Islamic FInance Magazine Février 2024

Page 1


Stratégie Business Development Market Intelligence Organisation

Ingénierie Financière Finance Islamique Financement de Projets Gestion des Projets

Technologies Financières Systèmes d'information Data Analytics Développement de Produits


Save the date


Sommaire

52

Pages

06

L’EDITO

10

ACTUALITES

15

REGARDS D’EXPERTS

Avec Sory TOURE Point sur la finance islamique en Afrique et dans le reste du monde

Point sur la finance islamique en Afrique et dans le reste du monde

22

Bourse des valeurs sociales islamiques Prof. Dr. Aishath Muneeza Vice-doyenne INCEIF UNIVERSITY Malaisie

60

Tanzanie: petit à petit l’oiseau fait son nid Sory TOURE CEO Dexterity Africa, IFMAG Côte d’Ivoire

34

4

IFMAG-FEVRIER 2024

INTERVIEW

Abdoulaye Lam Fondateur, GIFT CONSULTING Sénégal


72

64

Emission d’un sukuk souverain en Afrique du Sud Sory Touré IFMAG, Côte d’Ivoire

84

Les sukuks au Nigeria Mallam Attahiru Maccido CEO, ONE17 CAPITAL Nigéria

96

106

Consommation consciente

Education financière avec l’IA

La technologie au service de la santé

Marc Deschamps Fondateur Halal Club Brussels Suisse

Michael Gassner Directeur Finance Islamique Bank J. Safra Sarasin

Tope Salahudeen

Co-Fondateur Helpa Nigéria

IFMAG-FEVRIER 2024

5


APRES UNE DECENNIE DE CROISSANCE, LA FINANCE ISLAMIQUE A LA CROISEE DES CHEMINS

L’industrie mondiale de la finance islamique a fait preuve de résilience face aux défis économiques, avec une croissance de 11% en fin 2022 par rapport à 2021 (IFDI 2023). Cette solide croissance, malgré la volatilité des marchés des matières premières, la hausse des taux d'intérêt, les instabilités géopolitiques, témoigne de la solidité et du potentiel de développement futur de l'industrie. Au cours de la dernière décennie, l'industrie a connu une croissance de 163%, marquant une transition d'un secteur de niche à une industrie mainstream. De 2 409 milliards de dollars en 2016, les actifs ont atteint un montant global de 4508 milliards de dollars en 2022. Son intégration dans le système financier international n’est plus à démontrer : l’adoption par le FMI du Core Principle for Islamic Finance Regulation (CPIFR, développé par IFSB) dans le cadre de ses missions d’évaluation de la stabilité des systèmes bancaires (dual ou totalement islamiques) ; la prise en compte par l’institution de Bretton Woods de la particularité des activités de la finance islamique dans le Système de comptabilité nationale (SNA25) et du Manuel de la balance des paiements (BPM7). Cette croissance est reflétée par la solidité des bilans, la croissance des profits, le soutien réglementaire et la demande soutenue portée par une population musulmane en croissance dans le monde. On s’attend à ce que l’industrie de la finance islamique poursuive sa trajectoire ascendante, avec une projection pour atteindre 6 700 milliards de dollars US d'ici 2027. Une croissance portée par les solides marchés nationaux du CCG, de la Malaisie, de l'Indonésie, et par l'intérêt émergent des pays africains qui, malgré leur part faible dans les actifs mondiaux (1,7% en 2022 contre 2,1% en 2021), adaptent de plus en plus les cadres réglementaires afin de développer les activités de la finance islamique. En ce sens, le gouvernement nigérian reste un modèle qui a su développer un marché financier islamique local dynamique grâce à une vision, une stratégie et des indicateurs bien définis. Par exemple, La Securities and Exchange Commission (SEC), l'autorité de régulation du marché des capitaux, a élaboré un plan directeur sur dix ans qui devrait s'achever en 2025. Ce plan, visait à ce que 25 % des capitaux nigérians sur le marché des capitaux proviennent d'instruments et d'instit utions de la finance islamique. Le Nigéria se place aujourd’hui dans les top 15 au plan mondial. Moins d’euphorie. Plus d’innovation et d'adaptation face aux nouveaux défis de notre planète. La redéfinition de la finance au service de l’humanité et de la création sont des points essentiels à intégrer dans la nouvelle trajectoire de l’industrie. Tout en évitant une large financiarisation de l’économie, la finance islamique doit puiser dans ses gènes bien intégrés dans les principes du "maqasid Sharia" (objectifs de la loi islamique) en innovant dans les technologies, les finances verte, sociale et durable. Les engagements de la COP28 à Dubaï devraient impacter positivement les émissions de sukuks verts et ESG. En termes d’innovation, Prof. Aishath Muneeza, à la tête d’une équipe de recherche récompensée récemment à Abu Dhabi, innove avec le concept de la bourse sociale islamique numérique (ISSE). Quant à Prof. Ziyaad Mahomed en page de couverture, il nous partage sa réflexion sur le rôle des experts en charia dans la définition de cette nouvelle trajectoire. Il est indéniable que la finance islamique s’aligne sur l’éthique et la durabilité, deux valeurs tant prisées aujourd’hui dans plusieurs domaines d’activités. Et ces valeurs mettent l'industrie dans une position de prédilection pour proposer des services et produits apportant des solutions idoines et adaptées aux besoins actuels et futurs de l’humanité.

Avec toute notre gratitude pour votre fidélité,

6

IFMAG-FEVRIER 2024

Sory Touré


Directeur de publication

Contributeurs

sory.toure@dexterityafrica.com

Rédacteur en chef muhammed.jimoh@ dexterity-africa.com

Correction muhammed.jimoh@ dexterity-africa.com pefagneli.sanogo@ dexterity-africa.com

Infographie

yannickachille222@ gmail.com

Marketing et vente publishing@ dexterity-africa.com

Numéros Précédents

Publié par

Contacts

Dexterity Africa Abidjan Côte d’Ivoire

Tel +225 27 22 558 120 Email: publishing@dexterity-africa.com

IFMAG-FEVRIER 2024

7


La responsabilité des conseillers en charia n'est pas toujours appréciée à sa juste valeur. En tant que gardiens, la signature des certificats de conformité est un fardeau assez lourd pour nous empêcher de dormir la nuit, car nous sommes responsables vis-àvis de tous ceux qui se sont fiés à notre jugement pour souscrire à tout produit ou service que nous avons jugé conforme.

8

IFMAG-FEVRIER 2024


Les partenariats entre les institutions financières islamiques et conventionnelles sont essentiels, mais ils ne sont pas une panacée. Ils offrent des possibilités de croissance et d'apprentissage, mais nécessitent un équilibre délicat pour garantir que les principes fondamentaux de la finance islamique ne soient pas dilués.

IFMAG-FEVRIER 2024

9


ACTIFS DE LA FINANCE ISLAMIQUE EN AFRIQUE

(en milliards de dollars) (IFSB, 2023)

BANQUES

49,6 SUKUKS NON ECHUS

2,9

FONDS ISLAMIQUES

1,9

Lors d'une réunion le 5 janvier 2024, le Conseil d'Administration de la Banque Zitouna a pris une décision stratégique pour son expansion internationale, en invitant ses actionnaires à une Assemblée Générale Ordinaire le 2 février 2024. .L'ordre du jour principal sera . l'approbation de la création de la Banque

TAKAFUL

0,8

TOTAL

.

55,2

PART DANS LES ACTIFS MONDIAUX

1,70%

10

IFMAG-FEVRIER 2024

Al Ahly Financial Services (AFS) renforce son engagement envers la diversification des solutions d'investissement en lançant Al Ahly Sukuk Company, une filiale dédiée aux instruments financiers conformes à la Charia, au Caire, en

Zitouna Algérie et l’obtention des autorisations nécessaires pour les formalités. Cette expansion stratégique coïncide avec un contexte de réformes économiques favorables en Algérie, en particulier l'abolition de la règle 51/49, qui marque un tournant majeur dans la politique économique du pays, stimulant ainsi l'investissement étranger. Il s'agit de cette loi du 51 %- 49 % qui, rappelons-le, réservait à l'actionnariat algérien résident 51% au moins du capital social dans les projets d’investissements étrangers. Avec cette expansion, la Banque Zitouna ne se contentera pas de renforcer sa présence en Afrique du Nord, mais elle marque également une étape importante dans l'adaptation et l'innovation dans le domaine de la finance islamique, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles opportunités de croissance et de développement dans le secteur financier algérien. . Égypte. L’information a été donnée en décembre 2023. En tant que branche d'investissement de la National Bank of Egypt (NBE), AFS vise à répondre aux besoins variés de sa clientèle et à stimuler une croissance économique durable par le biais de produits innovants de finance islamique. Al Ahly Sukuk ambitionne de devenir un leader dans l'offre . d'opportunités d'investissement conformes à la charia en Égypte, en se concentrant sur la structuration et l'émission de sukuk. Ahmed Salem, président d'Al Ahly Sukuk, souligne l'engagement envers la diversification financière et l'amélioration du paysage de l'investissement en Égypte, tout en assurant des normes élevées de transparence et de crédibilité dans les services financiers.


Le parlement ougandais a approuvé un financement de 325 millions de dollars américains pour la rénovation de grandes voies dans le pays. La Banque islamique de développement (BID) contribuera à hauteur de 295 millions de dollars, tandis que le Fonds de l'OPEP pour le développement international fournira 30 millions de dollars. Pour sa part, le gouvernement ougandais participera également avec un apport 22 millions de dollars. Le financement vise à réhabiliter le pont du port de Masindi conçu pour une durée de vie de 100 ans, ainsi que des routes telles que la route KatineOchero, la route Kiruhura-BwiziRwamwanja-Kahunge et la route Mpara-Bwizi, chacune étant conçue pour une durée de vie de 20 ans. Cette initiative souligne l'attrait croissant des financements islamiques pour les projets d'infrastructure en Afrique.

Bloomberg, en collaboration avec IdealRatings, réalise une avancée significative en introduisant un indicateur novateur pour les Sukuk, ou titres islamiques, sur le Terminal Bloomberg, selon une note d’information datant du 18 décembre 2023. Conformément aux directives de l'Organisation de Comptabilité et d'Audit pour les Institutions Financières Islamiques (AAOIFI), cet indicateur, développé par IdealRatings, classe chaque Sukuk en accord avec les principes de l'AAOIFI, améliorant ainsi les capacités d'analyse du Terminal Bloomberg dans le domaine de la finance islamique. Avec

.

Ahli United Bank-Bahreïn a finalisé sa conversion en une banque islamique, conformément aux principes de la

une demande croissante pour les titres islamiques, notamment les Sukuk, sur les marchés mondiaux, cette initiative offre de nouvelles opportunités aux investisseurs. Les actifs financiers islamiques ont dépassé les 3 300 milliards de dollars en 2023, et une expansion continue est prévue pour 2024. Giuseppe Netti, chef régional de Bloomberg pour le Moyen-Orient et l'Afrique, souligne l'importance de cette innovation pour la finance islamique, offrant des données précises et des analyses approfondies, permettant une prise de décision améliorée. Cet indicateur, désormais accessible à l'échelle mondiale, ouvre de nouvelles perspectives pour les investissements conformes aux principes de la finance islamique.

charia, après avoir reçu l'approbation officielle de la Banque centrale de Bahreïn le 10 décembre 2023. Cette transformation découle de l'acquisition du groupe AUB par. Kuwait Finance House en octobre 2022, plaçant KFH en tant que deuxième plus grande banque mondiale en termes d'actifs. La conversion marque l'engagement d'AUB à fournir une gamme complète de produits et de services conformes à la charia. Hamad Al Marzouq, président du groupe KFH, a exprimé sa fierté pour cette conversion rapide et souple. IFMAG-FEVRIER 2024

11


L’ECONOMIE ISLAMIQUE EN CHIFFRES B Y RICO

1403

milliards USD

3 244

milliards USD

133

milliards USD

1008

milliards USD 318

milliards USD

108

milliards USD

90

milliards USD

247

milliards USD

12

IFMAG-FEVRIER 2024


Emirats Arabes

32,21

Arabie Saoudite

31,69

20,85

Turquie

31,45

20,76

Indonésie

Chine

31,81

Inde

26,37

Brésil

Etats-Unis Turquie

16,34

Russie

France Indonésie Argentine Australie

15,21

Egypte

15,02

Irak

13,28 12,49

11,13

30,29

Malaisie

28,99 21,05

13,68

Bangladesh

13,25

Algérie

12,56

Maroc

11,89

IFMAG-FEVRIER 2024

13


Une variété d'émissions audio en podcast couvrant différents aspects de la finance islamique, du business halal et des technologies émergentes diffusées dans deux langues: français et anglais. Nous mettons l'accent sur les développements clés, les tendances et les innovations dans ces domaines.

P


Ces dernières années, la finance islamique a connu des avancées significatives et son intégration accrue dans le système financier international. Ces évolutions ont non seulement renforcé la solidité du secteur, mais aussi son attrait pour un public plus large, au-delà des marchés traditionnels. En 2024, dans un contexte d'évolution de la dynamique économique mondiale, d'incertitude des marchés et d'intérêt croissant pour les solutions financières éthiques et conformes à la charia, pourriez-vous nous faire part de votre point de vue sur la manière dont le secteur de la finance islamique se positionne ? Plus précisément, quelles sont les orientations stratégiques et les innovations qui, selon vous, façonneront l'avenir de la finance islamique en cette année 2024?

IFMAG-FEVRIER 2024

15


CEO HALAL PAYMENT NETWORKS

16

IFMAG-FEVRIER 2024


Associate Dean

INCEIF UNIVERSITY

IFMAG-FEVRIER 2024

17


PARTNER IFAAS

18

IFMAG-FEVRIER 2024


,

IFMAG-FEVRIER 2024

19


Associate Dean

INCEIF UNIVERSITY

Sharia Board Member

CIMB ISLAMIC BANK / MUNICH RE

20

IFMAG-FEVRIER 2024


Senior Consultant

DinaarStandard

IFMAG-FEVRIER 2024

21



ation dotée d'un immense potentiel économique, la Tanzanie évolue dans un environnement mondial complexe caractérisé par les défis de la reprise post-pandémique et les incertitudes géopolitiques. Avec une population musulmane représentant 35 % des 59,05 millions d'habitants, le pays bénéficie d'une économie axée sur la construction, l'agriculture et le transport, secteurs qui constituent le moteur principal de sa croissance économique. Les perspectives économiques pour 2023-2024 reflètent un mélange de résilience et de défis qui façonnent la trajectoire de croissance de la Tanzanie. L'économie de la Tanzanie est sur une trajectoire prometteuse, avec une croissance du PIB projetée à 5,3 % en 2023 et des estimations variantes entre 5,4 % et 6,1 % pour 2024. Cette croissance est soutenue par la résurgence du tourisme et la stabilisation des chaînes d'approvisionnement. Selon Fitch Ratings, l’inflation devrait rester dans l’intervalle de la Bank of Tanzania (3%-5%) sur la période 2023-2024. Cependant, la nation fait face à un risque d'expansion du

déficit fiscal à 3,5 % du PIB au cours des deux prochaines années. Ces défis sont aggravés par des problèmes mondiaux continus comme les impacts de la COVID19 et les tensions géopolitiques. Pour favoriser une croissance soutenue, la Tanzanie se concentre sur le développement mené par le secteur privé, la productivité agricole, l'amélioration du climat des affaires, l'essor du tourisme et l'intégration régionale. Le secteur de la finance islamique en Tanzanie, comprenant la banque islamique, les marchés des capitaux islamiques et le Takaful, a connu une évolution lente mais prometteuse. Le secteur démontre un potentiel de croissance, avec des développements clés tels que l'établissement d’une banque islamique à part entière et des fenêtres, l'introduction de Sukuk d'entreprise et autres instruments de marchés des capitaux ainsi que l’industrie naissante du Takaful. Le cadre règlementaire a aussi connu une évolution avec le développement de nouvelles règlementations relatives au takaful et au marché des capitaux islamiques.

IFMAG-FEVRIER 2024

23


à travers un réseau d’agences réparties dans le pays. Amana Bank a été un pionnier dans le secteur, ouvrant la voie à d'autres institutions financières pour explorer les services de banque islamique.

La banque islamique en Tanzanie adhère à la loi de la charia, qui interdit l'exploitation, les charges d'intérêt (riba) et les investissements dans des activités considérées comme contraires à l'éthique ou nuisibles. Le secteur propose deux catégories principales de produits et services : les comptes de dépôts et d’investissement (PLS) tels que la musharakah et la mudarabah, ujrah et qard hassan et les produits de financement à rendement fixe tels que la murabaha, l'ijara, et le

Plusieurs autres banques commerciales en Tanzanie proposent des services de banque islamique à travers des guichets dédiés. Cela inclut la Kenya Commercial Bank (KCB) à

CHRONOLOGIE DE LA FINANCE ISLAMIQUE EN TANZANIE 2008

2010

2011

2021

2022

2023

2024

Source: IFMAG

salaam. De plus, les banques islamiques offrent divers services de détail basés sur les frais, y compris les comptes chèques, les transactions en devises étrangères, les transferts de fonds.

Amana Bank : Établie en 2011, Amana Bank est la seule banque islamique entièrement opérationnelle en Tanzanie. Elle propose des produits financiers conformes à la charia et opère

24

IFMAG-FEVRIER 2024

travers sa fenêtre AHL BANK, la NBC (National Bank of Commerce) à travers National Amanah, la People’s Bank of Zanzibar (PBZ) à travers PBZ IKHLAS et la CRDB à travers AL-BARAKA BANKING. La KCB Bank a été parmi les premières à introduire un Guichet de Banque Islamique en 2008.

Quant à la People’s Bank of Zanzibar (PBZ), elle a commencé à exercer à partir de 2011 à travers PBZ IKHLAS. Entre 2011 et


2015, elle a vu passé le nombre de comptes ouverts respectivement de 8 477 à 57 529 et ses dépôts respectivement de 5,111 milliards de TZS (shillings tanzaniens) à 111,94 milliards de TZS durant les mêmes périodes. CRDB, l'une des plus grandes banques de Tanzanie, a lancé des services de banque islamique en 2021. Son maillage en termes de réseaux d’agences et sa taille ont contribué à renforcer sa présence rapidement sur le marché. Depuis son lancement en 2021, le guichet de banque islamique Al Barakah de la CRDB a attiré plus de 70 000 clients, avec des dépôts s'élevant à 85 milliards TZS et des financements de plus de 90 milliards TZS à travers son réseau de 260 agences. Imaan Finance exerçant dans le secteur de la microfinance islamique s’est remarquée par l’émission des premiers Sukuk par placement privé en Tanzanie.

conformité sharia. Selon sa nature et selon les actifs sous-jacents, le Conseil de conformité va déterminer la fréquence de l’audit (qui sera à minima annuelle, sinon semestrielle voire trimestrielle).

L’idée derrière le principe du rechargement est de pouvoir émettre des sukuk dans le cadre d’un programme d’émission sans avoir besoin de reprendre tout le processus depuis le début. Imaginons qu’un émetteur a besoin de lever 500 millions de USD et qu’il dispose de plusieurs actifs éligibles. Il va ainsi pouvoir émettre en plusieurs tranches de 100 millions par exemple et ainsi « recharger » les actifs éligibles dans un seul et unique FCES sans avoir besoin de créer un nouveau FCES à chaque tranche.

Instruments de Partage des Profits et des Pertes: Cela inclut des instruments comme la musharakah et la mudarabah, qui sont des partenariats où les profits et les pertes sont partagés selon des ratios préalablement convenus. Produits Financiers à Rendement Fixe : Cette catégorie comprend des produits tels que la murabaha, l’istisna’, le salam et le ijara. Ces arrangements offrent des retours plus prévisibles et sont populaires parmi les clients recherchant des investissements à revenu fixe.

IFMAG-FEVRIER 2024

25


Instruments de financement des actifs : Ils sont utilisés pour financer les besoins du clients à travers des instruments comme la murabaha, l’ijara ou le salam. Services de détail : Les banques islamiques en Tanzanie proposent également divers services basés sur les frais, y compris les comptes chèques, les transactions en devises étrangères, les transferts de fonds et la gestion des investissements.

Le secteur de la banque islamique en Tanzanie fait face à plusieurs défis : Absence de cadre réglementaire : Il n'existe pas de cadre réglementaire spécifique pour administrer les opérations des banques islamiques en Tanzanie. Cela crée de l'incertitude et des défis opérationnels et de reporting spécifiques à leurs activités. Double imposition dans les transactions: Les transactions comme la murabaha sont soumises à une double imposition, affectant la rentabilité de ces produits financiers. Connaissance limitée : La connaissance et la sensibilisation insuffisantes à la finance islamique et aux activités bancaires en Tanzanie limitent le potentiel de croissance du secteur.

Infrastructure inadéquate : L'infrastructure existante ne soutient pas pleinement l'expansion des services financiers islamiques. Manque d'instruments conformes à la charia : Il y a 26

IFMAG-FEVRIER 2024

BANQUE

FINANCE ISLAMIQUE

TYPE

KCB

AHL BANK

Fenêtre

NATIONAL BANK OF COMMERCE

National Amanah

Fenêtre

AMANA BANK

Amana Bank

Full-fledged

PEOPLE’S BANK OF ZANZIBAR

PBZ IKHLAS

Fenêtre

CRDB

AL-BARAKA BANKING

Fenêtre

une pénurie d'instruments du marché monétaire conformes à la charia. Cela limite la flexibilité opérationnelle des banques offrant des services financiers islamiques. La récente évolution du cadre règlementaire du marché des capitaux islamiques pourrait être un début.

Le marché des capitaux tanzanien a également vu l'introduction d'instruments financiers islamiques. L'introduction de Sukuk, d'indices boursiers conformes à la charia, l'anticipation de davantage d'émissions de Sukuk, l’évolution du cadre


règlementaire y compris un potentiel Sukuk souverain par le gouvernement, sont autant de signes positifs pour la croissance de la finance islamique dans le pays.

shillings tanzaniens sursouscrits à plus de 30% aboutissant ainsi à un montant final de 2,72 milliards de shillings tanzaniens (861,536 millions de dollars américains).

Introduction de Sukuk: Une réalisation marquante dans le marché des capitaux islamiques de Tanzanie a été l'émission de Sukuk d'entreprise. Imaan Finance a émis en 2021 un Sukuk d’un montant de 2 milliards de

Sukuk de iTrust Finance: En 2023, iTrust Finance, à travers Imaan Finance, a émis son septième Sukuk d'une valeur de 5 milliards de shillings tanzaniens (1,99 million de dollars américains) par placement privé. Le Sukuk

wakala, approuvé par l'Autorité des Marchés de Capitaux et des Titres (CMSA), a attiré un grand intérêt des investisseurs, avec des ordres représentant une sursouscription de 1,54 fois. Cela souligne l'appétit croissant pour des options d'investissement conformes aux principes de la finance islamique sur le marché tanzanien. En fin décembre de la même année, elle émettait son huitième sukuk corporate par placement privé basé sur la wakala d’un montant de 5 milliards de shillings tanzaniens sursouscrits à plus de 226,4% aboutissant ainsi à un montant final de 11,32 milliards de shillings tanzaniens. Avec cette huitième émission, c’est un total de 47,86 milliards de shillings tanzaniens que l’institution de Faiz Arab, CEO de Imaan Finance, a pu levé entre août 2021 et décembre 2023. Elle complète ainsi le

IFMAG-FEVRIER 2024

27


remboursement de 13,04 milliards de shillings tanzaniens (correspondant à 4 sukuk) à ses souscripteurs qui demeurent pour la plupart des institutionnels exerçant dans la finance islamique.

En 2022, c’était la KCB Bank Tanzania, à travers sa fenêtre SAHL BANK, qui émettait son premier Sukuk islamique d'une valeur de 10 milliards de shillings tanzaniens (4,4 millions de dollars) pour financer le portefeuille d'actifs de la banque Sahl, sa fenêtre islamique. Ce Sukuk, conforme à la charia basé sur le contrat mudaraba, a été ouvert le 9 novembre et s'est clôturé le 5 décembre. Le KCB Fursa Sukuk était ouvert aux individus, les détaillants, les entreprises et les institutions tanzaniennes et non tanzaniennes. Sursouscrit à plus de 10% avec une échéance de trois ans, le sukuk offrait un rendement attendu de 8,75 % par an, payable trimestriellement, avait déclaré à l’époque Cosmas Kimaro, Directeur général de KCB Tanzania, dans un communiqué.

Un autre développement important est l'introduction de l'Indice Shirkah charia, qui suit les actions conformes à la charia cotées à la Bourse de Dar es Salaam. Cet indice est un outil crucial pour les investisseurs cherchant à adhérer aux principes financiers islamiques dans leurs choix d'investissement. On s'attend également à ce qu'il ouvre la voie aux premiers fonds négociés en bourse conformes à la charia dans le

28

IFMAG-FEVRIER 2024

pays, offrant des options d'investissement plus diversifiées dans le cadre de la finance islamique.

pour les produits de finance islamique suggèrent qu'un Sukuk souverain pourrait être bien accueilli sur le marché.

Le lancement de Shirkah Invest, une plateforme d'investissement halal par la société d'investissement SSC Capital en 2021, a élargi la gamme des opportunités d'investissement en Tanzanie. Shirkah Invest propose des options d'investissement présélectionnées dans diverses classes d'actifs, y compris des actions, des Sukuk, de l'immobilier, des matières premières et des startups. En 2021, la plateforme a annoncé viser au moins 100 000 utilisateurs dans les trois premières années de son lancement. Cette plateforme répond aux investisseurs cherchant à investir selon les principes de la charia et représente une innovation sur le marché de la finance islamique en Tanzanie.

Bien que ces développements soient prometteurs, la croissance du marché des capitaux islamiques en Tanzanie n'est pas sans défis. L'absence d'un cadre juridique et réglementaire complet spécifiquement adapté à la finance islamique a été un obstacle. Cependant, les efforts continus du gouvernement et des institutions financières, ainsi que l'amélioration de la sensibilisation et de l'éducation à la finance islamique, sont des signes positifs. L'avenir semble prometteur pour le marché des capitaux islamiques en Tanzanie avec l’émission d’un nouveau cadre réglementaire plus favorable aux sukuk (voir notre analyse du nouveau cadre règlementaire sur les sukuks à la page 29).

Le gouvernement de la Tanzanie explore la possibilité d'émettre un Sukuk souverain pour financer ses plans de développement. Compte tenu du besoin de financement substantiel pour mettre en œuvre son plan de développement quinquennal, estimé à plus de 100 000 milliards de TZS (43,29 milliards de dollars américains), le Sukuk offre une option viable pour combler ce déficit de financement. Le succès des émissions de Sukuk d'entreprise et l'intérêt croissant

Le Takaful, alternative islamique à l'assurance conventionnelle, fonctionne sur les principes d'entraide et de partage des risques. En Tanzanie, en particulier à Zanzibar, le secteur du Takaful connaît des développements notables, reflétant l'engagement du pays à élargir son offre de finance islamique.

Zic Takaful Company Limited En tant que seule compagnie d'assurance Takaful licenciée en Tanzanie, une filiale de la


La Tanzanie, dans sa quête de renforcer le marché des capitaux islamiques, a introduit un cadre réglementaire innovant et complet pour les sukuk (obligations islamiques) à travers the capital markets and securities (corporate and subnational sukuk bonds) regulations (government notice no. 731 of 2023). Quels sont les points à retenir? 1. DÉFINITIONS ET CONCEPTS CLÉS : Les Sukuk sont définis selon différents types, notamment les Sukuk adossés à des actifs (asset-backed sukuk), les Sukuk légers adossés à des actifs (light asset-backed sukuk) et les Sukuk non convertibles (non-convertible sukuk). Le rôle des émetteurs et des conseillers de la charia, conformément aux standards internationaux, est clairement établi.

2. ÉLIGIBILITÉ ET APPROBATION : Les émetteurs de Sukuk doivent satisfaire aux critères de conformité charia reconnus mondialement. L’émetteur peut être une entreprise publique cotée en bourse, des banques, des institutions financières ou des entreprises publiques non cotées respectant certaines conditions spécifiques. Les documents requis pour l'émission de Sukuk doivent être rigoureusement préparés et présentés, incluant les prospectus, actes de fiducie, et certificats de conformité à la charia. 3. RESPONSABILITÉS DES PARTIES PRENANTES : La présence d'un Conseil de la charia et d'un conseiller indépendant de la charia est obligatoire. Les Sukuk sont émis par un Fonds commun de Placement (SPV), qui doit opérer indépendamment de l'émetteur. Au cas où la formation d’un SPV pourrait entrainer une violation des obligations légales ou règlementaires, une banque ou institution pourrait jouer le rôle de SPV tout en respectant certaines conditions liées aux actifs et au capital. 4. NORMES DE FONCTIONNEMENT : Le cadre détaille la gestion des fonds de Sukuk, l'administration des actifs en fiducie, et l'alignement avec les principes charia. Le SPV est tenu de fournir une information transparente et précise pour l'émission des Sukuk.

5. GESTION DES DÉFAUTS : En cas de défaut, le SPV a le droit de déclarer la totalité du montant des Sukuk exigible (dans un délai de 14 jours après la date de défaut), avec une obligation de notification à la CMSA, à l’émetteur et aux détenteurs de Sukuk. 6. TRAITEMENT DES ACTIFS SUKUK : Les actifs financés par les Sukuk doivent être conformes aux principes de la charia et être générateurs de revenus. Tout changement concernant ces actifs nécessite l'approbation de la CMSA. 7. ADHÉSION AUX RÈGLES GÉNÉRALES DE LA CHARIA : Le cadre règlementaire reconnaît diverses formes de Sukuk (à base d'actifs, adossés à des actifs, convertibles, non convertibles et perpétuels). Le nom du Sukuk doit fidèlement refléter sa structure conforme à la charia. Ils sont émis avec une échéance fixe, et le remboursement du capital ainsi que les bénéfices sont réalisés à la fin de cette période. Leur rendement, qui peut être fixe ou variable, est distribué régulièrement depuis la date d'émission. Les détails de tarification sont spécifiés dans la note d’information. Ces instruments financiers peuvent être libellés dans différentes devises et faire l'objet d'émissions ponctuelles ou récurrentes, offrant ainsi aux émetteurs la flexibilité nécessaire pour répondre aux exigences financières et aux dynamiques du marché. 8. PLACEMENT PRIVÉ DE SUKUK : Les émissions de Sukuk en placement privé requièrent une approbation préalable de la CMSA. Contrairement aux offres publiques, les placements privés ne nécessitent pas de publicité, de communications publiques ou d'efforts de marketing général. Ce qui ouvre la voie à un éventail plus large d'entités émettrices.

.

IFMAG-FEVRIER 2024

29


Zanzibar Insurance Corporation, Zic Takaful Company Limited représente le stade naissant du marché du Takaful. La présence d'un seul fournisseur souligne à la fois le développement précoce du marché du Takaful et le potentiel de croissance et de concurrence; en attendant le démarrage effectif des activités de First United Takaful Insurance Company qui a vu le lancement officiel de ses activités en ce début d’année 2024. Une entrée qui présage de la dynamique du marché pour les années à venir.

Galco Insurance Brokers Dans le cadre du développement de ses activités, Galco Insurance Brokers a réussi à se positionner comme une société de courtage de premier plan pour offrir des services d'assurance islamique en décembre 2023. Cette initiative, en collaboration avec la Zanzibar Insurance Corporation, souligne l'intérêt croissant et le potentiel des produits de finance islamique en Tanzanie. Le secteur du Takaful en Tanzanie, en particulier avec l'introduction des Directives

30

IFMAG-FEVRIER 2024

Opérationnelles du Takaful (voir notre analyse à la page 31), est à un stade crucial de développement. La présence d'un seul fournisseur de Takaful et de nouveaux entrants comme Galco Insurance Brokers et First United Takaful Insurance Company indique à la fois le stade précoce du marché et son potentiel de croissance. Le cadre réglementaire, mettant l'accent sur la conformité à la charia, la gouvernance d'entreprise et la protection des participants, est un facteur clé pour l'expansion du secteur et son alignement avec les objectifs d'inclusion financière du pays. L'avenir du Takaful en Tanzanie semble prometteur, avec des opportunités pour une participation accrue sur le marché et une innovation de produit.

L'état de la finance islamique en Tanzanie démontre un secteur avec un potentiel significatif et un intérêt croissant pour les services financiers conformes à la charia. Les domaines clés comprennent la banque islamique (menée par des entités telles qu'Amana Bank et complétée par des guichets

islamiques dédiés dans les banques conventionnelles), les marchés des capitaux islamiques naissants (attestés par des émissions de Sukuk réussies, la mise en place d'indices conformes à la charia et le développement d’un nouveau cadre règlementaire pour les sukuks). L'industrie du Takaful, bien qu'encore à ses débuts, est prête pour la croissance, notamment avec des avancées réglementaires telles que les Directives Opérationnelles du Takaful. Les défis tels que la nécessité d'un cadre réglementaire pour le secteur bancaire, une sensibilisation accrue du marché et des initiatives éducatives sur la finance islamique restent prévalents. Cependant, ces défis présentent également des opportunités de développement et de croissance. L'expansion du secteur est cruciale pour l'inclusion financière et l'offre d'alternatives de financement éthiques

IFMAG-OCTOBRE 2023

30


L'Autorité de Régulation des Assurances de Tanzanie (TIRA) supervise la délivrance des produits Takaful sous le nom Takaful Operational Guidelines (Directives opérationnelles du Takaful), entrées en vigueur en mai 2022. Ces directives visent à augmenter la pénétration de l'assurance en Tanzanie et à contribuer aux objectifs d'inclusion financière du pays. Elles s'alignent sur l'objectif du gouvernement de garantir qu'au moins 50 % des adultes tanzaniens utilisent au moins un produit d'assurance d'ici 2030. Selon le commissaire de la Tanzania Insurance Management Authority (TIRA), Dr. Baghayo Saqware, le marché de l'assurance en Tanzanie ne dessert actuellement que 15 à 20 pour cent de la population. L'introduction du Takaful est perçue comme une innovation visant à augmenter l'utilisation des services d'assurance et à atteindre un système inclusif pour ce service économiquement important. Le Takaful Operational Guidelines pour la Tanzanie est un document complet qui décrit le cadre réglementaire et les normes opérationnelles pour les opérations de Takaful (assurance islamique) dans le pays. Voici quelques points clés et cette ligne directrice : 1. PORTÉE ET OBJECTIF La ligne directrice est conçue pour garantir que les opérations de Takaful en Tanzanie adhèrent à des normes opérationnelles, financières

et de conformité à la charia spécifiques. Elle vise à fournir une approche structurée pour la gestion des fonds de Takaful, l'évaluation des risques et la distribution des excédents de manière conforme à la charia. 2. GOUVERNANCE D'ENTREPRISE La ligne directrice souligne l'importance d'une gouvernance d'entreprise solide au sein des opérateurs de Takaful. Elle inclut des exigences pour l'établissement d'un Conseil de la charia afin de superviser et garantir la conformité aux principes islamiques. 3. GESTION FINANCIÈRE ET DES RISQUES Le document décrit des procédures détaillées pour la gestion financière, y compris la gestion des fonds de Takaful, les politiques d'investissement et l'évaluation des risques. Il exige des opérateurs de Takaful de maintenir la stabilité financière et la solvabilité grâce à une gestion prudente des risques et des stratégies d'investissement.

4. NORMES OPÉRATIONNELLES La ligne directrice établit des normes opérationnelles pour les opérations de Takaful, y compris la gestion des contrats de Takaful, les processus de souscription, la gestion des réclamations et la distribution des excédents et des déficits. Elle assure que ces processus sont menés de manière transparente et équitable, conformément aux principes de la charia.

5. PROTECTION DES PARTICIPANTS L'accent est mis sur la protection des droits et intérêts des participants (souscripteurs). Cela inclut la garantie de transparence dans les contrats de Takaful, une gestion équitable et rapide des réclamations et la distribution équitable des excédents parmi les participants. 6. CONFORMITÉ RÉGLEMENTAIRE Le document spécifie les exigences réglementaires pour les opérateurs de Takaful, y compris l'enregistrement, la déclaration et la conformité avec les directives de l'Autorité de Régulation des Assurances de Tanzanie (TIRA). Cela garantit que les opérations de Takaful sont menées dans le cadre juridique du pays.

7. DÉVELOPPEMENT DE PRODUITS ET INNOVATION La ligne directrice encourage les opérateurs de Takaful à innover et à développer de nouveaux produits qui répondent aux besoins du marché tanzanien tout en restant conformes aux principes de la finance islamique. 8. AUDIT ET RÉVISION Des audits et révisions réguliers sont mandatés pour garantir une conformité continue avec la ligne directrice, la stabilité financière et l'efficacité opérationnelle. Cela comprend à la fois des audits internes et des révisions externes par les autorités de régulation.

.

IFMAG-FEVRIER 2024

31


Le salon des produits et services financiers islamiques

▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪

PANELS EXPOSITION FINANCEMENT INVESTISSEMENT ASSURANCE TECHNOLOGIES FINANCIERES FINANCE PERSONNELLE PITCHS EDUCATION FINANCIERE B2 B FORMATION & CONSEILS

Organisé par

16 - 17

OCTOBRE 2024 Abidjan


• • • •



.

IFMAG-FEVRIER 2024

35


Bien qu'il y ait eu de nombreux facteurs, le moment décisif pour moi a sans doute été la faillite de l'Islamic Bank South Africa en 1997. À l'époque, je me demandais quelle filière suivre à l'université et nous entendions chaque fois l'histoire bouleversante d'un voisin ou d'un membre de la famille qui avait souffert de cette faillite. Les familles musulmanes, les veuves et les orphelins avaient placé leurs seules économies dans cette banque, car c'était la première des deux seules banques islamiques de l'époque, promettant des rendements conformes à la charia. Hélas, en raison de la fraude, du népotisme et de la mauvaise gestion de la banque, celleci s'est effondrée, laissant des milliers de personnes dans une situation désespérée. Le pire, c'est que beaucoup pensaient que la banque islamique était la cause de leur ruine. C'est ainsi que j'ai décidé de poursuivre une carrière dans la finance, mais en essayant de l'étudier parallèlement à la charia, afin de découvrir le sens de la finance islamique et de comprendre comment tant de vies ont pu être ruinées de la sorte. Ma mission était alors très claire : comprendre comment cela avait pu se produire et faire en sorte que les communautés vulnérables soient dorénavant protégées par le biais de la finance islamique et qu'elles ne soient plus jamais victimes de la faillite d'une institution financière islamique. Bien que le chemin ait été long et ardu, j'ai eu

36

IFMAG-FEVRIER 2024


le privilège d'apprendre de tant de professionnels et d'érudits par la grâce et la bénédiction d'Allah le ToutPuissant.

Alhamdulillah, chaque expérience éducative a été unique. J'ai eu l'occasion d'étudier dans des établissements aux cultures très différentes, apportant une variété de styles d'apprentissage, de connaissances présumées, de normes et d'attentes différentes, et de préjugés le plus souvent cachés, mais parfois flagrants, en particulier lorsqu'il s'agit d'étudier le même sujet. Certains mettaient l'accent sur la précision technique, tandis que d'autres s'intéressaient davantage à la perspective d'ensemble. Les différentes pédagogies m'ont appris à apprécier le contexte, à humaniser les solutions et à toujours garder à l'esprit l'objectif d'éliminer le préjudiciable et de promouvoir le bien.

En tant qu'universitaire, l'attention portée à l'étudiant se transforme en mentorat et en accompagnement intellectuel plutôt qu'en une pression idéologique. J'apprends de mes étudiants; ils recherchent la stimulation intellectuelle, l'émancipation économique et le besoin d'être respectés dans des proportions et à des degrés divers. J'ai essayé d'enseigner en gardant cela à l'esprit, en veillant à ce que la classe soit une plateforme pour faciliter

l'exercice de la pensée critique une fois que les connaissances fondamentales et techniques sont acquises. En tant qu'enseignant, il est essentiel pour moi d'encourager l'expression de cette quête intellectuelle par le biais de débats sérieux en classe, avec l'assurance d'un environnement sûr et d'une recherche documentée, même pour les connaissances considérées comme acquises. L'avantage d'avoir des professionnels et des diplômés dans la plupart de mes classes est qu'il y a beaucoup de connaissances et d'expériences à acquérir, ce qui nous permet à tous d'apprendre les uns des autres.


L'avènement de la finance islamique en Afrique date de bien plus longtemps que les dates officielles à cet effet. Nous avons trouvé des coopératives opérant selon le modèle takaful et des exemples de microfinance islamique dans certaines parties du Nigéria et de l'Afrique du Sud, remontant à des centaines d'années. Je m'appuierai sur ces types d'instruments socioéconomiques pour le développement de la région. Toutefois, au lieu d'une approche microéconomique, j'aimerais voir des initiatives économiques plus efficaces et axées sur les politiques qui soutiennent l'esprit d'entreprise africain et les concepts profondément enracinés de l'"Ubuntu". Tiré du proverbe zoulou de mon pays natal, l'Afrique du Sud, Ubuntu est synonyme de construction de la nation et de coopération, de reconnaissance de l'importance de l'humanité et de répartition équitable des richesses, autant de principes bien établis dans la

38

IFMAG-FEVRIER 2024

loi islamique. Pour y parvenir, j'espère continuer à soutenir les régulateurs et les décideurs politiques dans l'introduction ou l'amélioration des lignes directrices qui soutiendront une meilleure éducation financière, promouvront une bonne éthique et encourageront les projets de développement par le biais d'institutions financières islamiques et d'instruments de finance sociale. En outre, les déficits de financement en Afrique pour atteindre les objectifs de développement durable sont assez importants. J'espère soutenir les initiatives qui structurent et financent le développement des infrastructures dans la région, mais avec une gouvernance et un suivi efficaces. Trop d'acteurs peu scrupuleux ont profité des appels d'offres et des réseaux politiques, ce qui a entraîné l'abandon de projets payés par des citoyens travailleurs mais qui n'en ont pas profité. J'espère voir apparaître un devoir de diligence et un plus grand sens de la "hisbah" ('redevabilité') chez ceux à qui l'on confie cette responsabilité. Sinon, la finance islamique sera victime de la même cupidité et du même égoïsme que d'autres initiatives.


Un ami et mentor disait souvent que nous devrions constamment apprendre à transformer l'adversité en avantage. Les défis font partie du cours des choses, dit-on : pour réussir quoi que ce soit, il faut vaincre les résistances internes et externes. Je me suis souvent demandé si le défi en valait la peine. Toutefois, un verset coranique me venait souvent à l'esprit, qui signifie : "Allah ne vous demandera pas de rendre compte de la légèreté de vos serments, mais de l'intention de vos cœurs, et Il est Pardonneur et Pénitent. (2:225). Ce verset me rappelle de renouveler mon intention et de m'assurer que l'effort est sincère et pour Son plaisir. La sincérité de l'intention a souvent été un défi plus important que l'obstacle lui-même. Cependant, j'ai constaté qu'une fois l'intention clarifiée et la guidance recherchée auprès d'Allah, les obstacles tendent à se dissiper et les solutions deviennent évidentes.

IFMAG-FEVRIER 2024

39


Alhamdulillah, j'apprécie énormément cette reconnaissance. Mais je vous assure que c'est le fruit d'un travail d'équipe. La finance islamique au Nigéria s'est construite grâce aux efforts sincères et au travail ardu de personnes comme Hajia Ummahani Amin, Maalim Mustafa Bin Tube et l'équipe de Jaiz, Maalim Attahiru Maccido et les équipes de Lotus et de One17 Capital, sans oublier les efforts de la Banque centrale du Nigéria dirigée (en son temps) par Son Altesse Sanusi Lamido Sanusi II, parmi tant d'autres. Dans chacun des quelques 20 pays où

40

IFMAG-FEVRIER 2024

j'ai eu le privilège de travailler, des personnes dévouées ont défendu un système plus éthique et sans riba. Je continue à prier qu'Allah leur accordent la guidance, la protection et la force de promouvoir le bien et qu'ils se rapprochent de Lui. En tant que Sud-Africain musulman impliqué dans le conseil et l'éducation en matière de finance islamique depuis 25 ans, il est réconfortant de voir des pays comme le Nigeria et l'Afrique du Sud, qui ont consacré beaucoup de temps pour être reconnus comme des nations africaines leaders en matière de finance islamique, grâce à leurs efforts dans les domaines de la gouvernance, de la conformité et des Sukuk. Je suis reconnaissant d'avoir eu l'occasion de contribuer d'une manière ou d'une autre à ces succès. Une telle reconnaissance motive les professionnels et les consultants en devenir dans ce domaine tandis qu'ils réfléchissent à ce qui pourrait être fait (de mieux), apprenant de nos erreurs et créant un bien meilleur résultat pour l'avenir, Insha'Allah. Allah, Le Tout-puissant est le meilleur des planificateurs, et rien ne peut être réalisé sans Sa guidance.


IFMAG-FEVRIER 2024

41


Pour moi, la finance sociale est l'esprit de la finance islamique. Pour que les deux soient efficaces, l'autonomisation et l'amélioration socio-économique doivent être à la base des instruments de la finance islamique. Cela ne diminue en rien l'importance de protéger les richesses et d'en générer davantage pour les individus fortunés. Au contraire, cela garantit une distribution plus équitable de la richesse pour tous. Chaque instrument de la finance sociale islamique a un potentiel significatif et exponentiel lorsqu'il est exploité en synergie. Par exemple, la Banque mondiale et la BID estiment que la zakat représente entre 200 et 1 000 milliards de dollars américains par an dans la seule région de l'OCI. Une mobilisation plus efficace de la zakat pendant un peu moins d'une décennie pourrait réduire la pauvreté dans le monde. Toutefois, nous sommes confrontés à des problèmes de gestion, à un manque de sensibilisation et à des divergences d'opinion quant à un déploiement plus productif. Le constat est similaire pour le Waqf. Seuls quelques pays disposent d'un semblant de cadre pour la Zakat ou le Waqf, avec un contrôle limité pour garantir la transparence de la collecte et de la distribution. Au cours des cinq dernières années, je me suis surtout focalisé sur l'élaboration de cadres pour la finance sociale islamique, leur compréhension et leur institutionnalisation. Je ne suis pas certain que nous puissions réaliser ce qui a été fait à l'âge d'or de l'Islam, où il était difficile de trouver une personne disposée à accepter la Zakat en raison de la prospérité économique de la société. Cependant, un changement de paradigme dans les mentalités est nécessaire pour réaliser ces idéaux et les objectifs plus vastes de la loi islamique. Par conséquent, je me concentrerai sur l'amélioration de l'éducation et de l'innovation dans le domaine de la finance sociale afin d'en maximiser l'efficacité.

42

IFMAG-FEVRIER 2024

Les spécialistes de la charia ont joué un rôle essentiel en accompagnant les institutions financières islamiques à travers les exigences complexes de la jurisprudence islamique. Ils doivent également garder à l'esprit les objectifs commerciaux de l'institution et les retombées positives pour le public, tout en se conformant à la réglementation et, bien sûr, à la charia. Il s'agit là d'une tâche difficile. Toutefois, les comités charaïques sont de plus en plus diversifiés, les jeunes érudits apprenant de leurs aînés. Des pays comme la Malaisie constituent une référence en matière de gouvernance de la charia, en garantissant la responsabilité des érudits dans les prises de décision à travers des répercussions sévères en cas de négligence dans le processus. Les institutions financières islamiques bénéficient donc d'un niveau supplémentaire de gouvernance et de conformité, ce qui accroît la profondeur des structures des produits et la protection du public. Plusieurs domaines d'amélioration sont attendus à court terme : • Les comités charaïques doivent veiller à ce que les processus décisionnels de la charia ne soient pas influencés négativement par des préjugés psychologiques. • Veiller à ce que le processus décisionnel de la charia intègre la durabilité et la protection de l'environnement dans le cadre de ses avis et applique le Fiqh al Waqi' (jurisprudence contemporaine) de manière plus efficace. • Améliorer les connaissances sur les avancées technologiques - sur l'intelligence artificielle (IA) en particulier - et fournir des orientations claires sur l'éthique de l'IA, entre autres technologies. • Inclure des experts non spécialistes de la charia dans les comités charaïques afin de renforcer le processus de prise de décision. • Passer à un processus décisionnel véritablement substantiel plutôt qu'à des contrôles de conformité basés sur des formulaires qui ont suscité des critiques de la part de divers milieux.


Tout d'abord, il est important pour moi de comprendre les attentes de chacun de mes apprenants et leur connaissance actuelle de chacun des sujets qu'ils ont l'intention d'étudier. J'ai constaté que le fait de demander à une personne si elle se sentait capable de parler d'un sujet lié à la finance islamique sur une échelle de zéro à dix me donnait une bonne idée de la façon dont elle percevait ses propres connaissances. La deuxième étape consiste à s'assurer que les apprenants - venant presque toujours d'horizons divers et ont des niveaux de connaissances différents - sont tous au même niveau de conversation. Mon approche la plus efficace a été d'utiliser la mémorisation et l'association pour s'assurer que les concepts fondamentaux sont internalisés avant de passer à des sujets plus complexes. Nous ne disposons souvent que de quelques jours avec des apprenants dont les attentes vont de débutant à expert. J'ai constaté que l'utilisation d'un anglais simple et clair (l'arabe étant facilement expliqué) est réconfortante et accessible. Troisièmement, après le transfert des connaissances techniques, l'apprentissage devient une expérience partagée : je partage mes

propres expériences dans différentes situations qui seraient facilement compréhensibles, pratiques et mémorables. Il est essentiel de recourir à des exemples réels en rapport avec le pays où se déroule la formation. Cela permet de stimuler la discussion, de créer des expériences d'apprentissage à plusieurs niveaux qui mettent en évidence les approches culturelles, stratégiques et réglementaires uniques d'un même problème.

Le progrès technologique est un outil exceptionnel qui permet d'offrir un service client plus "personnalisé" et plus économique. Dans le cas de la finance islamique, la fintech a le potentiel d'accroître son impact à un rythme exponentiel, tout simplement parce que l'accès au marché est coûteux et lent si l'on utilise les stratégies traditionnelles de type "brick and mortar". Aujourd'hui, un berger dans le nord rural du Kenya peut recevoir un financement conforme à la charia et régler ses factures, le tout à partir d'un simple téléphone portable (même

IFMAG-FEVRIER 2024

43


pas un smartphone !). Par conséquent, la première contribution de la Fintech par le biais de la finance islamique est l'inclusion financière. Ensuite, les services de la finance islamique peuvent être fournis de manière plus rentable grâce à la Fintech, ce qui accroît la popularité de la microfinance islamique et du financement coopératif. Alors que les Sukuks ont principalement ciblé les investisseurs institutionnels, la Fintech a facilité les opportunités de Sukuk de détail, donnant aux investisseurs modestes l'accès à des investissements sûrs et protégés qui contribuent au développement de la société. Parmi les exemples, on peut citer le Sukuk FGN au Nigéria et les initiatives Blossom Finance en Indonésie. Les Sukuk offrent des avantages similaires aux obligations conventionnelles pour le marché conventionnel : négociabilité, garantie du principal et rendement. Cependant, la contribution unique du Sukuk est sa gouvernance rigoureuse. Les Sukuk sont souvent soigneusement examinés par plusieurs groupes d'érudits islamiques avant leur émission, puis une nouvelle fois chaque année dans plusieurs juridictions, comme le Nigéria. Ces examens annuels permettent de s'assurer que le fonds Sukuk a bien été affecté aux projets prévus et que les revenus proviennent des flux de trésorerie de ces projets. Cette approche réduit le risque de projets abandonnés et augmente le potentiel d'impact social et de développement. Les Sukuks constituent également une source alternative d'investissement. Les investisseurs à

44

IFMAG-FEVRIER 2024

la recherche d'opportunités conformes à la charia et offrant une protection des fonds sont toujours à la recherche d'émissions de Sukuk fiables. Sans surprise, le Royaume-Uni et l'Afrique du Sud - dont les populations musulmanes sont minoritaires - ont émis des Sukuk souverains pour soutenir le développement et le refinancement des infrastructures. Je pense qu'une fois que les Sukuk seront mieux compris sur le marché conventionnel, ils deviendront plus populaires et joueront un rôle plus important dans le développement de la société. Le déficit de financement des infrastructures en Afrique dépasse apparemment les 3 000 milliards USD par an, alors que des milliers de projets d'infrastructure sont entrepris chaque année. Malheureusement, nombre de ces projets ne sont pas menés à terme en raison de pratiques corrompues et d'un contrôle gouvernemental insuffisant. Les Sukuk ne sont peut-être pas l'élixir qui permettra de combler le déficit d'infrastructures en Afrique, mais ils sont nettement plus solides que les pratiques existantes et ont déjà fait leurs preuves dans des programmes au Nigéria, au Sénégal, en Afrique du Sud et en Gambie.


Le conseil que je donnerais s'adresse à moi-même en tant que chercheur en charia et un rappel de ce qui suit. Les ingrédients les plus essentiels de la réussite à laquelle je dois continuer d'aspirer proviennent des enseignements de notre bien-aimé maître et éducateur, le bien-aimé d'Allah Tout-puissant, le dernier messager Muhammad (que la paix et les bénédictions d'Allah soient sur lui). Ses enseignements sur le perfectionnement du caractère m'ont appris que l'Ikhlas (sincérité), l'Istiqamah (constance) et le Tawakkul (confiance dans le Tout-Puissant) doivent être incorporés dans tout effort. L'intériorisation et la pratique consciente de ces trois éléments essentiels est un cheminement constant - et non une destination. Une fois ces trois éléments assimilés, il est essentiel d'acquérir les connaissances "adéquates ". Les connaissances "adéquates" sont celles qui permettent d'identifier les problématiques, d'analyser leur pertinence par rapport à la jurisprudence existante et de les replacer dans le contexte de la société contemporaine. Il s'agit d'un équilibre délicat entre l'application de la maxime juridique selon laquelle tout est permis dans les transactions, à l'exception de ce qui est clairement interdit, et la maxime du dernier messager selon laquelle quiconque tombe dans des affaires douteuses tombe dans ce qui est interdit. Ce discernement ne peut être atteint sans une compréhension approfondie de la charia, de la finance et, désormais, de la technologie.

IFMAG-FEVRIER 2024

45


Pour les érudits en herbe, contribuer à l'avenir de la finance islamique, c'est devenir polyvalent, doté d'une connaissance approfondie de la charia et de sa méthodologie, et d'une compréhension profonde de l'économie, de la finance et du droit. Sans ces éléments, les opinions peuvent être considérées comme peu pratiques, trop conservatrices et non pertinentes. Par ailleurs, je reviens toujours sur l'accent mis par ibn Ashur sur le fait que la plus haute réalisation de la charia est d'interdire le préjudiciable et de promouvoir ce qui est bénéfique. L'application de ce principe va bien audelà de la banque et de la finance

46

IFMAG-FEVRIER 2024

islamiques. Par conséquent, en tant que chercheurs en jurisprudence islamique, l'objectif n'est pas de brandir la bannière de la banque islamique en tant que telle. Il s'agit plutôt de veiller à ce que tous les conseils et orientations soient donnés dans le but d'obtenir l'agrément d'Allah, le Toutpuissant, de prévenir le mal et de promouvoir le bien - même si cela nécessite parfois des avis sévères à l'intention des rentiers avides sans scrupules. La responsabilité des conseillers en charia n'est pas toujours appréciée à sa juste valeur. En tant que gardiens, la signature des certificats de conformité est un fardeau assez lourd pour nous empêcher de dormir la nuit, car nous sommes responsables vis-à-vis de


tous ceux qui se sont fiés à notre jugement pour souscrire à tout produit ou service que nous avons jugé conforme. Raison pour laquelle nous devons faire preuve d'une vigilance constante, d'un examen approfondi et d'un sens de la responsabilité envers Allah, le ToutPuissant, sans aucune faiblesse. Ce n'est pas une tâche facile et nous demandons à Allah, le Très-Haut, de nous guider et de nous accorder la sincérité.

La finance islamique s'est développée dans des régions inattendues où les minorités musulmanes ont sollicité des

produits et des services conformes à leur foi. Je pense que l'acceptation de la finance islamique à l'échelle globale a été prouvée par ses réalisations devenant systémiques dans plus de 15 pays, selon la Banque mondiale. La finance islamique s'est avérée être une bonne proposition de valeur au-delà d'une simple initiative confessionnelle. Cependant, il convient d'appréhender la finance islamique à ses différents niveaux de contribution. Par exemple, pour que la finance islamique prospère, ses principes de partage des risques et de partage de profits et pertes doivent être replacés dans leur contexte au niveau des coentreprises (entreprises communes), du capital-investissement, du capital-risque et de la banque d'investissement. Au niveau suivant, les structures fondées sur l'endettement et les services semblent soutenir efficacement le niveau de revenu moyen par le biais de la banque de détail. Cependant, elles ne contribuent pas suffisamment aux obligations communautaires et à l'autonomisation de

IFMAG-FEVRIER 2024

47


la société. Pour que ce secteur réussisse, il est nécessaire d'accroître le niveau de durabilité et d'apporter des solutions socio-économiques. Dans le secteur du développement, la finance sociale islamique est devenue un mode et une méthodologie de premier plan en raison de ses objectifs sociaux inhérents. Cependant, le secteur aura du mal à avoir un impact s'il n'intègre pas pleinement la Fintech pour une gestion et une prestation rentables. Dans le cadre du financement du développement, les techniques de finance sociale islamique doivent intégrer des instruments du marché des capitaux tels que les Sukuk pour atteindre l'efficacité et l'impact à grande échelle. Trop peu d'exemples existent dans la pratique aujourd'hui. Au niveau des orientations, les politiques de redistribution doivent intégrer plus efficacement les instruments de la finance sociale islamique afin de réduire la pauvreté et les difficultés financières. L'esprit d'entreprise et l'éducation financière axés sur les politiques seront déterminants pour le succès de la finance islamique et l'amélioration de la condition sociale pour toutes les nations. La finance islamique doit renouer avec les principes fondamentaux du Maqasid et servir à la protection et à la circulation des richesses par des moyens durables, responsables et transparents. Outre la Malaisie et le Moyen-Orient, l'Indonésie et les Philippines disposent d'un énorme potentiel pour étendre la notoriété de la finance islamique à l'échelle mondiale. Le cheminement du Pakistan vers un environnement exempt de riba est également encourageant. Toutefois, la praticabilité de cette politique dans le cadre de la finance mondiale reste à démontrer. La croissance des populations musulmanes par le biais des migrations en Europe et en Amérique du Nord devrait

48

IFMAG-FEVRIER 2024

également donner naissance à davantage d'institutions financières islamiques pour satisfaire la demande en Occident. Cependant, l'Afrique en tant que continent reste largement inexploitée dans la plupart des secteurs économiques, y compris celui de la finance islamique. Les efforts du Nigeria en matière de réglementation bancaire sans intérêt, de banque, de takaful et de gestion d'actifs se sont bien ancrés au cours de la dernière décennie. On attend beaucoup plus de cette puissance économique africaine si elle peut assurer une meilleure stabilité domestique et économique. D'autres pays francophones d'Afrique de l'Ouest se sont développés lentement, et une bonne formule de réglementation et de développement du secteur privé devrait stimuler la demande pour la finance islamique dans la région. Des États souverains plus séculaires, comme l'Afrique du Sud, émettent des Sukuk. Cette tendance devrait se poursuivre car les instruments du marché des capitaux islamiques offrent une bonne gouvernance et attirent des sources de financement alternatives.


L'ère de l'après-guerre mondiale est confrontée à une recrudescence sans précédent des conflits, de l'impact du changement climatique et de l'instabilité économique. Selon le FMI, l'inégalité des revenus s'accroît, et même les États-Unis sont confrontés à une augmentation substantielle des écarts de richesse. Il est abominable, et c'est une souillure sur la mémoire de l'humanité, que nous assistions à un génocide commis sous le couvert de la sécurité, avec l'appui des superpuissances mondiales. L'économie islamique, en tant que concept plus large, a un rôle important à jouer pour atténuer certaines de ces difficultés et fournir un minimum de morale qui a été ouvertement piétinée par les capitalistes prédateurs. Le messager d'Allah nous a enseigné que lorsqu'une personne décède, ses actions prennent fin à l'exception de trois d'entre elles : une charité pérenne, un savoir bénéfique ou un enfant vertueux qui prie

pour elle (Sahih Muslim). Sur la base de ce conseil, tout héritage digne de ce nom consisterait à tenter d'inverser la tendance de l'extrémisme vers la modération et l'harmonie, de l'inégalité vers l'autonomisation des personnes vulnérables et opprimées, et de l'ignorance économique vers l'éducation financière. Je poursuivrai mes efforts dans ce sens en m'engageant auprès d'organisations multilatérales telles que la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, les organisations des Nations unies pour la protection humaine et le développement, la Banque mondiale, la Banque islamique de développement et d'autres encore. Les initiatives seront basées sur la finance sociale islamique et le développement durable, le transfert de connaissances et de compétences, et le passage de relais par le mentorat et l'orientation de la prochaine génération d'individus dévoués qui se concentrent sur l'humanité et qui cherchent à plaire Allah, le Tout-Puissant.

IFMAG-FEVRIER 2024

49


STARTING IN April 2024


02

01

Public it é s

03

Digit a l Re port

Magazine

•Publicités (images et vidéos) dans les magazines •Publicités sur sites web •Interviews •Renforcement de la marque •Newsletters •Podcasts sponsorisés •Contenus sponsorisés •Production vidéo corporate •Vidéos sponsorisées •Partenariats events/media •Reportages/ •Rapports

05 Mensuel et Hebdoma da ir e

06

08

Sites web mobile et desktop

07

Web TV et vidéos sponsorisée s

Google SEO Ré s e a ux s oc iaux



IFMAG-FEVRIER 2024

53


islamiques. Notre objectif est de mettre l'accent sur la philanthropie, l'investissement et la durabilité dans cette perspective financière innovante.

Merci pour vos félicitations. Notre projet a été inspiré par le succès des bourses sociales dans le monde entier, qui soutiennent des causes sociales et environnementales. Nous avons vu l'opportunité d'aligner ces principes avec la finance islamique, en créant la bourse sociale islamique numérique (ISSE) pour faciliter le financement, la visibilité et les connexions pour les entreprises sociales dans les économies

54

IFMAG-FEVRIER 2024

Les bourses sociales se distinguent des marchés boursiers traditionnels en donnant la priorité à l'impact social et environnemental positif plutôt qu'au profit financier. Alors que les bourses traditionnelles se concentrent sur les gains en capital, les bourses sociales offrent une plateforme spécialisée aux investisseurs soucieux des questions sociales, en facilitant la cotation et la négociation de titres d'entreprises

engagées en faveur du bien-être de la société et de la durabilité de l'environnement. L'objectif premier des bourses sociales est d'aligner les investissements sur des valeurs qui contribuent à un changement social positif.


Certainement. Notre examen des bourses sociales dans les marchés conventionnels susmentionnés a révélé de précieuses informations. Alors que les bourses sociales offrent une plateforme cadrant les investissements avec les valeurs sociales et environnementales, nous avons identifié à la fois des avantages, tels que le bien-être sociétal et la durabilité, et des défis, y compris les complexités réglementaires et l'acceptation du marché. La compréhension de ces nuances a inspiré notre proposition de bourse sociale islamique numérique, qui vise à prendre en compte les aspects juridiques, réglementaires et de la charia afin de créer un modèle solide et efficace.

Le modèle de bourse sociale islamique numérique est conçu pour être un catalyseur de la finance sociale islamique en fournissant une plateforme structurée qui se conforme aux principes de la charia. En connectant les investisseurs d'impact avec des entreprises incarnant des objectifs sociaux, nous anticipons des contributions significatives à la croissance économique et au développement durable. Cette approche innovante vise à jouer

IFMAG-FEVRIER 2024

55


un rôle essentiel dans la réalisation des ODD mondiaux, en favorisant un équilibre harmonieux entre la réussite financière et l'impact sociétal positif.

L'ISSE est une plateforme unique au sein de la finance islamique, qui offre aux investisseurs la possibilité d'aligner leurs valeurs sur des initiatives ayant un impact. En donnant la priorité à des objectifs sociaux ancrés dans les principes de la charia, il permet non seulement de diversifier les possibilités d'investissement, mais aussi d'attirer des investisseurs

56 56

IFMAG-OCTOBRE2024 IFMAG-FEVRIER 2023

socialement conscients qui recherchent à la fois des profits financiers et un impact sociétal positif.

La mise en œuvre du modèle de l'ISSE numérique présente en effet des défis, notamment en termes de complexité réglementaire et d'acceptation par le marché. Nous prévoyons relever ces défis grâce à des efforts de collaboration avec les régulateurs et les parties prenantes, ainsi qu'à un dialogue permanent pour garantir la conformité du modèle avec les principes et cadres réglementaires conformes à la charia.


L'ISSE peut jouer un rôle de catalyseur dans la réalisation des ODD en canalisant les investissements vers des entreprises qui mettent l'accent sur le bien-être et la durabilité de la société. Cela peut à son tour favoriser la croissance économique au sein des économies islamiques en encourageant les investissements responsables et à fort impact qui sont en phase avec les principes de la finance islamique. diverses populations. Je crois fermement que la technologie elle-même n'a pas de religion. Son alignement sur la finance islamique dépend de son application en faveur des personnes et de son adéquation avec les maqassid (objectifs) de la Dans le domaine de la finance charia. Lorsqu'elle est utilisée de islamique, j'observe une façon éthique et pour prévenir intégration continue des les méfaits, la technologie technologies numériques pour devient un outil permettant de améliorer l'efficacité, favoriser l'inclusion financière et l'accessibilité et la conformité de promouvoir les objectifs plus avec les principes de la charia. larges de la finance islamique. L'adoption d'innovations telles Au fur et à mesure que nous que la blockchain et les contrats progresserons, la synergie entre intelligents peut simplifier les transactions tout en garantissant la technologie et la finance islamique s'approfondira la transparence et le respect des principes de la finance islamique. probablement, offrant de nouvelles solutions et En outre, les plateformes contribuant à la croissance de numériques facilitent une l'industrie. inclusion financière à plus grande échelle, rendant la finance islamique plus accessible à

De mon point de vue, plusieurs domaines clés de la finance islamique nécessitent davantage de recherche et de développement. Tout d'abord, il est essentiel d'explorer la synergie entre la finance commerciale islamique et la finance sociale islamique pour créer des solutions financières holistiques. Cela pourrait impliquer des structures innovantes qui intègrent des activités à but lucratif avec des projets sociaux ayant un impact, s'alignant ainsi sur des objectifs à la fois économiques et éthiques. En outre, il est essentiel d'étudier comment les agences multilatérales qui se consacrent aux besoins humanitaires

IFMAG-FEVRIER 2024

57


Pix

peuvent collaborer avec les institutions financières islamiques. L'établissement de partenariats qui tirent parti des atouts des deux entités peut améliorer l'efficacité de la distribution de l'aide et promouvoir un développement durable conforme aux principes islamiques. Enfin, s'attaquer à la pauvreté sans que les individus aient à mendier de l'aide est un domaine de recherche primordial. L'utilisation de technologies, telles que l'IdO, pour déterminer le niveau de pauvreté des ménages et la mise en œuvre de systèmes de distribution automatisée des aides peuvent permettre aux personnes dans le besoin de se prendre en charge avec dignité et efficacité. Cette intersection de la technologie et du bien-être social dans le cadre de la finance islamique constitue un champ de recherche fascinant, contribuant à la fois à la recherche académique et à un impact sociétal significatif.

58

IFMAG-FEVRIER 2024

Le conseil que je donnerais aux jeunes professionnels qui aspirent à se faire une place dans le domaine de la finance islamique est de rêver grand et d'être passionné par ce qu'ils entreprennent. Le monde est sans limites lorsqu'il s'agit d'innover et d'avoir un impact. Ne vous contentez pas de réfléchir à des idées ; transformez-les en réalité de manière proactive. Abordez votre travail comme s'il n'y avait pas de lendemain, en adoptant un sentiment d'urgence et de dévouement. Outre l'ambition et l'action, cultivez l'autodiscipline. La constance et la fiabilité sont des vertus qui vous distingueront dans le paysage dynamique de la finance islamique. N'oubliez pas que la réussite dans ce domaine

va au-delà de l'accomplissement personnel ; il s'agit de contribuer à la croissance éthique et inclusive des systèmes financiers. En outre, il est essentiel de reconnaître l'importance cruciale de l'éducation. Dans le domaine de la finance islamique, une solide compréhension des principes fondamentaux n'est pas seulement bénéfique, elle est indispensable. L'apprentissage continu et le fait de rester au fait des évolutions du secteur vous permettront de vous prémunir contre la tromperie et de vous doter des connaissances nécessaires pour naviguer dans des scénarios financiers complexes de manière éthique. Ainsi, en plus de votre passion et de votre approche proactive, faites de l'éducation la pierre angulaire de votre parcours dans la finance islamique.


Sherin Kunhibava est maître de conférences à la faculté de droit de University Malaya. Elle est spécialisée dans le droit commercial, la réglementation des fintechs et le droit de la finance islamique. Outre ses quinze années d'expérience dans l'enseignement universitaire, le Dr Sherin a également travaillé à Pacific Bank Bhd, à l'International Shariah Research Academy (ISRA) et à Wisdom Management Consultancy Sdn. Bhd. Sherin Kunhibava est rédactrice en chef adjointe du journal de l'ISRA depuis 2023, et elle fait partie du comité de rédaction du Journal of Malaysian and Comparative Law en tant que rédactrice spécialisée. Elle est aussi conseillère académique du Journal des étudiants de l'UMLR de la faculté de droit. Depuis 2018, le Dr Sherin a travaillé sur des projets de recherche financés par des subventions externes portant sur les questions réglementaires relatives aux solutions numériques concernant la technologie blockchain pour l'industrie financière. Elle a fait partie d'une équipe de chercheurs qui ont été les premiers à faire un rapport sur les questions réglementaires dans l'espace blockchain en Malaisie. Actuellement, Sherin effectue des recherches sur la finance sociale islamique.

Zakariya Mustapha est chercheur à la faculté de droit de University of Malaya. Il est avocat à la Cour suprême du Nigeria depuis 2008. Il est spécialisé dans les questions juridiques et charia de la finance islamique et offre des services de conseil juridique et islamique concernant le cadre réglementaire, la résolution des litiges et le développement de produits conformes à la charia dans le domaine de la finance islamique. Chercheur en herbe, il a publié des articles dans des revues universitaires et présenté des rapports de recherche lors de conférences nationales et internationales. Zakariya Mustapha est titulaire d'un LL.M, d'un LL.B (avec une spécialisation en Shariah) et est membre d'organismes professionnels, dont l'Association du barreau nigérian.

Maryam Khalid est actuellement maître de conférences à la faculté de droit de University Malaya. Auparavant, elle a exercé en tant que juriste d'entreprise dans le domaine de la finance islamique et a acquis de l'expérience en conseillant des clients sur le développement de produits bancaires et les réformes de la réglementation financière. Elle a également travaillé en tant que cadre juridique pour une société fiduciaire publique et une société privée, où elle conseillait les entreprises sur la conformité de leurs opérations commerciales. Son domaine d'intérêt porte principalement sur les développements réglementaires en matière de finance et de fintech.

IFMAG-FEVRIER 2024

59


Le Forum International sur l’Institutionnalisation de la zakat au Sénégal s’est tenu les 5 et 6 Décembre 2023 dans la capitale sénégalaise. Axé sur le thème « Les Aspects Multidimensionnels de la Zakat et son Rôle dans le Développement SocioÉconomique » le forum a pu réunir des érudits, des experts financiers, des universitaires, et des représentants gouvernementaux pour débattre et explorer les voies d'une gestion optimisée de la zakat. L’équipe de IFMAG a pu rencontrer l’initiateur du projet M. Abdoulaye Lam et par ailleurs directeur général du cabinet GIFT afin d’échanger sur le potentiel et les enjeux du développement d’un système de zakat à l’échelle nationale.

L'institutionnalisation de la Zakat est l'intégration formelle de cet instrument islamique dans les structures gouvernementales et sociales. Au Sénégal, cela revêt une importance cruciale car avec son potentiel national de près de 500 milliards de franc CFA, l’institutionnalisation de la zakat permettra une utilisation plus systématique et transparente des fonds, stimulant ainsi le développement socioéconomique tout en respectant les principes islamiques de justice sociale. 60

IFMAG-FEVRIER 2024


Le forum visait à catalyser la discussion autour de l'institutionnalisation de la Zakat. L’objectif visé est d’institutionnaliser ce forum et d’en faire un rendez-vous de dimension internationale afin de pouvoir trouver de manière durable des solutions efficaces face aux nombreux défis liés à la zakat. Cet instrument est d’autant plus pertinent qu’il se présente comme une source alternative de financement pour accompagner nos gouvernements dans leurs programmes de lutte contre la pauvreté. Nous avons échangé sur des idées novatrices, et des recommandations concrètes ont été formulées pour renforcer la place de la Zakat dans le développement socioéconomique du Sénégal en particulier et la sous-région en général.

500 milliards FCFA C’est le potentiel de la zakat au Sénégal selon les estimations du cabinet GIFT

La Zakat, correctement canalisée, peut être un puissant levier pour réduire la pauvreté en fournissant des ressources aux plus nécessiteux. Elle constitue un système économique complet visant à réduire l’écart entre les différentes couches sociales en encourageant les investissements productifs et l’esprit entrepreneurial. De plus, elle promeut l'équité sociale en encourageant la redistribution des richesses et en établissant un équilibre entre les différentes strates de la société.

La principale difficulté réside d’une part dans la prise en charge de cette question cruciale par nos gouvernants, mais aussi dans l'établissement de mécanismes transparents et équitables. Nous envisageons

de surmonter ces défis en encourageant la participation. publique, en utilisant des technologies innovantes pour la collecte et la distribution, et en établissant des partenariats solides avec des acteurs clés.

La Zakat occupe une place distinctive dans la finance islamique en tant que pilier fondamental de la finance sociale islamique (la zakat, le waqf et la microfinance islamique) En contribuant à des projets sociaux et économiques, la Zakat stimule une économie plus inclusive en favorisant la répartition équitable des richesses. Elle complète d'autres instruments de la finance islamique en assurant un impact social direct, contribuant ainsi à une

L'institutionnalisation de la Zakat est l'intégration formelle de cet instrument islamique dans les structures gouvernementales et sociales. Au Sénégal, cela revêt une importance cruciale car avec son potentiel national de près de 500 milliards de franc CFA, l’institutionnalisation de la zakat permettra une utilisation plus systématique et transparente des fonds, stimulant ainsi le développement socioéconomique tout en respectant les principes islamiques de justice sociale.

IFMAG-FEVRIER 2024

61


croissance économique plus équilibrée et inclusive.

Au forum, nous avons exploré des solutions novatrices telles que les applications mobiles sécurisées, les plateformes de paiement électronique et la blockchain pour accroitre l'efficacité de la collecte et garantir une distribution rapide et transparente des fonds. D’autres part, des « innovations » dans la distribution ont jaillis de nos discussion afin de mieux impacter dans la lutte contre la pauvreté.

La transparence est cruciale. Nous avons discuté de mécanismes de reporting transparents, de l'utilisation de technologies de suivi des fonds, et de l'implication des parties prenantes pour garantir une gestion responsable et redevable des fonds de la Zakat. Seule la confiance du public permettra d’atteindre ces objectifs que nous nous sommes fixés, et nous en sommes conscients.

62

IFMAG-FEVRIER 2024

La Zakat peut jouer un rôle clé dans la réalisation des ODD en concentrant ses efforts sur des domaines tels que l'éducation, la santé, l'éradication de la pauvreté, et d'autres objectifs sociaux. Nous avons exploré ces synergies lors du forum.

Les expériences d'autres pays tels que la Malaisie et le Soudan, peuvent fournir des enseignements précieux sur les meilleures pratiques, les défis anticipés et les solutions éprouvées. Nous tirerons profit de ces connaissances pour informer les stratégies sénégalaises et favoriser un échange mutuel.

Nous chercherons à traduire les idées générées lors du forum en actions concrètes. Cela impliquera la collaboration avec les autorités gouvernementales, les institutions financières, les organisations religieuses, les universitaires, les médias et la société civile pour créer un écosystème favorable à l'intégration de la Zakat dans le système financier sénégalais. Nous sommes impatients de voir l'impact positif que cette discussion aura sur la Zakat au niveau national comme international, pour une meilleure prise en charge de ce pilier fondamental de la finance sociale islamique.

Nous chercherons à traduire les idées générées lors du forum en actions concrètes. Cela impliquera la collaboration avec les autorités gouvernementales, les institutions financières, les organisations religieuses, les universitaires, les médias et la société civile pour créer un écosystème favorable à l'intégration de la Zakat dans le système financier sénégalais.



64

IFMAG-FEVRIER 2024


Le 22 novembre 2023, l’Afrique du Sud faisait son grand retour dans le paysage de la finance islamique du pays avec l’émission d’un Sukuk Ijara dénommé ZAR Al-ijara Sukuk par les autorités du pays. Ce mouvement stratégique s'aligne sur l'objectif plus large du pays de diversifier ses sources de financement et de s'engager dans le marché croissant des instruments financiers conformes à la charia.

L’émission, qui visait à lever 20 milliards de rands (environ 1,1 milliard de dollars américains), était une étape pionnière puisqu'elle représentait la première émission de Sukuk de l’Afrique du Sud effectuée en monnaie locale. Cette approche signifiait non seulement l'engagement de l’Etat envers la diversification financière, mais reflétait également la confiance de la 65

IFMAG-OCTOBRE 2023

nation dans son solide marché financier domestique. Ciblant principalement les banques locales, l'émission d’un Sukuk en monnaie locale souligne la forte confiance du marché national pour ces instruments.

Structuré en quatre tranches différentes, ce Sukuk offrait des échéances et des taux de

profit variés pour répondre aux préférences diverses des investisseurs. Les tranches incluent une échéance de 5,3 ans à 9,87 %, de 7,3 ans à 10,64 %, de 10,3 ans à 11,58 %, et de 12,3 ans à 11,90 %. Cette approche structurée permet une gamme d'options d'investissement, s'alignant sur divers appétits pour le risque et stratégies d'investissement. Pour un montant initial de IFMAG-FEVRIER 2024

65


20,386 milliards de Rand, l’émission s’est finalement soldée par un montant final de 35,517 milliards de Rand correspondant à un taux de souscription équivalent à 1,74%. Ce montant témoigne de l’appétit des investisseurs locaux. Dans le contexte de l'émission, le marché financier avait

montré des mouvements anticipatoires. Le rendement des obligations à 10 ans de l’Afrique du Sud avait connu une hausse à 11,57 %, et le Rand avait connu une légère baisse de valeur, reflétant la réaction du marché face à cet événement financier particulier. Cette initiative ne concernait pas seulement la

levée de capitaux ; c'était une étape stratégique pour le pays de Nelson Mandela pour gérer le déficit de financement de 2,6 milliards de dollars américains de la nation pour l'année fiscale 2023 et introduire des instruments financiers innovants sur le marché sudafricain.

Où se situe l’Afrique dans

les émissions de Sukuk?

SOURCE: IFMAG, Dexterity Africa

DONNÉES: National Treasury, Republic of South Africa

Les Sukuk Corporate: un

L'entrée de l’Afrique du Sud sur le marché des Sukuk n'est pas un développement soudain. En 2014, le pays avait émis avec succès son premier Sukuk Al Ijara d'une valeur de 500 millions de dollars américains avec une échéance de 5,75 ans sur les marchés de

66

IFMAG-FEVRIER 2024

capitaux internationaux. Cette émission a été souscrite plus de 4 fois, générant un carnet de commandes de 2,2 milliards de dollars américains. Cette réponse significative, avec une forte participation des banques et des gestionnaires d'actifs, a montré un fort intérêt mondial pour les investissements conformes à la Charia. Elle a également été marquée par

pallier prometteur


Une forte diversification de la base d'investisseurs, avec un intérêt notable du MoyenOrient, au-delà des segments traditionnels d'investisseurs des États-Unis, du RoyaumeUni et de l'Europe. Cette entreprise réussie a permis au pays de rembourser le Sukuk à l'échéance et, plus important encore, elle a ouvert la voie aux autorités pour explorer de nouvelles sources de capitaux sur le marché en monnaie locale. Reconnaissant son potentiel, le gouvernement avait indiqué dans le budget 2023 l'intention d'élargir sa base d'investisseurs locaux par l'émission d'un Sukuk.

FirstRand BNP Paribas et Standard Bank, témoigne de l'engagement de l’Afrique du Sud à respecter les principes financiers islamiques. Développé sur la base d’un sukuk Ijara, la structure implique que l’Afrique du Sud vende des actifs et les loue en retour, avec des paiements de location périodiques distribués aux détenteurs de certificats. À l'échéance, l’Afrique du Sud s'engage à racheter les droits d'usufruit à un prix préalablement convenu. Les événements de dissolution comprennent des défauts de paiement, de performance des obligations ou une insolvabilité, fournissant un cadre solide pour les investisseurs.

La structure de Sukuk, validée par les conseils de la Charia de

1. RSA Domestic Sukuk Trustee (RF) Proprietary Limited (SPV/Fonds commun d’émission de sukuk) émet des certificats auprès d'investisseurs, et utilise les fonds levés pour acheter des

droits d'usufruit (droits d'usage) sur des actifs détenus par l’Afrique du Sud. Ces droits sont détenus par la fiducie au bénéfice des détenteurs de certificats. 2. La SPV (RF) loue

immédiatement les actifs sur lesquels portent les droits d'usufruit à l’émetteur (Afrique du Sud), en échange d'un loyer. Le montant du loyer est indexé sur le taux de rendement promis aux détenteurs de certificats. L’émetteur paie ce loyer de façon semestrielle. 3. La SPV reçoit les paiements de loyers de l’émetteur pendant toute la durée de l'opération, et les redistribue aux détenteurs de certificats sous forme de distributions périodiques. 4. L’émetteur accepte d'agir en tant que prestataire de services pour les actifs sous-jacents, en échange de frais de service. 5. À l'échéance, l’émetteur s'engage à racheter les droits d'usufruit à la fiducie, moyennant un prix de rachat convenu à l'avance. Ce prix correspond à la valeur nominale résiduelle des certificats, plus les loyers courus et impayés 6. Si l’émetteur n'honore pas entièrement son engagement de rachat, le contrat de location entre la SPV et l’émetteur est prolongé, avec accumulation des loyers au bénéfice des détenteurs de Sukuks. La SPV peut alors exercer un recours contre l’émetteur sur base de l'engagement d'achat. 7. La SPV utilise le produit de la vente des droits d'usufruit à l’émetteur pour racheter les certificats auprès des investisseurs, au moyen d'un paiement final. Les certificats sont ensuite annulés. Suite page 69

IFMAG-FEVRIER 2024

67


LE SUKUK IJARA EXPLIQUE SIMPLEMENT

68

Les Sukuk sont souvent décrits

actif tangible, comme un

intermédiaire, acquérant l'actif

comme l'équivalent islamique

immeuble, un véhicule ou une

et émettant des Sukuk pour

des obligations.

machine.

financer l'achat. Les revenus

Cependant, contrairement aux

Structure de transaction

locatifs générés par l'actif sont

obligations conventionnelles

L'entité émettrice met en place

utilisés pour effectuer les

qui sont basées sur la dette et

une entité Ad Hoc

paiements aux investisseurs.

les paiements d'intérêts, les

(généralement une SPV -

Retour sur investissement

Sukuk sont structurés autour

Special Purpose Vehicle) qui

Les détenteurs de Sukuk

de la propriété d'actifs réels ou

agira au nom des détenteurs

reçoivent des revenus locatifs

de l'usage d'un service, et des

des sukuk et gèrera l’émission

réguliers pendant la durée du

flux de trésorerie générés par

du sukuk.

bail, reflétant le rendement de

ces actifs ou services.

Cette dernière achète l'actif

leur investissement.

transmettant ainsi le droit de

Fin du contrat

ESSENTIEL À SAVOIR SUR LE

propriété (asset-backed sukuk)

À la fin du contrat de location,

FONCTIONNEMENT DU SUKUK

ou le droit de l’usufruit de

selon les termes spécifiques du

IJARA

l’actif (asset-based sukuk) aux

Sukuk, l'actif peut être vendu,

Ijara : Ijara, qui signifie

détenteurs de Sukuk.

retourné à l'émetteur ou le

littéralement "location" ou

Après le transfert de propriété

contrat de location peut être

"bail", est une forme de contrat

aux investisseurs, l’actif est

renouvelé. Le mode de

de location dans lequel un

loué à l’émetteur.

disposition de l'actif est

bailleur (le propriétaire de

L’émetteur/preneur paie des

généralement déterminé à

l'actif) loue un actif à un

loyers périodiques à la SPV,

l'avance dans les termes du

preneur (locataire) en échange

qui, à son tour, les distribue

contrat contenus dans la note

de paiements d’un loyer.

aux détenteurs de Sukuk.

d’information.

Actif sous-jacent

Rôle de la SPV

Le Sukuk Ijara est adossé à un

La SPV agit comme

IFMAG-FEVRIER 2024


▪ Émetteur : The RSA Domestic Sukuk Trustee (RF) Pty Ltd ▪ Donneur d’ordre/émetteur : République d'Afrique du Sud ▪ Structure : Sukuk Al Ijara ▪ Durée : 5 ans, 7 ans, 10 ans, 12 ans ▪ Date d'adjudication : 12 octobre 2023 ▪ Règlement : 17 octobre 2023 (t+3) ▪ Cotation : Bourse de Johannesburg

Les actifs sous-jacents pour le Sukuk comprennent des réserves d'eau telles que des canaux, barrages, pipelines et installations de traitement de l'eau, approuvés par le Ministre de l'Eau et de l'Assainissement. Cette approche illustre l'utilisation innovante par l’Afrique du Sud d'actifs nationaux pour la structuration financière, garantissant la conformité avec les principes de la charia.

L'émission de Sukuk en 2023 n'est pas seulement une manœuvre financière, mais une initiative stratégique aux implications plus larges. Stratégie fiscale : Face à un déficit d'emprunt de 2,6 milliards de dollars pour l'année fiscale 2023, le Sukuk offre une voie innovante pour combler les pressions financières sans exacerber les charges de la dette extérieure.

Développement du marché En introduisant le premier Sukuk Al Ijara coté en monnaie locale, l’Afrique du Sud établit un repère sur le marché local, pouvant catalyser d'autres émissions de Sukuk et encourager d'autres entités à envisager des instruments conformes à la charia y compris les entreprises d'État (States Owned Corporates, SOCs)

IFMAG-FEVRIER 2024

69


ayant des besoins de financement importants. Ce qui devrait stimuler la croissance des Actifs Sous Gestion (AUM) du marché de la banque islamique en Afrique du Sud. En juin 2023, les dépôts islamiques avaient montré un Taux de Croissance Annuel (CAGR) de 13,9 %, dépassant le taux de croissance des prêts conventionnels. Référentiel pour les prochaines émissions Il existe un écart notable sur les marchés de capitaux sudafricains pour les produits conformes à la Charia. Les opportunités d'investissement limitées dans ce segment contrastent avec des fonds disponibles, en attente d’alternatives d'investissement conformes à la charia. Le Sukuk Al Ijara de l’Afrique du Sud vise à combler ce manque. Cette émission, étant le premier Sukuk Al Ijara coté par l’Afrique du Sud, est prête à établir un point de référence

70

IFMAG-FEVRIER 2024

pour les cadres structurels et de prix pour les futurs émetteurs. Diversification des sources de financement L'émission de Sukuk s'aligne sur l'objectif de l’Afrique du Sud de diversifier sa base d'investisseurs et ses stratégies de financement, crucial dans une ère d'incertitudes économiques et de taux d'intérêt mondiaux fluctuants. Les fonds conformes à la charia ont montré une forte croissance au fil des ans mais ont été confrontés à des produits d'investissement limités.

Action en faveur du développement de la finance islamique Cette émission devrait consolider la croissance de la banque islamique en Afrique du Sud, avec une hausse notable des dépôts islamiques et des actifs sous gestion. L'émission du Sukuk Al Ijara devrait ouvrir la voie à de

futurs instruments financiers conformes à la Charia en Afrique du Sud et au-delà. Elle représente une avancée dans le parcours de l’Afrique du Sud vers un écosystème financier inclusif et diversifié, en résonance avec les tendances mondiales de la finance islamique. La taille du marché mondial des sukuk a atteint 850 milliards de dollars à la fin de 2023 selon un rapport de Fitch Ratings, progressant de 10,3 % en glissement annuel malgré diverses volatilités et instabilités géopolitiques. Le marché devrait dépasser les 1000 milliards d'USD à moyen terme. Selon S&P Global Ratings, les émissions mondiales de sukuk pour l’année 2024 devraient se situer entre 160 et 170 milliards de dollars.


Stratégie Business Development Market Intelligence Organisation

Ingénierie Financière Finance Islamique Financement de Projets Gestion des Projets

Technologies Financières Systèmes d'information Data Analytics Développement de Produits



IFMAG-FEVRIER 2024

73


74

IFMAG-FEVRIER 2024


A

ttahiru Maccido est formateur et consultant en banque et finance islamiques, avec une spécialisation en marché des capitaux islamiques. Exerçant pour le compte de Buraq Capital, il a conseillé le FGN/DMO (le Gouvernement Fédéral du Nigéria/Bureau de Gestion de la Dette l) sur les émissions de Sukuk de 2017 et 2018. Il a été le premier PDG de Lotus Financial Services Ltd, une filiale de Lotus Capital Limited - un gestionnaire de fonds en finance islamique. Attahiru a également été directeur Région Nord de Lotus Capital Ltd (du Nigéria). Durant son passage chez Lotus Capital, Attahiru a laissé son empreinte non seulement sur l'entreprise, mais aussi sur le secteur de la finance islamique au Nigéria. Il a joué un rôle déterminant dans la structuration du premier Sukuk Al-Istisna privé nigérian émis par Lotus Capital en 2010. Il a également développé et géré le premier indice Lotus Islamic Equity Index de 2009 à 2012. L'indice s'est muté en "NSE Lotus Capital Islamic Index - NSE LC II" lorsque la Nigerian Stock Exchange (Bourse du Nigéria) s'est associée à Lotus

Capital pour gérer l'indice. Il a également structuré un Ijara Sukuk pour le gouvernement de l'État d'Osun, le premier Sukuk public émis au Nigéria, lequel a été primé par le prix Africa Deal of the Year lors des Islamic Finance News (IFN) Awards, 2013 à Dubaï. Il a par ailleurs travaillé à la Securities and Exchange Commission (SEC) de 2002 à 2006. M. Maccido a été membre du comité technique constitué par le comité de pilotage sur la finance alternative, composé de la Banque centrale du Nigeria, de la SEC, de la DMO, de l'ICRC (Commission de régulation des concessions d'infrastructure) et de la FMJ. M. Attahiru Maccido occupe plusieurs postes de responsabilités aux plans national et international.

IFMAG-FEVRIER 2024

75


One17 Capital Limited, en tant que société, a été constituée en juin 2020, juste après la période de confinement de la COVID-19. Nous avons fait la demande d'agrément et l'avons obtenu en décembre 2020. Nous opérons en tant que société de gestion de fonds agréée, communément appelée société de gestion de patrimoine dans d'autres juridictions. Ayant constaté des lacunes dans le domaine de la finance islamique, nous avons décidé d'axer nos activités principalement sur ce domaine. Outre la gestion de fonds, nous jouons le rôle de conseillers en matière de charia et de conseillers financiers pour certains produits phares et structuration de Sukuk au Nigeria. En raison de la pénurie de professionnels dans ce domaine, nous avons également pris l'initiative d'organiser des formations et des séances de renforcement des capacités à l'intention des particuliers et des entreprises afin de les sensibiliser à la finance islamique. Grâce à nos efforts de formation, nous avons collaboré avec des institutions telles que la International Center for Islamic Culture and Education (ICICE) à Abuja, au Nigéria. Nous avons également des partenariats avec la Islamic Finance Training Institute of Ghana pour dispenser des formations au Ghana ainsi qu'avec la International Institute of Islamic Banking and Finance de Bayero University Kano, qui délivre actuellement des certificats de formation en finance islamique.

En tant que Directeur général et PDG de One17

76

IFMAG-FEVRIER 2024

Capital, je suis chargé de superviser toutes les activités de l'entreprise et de conseiller nos équipes professionnelles. Compte tenu de la demande pour des fonctions avec ou sans licence, nous avons créé deux entités supplémentaires afin de nous conformer aux réglementations en vigueur et de répondre efficacement aux divers besoins de nos clients. One17 Capital Limited, qui opère en tant que société de gestion de fonds (ou société de gestion d'actifs), a élargi ses services. Nous avons ainsi créé One17 Financial Advisory Services, qui se consacre à l'émission de Sukuk et au conseil financier, ainsi que One17 Ethical Advisory Limited, qui se consacre spécifiquement aux activités de conseil en matière de charia, dans le respect des principes de la finance islamique.


En ce qui concerne mes contributions au domaine de la finance islamique, j'ai commencé à m'impliquer officiellement avec Lotus Capital en 2008. Durant mon mandat chez Lotus Capital, j'ai structuré avec succès un Sukuk Al Istisna'a privé pour un client particulier ainsi que le Sukuk du gouvernement de l'État d'Osun (au Nigéria) en octobre 2013. En outre, j'ai joué un rôle clé dans le développement de l'indice NGX Lotus Capital Islamic Index, le seul indice d'actions islamiques au Nigéria (à ce jour), qui fait désormais partie des indices proposés par la Bourse du Nigéria (Nigerian Exchange).

La première raison pour laquelle j'ai choisi cette voie découle de mes valeurs religieuses, en particulier en tant que musulman qui comprend les implications de la notion d'intérêt. L'enseignement de l'islam préconise d'éviter les intérêts, sauf en cas d'absolue nécessité. Pour moi, adhérer à ces valeurs islamiques signifie se tenir à l'écart de tout ce qui

est lié à l'intérêt. Éviter l'intérêt conduit naturellement à la question suivante : Quelles sont les alternatives et pourquoi je veux-je développer des solutions pour un nombre croissant de musulmans qui, en plus de s'abstenir d'autres vices, recherchent des possibilités au-delà de l'intérêt ? J'ai également participé à la structuration et à la supervision des Sukuk du gouvernement fédéral du Nigéria, depuis 2017 jusqu'à l'émission la plus récente en 2023. En outre, j'ai contribué à la structuration du Sukuk al-Ijarah pour Family Homes Funds Limited et du Sukuk Al-Mudarabah pour Taj Bank. Mon engagement ne se limite pas aux transactions, car je participe activement à la formation de nombreux professionnels et à des actions de sensibilisation. Ces efforts représentent ma contribution au développement de la finance islamique au Nigéria. Les enseignements islamiques, notamment les directives du prophète Muhammad (SAW), préconisent de prendre des mesures correctives contre tout ce qui est considéré comme blâmable. Le Prophète a (ainsi) conseillé :

Selon le rapport The Nigeria augmentation potentielle de 1,6 Halal Economy 2023, le Nigeria milliard de dollars par an dans le occupe la 8è position mondiale PIB du pays grâce à une des économies halal domestiques, croissance des exportations, à la avec des dépenses de 107 substitution des importations et milliards USD en produits halal aux investissements étrangers en 2022. directs. Avec ses atouts dans Alimenté par son imposante l'agriculture, les médias et la population musulmane, le finance islamique, il se classe marché devrait croître à un TCAC comme le 2è marché halal le plus de 10,7 %, atteignant 180 important d'Afrique, offrant des milliards USD d’ici 2027. Le opportunités dans des secteurs rapport prévoit une tels que l'émission de sukuk, la

la mode et le cinéma. En outre, le Nigéria se positionne au 11è rang des exportateurs africains de produits halal vers l'OCI, ayant exporté des produits halal d'une valeur totale de 379 millions US, comprenant des denrées alimentaires, des produits pharmaceutiques et des cosmétiques.

IFMAG-FEVRIER 2024

77


"Celui qui voit quelque chose de blâmable parmi vous, qu'il le corrige avec sa main. S'il n'y arrive pas, qu'il le fasse avec sa langue. S'il n'y arrive pas, qu'il le fasse avec son cœur.

( ُ‫َم ْن َرأَى ِم ْنكُ ْم ُم ْنكَرا فَ ْليُغَ ِي ِّْره‬ ‫َإِ ْن‬،‫َإِ ْن لَ ْم يَ ْست َ ِط ْع فَبِلِسَانِ ِه‬،ِ‫بِيَ ِده‬ .)‫لَ ْميَ ْست َ ِط ْع فَبِقَ ْلبِ ِه‬

En vertu de ces principes, j'estime qu'il m'incombe d'agir et de contribuer à trouver des solutions pour la population musulmane qui cherche des alternatives à l'intérêt.

78

IFMAG-FEVRIER 2024

L'un des premiers défis auxquels nous avons été confrontés a été d’arriver à persuader le gouvernement fédéral du Nigéria

(FGN) d'envisager l'émission de Sukuk. En 2009, lorsque j'étais chez Lotus Capital, Mme Hajira Adiola (Directrice générale de Lotus Capital) et moi-même avons rendu visite à Debt Management Office -DMO(Bureau de gestion de la dette) à ce sujet. Cependant, ce n'est qu'en 2017 que le premier Sukuk a été émis, ce que j'avais conseillé lorsque j'étais encore chez Buraq Capital. Vous pouvez ainsi vous faire une idée de la durée et de l'ampleur du travail qu'il a fallu depuis nos premières réunions jusqu'à l'émission du premier Sukuk du FGN. La perception du public a constitué un autre défi. En raison de l'islamophobie, certaines personnes ont affirmé à tort que l'émission de Sukuk par le gouvernement fédéral visait à islamiser le pays. Pour contrer cela, nous avons travaillé sans relâche pour sensibiliser le public, en soulignant que des pays comme le Royaume-Uni, le Luxembourg, Hong Kong et l'Afrique du Sud avaient émis des Sukuk souverains en 2014, qui ont tous été souscrits avec succès. Après l'émission de Sukuk par le gouvernement fédéral en 2017, la DMO (Bureau de gestion de la dette) a étiqueté toutes les routes construites avec les fonds levés grâce aux obligations Sukuk, permettant ainsi au public de constater l'impact tangible des investissements Sukuk dans la construction de routes de qualité. Cette initiative a eu un impact significatif sur la finance islamique en établissant une référence et en montrant que le gouvernement fédéral pouvait émettre des Sukuk. Cela a ouvert la voie aux gouvernements des États et aux entreprises, contribuant ainsi à la récente émission du sixième Sukuk souverain) en 2023. (Pour l'avenir, nous prévoyons une


utilisation accrue des instruments de de la finance islamique par le gouvernement, en particulier compte tenu de l'approche adoptée par la nouvelle administration et des déficits budgétaires existants. Nous espérons que d'autres gouvernements d'État et entreprises adopteront l'émission de Sukuk pour l'expansion et le développement des infrastructures. La vocation de développement que revêtent les Sukuk, comme en témoigne le financement de routes couvrant environ 500 kilomètres, met enévidence leur impact direct sur le secteur réel. Cela est conforme aux principes fondamentaux de la finance islamique, qui met l'accent sur le développement.

A commencer par les défis, nous sommes confrontés à des lacunes notables en matière de développement des compétences et de sensibilisation. Il y a une pénurie de professionnels capables de conseiller les acteurs, tels que les gouvernements des États ou les entreprises. Le manque d'expertise dans ce domaine constitue un obstacle de taille. En outre, il existe un besoin crucial de sensibilisation, car les investisseurs potentiels et les entités souhaitant émettre des Sukuk doivent comprendre le fonctionnement de ces instruments. Lutter contre l'islamophobie et débattre des questions plus générales liées à la finance islamique font également partie des défis à relever.

Le Nigéria est considéré comme l’un des pays africains les plus vibrants en finance islamique, malgré son marché relativement naissant. A cela s’ajoute les perspectives intéressantes : marché des capitaux, sukuk, banque, takaful, etc. Quelle est la part du pays dans l’industrie mondiale de la finance islamique? La Securities Exchange Commission (Commission des opérations de bourse) estime, par la voix de son Directeur général, que le marché nigérian de la finance islamique représente 0.9% du marché mondial. Il est estimé à 2,9 milliards USD, dont 57% était détenu par les sukuk, 42% par les banques islamiques et 1% pour le reste du marché (fonds islamiques, takaful). L’institution se base sur les données publiées par International Islamic Financial Market (IIFM) sur l’industrie de la finance islamique en 2022. A cette même période, la valeur des actifs de l’industrie à l’échelle mondiale est estimée à 3 250 milliards USD, dont les émissions valaient 182,72 milliards USD. Ce pourcentage de 0,9% n’occulte en rien le potentiel immense que regorge le Nigéria, avec notamment une explosion démographique et une large proportion non bancarisée. Le pays offre une plateforme distinctive pour des investissements éthiques et conformes à la charia. Il n’est dès lors pas surprenant que le Nigéria se penche davantage sur les instruments financiers islamiques, particulièrement face au fardeau des instruments de dette conventionnels.

IFMAG-FEVRIER 2024

79


opportunités, le champ d'action est vaste. La Securities and Exchange Commission (SEC), l'autorité de régulation du marché des capitaux, a élaboré un plan directeur sur dix ans qui devrait s'achever en 2025. Dans ce plan, elle vise à ce que 25 % des capitaux nigérians sur le marché des capitaux proviennent d'instruments et d'institutions de la finance islamique. La SEC a activement sensibilisé les gouvernements des États à la promotion de la finance islamique et des Sukuk. Cet effort devrait permettre aux gouvernements des États et aux sociétés anonymes d'émettre des Sukuk. Une autre opportunité importante réside dans l'objectif de l'administration actuelle, dirigée par le président Bola Ahmed Tinubu, de faire passer le produit intérieur brut (PIB) du pays d'environ 450 milliards de dollars à 1 000 milliards de dollars au cours des huit prochaines années. Cet objectif ambitieux nécessite l'utilisation de divers instruments du marché des capitaux, ce qui offre des opportunités substantielles. Le gouvernement fédéral devrait émettre des Sukuk pour financer le développement

80

IFMAG-FEVRIER 2024

des infrastructures et d'autres activités liées à la gouvernance. En substance, ces développements offrent des perspectives intéressantes pour la croissance de la finance islamique et du marché des capitaux islamiques en général.

En ce qui concerne les défis, , l'introduction de toute nouveauté entraîne inévitablement des obstacles en raison des changements anticipés. Le passage du connu à l'inconnu pose de nombreux défis. Un exemple notable est le Sukuk Al-Istisna'a privé émis par Lotus Capital en 2019. Un client avait alors souhaité retirer son investissement . Ce qui a poussé Lotus Capital à persuader


le client de le garder en attendant de trouver de nouveaux investisseurs pour un Sukuk Al-Istisna'a. Après avoir réussi à obtenir un milliard de nairas, Lotus Capital a organisé et proposé le Sukuk aux investisseurs, en utilisant les fonds levés pour développer les propriétés immobilières dont l'acheteur initial souhaitait se défaire. Cette approche innovante a permis de conserver les fonds du client chez Lotus Capital, de lever de nouveaux fonds et d'aboutir à une situation profitable à la fois aux investisseurs, au client et à Lotus Capital. La sensibilisation, le développement des compétences et la dispense de formations nécessaires font partie des défis à relever. Cependant, cette méthode innovante de structuration des produits financiers, en particulier les Sukuk, a non seulement ouvert la voie mais aussi créé de nombreuses opportunités. Des particuliers et des institutions recourent aujourd’hui à certains des instruments Sukuk vis-àvis des instruments conventionnels et d'élargir les possibilités d'investissement pour ces institutions. Nous restons optimistes sur le fait que la Banque centrale du Nigeria et d'autres institutions introduiront des titres à court terme conformes à la charia sous la forme de Sukuk, qui serviront d'instruments de gestion de la liquidité pour les institutions financières ne percevant pas d'intérêts. Cette initiative devrait permettre d'améliorer la compétitivité des instruments financiers islamiques vis-à-vis des instruments conventionnels et d'élargir les possibilités d'investissement pour ces institutions.

Pour évaluer l'impact des Sukuk sur le développement des infrastructures, il faut examiner les résultats tangibles obtenus jusqu'à présent. Dans le cas de la sixième émission de Sukuk du gouvernement fédéral du Nigéria, des routes sur environ 500 kilomètres ont été construites, sillonnant les six zones géopolitiques. Ces routes traversent les villes et les villages, facilitant ainsi l'accès aux populations. La construction de routes de qualité a considérablement amélioré l'acheminement des produits agricoles entre les villages, renforçant ainsi les activités économiques. En outre, ces excellentes routes ont eu un impact positif sur les interactions sociales en garantissant une circulation fluide et efficace des personnes à travers le pays. Un autre exemple remarquable est celui de Family Home Funds Limited, qui a émis un Sukuk de 30 milliards de nairas en 2022 et 2023. Grâce à une approche innovante incluant le Sukuk Al-Ijarah, elle a réussi à lever des fonds en deux tranches pour fournir des logements abordables. Cela démontre que les Sukuk peuvent être utilisés pour divers projets gouvernementaux de développement, notamment des hôpitaux, des écoles, des ponts, des routes, des aéroports, etc. Les Sukuk, étant directement liés au secteur réel, ont le potentiel d’impacter des vies et de contribuer de manière significative à la croissance et au développement.

IFMAG-FEVRIER 2024

81



83

IFMAG-OCTOBRE 2023


84

IFMAG-FEVRIER 2024


Dès le départ, il importe de situer pour eux la Muamalat économique dans le contexte global des fondamentaux et des principes de l’Islam. A cet effet, nous avons, avec Cheikh Mohamed Bechir OULD SASS, composé le schéma ci-dessous. Il distingue les trois fondamentaux : l’Ethique (Akhlaq), illuminée par la Foi (Aquidah ) et traduite dans la Loi (Shariah).Il décrit aussi les deux ensembles de principes : l’Ibadat qui régit la relation verticale des humains vers Allah et la Muamalat qui régit les relations des humains entre eux. Cette structuration simple soulève l’intérêt des étudiants nonmusulmans et sert souvent de ‘révélation’ pour les étudiants musulmans !

IFMAG-FEVRIER 2024

85


Le lien entre la Muamalat économique et l’économie conventionnelle s’établit très logiquement à travers le concept de ‘consommation consciente’. Je m’explique : chez une large majorité de la population mondiale, on observe encore une ‘consommation contrainte’. Il s’agit le plus souvent hélas d’une ‘contrainte réelle’, liée à l’absence de pouvoir d’achat ou même à la distance impossible à parcourir jusqu’au point de vente le plus proche. Il peut s’agir aussi d’une ‘contrainte culturelle’, liée aux traditions et/ou habitudes de consommation dans la famille ou la communauté. Aux deux ou trois milliards d’individus qui peuvent dépasser les ‘contraintes réelles’ d’argent ou de lieu, une ‘contrainte artificielle’ a été progressivement imposée par la publicité, dans la seconde moitié du XXème siècle. Initialement pourvoyeuse d’informations sur le produit, la publicité a, de plus en plus, cherché à convaincre les consommateurs qu’ils ‘se devaient’ d’acheter le produit vanté. Elle a favorisé une ‘consommation instinctive’ ! Depuis quelques décennies cependant, pour endiguer ce ‘courant matérialiste’ de la ‘consommation instinctive’, un ‘courant spiritualiste’ de ‘consommation consciente’ s’est développé : le consommateur se focalise alors davantage sur les produits et services ‘Quatre F’.

86

IFMAG-FEVRIER 2024

La ‘consommation consciente’ un courant moderne qui réintroduit de la réflexion dans le chef du consommateur : les clients recherchent des produits qui sont en accord avec leurs principes de vie et que l’on peut classer en quatre catégories qui, en anglais, commencent chacune par la lettre ‘F’. Il y a les produits ‘Free from’ dans lesquels on cherche à éviter une composante nuisible pour la santé (excès de sucre, de sel, …) du consommateur. Il y a aussi les produits ‘Functional for’ qui doivent, au contraire, nous apporter des éléments (vitamines, oligoéléments, antioxydants, …) positifs pour notre santé . Il y a encore les produits ‘Fair to’ qui respectent les personnes (le commerce équitable), les animaux (leur protection ou le rejet de leur consommation) et l’environnement (produits bio, recyclage, circuits courts,…). Il y a enfin les produits ‘Faith in’ qui sont en conformité avec la foi du consommateur, qu’il soit musulman (les produits Halal), juif (les produits Casher), hindou (les produits conformes à l’Ahimsa), …


soit sur lui). Dans la pièce où nous sommes, 80% des éléments sont naturellement Halal ; seuls le café et les biscuits que vous m’offrez sont éventuellement concernés par un interdit Haram. Reste à expliquer, pour les participants à mes ateliers universitaires, que ce qui est permis (Halal) n’est pas forcément bon (Tayyib)… ! Pour un diabétique, un biscuit très sucré peut être ‘Halal’ (s’il ne contient pas d’ingrédients ‘haram’) mais il ne sera pas ‘Tayyib’ (car le sucre est dangereux pour lui) ; il en va de même d’un steak haché, même certifié Halal, mais qui est très salé et donc nocif pour un cardiaque !

Exactement. Je mets surtout en évidence la modernité de la consommation Halal, et partant de la Muamalat ! Mais, pour ce faire, je dois cependant vaincre un obstacle majeur : une lecture qui est encore trop souvent négative de l’économie islamique. En effet, pour être agréable à son interlocuteur, le musulman essaie de ‘faire court’ en expliquant la spécificité de la Muamalat à travers quelques interdictions : pas de porc, pas d’alcool, pas d’intérêt, pas de jeux de hasard, … Si je faisais de même, mes étudiantes et étudiants auraient alors une vision négative de l’économie islamique … et de l’Islam en

conséquence. C’est pourquoi, inspiré par les écrits d’Umer CHAPRA et avec la guidance de Cheick Mohamed Bachir OULD SASS, j’ai choisi, au contraire, de souligner divers principes positifs qui sous-tendent la Muamalat : celle ou celui qui adhère à ces principes ne ressent dès lors plus les interdits comme étant des contraintes mais bien comme des garde-fous. Pour le consommateur, conscient de ces principes, l’image devient alors positive : tout est désormais permis (Halal) dès lors que ce n’est pas explicitement interdit (Haram) dans le Coran ou dans la Sunnah (la tradition du Prophète Muhammad – Paix

C’est bien cela ! Le verset 168 de la Sourate N°2 et les versets 87 et 88 de la Sourate N°5, mentionnent explicitement ce concept de Halalan-Tayyiban. Comme le souligne Cheikh OULD SASS, les deux mots sont même rapprochés, dans le Livre Sacré, au point de devoir être reliés par un trait d’union dans la traduction française du concept. Ce lien souligne que la juxtaposition des deux termes les fait se renforcer mutuellement : le volet normatif ‘halalan’(c’est permis par la Loi) est complété par le

IFMAG-FEVRIER 2024

87


volet volontariste ’Tayyiban’ (c’est bon pour la personne …et pour la société).

Bien évidemment… et c’est là que l’économie islamique et l’économie conventionnelle se rejoignent… dans une lecture positive et moderne de l’acte de consommer ! Le trait d’union du HalalanTayyiban correspond à la somme directe en mathématique : un terme n’existe pas sans l’autre… et si l’un des deux termes est nul… la somme est nulle, elle aussi ! Pour être ‘Halal’, un produit doit aussi être ‘Tayyib’ pour le consommateur … qu’il soit musulman ou non, d’ailleurs : il doit être bon pour la santé ‘matérielle’ … mais aussi pour la santé ‘immatérielle’ de la personne… et celle-ci exige que le consommateur respecte les critères ESG (Environnementaux, Sociétaux et de Gouvernance) du Développement Durable. Par ailleurs, pour le consommateur musulman, un produit ne peut être ‘Tayyib’ que s’il est aussi ‘Halal’ : sa santé ‘immatérielle’ passe en effet par le respect des préceptes de sa religion, l’Islam. Au-delà de la notion de ‘halal’, basée sur l’interdit ‘haram’ (des ingrédients et des pratiques), le concept de ‘halalan-tayyiban’ intègre donc

88

IFMAG-FEVRIER 2024

les critères positifs du Développement Durable. L’ensemble de mon auditoire se rejoint alors sur ce concept moderne… qui implique cependant d’assurer la traçabilité des produits.

En effet, sur les marchés Halal, la traçabilité des produits ne peut s’exercer qu’en proximité et, acheter à mille kilomètres de distance grâce à l’ecommerce, entraîne un sérieux défi de crédibilité pour les certificateurs… défi que seule la digitalisation permet de relever. De même, sans digitalisation de la finance islamique, pas de développement de la finance islamique et de ses approches modernes comme les plateformes d’investissement ou le crowdfunding. Traçabilité digitale et produits financiers digitalisés sont deux passerelles fondamentales

entre l’économie islamique et les flux financiers conventionnels. Avec les étudiants, nous réfléchissons à des développements originaux comme le ‘reverse eKYC’ : certes il est important pour les intermédiaires financiers (sur les plateformes comme dans les levées de fond) de ‘connaître leurs clients’ (Know Your Customer) mais il serait encore plus intéressant pour le client (dans une démarche de consommation consciente) de mieux ‘connaître le produit’ qu’il envisage d’acheter (Know Your Consumption !). On peut alors imaginer que des développeurs informatiques (et il y a tellement de talents dans ce domaine au sein de l’Oumma !), désireux de contribuer au respect, non seulement du prescrit religieux mais aussi des critères ESG du Développement Durable (que j’ai déjà évoqués), proposent des logiciels de traçabilité Halalan-Tayyiban. Le ‘consommateur conscient’ pourrait ainsi introduire son


profil de santé … matérielle et immatérielle … et se verrait proposer un ensemble de produits et services ‘H-T’ adapté à sa personne : une consommation consciente … et personnalisée… en magasin ou en e-commerce !

Dans nos ateliers participatifs, nous évitons, Youness AFKIR et moi, de décrire la Muamalat économique à partir de prescrits théoriques, enfermés dans des principes contraignants. Les jeunes préfèrent découvrir des chemins structurés et ouverts vers des objectifs positifs. A cet égard, la ‘Vision Islamique du Développement au regard de la Maqasid Al Shariah’ (https://www.amazon.fr/Isla mic-Vision-DevelopmentMaqasid-AlShariah/dp/1565644417 ), telle qu’elle est proposée par Dr. Umer CHAPRA, nous sert de fil conducteur : chacune et chacun peut y introduire son niveau de Foi (din) pour cultiver ses richesses personnelles, matérielles (al mal) et immatérielles (nafs), grâce à son intellect (aql) mis au service de sa postérité (nasl), dans le cadre d’un effort

à la fois individuel et collectif destiné à assurer le développement et le bien-être humain (falah). Le Développement Durable de notre planète est bien présent dans la Maqasid !

Il s’agit d’un ingrédient essentiel au succès de ces ateliers ECOM : les témoignages de jeunes ayant fait leur chemin dans la Muamalat économique. Il y a Zineb BENSAID qui a accompagner la création d’ISFIN (le premier réseau de cabinets international de

cabinets juridiques internationaux) et qui lance aujourd’hui la plateforme d’investissement DEALFOX sur la place de Luxembourg. Il y’a Dalal AASOULI qui a quitté son Maroc natal pour partir vers Kuala Lumpur et devenir, aujourd’hui Professeur de Finance Islamique à l’Hamad Bin Khalifa University du Qatar. Il y a encore Rachid ETTAI qui a capitalisé sur de brillantes études mathématiques pour devenir Business Development Manager auprès d’Abdeliah BELATIK, le Secrétaire Généralde la CIBAFI au Barhain.

IFMAG-FEVRIER 2024

89


Ces réussites professionnelles, et quelques autres encore, montrent aux étudiants, mais aussi aux étudiantes, que ‘c’est possible’ … ‘Yes, I can !’ Forts de cette conviction, les participants sont alors invités, en vue du dernier atelier, à rechercher sur Internet des offres d’emploi concrète et à préparer une lettre de candidature.

Pas besoin de boule de cristal pour deviner que la finance islamique et le marché Halal des produits de bouche resteront les deux leviers du futur de l’économie islamique ! Cependant, d’autres domaines, davantage axés sur les services, sont promis à une forte croissance : le tourisme et les achats qui l’accompagnent, l’éducation et les produits culturels qui la supportent, la santé avec les médicaments mais aussi les alicaments qui la préservent. Au sein même de la finance islamique, les développements seront

90

IFMAG-FEVRIER 2024

significatifs en termes de ‘fintech’ (ces technologies digitales mises au service de la finance) mais aussi en termes d’approches nouvelles comme le crowdfunding, si compatible avec les principes de partage, fondamentaux en économie musulmane. Peut-être assisterons-nous même à un renforcement de l’observance de la zakat grâce aux techniques de collecte digitale… ! Au sein des marchés Halal, l’ecommerce augmentera sa part de marché par rapport au commerce de proximité (qui gardera tout son attrait chaleureux) et aux grandes surfaces (qui intensifieront leurs efforts de séduction envers les consommateurs conscients). Je rêve personnellement de voir se développer une consommation consciente et personnalisée, basée sur le concept de ‘Halalan-Tayyiban’ pour les consommateurs musulmans…mais déclinée aussi pour l’ensemble des consommateurs conscients ! Au sein de l’économie musulmane dans son ensemble, ma conviction profonde est que le futur de la finance islamique repose sur la diversification des échanges sous-jacents : cette finance est

encore beaucoup trop concentrée sur des transactions interbancaires et/ou immobilières… dans les mêmes pays, dans les mêmes villes, dans les mêmes avenues ! Seul le développement des marchés conformes à la charia (et des produits/services halalan-tayyiban en particulier) engendrera ces millions de transactions journalières qui sont nécessaires pour constituer une base réelle et diversifiée indispensable au développement durable de la finance islamique ! Le futur de la finance islamique dépend donc du développement des marchés Halal … et le futur durable de l’économie islamique dépend de l’observance de critères positifs… comme le HalalanTayyiban !

Au XXIème siècle, et pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, quatre générations d’humains cohabitent en bonne santé, c’est une opportunité à ne pas manquer : valoriser la richesse des traditions par la modernité des approches de consommation consciente !


e département malaisien du développement islamique (Jakim) mise sur les nouvelles technologies pour fluidifier le processus de certification halal. Son directeur de la division de gestion du halal a annoncé le développement d'un système d'intelligence artificielle visant à automatiser l'analyse des ingrédients dans les produits alimentaires. Actuellement réalisée manuellement, cette étape de vérification qui précède l'approbation d'un

certificat halal est fastidieuse et chronophage. Pour Mohamad Zamri Mohamed Shapik, directeur de la division de gestion du halal au sein du département malaisien du développement islamique (Jakim) , "Le plus compliqué dans l'approbation d'un certificat halal, c'est de vérifier les ingrédients dans un produit". En s'appuyant sur l'IA, Jakim espère simplifier et accélérer le traitement des demandes émanant aussi bien de l'industrie agroalimentaire que des hôtels et restaurants.

Le premier laboratoire PCR halal de Russie est prévu pour ouvrir à Kazan dans la république de Tartastan. Ce laboratoire, le premier du genre en Russie, aura la capacité de détecter l'ADN de porc dans les tests PCR. Cette innovation fait partie d'un centre halal plus large qui sera inauguré à Kazan.

IFMAG-FEVRIER 2024

91


La finance islamique


C’’est quoi la mudaraba?

QU’EST CE QUE LA MUDARABA?

Définition: La Mudaraba est un contrat de partenariat à but lucratif dans lequel une partie

appelé Rabbul Maal apporte du capital à une autre partie(appelé le Mudarib) qui fournit des compétences et du travail dans la réalisation d’un projet ou une entreprise commerciale. Les deux parties partagent le bénéfice selon un ratio convenu d’avance. Les pertes , le cas échéant, étant supportées par le fournisseur de fonds (Rabbul maal), sauf si cela est dû à une négligence, un abus de confiance ou encore une violation des conditions convenues dans le contrat par le Mudarib. Dans ce cas, le mudarib porte la responsabilité de la perte.

Mode opératoire simplifié

1

2a

2b

Signature d’un contrat Mudaraba entre l’entrepreneur et la banque.

3

La banque (Rabbul-maal) apporte le capital nécessaire à la réalisation du projet qui est ensuite investi par l’entrepreneur.

4

L’entrepreneur (Mudarib) apporte son expertise dans la gestion du projet.

Dans le cas où le projet génère des profits , ceux-ci sont repartis entre la banque et l’entrepreneur selon la clé de répartition convenue dans le contrat. Dans le cas où le projet se solde par des pertes, la banque supporte intégralement les pertes financières sauf en cas de négligence, de fraude, de mauvaise gestion ou de violation du contrat de Moudaraba par l’entrepreneur.

IFMAG-FEVRIER 2024

93


94

IFMAG-FEVRIER 2024


IFMAG-FEVRIER 2024

95


IFMAG-OCTOBRE 2023

96


Avec plus de 15 ans d'expérience en tant que responsable de la finance islamique d'une banque privée suisse à Genève, M. Michael Gassner est un expert chevronné dans le domaine de la gestion de patrimoine islamique. Figure influente du paysage de la finance islamique, Michael Gassner n'est pas seulement un professionnel, mais aussi un éducateur. Il a donné des cours sur l'économie et la finance islamiques à la Geneva Business School, contribuant ainsi à la formation des futurs leaders dans ce domaine. Auteur prolifique, Michael a récemment lancé le "Chatbot de la finance islamique", un outil ChatGPT 4 basé sur son livre allemand "Islam, Money and Prosperity". Ce chatbot innovant franchit les

barrières linguistiques, offre une éducation financière dans plus de 100 langues et promeut l'inclusivité dans le domaine de la finance personnelle islamique. L'engagement de Michael au service de la communauté va audelà de ses fonctions professionnelles. Il contribue activement à la philanthropie et à la réduction de la pauvreté, en occupant des postes de conseiller au World Congress of Muslim Philanthropists (Congrès mondial des philanthropes musulmans) et au Global Donors Forum (Forum mondial des donateurs). Sa vision est de mobiliser les ressources financières et intellectuelles pour un monde paisible, équitable et durable.

IFMAG-FEVRIER 2024

97


J'ai acquis mon expérience pratique dans le domaine de la finance islamique à la Bank AlJazira, à Jeddah, en Arabie saoudite, en tant que responsable du développement des produits. Après quelques années, il y avait un poste à pourvoir en Europe, en Suisse précisément, pour développer la gamme de produits islamiques dans une banque privée suisse; poste que j'ai finalement occupé. Les banques privées suisses desservent traditionnellement des clients richissimes, y compris des musulmans, qui souhaitent placer une partie de leurs fonds dans un pays stable. Outre ce poste, j'ai été nommé il y a plus de dix ans au conseil de la charia de la Bosna Bank International à Sarajevo, en Bosnie, ce qui m'a permis d'apporter une certaine expérience européenne au conseil.

Je suis devenu banquier en Allemagne et j'ai étudié la finance et le marketing. Quelques années plus tard, je suis devenu musulman. Après avoir terminé mes études, j'ai commencé dans le domaine de la

98

IFMAG-FEVRIER 2024

technologie, en travaillant sur des e-marketplaces en 2000. Vu que les choses ne s'étaient pas bien passées et que j'ai été licencié par la suite, j'ai réfléchi à comment mettre en œuvre la finance islamique pour la communauté allemande et je me suis fait connaître grâce à des publications, des interviews et des conférences publiques, notamment lors du Harvard Islamic Finance Forum 2004.

Même parmi les nantis, le savoir en matière de finance islamique est limité. C'est d’autant plus vrai pour le grand public. J'ai publié en 2008 mon premier livre en allemand sur la finance islamique, consacré aux banquiers et à la manière de structurer des produits - à l'époque, j'étais d'avis qu'il ne fallait pas dire aux gens ce qu'ils ne sauraient pas faire. Pendant la période Covid, j'ai publié un autre ouvrage consacré au musulman salarié moyen dans la zone germanophone. La sensibilisation des consommateurs est la clé de la croissance de


notre industrie et de son développement avec les produits adéquats, et pas seulement avec les produits les plus rentables pour l'industrie financière. Des enseignements abondent dans le Coran et la Sunna pour vous guider dans la gestion de votre patrimoine avec la bonne attitude.

Je pensais adapter le contenu de mon livre à différentes régions et langues - ce qui prend généralement beaucoup de temps et est difficile à faire après les obligations professionnelles et familiales. Avec le lancement de ChatGPT et suivi, quelques mois plus tard, de la mise à disposition d'outils permettant de le former sur des textes personnalisés, il me paraissait logique de créer le premier chatbot pour l'éducation financière islamique. De nombreuses personnes ne souhaitent même pas lire un livre entier, mais simplement obtenir une réponse à deux ou trois questions qu'elles se posent. Le chatbot peut le faire, et plus important encore, avec toutes les capacités linguistiques de ChatGPT 4. Un ami l'a essayé en ouzbek, et cela a fonctionné. Ainsi, le contenu de base est désormais disponible dans la plupart des langues simultanément, sans effort extrême.

Comme pour tout chatbot d'IA aujourd'hui, les réponses ne peuvent pas être entièrement fiables, mais elles constituent un bon instrument d'éducation. À cet égard, il est intéressant de noter que j'utilise moi-même beaucoup les chatbots pour l'apprentissage des langues. Mais voyons comment le chatbot lui-même répondrait-il à votre question ? C'est ce que nous allons faire : Je cite : "Le chatbot de la finance islamique fonctionne à partir d'une vaste base de connaissances qui comprend des informations provenant de divers documents relatifs à la

finance islamique, à l'éthique et à des sujets connexes. Le chatbot traite les requêtes en se référant à cette base de connaissances et en fournissant des réponses basées sur les informations contenues dans ces documents. La question cruciale de l'éthique est traitée en adhérant strictement aux principes et aux lignes directrices décrits dans la base de connaissances. Le chatbot ne génère pas de réponses basées sur des opinions personnelles ou des influences extérieures, mais se sert strictement des informations fournies dans les documents. Il s'agit notamment de lignes directrices sur la finance islamique, de considérations éthiques et de conseils d'érudits et d'experts dans ce domaine. La fiabilité du Chatbot de la finance islamique dépend de l'exactitude et de l'exhaustivité de la base de connaissances à laquelle il fait référence. Les documents de la base de connaissances couvrent un large éventail de sujets et donnent un aperçu détaillé des différents aspects de la finance islamique. Ceci fait du chatbot une source d'information fiable pour les questions liées à ce domaine. Toutefois, il est essentiel de noter que les réponses du chatbot se limitent aux informations contenues dans la base de connaissances et qu'il n'est pas en mesure de fournir des conseils ou des avis personnels." Fin de citation.

Dès lors, la vérification des faits et les conseils personnalisés restent essentiels.

Le Chatbot ne fonctionne que depuis quelques mois. Le retour d'information à l'échelle internationale est encore limité. Par exemple, des étudiants l'ont utilisé pour préparer leurs recherches. Cependant, obtenir des réponses à des questions que vous avez en tête ne remplace pas un programme d'études structuré. C'est pourquoi je travaille actuellement sur un cours d'apprentissage en ligne, qui sera probablement proposé via Udemy, une plateforme largement accessible. Cela me permettra d'enseigner les basesde manière organisée.

IFMAG-FEVRIER 2024

99


Pour une initiative menée par une seule personne, il est impossible de se rendre dans des régions dépourvues d'internet. Par conséquent, d'autres initiatives doivent voir le jour, et l'éducation financière de base devrait également trouver sa place dans les écoles et les madrasas. L'éducation financière est un sujet globalement négligé.

Malheureusement, il n'y a pas de données à grande échelle. De plus, le logiciel ne partage même pas avec moi les questions posées. Je reçois quelquesremarques d'appréciation, mais pas grandchose à partager.

100

Nous devons nous engager dans l'IA - elle fait partie de notre vie aujourd'hui ; ainsi, l'approche est basée sur des expérimentations. Le Chatbot est limité au livre en tant que ressource, il ne saurait donc être trop créatif en fournissant des réponses fantaisistes. Mais les réponses ne doivent jamais être considérées comme des conseils, qu'ils soient financiers ou religieux - il s'agit plutôt d'éducation. Car il vous permet de discuter, de poser des questions plus pertinentes et d'être mieux préparé à échanger avec un professionnel du secteur.


Grâce à ses capacités linguistiques, l'IA nous permettra de mieux décomposer les questions complexes. Au fil du temps, elle sera intégrée dans le processus de conseil et augmentera la productivité, ainsi que dans le back-office avec des exigences de conformité et de profilage de plus en plus poussées. D'un point de vue tout à fait moins technique, il pourrait permettre de rendre accessibles et compréhensibles tous les textes classiques écrits en arabe, en ottoman et dans d'autres langues. Nous pouvons désormais comprendre dans notre propre langue des concepts clés publiés uniquement dans une autre langue.

Nous n'en sommes qu'au début, et la prise de responsabilité et le transfert du processus de conseil à un logiciel peuvent prendre un peu plus de temps. Mais sans éducation financière, de mauvaises décisions seront prises. Avec l'éducation financière, on peut veiller à ses propres intérêts et affecter les ressources à de meilleurs projets. C'est un peu comme la nourriture - si nous ne savons pas et manquons de discipline, nous risquons de manger des aliments malsains, même si nous disposons de suffisamment de fonds pour avoir un mode de vie sain. Outre la connaissance, nous devons mettre en œuvre "amanu wa amilu" ; avoir l'iman et agir en conséquence est un appel fréquent dans le Coran. Aucune IA ne pourra se charger de la mise en pratique à notre place.

matière de finance islamique. Néanmoins, je recherche des éditeurs professionnels sur d'autres marchés du livre afin d'accroître la portée et l'impact du livre et des connaissances.

Au départ, il s'agissait d'une lettre d'information mensuelle. Aujourd'hui, je continue à sélectionner des informations provenant de diverses sources que je partage via IslamicFinance.de, mon profil LinkedIn et X (anciennement Twitter). Le besoin n'est plus aussi important qu'il y a 20 ans, car les éditeurs professionnels ont pris le relais et l'information est devenue largement disponible. Cette année , j'espère rafraîchir la présentation et fournir des idées et des réflexions sur la finance islamique, en particulier sur le lien entre la finance sociale et humanitaire et la finance islamique - un sujet qui suscite un certain intérêt au sein de la communauté genevoise des Nations unies et des ONG.

Je fais partie du conseil consultatif du Global Donors Forum (Forum mondial des donateurs). Le Global Donors Forum est un rassemblement biennal de philanthropes et d'investisseurs sociaux du monde entier. Nous avons organisé plusieurs forums au cours des années qui ont précédé la période de Covid-19 et nous sommes impatients d'organiser un nouveau forum en 2024/2025.

Trouver des éditeurs pour des livres d'intérêt particulier est une tâche difficile. Le livre se concentre principalement sur les problèmes auxquels les musulmans sont confrontés à l'étranger, où il n'existe pas d'offre complète en

IFMAG-FEVRIER 2024

101


Je ne suis qu'un des bénévoles qui participent à l'organisation du Forum. Le véritable travail est effectué par les participants, qui apprennent à se connaître et à agir sur le terrain. Le Forum vise donc à: • Promouvoir des dons efficaces et des partenariats stratégiques pour des investissements sociaux à fort impact. • Réunir des philanthropes et d'autres acteurs clés pour partager des idées, des expériences et des bonnes pratiques. • Favoriser la collaboration entre les donateurs et encourager une philanthropie plus efficace. • Mettre en évidence des solutions innovantes à des problèmes sociaux urgents et inspirer des dons plus stratégiques et plus efficaces.

Ces dernières années, on a observé une tendance croissante en faveur d'une philanthropie plus stratégique, axée sur la résolution de problèmes mondiaux par le biais de dons transfrontaliers, de dons jumelés et de collaborations entre organisations. Toutefois, malgré ces évolutions positives, il reste encore beaucoup à faire pour créer un secteur philanthropique véritablement efficace et impactant. De nombreuses organisations ont encore du mal à travailler de manière stratégique face aux urgences et aux crises en cours, et les restrictions sur les dons transfrontaliers peuvent rendre difficile l'allocation des ressources à ceux qui en ont besoin. Il est clair que la communauté philanthropique doit continuer à évoluer et à s'adapter pour relever les défis du 21e siècle et travailler ensemble à la création d'un système plus efficace et plus efficient pour induire un changement positif.

La gestion de patrimoine islamique a connu des progrès significatifs en matière d'innovation, en adaptant les méthodes financières modernes dans le cadre des principes islamiques. Cependant, cette innovation se concentre souvent sur l'adaptation des produits financiers conventionnels aux normes islamiques. L'une des raisons sous-jacentes de cette

102

IFMAG-FEVRIER 2024

tendance est le cadre réglementaire et fiscal, qui tend à favoriser le financement par l'emprunt au détriment du financement par actions. Ces cadres créent souvent un environnement plus favorable aux instruments basés sur la dette, car ils peuvent offrir des avantages fiscaux et se conformer plus facilement aux réglementations financières existantes. En outre, le manque d'éducation des consommateurs sur les fondements de la finance islamique, associé à une forte demande du marché pour des produits offrant des rendements de type conventionnel, a également influencé cette orientation de l'innovation. De nombreux consommateurs et investisseurs sont plus familiers avec les produits financiers traditionnels, ce qui les amène à préférer des versions islamiques similaires. Malgré ces difficultés, il existe un potentiel considérable pour une véritable innovation dans le domaine de la gestion de patrimoine islamique. À mesure que la sensibilisation et la compréhension de la finance islamique augmentent, combinées à d'éventuelles réformes des cadres réglementaires et fiscaux visant à favoriser le financement par actions, l'industrie peut développer des produits plus profondément ancrés dans les principes de la finance islamique. Cette évolution promet non seulement d'adhérer plus étroitement à l'éthique islamique, mais aussi de contribuer à un système financier plus responsable et plus équitable sur le plan social. En adoptant les valeurs fondamentales de la finance islamique et en s'attaquant aux biais réglementaires et fiscaux, l'industrie peut ouvrir la voie à des changements significatifs et transformateurs qui s'alignent sur les besoins éthiques et financiers de la société moderne.

En ce qui concerne les conseils à donner aux personnes qui souhaitent accéder à des postes d'administrateurs non exécutifs, je dois préciser que mon parcours jusqu'à ces postes a été assez atypique et peut ne pas correspondre au parcours classique auquel on pourrait s'attendre. J'ai été approché pour mes postes d'administrateur non exécutif sur la base de mon expertise et de mon expérience spécifiques. Ces opportunités n'étaient pas le résultat d'une stratégie de carrière délibérée mais étaient plutôt basées sur la reconnaissance de mes compétences et connaissances particulières dans le domaine.


Selon moi, le mandat d'administrateur non exécutif ne consiste pas tant à poursuivre un plan de carrière qu'à apporter une contribution significative aux organisations que l'on sert. Il s'agit de tirer parti de votre expertise unique pour guider et améliorer l'orientation stratégique de l'entreprise. En conséquence, pour ceux qui découvrent la fonction d'administrateur non exécutif, je recommanderais de se concentrer sur le développement d'une expertise approfondie dans le domaine que vous avez choisi. Faites-vous remarquer par vos compétences, vos connaissances et les perspectives uniques que vous pouvez apporter à un conseil d'administration. Par ailleurs, il est essentiel de construire un réseau professionnel solide. Votre réputation et les relations que vous cultivez au sein de votre secteur d'activité peuvent déboucher sur des opportunités où vos compétences spécifiques sont nécessaires au sein d'un conseil d'administration. Retenons que ces fonctions sont souvent liées à la gouvernance, à la supervision et à la contribution aux discussions stratégiques plutôt qu'aux opérations quotidiennes au sein de l'entreprise. Enfin, soyez ouvert aux opportunités qui vous permettront d'apporter vos compétences et vos connaissances à divers postes. Il peut s'agir d'un rôle de conseiller, d'un poste de bénévole ou d'un poste à temps partiel au sein du conseil

d'administration de différentes organisations, y compris des organisations à but non lucratif, qui peuvent vous apporter une expérience et une ouverture précieuses.

La culture financière représente un défi mondial majeur, qui nécessite une approche collaborative de la part des institutions et des individus pour être relevé de manière efficace. La contribution de chacun joue un rôle essentiel dans l'amélioration de la culture financière globale, en particulier lorsqu'elle s'inscrit dans le cadre d'un programme d'études complet conçu pour combler systématiquement les lacunes en matière de connaissances. Développement des programmes d'études : Les institutions jouent un rôle central dans la création et la mise en œuvre d'un programme structuré d'éducation financière. Ce programme devrait englober un éventail de sujets, des concepts financiers de base aux domaines spécialisés comme la finance islamique. Il garantit une expérience d'apprentissage

IFMAG-FEVRIER 2024

103


séquentielle et progressive, permettant aux apprenants d'acquérir de solides connaissances de base avant d'aborder des sujets plus complexes. Organiser des programmes éducatifs : Il est essentiel d'organiser des ateliers, des séminaires et des formations. Ces formations, alignées sur le programme d'études, servent de plateformes interactives pour transmettre des connaissances et clarifier des concepts. Publier des ressources éducatives : Les institutions peuvent également contribuer à travers la publication de livres, d'articles et de ressources en ligne. Ces documents, adaptés aux différents niveaux du programme d'études, fournissent des informations approfondies et facilitent l'auto-apprentissage.

Participation active et auto-didactique: Les individus doivent participer activement aux ateliers et aux séminaires, consulter le matériel pédagogique et utiliser les ressources en ligne. Cette approche proactive de l'apprentissage est essentielle à l'autonomisation financière personnelle. Engagement communautaire : Le partage des connaissances au sein de la communauté est tout aussi important. En diffusant ce qu'ils ont appris, les individus contribuent à améliorer la culture financière collective de leur communauté. Rôle du Chatbot de la finance islamique Le Chatbot de la finance islamique joue un rôle crucial dans cet écosystème éducatif. Il agit comme une plateforme interactive et accessible où les utilisateurs peuvent poser des questions relatives à la finance islamique. Toutefois, son rôle ne se limite pas à répondre aux questions. Compléter le Programme d'études : Le chatbot est adapté à l'ensemble du programme scolaire et fournit aux utilisateurs des informations qui soutiennent et améliorent leur parcours d'apprentissage. Il les guide vers les ressources appropriées en fonction de leur niveau de compréhension et de leurs intérêts spécifiques. Combler les lacunes en matière de connaissances: Le chatbot aide à identifier et à combler des lacunes spécifiques en matière de connaissances. En répondant à des questions simples ou complexes, il veille à ce que les utilisateurs ne se contentent pas de recevoir passivement des informations, mais qu'ils s'engagent activement dans la compréhension des concepts. Outil d'apprentissage accessible : En tant qu'outil numérique, le chatbot est accessible et pratique, ce 104

IFMAG-FEVRIER 2024

qui facilite la recherche d'informations et la clarification des doutes en temps réel.

Mon prochain projet consiste à créer un cours d'apprentissage en ligne basé sur le livre, mais cette fois-ci, il sera en anglais pour atteindre un public mondial. Le cours suit le même programme que le livre, et le chatbot sera inclus pour aider à répondre aux questions des apprenants. Je prévois d'ajuster le prix en fonction du pouvoir d'achat local dans les différentes régions, afin de garantir qu'il reste abordable (pour tous).

Dans mon rôle de conseiller, je me concentre sur la facilitation des dialogues et des connexions au sein des différents secteurs tels que la finance islamique, la philanthropie et la zakat plutôt que sur la gestion directe d'initiatives caritatives. Je m'efforce de rapprocher des perspectives et des expertises diverses afin de veiller à ce que les projets respectent des principes éthiques et inclusifs.


La croissance (de l'industrie de la finance islamique)

demeure, mais nous allons nous concentrer sur l'une de nos préoccupations essentielles pour un monde meilleur, à savoir la viabilité de la dette. Que peut-on apprendre des dispositions islamiques à cet égard ? Que devrions-nous changer et comment devrions-nous opérer la transition ? Il ne s'agit pas d'un problème spécifique aux musulmans, mais d'un défi mondial. Si nous nous attaquons à ce problème, nous pourrons passer d'une croissance quantitative à une croissance qualitative et

durable. C'est encore le chaînon manquant. Tout le reste concerne plus la Fintech, la mise à l'échelle des modèles existants et l'accès à de nouveaux marchés. Tout cela est (encore) important, mais n'est plus révolutionnaire.

En bref, des moments passionnants sont à venir : l'IA a le potentiel de créer une nouvelle valeur et plus de richesses que nous n'en avons jamais eu par le passé, et les régions qui s'y intéressent très tôt peuvent sauter les étapes de développement qui entravent leur croissance. Il y aura des moyens de ne pas profiter uniquement des prix des matières premières et d'utiliser une combinaison d'IA et de main-d'œuvre locale pour récolter un multiple de la valeur cachée de la chaîne d'approvisionnement. Cela s'étend à la finance islamique (segment banque pour les non-bancarisés) ainsi qu'à la philanthropie - enseigner à s'aider soi-même n'a jamais été aussi facile une fois l'internet déployé. Les compétences nécessaires à l'utilisation et au maniement de l'IA sont essentielles pour en tirer meilleur parti. Alors que de nombreuses professions, y compris celles du col blanc, seront remplacées, la supervision des ressources humaines sera nécessaire pour des tâches plus complexes pour des fins de plausibilité et d'exécution. Pour ce faire, un bon savoir-faire général reste la base. L'infrastructure Internet et l'éducation seront plus rentables que la simple exploitation minière pour n'importe quel pays. Islamic Finance Chatbot est accessible via https://islamicwealthmanagement.c om/chatbot/

IFMAG-FEVRIER 2024

105


106

IFMAG-FEVRIER 2024


Tope Salahudeen est le cofondateur et le directeur des opérations de Helpa, une startup révolutionnaire dans le domaine des technologies de la santé basée au Nigéria. À la pointe de l'innovation, Helpa révolutionne l'accès aux soins de santé en Afrique en construisant une infrastructure solide pour les collecteurs de fonds à des fins médicales. Grâce à une technologie de pointe, Helpa collecte des fonds cruciaux pour aider les patients à couvrir les coûts de leur traitement médical, comblant ainsi les lacunes critiques du système de santé. Par ailleurs, il est un professionnel chevronné de l'ingénierie des coûts, qui met son expertise au service de la plus grande entreprise africaine de l'industrie pétrolière. Connu pour son dévouement à l'excellence et à la réflexion stratégique, Tope navigue avec aisance dans le paysage complexe du secteur pétrolier nigérian. Le parcours de Tope est celui d'un brillant multidimensionnel - un diplômé de University of Ilorin (Nigéria) et de l'Imperial College de Londres (Royaume Uni), une institution de premier plan à l'échelle mondiale. Ses études en ingénierie environnementale et en gestion commerciale témoignent d'un engagement en faveur d'une compréhension holistique de l'intersection entre la technologie, les affaires et les soins de santé. Outre ses prouesses en matière d'entrepreneuriat et d'ingénierie, Tope Salahudeen est un inventeur et un expert en science des données, qui explore l'intersection avant-gardiste de la technologie financière, de la science des données et du machine learning. Sa curiosité insatiable et son esprit d'innovation le poussent à repousser les limites et à contribuer à l'évolution de ces domaines. Son parcours universitaire de Tope a été honoré par des bourses prestigieuses, notamment les bourses de PTDF, de University of Ilorin et Addax Petroleum National Merit, soulignant son excellence académique et son engagement en faveur de l'apprentissage continu.

IFMAG-FEVRIER 2024

107


Helpa est la première plateforme africaine de collecte de fonds, dont l'objectif est de fournir un financement alternatif des soins de santé par le biais du crowdfunding aux Africains, indépendamment de leur foi, de leur sexe, de leur appartenance ethnique ou même de leur nationalité. Bien que nous n'opérions actuellement qu'au Nigéria, nous espérons étendre notre champ d'action à l'ensemble des pays africains. L'objectif principal de Helpa est de résoudre le problème critique de l'accès insuffisant aux soins de santé parmi les Africains, en particulier en raison de l'insuffisance des moyens financiers pour couvrir les dépenses médicales. La plateforme permet aux Africains qui ont besoin de soins médicaux de recevoir des dons de manière transparente et efficace de la part de donateurs à travers le monde entier. Nous aidons également les ONG avec leurs campagnes de collecte de

fonds et la publicité nécessaire pour faire avancer leurs causes. Helpa opère sur la base des principes de transparence et de facilité d'utilisation, dans le but de révolutionner la collecte de fonds pour les œuvres de bienfaisance. La plateforme est animée par la mission d'utiliser le pouvoir d'Ubuntu (communauté et compassion) et la technologie pour résoudre les défis associés au financement médical. La vision est de devenir la première plateforme de crowdfunding en Afrique, engagée dans la transparence,

l'accessibilité et la réduction de la mortalité liée aux soins de santé. Objectifs clés : - Croissance impactante : Faciliter le financement de cas médicaux, en augmentant le nombre d'utilisateurs chaque année. - Partenariats stratégiques : Collaborer avec des institutions de santé et des ONG pour maximiser l'impact de la plateforme. - Plateforme transparente et

fiable : Assurer la transparence des efforts de collecte de fonds, en instaurant la confiance parmi les utilisateurs et les donateurs

Helpa est née en réponse aux défis rencontrés lors de la pandémie de Covid-19. Ma cofondatrice et moi avons observé une augmentation significative du nombre de personnes ayant recours à la collecte de fonds en ligne, 108

IFMAG-FEVRIER 2024


collecte de fonds en ligne. Mais ces collectes se soldaient par des transferts fonds sur des comptes bancaires personnels. Dans ce contexte, un incident tragique s‘était produit : une personne est décédée alors que la famille avait détournée une somme importante ayant été collectée pour les soins de cette dernière. Pour aggraver ce scénario désolant, nous avons également assisté à une recrudescence des arnaqueurs qui exploitaient le public en créant de fausses campagnes de collecte publique de fonds pour des patients fictifs. Cette tendance alarmante a mis en évidence le besoin urgent de transparence, de confiance et de sécurité dans la collecte de fonds médicaux. Animés par la volonté de remédier à ces problèmes, nous avons fondé Helpa, une plateforme visant à améliorer les collectes de fonds à des fins caritatives, à garantir la redevabilité et à contrecarrer les activités frauduleuses.

Bien que l'objectif principal de Helpa soit de rendre la collecte de fonds facile et transparente, cela nous fait chaud au cœur de constater combien ces collectes rendent heureux nos

IFMAG-FEVRIER 2024

109


utilisateurs. Aider les gens à payer des traitements contre le cancer ou le diabète, des prothèses, des greffes de foie ou de rein, etc. reste pour nous une source de motivation et nous fortifie dans la poursuite de notre travail. Depuis la création de Helpa, nous avons appris un certain nombre de faits intéressants, que je vais brièvement évoquer ici : a) Les gens n'ont recours à la collecte de fonds qu'après avoir essayé toutes les autres solutions, ce qui peut parfois être trop tard, en particulier dans le cas des maladies chroniques. b) Les gens sont ravis d'aider ; il suffit de faire la demande. c) Les soins de santé en Afrique ont besoin d'être considérablement restructurés d) La collecte de fonds est une question de visibilité et de portée ; plus les gens partagent et plus ils le font fréquemment, plus les chances d'atteindre l'objectif sont élevées.

110

IFMAG-FEVRIER 2024

nous constatons sur le terrain font que cela en vaut vraiment la peine. L'un des plus grands défis auxquels nous sommes confrontés est la faiblesse de l'infrastructure numérique en Afrique, qui rend fastidieuse la vérification des cas. Nous devons souvent nous rendre physiquement sur place pour vérifier certains des cas, plutôt que d'interroger une base de données ou de contacter leur hôpital. Un autre défi est le climat de faible confiance. C'est peut-être un défi partout, mais c'est encore plus vrai en Afrique, où de nombreuses personnes malintentionnées sont là pour profiter de la compassion publique. Et, bien sûr, nous sommes également confrontés à des problèmes d'accès au capital. L'hébergement et le maintien de la plateforme en ligne nous coûtent de l'argent. Nous devons aussi payer une partie de notre équipe, puis faire du marketing, dépenser de l'argent pour la vérification des cas, etc. Nous utilisons souvent nos propres fonds pour financer certaines opérations, et celles-ci peuvent s'avérer assez coûteuses. Mais globalement, l'impact et la croissance que

L'année dernière, en 2023, nos collecteurs de fonds ont récolté un total d'environ 32 millions de nairas ; c'est un exploit impressionnant compte tenu du fait que nous tentons de changer la culture de l'utilisation des comptes bancaires personnels et de nombreux problèmes inhérents à l'espace de collecte de fonds. Cependant, notre objectif est de soutenir nos campagnes afin de collecter plus de 100 millions de nairas cette année. C'est un objectif ambitieux, mais notre équipe y adhère et nous pensons pouvoir l'atteindre. L'utilisation de plateformes de collecte de fonds en ligne gagne en popularité ; de nombreuses personnes commencent à comprendre l'importance de la transparence et de la redevabilité des collecteurs de fonds publics, ce qui a été très bénéfique pour Helpa L'un de nos principes fondamentaux est de nous concentrer sur le long terme et de ne pas nous laisser abattre par des revers rencontrés à court terme. Nous nous sommes engagés à construire Helpa sur le long terme. Raison pour laquelle nous pouvons prendre des décisions stratégiques que des personnes focalisées sur le court terme ne pourraient pas prendre.


Osez demander de l'aide. Je sais que beaucoup de gens redoutent la stigmatisation associée au fait de demander de l'aide en ligne. Cependant, s'il y a une chose que j'ai apprise depuis la création d'Helpa, c'est que les gens sont ravis d'aider et ne portent pas de jugement (sur les nécessiteux). Si vous avez réellement besoin d'aide, ils seront ravis de vous aider ; il suffit de demander d'abord. Nous recevons souvent des dons de valeur élevée, comme 2 millions de nairas, 700 000 nairas ou 500 dollars US, etc.,

et cela me fait plaisir. Cependant, je constate parfois des dons de 100 Naira, 130 Naira, 80 Naira, etc., et cela me fait chaud au cœur, car cela montre à quel point les gens sont prêts à vous aider si vous en faite la demande simplement.

IFMAG-FEVRIER 2024

111



DEVELOPPER UN ECOSYSTÈME DE LA FINANCE ISLAMIQUE EN AFRIQUE

▪ Masterclass ▪ CEO Power Sessions ▪ Hard Talk ▪ Fireside Chat

▪ Panels ▪ Discovery sessions ▪ Market Intelligence ▪ B2B ▪ Pitch sessions

Partnerships & Sponsoring

www.eventsdexterity.com


3

Audit Shari’ah d´un portefeuille d’actifs islamiques d'une valeur de 3 milliards de dollars

5

Des clients sur 5 continents

20

+ de 20 autorités (banques centrales, ministères) nous ont déjà fait confiance

40

Des projets et des missions dans plus de 40 pays

150

Près de 150 produits financiers islamiques dans diverses juridictions

+ 3000

Plusieurs milliers de professionnels ont déjà suivi nos formations


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.