hâte à accueillir pour pouvoir bénéficier d’une prestigieuse plateforme de communication et de promotion.

J’aimerais avant d’aller plus loin sur cette question apporter une petite précision quant à votre propos qui m’attribue l’entière paternité des progrès enregistrés en matière de finance islamique. En premier lieu, il convient de souligner que la promotion de la finance islamique à Djibouti s’inscrivait dans un cadre plus large de réformes initiées au début des années 2000 pour développer notre secteur financier. Ce vaste chantier a été pensé et lancé par notre défunt Gouverneur, Feu Djama Mahamoud Haid décédé en janvier 2013, Paix à son âme. Véritable visionnaire et leader que j’ai eu l’honneur de seconder durant tout son mandat, il a été l’architecte du développement de notre secteur financier. Nous avons repris le flambeau et avons continué sur la même trajectoire et vision stratégique. Pour revenir à votre question, notre pays présente de nombreux atouts et de réelles opportunités pour avoir misé sur la promotion du secteur financier dans sa stratégie de développement. Aussi, composé d’une population majoritairement musulmane, il était donc tout naturel d’orienter également les efforts menés dans le domaine de la finance islamique. Ainsi, avec le soutien de nos partenaires au développement, notamment le Groupe de la BID, nous nous sommes progressivement dotés du cadre juridique nécessaire, en phase avec les standards internationaux et les normes de l’IFSB, en particulier. La première Loi portant réglementation des banques islamiques fut adoptée en 2011, suivie du cadre réglementaire de l’assurance islamique (Takaful) en 2012. Ce processus s’est vu complété en 2016 par la mise sur pied d’un Comité National de la Charia pour encadrer les activités bancaires islamiques. Dans le même temps, d’importants efforts ont été engagés et toujours poursuivis dans le renforcement des capacités de supervision de la Banque Centrale et en direction des salariés des banques islamiques de la place.

Il convient, avant tout, de souligner que la finance islamique demeure encore relativement jeune à Djibouti, où le premier établissement bancaire à caractère islamique ne s’est établi qu’en 2006, après une courte expérience dans les années 90, alors que les banques classiques sont présentes sur notre territoire depuis 1908.

L’arrivée des institutions financières islamiques dans le paysage bancaire a permis d’accroître la concurrence dans le marché et de diversifier l’offre des produits et services bancaires et, par voie de conséquence, de faire baisser les coûts des conditions bancaires.

De plus, avec une part de marché sans cesse grandissante et des produits novateurs, les banques islamiques ont su attirer une clientèle plus large et améliorer les indicateurs de l’inclusion financière.

Ainsi, les performances que vous indiquez démontrent bien le fort potentiel de la finance

islamique à Djibouti et nous confortent dans nos choix stratégiques.

Faisant échos au parcours réalisé par notre place financière, Djibouti s’est vu distingué à trois reprises par la finance islamique internationale : une première fois par le GIFA Award décerné à notre Président de la République, Son Excellence M. Ismail Omar Guelleh pour son engagement et soutien à la promotion de la finance islamique en 2017, une deuxième fois en 2018 pour le titre de Banquier de l’année à mon endroit et, la troisième fois, en élisant domicile à Djibouti la cérémonie des GIFA Awards en 2022, où le prix de l’année a été attribué à son Excellence Docteur Aby Ahmed, Premier Ministre éthiopien. Au cours de cet évènement, Djibouti et toute la Corne de l’Afrique, étaient l’hôte de la finance islamique internationale, leur conférant une reconnaissance internationale.

Les banques islamiques, actuellement au nombre de trois sur treize en activité, sont très dynamiques et enregistrent de solides performances. En termes de poids, ces dernières (les banques islamiques exerçant à Djibouti) représentent aujourd’hui 24,1% de l’actif bancaire total, contre seulement 1,2% en 2006. Les dépôts collectés par ces banques, en progression annuelle de 20%,

représentent actuellement 23,6% de l’ensemble des dépôts du système bancaire, tandis que le volume des crédits octroyés par ces banques se situe en proportion à 23% du total des engagements bancaires.

Dans le même temps, les banques islamiques participent activement à l’amélioration de l’offre de services bancaires, détenant à elles seules 44% du nombre d’agences bancaires, 42% du nombre de comptes bancaires et 47% du nombre de distributeurs automatiques de billets. Ces banques s’illustrent également dans le domaine de la digitalisation des services financiers. L’une des banques islamiques de la place a même étendu ses activités au niveau régional, en s’implantant au Kenya et en Ouganda.

Ces bons résultats et leurs perspectives aiguisent l’appétit des banques conventionnelles, dont certaines envisagent l’ouverture de guichets islamiques en leur sein.

Effectivement, les orientations que vous avez décrites et bien d’autres figurent dans notre feuille de route pour développer la finance islamique. Certaines ont bien avancé, telles que la diversification géographique ou encore l’assurance islamique (Takaful). L’élargissement de la gamme des produits financiers va nécessairement de pair avec le renforcement des capacités et des compétences techniques. Dans ce domaine, nous projetons de mettre sur pied un centre dédié à la formation du personnel de la finance islamique et à la recherche, réunissant des professionnels et des chercheurs issus du milieu universitaire.

Enfin, l’élaboration d’un cadre réglementaire complet relatif aux Sukuks constitue une étape majeure dans la promotion de la finance islamique. Nous comptons faire aboutir ce projet, sous peu, avec l’appui de nos partenaires et, envisager par la suite le déploiement des activités de marché des capitaux islamiques.

et les instruments financiers que vous citez dans l’industrie bancaire par le strict respect des préceptes édictés par la Charia.

C’est la vocation du ministère des affaires musulmanes et des biens Waqf d’organiser et de gérer les produits de la Zakat et le Waqf à travers des structures spécialisées. A cela s’ajoute le magistère moral et technique du Comité National de la Charia, qui veille à la validité des produits financiers en communion avec les autorités monétaires et la profession bancaire.

Djibouti est un pays musulman, de type républicain où l’islam est consacré comme religion de l’Etat par la constitution. L’ordre institutionnel et juridique reconnaît et consacre les deux types de règles de manière harmonieuse : le droit de la famille et des successions est du ressort du droit musulman et le reste du droit positif. La politique des autorités monétaires est d’intégrer les techniques

Dans ce contexte et, compte tenu de la structure économique du pays, composée de petites et moyennes entreprises, ainsi que d'un secteur informel très important, les outils financiers islamiques tels que la Zakat, le Waqf, le MicroTakaful, etc., apparaissent comme une alternative pour financer l'économie sociale, coopérative et artisanale. Cela constitue un excellent moyen pour stimuler l'inclusion sociale et financière à Djibouti.

La promotion et le développement de l’activité financière islamique nécessite, par ailleurs, d’importants programmes de formations et de renforcement de capacités, aussi bien au niveau des établissements financiers que des autorités de régulation et de contrôle.

Au-delà de la finance islamique, notre ambition est d’ériger Djibouti en hub financier à rayonnement international, capable d’offrir la gamme la plus étendue d’activités, de produits et de services financiers, de manière compétitive et viable.

Pour y parvenir, notre pays dispose d’atouts solides et d’un certain nombre d’avantages concurrentiels, avec, entre autres, :

i) un système monétaire stable en vigueur depuis 1949,

ii) un cadre macroéconomique performant,

iii) un environnement général des affaires particulièrement incitatif,

iv) des infrastructures de communication des plus performantes en Afrique,

v) un système économique libéral garantissant une liberté totale de mouvement des capitaux et l’absence de contrôle de change,

vi) un cadre fiscal incitatif consacrant l’exonération des produits financiers et des investissements productifs, etc.

Ces atouts essentiels ont permis de bâtir une solide réputation à la place financière djiboutienne, où les opérateurs de la sous-région

viennent domicilier leurs opérations et loger leurs avoirs.

Aussi, Djibouti, terre d’Islam et carrefour commercial entre l’Afrique et l’Asie, se pose tout naturellement comme la place indiquée pour l’épanouissement de la finance islamique en Afrique.

En effet, la BID, disposant de larges ressources matérielles et techniques, est notre partenaire privilégié, auprès duquel nous formons notre personnel bancaire islamique et puisons pour bâtir notre dispositif réglementaire.

C’est aussi avec la BID que nous expérimentons la microfinance islamique à travers une première enveloppe fournie pour la microfinance publique (CPEC) qui a donné des résultats encourageants. Depuis un an, une seconde enveloppe a été introduite par la BID pour inciter les banques islamiques privées à initier la microfinance islamique en direction des secteurs sociaux faiblement couverts par les services financiers notamment dans les milieux ruraux et sociaux à faible revenu. Le concours de la BID est donc multiforme (appui technique et financier) qui nous apporte des réponses concrètes et adaptées quant à nos besoins en matière de développement. Notre pays entretient d’excellentes relations avec la BID qui vont, je l’espère, encore se renforcer et perdurer.

L’apparition des Fintech constitue à la fois une opportunité pour accélérer l’inclusion financière et un défi pour adapter le cadre de régulation. La position de la Banque Centrale de Djibouti

...nous visons à catalyser l'innovation technologique par l’intégration des technologies de pointe telles que l'intelligence artificielle et les projets agiles, dans l’optique de transformer notre écosystème financier.

L’apparition des Fintech constitue à la fois une opportunité pour accélérer l’inclusion financière et un défi pour adapter le cadre de régulation. La position de la Banque Centrale de Djibouti est d’encourager les initiatives des Fintech par un accompagnement judicieux à travers des normes spécialement élaborées pour identifier et endiguer les risques liés à l’introduction de ces nouvelles activités. Chaque initiative est soumise à une étude préalable des risques et autorisée par la suite de manière prudente et progressive. Nous mettons sans cesse nos directives réglementaires à jour pour encadrer et orienter le développement des Fintech en conciliant impérativement la nécessité de s’appuyer sur les techniques proposées par les Fintech tout en édictant des solutions de gestion des risques inhérents à ces nouvelles pratiques.

A cet effet, il est cruciale de mettre en œuvre les réformes idoines pour doter le pays des instruments juridiques et réglementaires appropriés, assainir l’environnement des affaires afin d’ouvrir l’économie aux opérateurs institutionnels et attirer les investisseurs. La promotion et le développement de l’activité financière islamique nécessite, par ailleurs, d’importants programmes de formations et de renforcement de capacités, aussi bien au niveau des établissements financiers que des autorités de régulation et de contrôle.

Le tout avec un ancrage solide des prérogatives de la Banque Centrale au sein du paysage institutionnel où toutes les parties prenantes, privées comme publiques, s’engagent de manière responsable pour réaliser les objectifs fixés.

Une fois ces conditions réunies, il n’y a plus qu’à laisser le marché faire le reste.

Il y a probablement une multitude d’approches pour développer le secteur bancaire dans un pays. Si je me réfère à notre expérience qui a donné des résultats tangibles, je pense qu’il s’agit de concilier deux nécessités : correspondre le plus possible aux besoins du marché local tout en adoptant les règles internationales les plus strictes en matière de transparence des circuits financiers, de protection de la propriété privée et de vie privée.

Le principal défi auquel la Banque Centrale doit faire face est la maîtrise du développement du secteur financier qui, depuis deux décennies, connait une véritable expansion. La réponse que nous devons apporter est d’allouer des ressources adéquates et d’adopter les meilleurs standards internationaux pour garantir la

fiabilité du circuit financier afin de réaliser tous types de services, des plus simples aux plus complexes. A ce titre, nous avons souscrit à l’évaluation mutuelle de notre dispositif financier et institutionnel par le Gafi (…) et nous procédons actuellement à la mise à niveau du cadre financier national pour l’ériger au premier plan régional et international.

J’aimerais, tout d’abord, dire à leur endroit que la finance islamique a un très bel avenir, tant les perspectives et les opportunités sont nombreuses et variées. Cette industrie est encore à ses débuts en Afrique et a faiblement investi le reste du monde, ce qui augure d’un formidable potentiel de croissance au cours des années à venir. Dans cette perspective, il importe au plus haut point de pallier à l’insuffisance de compétences et d’expertises qui demeure un frein à l’expansion de la finance islamique.

Aussi, j’exhorte les jeunes à se lancer dans cette voie et de s’y former et j’invite les opérateurs et les institutions financières internationales à s’intéresser davantage au continent africain qui présente d’énormes opportunités d’affaires et de potentialités de croissance.

La seconde édition du Djibouti FinTech Forum est une occasion exceptionnelle pour notre pays de se positionner à l'avant-garde de l'innovation financière. Cette année, nous visons à catalyser l'innovation technologique par l’intégration des technologies de pointe telles que l'intelligence artificielle et les projets agiles, dans l’optique de transformer notre écosystème financier. Ces innovations permettront de créer des solutions financières plus rapides, plus sécurisées et plus accessibles. Nous voulons aussi soutenir une communauté dynamique et bâtir un réseau solide d'acteurs publics et privés pour développer une infrastructure financière inclusive. Cela renforcera notre écosystème local et facilitera le développement socio-économique. En nouant une collaboration stratégique avec le CTID, nous voulons faire de ce Djibouti Fintech Forum un lieu d'échange connu et reconnu entre spécialistes, praticiens et utilisateurs de la Fintech pour discuter des opportunités et des défis, améliorer la réglementation et établir des partenariats durables. Enfin lors de cette seconde édition, nous dévoilerons le tout premier rapport de cartographie des acteurs de la fintech à Djibouti élaboré par le CTID. Ce rapport sera essentiel pour structurer notre écosystème et identifier les opportunités de croissance.

S.E. Ahmed Osman Ali, Gouverneur de la Banque Centrale de Djibouti (BCD) et Président du Conseil de l'IFSB pour 2024

à la présidence de l'IFSB à partir du 1er janvier 2025.

La 44e réunion du Conseil et la 22e Assemblée générale ont été le théâtre de décisions cruciales pour l'avenir de l'organisation. Sous la présidence de S.E. Ahmed Osman Ali, Gouverneur de la Banque Centrale de Djibouti (BCD) et Président du Conseil de l'IFSB pour 2024, l'assemblée a adopté plusieurs résolutions d'envergure : 1. Renouvellement du Comité technique: Le Conseil a approuvé les nominations pour le nouveau mandat du Comité technique de l'IFSB, couvrant la période de juillet 2024 à juin 2027. Ce comité joue un rôle crucial dans l'élaboration des normes prudentielles et de supervision du secteur.

2. Élargissement de la base des membres: L'admission de Bank Syariah Indonesia en tant que membre observateur a été validée, portant le nombre total de membres de l'IFSB à 188, répartis dans 58 pays.

3. Nouvelle présidence pour 2025: S.E. Abdellatif Jouahri, Gouverneur de Bank Al-Maghrib (Maroc), a été désigné pour succéder à S.E. Ahmed Osman

Le choix de Djibouti comme hôte de ces réunions annuelles n'est pas anodin. S.E. Ahmed Osman Ali a souligné les progrès significatifs réalisés par le pays dans le développement de la finance islamique dans son pays : « En termes de poids, les banques islamiques représentent aujourd’hui 24,1% de l’actif bancaire total, contre seulement 1,2% en 2006. Les dépôts collectés par ces banques, en progression annuelle de 20%, représentent actuellement 23,6% de l’ensemble des dépôts du système bancaire, tandis que le volume des crédits octroyés par ces banques se situe en proportion à 23% du total des engagements bancaires. »

Dans le même temps, les banques islamiques participent activement à l’amélioration de l’offre de services bancaires, détenant à elles seules 44% du nombre d’agences bancaires, 42% du nombre de comptes bancaires et 47% du nombre de distributeurs

automatiques de billets. Ces banques s’illustrent également dans le domaine de la digitalisation des services financiers. L’une des banques islamiques de la place a même étendu ses activités au niveau régional, en s’implantant au Kenya et en Ouganda. Ces bons résultats et leurs perspectives aiguisent l’appétit des banques conventionnelles, dont certaines envisagent l’ouverture de guichets islamiques en leur sein. »

En marge des réunions officielles, l'IFSB a organisé des événements parallèles le 1er juillet, mettant en lumière les progrès et les opportunités de la finance islamique en Afrique de l'Est : 1. 16e Conférence publique de l'IFSB: Deux conférences majeures ont été données : - Dr. Slim Feriani, PDG du Fonds Souverain de Djibouti, a abordé le rôle croissant des institutions financières non bancaires islamiques dans le financement du développement.

Ali

- M. Ripert E. H. Bossoukpe, Secrétaire Général de l'AMFUMOA, a exploré le potentiel de la finance sociale islamique pour le développement durable en Afrique.

2. Audience publique sur un projet de note technique : Une session hybride a été organisée pour recueillir des retours sur le projet d'exposé-sondage de la sixième note technique (ED-TN6) concernant les outils macroprudentiels pour les institutions offrant des services financiers islamiques.

3. Ateliers de renforcement des capacités : Deux événements simultanés ont attiré plus de 200 participants de plus de 25 pays, couvrant la gestion des risques et la gouvernance Shariah pour les institutions financières islamiques.

continent africain : « La région a réalisé des progrès significatifs dans l'avancement de ses services financiers islamiques grâce à des améliorations réglementaires et au développement de cadres guidés par des normes internationales, notamment celles de l'IFSB », a-til souligné. « La finance islamique pourrait jouer un rôle important dans la mobilisation de fonds pour le développement des infrastructures en Afrique, essentiel à la création d'emplois et à l'amélioration des moyens de subsistance sur l'ensemble du continent. »

et durable dans le paysage financier mondial. L'engagement renouvelé de l'IFSB envers l'innovation, la stabilité financière et l'inclusion économique promet de façonner l'avenir de la finance islamique, non seulement en Afrique, mais dans le monde entier. Alors que le rideau tombe sur cet événement historique à Djibouti, le secteur de la finance islamique se tourne vers l'avenir avec optimisme et détermination.

Dr. Ghiath Shabsigh, Secrétaire Général de l'IFSB, a mis en exergue le rôle crucial de la finance islamique dans le développement économique du

Alors que le Plan de performance stratégique 2022-2024 de l'IFSB touche à sa fin, ces réunions annuelles de 2024 ont jeté les bases des nouvelles orientations et transformations que l'IFSB poursuivra en 2025 et au-delà. Les décisions prises à Djibouti devraient se traduire par des actions concrètes dans les mois à venir, renforçant ainsi la position de la finance islamique comme une alternative crédible, éthique

Dr. Ghiath Shabsigh, Secrétaire Général de l'IFSB

Djibouti a accueilli en 2006 sa première banque islamique, Saba Islamic Bank. Cet évènement a marqué un tournant décisif dans le secteur bancaire djiboutien Depuis, le secteur a pris son envol, porté par un cadre réglementaire adapté et une forte demande de la population Cet article propose une radiographie complète de cette industrie en plein essor, en analysant les principaux indicateurs monétaires et les indicateurs de solidité financier (ISF) sur la période 20152024 Après avoir planté le décor macroéconomique et réglementaire, nous passerons au crible les grands agrégats d'activité, les ratios prudentiels et les indicateurs d'inclusion financière, avant d'esquisser les perspectives de développement du secteur

L'économie djiboutienne a affiché une croissance robuste ces dernières années, avec un PIB réel en hausse de 7,1% en 2023 et une projection de 7,5% pour 2024, tirée notamment par le dynamisme des activités portuaires, du commerce (+7%), de l’énergie (9%) et de la construction (+12%) Dans le même temps, l'inflation est restée maîtrisée autour de 2,2%, à l'exception d'un pic temporaire à 3,6% en 2022

Cette toile de fond favorable a stimulé le développement du secteur financier, qui compte désormais 13 banques commerciales (dont 3 banques islamiques et 2 banques conventionnelles avec fenêtre islamique), 3 institutions de microfinance, 2 assurances Takaful et 2 institutions financières spécialisées, sous la supervision de la Banque Centrale de Djibouti.

La réglementation de la finance islamique a connu des avancées majeures, avec l'adoption de deux lois cadres en 2011 (loi n°116/AN/11/6ième L sur les banques

islamiques et loi bancaire n°119/AN/11/6ième L), complétées par sept instructions et décrets d'application. Ce corpus impose aux banques islamiques les mêmes règles prudentielles que les banques conventionnelles, tout en garantissant le respect des principes de la charia et la présence de comités dédiés Des dispositions similaires ont été prises pour les assurances Takaful avec la loi 161/AN/12/6eme L et le décret d’application (2014-280/PR/MEF). La BCD assure une supervision rapprochée, avec des reportings périodiques, des contrôles sur pièce et sur place, et un contrôle de conformité à la charia effectué par le Comité national de la charia

Figure 1: Graphique – Évolution du PIB et de l’inflation 2020-2024
Source: Banque Centrale de Djibouti

Ces conditions propices ont permis un décollage rapide de l'activité Côté emplois, les banques islamiques ont vu leurs actifs bondir de 182% entre 2015 et 2024, de 57,6 à 162,4 milliards FDJ (Figure 2) Cette envolée a été tirée par les financements à la clientèle (+362% à 52,3 milliards FDJ en 2024), qui représentent désormais 32% du total bilan, devant les opérations de trésorerie et interbancaires.

Ces financements utilisent une palette de contrats Sharia-compatibles (Mourabaha,

des banques islamiques (en millions FDJ)

Istisna, Mudaraba...) et dans une moindre mesure le Salam, la musharaka et l’Ijara Ces produits ciblent principalement le secteur privé (29,445 milliards FDJ) et les particuliers (22,544 milliards). Au premier trimestre 2024, les financements des banques islamiques sont orientés vers le :

• secteur du bâtiment et des travaux publics (18 710 millions de DJF),

• du commerce ( 17 540 millions de DJF)

• des transports (4.600 millions FDJ ). Leur part dans le total des crédits bancaires est passée de 13% en 2015 à 25% en 2024, illustrant leur montée en puissance (Figure 3)

Figure 2: Analyse de la performance des banques islamiques: Evolution des emplois entre 2015-2024

Source: Banque Centrale de Djibouti

3: Part des crédits bancaires octroyés par les banques islamiques 2013-2024

Source: Banque Centrale de Djibouti

Figure

Côté ressources, la collecte auprès de la clientèle a suivi le même rythme effréné, s'envolant de 216% à 117 milliards FDJ sur la période (Figure 4) Elle repose à 88% sur les comptes courants et seulement 12% sur les comptes d'investissement participatifs, signe

du potentiel de diversification des passifs Les dépôts des banques islamiques captent désormais 24,9% de l'épargne nationale, contre 15% en 2015, grignotant des parts de marché aux banques conventionnelles (Figure 5).

Figure 4: Analyse de la performance des banques islamiques: Evolution des ressources entre 2015-2024

Source: Banque Centrale de Djibouti

Figure 5: Part en % des dépôts reçus par les banques islamiques 2015-2024

Source: Banque Centrale de Djibouti

Cette expansion s'est faite de façon maîtrisée, comme en attestent les indicateurs de solidité financière. Avec un ratio de solvabilité de 13,8% en 2023, contre environ 15% pour les banques conventionnelles, les banques

islamiques respectent avec une marge confortable le minimum réglementaire de 12% (Figure 6). Elles affichent aussi une meilleure qualité d'actifs, avec seulement 1,2% de prêts non performants contre 4,5% pour leurs consœurs (Figure 7)

Figure 6: Ratios de solvabilité

Source: Banque Centrale de Djibouti

Figure 7: Taux des créances douteuses

Cette résilience leur permet de dégager une rentabilité élevée : le ROA et le ROE s'établissent respectivement à 5,2% et 73% sur la période 2019-2023, loin devant les ratios des banques classiques (1,9% et 25%) (Figures 8 et 9) Ces performances de haut niveau

Source: Banque Centrale de Djibouti

reflètent la jeunesse du secteur, qui bénéficie d'un effet de levier important et de coûts du risque réduits. Leur pérennité suppose de poursuivre les efforts en matière de gestion des risques et d'appariement actif-passif

8:

Source: Banque Centrale de Djibouti

9: Rentabilité des fonds propres (ROE)

Source: Banque Centrale de Djibouti

Au-delà de leur rentabilité intrinsèque, les banques islamiques jouent un rôle croissant dans la démocratisation de l'accès aux services bancaires Bien que ne représentant que 3 établissements sur 13, elles totalisent déjà 47% des guichets automatiques du pays (Figure 10) Elles ont aussi enregistré une progression rapide du nombre de comptes ces dernières années passant de 24689 comptes en 2015 à 87595 en 2023 (Figure 11)

Figure
Rentabilité des actifs (ROA)
Figure

Cette montée en puissance est de bon augure pour l'inclusion financière, dans un pays où le taux de bancarisation reste inférieur à 30%. Les principes de partage des pertes et profits et d'adossement à l'économie réelle propres à

la finance islamique constituent des atouts pour attirer une population en quête de sens et de proximité. Des offres combinant éthique et digital pourraient accélérer la conquête de nouveaux clients

Figure 10: Accès aux services bancaires
Source: Banque Centrale de Djibouti
Figure 11: Nombre de comptes bancaires 2015-2023
Source: Banque Centrale de Djibouti

Si l'essor de la finance islamique djiboutienne est riche de promesses, plusieurs défis restent à relever pour lui permettre de libérer tout son potentiel Sur le plan réglementaire, il convient de finaliser la transposition des standards émis par les organismes de référence (IFSB, AAOIFI) en matière de fonds propres, de gestion des risques, de gouvernance, de transparence et de comptabilité. Un cadre spécifique aux PSIFIs devra aussi être développé

Les banques islamiques devront parallèlement renforcer leurs dispositifs de conformité charia, via la formation des équipes, la standardisation des contrats, la traçabilité des opérations et le contrôle expost. Elles gagneront aussi à diversifier leur offre commerciale, en proposant davantage de produits d'épargne et d'investissement, voire de microfinance.

Au terme de cette analyse, la finance islamique djiboutienne apparaît comme une industrie en pleine effervescence, qui a su dépasser le stade de niche pour s'affirmer comme un segment à fort potentiel. Ses performances remarquables en termes d'activité, de solidité et d'inclusion témoignent de la pertinence de son modèle dans le contexte local Pour autant, le secteur n'en est qu'aux prémices de son développement. Son changement d'échelle suppose de relever plusieurs défis, qu'ils soient réglementaires, opérationnels ou infrastructurels Cela implique une mobilisation coordonnée de toutes les parties prenantes, afin de créer les conditions d'une croissance pérenne et responsable.

C'est à ce prix que la finance islamique djiboutienne pourra pleinement contribuer au financement de l'économie, à la stabilité du système financier et à l'inclusion sociale Il s'agit d'un enjeu crucial pour l'avenir du pays, qui appelle une vision stratégique de long terme et une volonté politique au plus haut niveau Les prochaines années seront décisives pour concrétiser cette ambition et faire de Djibouti un modèle de développement de la finance islamique en Afrique

Sur le plan des infrastructures de marché, plusieurs chantiers prioritaires se dessinent : création d'un marché de Sukuk pour drainer l'épargne longue, mise en place d'un fonds de garantie des dépôts compatible à la charia, développement de juridictions spécialisées pour le règlement des différends. La conduite de ces réformes nécessitera une coordination efficace entre régulateur, opérateurs et universitaires. …lafinanceislamiquedjiboutienneapparaîtcomme uneindustrieenpleineeffervescence,quiasu dépasserlestadedenichepours'affirmercommeun segmentàfortpotentiel.Sesperformances remarquablesentermesd'activité,desoliditéet d'inclusiontémoignentdelapertinencedesonmodèle danslecontextelocal.

Stratégie

Business Development

Market Intelligence

Organisation

Ingénierie Financière

Finance Islamique

Financement de Projets

Gestion des Projets

Technologies Financières

Systèmes d'information

Data Analytics

Développement de Produits

Tout d’abord, je considère que la Banque Saba a été le principal contributeur à la rupture du monopole bancaire depuis sa création en tant que filiale de la SABA ISLAMIC BANK en 2006. Étant la première banque islamique à Djibouti, elle a été le point de départ d'une croissance des banques islamiques et a favorisé le développement des législations et des pratiques bancaires islamiques. La banque a un impact sur tous les secteurs économiques et de développement. Parmi ses nombreuses initiatives, les plus récentes sont le développement et le lancement des services bancaires numériques pour les particuliers et les entreprises en 2023 et 2024, visant à promouvoir l'inclusion financière et la numérisation bancaire. L'un des projets majeurs lancés en 2024 est le projet résidentiel Nagad pour les familles à revenus faibles et moyens. De plus, plusieurs produits ont été lancés pour favoriser l'inclusion financière et l'économie verte, y compris un produit spécifique pour le financement des petites entreprises dans le secteur de la production agricole.

En réalité, la banque a remporté plusieurs prix au cours des années 2021, 2022 et 2023. . Ces prix sont liés à l'excellence dans les services de financement aux particuliers, l'excellence dans le financement commercial, ainsi que l'excellence dans les services électroniques et numériques. Quant au prix GIFA, il s'agit du prix mondial de la finance islamique, considéré comme une marque prestigieuse d'excellence dans le domaine de la banque islamique. Ce prix est décerné chaque année et met en lumière les contributions exceptionnelles à l'échelle mondiale, regroupant des lauréats de diverses régions du monde, en Afrique, en Europe, en Amérique et en Asie. La banque l'a remporté dans la douzième édition de cette cérémonie de remises des prix pour son excellence dans le domaine du financement du commerce international. Il est indéniable que le comité de sélection, composé d'experts et de critères spécifiques, a choisi la Saba African Bank sur la base d'une étude approfondie et d'une

analyse incluant les domaines de la diversité des financements, le volume des financements sur une période donnée, la diversité des secteurs financés par la banque, le succès des projets commerciaux financés par la banque, ainsi que la capacité de la banque à se conformer aux normes internationales et à diverses données statistiques sur lesquelles le comité de sélection s'appuie.

La banque a participé à la conférence sur l'investissement rapide dans l'énergie renouvelable en Éthiopie et en Tanzanie, qui s'est tenue en avril 2023 dans la capitale, AddisAbeba. Cette participation de la banque découle de son souci et de son intérêt à soutenir les projets de développement durable et à réaliser sa vision ambitieuse de renforcer le leadership en Afrique. Le succès de la Saba African Bank dans la création de cités modèles à Djibouti, telles que la Cité Saba à Doraleh et le projet de la Cité Saba à Nagad en cours de construction, a renforcé la position de la banque dans ce secteur. C'est un domaine d'intérêt et un besoin de

développement réel, non seulement à Djibouti mais aussi dans les pays de la corne de l'Afrique en général. Nous aspirons à mener ces expériences dans les pays de la région de la corne de l'Afrique afin de promouvoir la création des villes résidentielles basées sur des normes durables et de stimuler l'économie verte, en accord avec les recommandations des Nations unies. Nous avons également un grand intérêt à tirer parti des opportunités d'investissement dans l'énergie, les infrastructures routières et les projets industriels transformateurs dans les pays de la corne de l'Afrique, qui ont encore un besoin crucial de ces projets. Ces pays ont également de grandes opportunités de transition vers les énergies propres, avec des sites géographiques qui les qualifient grandement pour bénéficier de l'énergie solaire, thermique, éolienne et hydraulique. Nous travaillons actuellement à collecter des informations et nous disposons d'une équipe spécialisée pour préparer des études afin d'obtenir des informations et des données adéquates qui nous permettront de prendre des décisions appropriées pour entrer dans des partenariats de financement réussis. Il existe de fortes indications positives dans ce domaine.

Il ne fait aucun doute que la pandémie de COVID-19 a eu des répercussions négatives sur l'économie mondiale, l'économie locale et le secteur bancaire. Cependant, elle a été un catalyseur majeur pour nous dans l'innovation de moyens et de solutions pour faire face à ces effets. Au sein de la Saba African Bank, nous considérons avoir redoublé d'efforts pour nous orienter vers des solutions numériques et des produits électroniques pendant la période de COVID-19. Nous avons lancé une gamme de services dans l'application Saba Mobile, permettant à nos clients d'effectuer diverses transactions bancaires via l'application sans avoir besoin de se rendre en agence. Certains de ces services ont contribué à réduire le temps de traitement des transactions et donc le temps de présence du

client en agence. D'autre part, notre gestion de cette période nous a valu une expérience de premier plan dans la formation des équipes de travail en temps de crise et leur gestion de manière professionnelle, assurant la continuité des services et la satisfaction des besoins des clients avec facilité et efficacité.

Effectivement, Djibouti déploie des efforts extraordinaires pour

devenir un centre de finance islamique, comme en témoignent clairement les tenues fréquentes des sommets régionaux des banques islamiques, ainsi que le soutien continu du président de la République, M. Ismaïl Omar Guelleh. À cet égard, M. Ismaïl Omar Guelleh, président de la République de Djibouti, s'est vu décerner le Prix mondial de la finance islamique 2017 lors d'une cérémonie tenue au Kazakhstan en reconnaissance de ses efforts dans ce domaine. De plus, les investissements consentis par Djibouti dans les chemins de fer, l'énergie, les routes, les communications, ainsi que dans la législation, constituent une course contre la montre pour préparer l'infrastructure et le cadre législatif qui joueront un rôle crucial dans la réalisation de cette orientation. Nous renforçons également les efforts du gouvernement et nous nous accordons avec lui pour ancrer les principes juridiques de la banque islamique en organisant des conférences et des séminaires conjoints. Nous avons des initiatives avec des organismes gouvernementaux officiels pour établir des partenariats conformes aux principes de la charia et pour renforcer et activer le financement islamique de microentreprises. La diversité de nos produits et services financiers basés sur les principes de la charia islamique, qui favorisent l'inclusion financière et englobent toutes les strates de la société, contribue à renforcer l'établissement de la banque islamique à Djibouti, qui sera une pratique réelle à travers laquelle Djibouti exercera pleinement son rôle régional avec puissance et succès.

La Banque centrale de Djibouti déploie d'énormes efforts dans ce domaine en publiant des bulletins et des circulaires standardisés et réglementés pour les opérations bancaires. Cependant, le travail dans ce domaine nécessite encore plus d'efforts, surtout avec les changements continus dans le cadre réglementaire mondial, supervisé par des institutions internationales, financières et des organisations professionnelles mondiales. Les mesures prises par la Banque centrale au cours des dernières années ont été rapides et fructueuses, mais nécessitent encore plus d'efforts.

Chez la Saba African Bank, conscients de l'importance de renforcer le cadre réglementaire, nous avons organisé en début d'année 2024 un symposium intitulé « Les fondements et les lois régissant la banque islamique ». Nous avons accueilli l'un des plus grands érudits contemporains en jurisprudence islamique, le Dr Fadel Mourad, ainsi qu'une délégation comprenant des membres de l'Autorité de surveillance islamique des banques à Djibouti, ainsi que les membres de l'Autorité de contrôle islamique de la Banque centrale de Djibouti et de

l'Autorité de contrôle islamique de la Banque du Somaliland. Tout cela témoigne de l'engagement de la banque à unifier les visions et à échanger des idées dans ce domaine.

Il est évident que la position stratégique de Djibouti sur la mer Rouge et le détroit de Bab el-Mandeb, en plus de sa stabilité sécuritaire et économique, la prédispose à devenir le principal centre logistique de la région. Djibouti a renforcé cette orientation à travers les investissements lancés dans les domaines ferroviaire, routier, énergétique, ainsi que dans l'infrastructure portuaire, la création de zones franches et les facilités offertes aux investisseurs grâce à la législation et à la fenêtre unique

d'investissement. Toutes ces initiatives représentent des étapes importantes.

Nous, à la banque, développons nos systèmes et répondons à tous les efforts déployés par le pays pour garantir des interactions avec tous les secteurs. Nous avons ouvert une succursale dans la zone franche pour fournir des services bancaires adaptés aux entreprises qui y opèrent. De plus, une autre succursale a été établie dans la nouvelle zone franche internationale de Djibouti (DIFTZ). Nous avons également travaillé à lier notre système bancaire au système de la DPCS (Djibouti Port Community Systems) dédié pour coordonner les différents processus liés à l'importation/exportation à travers les ports, les aéroports, le rail et le corridor, SGTD (Société de Gestion du Terminal a conteneur de Doraleh) et le DMP (Doraleh MultiPurpose Port).

En réalité, la technologie et les systèmes utilisés représentent un pilier essentiel dans la réponse à l'évolution, à l'innovation et à la transition vers le numérique. Dans ce contexte, nous avons achevé en 2022 la construction et le

lancement du tout dernier système bancaire au monde, le système Temenos T24 appelé (Temenos Transact) maintenant. Ce système nous a permis de développer de nombreux services numériques via l'application Saba Mobile pour les particuliers. De plus, nous avons développé et lancé le service de banque en ligne (EBANKING) pour les entreprises et créé des produits de financement conformes aux principes de la charia islamique, tels que le financement Mudharaba, les financements par leasing avec option d'achat, le financement de petits projets agricoles, et bien d'autres produits encore. L'offre de ces services, tant sous forme numérique que financière, contribue à promouvoir la sensibilisation à la banque islamique et à diffuser ses principes afin de les enraciner dans la société, tant au niveau des individus et des entreprises qu'au niveau des pratiques.

La banque a établi une vision de leadership dans le secteur bancaire islamique à Djibouti et en Afrique de l'Est, et les plans ont été construits sur cette base. Nous travaillons selon des valeurs clairement définies dans nos écrits et sur notre site internet. Nous travaillons constamment à renforcer ces valeurs au sein de notre formidable équipe et à les promouvoir dans sa conscience à travers une série d'activités de sensibilisation, de formation, culturelles et sociales que la banque mène avec son équipe. De plus, nous renforçons ces principes et ces valeurs auprès de nos clients pour qu'ils soient une source d'inspiration et qu'ils servent de mesure de

contrôle que le client utilise pour évaluer son partenariat. Ces valeurs se traduisent par :

• Le client d'abord.

• La confiance - renforcer la confiance entre la banque et ses clients, ainsi qu'entre la banque et les parties prenantes et la communauté

• L'excellence.

• La Maîtrise.

• L'innovation et le développement continu

• Le travail en esprit d'équipe

• Conformité aux principes religieux et éthiques

Nos programmes et produits financiers sont accessibles et adaptés à tous les segments de la société, ne se concentrant pas sur un groupe ou un segment à haut rendement Au contraire, nos programmes financiers sont diversifiés en termes de secteurs (commercial, industriel, de services, résidentiel, etc.) , ce qui nous permet d'appliquer le principe d'évitement des risques de concentration sectorielle De plus, nos programmes de financement s'adressent à divers segments de la société, profitant aux entreprises, aux entreprises, aux entrepreneurs, aux particuliers, aux étudiants, aux travailleurs indépendants et au secteur féminin des petites entreprises L'objectif de cette diversification est d'éviter les risques de concentration dans les segments, et la combinaison des deux principes, à savoir le principe de la diversification sectorielle et celui de la diversification des segments de la société, nous permet d'avoir un impact positif sur l'ensemble de la société et de promouvoir une responsabilité sociale et une conscience éclairée au développement de la société

La vision de la banque repose sur le leadership dans le secteur bancaire à Djibouti et dans la Corne de l'Afrique, et nous progressons de manière stable et consciente dans cette direction. Au cours de la période précédente, nous avons mis en place un nouveau système bancaire, le système Temenos, qui constitue un élément clé de notre transformation et le point de départ pour absorber l'expansion des branches régionales Il s'agit de l'un des systèmes modernes au niveau mondial, utilisé par un très grand nombre de grandes banques internationales dotées de succursales régionales dans plusieurs pays et continents D'un autre côté, nous travaillons à renforcer les fondations de la banque et à améliorer ses services et pratiques, et nous avons déjà accompli de grands progrès dans ce domaine, bien qu'il nous reste encore beaucoup à faire Le processus de développement est continu et ne s'arrête pas à une limite spécifique Nous avons des filiales d'assistance dans certains pays, telles que les transferts de fonds en Somaliland, qui est une branche dédiée aux services de transferts commerciaux, et nous avons également un bureau à Addis-Abeba

pour faciliter les affaires de nos clients. Au cours de la période à venir, nous cherchons à entrer dans plusieurs pays africains et nous étudions les avantages disponibles dans chaque pays du continent africain. Nous prenons nos décisions de manière étudiée et consciente, en évitant la précipitation et les informations inexactes, et conformément à la vision de l'État de Djibouti pour contribuer à renforcer son rôle dans les pays de la région dans le domaine de la banque islamique.

Il ne fait aucun doute que ce forum constituera une étape importante dans la construction des concepts technologiques et numériques, d'autant plus que Djibouti déploie des efforts considérables pour développer le secteur financier et les systèmes bancaires. C'est pourquoi nous avons décidé d'être un partenaire principal de la deuxième édition. Nous offrons une gamme de services dédiés aux particuliers dans le domaine des cartes électroniques et des services de l'application Saba Mobile, qui vont au-delà des services traditionnels pour proposer des solutions innovantes et variées. Nous avons également des produits spécifiques pour les

entreprises et les points de vente. De plus, nous avons des partenariats locaux pour offrir des services numériques exceptionnels, notamment avec des institutions gouvernementales et autonomes comme la Caisse Nationale de Sécurité Sociale, l'Administration Fiscale et La DPCS. Nous avons également des partenariats avec des entités privées locales pour proposer des services numériques innovants. Cette édition sera, nous l'espérons, riche en nouveautés et incitera tous les secteurs, entreprises et le public à adopter des idées de développement des systèmes, services et transactions numériques, tout en renforçant la sensibilisation aux services numériques, ce qui constitue notre principal objectif.

DIÈYE

KHUWAYLID CAPITAL

S'aventurer dans la finance islamique en créant Khuwaylid Capital est né d'une croyance profonde dans les principes de la finance islamique et d'un désir de contribuer à la croissance et au développement d'opportunités d'investissement éthiques et conformes à la Charia dans la zone UEMOA.

Du point de vue de l'éthique et du développement durable, la finance islamique fonctionne sur des principes de partage équitable des risques entre les parties ainsi que sur des pratiques éthiques, responsables et durables, qui sont en résonance avec mes valeurs personnelles La finance islamique met l'accent sur les investissements qui ont un impact économique, social et environnemental positif tout en respectant les principes de la charia Le lancement de Khuwaylid Capital vise à tirer parti des principes de la finance islamique pour contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies en encourageant l'esprit d'entreprise et en

stimulant la croissance économique tout en réduisant les inégalités (principalement liées au genre et à l'exclusion financière) et en protégeant l'environnement Du point de vue des opportunités commerciales, des marchés comme le Sénégal présentent un potentiel de croissance important et un paysage économique dynamique, en particulier pour les petites et moyennes entreprises (PME) Cependant, les services financiers traditionnels ne répondent souvent pas aux besoins spécifiques des investisseurs et des entrepreneurs de la région qui recherchent des services et des produits financiers halal La mise en place du premier fonds d'investissement à impact conforme à la Charia dans la zone UEMOA représente une opportunité de combler cette lacune et de fournir des solutions d'investissement innovantes et adaptées au marché

En particulier, les produits financiers islamiques, tous sans intérêt, couvrent le spectre des besoins en capitaux des PME, du financement des investissements à long terme à la couverture des besoins en capitaux à court terme. En tant que fonds d'investissement à impact, nous explorerons la gamme de produits financiers pour mieux répondre aux besoins de financement des PME dans lesquelles nous investissons Enfin, en tant qu'entrepreneur financier, je suis animé par une passion pour l'innovation et un désir de lancer de nouvelles initiatives dans le secteur financier afin de mieux répondre aux besoins de nos clients, entrepreneurs et investisseurs. Khuwaylid Capital est le fruit de ce que j'ai eu le privilège d'observer sur le marché au cours de la dernière décennie. Dans l'ensemble, l'idée de m'aventurer dans la finance islamique et de créer Khuwaylid Capital est née d'un mélange de considérations éthiques alignées sur mes valeurs personnelles, d'une opportunité de marché, d'un engagement en faveur de l'investissement d'impact et d'un esprit d'entreprise Je suis enthousiasmé par le potentiel de la finance islamique à contribuer positivement au développement économique durable du Sénégal et de la zone UEMOA en général

Le nom du fonds, Khuwaylid Capital, s'inspire de Hazra Khadija Bint Khuwaylid RA, une femme emblématique qui a vécu entre les 6e et 7e siècles de notre ère à La Mecque, en Arabie saoudite. Première épouse du prophète Mohammed ﷺ , elle est entrée dans l'histoire en étant la première personne à accepter l'islam. Elle était également une femme d'affaires exceptionnelle, ayant surpassé l'ensemble

de sa tribu Quraysh en termes de biens marchands Dans une société fortement patriarcale, elle a dirigé avec succès un empire commercial transfrontalier comptant des centaines d'employés, dont notre bien-aimé prophète Muhammad.ﷺ Elle était connue pour son sens des affaires, sa piété et sa générosité sans bornes ; c'était une épouse dévouée et une mère engagée qui a joué un rôle crucial dans l'établissement de l'islam Elle est un modèle universel d'excellence, d'intégrité et de réussite. Par conséquent, pour nous, le nom "Khuwaylid" représente un héritage d'intégrité, d'humilité, d'esprit d'entreprise, d'engagement communautaire et d'autonomisation, autant de valeurs fondamentales qui entrent en résonance avec la vision et la mission de notre Fonds. Ce nom nous rappelle le riche héritage de la civilisation islamique et nous incite à respecter les normes les plus élevées en matière de conduite éthique et de responsabilité sociale dans le

cadre de nos activités

La transition vers le domaine de l'investissement islamique à impact a effectivement présenté plusieurs défis

Néanmoins, avec l'aide et par la grâce d'Allah SWT, grâce à la persévérance, à la planification stratégique et à l'engagement envers notre mission, nous avons surmonté certains d'entre eux L'un de ces défis a consisté au besoin de naviguer entre les cadres réglementaires complexes qui régissent la finance islamique et les marchés des capitaux privés et de la dette dans la zone de l'UEMOA. Nous avons investi beaucoup de temps et de ressources afin de mieux appréhender le paysage juridique et réglementaire, d'établir des relations avec les autorités de régulation et de garantir le respect des principes de la charia et des lois locales La collaboration avec des spécialistes de la finance islamique, des experts juridiques et des conseillers en réglementation est essentielle pour surmonter cet obstacle, et notre travail dans ce domaine se poursuit Les marchés de la finance islamique, du capitalinvestissement et de la dette sont naissants dans la zone de l'UEMOA En tant que fonds pionnier, il est de notre rôle de

contribuer activement à l'élaboration de l'environnement réglementaire

En outre, établir la confiance et de la crédibilité en tant que nouvel entrant dans l'industrie de la finance islamique est un autre défi que nous devons surmonter. Nous abordons ce défi en communiquant de manière transparente notre vision, nos valeurs et notre stratégie d'investissement aux parties prenantes, y compris les investisseurs, les entrepreneurs, les partenaires et les communautés Nous mettons l'accent sur l'expertise de notre équipe, ses antécédents et son engagement envers les principes éthiques, dans l'espoir de gagner la confiance des parties prenantes au fil du temps grâce à des performances et à une intégrité constantes

rendements ajustés au risque attrayants dans les investissements conformes à la Charia Nous avons également tiré parti de notre réseau d'investisseurs, en particulier les investisseurs locaux, les contacts industriels et les partenaires stratégiques, pour sensibiliser et susciter l'intérêt pour notre fonds.

Enfin, l'identification d'opportunités d'investissement de haut niveau, conformes à nos critères d'investissement et aux principes de la charia, reste un domaine d'attention important au moment de notre lancement. Nous relevons ce défi en tirant parti de notre réseau, en menant des études de marché approfondies et en établissant des partenariats avec des entrepreneurs locaux, des experts du secteur et des conseillers en

Par ailleurs, l'obtention de capitaux pour notre fonds a été un défi important et crucial, compte tenu du paysage concurrentiel et de la nécessité d'attirer les investisseurs vers un concept novateur dans la région Nous nous sommes efforcés de surmonter cet obstacle en articulant une thèse d'investissement convaincante, en soulignant l'opportunité de marché dans la zone UEMOA, en particulier au Sénégal, la deuxième plus grande économie, et le potentiel pour des

investissement Des processus rigoureux de diligence raisonnable sont actuellement mis en œuvre pour évaluer les investissements potentiels et atténuer les risques de manière efficace Nous sommes très enthousiastes quant aux quelques propositions que nous avons déjà et qui, nous l'espérons, seront commercialisées cette année. En résumé, la transition vers l'investissement d'impact islamique présente des défis importants pour naviguer entre

les cadres réglementaires de la zone UEMOA, établir la confiance et la crédibilité, lever des capitaux et trouver des marchés Cependant, en tirant parti de notre expertise, en favorisant les partenariats stratégiques, en faisant preuve d'intégrité et en maintenant une attention constante sur notre mission, nous surmontons ces défis par la grâce d'Allah SWT et les transformons même en opportunités.

peuvent atténuer les fluctuations saisonnières des prix des matières premières.

En ce qui concerne l'éducation, l'acquisition de connaissances, en général, est obligatoire en Islam, ce qui s'aligne sur notre vision de contribuer à la réalisation de l'ODD numéro 4 des Nations Unies sur l'éducation de qualité pour tous, qui traite de l'éducation de qualité équitable et des possibilités d'apprentissage tout au long de la vie pour tous sans discrimination, ce qui relève de la protection de la vie, de l'intellect et de la progéniture en Islam Nous soutiendrons donc le développement d'institutions éducatives qui abordable et de qualité à

tous, indépendamment de la confession et du contexte socioéconomique. Les investissements dans les écoles, les centres de formation professionnelle et les plates-formes technologiques éducatives peuvent élargir l'accès à l'éducation aux masses, renforçant ainsi le développement du capital humain

Enfin, en ce qui concerne le secteur des soins de santé, la loi islamique met fortement l'accent sur la sacralité de la vie et a donc établi des principes pour une vie

gardiens de la planète Terre trouve, y compris ses ressources, appartient SWT. En tant que gardiens, nous sommes tenus de préserver la planète et ses ressources à notre profit et à celui des générations futures C'est pourquoi, dans la chaîne de valeur de l'agroalimentaire, nous investirons dans des PME qui promeuvent des pratiques agroalimentaires durables et respectueuses de l'environnement, qui préservent l'environnement, protègent les ressources naturelles et intègrent des solutions pour l'atténuation du changement climatique En outre, la finance islamique présente l'avantage supplémentaire d'offrir des solutions de financement à court terme qui sont bien adaptées à la chaîne de valeur de l'agro-industrie, en particulier des solutions de fonds de roulement qui

Il est certain que l'investissement d'impact conforme à la charia peut favoriser le développement durable et transformer des vies dans ces secteurs en alignant les objectifs d'investissement sur des pratiques éthiques et socialement responsables Par exemple, dans la finance islamique, l'un des principes fondamentaux est que en parfaite adéquation avec Nations unies, la bonne santé et le bien-être. Nous prévoyons donc d'investir dans la chaîne de valeur des soins de santé afin d'améliorer l'accès aux services de santé pour tous Ces investissements peuvent contribuer à remédier aux disparités en matière de soins de santé, à réduire les taux de morbidité et de mortalité et à améliorer les résultats globaux en matière de santé En particulier, nous nous concentrerons sur les PME qui sont actives dans la chaîne de valeur de la fabrication et de la production de produits médicaux et paramédicaux (tels que les cosmétiques ou les produits de bien-être d'origine locale) ou les deux, la distribution et la logistique (approvisionnement, distribution, stockage) des produits médicaux et paramédicaux, la fourniture

de soins de santé, en particulier le diagnostic et les services à domicile, notamment pour les personnes âgées, la gestion des patients et des dossiers médicaux, l'éducation et la formation pour les professions médicales et paramédicales En effet, l'investissement islamique d'impact a le potentiel de stimuler le développement durable et de transformer des vies dans ces secteurs critiques, à savoir l'agroalimentaire, l'éducation et la santé, en promouvant des pratiques commerciales éthiques, en soutenant des initiatives à impact social et en favorisant la croissance économique et la prospérité dans les communautés locales

Khuwaylid Capital cible les PME en phase de post-revenu (au moins 30 000 euros de revenus au cours des douze derniers mois) et en phase de pré-évaluation (maximum de 800 000 euros de revenus au cours des douze derniers mois) Par conséquent, la taille de nos tickets d'investissement est alignée, allant de 80 à 800 000 euros Nous utilisons toute la gamme des instruments financiers islamiques, depuis les produits auto-liquidants de type actions jusqu'aux produits de type dettes ne portant pas intérêt Investir dans les PME entre le stade de l'après-revenu et celui de la pré-évaluation nécessite une approche méticuleuse pour identifier les entreprises prometteuses et prêtes à croître. Après l'examen initial de conformité à la charia, nous appliquons des critères spécifiques pour évaluer les perspectives, telles que la qualité de l'entrepreneur et de son équipe de gestion, le potentiel du marché et sa dynamique, la différenciation du produit ou du service, l'évolutivité et le potentiel de croissance, ainsi que la performance financière. Parallèlement à ces critères, nous accordons une attention particulière aux indicateurs qui permettent de suivre la performance ESG de la cible ainsi que son potentiel à contribuer à la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies ciblés par Khuwaylid Capital, à

savoir l'absence de toute pauvreté (ODD 1), la faim zéro (ODD 2), la santé et le bien-être (ODD 3), une éducation de qualité (ODD 4), l'égalité des sexes (ODD 5), la croissance économique durable (ODD 8), la réduction des inégalités (ODD 10) et l'action pour le climat (ODD 13) Pour soutenir la trajectoire de croissance des PME dans notre portefeuille, nous prévoyons d'utiliser diverses stratégies, telles que l'infusion de capital, par laquelle nous fournissons un capital de croissance pour alimenter les initiatives d'expansion, telles que l'augmentation de la capacité de production, l'entrée sur de nouveaux marchés ou l'investissement dans les efforts de marketing et de vente En outre, nous offrons des conseils stratégiques et sommes très actifs dans le domaine de la gouvernance afin d'aider les PME à affiner leur stratégie commerciale, à optimiser leurs opérations et à relever les défis Il peut s'agir d'une assistance en matière de positionnement sur le marché, de stratégies de prix, de canaux de distribution et de tactiques d'acquisition de clients En outre, nous nous appuyons sur notre vaste réseau de contacts professionnels, d'investisseurs, de conseillers et de partenaires pour fournir aux PME dans notre portefeuille des connexions et des ressources précieuses Il s'agit notamment d'introduire des clients potentiels, des partenaires stratégiques, des fournisseurs et des talents Nous prévoyons également de fournir un soutien opérationnel dans des domaines tels que la finance, le marketing, les ventes et la gestion des talents Idéalement, nous mettrions en place un mécanisme de services partagés, notre objectif

étant d'aider les PME à créer des entreprises évolutives et durables en améliorant l'efficacité opérationnelle, en mettant en œuvre les meilleures pratiques et en atténuant les risques, tout en optimisant les coûts Enfin, au fur et à mesure que les PME se développent et franchissent des étapes clés, nous continuons à soutenir leurs besoins en capitaux par le biais de tours de financement complémentaires jusqu'à ce que nous atteignions notre taille maximale de 800 000 euros Nous nous efforçons de co-investir avec d'autres fournisseurs de capitaux conformes à la charia, tels que les banques islamiques locales et les initiatives soutenues par le gouvernement, comme le Fonds de relance islamique déployé par le Fonds souverain sénégalais FONSIS.

Comme mentionné ci-dessus, nous nous concentrons sur les ODD visant à réduire les inégalités, notamment l'ODD numéro 5 qui traite de l'égalité des sexes et de l'autonomisation des femmes Dans le cadre de la loi islamique, cela relève également de la protection de la religion car il s'agit de règles religieuses requises par la loi islamique selon lesquelles toutes les personnes sont égales devant la loi et il n'y a pas de discrimination entre les riches et les pauvres, les

hommes et les femmes devant la loi. Bien entendu, l'égalité absolue n'existe nulle part dans le monde. Cependant, l'égalité requise partout est l'égalité devant la loi, et l'un des principes clés de l'islam est que tous les hommes et toutes les femmes sont traités de la même manière devant la loi et ont un accès égal aux opportunités économiques En honorant Khadija Bint Khuwaylid par le nom de notre Fonds, nous rendons également hommage à son héritage et à son rôle de pionnière dans le monde des affaires et dans la société Nous nous engageons à promouvoir l'égalité des sexes et à donner aux femmes les moyens d'entreprendre et de jouer un rôle de premier plan, conformément aux valeurs incarnées par Khadijah (RA)

Plus précisément, nous donnerons la priorité aux

Khuwaylid Capital a des objectifs ambitieux à long terme pour stimuler l'impact, la croissance et l'innovation dans le paysage de la finance islamique. Plus précisément, bien que nous soyons un nouveau venu, nous visons d'abord à étendre notre présence et notre influence au sein de l'écosystème local de la finance islamique. Cela passe par l'établissement de partenariats stratégiques avec les acteurs existants et l'élargissement de nos activités d'investissement afin de toucher un public plus large d'entrepreneurs et d'investisseurs

Ensuite, nous aspirons à devenir un leader

investissements dans les entreprises dirigées ou détenues par des femmes, en reconnaissance de l'importance de la diversité des genres dans l'entrepreneuriat, avec une allocation d'au moins 50 % des fonds, ce qui est supérieur à la moyenne nationale de 33 % attribuée aux entreprises détenues par des femmes Nos critères d'investissement prennent en compte des facteurs qui vont au-delà des mesures financières traditionnelles, tels que la diversité de l'équipe fondatrice, la gouvernance et l'engagement de l'entreprise en faveur de l'égalité des sexes et de l'inclusion Nous examinons également l'impact des produits et services des PME pour déterminer s'ils contribuent à améliorer les moyens de subsistance des femmes et des jeunes filles

reconnu de l'investissement d'impact dans le domaine de la finance islamique, et nous prévoyons d'atteindre ce statut en donnant la priorité aux investissements qui engendrent des résultats positifs sur le plan social, environnemental et économique Nous espérons que cela établira les normes du secteur pour les futurs fonds d'investissement à impact islamique et inspirera d'autres institutions financières à adopter des principes similaires

En tant que premier fonds d'investissement à impact pour les PME conforme à la Charia en Afrique francophone, Khuwaylid Capital restera engagé à stimuler l'innovation et le développement de produits dans la finance islamique, plus particulièrement lorsqu'il s'agit

d'investir dans des PME locales dans les chaînes de valeur de l'agro-industrie, de l'éducation et de la santé. À ce titre, nous viserons à développer de nouvelles structures d'investissement qui répondent aux besoins des marchés émergents, tirent parti des avancées technologiques et favorisent l'inclusion financière et la durabilité.

Khuwaylid Capital cherche à se positionner en tant que leader d'opinion et défenseur du financement des PME conforme à la Charia et de l'investissement éthique, durable et d'impact Par le biais d'études de cas, de publications, d'interventions et de plaidoyer en faveur des politiques, nous visons à façonner le débat, à influencer les décideurs et à susciter un changement systémique. Par conséquent, nous sommes déterminés à nous engager auprès de diverses parties prenantes et à les informer, notamment les entrepreneurs, les investisseurs, les décideurs politiques et le public, sur les principes et les avantages de la finance islamique et de l'investissement d'impact, en particulier pour les PME. En favorisant une plus grande sensibilisation, compréhension et participation, nous visons à construire un écosystème financier plus inclusif et durable, adapté aux réalités locales

Globalement, les objectifs à long terme de Khuwaylid Capital sont ancrés dans son engagement envers les principes éthiques, la responsabilité sociale et l'excellence financière En restant fidèle à sa mission et à ses valeurs, tout en adoptant l'innovation et la collaboration, Khuwaylid Capital entend jouer un rôle de premier plan dans l'élaboration de l'avenir de la finance islamique et contribuer à des résultats sociétaux positifs.

Évalué à 1,7 milliard de livres sterling, soit 15% du marché de la viande fraîche au Royaume-Uni, le secteur halal est non seulement devenu un moteur de l'économie

britannique, mais aussi un véritable catalyseur pour la mutation de la filière viande, bousculée par de nouvelles attentes sociétales et environnementales.

Avec un chiffre d'affaires estimé à 1,7 milliard de livres sterling à l'abattage, sur un marché global de la viande fraîche de 11 milliards de livres, le secteur halal pèse aujourd'hui 15% de ce marché au RoyaumeUni Un chiffre considérable, qui ne donnera pas de signes de fléchissement dans les années à venir, bien au contraire Selon les projections de l'Université de Huddersfield, qui vient de publier une étude fouillée sur le sujet, ce montant devrait même franchir la barre des 2 milliards d'ici 2028, sur un marché global anticipé à 13,5 milliards de livres à cet horizon. "Ce marché halal n'a jamais été aussi important pour l'agriculture britannique et pour l'économie du pays, particulièrement en cette période de crise", soulignent les auteurs de l'étude Et d'enfoncer le clou : "Attirer les consommateurs musulmans avec une offre de viande halal est clé pour la viabilité financière des supermarchés, avec tous les

bénéfices induits pour l'économie britannique" Une analyse corroborée par le responsable d'une grande enseigne de distribution, pour qui "un client musulman dépense en moyenne trois à quatre fois plus lors de son passage en caisse qu'un client non musulman". Au-delà de la viande fraîche, c'est donc l'ensemble du panier d'achat qui profite de cette appétence pour le halal

Dans ce marché halal, tous les segments ne pèsent cependant pas le même poids Fait marquant : alors qu'il est quelque peu délaissé par les consommateurs non musulmans, le mouton tire clairement son épingle du jeu, s'imposant comme la véritable star du rayon boucherie halal Les chiffres sont éloquents : selon l'étude, 50% des ovins abattus outre-Manche sont à destination du marché halal avec étourdissement préalable, et 22% pour le halal sans étourdissement, soit 72% au total En valeur, cela représente environ 810

millions de livres de chiffres d'affaires, sur un marché global du mouton évalué à 1,1 milliard

"Sans l'apport du halal, l'industrie ovine britannique se contracterait d'un tiers, voire plus", résume un porte-parole de la National Farmers Union (NFU) cité dans le rapport. Selon les données de l'AHDB (Agriculture and Horticulture Development Board), le gigot d'agneau est en effet consommé par 62% des foyers musulmans chaque semaine, quand il est de plus en plus boudé par le reste de la population Même chose pour le mouton, peu prisé des Britanniques non musulmans mais très recherché par certaines communautés, comme les Bangladais, pour approvisionner leurs restaurants et boucheries traditionnelles.

Autre segment phare du marché halal : la volaille, et plus particulièrement le poulet

Plébiscitée par 88% des foyers musulmans chaque semaine selon l'AHDB, la volaille halal représente un chiffre d'affaires de 700 millions de livres en 2022 (sur un marché total du poulet de 5,3 milliards). Dans le détail, 11% de ces volumes proviennent d'abattages rituels avec étourdissement, et 2% sans étourdissement Si la tendance se confirme, ce marché du poulet halal pourrait s'envoler à 858 millions de livres à l'horizon 2028, anticipe l'étude

Le bœuf halal ne pèse en revanche que 180 millions de livres (soit 4% du marché du

bœuf évalué à 4,7 milliards de livres), l'immense majorité (4% également) provenant d'abattages rituels avec étourdissement Un chiffre qui s'explique en partie par les coûts de production plus élevés de la viande bovine au Royaume-Uni Résultat, depuis le Brexit, les importations de bœuf halal ont le vent en poupe pour satisfaire une demande en hausse de la communauté musulmane. Une tendance

qui pourrait néanmoins s'inverser si un étiquetage halal plus clair était mis en place, estiment les experts

Ces dernières années, sous l'impulsion du Brexit notamment, les industriels de la viande britannique ont aussi trouvé dans l'export un formidable levier de développement pour leurs produits halal. Friands de viande en provenance du Royaume-Uni, les pays du Golfe en particulier constituent désormais des débouchés de premier plan, à condition que les produits soient rigoureusement certifiés halal. Exemple frappant avec les exportations de mouton frais : entre janvier et août 2022, pas moins de 516 tonnes ont pris la direction du seul Koweït, pour une valeur de 4,5 millions de livres. Soit plus de la moitié des volumes de viande ovine britannique exportés hors de l'Union européenne sur la période.

Autre facteur de croissance : les fêtes religieuses musulmanes, qui s'imposent comme des pics d'activité majeurs pour la filière. C'est particulièrement vrai pour l'Aïd el-Kébir (ou Aïd al-Adha), grande fête du sacrifice, qui est devenue en quelques années l'une des semaines les plus chargées pour les ventes et l'abattage d'ovins au Royaume-Uni En 2022, ce ne sont pas moins de 70 000 moutons qui ont ainsi été traités spécifiquement pour ce marché dit du "Qurbani", soulignent les auteurs du rapport

Mais pour accompagner durablement la montée en puissance du marché halal, c'est d'abord la confiance des consommateurs musulmans qu'il faut préserver. Or dans ce domaine, les motifs d'inquiétude ne manquent pas pour les acteurs de la filière Car mécaniquement, l'appétit suscité par ce marché en plein essor attise aussi les convoitises des fraudeurs de tous poils

Fausses allégations halal sur les étiquettes, non-respect des critères rituels d'abattage ou de la réglementation en vigueur, malversations sur l'origine ou la traçabilité des viandes, quand ce n'est pas carrément des abattages clandestins : les dérives sont légion

Dans ce contexte, la certification halal apparaît comme la clé de voûte de l'édifice

Réalisée par des organismes religieux agréés, comme le Halal Monitoring Committee (HMC) qui supervise une partie des abattages rituels, elle vise justement à garantir le respect du cahier des charges halal et à crédibiliser la démarche des opérateurs. Des outils high-tech comme la blockchain, ou encore des dispositifs collaboratifs associant différentes autorités de contrôle (police, services vétérinaires, répression des

fraudes ), sont aussi à l'étude pour muscler encore la traçabilité des viandes halal et traquer les fraudes. Un impératif pour conforter la confiance des consommateurs et ainsi pérenniser la dynamique du marché.

L'examen de l'abattage halal avec étourdissement révèle que les moutons dominent significativement, avec un pic de 50 % en 2022, indiquant peut-être une préférence prononcée ou des directives réglementaires renforcées Notons la stabilité chez les chèvres et une décroissance marquée pour le poulet de chair, passant de 26 % en 2011 à 11 % en 2022

La pratique sans étourdissement, considérée plus traditionnelle dans l'abattage halal, montre également une forte prévalence chez les moutons, avec une proportion de 22 % en 2022, réduite par rapport aux années antérieures. Une tendance inverse est observée chez les chèvres, avec un bond significatif à 25 % en 2022 contre seulement 8 % en 2018, suggérant un changement dans les pratiques d'élevage ou les préférences de consommation

Ce qu'il faut retenir de cette analyse, c'est l'équilibre entre modernité et tradition. L'augmentation de l'abattage halal sans étourdissement chez les chèvres pourrait refléter une résurgence des méthodes traditionnelles ou une adaptation aux demandes du marché Dans le même temps, la diminution de cette pratique chez les poulets suggère une possible intégration de techniques plus modernes ou une réponse aux préoccupations éthiques et bien-être animal.

La question demeure, cependant, si ces changements sont le résultat d'une évolution des normes religieuses, de modifications réglementaires, ou d'une réponse à la pression des consommateurs Les données soulignent l'importance de considérer les nuances culturelles, éthiques et économiques qui influencent ces pratiques d'abattage

La volatilité observée dans les pratiques d'abattage reflète une industrie qui est loin d'être statique. Elle se débat avec les forces de la modernité tout en restant ancrée dans les traditions Il est clair que l'industrie de la viande halal n'est pas seulement façonnée par des préceptes religieux, mais est également moulée par des influences sociales et économiques en constante évolution.

Car les attentes des consommateurs musulmans évoluent. Et ce bouleversement pourrait bien, par ricochet, constituer un formidable accélérateur de la transformation de la filière viande britannique dans son ensemble De fait, sous l'impulsion d'une population musulmane plus jeune, connectée et aisée que par le passé, la demande halal se

fait plus qualitative "Pour cette nouvelle génération, le critère prix n'est plus le seul facteur déterminant dans l'acte d'achat Leurs exigences montent en matière de durabilité, de bien-être animal, d'absence d'antibiotiques", décrypte l'un des experts interrogés dans l'étude

Une véritable mue sociétale et environnementale, qui tombe à point nommé pour la filière viande britannique Forte de pratiques d'élevage plus vertueuses que dans nombre de pays et affichant une empreinte carbone 2,5 fois inférieure

à la moyenne mondiale, elle a en effet une belle carte à jouer sur ce terrain A condition d'accélérer encore ses efforts de décarbonation, en misant par exemple sur le formidable potentiel de séquestration du CO2 de ses vastes pâturages.

L'équation est simple : en s'alignant sur ces nouvelles aspirations consuméristes, l'industrie de la viande britannique pourrait faire coup double Non seulement conforter ce marché halal, déjà si précieux pour son modèle économique. Mais aussi doper l'ensemble de ses débouchés, muslims ou pas, en surfant sur la vague de fond du manger sain et durable. En clair, faire du halal le fer de lance de sa propre mue, gage de pérennité pour toute une filière L'avenir de pans entiers de l'agriculture britannique est sans doute à ce prix.

Le marché halal est un pilier crucial pour l'économie britannique Ce secteur dynamique, en forte croissance, influence positivement la filière viande en répondant aux nouvelles attentes sociétales et environnementales Pour pérenniser cette évolution, une meilleure certification halal et des pratiques d'abattage adaptées sont essentielles, tout en renforçant la confiance des consommateurs musulmans et les efforts de durabilité. En explorant de nouvelles stratégies, la filière pourrait non seulement renforcer sa position sur le marché halal, mais aussi devenir un modèle pour l'industrie agroalimentaire mondiale.

C'est l'histoire d'un homme qui a su allier sens des affaires et sens des valeurs. Un entrepreneur visionnaire qui a fait du business halal son cheval de bataille, avec la conviction inébranlable que l'éthique et la rentabilité peuvent faire bon ménage. Ingénieur de formation, globe-trotter dans l'âme, Mamadou Ndiaye a bourlingué de la France à la Malaisie avant de revenir au bercail, au Sénégal, avec un objectif en tête : faire du halal un moteur de développement pour l'Afrique. Portrait d'un pionnier.

De la banlieue parisienne aux tours étincelantes de Kuala Lumpur, le parcours de Mamadou Ndiaye est celui d'un bâtisseur de ponts. Ponts entre l'Occident et l'Orient, entre le monde musulman et les affaires, entre tradition et innovation. Avec un mélange rare d'idéalisme et de pragmatisme, cet ingénieur devenu entrepreneur s'est donné pour mission de faire du business halal un vecteur d'éthique et de prospérité partagée.

Quand on le rencontre, Mamadou Ndiaye frappe par son regard pétillant d'intelligence et son sourire communicatif. L'homme respire la passion et l'engagement.

"En tant que musulman, nous avons tout fait pour que notre aventure entrepreneuriale reste dans le cadre du halal", explique-t-il d'emblée. Car c'est bien là le fil rouge de son parcours : concilier business et spiritualité, performance et intégrité.

Né au Sénégal dans une famille pieuse, c'est paradoxalement en France, pays de la laïcité, que Mamadou découvre les exigences concrètes du halal. "Avant d'acheter quelque chose, je devais regarder les ingrédients au supermarché", se souvient-il. Une vigilance qui tranche avec l'insouciance de son enfance à Dakar, où "tout est halal a priori".

Mais c'est lors d'un séjour professionnel en Malaisie, où il s'installe pour lancer une start-up

de prise de rendez-vous médicaux, que le jeune homme mesure l'incroyable potentiel du marché halal. Survient alors la révélation. "Là-bas, le halal est partout, dans l'alimentation, l'habillement, les cosmétiques, la finance... C'est une affaire d'État supervisée au plus haut niveau". Loin des clichés réducteurs, Mamadou découvre l'amplitude insoupçonnée d'un mode de vie et de consommation qui va bien au-delà de la sphère religieuse. "Le halal, c'est éthique, c'est bon, c'est pur, c'est équitable. Ça s'adresse à toute l'humanité. Pas étonnant que 80% des entreprises leaders du secteur soient détenues par des non musulmans !», résume Mamadou avec un large sourire.

Un choc autant qu'une révélation pour cet ancien militant associatif dans l'âme . Fort de ce déclic, Mamadou se met en quête d'opportunités pour "pivoter" vers cette industrie pleine de promesses. Il décide alors de réorienter sa start-up de prise de rendezvous médicaux vers ce secteur bouillonnant. "On s'est connectés au réseau du World Islamic Economic Forum, le Davos de l‘économie islamique. Le destin frappe à sa porte sous les traits d'un organisateur du Malaysia International Halal Showcase MIHAS, le plus grand salon mondial dédié au halal. L’avenir sourit aux ambitieux dit-on. Leurs technologies de "matchmaking" professionnel se révèlent parfaitement adaptées aux besoins des organisateurs d'événements, désireux d'optimiser les rencontres entre exposants et visiteurs. "Ils cherchaient une solution pour permettre aux exposants et aux visiteurs de prendre rendez-vous en amont. Avec nos technologies, on leur apportait ça sur un plateau !" puis on a signé un contrat avec le MIHAS ". Appsaya décolle.

Le succès est aussi fulgurant qu'inattendu. D'événement en événement, la petite équipe d'Apsaya devient un rouage essentiel du business halal mondial, connectant comme acheteurs et vendeurs aux quatre coins de la planète. Certification halal en Australie, fonds d'investissement conformes à la charia à Dubaï, PME productrices de cosmétiques bio en Tunisie : la plateforme fourmille d'opportunités pour celles et ceux qui veulent concilier business et "deen", une voie à la fois spirituelle qu ’économique. "Dans cette industrie en devenir, les synergies et les échanges sont cruciaux. C'est comme ça qu'on fera émerger des solutions adaptées", révèle-t-il. Plus qu'un simple annuaire, la plateforme favorise le partage d'informations, les collaborations et l'émergence d'une communauté soudée.

Mais Mamadou voit plus loin. "Ce qui compte, c'est la communauté. Les salons ne sont que des accélérateurs ponctuels". Pour fédérer les acteurs du halal au-delà des grands-messes annuelles, il lui faut une plateforme. Surfant sur cette nouvelle dynamique, l'entrepreneur se lance dans une quête aussi ambitieuse que nécessaire: devenir le premier réseau social du halal au monde. Il lance dans la foulée Wasabbi, réseau social professionnel pensé comme le "Linkedin du business halal". Une plateforme qui cartonne, attirant bientôt des professionnels de plus de 50 pays, mais qui résonne aussi comme un acte militant. "Le halal n'est pas qu'une affaire de musulmans.

Toutefois, le chemin est encore long et semé d'embûches. Même pour un entrepreneur aguerri comme Mamadou, porter des innovations de rupture sur un marché naissant relève du parcours du combattant. "Il n'y a pas de modèle, pas de référence. Les investisseurs sont frileux face à un secteur qu'ils ne maîtrisent pas". Qu'importe. Mamadou puise son énergie dans une foi inébranlable et un optimisme à toute épreuve. "La clé, c'est la sincérité. Quand on fait les choses pour Allah, les difficultés, on ne les voit même plus !"

Car pour Mamadou, réussir ne suffit pas. Encore faut-il réussir de manière éthique. Jour après jour, il s'efforce d'appliquer les principes de sa foi dans la gestion de son entreprise. Pas question d'emprunter à des banques qui pratiquent l'usure. Pour trouver des

financements compatibles avec l'islam, celui qui se définit comme un "muslimpreneur" n'hésite pas à faire le tour du monde, de la Californie au Golfe. Résultat : des partenariats "halal friendly" avec des investisseurs convaincus par sa vision d'un business vertueux et rentable.

Tout en bâtissant son écosystème numérique, Mamadou garde les pieds sur terre. Ou plutôt sur sa terre natale, le Sénégal, où il s'est établi après une décennie d'exil. Dans ce pays à plus de 95% de musulman, l'offre halal reste étonnamment limitée. "Personne ne se pose la question. Dans l'hôtellerie, la restauration, beaucoup de produits ne sont pas halal", déplore-t-il. Qu'à cela ne tienne : l'infatigable chef d'entreprise se mue en missionnaire du halal 2.0 auprès des décideurs et des consommateurs. Lobbying, conférences, publications sur les réseaux sociaux : Mamadou use de tous les moyens pour faire bouger les lignes. Son objectif : que le business halal pèse 10% du PIB sénégalais d'ici 10 ans. Un objectif qui en ferait pâlir plus d'un, mais qui semble presque à portée de main quand on passe une heure en compagnie de cet éternel optimiste.

Mais l'essentiel n'est pas là. Derrière le businessman à succès se cache un humaniste habité par sa foi. Trois maîtres-mots guident sa vie : sincérité, patience et entourage. "Tout ce qu'on fait, que ce soit uniquement pour Allah. Si c'est clair dans le cœur, les difficultés, on ne les voit même pas", confie Mamadou dans un souffle. Puisant sa force dans la certitude d'œuvrer pour le Tout-Puissant, il avance d'un pas tranquille sur le chemin d'un capitalisme réconcilié avec la spiritualité. Un chemin semé d'embûches qui en aurait découragé plus d'un. Mais pas lui. Pas cet éternel optimiste qui voit dans chaque problème une solution. "Il ne faut pas lâcher. Allah a promis aux gens qui font des efforts une récompense", martèle-t-il avec la ferveur d'un prêcheur.

Au fil de la discussion, les citations du Coran se mêlent aux souvenirs d'enfance, les analyses de marché aux réflexions métaphysiques. On comprend que pour Mamadou, foi et business sont les deux faces d'une même pièce. Une pièce qu'il entend bien faire fructifier, sans jamais

transiger sur ses valeurs. À l'heure où l'islam est trop souvent synonyme de violence et d'obscurantisme, son engagement en faveur d'un business halal éthique et progressiste a valeur de symbole. Ou plutôt de rappel.

Rappel que l'islam, comme le répète ce musulman assumé, est "une religion de paix et de tolérance". Et que le développement économique et la quête spirituelle peuvent aller de pair, pour peu qu'on ait le courage de rester fidèle à ses convictions.

Mamadou Ndiaye ou l'entrepreneur qui veut révolutionner le Business Halal dans le monde, un sourire à la fois. En le regardant, on se prend à rêver d'un avenir où l'économie serait un lieu d'élévation, pas d'exploitation. Où les affaires rimeraient avec valeurs, pas juste avec profits. Un avenir à portée de main pour peu que chacun, comme lui, donne un sens réel à sa vie : celui de ne pas avoir vécu inutilement ; celui d’avoir posé une brique dans l’édification de la demeure de l’Humanité. C’est le combat d'une vie pour ce bâtisseur au sourire lumineux.

Je me suis rendu en Malaisie en 2003 dans le cadre du Programme de coopération technique de la Malaisie (MTCP Scholarship). J'ai été admis à la Faculté des sciences de gestion de l'Université islamique internationale (IIUM) pour y suivre une maîtrise en gestion (MoM). Avant mes études en Malaisie, j'ai travaillé pour des compagnies d'assurance conventionnelles en Gambie, à savoir Senegambia Insurance, Gemstar Insurance Company et Great Alliance Insurance Company (1989-200). Au cours de ces 14 années d'expérience professionnelle en tant qu'assureur conventionnel, j'ai eu le privilège d'effectuer des stages pratiques sur les marchés de l'assurance au Kenya, au Ghana et au

Nigeria. Mon programme d'études en Malaisie m'a permis d'y découvrir les opérations Takaful. Le marché Takaful étant très dynamique en Malaisie, je me suis senti jaloux et attaché à défendre la pratique conventionnelle lorsque j'ai demandé à suivre un stage auprès de Takaful Malaysia, la plus grande compagnie Takaful de Malaisie à l'époque. La formation pratique que j'ai suivie chez Takaful Malaysia m'a convaincu que le Takaful n'était pas seulement une pratique éthique, mais aussi le moyen le plus équitable de faire de l'assurance.

La création de Takaful Gambie en tant que premier opérateur Takaful en Afrique de l'Ouest a été un véritable cauchemar - différents défis à différents niveaux :

➢ Faire adhérer le Chef de l'État au concept - Je suis rentré de Malaisie en Gambie en mars 2005. Mon premier défi a été de rencontrer le Président, que j'avais eu le privilège de rencontrer précédemment en Malaisie en 2004 lorsqu'il y avait été pour assister au sommet de l'OCI. Il avait promis de me soutenir dans l'établissement du Takaful en Gambie. Comme je n'ai pas été en mesure de le rencontrer en mars, je lui ai envoyé mon étude de faisabilité et le Takaful Act of Malaysia pour référence, par l'intermédiaire de notre chef de protocole actuel, qui s'est toujours montré bienveillant. Par la suite, le Président a mis sur pied un comité de travail chargé d'étudier la réglementation malaisienne en matière de Takaful et d'en rédiger une pour la Gambie. Ce comité, qui se réunissait chaque semaine à la Banque centrale de Gambie, a achevé le projet de loi sur le Takaful en décembre 2006.

➢ Sensibilisation des membres de la Chambre des députés à l'importance du Takaful pour la nation - Je rends hommage à feu Hon. Kebba Tour, alors député d'Illiassa, la circonscription dont je suis originaire, qui a très habilement pris toutes mes audiences et tous mes rendez-vous avec les parlementaires. Par la suite, ces derniers ont adopté la loi sur le Takaful à l'unanimité, après tous nos efforts et toutes nos actions de promotion. La loi Takaful, appelée Insurance Amendment Act 2006, a été adoptée en décembre 2006.

➢ Lever le capital de 15 millions de GMD nécessaire à la création de Takaful Gambia Ltd n'a jamais été un moindre défi. Le concept était nouveau et les Gambiens étaient connus pour leur réticence à l'égard des initiatives. J'ai dû faire des voyages au Nigeria et au Ghana pour promouvoir le projet et attirer des investisseurs, mais sans succès. J'ai fini par avoir un grand nombre d'actionnaires locaux, ce qui comportait un risque élevé, mais que j'ignorais à l'époque. Il était inimaginable qu'après avoir travaillé sur le projet pendant plus de quatre ans avant sa création et l'avoir géré avec succès pendant six ans, avec un taux de croissance de 30 à 35 %, je puisse être évincé de l'entreprise, même en détenant son capital social à plus de 14%.

➢ Passion - On vend mieux ce que l'on connaît et ce en quoi l'on croit. Notre passion pour la développement et la promotion du Takaful n'a jamais été fondée sur des gains économiques, mais plutôt sur la volonté d'offrir une alternative plus équitable à l'assurance conventionnelle.

Conviction, passion, persévérance et détermination. Notre succès repose essentiellement sur les éléments suivants :

➢ Conviction – nous sommes fermement convaincus que le Takaful est le concept gagnant par rapport à l'assurance.

➢ Persistance – soutenu par la passion, on est également prêt à poursuivre son objectif avec persévérance, quels que soient les obstacles et les difficultés rencontrés.

➢ Avec persévérance et une forte détermination à sensibiliser le public, nous avons exploré tous les outils disponibles, qu'il s'agisse de la

presse écrite, de la radio, de la télévision, de présentations en direct, des médias sociaux, etc.

Le Takaful au-delà des frontières - Nous sommes passionnés par la promotion de la croissance et de la diffusion du Takaful, c'est pourquoi nous n'avons jamais hésité à accepter une mission internationale en Zambie pour créer The Phoenix Takaful of Zambia, la première société de ce type en Afrique australe. Paradoxalement, la Gambie compte un peu plus de deux millions d'habitants, dont 95 % sont musulmans, contrairement à la Zambie, qui a une population de plus de quatorze millions d'habitants, dont 95 % sont non musulmans. Après ma présentation, les régulateurs zambiens ont déclaré : "Suite à votre présentation et à notre appréciation de l'opération Takaful, nous n'avons pas trouvé de conflit dans leurs opérations, mais plutôt que le Takaful viendra complémenter l'assurance conventionnelle dans la promotion de l'inclusion financière". Ils ont décidé d'accorder

une licence provisoire au Takaful pour que ses opérations débutent. Nous remercions Dieu de ce que la compagnie n'a cessé de croître depuis, créant des emplois, contribuant au développement économique, aidant les nécessiteux tout assumant sa responsabilité d'entreprise. Jusqu'à ce que je quitte la Zambie en 2016 pour le Nigéria, mon équipe était composée de non-musulmans, et toutes nos opérations étaient entièrement conformes à la charia, avec un conseil consultatif de la charia dirigé par un mufti de Dublin, en Afrique du Sud.

Nigéria - Jaiz Takaful Plc a démarré sur des bases plus solides. Nous avons recruté du

personnel expérimenté dans le domaine de l'assurance conventionnelle. Nous les avons logés dans un hôtel à Abuja pour qu'ils suivent une formation sur les opérations Takaful. Pendant la formation, nous avons invité des professionnels de la finance islamique et des disciplines connexes. À la fin de la formation, les participants ont reçu un certificat et ont été embauchés à titre probatoire en tant que membres du personnel de Jaiz Takaful. Avant de quitter le Nigéria en 2019, nous avions déjà ouvert des succursales à Lagos, Apapa, Kaduna, Kano et Port Harcourt.

pour les risques assurables non assurés. Le Takaful offre ainsi à chacun la possibilité de gérer son exposition au risque, ce qui, par ailleurs, favorise l'inclusion financière.

Le Takaful est considéré comme l'alternative la plus acceptable et la plus irrésistible par rapport au modèle conventionnel. Il complète également l'assurance conventionnelle en fournissant une couverture

La plupart des pays africains doivent encore

mettre en place un cadre réglementaire pour les opérations Takaful. Nous les invitons à collaborer et à s'inspirer de pays comme la Gambie, le Nigéria et le Soudan pour mettre au point des outils opérationnels pour les opérations Takaful en tant qu'alternative à l'assurance conventionnelle.

En fait, les opérations Takaful doivent être gérées plus efficacement par des logiciels. Jusqu'à présent, toutes les opérations Takaful que j'ai mises en place utilisent des logiciels.

Les jeunes assureurs africains sont très intéressés par le Takaful, quelles que soient leurs croyances et leur foi.

J'ai le privilège d'avoir une expérience à la fois de l'assurance conventionnelle et de l'assurance Takaful. D'après mon expérience, je peux vous assurer que le Takaful est l'assurance la plus efficace et la plus rentable au monde.

Directeur Général / CEO, WEST AFRICA

TAKAFUL, Gambie

Dans le livre ''Evolution and Revolution of Takaful in West Africa & Beyond'', Momodou Musa Joof explore la manière dont il a développé le modèle commercial Takaful en Afrique de l'Ouest et au-delà. Momodou Musa Joof explique comment il a développé le modèle commercial Takaful dans la région de l'Afrique de l'Ouest et au-delà, et apporte des éclairages sur sa conceptualisation, sa propagation et sa vulgarisation, en partant de la Gambie et de son extension à des millions d'autres Africains qui ont adopté sa pratique et en récoltent les dividendes. Le contenu de ce livre dévoile les

stratégies adoptées pour démanteler les contraintes structurelles et connexes qui entravent son développement dans cette partie de l'Afrique.

Dans l'organisation du livre, Momodou Musa Joof a jugé utile de présenter les faits et les détails connexes sous forme de chapitres précédés d'un avant-propos, d'une préface et d'une introduction au livre, saisissant ainsi les questions centrales et les implications de son travail telles qu'elles sont décrites dans le livre.

Dans l'avant-propos du livre, Alhaji (Dr.) Umaru Abdul Mutallab (CON), Président de Jaiz Takaful Insurance Plc, Nigeria, observe que, dès que Momodou Musa Joof a fait son entrée dans l'environnement commercial gambien avec ses idéaux et son expérience du Takaful en Malaisie, il était totalement concentré, sa compétitivité et son attitude sans état d'âme étaient évidentes dans tout ce qu'il entreprenait, et ce dernier livre écrit par lui,

porte un témoignage prophétique de son affirmation.

Dans la préface, Momodou Joof estime que le Takaful était largement inconnu en Afrique de l'Ouest jusqu'à son entrée dans le domaine des opérations, même si environ plus de 50 % de la population ouest-africaine est musulmane, la région reste un marché pionnier de l'assurance conventionnelle. Il présente donc une analyse opérationnelle du Takaful et explique comment ses origines islamiques l'ont amené à s'intéresser au modèle commercial et à accepter la justification morale des principes du Takaful. C'est ainsi qu'il s'est attelé à l'élaboration d'une feuille de route pour le développement du Takaful en Afrique de l'Ouest, en commençant par la Gambie, son pays d'origine, et même l'Afrique dans son ensemble, comme une ambition de vie.

En outre, Momodou Joof note qu'un système financier solide est essentiel pour soutenir la quête d'une économie dynamique dans la région. Et, suite à ses efforts, le modèle Takaful a connu un essor remarquable dans la région ouest africaine ainsi que dans certaines parties de l'Afrique australe, bien qu'il reste encore sous-exploité dans certaines zones de ces régions, en particulier dans l'ensemble de l'Afrique. Le livre souligne et témoigne que l'industrie du Takaful est l'un des secteurs financiers à la croissance la plus rapide dans les pays d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique australe où l'auteur a appliqué le modèle, et que les contraintes et lacunes actuelles inhérentes peuvent être améliorées conjointement par les acteurs de l'industrie et les parties prenantes alliées.

A titre de conseils, Joof indique qu'en dépit des tendances observées dans le paysage international du Takaful et des efforts déployés dans certaines juridictions avancées telles que la Malaisie, l'Arabie saoudite et la Turquie, le potentiel du marché du Takaful reste inexploité. Malgré l'importance de la population musulmane dans des pays comme le Nigeria, le taux de pénétration du Takaful reste insignifiant, inférieur à 5 % dans ces pays, ce qui fait de ces économies et d'autres parties de la région ouest africaine des marchés (quasi-) vierges pour le Takaful. Il observe que l'un des facteurs à l'origine

de cette tendance est que toute forme d'assurance est généralement perçue avec une profonde méfiance dans le monde musulman et au-delà, ce qui explique que les taux de pénétration restent inférieurs à 1 % en Afrique. L'auteur a révélé qu'il était un praticien de l'assurance conventionnelle ayant à son actif 14 ans d'expérience avant de se rendre en Malaisie pour y suivre un programme de maîtrise, et qu'il s'y est alors intéressé au Takaful. Mais lorsqu'on lui avait parlé de l'assurance islamique, il s'était à priori montré sceptique et cynique à l'égard du concept de Takaful, ce qui l'a amené à l'examiner méticuleusement. Lorsqu'il s'est finalement rendu compte que ce que le modèle Takfaul offrait n'était pas seulement islamique, mais aussi la manière la plus juste et la plus éthique de pratiquer l'assurance, en particulier avec les garanties mutuelles et le partage des bénéfices, il a décidé de faire son projet de recherche sur le Takaful. C'est dans ce contexte qu'il a créé la toute première compagnie d'assurance Takaful en Afrique de l'Ouest.

Dans l'introduction, Joof donne une définition opérationnelle et un aperçu approfondi du modèle commercial Takaful, et démontre que le concept Takaful est basé sur les dispositions de la charia visant à assurer la responsabilité des individus en coopérant pour se protéger les uns les autres. C'est sur cette note que, dans cette section, Joof observe que le Takaful en tant que modèle conforme à la charia sert d'alternative à l'assurance conventionnelle, tout comme la banque islamique sert d'alternative au système bancaire conventionnel basé sur l'intérêt. Selon Momodou Joof, le Takaful renforce l'idée que le secteur de l'assurance peut constituer une plateforme/charnière centrale pour l'inclusion financière et favoriser le développement d'un système financier solide, ce qui est un objectif primordial, en particulier pour les pays de la région ouest-africaine qui sont en train de devenir une force économique croissante sur le continent africain. Comme la région aspire à devenir un centre financier international majeur sur le continent dans un avenir proche, le développement du Takaful en tant que segment majeur de la finance islamique reste primordial. Cependant, malgré les efforts des gouvernements et l'énorme potentiel de ce service unique, la croissance des opérations de Takaful est encore à ses débuts après quelques décennies d'existence. Il a ainsi souligné que le Takaful aurait dû enregistrer un grand succès en Afrique de l'Ouest compte tenu de plusieurs facteurs positifs, malheureusement, cela n'a pas été le cas, et il est nécessaire d'y remédier afin de faciliter le

développement accéléré des opérations

Takaful et de contribuer à la revitalisation tant attendue du système financier de la région. Cette section retrace l'histoire de la finance islamique en Gambie avant l'évolution du Takaful en 2007, lorsque Joof est rentré de Malaisie à la fin de ses études de maitrise et a présenté la toute première proposition de Takaful au gouvernement gambien, ce qui l'a amené à créer la première compagnie de Takaful en Gambie, Takaful Gambia Limited, en 2008. Il est aussi fait mention de la croissance rapide du secteur et son expansion subséquente au-delà des frontières de la Gambie grâce à l'expertise et à l'ingéniosité de Joof, jusqu'au Nigeria et à la Zambie dans la région de l'Afrique australe, ainsi qu'au Ghana qui est également en pourparlers avec Joof en vue de profiter de l'expertise et du dynamisme de cet

expert pour développer son industrie du Takaful dans le pays.

Dans le deuxième chapitre, Joof décrit la situation de l'assurance en Gambie avant l'avènement du Takaful, et affirme que le secteur de l'assurance conventionnelle n'a pas servi les masses pauvres de la société de manière adéquate, laissant ainsi sans couverture assurantielle une grande partie de la population et un marché presque totalement inexploité. Dans ce chapitre, l'auteur indique que le public est peu sensibilisé à l'assurance, en particulier parmi les populations rurales pauvres de Gambie, et que ceux qui en sont conscients se méfient de l'assurance, en particulier dans les zones urbaines. L'auteur a donc observé qu'il y a beaucoup de place pour améliorer les pratiques commerciales de l'assurance envers les consommateurs et pour innover afin de servir les segments de la vente au détail et de la microassurance. Il souligne que la très faible

pénétration des compagnies d'assurance conventionnelles, associée à une population et une économie importantes et en pleine croissance, représente un marché potentiel attrayant pour le modèle d'assurance de masse du Takaful, dont la priorité absolue est de créer un secteur d'assurance inclusif en Gambie, qui offre de grandes perspectives de renforcement de la confiance et de la prise de conscience de la part du public.

Dans le chapitre 3, Joof explique comment son projet de recherche de maîtrise a abouti à la conception du Takaful en Gambie. Il note que sa mission Takaful en Gambie a été déclenchée par les objectifs de cette recherche qui comprennent, entre autres, les éléments suivants:

- Proposer un des modèles étudiés pour l'établissement de l'assurance islamique en Gambie. Le chapitre montre que, grâce à cette étude, Joof a été exposé à plusieurs ouvrages sur l'assurance islamique, ce qui l'a aidé à comprendre les diverses questions et perspectives des différents spécialistes de l'assurance Takaful, ainsi qu'à être exposé aux différents points de vue et modèles du Takaful. Il a ainsi acquis le savoir-faire intellectuel nécessaire pour poursuivre la mission de rêve consistant à introduire le Takaful en Gambie, ainsi que la capacité d'amener le Takaful à gravir des échelons plus élevés dans la région.

Ce chapitre met également en lumière un ensemble d'informations bibliographiques essentielles qui ont favorisé sa compréhension et sa connaissance du Takaful. Il révèle que c'est sur la base des résultats, des déductions et des recommandations qu'il a élaboré sa proposition de recommandations à l'intention du gouvernement de la Gambie. Selon ce chapitre, il a recommandé au gouvernement gambien d'encourager et de faciliter l'établissement de l'assurance islamique (Takaful) en Gambie, étant donné que les organismes d'assurance conventionnels ne rendent pas les services appropriés aux pauvres en raison de l'absence de rendement et des risques élevés qu'ils comportent.

Le chapitre 4 explique comment Joof a jeté les bases du Takaful en Gambie. Il décrit les différentes procédures qu'il a suivies pour obtenir l'approbation officielle du gouvernement de la Gambie pour l'établissement du Takaful en Gambie, depuis les démarches auprès du bureau du Président jusqu'à l'Assemblée nationale pour la ratification du projet de loi portant création de l'assurance Takaful dans le pays, en passant par la conception du mode

d'opération. Ce chapitre montre également comment Joof s'est mis à la recherche d'actionnaires/investisseurs et a fini par enregistrer la première société Takaful en Gambie en 2007, appelée Takaful Gambia Limited, qui a commencé ses activités en 2008

Le chapitre cinq présente les défis techniques auxquels Joof a été confronté lors du lancement des opérations initiales, notamment le manque de ressources humaines, les facteurs structurels, les facteurs juridiques, la mauvaise image de l'assurance, les différences régionales dans le fonctionnement du Takaful, la méconnaissance de la proposition de valeur du Takaful par les consommateurs, le rôle du marché de l'assurance conventionnelle ainsi que l'absence de volonté

Au chapitre six, Joof relève le défi structurel qui a entravé les premiers jours de son projet Takaful et qui est enraciné dans une rivalité malsaine avec le secteur de l'assurance conventionnelle.

Au chapitre 7, le livre présente une autre dimension du défi critique, cette fois-ci dans le domaine du marketing, et explique comment Joof a conçu un modèle de marketing approprié pour remédier à la situation. L'ouvrage part donc du principe qu'avec l'augmentation de la part de marché du Takaful, d'autres sociétés Takaful devraient voir le jour en Gambie et en Afrique de l'Ouest, mais qu'il y aura forcément des entraves et des obstacles particuliers auxquels il faudra s'attaquer pour assurer une base plus stable au secteur du Takaful.

Le chapitre huit résume les mesures prises par Joof pour relever les défis, mesures qui reposent principalement sur le développement de stratégies

innovantes. Ce chapitre met également en lumière les performances de Joof et établit les progrès qu'il a réalisés à court terme. Il fait ressortir le pouvoir d'attraction du marché de l'attrait éthique du Takaful et le différencie de son cousin conventionnel impopulaire. Dans ce chapitre, le livre souligne qu'au cours de la première année de partage des bénéfices, Joof a été en mesure de comptabiliser une somme substantielle en tant que bénéfice tout en prenant en charge certains besoins sociaux essentiels de la population dans le cadre de l'engagement avoué de Takaful en faveur de la zakat.

Le chapitre 9 explique comment Joof a consolidé le Takaful en Gambie et étendu le modèle commercial Takaful au-delà des frontières de la Gambie, jusqu'au Nigéria et à la Zambie en Afrique australe, tout en stimulant l'intérêt pour le Takaful dans toute la région ouest africaine.

Le chapitre 10 présente des études de cas sur l'expérience de Joof au Nigeria et en Zambie dans le cadre de sa mission de révolution du Takaful.

Au chapitre 11, l'ouvrage met en lumière les enseignements que l'on peut tirer pour l'Afrique des

résultats des travaux pionniers de Joof sur le Takaful dans la région. Dans ce chapitre, Joof partage son expérience et constate que les marchés Takaful de la région sont confrontés à plusieurs difficultés dans leur quête d'exploitation de l'énorme potentiel vierge du secteur Takaful, malgré l'augmentation du nombre d'opérateurs Takaful au cours des dernières années. Dans le contexte de son expérience, il constate que le secteur Takaful en Afrique est confronté à un ensemble particulier de difficultés. Comme le souligne Joof dans son livre, le manque de sensibilisation est au cœur de ces contraintes. À la lumière de ce scénario, Joof propose quelques recommandations pertinentes aux opérateurs Takaful de la région.

Le chapitre 12 de l'ouvrage présente l'avenir du Takaful sur le continent africain.

Le chapitre 13 présente les diverses interactions de Joof avec les médias locaux et internationaux dans le cadre de son projet de développement du Takaful dans la région.

Au chapitre 14, l'ouvrage présente au lecteur les différents prix et distinctions que Joof a reçus pour ses excellentes réalisations dans le cadre de l'évolution et de la révolution du Takaful en Afrique de l'Ouest et au-delà, tels qu'ils ont été publiés par les médias locaux et internationaux.

classes d'actifs alternatives, en tokenisant les actifs du monde réel et en les rendant accessibles aux clients de détail. Grâce à cette collaboration, les deux organisations visent à instaurer un précèdent pour les futures innovations financières en Afrique et au-delà.

Altbank et TK Tech Africa partagent une vision commune de l'innovation financière par le biais de la technologie, Altbank se concentrant sur les services bancaires sans intérêt et TK Tech Africa sur la numérisation des actifs et la blockchain Chez Altbank, nous considérons la finance numérique comme une composante essentielle pour atteindre les populations mal desservies et fournir des produits de financement éthiques. TK Tech Africa est également un pionnier de la numérisation des actifs et de la technologie blockchain, qui vise à révolutionner les transactions financières en Afrique en créant des

La technologie blockchain révolutionnerait l'émission, l'échange et le règlement des obligations Sukuk, en améliorant l'efficacité, la sécurité et la transparence. Les contrats

intelligents automatisent les processus, réduisent le besoin d'intermédiaires et rendent la plateforme opérationnelle 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. La technologie blockchain garantit également que les transactions sont infalsifiables, décentralisées et sécurisées, ce qui assure la conformité avec les principes de la charia et les exigences réglementaires.

partenariat soutient l'engagement de la banque en faveur du développement du secteur agricole, en améliorant la transparence et l'efficacité du financement agricole.

Altbank, en partenariat avec TK TECH, offrira des obligations Sukuk numériques, permettant à un plus grand nombre de personnes de participer à la création de richesse par le biais de produits financiers éthiques et conformes à la Charia. Ce

L'initiative Digital Sukuk vise à offrir des options d'investissement éthiques, accessibles et rentables aux Nigérians urbains à revenus moyens ou élevés âgés de 25 à 60 ans. Ce groupe démographique est connu pour son potentiel économique,

sa maîtrise de la technologie et sa sensibilité à l'égard de l'investissement. En proposant des options d'investissement conformes à la charia, nous leur permettons de diversifier leurs portefeuilles d'investissement. En outre, cette initiative renforce cette population en l'aidant à accroître son patrimoine et à contribuer à un développement économique plus large, puisque le capital mobilisé sera déployé dans des activités économiques productives.

Altbank dispose actuellement d'un produit appelé Alt-invest, une plateforme d'investissement qui se concentre sur les investissements éthiques et à impact dans les secteurs réels tels que l'immobilier, l'or, etc. Alternative Bank vise à combler les écarts de richesse en s'appuyant sur les valeurs, la finance et la technologie. En travaillant avec la LCFE, nous pouvons impliquer efficacement les jeunes, en leur offrant des opportunités d'investissement accessibles et impactantes dans l'or et d'autres actifs numérisés par le biais de l'initiative Digital Sukuk. Cette collaboration rendra les jeunes investisseurs plus autonomes et favorisera l'émergence d'une nouvelle génération de participants aux marchés financiers du Nigéria.

L'initiative Digital Sukuk vise à offrir des options d'investissement éthiques, accessibles et rentables aux Nigérians urbains à revenus moyens ou élevés âgés de 25 à 60 ans… En proposant des options d'investissement conformes à la charia, nous leur permettons de diversifier leurs portefeuilles d'investissement.

L'objectif de notre sensibilisation à l'initiative Digital Sukuk est de rendre l'investissement très attrayant pour les jeunes d'aujourd'hui, férus de technologie. Pour y parvenir, notre communication se concentrera sur des canaux qui s'adaptent à ce public.

Les principes de la finance islamique, en mettant l'accent sur les investissements éthiques et socialement responsables, la durabilité, l'équité et le partage des risques, fournissent un cadre solide pour l'adaptation de la technologie blockchain. En canalisant les investissements vers la plateforme, le financement sans intérêt peut contribuer au développement durable du continent tout en favorisant une croissance économique inclusive et en améliorant les conditions de vie des communautés locales. Cette approche innovante crée de nouvelles opportunités telles que la réduction des coûts de transaction, l'élargissement de la portée des transactions et le renforcement des transactions de pair à pair.

Les obstacles potentiels de cette initiative sont principalement liés à son aspect réglementaire. Les contrats seront examinés par des organismes de réglementation tels que la Security and Exchange Commission (SEC) et la Banque centrale du Nigéria (CBN) afin d'assurer une transparence et une responsabilité totales. Il est important de comprendre que l'inclusion financière doit adhérer aux préceptes du secteur financier, tant sur le marché monétaire que sur le marché des capitaux, car il y a une utilisation symbiotique des deux dans ce cas.

L'initiative Digital Sukuk a un cycle de croissance de plus de 10 ans. Cela signifie qu'il sera nécessaire de se concentrer sur la mise à l'échelle ou l'élargissement du champ d'application au fur et à mesure que nous ferons des progrès significatifs. Nous sommes convaincus que la première phase du projet répondra à toutes les attentes.

Les principes de la finance islamique, en mettant l'accent sur les investissements éthiques et socialement responsables, la durabilité, l'équité et le partage des risques, fournissent un cadre solide pour l'adaptation de la technologie blockchain. En canalisant les investissements vers la plateforme, le financement sans intérêt peut contribuer au développement durable du continent tout en favorisant une croissance économique inclusive et en améliorant les conditions de vie des communautés locales.

Testez vos connaissances sur la murabaha!

QU’EST CE QUE LA MUDARABA?

Définition: La Mudaraba est un contrat de partenariat à but lucratif dans lequel une partie appelé Rabbul Maal apporte du capital à une autre partie(appelé le Mudarib) qui fournit des compétences et du travail dans la réalisation d’un projet ou une entreprise commerciale. Les deux parties partagent le bénéfice selon un ratio convenu d’avance. Les pertes , le cas échéant, étant supportées par le fournisseur de fonds (Rabbul maal), sauf si cela est dû à une négligence, un abus de confiance ou encore une violation des conditions convenues dans le contrat par le Mudarib. Dans ce cas, le mudarib porte la responsabilité de la perte.

Mode opératoire simplifié

Signature d’un contrat Mudaraba entre l’entrepreneur et la banque.

2a

Dans le cas où le projet génère des profits , ceux-ci sont repartis entre la banque et l’entrepreneur selon la clé de répartition convenue dans le contrat.

La banque (Rabbul-maal) apporte le capital nécessaire à la réalisation du projet qui est ensuite investi par l’entrepreneur.

2b L’entrepreneur (Mudarib) apporte son expertise dans la gestion du projet.

Dans le cas où le projet se solde par des pertes, la banque supporte intégralement les pertes financières sauf en cas de négligence, de fraude, de mauvaise gestion ou de violation du contrat de Moudaraba par l’entrepreneur.

Résumédel’article

Dans son article intitulé Les remèdes aux crises environnementales et financières offertspar l’économieislamique , publié dans le Journal of Islamic Economics. Ezzedine Ghlamallah propose une réflexion stimulante sur le rôle que pourrait jouer l’économie islamique face aux défis environnementaux et financiers de notre époque.

L’auteur commence par dresser un constat alarmant des crises multiples qui menacent notre planète et nos sociétés : réchauffement climatique, déforestation, pollution, perte de biodiversité, mais aussi endettement excessif, spéculation et instabilité financière chronique. Face à ces périls, M. Ghlamallah affirme que les principes de l’économie islamique offrent des pistes prometteuses pour construire un modèle de développement plus juste, plus durable et plus résilient.

Parmi les « remèdes » proposés, l’abandon de l’usure et de la spéculation apparaît comme une condition sine qua non pour moraliser la finance et la mettre au service de l’économie réelle. L’auteur insiste également sur l’importance de valeurs éthiques comme la justice, la compassion, la responsabilité et la recherche du bien commun, qui devraient guider les comportements économiques des individus et des institutions.

M. Ghlamallah voit dans la finance islamique un levier puissant pour promouvoir une plus grande stabilité financière, grâce notamment au principe de partage des risques et à l’adossement des transactions à des actifs tangibles. Il cite à ce propos les propos de Christine Lagarde, ex-directrice du FMI, qui avait souligné le potentiel stabilisateur de la finance islamique.

Enfin, l’article met en avant deux instruments clés de l’économie islamique qui pourraient être mobilisés pour réduire les inégalités et financer les objectifs de développement durable (ODD) : la Zakāh, une forme d’aumône légale prélevée sur la richesse, et le Waqf, un mécanisme philanthropique similaire au trust. Selon l’auteur, la généralisation de ces outils à l’échelle mondiale permettrait de dégager des ressources considérables pour lutter contre la pauvreté et protéger l’environnement, sans recourir à l’endettement. Au final, la thèse défendue par Ezzedine Ghlamallah est que l’économie islamique, loin d’être un modèle du passé, porte en elle les germes d’un nouveau paradigme économique, plus éthique, plus solidaire et mieux armé pour affronter les grands enjeux du 21e siècle. Une vision originale et audacieuse, qui mérite d’être discutée et approfondie. C’est tout l’objet de notre entretien avec cet expert reconnu de la finance islamique.

Les principaux apports de l’économie islamique pour répondre aux défis environnementaux et financiers actuels se concentrent sur l’adoption de principes tels que la justice qu’elle soit économique, sociale et environnementale, la modération dans la consommation et la responsabilité devant le Créateur et les créatures. Par exemple, l’économie islamique proscrit l’usure et la spéculation sur les monnaies et certaines matières premières telles que le blé. Cela favorise une économie plus stable et équitable. En évitant la spéculation, on réduit la volatilité et quand il s’agit de ressources alimentaires, les marchés financiers ne devraient pas pouvoir jouer avec la faim. L’économie islamique encourage les investissements qui ne nuisent pas à l’environnement ou à la société. Cela inclut l’évitement des industries nuisibles comme le tabac, l’alcool et les jeux d’argent, et favorise les investissements dans les secteurs vertueux, durables et utiles à la société.

D’autre part, l’économie islamique met l’accent sur la justice sociale, économique et environnementale. En s’assurant que les richesses soient partagées de manière équitable sans porter atteinte à l’environnement et en veillant particulièrement à préserver les équilibres naturels. Cela est particulièrement pertinent pour lutter contre les inégalités et promouvoir un développement durable. On peut citer à titre d’exemple, la Zakāh qui est un pilier clé de l’économie islamique qui oblige les musulmans à donner une partie de leur richesse aux nécessiteux. Cela contribue à la redistribution des richesses et à la réduction de la pauvreté. En plus de ses vertus redistributives, un taux fixe de Zakāh sur les actifs non productifs décourage l’oisiveté du capital et incite à l’investissement productif et à la circulation de la richesse, renforçant son effet de réduction des inégalités et favorisant le développement économique durable. Dans l’article, je présente également l’outil redistributif du Waqf, qui est une forme de donation permanente utilisée pour financer des projets d’intérêt public, tels que les écoles, les hôpitaux et les infrastructures

environnementales. Les Awqafs pourraient être mis au service d’initiatives durables, comme la conservation de l’eau, la reforestation et les énergies renouvelables, contribuant ainsi à la résolution de nombreux problèmes environnementaux.

L’économie islamique prône la modération dans la consommation et l’utilisation des ressources, ce qui est essentiel pour répondre aux défis environnementaux. Ce principe encourage une consommation responsable et réduit le gaspillage, contribuant ainsi à la préservation de l’équilibre naturel.

Ces principes et pratiques offrent des remèdes pour aborder les crises financières et environnementales en promouvant la durabilité, la stabilité financière et l’équité sociale.

L’adoption à l’échelle mondiale des principes de l’économie islamique, tels que l’abandon de l’usure et de la spéculation, présente à la fois des défis et des opportunités. Voici quelques-uns des principaux freins et leviers à cette adoption. Un des freins principaux est que le système financier global actuel est profondément ancré dans les pratiques d’intérêts et de spéculation. La transition vers un modèle sans intérêt exigerait une refonte majeure des pratiques bancaires et financières, ce qui pourrait rencontrer une résistance considérable de la part des institutions établies. Pour surmonter ce frein, il faudrait le soutien de grandes

Les principaux apports de l’économie islamique pour répondre aux défis environnementaux et financiers actuels se concentrent sur l’adoption de principes tels que la justice qu’elle soit économique, sociale et environnementale, la modération dans la consommation et la responsabilité devant le Créateur et les créatures.

organisations internationales ou que des zones d’intérêts économiques communs le mettent en place. Un autre frein est qu’il existe une méconnaissance ou des idées préconçues sur l’économie islamique, en la considérant uniquement dans un contexte religieux, ce qui peut freiner son acceptation par un public non musulman alors qu’il ne s’agit que d’une économie morale, c’est-àdire durable, juste et équitable ! Pour surmonter cet obstacle, il est important d’informer et d’éduquer le public sur les avantages de ces principes comme vous le faites si bien avec Islamic Finance Magazine ! En ce qui concerne les leviers, on peut citer en premier lieu la crise de la dette qui arrive. Rappelons ici que la dette publique américaine atteint 34 000 milliards de dollars en 2024, dépassant son plafond légal de 31 000 milliards à 1,3 fois le PIB du pays, son plus haut historique. Nous serons à 46 000 milliards de dollars en 2028. Rappelons qu’en France avec plus de 52 milliards de paiements d’intérêts en 2024 et d’après les projections du ministère de l’Économie, la charge de la dette devrait devenir d’ici 2027 le premier poste de dépenses du pays, devant l’éducation ou l’armée. Les crises financières mondiales et les guerres ont souvent été exacerbées par une spéculation excessive et un endettement non durable. Les principes de l’économie islamique, en mettant l’accent sur le partage des risques et l’adossement des transactions à des actifs réels, pourraient donc offrir des modèles plus stables et résilients en bâtissant une économie libre de la dette et de la spéculation et se concentrant sur l’investissement et le partage des risques, ce qui aurait également pour effet grâce à l’équité dans les échanges économiques d’éviter les conflits entre les pays. Ensuite, autre levier important à souligner, il existe une demande croissante pour des pratiques financières plus éthiques et

durables, reflétant une prise de conscience des impacts sociaux et environnementaux des activités financières. Les principes de l’économie islamique, qui promeuvent l’équité, la durabilité et l’interdiction de la spéculation nocive, sont alignés avec cette prise de conscience.

La mise en œuvre à l’échelle planétaire d’un système inspiré de la Zakāh et du Waqf, pour financer les Objectifs de Développement Durable (ODD) et favoriser un système économique plus durable et équitable, nécessiterait plusieurs conditions et un engagement actif des différentes institutions internationales, nationales et locales.

La mise en œuvre à l’échelle planétaire d’un système

inspiré de la Zakāh et du Waqf, pour financer les Objectifs de Développement Durable (ODD) et favoriser un système économique plus durable et équitable, nécessiterait plusieurs conditions et un engagement actif des différentes institutions internationales, nationales et locales.

Il faudrait établir un cadre juridique international qui reconnaît et intègre les principes de la Zakāh et du Waqf dans les systèmes fiscaux et de dons, tout en respectant la souveraineté et les spécificités culturelles et religieuses de chaque pays. Pour garantir la transparence, la responsabilité et l’efficacité de l’application de ces principes, une standardisation et une harmonisation des pratiques liées à la Zakāh et au Waqf seraient nécessaires. Cela implique de définir des normes claires pour le calcul, la collecte, et la distribution de la Zakāh, ainsi que pour la gestion des Awqafs Pour mobiliser les ressources et assurer une mise en œuvre efficace, la réussite de ce système nécessiterait la collaboration entre les gouvernements, les institutions financières, les ONG, les entreprises, et les communautés religieuses. Les institutions internationales, comme l’ONU, pourraient promouvoir l’adoption de ces principes

comme outils complémentaires de financement du développement durable, en mettant en avant leur potentiel pour réduire la pauvreté et favoriser une croissance équitable et durable. La mise en œuvre réussie d’un tel système nécessiterait une approche collaborative et inclusive, en reconnaissant la diversité des contextes économiques, culturels et religieux à travers le monde.

Les valeurs et principes de l’économie islamique s’alignent étroitement sur les Objectifs de Développement Durable (ODD) de l’Agenda 2030 des Nations Unies, à travers plusieurs dimensions fondamentales :

Tout d’abord, l’économie islamique met un fort accent sur la justice sociale, l’équité et la réduction des inégalités (ODD 10), à travers des mécanismes comme la Zakāh et le Waqf, qui visent à redistribuer la richesse et à fournir un soutien aux plus démunis. De plus, en insistant sur l’importance de préserver l’environnement pour les générations futures, les principes d’intendance et de responsabilité (Khalifa) et de modération (Tawazun) encouragent la gestion durable des ressources naturelles (ODD 12, 13, 14 et 15). En interdisant l’usure et en promouvant le partage des risques et des bénéfices, l’économie islamique favorise des pratiques économiques et financières plus inclusives et éthiques, qui peuvent stimuler une croissance économique durable (ODD 8) et réduire la pauvreté (ODD 1). Le régime du Waqf, utilisé historiquement pour financer des institutions éducatives, des hôpitaux et des services sociaux, reflète l’engagement de l’économie islamique envers l’éducation de qualité (ODD 4) et la bonne santé et le bien-être (ODD 3). Les principes de l’économie islamique qui encouragent la Zakāh et d’autres formes d’aide aux

nécessiteux peuvent contribuer à l’élimination de la faim (ODD 2) et soutenir une agriculture durable (ODD 2). Enfin, L’éthique de la modération et l’interdiction du gaspillage (Israf) dans l’économie islamique encouragent une consommation et une production responsables (ODD 12). En intégrant ces valeurs et principes dans les politiques et les pratiques, à la fois au niveau national et international, il est possible de promouvoir un développement qui est non seulement économiquement viable, mais aussi socialement équitable et respectueux de l’environnement, aligné sur les aspirations de l’Agenda 2030 des Nations Unies. Les défis résident dans l’adaptation de ces principes aux contextes modernes et dans leur acceptation et mise en œuvre par une diversité d’acteurs économiques et politiques à travers le monde.

Pour instaurer un « nouveau contrat social » inspiré des principes universels de l’économie islamique, une collaboration entre divers acteurs à différents niveaux serait nécessaire. Des organisations telles que les Nations Unies et la Banque Islamique de Développement pourraient jouer un rôle de premier plan en intégrant les principes de l’économie islamique dans leurs programmes de développement durable et en encourageant leur adoption à travers des politiques et des financements. Les autorités nationales et locales pourraient adopter des politiques et des réglementations favorisant les principes de justice, d’équité et de durabilité dans leurs systèmes économiques et financiers, tout en encourageant les partenariats public-privé. Les entreprises et les institutions financières, y compris les banques islamiques, pourraient promouvoir des pratiques commerciales éthiques et durables, conformément aux principes de l’économie islamique. Les ONG, les organisations religieuses et les groupes

…l’économie islamique met un fort accent sur la justice sociale, l’équité et la réduction des inégalités (ODD 10), à travers des mécanismes comme la Zakāh et le Waqf, qui visent à redistribuer la richesse et à fournir un soutien aux plus démunis.

communautaires pourraient jouer un rôle crucial dans la sensibilisation, l’éducation et la mise en œuvre de projets concrets au niveau local, tout en veillant à la participation et à l’inclusion des communautés marginalisées. Enfin, les universités et les instituts de recherche pourraient contribuer à l’élaboration de cadres théoriques et pratiques pour l’intégration des principes de l’économie islamique dans les modèles de développement alternatifs, ainsi qu’à l’évaluation de leur impact.

Le « nouveau contrat social » inspiré de l’économie islamique pourrait s’harmoniser et se renforcer mutuellement avec d’autres visions alternatives telles que l’économie sociale et solidaire et la recherche de bien commun. Les principes de l’économie islamique, tels que la responsabilité sociale, la justice économique, et la durabilité

environnementale, sont compatibles avec les valeurs de l’économie sociale et solidaire et du mouvement du bien commun. Ensemble, ils pourraient offrir un cadre plus riche et plus diversifié pour repenser notre modèle économique global. Les principes de l’économie islamique pourraient être intégrés dans les initiatives existantes de l’économie sociale et solidaire et du bien commun comme des pratiques complémentaires, enrichissant ainsi ces modèles avec des perspectives et des pratiques financières alternatives. Pour que ce « nouveau contrat social » devienne réalité, une approche inclusive et participative, valorisant la diversité des perspectives et encourageant l’innovation collaborative, serait essentielle. Cela implique une volonté politique, un engagement communautaire et un soutien institutionnel à tous les niveaux.

L’économie islamique, avec ses principes éthiques et ses pratiques financières distinctes, a le potentiel de contribuer à un nouveau paradigme économique et financier qui pourrait trouver un écho bien au-delà du monde musulman. Cette perspective repose sur plusieurs points de convergence avec d’autres traditions spirituelles et courants de pensée, qui partagent des valeurs communes sur la justice sociale, la durabilité et l’éthique dans les affaires. De nombreuses traditions spirituelles et philosophiques soulignent l’importance du partage des richesses et de la lutte contre la pauvreté, des idées centrales dans l’économie islamique à travers la Zakāh et le Waqf. Il en est de même de l’abolition de l’esclavagisme financier que l’on retrouve dans le catholicisme. L’idée que l’humanité doit agir comme gardienne de la Terre et préserver les équilibres est présente dans l’économie islamique ainsi que dans d’autres traditions religieuses et philosophiques telles que le taoïsme, encourageant la gestion durable des ressources. L’idée de solidarité et de soutien mutuel au sein de la communauté est un principe clé dans l’économie islamique et trouve des échos dans les enseignements

sur la compassion et l’entraide présents dans les traditions spirituelles humaines et le courant de la philosophie morale. Pour que l’économie islamique soit considérée comme un nouveau paradigme économique universel, il est essentiel de souligner ces points de convergence et de favoriser un dialogue interculturel et interreligieux. Ce dialogue peut faciliter une compréhension mutuelle et explorer comment les principes de l’économie islamique peuvent être adaptés ou intégrés dans des contextes divers, contribuant ainsi à un système économique mondial plus juste, équitable et durable permettant à l’humanité de s’éloigner de la guerre et de se rapprocher de la Paix. de la guerre et de se rapprocher de la Paix.

Audit Shari’ah d´ un portefeuille d’actifs islamiques d'une valeur de 3 milliards de dollars

Des clientssur 5 continents

+ de 20 autorités (banques centrales, ministères) nous ont déjà fait confiance

Des projets et des missions dans plus de 40 pays

Près de 150 produits financiers islamiques dans diverses juridictions

Plusieurs milliers de professionnels ont déjà suivi nos formations

AColan enseigne et conseille sur la finance, gestion islamiques Il est le fondateur de Muslim et conseiller auprès de plusieurs institutions de finance islamique ainsi que membre d'un groupe de travail de l'AAOIFI. Précédemment, Almir a exercé comme professeur consultant pour le Master of Islamic Banking and Finance Course à l'Université La Trobe Australie.

En termes simples, l'économie islamique fonctionne sur la base d'un ensemble de valeurs qui profitent à la fois aux individus et à la société dans son ensemble. Elle met l'accent sur un comportement éthique et des mesures incitatives qui encouragent les individus à faire des choix ayant un impact positif sur les autres. Elle s'aligne sur les enseignements du prophète Mahomet (que la paix soit avec lui), qui a souligné l'importance du bienfait à autrui. Fondamentalement, l'économie islamique consiste à faire des choix qui visent à améliorer le mode de vie de chacun. Cela implique de créer des emplois, de produire des biens et des services et de subvenir aux besoins des familles. L'économie prospère collectivement en favorisant un environnement dans lequel les gens se sentent en confiance pour s'engager et investir dans les entreprises.

L'économie islamique encourage la collaboration et le soutien mutuel au sein de la société.

Elle est consciente que les individus sont doués de compétences et de capacités différentes et qu'en travaillant ensemble, ceux-ci peuvent répondreaux besoins des uns et des autres et se développer de concert. Il en résulte un excédent qui permet de prendre soin des moins privilégiés.

L'économie islamique repose sur la notion de construction d'un mode de vie fondé sur des valeurs saines, notamment la famille, la communauté et la spiritualité. Elle met l'accent sur l'importance des bonnes relations et des valeurs qui renforcent le bien-être général. Ces principes sont inspirés par la foi et les croyances, sachant que l'adhésion à ces principes mène à la prospérité et à l'épanouissement à long terme. La gratitude, le contentement et un état d'esprit axé sur le bienfait à autrui sont des enseignements essentiels qui façonnent l'économie islamique. Ces principes se manifestent dans la vie quotidienne et contribuent à créer une société qui privilégie le bien commun et la prospérité collective. En définitive, l'économie islamique vise à favoriser un mode de vie équilibré et harmonieux, conformément aux recommandations divines.

lesquels on n'a pas de contrôle.

La mise en œuvre du Modèle du Berger dans l'économie et les entreprises implique de s'approprier sa situation et de se concentrer sur les mesures à prendre plutôt que de s'engouffrer dans les difficultés. Plutôt que de rejeter la faute sur autrui ou de se sentir dépassé par la complexité de la situation, les individus sont encouragés à prendre des dispositions pratiques, dans la mesure de leurs moyens, pour résoudre les problèmes et aller de l'avant.

Le Modèle du Berger met finalement l'accent sur le leadership, la responsabilité et la résolution de problèmes. En adoptant cette approche, les individus peuvent se frayer un chemin face aux incertitudes du monde d'aujourd'hui avec résilience et détermination, en se concentrant sur ce qu'ils peuvent contrôler et en posant des actes significatifs pour atteindre leurs objectifs.

Le Modèle du Berger, qui considère les dirigeants comme des bergers ayant la responsabilité de guider et d'élever leur troupeau, souligne l'idée selon laquelle chacun a un rôle à jouer dans la société. Cette perspective encourage les individus à participer activement à l'économie plutôt que d'observer passivement. En adoptant l'état d'esprit d'un berger, les individus deviennent proactifs dans la recherche d'opportunités et dans la gestion des défis. En tant que bergers, il incombe aux individus la responsabilité de regarder vers l'avenir et d'identifier les opportunités, tout comme un berger cherche de verts pâturages pour son troupeau. Il faut pour cela faire preuve d'imagination et de vision pour envisager un avenir meilleur pour soi-même, sa communauté ou même son entreprise. Il s'agit d'assumer la responsabilité de sa situation et de rechercher activement des solutions plutôt que de s'attarder sur les blâmes ou les facteurs externes sur

La financiarisation et la ludification de l'économie découlent d'un état d'esprit fondé

sur le riba, qui consiste à rechercher le profit sans accomplir de véritable travail, ce qui a un impact sur les activités économiques.

La financiarisation transforme des activités économiques réelles en actifs financiers, en donnant la priorité aux profits tirés du prêt ou de la vente d'argent plutôt qu'à la production de biens ou de services. Les entreprises, comme les constructeurs automobiles ou les supermarchés, réalisent parfois plus de profits sur des activités financières telles que les prêts à intérêt ou l'émission de cartes de crédit que sur leurs activités principales. Même des géants de la technologie comme Apple se sont lancés dans la délivrance de cartes de crédit, soulignant ainsi l'impact des services financiers. Cette évolution crée une économie où la circulation de l'argent se transforme en une économie financière beaucoup plus volumineuse que l'économie réelle.

La ludification (ou gamification), quant à elle, implique un commerce spéculatif, où les individus s'adonnent à l'achat et à la vente fréquents d'instruments financiers tels que les actions, les obligations, les matières premières, les monnaies dérivées, les crypto- monnaies et

ainsi de suite. Cela devient un jeu à somme nulle, dissocié des activités économiques réelles, car les participants se concentrent sur la réalisation de profits à partir des fluctuations de prix plutôt que sur la contribution au bien-être de la société. Même les jeunes sont de plus en plus attirés par ces activités spéculatives comme le day trading et le forex, y voyant un moyen rapide de s'enrichir. Cependant, ces activités se soldent souvent par des pertes et contribuent peu à l'économie réelle.

La financiarisation et la ludification (l’économie) reflètent un état d'esprit axé principalement sur les gains numériques, sans tenir compte de l'impact sur le monde réel et du bien-être de la société. Elles encouragent une culture de spéculation inspirée des casinos et une prise de risque non productive, où les individus donnent la priorité aux gains à court terme et aux méthodes fainéantes pour réaliser des profits. En outre, ces pratiques exploitent souvent les traders inexpérimentés, ce qui entraîne des pertes financières et des désillusions. En fin de compte, la financiarisation et la ludification compromettent les principes fondamentaux de la finance islamique, qui

mettent l'accent sur la conduite éthique, le partage des risques et le bien-être de la société. Au lieu de favoriser une croissance économique durable, elles encouragent les comportements spéculatifs et l'instabilité financière, ce qui pose des défis considérables à la mise en place d'une économie équilibrée et équitable.

La technologie, en particulier la blockchain et l'intelligence artificielle (IA), est souvent saluée comme une solution à divers défis, mais nous devons l'aborder avec prudence et clarté.

cas de figure principal et les applications pratiques ne sont pas encore à la hauteur de sa proposition de valeur fondamentale. À l'inverse, l'IA fait progresser de manière significative les processus de prise de décision, en permettant d'effectuer des tâches telles que l'analyse de données, la modélisation prédictive et le traitement du langage naturel à une vitesse remarquable, transformant ainsi le mode de fonctionnement des entreprises et des organisations. Toutefois, il est essentiel de reconnaître que l'IA fonctionne sur la base de modèles et de données existants et qu'elle est dépourvue de la créativité ou des capacités de réflexion critique propres à l'homme.

La clé d'une exploitation efficace de la technologie réside dans la compréhension des problèmes qu'elle vise à résoudre, de la manière

Le Modèle du Berger, qui considère les dirigeants comme des bergers ayant la responsabilité de guider et d'élever leur troupeau, souligne l'idée selon laquelle chacun a un rôle à jouer dans la société.
Cette perspective encourage les individus à participer activement à l'économie plutôt que d'observer passivement.

La blockchain vise à résoudre les problèmes de confiance, de gouvernance et de transparence inhérents à la prise de décision centralisée ou liée à une agence. Cependant, son succès dans la réalisation de ces objectifs reste discutable, car le

dont elle les résout et de la question de savoir si la solution proposée répond aux préoccupations essentielles associées à ces problèmes. Par exemple, malgré son potentiel pour résoudre les problèmes de confiance et de transparence, la

blockchain n'a pas encore été déployée en tant que mécanisme de gouvernance qui responsabilise les individus ou les institutions ou les rend plus transparents. De même, l'utilité de l'IA, qui s'étend bien à l'analyse prédictive, à l'automatisation, à la personnalisation, à la détection des fraudes et à d'autres tâches similaires, n'est encore que de la reconnaissance de formes avec des biais inhérents, que ce soit par le codage, la formation ou les données qu'elle utilise. Ce serait une erreur de confier à l'IA le sens du jugement et l'instinct humains fondamentaux, fondés sur la connaissance et l'expérience, que les êtres humains utilisent pour se guider eux-mêmes.

Dans le contexte de la finance et de l'économie islamiques, la technologie devrait améliorer la qualité des relations entre les différentes parties prenantes. Elle devrait relier les gens de manière à contribuer à la construction d'une architecture économique axée non seulement sur l'économie financière, mais aussi sur l'économie réelle. L'utilisation appropriée de la technologie devrait favoriserla coopération dans des activités bénéfiques et protéger contre ce qui pourrait avoir des effets néfastes sur la société. En fin de compte, le succès de la technologie et de l'économie devrait être mesuré à l'aune de leur

capacité à renforcer les objectifs fondamentaux de l'islam dans la société.

Si la technologie recèle un immense potentiel pour révolutionner divers aspects de la société, son adoption doit s'accompagner d'une réflexion critique, d'un scepticisme et d'un engagement à préserver l'authenticité des expériences et des interactions humaines.

Si la technologie recèle un immense potentiel pour révolutionner divers aspects de la société, son adoption doit s'accompagner d'une réflexion critique, d'un scepticisme et d'un engagement à préserver l'authenticité des expériences et des interactions humaines.

La récente révocation de la licence bancaire de la Banque islamique d'Australie, qui serait due au fait qu'elle n'a pas réussi à lever suffisamment de capitaux, marque un important manquement de

La financiarisation et la ludification (l’économie) reflètent un état d'esprit axé principalement sur les gains numériques, sans tenir compte de l'impact sur le monde réel et du bien-être de la société. Elles encouragent une culture de spéculation inspirée des casinos et une prise de risque non productive, où les individus donnent la priorité aux gains à court terme et aux méthodes fainéantes pour réaliser des profits.

la part de l'entreprise. En outre, la composition démographique de l'Australie, avec une population majoritairement jeune, représente un défi unique pour les nouvelles institutions de dépôt sur un marché dominé par quatre grandes banques. Les jeunes privilégient souvent les dépenses à l'épargne, ce qui complique le maintien d'un nouveau modèle bancaire axé sur les dépôts. Les entreprises doivent examiner attentivement leur cible démographique et leurs

L'évolution de l'écosystème de la finance islamique en Australie évolue principalement au gré des demandes d'une population majoritairement jeune. La majorité des

sources de revenus pour assurer leur viabilité à long terme. Si le concept d'une banque islamique en Australie est prometteur, il doit être soigneusement calibré et aligné sur les réalités du marché pour aboutir. L'expérience de la Banque islamique d'Australie souligne l'importance d'aborder les questions et les piliers fondamentaux de l'activité, de comprendre les besoins des clients, d'aligner les modèles d'entreprise sur la dynamique du marché et d'accorder la priorité à la viabilité financière. En tenant compte de ces considérations fondamentales, les institutions bancaires islamiques en devenir peuvent relever efficacement les défis et s'implanter sur leurs marchés respectifs.

musulmans du pays ont moins de 40 ans. Cette population cherche à financer les étapes cruciales de la vie telles que l'acquisition d'un logement, le mariage et la fondation d'une famille. Le financement de l'immobilier apparaît comme un moteur important de l'industrie de la finance islamique, les jeunes souhaitant acquérir des maisons modestes dans des villes comme Melbourne et Sydney, où les prix varient de plus de 550 000 dollars à 1 million de dollars. L'investissement joue également un rôle crucial, notamment par l'intermédiaire des fonds de pension prévus par la législation. Les contributions de la population musulmane à ces fonds de pension, qui s'élèvent à plusieurs options d'investissement conformes à la charia.

En outre, les particuliers explorent les fonds d'investissement autogérés pour s'aligner sur les principes de la finance islamique. Au-delà du financement et de l'investissement immobilier, on observe une tendance notable vers les activités d'investissement dans le secteur de l'immobilier. Les fonds et les dispositifs destinés à l'aménagement du territoire, aux projets immobiliers et à la construction de propriétés gagnent en popularité auprès des investisseurs à la recherche d'opportunités conformes à la Charia.

Dans l'ensemble, le paysage de la finance islamique en Australie reflète un appétit croissant pour les produits et les services financiers qui adhèrent aux principes islamiques, motivé par les besoins et les préférences spécifiques de la jeune population musulmane. Le financement des entreprises et le Takaful (assurance) sont des domaines encore mal desservis.

stratégique pour soutenir la croissance et être compétitifs à l'échelle mondiale.

En outre, les produits australiens sont réputés pour leur haute qualité et leur respect des normes réglementaires strictes, ce qui explique pourquoi l'Australie est un leader en matière d'exportation de produits alimentaires halal. Par exemple, de nombreuses entreprises australiennes exportent vers les pays musulmans de la région et du Moyen-Orient.

Les perspectives de l'économie islamique et halal australienne sont prometteuses, grâce à la solide réputation du pays en matière de produits conformes et de haute qualité, ainsi qu'à une base de consommateurs musulmans jeunes et agiles.

L'Australie est une économie à forte intensité de capital dans divers secteurs, tels que l'exploitation minière, l'agriculture, les infrastructures et les énergies renouvelables, qui nécessitent des investissements importants et une planification

Le nombre croissant d'entreprises gérées par des musulmans renforce ce potentiel de croissance, en exploitant les marchés halal nationaux et mondiaux. A mesure que ces entreprises innovent et s'adaptent rapidement aux tendances du marché - en particulier dans les domaines de l'alimentation, des cosmétiques et des produits pharmaceutiques - le potentiel de l'Australie à devenir un acteur important de l'industrie halal semble de plus en plus probable. Comprendre et s'aligner sur les tendances halal mondiales et s'engager en faveur de la qualité et de la conformité sera crucial pour les parties prenantes qui cherchent à capitaliser sur ces opportunités et à être compétitives dans un paysage économique en pleine évolution.

Pour raviver l'esprit entrepreneurial au sein de la communauté musulmane et alimenter l'économie dans son ensemble, il est essentiel de reconnaître le rôle central des entrepreneurs en tant que moteurs économiques essentiels.

Nous avons de plus en plus souvent écho de récits inspirants de jeunes entrepreneurs qui débutent avec une entreprise modeste, développent leurs activités et s'adaptent habilement aux exigences du marché, pour finalement aboutir à un succès remarquable. De tels récits soulignent l'importance de prendre des mesures progressives, de gagner en confiance et de s'attaquer à des défis plus importants au fur et à mesure que l'on progresse.

Encourager l'esprit entrepreneurial nécessite une approche à multiples facettes devant impliquer des parties prenantes telles que le gouvernement, les établissements d'enseignement et les systèmes financiers. Les mesures incitatives devraient être coordonnées pour attirer et soutenir les talents entrepreneuriaux, tout en les considérant comme la principale ressource pour le progrès économique.

Des anecdotes historiques, telle que celle dans laquelle Umar (qu'Allah soit satisfait de lui)

accordait la primauté à la valeur des personnes ingénieuses sur les ressources matérielles pour stimuler le progrès, soulignent la vérité immuable selon laquelle le capital humain est le moteur ultime de la réussite économique. Les entrepreneurs ayant une vision et des compétences sont ceux qui façonnent les économies à l'échelle locale et mondiale. La formule du succès consiste à favoriser un environnement qui encourage l'initiative, où la réglementation et les systèmes de gouvernance offrent les libertés nécessaires pour réussir de manière équitable, et où le paysage juridique donne aux investisseurs la confiance dans l'État de droit. Un véritable succès émerge lorsque la méritocratie prévaut et que les individus ayant des idées et des valeurs pertinentes ont les moyens de s'épanouir. Pour libérer tout le potentiel de l'esprit entrepreneurial au sein de la communauté musulmane, il faut donc entretenir un écosystème où l'innovation et la créativité s'épanouissent, ce qui, en fin de compte, favorise la croissance économique et la prospérité.

Les perspectives de l'économie islamique et halal australienne sont prometteuses, grâce à la solide réputation du pays en matière de produits conformes et de haute qualité, ainsi qu'à une base de consommateurs musulmans jeunes et agiles. Le nombre croissant d'entreprises gérées par des musulmans renforce ce potentiel de croissance, en exploitant les marchés halal nationaux et mondiaux.

Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.