Wikiagri #16 - Culturales, parce que l'agriculture se pratique en plein air

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Edito Culturales 2015, avec WikiAgri !

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e salon de plein air des Culturales est organisé dans l’Aisne les 24 et 25 juin. WikiAgri consacre l’ensemble de ce numéro à ce salon, d’autant que nous y participons, puisque vous trouverez le stand WikiAgri en D32.

Dans ce numéro, vous pourrez ainsi lire notre réflexion sur les causes de l’engouement croissant pour les salons de plein air. Mais aussi nos rubriques dédiées aux innovations, au machinisme (moissonner de nuit, ça implique quoi au niveau du matériel ?), à l’agronomie (très importante aux Culturales), sans oublier les recherches stratégiques fournies par les rédacteurs de notre partenaire rédactionnel CerFrance. Les Culturales sont un salon dédié à l’innovation dans les cultures comme dans les matériels qui les accompagnent. Une volonté de créer que nous revendiquons aussi, nous qui vous apportons un produit différent des autres sur le marché des médias agricoles. Préparez vos Culturales avec ce numéro, et venez nous voir sur notre stand, vous serez bien accueillis. La rédaction

Jean-Marie Leclère

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Sommaire WikiAgri n°16 / juin 2015

Directeur de publication Yannick Pages Rédacteur en chef Antoine Jeandey

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Edito P.3

Rédaction Eddy Fougier Raphaël Lecocq Opaline Lysiak redaction@wikiagri.fr

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Cambon lui semble

A participé à ce numéro CERFRANCE

P.7 à 13 - Parce que l’agriculture se pratique en plein air

Dessinateur Michel Cambon

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Photographe Jean-Marie Leclère

P.6 - Le dessin de Michel Cambon u

Les Culturales Innovations

P.14 à 17 - Présentation de quelques innovations… u

Marché du blé

Publicité Tél. 06 89 90 72 75 | pub@wikiagri.fr

P.18 - L’incroyable rumeur propagée à la vitesse du Rafale

Responsable commerciale Anne Messines Tél. 06 08 84 48 02 Mail : anne.messines@wikiagri.fr

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Consultant Média Bernard Le Blond - Vision bleue Tél. 06 83 92 08 61 Conception graphique et maquette Notre Studio www.notrestudio.fr Conseil éditorial Sylvie Grasser - Hiceo Tél. 06 32 75 11 94 www.hiceo.fr ISSN ISSN 2258-0964 Dépôt légal A parution Service abonnements 4, impasse du Faubourg 38690 Le Grand Lemps Tél : 04 76 31 06 19 E-mail : contact@wikiagri.fr Abonnement annuel 34,90€ TTC (4 numéros) Prix au numéro : 10€

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Le programme des Culturales

P.24 - Shows, conférences ou ateliers, demandez le programme u

Moteur

P.26 - Moissons nocturnes, à Led ! u

Brèves des champs

P.28 à 33 - Agronomie : itinéraires techniques, colza, production énergétique, betteraves, mycotoxines… u

Paroles d’entrepreneur

P.34 à 37 - Paolin Pascot, cofondateur de agriconomie.com u

Stratégie et Benchmark

P.38 - Match Europe-Etats-Unis, quel gagnant en 2020 ? (par CerFrance) P.40 - Nouvelle Pac, nouvelle gestion (par CerFrance) u

Impression SAS Imprimerie Leonce Deprez Zone industrielle de Ruitz 62620 Ruitz

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Plan

P.22 - Le plan complet des Culturales

Site internet www.wikiagri.fr

Tirage 48 000 exemplaires (dont 45 500 expédiés) Le magazine WIKIAGRI ® est edité par la société : DATA PRO SOLUTIONS 20, rue Joliot Curie 38500 VOIRON CEDEX

Colza

P.20 - De la friture sur la ligne

Portfolio

P.42 - Retour en images sur l’édition 2013 des Culturales

Réflexion

P.44 - Les efforts de communication de la coopération agricole

Ce numéro comporte deux encarts selectifs : une invitation aux Culturales 2015 et un encart Barenbrug.

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Le dessin

Cambon lui semble

A.J.

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culturales 2015

Toutes les photos illustrant cet article sur les culturales ont été prises lors de l’édition précédente, en 2013.

A.J.

Parce que l’agriculture se pratique en plein air Les salons de plein air font florès. C’est finalement logique, puisque l’agriculture se pratique en plein air, et pour montrer le résultat de nouvelles semences ou du nouveau matériel en action, il faut de l’espace. Le phénomène se développe, et c’est tant mieux, y compris avec des effets induits, par exemple sur l’installation. . Les salons de plein air ont le vent en poupe Les Culturales existent depuis 1985 et ont lieu tous les deux ans. Innov Agri depuis 1989. Ce type de salon de plein air n’est donc pas nouveau. Mais s’il a plu d’emblée aux initiés, il rencontre un réel succès populaire (à l’intérieur de la profession agricole) depuis quelques éditions seulement.

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La formule s’est sans doute améliorée au fil des années, mais c’est surtout le contexte qui est évolutif. S’il a existé des années dorées où l’on pouvait acheter une moissonneuse seulement après s’être assis dans le siège du conducteur, ou choisir une semence d’après des performances théoriques figurant sur une fiche technique, l’agriculteur est devenu d’autant plus exigeant que la Pac l’oblige à réfléchir

son exploitation ici avec moins d’aides, là en raisonnant par rapport à l’environnement… Et souvent les deux. Et aujourd’hui particulièrement, il est clair que ces aspects deviennent franchement prégnants. De fait, si des salons « fermés » comme le Sima assurent toujours un minimum de carnets de

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culturales 2015 commandes, ceux de plein air, où l’on voit le matériel en action, où les semences que l’on voudrait tester sont devenues un champ qui s’offre à notre vue, ont le vent en poupe. Les variétés végétales, les différents produits que l’on peut leur appliquer, montrent directement sous les yeux des visiteurs leurs résultats. Quant au matériel, il n’est pas seulement clinquant et spectaculaire comme au Sima, il roule et montre ce qu’il sait faire… Aujourd’hui, plusieurs concepts voisins existent, tantôt tendance « plantes », tantôt tendance « matériels », et mariant finalement souvent les deux. Les Culturales donc, mais aussi Innov Agri, ou encore les shows organisés par des Cuma ou encore par des marques, et je ne vais pas rechercher une liste in extenso car je suis sûr d’en oublier. Le tout, en plein air, avec démonstrations, guides, quelques hôtesses mignonnes parfois comme au Sima, mais surtout du personnel connaissant à fond le sujet et capable de répondre à toutes les questions. Et puisque je vous cite le Sima, avez-vous remarqué, cette année, que la plupart des stands tentaient de pallier l’absence d’essais de terrain par d’immenses écrans montrant des vidéos des engins en action ? La terre, on y revient toujours, il n’y a que ça de vrai. Pour les céréaliers, de tels salons sont particulièrement prisés, ils représentent des aubaines, et finalement ils ne craignent qu’une chose, comme pour leurs propres cultures, une météo disgracieuse…

. Un public de connaisseurs… ou qui aime le devenir

Les sources d’informations pour s’équiper, choisir ses semences, bref avoir les bons outils pour travailler sont multiples. Les médias sont de plus en plus nombreux, ceux qui informent, ceux qui permettent d’échanger, ceux que l’on lit, qu’on visionne, qui sont spécialisés dans une culture, dans un secteur géographique… Sans parler de la toute simple recherche

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par mots-clés sur un moteur de recherche internet. Et c’est un fait, en arrivant sur le salon, l’agriculteur est déjà informé, il a déjà son idée. Ce qu’il veut, c’est la vérifier par la pratique, d’où l’intérêt du salon de plein air. Il faut connaître aussi l’origine de ces salons. Prenons le cas des Culturales, c’est Arvalis Institut du végétal qui en est l’instigateur. L’agronomie, les techniques culturales (d’où le nom du salon), soit le cœur de métier d’Arvalis, sont de fait mis en avant. Mais celles-ci s’accompagnent de fait de matériels dédiés à chacune des techniques : les champs issus des derniers hybrides dénichés par les meilleurs sélectionneurs voient ainsi les dernières innovations, en matériels cette fois, les accompagner. Ces salons de plein air sont donc avant tout proposés aux professionnels avertis. Mais quelque part, on peut se poser la question : quand on voit l’image pour le moins déformée de l’agriculture donnée au grand public à travers le Sia, ne serait-il pas opportun d’inviter ce grand public à se rendre plutôt aux Culturales ou autres salons de plein air pour mieux évaluer ce qu’est l’agriculture aujourd’hui ? Ce grand public n’est pas la cible, pour le moment. Mais peut-être y a-t-il quelque chose à creuser à l’avenir…

. Côté plantes

Les Culturales sont davantage tournées vers les plantes, en comparaison à d’autres salons qui jouent davantage sur le spectacle des machines. On pense donc couverts permanents, nouvelles technologies, strip till, biocontrôle, biodiversité, progrès génétique des plantes… Tout cela s’explique, et se met en scène. Ce n’est pas pour rien si les Culturales ont lieu tous les deux ans, il faut le temps de préparation, des choix, celui de pousse des plantes des parcelles exposées… Le profane trouve peut-être ce salon compliqué à appréhender, car finalement assez technique, mais l’agriculteur passionné, aimant l’agronomie, lui, est aux anges.

. Côté matériel

Il y en a aussi aux Culturales, même si d’autres manifestations en attirent davantage. Ici, pas de show pour le public tels les moiss’ bat’ cross qui animent les finales de labour, pas de superflu folklorique, on est dans le sérieux. Le professionnel y trouve son compte, aussi parce tout est fait pour lui. Concrètement, un exemple parmi d’autres : comment ne pas s’intéresser à un nouveau semoir si l’on est prêt de choisir une nouvelle culture ?


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culturales 2015 . Une manière d’attirer les jeunes, ou le grand spectacle de l’agriculture

Le plein air, le terrain, ça intéresse. Il n’y a pas à proprement parler de stand « installation » aux Culturales. Mais il est un fait : les jeunes sont attirés par la formule, dans une forte proportion. Ils sont curieux, suivent un enseignement déjà fortement axé sur les travaux pratiques, et ont là l’opportunité de voir d’autres aspects du métier, eux qui sont friands de tout ce qui touche aux mécaniques, à l’agronomie, et bien sûr aux innovations. Les Culturales ne sont pas faites pour cela, mais elles participent à l’éveil des vocations. Repartir avec la casquette d’une grande marque vissée sur la tête, c’est une manière d’assumer, de dire « j’y étais ». Il suffit du reste de compulser quelques pages de réseaux sociaux pour comprendre cet intérêt des jeunes pour ce type d’événements : les photos pleuvent plus vite sur leurs comptes que sur les pages officielles de la manifestation ou des marques présentes !

A.J.

. L’innovation de demain sera avant tout technologique C’est ce que dit en substance Jacques Mathieu, directeur général d’Arvalis Institut du végétal, sur le site internet des Culturales. Extrait : « Chez Arvalis, nous pensons que l’innovation de demain sera avant tout technologique : nouveaux capteurs, nouveaux

matériels d’implantation des cultures, nouvelles solutions phytopharmaceutiques dans une logique de biocontrôle, nouvelles variétés grâce à la génomique… Tous les compartiments du jeu devraient bénéficier d’avancées technologiques. » C’est effectivement cela, l’agriculture d’aujourd’hui et de demain, des progrès dans tous les domaines pour d’obligatoires meilleurs rendements (la population augmentant encore plus vite que la surface globale des terres agricoles diminue), dans les conditions prescrites par notre société. Un challenge énorme, phénoménal même, que seules des performances dans tous les domaines pourront relever.

. La revanche des grandes cultures

Les foires, les comices agricoles, les concours… sont davantage réservés à l’élevage qu’aux grandes cultures. S’il est clair que les animaux font et feront toujours recette auprès du grand public, il apparaît désormais, à une époque où ces comices sont (malheureusement au regard de nos traditions rurales) en perte de vitesse, que ces grands salons de plein air réservés aux grandes cultures apportent énormément à la profession. Je parle de « revanche » dans le titre, ce n’est pas, une nouvelle fois, pour opposer grandes cultures et élevage. Il s’agit d’un constat A.J.

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culturales 2015 quant à l’occupation du terrain, au succès des opérations de plein air. Là où le concours bovins (et bien sûr il faut le regretter) est devenu presque ringard aux yeux d’une société intransigeante, la manifestation de grande ampleur et très professionnelle réservée aux grandes cultures fait figure de modernité.

. Pourquoi WikiAgri choisit d’avoir un stand aux Culturales et pas ailleurs ?

Présent pour la première fois en 2013, WikiAgri aura à nouveau un stand pour les Culturales 2015. Ce choix tient à plusieurs facteurs. Outre l’aspect financier pour notre petite entreprise (dur d’être au Sia ou au Sima…), le fait d’être directement sur le terrain au plus près des professionnels de l’agriculture (agriculteurs et fournisseurs) correspond parfaitement à la cible de notre bi-média magazine et internet. Le souci d’aller vers l’innovation de cette manifestation également. Nous nous efforçons de donner des pistes de réflexion pour les exploitations de demain : avec les Culturales, au milieu des cultures les plus modernes et des matériels toujours en cours d’adaptation aux nouvelles techniques, nous

A.J.

poursuivons cette ligne. L’accueil convivial fait partie du jeu, si vous passez aux Culturales, pensez à vous arrêter au stand B32…

. En conclusion, et si c’était cela, un vrai salon agricole ? Montrer sur le terrain ce qu’est la recherche de la performance en agriculture, dans tous les domaines : agronomie, environnement, rendements, économie, technicité… Montrer combien les agriculteurs se retrouvent dans ce schéma et courent après les innovations… Et s’il ne s’agissait pas là de la définition d’un vrai salon agricole ? Prenons la

comparaison avec le Sia, avec sa cible si différente, celle du grand public : à force de vouloir montrer ce que les visiteurs veulent voir, on finit par masquer une part de vérité sur le métier agricole. Le visiteur lambda du Sia se rend-il compte à quel point l’agriculteur d’aujourd’hui est différent de celui d’il y a 20 ans ? Alors qu’avec les Culturales, on est dans le bain, directement. Cette recherche de la performance citée plus haut est visible dans chaque stand, sur chaque parcelle. Ah si, tout de même, ce ne serait pas si mal s’il y en avait un peu, de grand public, à cette manifestation, pour qu’il se rende compte… Antoine Jeandey

A.J.

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culturales 2015

Innovation L et futurisme :

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Que pensent les Français de l’innovation en agriculture ?

En marge du salon Les Terrenales qui a eu lieu il y a un mois, la coopérative Terrena a mandaté l’institut Ipsos pour mener une enquête sur l’innovation en agriculture, enquête réalisée en avril 2015 auprès de 400 agriculteurs et 961 Français. Voici le résultat :

La conservation des pommes de terre version 2.0 Une entreprise propose bien plus que le groupe frigorifique qui doit conserver les pommes de terre… En effet, les groupes en question, qui font leur job en maintenant la température voulue, sont en plus connectés. Comprenez, les deux gérants de la société savent à tout moment si les appareils qu’ils ont livrés tombent en panne, et ils peuvent les réparer à distance ! Grâce à une liaison internet, ils peuvent intervenir, ajouter ou non du froid, et même établir un diagnostic en cas de panne, de manière à ce que la réparation puisse s’opérer avec leurs conseils, sans déplacement, soit en un minimum de temps ! L’entreprise s’appelle Klim Top, établie dans le Nord.

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Des insectes transgéniques pour un biocontrôle très contrôlé

Copie d’écran de l’une des vidéos en ligne sur le site d’Oxitec.

L’entreprise s’appelle Oxitec, elle est établie dans le Royaume-Uni. Ses recherches vont dans le sens d’un biocontrole très particulier… Il s’agit de créer des insectes transgéniques pour qu’ils attaquent les insectes nuisibles. Le point de départ de la société fut d’essayer ainsi de vaincre la dengue, cette maladie tropicale transmise par des moustiques. Mais au-delà, des applications agricoles sont également proposées. Le principe est de lâcher des mâles OGM pour qu’ils attaquent les femelles de l’espèce nuisible. D’après le site internet d’Oxitec, une grande partie de la population des ravageurs meurt, quand l’ensemble n’est pas éradiqué. Sur le site internet (www.oxitec.com), vous trouverez plusieurs vidéos didactiques expliquant la manipulation des insectes.

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DR

Sur le papier, cela peut paraître génial. Pour autant, il semble qu’il y ait certaines défaillances dans le système. Les anti OGM sont vent debout devant cette dernière « trouvaille », et argumentent en disant qu’on ne connaît pas l’influence du nouvel insecte en cas de production massive. Pour autant, au Brésil, la production d’insectes d’Oxitec a commencé tout récemment, après le feu vert des instances nationales compétentes. Le futur a déjà commencé…

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culturales 2015 > INNOVATION ET FUTURISME

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Les capteurs d’humidité inventent l’irrigation de précision Irriguer au plus juste, toujours de manière plus précise. Depuis le goutte-à-goutte de papa, l’homme a bien avancé dans ce domaine. Il existe des capteurs pour tout : l’hygrométrie de l’air, la température du sol, la température humide, la pluviométrie, l’humidité du feuillage… Et d’autres qui portent encore plus savants, comme le pyranomètre (un capteur de flux thermique)…

Aux Culturales, on ira encore plus loin pourtant, avec d’autres capteurs utilisés… sur des drones. Démonstration attendue !

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Le DumArGest, un logiciel perso qui enregistre les pratiques

Une fois n’est pas coutume, une petite innovation pour les viticulteurs, ou plutôt pour celles et ceux qui apprécient leurs produits finis. Désormais, il est possible de carafer son vin à la perfection, grâce à la i-carafe de isommelier. Ce processus de connaisseur qui consiste à aérer son vin entre l’ouverture de la bouteille et la dégustation est désormais sous contrôle, pour une aération « homogène et complète du vin » et des « tannins plus soyeux ». Le site w w w. i fa v i n e . c o m vous en dit plus, dans un domaine (les vins) où les innovations sont DR rares…

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L’entreprise Comsag (www.comsag.fr) est devenue reine dans ce domaine, et propose donc de mettre des capteurs partout (protégés à l’intérieur d’une sonde), de les relier (vive les nouvelles technos) à un ordinateur central, lequel calcule les données reçues pour ressortir instantanément l’exact quantité d’eau qu’il faut en irrigation. Plus précis, impossible !

Rémi Dumery, RemDumDum pour les intimes et autres followers de Twitter, n’est qu’un céréalier beauceron. A ses heures perdues, il améliore son logiciel perso, qu’il utilise lui-même. Il l’a appelé le DumArGest, est téléchargeable gratuitement sur son site. Il consiste à enregistrer ses pratiques, ses interventions sur les champs, les doses précises apportées, bref à avoir toujours avec soi un historique précis. On ne vous en dis pas plus, allez sur www.dumgest.fr, téléchargez, testez…

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Filière aval : les trophées de Europain

Le salon des boulangers, Europain, décerne lui aussi des trophées de l’innovation. La dernière édition, en 2014 (la prochaine aura lieu du 5 au DR 9 février 2016 à Villepinte) a, entre autres, mis en lumière la dernière trouvaille de VMI (Vendée mécanique industrie), qui a conçu un pétrin à spirale prototype pour « évaluer les effets de la modulation de la pression sur la conduite du pétrissage ». Ces effets influent sur l’aération de la pâte et sur le volume du pain.. Comme quoi, il est possible d’innover bien après le travail de l’agriculteur, pour transformer au mieux son produit.

: DR

L’innovation en vins, le carafage calculé par ordinateur

La cosse de riz comme matériau de construction

Une entreprise française, Bonnefont à Chorges dans les Hautes-Alpes, a livré en début d’année sa première maison construite avec le renfort de cosse de riz parmi les matériaux (avec par ailleurs une ossature en bois). Selon le quotidien local Le Dauphiné, « la cosse du grain de riz permet d’avoir une résistance thermique et une étanchéité à l’air de très bonne qualité ». La petite entreprise familiale de construction s’apprêtait, fin avril au moment de la parution de l’article, à breveter son ingénieux système. Ou comment le progrès technique dans le domaine de la construction s’appuie sur une céréale !


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culturales 2015

L’incroyable rumeur propagée à la vitesse du Rafale En matière de commercialisation du blé, nombreux sont les cultivateurs qui stockent, et donc qui guettent les fluctuations du marché. Ils épient le moindre signal… Un foyer idéal pour la propagation d’une invraisemblable rumeur.

moindre preuve, ne peut étayer cette thèse. Mais la rumeur a fait son chemin. Je l’ai personnellement entendue de la bouche de plusieurs céréaliers, géographiquement éloignés les uns des autres, eux aussi sans lien entre eux…

Une influence indémontrable du Rafale sur les marchés du blé

A.J.

L

e propre d’une rumeur, c’est de paraître crédible. Une « bonne » rumeur s’appuie sur des éléments de vérité, et leur associe d’autres « vérités » qui sont invérifiables. Mais comme le reste est vrai, on est sujet à y croire. C’est ce phénomène qui a animé récemment le monde céréalier. Précisément ce 4 mai 2015, la France a officialisé la vente d’avions de combat Rafale au Qatar. Et

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pile le lendemain, sans raison apparente, le cours du blé s’est mis à descendre. Il n’en fallait pas plus pour qu’une rumeur relie l’un à l’autre ces deux événements pourtant, évidemment, sans le moindre rapport. « Quand la France a vendu ses rafales, il y a eu des tractations. Il fallait conserver le prix pour notre industrie aéronautique, c’est donc l’agriculture qui a servi de variable d’ajustement, au moment où le Qatar, ou ses alliés, s’approvisionnaient. » Rien, pas la

Même en considérant que « c’est gros quand même », le doute subsiste. Il n’est bien sûr pas question, ici dans cet article, de donner corps à une telle rumeur, qui touche à l’absurde, mais en revanche elle est symptomatique d’un état d’esprit, qu’il convient d’analyser. Je ne m’appesantis pas sur les faits, vous connaissez tous les curseurs de variations des prix céréaliers, entre les aléas climatiques à l’échelle mondiale (le « weather market »), la très bonne ou très mauvaise année d’un pays à l’autre bout du globe qui va déstabiliser le marché mondial, le fait d’avoir un pays concurrent sur l’export (en l’occurrence l’Ukraine) qui soit en guerre et dont on ne soit sûr de la production dédiée à l’export que tardivement… Et bien sûr la spéculation issue de fonds d’investissement spécialisés en la matière. Avec tout cela mis bout à bout, c’est très difficile de prévoir, il est tout de même facile de se tromper, sans avoir besoin d’un complot intergouvernemental A.J. A.J. pour cela.


tel ou tel leader syndical, qui soidisant prêcherait uniquement pour sa paroisse au lieu de se soucier de l’ensemble de la profession. Ce n’est évidemment pas la définition d’un leader syndical, dont on peut contester les opinions ou les choix, mais qui ne peut pas être devenu l’un des représentants principaux de la profession sans avoir la conscience de ses différentes composantes.

A.J.

Pour autant, le fait que la rumeur se soit propagée montre plusieurs aspects.

Une incompréhension croissante entre agriculteurs et politiques Primo, le manque de confiance de nombreux agriculteurs envers nos dirigeants. En l’occurrence les actuels, mais je pense que l’on peut élargir en une défiance envers toute la classe politique. Evidemment, ce n’est pas bon. Car cela signifie que, dans l’esprit des agriculteurs (d’une partie non négligeable d’entre eux en tout cas), nos gouvernants sont effectivement capables d’aller brader un pan essentiel de notre économie, avec tout ce que cela comporte derrière en drames sociaux et donc humains éventuels. Ce manque de confiance vient d’une incompréhension croissante entre les deux mondes, agricole et politique. Clairement, on ne se comprend plus. Au-delà de rares exceptions, les femmes et hommes politiques ne sont pas du tout au fait des évolutions marquantes de la profession agricole, ou plutôt des professions agricoles, les métiers du végétal et de l’animal montrant des problématiques très différentes. Mais à qui la faute ? Aux politiques, oui, bien sûr. Mais pas seulement. Le monde agricole lui-même se prête au jeu, par exemple lorsqu’il favorise une forme de spectacle choisi au Sia, où le défilé des chefs

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de partis a confisqué le tapis rouge jadis déroulé pour quelques bœufs bien bâtis. Tandis que la partie végétale, malgré tous les efforts de son odyssée, est finalement bien loin de correspondre aux réalités du terrain.

Trop de rumeurs qui circulent Secundo, ce genre de rumeurs, finalement, il en circule beaucoup dans le monde agricole. Une fois sur des politiques donc, une autre fois même, en « interne », sur

A l’arrivée, où va-t-on ? On instille le doute, on décrédibilise, au lieu d’avancer arguments contre arguments dans le denier cas syndical cité, ou d’inviter le plus souvent possible déjà ses élus locaux pour commencer à visiter l’entreprise agricole, pour combler ce fossé politiques - agriculteurs. Mais à l’arrivée, à qui cela profitet-il ? Finalement pas à la profession (croire ou colporter des rumeurs, ça ne participe pas vraiment à une bonne image), alors qu’il tant de sujets de débats, tant de visions de l’agriculture de demain à défendre. Les modes de communication actuels favorisent certes la propagation de nouvelles non vérifiées. Mais aussi le dialogue, les explications, les échanges… Et pour conclure je réponds à cette rumeur qui nous concerne. Non, nous n’allons pas racheter tel ou tel concurrent… A.J.

A.J.

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culturales 2015

Colza, de la friture sur la ligne La toute puissante filière biodiesel doit faire face aux échéances des règlements bruxellois, avec un important changement à l’horizon 2020. Heureusement pour le colza, parallèlement, son huile culinaire montre de réels progrès.

Au niveau agricole, ce sont 100 000 agriculteurs qui sont concernés, fournissant graines de colza ou de tournesol pour la filière (évidemment, ils ne font pas que du colza ou du tournesol, mais ces cultures restent très importantes pour eux).

Réduction drastique des intrants azotés

A.J.

Les ailes déployées, mais l’envol est remis en cause. Le biodiesel doit réduire son empreinte énergétique drastiquement, mais le marché culinaire tend les bras au colza.

P

asser du biodiesel à l’huile de friture comme débouché principal, tel est peutêtre le changement radical qu’est en train de connaître la filière colza. En 2020 en effet, le biodiesel devra avoir réduit son empreinte énergétique de moitié, cela à la demande des instances européennes. Or ce challenge semble aujourd’hui particulièrement difficile à relever. Le groupe Avril (ex Sofiprotéol,

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le grand manitou du colza en France) est sur le pont, et a déjà demandé aux semenciers de faire leur possible dans la recherche pour aider à ce résultat improbable. Les enjeux sont monumentaux. La filière biodiesel a, selon le site internet de Proléa, « créé ou maintenu 30 000 emplois directs, indirects et induits », soit 12 000 emplois directs sur les sept sites agroindustriels créés en France.

Aujourd’hui, l’action se situe à plusieurs niveaux. D’abord, tout faire pour parvenir à l’objectif fixé par les instances européennes. Mais la marge de manœuvre reste étroite. Réduire l’empreinte énergétique de 50 %, cela signifie produire autant, mais avec deux fois moins d’azote. On comprend le souci environnemental, mais l’échéance très courte et le pourcentage élevé deviennent des obstacles quasi insurmontables. Y compris chez les semenciers ayant le plus investi dans la recherche, tels Dekalb, trouver l’hybride miracle en si peu de temps relève de la gageure. Le pire, c’est que techniquement une solution pourrait être trouvée, y compris dans ces délais, avec des OGM, mais que nous refusons chez nous. Des OGM sur des cultures destinées aux bioénergies, cela pose-t-il vraiment un problème éthique à la société ? Personne d’autre que les carburateurs de nos véhicules ne va les consommer… Mais qu’importe, c’est ainsi. Que faire alors ? On imagine que le groupe Avril use de tout son savoir-faire en lobbying


A Toury en Eure-et-Loir, les essais d’hybrides issus de la recherche de Dekalb.

A.J.

pour obtenir un délai mais rien n’indique à l’heure actuelle qu’il parviendra à ses fins. Dès lors, comment sauver la filière colza ?

L’huile culinaire possède un marché Il se trouve que, parallèlement, les recherches menées notamment au sein de Dekalb sur les semences vont vers une direction nouvelle, jusqu’à présent peu usitée : l’huile alimentaire. Grâce à une technologie nouvelle, appelée HOLL (high oleic low linolenic), les huiles de colza sont stabilisées, en abaissant leur taux d’acidité. Ainsi, elles deviennent concurrentielles de celles de tournesol, ou autres déjà bien implantées sur le marché culinaire. Le marché de l’huile culinaire pour le colza peut représenter jusqu’à un gain de 2 millions d’hectares de cultures en Europe, selon des projections tenant compte des différents débouchés, en particulier dans la restauration hors foyer. Si cette mutation devait s’opérer pour la filière, on peut espérer que les agriculteurs qui peignent aujourd’hui leurs champs de jaune pourront toujours le faire au-delà de 2020.

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Une course contre la montre Mais cette mutation aussi, n’est pas une mince affaire. Car elle signifie une très forte production de nouvelles semences, et aussi une probable reconversion d’une partie de l’outil industriel en aval. Donc, des moyens, du temps… Aujourd’hui, le colza semble à la croisée des chemins. Privé des néonicotinoïdes depuis peu, il devra composer également avec une baisse drastique des intrants en azote. A chaque fois, dans le cadre d’intentions louables, respectables. Mais dans des délais très courts et des proportions

énormes, sans échelonnement sur le temps. Et sans qu’il existe, au moment où les décisions sont prises, de solutions alternatives. Ces dernières vont arriver, grâce à la recherche. Mais peut-on demander à celle-ci d’accélérer le processus de pousse des plantes pour avoir le temps de les tester avant des mises en cultures en 2020 ? Nous avons la chance d’avoir, à travers différentes firmes privées ou dans le public, de réelles compétences en France pour la recherche. Malheureusement ces chercheurs ne sont pas consultés au moment où les décisions sont prises… A.J.

A.J.

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Plan des culturales 2015

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culturales 2015

Shows, conférences, ou ateliers, demandez le programme ! Six shows, trois conférences, répétés les deux jours à des horaires différents, plus 19 ateliers : les visiteurs des Culturales ne vont pas s’ennuyer !

- show 3 : que peut-on gagner avec le strip till ? (mercredi 12 h, jeudi 16 h) - show 4 : les nouvelles technologies au service d’une agriculture plus performante (mercredi 14 h, jeudi 11 h) - show 5 : quel bénéfice attendre du semis dans les couverts permanents ? (mercredi 15 h, jeudi 10 h) - show 6 : pourra-t-on atteindre 200 q/ha grâce au progrès génétique ? (mercredi 16 h, jeudi 12 h). Autre rendez-vous à horaires fixes, les conférences : - Conférence 1 : comment satisfaire tous les débouchés du blé en maximisant rendements et teneur en protéines ? (mercredi 10 h, jeudi 15 h) - Conférence 2 : l’agronomie au service de la méthanisation (mercredi 11 h, jeudi 16 h) - Conférence 3 : agronomie et technicité, les clés pour réussir en bio (mercredi 15 h, jeudi 11 h).

Par ailleurs, 19 ateliers sont à découvrir. Ils concernent :

L

es mercredi 24 et jeudi 25 juin prochains, à VillersSaint-Christophe, dans l’Aisne, les Culturales accueilleront près de 12 000 visiteurs. Un programme très complet a été concocté pour eux, au-delà, donc, des stands des exposants et de leurs propres interventions.

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Nouveauté de cette édition, les shows. Il y en aura six, voici les thèmes et les horaires : - show 1 : comment s’enrichir en cultivant la biodiversité (mercredi 10 h, jeudi 14 h) - show 2 : biocontrôle, apprendre le langage des plantes pour mieux les protéger (mercredi 11 h, jeudi 15 h)

1. Les nouvelles technologies, l’agriculture de précision, et la pulvérisation ; 2. Diagnostic de la fertilité du sol ; 3. Cap 2025, préparez votre exploitation ; 4. Gestion des couverts végétaux ; 5. Désherbage et qualité des eaux ; 6. Gestion des pollutions ponctuelles ; 7. Physiologie des céréales ;


8. Variétés et progrès génétique des céréales ; 9. Fertilisation des céréales ; 10. Espace diagnostic ; 11. Lutte contre les maladies des céréales et biocontrôle ; 12. Lutte contre les ravageurs et protection des semences des céréales ; 13. Maïs (fertilisation, implantation, désherbage) ; 14. Oléoprotéagineux ; 15. Betteraves, performance technique et environnementale ; 16. Lin fibre ; 17. Pomme de terre ; 18. Tabac ; 19. Production et valorisation de biomasse.

deux shows, une conférence et cinq visites d’atelier. Même principe pour les cinq autres : implantation innovante ; progrès génétique ; biocontrôle et protection intégrée ; nouvelles technologies ; et agronomie et fertilité. Et donc, ne pas oublier, au-delà des efforts de l’organisation assumée par Arvalis Institut du végétal, près de 200 exposants sont présents, avec leurs propres animations ou conférences. Pour tout renseignement complémentaire,le site www.lesculturales.com est très bien fait.

Pour parvenir à engranger toutes les informations sur une filière (de suivre les shows et conférences la concernant, plus de se rendre aux ateliers dédiés), 6 parcours ont été mis au point. Le premier s’appelle « qualité et protéines », et comprend ainsi

Stand WikiAgri, en D32 Comme il y a deux ans, WikiAgri sera présent aux Culturales non seulement en couverture journalistique, mais aussi avec son stand. Vous pourrez ainsi nous retrouver en D32, là où on a positionné notre logo sur le plan publié page 22. Nous vous proposons de récupérer d’éventuels numéros qui vous manqueraient parmi nos magazines, des discussions franches et conviviales avec notre équipe, et même éventuellement un apéro (sans abus…) pour peu que vous passiez au bon moment.

A.J.

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Il y a deux ans, moment de convivialité autour du stand WikiAgri.

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Moteurs > CULTURALES 2015

Moissons nocturnes, à Led ! La technologie ne peut rien contre les excès d’humidité mais elle peut maximiser le travail de nuit aux périodes propices. Avec des diodes électroluminescentes, les fameuses Led. Mais pas seulement.

L

ed pour « Light emitting diode ». Diodes électroluminescentes. Montées d’origine ou proposées en kit, ces nouvelles sources lumineuses illuminent de plus en plus les chantiers agricoles, qu’il s’agisse des machines mobiles comme des matériels tels que les chargeurs frontaux ou les rampes de pulvérisateurs. Les Led ont tout pour elles, à commencer par leur intensité lumineuse. Résistantes aux chocs et aux vibrations, elles consomment peu d’énergie et sont dotées d’une très longue durée de vie. Elles sont simplement plus onéreuses que les lampes à halogène à un ou deux filaments qui constituent le standard des éclairages d’engins, mais plus accessibles que les phares au xénon, qui constituent eux le nec plus ultra des projecteurs. Mais rapporté aux enjeux économiques de la moisson, le surcoût des éclairages additionnels ou optionnels, demeure tout relatif.

Du xénon en guise de magnésium L’intégration de projecteurs à haute performance améliore en effet significativement la visibilité de chantier et favorise le travail de nuit, sous réserve que les conditions hygrométriques l’autorisent. Ce n’est pas le seul élément technologique de nature à repousser les limites d’intervention et à forcer la productivité de chantier et

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Les projecteurs, indispensables de nuit.

le retour sur investissement. Autoguidage permettant de valoriser toute la largeur de coupe et d’optimiser les fins de champs en présence des andains de paille, système de suivi de sol intégré au niveau de la barre de coupe, cabine panoramique, éléments de confort tels que climatisation, siège ventilé, réfrigérateur, communication bluetooth, caméras de contrôle, sans oublier tous les asservissements électroniques confinant au pilotage automatique de la moissonneuse-batteuse. « Les agriculteurs ont exploité au

A.J.

maximum les fenêtres de travail possibles, y compris la nuit, souligne François-Xavier Gibet, chef de produits moissonneusesbatteuses chez Claas. Deux limites pouvaient néanmoins stopper leur élan : la fatigue et les capacités de réception des organismes stockeurs. Le développement du stockage à la ferme a en grande partie effacé la seconde contrainte tandis la technologie a repoussé l’apparition des signes de fatigue. Avec une lumière proche du jour, les Led par exemple diminuent la fatigue oculaire. »


Perte de qualité, une option assurantielle En 2014, la conjonction de plusieurs phénomènes climatiques a fortement impacté la qualité des blés et orges : excès de chaleur pendant la phase de remplissage des grains, basses températures pendant la maturation physiologique et pluies entravant la récolte et achevant le processus de germination des grains sur pied. Résultat : des lots déclassés et un manque à gagner. Contrairement aux événements climatiques tels que sécheresse, gel, excès d’eau, tempête, la perte de qualité est le plus souvent une garantie optionnelle des contrats d’assurance récolte.

A.J.

Même le transfert du grain bénéficie de l’éclairage.

En mode pilotage automatique Si les projecteurs sont essentiels, sans toutefois pouvoir déjouer tous les risques de faire monter des corps étrangers dans la machine, les ressorts de la productivité de chantier se situent plus assurément dans les systèmes embarqués d’aide au réglage et la conduite des machines. Pour François-Xavier Gibet, la moissonneuse-batteuse tout automatique est une réalité. « Lorsque la machine signale un taux de pertes important, le premier réflexe du chauffeur consiste à réduire l’allure au détriment de la productivité. Avec un système comme le Cemos Automatic, la machine va ajuster automatiquement le régime des rotors, la position des volets, le régime du ventilateur et l’ouverture des grilles en fonction d’un niveau de pertes défini par le chauffeur. Avec le Cruise Pilot, un système d’asservissement à la charge du moteur, la machine régule automatiquement sa vitesse d’avancement en fonction du volume de récolte dans le convoyeur et du niveau de pertes.

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Le chauffeur n’a plus qu’un rôle de contrôle de l’ensemble. » C’est là une autre vertu des automatismes : celle de pouvoir se faire relayer par un chauffeur moins averti et de repousser encore plus loin les limites de la fatigue, au moins jusqu’à ce que l’humidimètre embarqué sonne l’alerte.

Arbitrage entre puissance et options Ces dispositifs d’assistance à la conduite, reposant sur moult capteurs embarqués, encore plus cruciaux lors du travail de nuit, sont évidemment optionnels et

Vue depuis la cabine de la moissoneuse.

Il en va de même pour les frais supplémentaires occasionnés par des récoltes réalisées dans des conditions difficiles ainsi que pour la garantie de resemis ou de re-plantation le cas échéant. Le constat d’une perte de qualité (grains germés, taux de protéines des orges de brasserie, mitadinage du blé dur) s’appuie sur les réfactions appliquées par les organismes stockeurs. L’assureur convertit les réfactions en pertes de rendements et c’est ce rendement corrigé qui sert de base à une éventuelle indemnisation, conformément aux termes du contrat.

renchérissent l’investissement. Mais ils peuvent donner matière à un arbitrage, consistant à opter pour une machine dans une gamme de puissance inférieure dont le moindre débit pourrait être compensé par des automatismes valorisés jour et nuit ! On peut aussi recommander l’investissement dans des accessoires de collecte et d’analyse d’échantillon afin d’optimiser la gestion des chantiers. Raphaël Lecocq

A.J.

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culturales 2015

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Brèves des champs Itinéraires techniques

Colza

Evaluer la fertilité de son sol

Comment bien utiliser les auxiliaires face aux ravageurs

Trop peu d’agriculteurs évaluent le sol de leurs parcelles pour choisir les cultures et itinéraires techniques adaptés. Avant de faire appel à un conseiller ou de se reporter à la seule analyse de terre, il est bon de connaître les principes de la fertilité (physique, chimique, biologique) et les indicateurs pour l’évaluer. Les échanges avec d’autres professionnels font ensuite avancer la réflexion. Le projet transfrontalier Prosensols, terminé en 2013, a mis au point un « kit sols », conçu pour que les agriculteurs se réapproprient les propriétés des sols. Chaque critère abordé fait l’objet d’une fiche explicative suivie par des fiches pratiques pour évaluer ce paramètre dans ses parcelles, via des méthodes simples. La fertilité physique du sol peut être appréhendée par un sondage à la tarière ; on utilise aussi la technique dite « du boudin », pour déterminer la texture au champ. Les éventuels tassements et plus globalement la structure du sol sont évalués à l’aide du pénétromètre, d’un profil cultural, ou encore du drop-test, qui consiste à faire tomber un bloc de terre sur une bâche pour trier les mottes résultantes en fonction de leur taille, porosité et couleur. Pour connaître la sensibilité à l’érosion hydrique, la méthode USDA consiste à plonger des mottes de terre issues de deux parcelles (menées avec un travail du sol différent par exemple) dans deux récipients remplis d’eau. Au bout de quelques heures, on observe une divergence dans le comportement des mottes face aux contraintes physiques imposées par l’eau. Toutes les fiches peuvent être téléchargées sur le site du projet www.prosensols.eu, onglet « kit sols ».

Un test USDA

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O.L

Larve de méligèthe et hyménoptère.

F. Couturier

Abeilles, bourdons et syrphes sont essentiels pour la pollinisation du colza. Mais comment préserver à la fois auxiliaires des cultures et rendements, quand on sait que les ravageurs peuvent entraîner jusqu’à 60 % de pertes ? Ou comment augmenter la part de régulation naturelle des ravageurs. Des éléments topographiques intra-parcellaires tels que les haies ou les bandes fleuries sont des abris pour les carabes (prédateurs des limaces), les coccinelles ou les syrphes (prédateurs des pucerons). Observer le niveau d’infestation des ravageurs et la présence d’auxiliaires se révèle très utile : quand l’auxiliaire seul peut maîtriser la population du ravageur, un traitement s’avère inutile, et même fatal pour les auxiliaires, qui travaillent « gratuitement ». Les hyménoptères parasitoïdes de la grosse altise sont très actifs au printemps. La femelle pond dans la larve du ravageur ; la larve auxiliaire consomme l’intérieur de la larve de la grosse altise pour sa croissance. « Ainsi, l’auxiliaire exerce un effet jusqu’à la campagne suivante, lorsque l’on observe sur une parcelle voisine des populations d’altises diminuées par l’effet des hyménoptères parasitoïdes, explique Arnaud Van Boxsom, ingénieur régional du Cetiom. Il faudrait mener une réflexion à l’échelle du territoire pour étudier l’effet d’une absence de traitement insecticide sur l’efficacité des auxiliaires. » Pour contrôler le méligèthe, la variété ES Alicia, à floraison très précoce, est de plus en plus utilisée. En mélange à hauteur de 7 à 10 % avec la variété d’intérêt, elle attire les méligèthes sur les premières fleurs, ce qui épargne le restant de la parcelle tout en évitant un traitement insecticide. La société Dupont a elle mis au point Steward®, insecticide qui contrôle les méligèthes tout en présentant « une sélectivité vis-à-vis de la faune auxiliaire ».


Production énergétique La méthanisation pour les couverts d’intercultureface aux ravageurs Pourquoi ne pas utiliser les couverts d’interculture pour produire de l’énergie ? Les cultures intermédiaires pour la valorisation énergétique (CIVE) sont expérimentées par Arvalis-Institut du Végétal, les Chambres d’agriculture et l’Ademe, depuis six ans déjà et montrent des résultats prometteurs : augmentation de la productivité totale en matière ou énergétique par rapport aux systèmes de référence. Des essais locaux ont montré que l’intégration d’une CIVE au système réduit les émissions de gaz à effet de serre et améliore l’efficience de l’eau.

DR

Produire trois cultures (dont une énergétique) en deux ans a de multiples intérêts : couverture du sol à l’image des Cipan, développement de l’autonomie azotée des exploitations par l’introduction de légumineuses et le retour au sol des digestats de méthanisation, réduction des émissions de gaz à effet de serre, amélioration du revenu de l’exploitant, qui en élargissant l’éventail des ses activités met en évidence la multifonctionnalité de l’agriculture. Aujourd’hui, la productivité moyenne des CIVE est de 6 à 8 tonnes de matière sèche par hectare, et les agriculteurs les cultivent pour le moment dans le cadre d’expérimentations. Les coûts de production étant encore trop élevés, il faut améliorer la productivité des CIVE et optimiser les charges. Certains points clefs sont en cours d’étude pour progresser dans la conception et la mise en œuvre technique de ces nouveaux systèmes, comme le choix des successions et de l’espèce, le travail du sol, la consommation en eau, le décalage des cycles et l’impact sur la/les culture(s) suivante(s), ou encore la valorisation du digestat. Rubrique écrite par Opaline Lysiak

Sorgho cultivé en culture intermédiaire.

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S. Marsac

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culturales 2015 > BRèVES DES CHAMPS

Betteraves

Mycotoxines

Retour à la diversité génétique oubliée

Les réflexes à adopter

Doubler le rythme de croissance annuelle du rendement de la betterave française pour être compétitif face à la canne à sucre : voilà l’ambition du programme Aker, initié en 2013 pour une durée de 8 ans, en partenariat avec 11 organismes, dont l’Inra, Florimond Desprez et l’institut technique de la betterave.

Au-delà du rendement, c’est la qualité sanitaire du blé qui doit être recherchée pour préserver la valeur marchande de la récolte. Le déoxynivalénol (ou DON), mycotoxine réglementée, est produit par fusarium graminearum, agent responsable, avec microdochium spp, de la fusariose. Les spores des champignons sont libérées au moment de la floraison du blé. Les symptômes apparaissent environ 20 jours plus tard.

Il s’agit d’élargir la variabilité génétique de la betterave par la constitution d’une collection de gènes sur la base des ressources du monde entier, pour ensuite produire de nouvelles variétés. Aujourd’hui, la variabilité génétique utilisée pour la création variétale est de plus en plus étroite ; on estime qu’on utilise en sélection uniquement 20 % de la variabilité disponible. Les sélectionneurs produiront des variétés plus tolérantes au stress hydrique et aux bioagresseurs, en explorant la génétique, en particulier en se focalisant sur la première phase de croissance, la plus critique à ce jour. Concrètement, les 80 chercheurs du programme Aker mènent en parallèle deux grands volets : constituer une collection de référence allélique et opérer des croisements pour obtenir des variétés à haut potentiel, et mettre en place et évaluer de nouvelles méthodes de phénotypage et de sélection.

Six points clefs sont à connaitre pour limiter les mycotoxines.

En 2013, les chercheurs ont inventorié et analysé 10 000 plantes (cultivées ou sauvages) auprès de 46 organismes à travers le monde, pour en sélectionner 3 000. Les travaux qui ont suivi ont montré que 15 plantes suffisent à couvrir 100 % de la variabilité allélique disponible chez la betterave. Les croisements avec du matériel génétique déjà existant se poursuivent, pour produire, in fine, des hybrides en 2017.

4) Le choix des fongicides dépend de la présence plus ou moins importante des populations de champignons. Les triazoles sont très efficaces contre fusarium graminearum, et agissent contre les autres maladies foliaires. Le triophanante-méthyl, de la famille des benzimidazoles, est aussi efficace mais spécifique aux fusarioses.

Le rendement de la betterave augmente à un rythme de 2 % par an depuis 30 ans. Les variétés à haut potentiel issues du programme devraient doubler ce chiffre.

1) Le contexte pédoclimatique de la parcelle explique à lui seul 60 % de la variabilité des teneurs en DON. 2) La conduite de la culture intéresse 40 % de cette variabilité, avec en position de n°1 la gestion des résidus du précédent. 3) Aucune variété de blé tendre n’est totalement résistante à la fusariose de l’épi. Le choix de variétés peu sensibles n’est indispensable que dans des situations à risque (derrière un maïs ou sorgho dont les résidus n’ont pas été enfouis). Dans les situations A.J. à risque faible, la protection fongicide est raisonnée en fonction de la sensibilité variétale.

5) Le traitement doit être positionné à l’apparition des premières étamines sur la parcelle, souvent visibles en bordure de celle-ci. Il est préférable d’apporter la pleine dose à ce moment. 6) Le volume de bouillie est déterminant sur fusarioses : il ne faut pas descendre en dessous de 150 litres/ha pour assurer une couverture de l’épi satisfaisante. Rubrique écrite par Opaline Lysiak

Plantes exotiques représentatives du genre Beta.

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Florimond Desprez


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culturales 2015 > BRèVES DES CHAMPS

Nouvelle plateforme expérimentale Le pouls des plantes en accéléré Sur les 15 dernières années, le rendement national du blé tendre stagne. C’est imputable à différents facteurs, dont le climat. En maïs, la contrainte hydrique estivale est de plus en plus forte. La création variétale a son rôle à jouer. D’où l’intérêt du phénotypage haut débit, pour mesurer plus d’individus, plus vite et plus souvent. Phénofield est une plateforme expérimentale de plein champ, inaugurée le 12 mai à Ouzouer-le-Marché (Loiret-Cher). Elle complète les cinq autres précédemment créées à Nantes, Bordeaux, Montpellier, Dijon et Toulouse. Son objectif est d’aider les chercheurs à comprendre les processus des plantes pour faire face à un déficit hydrique, et cela par variétés. Huit toits roulants couvrant au total 5000 m² protègent de la pluie, ou facilitent l’irrigation des parcelles. Des sondes mesurent l’humidité du sol en plus de 100 points répartis jusqu’à 1,20 m de profondeur. Les toits pourront effectuer des mesures physiques qui auparavant nécessitaient le prélèvement des plantes : mesure en 3D de l’architecture du végétal, de la surface verte, de la réflectance des plantes pour calculer les teneurs en eau ou encore en azote… Concrètement, ces capteurs « prennent le pouls » d’un grande nombre de plantes de façon répétée (jusqu’à 20 passages par campagne), d’où le qualificatif « haut débit ». Les données récoltées sont destinées aux sélectionneurs, afin d’associer les caractères observés aux gênes d’intérêt. La France se place au premier plan concernant les outils de phénotypage. Plusieurs projets européens tels que Breedwheat, Amaizing, Rapsodyn ou Peamust s’appuieront sur ces infrastructures.

Conservation Le lin fibre en semis direct On dispose de peu de références aujourd’hui sur la culture du lin fibre en agriculture de conservation ; les informations peuvent être essentiellement récoltées au cours d’échanges entre agriculteurs et techniciens. « La réussite du lin est étroitement liée à son implantation, explique Aurélien Foirestier, technicien au Geda des Flandres Maritimes. Du fait d’un stress de la plante plus élevé en agriculture de conservation par rapport au conventionnel, il faut choisir les variétés en mettant le taux de filasse dans les premiers critères de choix. » La levée doit être homogène (homogénéité des fibres) pour une rentabilité pour l’exploitant. Selon Antoine Chedru, agriculteur en Seine-Maritime, il convient de tenir compte de l’historique de la parcelle. « Le lin nécessite une excellente structure du sol. La parcelle ne doit pas avoir connu d’arrachage de betterave ou pomme de terre dans de mauvaises conditions les cinq dernières années, opération qui aurait pu entraîner une compaction. » Le lin n’aime pas non plus les résidus de culture, ni les repousses. « Je choisis des couverts avec des légumineuses (féverole, pois, trèfle…) dont la destruction par le gel est possible afin d’éviter la destruction mécanique ou chimique. » Ce n’est pas tout, le lin est exigent au niveau de la fertilisation azotée. Il nécessite de l’azote au démarrage et doit être légèrement carencé en fin de cycle, pour produire des fibres de qualité. Analyse de terre et reliquat azoté en sortie d’hiver sont des réflexes à prendre pour éviter une fertilisation inutile. Tandis qu’en système traditionnel la minéralisation libère 30 à 50 unités d’azote à chaque labour, en semis direct la vie du sol met plus de temps à se mettre en marche ; il faut donc positionner autrement la fertilisation. Eric Boisleux, agriculteur dans le Pas-de-Calais en semis direct depuis sept ans, teste cette année une fertilisation de fond puis une application localisée au semis, afin d’activer la vie du sol. Rubrique écrite par Opaline Lysiak

Phénofield, dernière plateforme expérimentale, pour un phénotypage haut débit.

Arvalis - institut du végétal

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Paroles d’entrepreneur

> Paolin Pascot, un des trois fondateurs de agriconomie.com, place de marché sur internet

« Une plus-value pour tout le secteur agricole » Créée début 2014, Agriconomie ambitionne de devenir la « market place » de produits agricoles sur internet. Sans bousculer la distribution traditionnelle. Mais pas sans titiller la fibre connectée qu’il y a dans tout agriculteur.

Il met en relation les meilleurs distributeurs du monde agricole avec des agriculteurs. Parmi ses fournisseurs figurent, du reste, des distributeurs traditionnels. Etes-vous des concurrents des distributeurs classiques d’approvisionnements et de matériel agricoles ? P.P. : Agriconomie aide les acteurs physiques et traditionnels à proposer une offre sur internet et à profiter de l’effet de levier d’internet pour leur business. C’est notre métier que de gérer un site, de drainer du trafic, de gérer des ventes. Au départ, les distributeurs ont pu se demander si nous n’étions pas des vilains garçons d’internet qui allaient casser leur métier mais cela n’a jamais été notre but. On est là pour fluidifier l’offre et la demande sur internet et permettre aux acteurs physiques de vendre aux agriculteurs souhaitant acheter en ligne.

DR

Agriconomie a son siège social en Champagne, au sein de l’exploitation agricole d’un des trois associés fondateurs.

Qu’est-ce qui distingue agriconomie.com des autres e-commerçants vendant sur internet des produits agricoles ? Paolin Pascot : Notre modèle est radicalement différent des commerçants apparus il y a quelques années sur le marché des produits agricoles. La très grande

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majorité des opérateurs exerçant sur le marché agricole référencent des produits, les stockent et les livrent. Ce ne sont ni plus ni moins que des distributeurs traditionnels pour qui la vente sur internet constitue un prolongement de leur activité. Agriconomie n’achète pas, ne stocke pas, ne livre pas.

Quel est l’intérêt d’Agriconomie pour des concessionnaires de matériel agricole par exemple ? P.P. : Avec notre place de marché, les concessionnaires ont la possibilité de vendre des pièces en dehors de leur zone de chalandise ou bien des pièces qu’ils ont achetées en se positionnant sur certains modèles de tracteurs qui depuis ont disparu de leur zone de chalandise. Rien ne les empêcherait de créer leur propre site pour les écouler mais ils se compliqueraient la tâche. Un concessionnaire sait faire du sourcing, gérer des stocks, apporter du conseil et


du service mais ce n’est pas des e-commerçants. C’est notre métier. Il y a des sites spécialisés pour la vente de matériels d’occasion. Agriconomie peut vendre tout le reste. Les agriculteurs sont-ils en pointe en matière d’achat sur internet ? P.P. : Les agriculteurs sont très connectés, c’est indéniable. A mon sens, c’est la catégorie professionnelle la plus connectée. A l’opposé de l’image de travailleurs de la terre qu’ils peuvent renvoyer, on est face à de vrais entrepreneurs qui gèrent leurs travaux, leur comptabilité, leurs achats et la vente de leurs produits sur internet via des marchés à terme par exemple. Ce sont des professionnels très enclins à acheter sur internet et beaucoup plus habiles que ce que l’on pourrait penser au prime abord. A nous de les séduire et de les rassurer pour privilégier notre site. Il faut être bon pour vendre aux agriculteurs. Quels gages donnez-vous aux agriculteurs achetant sur votre site ? P.P. : Cela commence par la sélection des fournisseurs. Nous nous assurons de leur fiabilité, de la qualité de leur packaging, de leur capacité à livrer rapidement dans toute la France. En ce qui concerne les procédures de paiement, Agriconomie accorde

Copie d’écran du site agriconomie.com

produit. Nous vendons du temps et du choix aux agriculteurs. En plus de pouvoir réaliser leurs achats 24 heures sur 24, les agriculteurs ont la possibilité de nous appeler jusqu’à 22 heures du lundi au dimanche et de bénéficier des conseils de nos spécialistes. C’est une vraie

« Les agriculteurs sont très connectés, c’est indéniable. A mon sens, c’est la catégorie professionnelle la plus connectée. » une importance primordiale à la sécurisation des transactions. Nous faisons appel à des prestataires spécialisées et notre système est ultra sécurisé. Fait-on de bonnes affaires sur agriconomie.com ? P.P. : Agriconomie n’est pas un site de vente de produits à prix discount. Cela n’a jamais été notre positionnement et ne le sera jamais. Sur agriconomie.com, on ne vend pas du prix avec des bannières annonçant du - 70 % sur tel ou tel

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plus-value. En quelques clics, on choisit son produit, on en connaît le prix et son délai de livraison. Bien évidemment, si nous ne sommes pas un site discount, nous faisons en sorte d’avoir des prix intéressants. Nous nous rémunérons via une commission sur les ventes. Que trouve-t-on et que ne trouvera-t-on jamais sur agriconomie.com ? P.P. : On ne vendra jamais de tracteur car on ne remplacera jamais le savoir-faire d’un concessionnaire

en matière de service après-vente. Les engrais et les semences sont actuellement nos produits leader en terme de volumes d’affaire. Les consommables sont également très prisés. En matière d’engrais, Agriconomie fait office d’interface pour certains de nos clients distributeurs, avec intégration directe des évolutions tarifaires et une future appli mobile dédiée en cours de développement. Au sein de notre service recherche et développement, nous avons mis au point un algorithme destiné à optimiser les flux de transport pour avoir le meilleur taux de service au meilleur prix. C’est très innovant, au-delà même de la sphère agricole. Agriconomie s’intéresse-t-elle aux produits phytosanitaires ? P.P. : Nous avons dans notre équipe des agronomes capables d’accompagner la vente de produits phytosanitaires. Néanmoins, ce secteur est très réglementé et nous invite à la prudence. Nous avons commencé par vendre des engrais, nous nous sommes diversifiés dans le secteur des semences. Nous avançons pas à pas. Mais nous regardons bien évidemment le secteur des produits phytosanitaires.

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Paroles d’entrepreneur

> Paolin Pascot, un des trois fondateurs de agriconomie.com, place de marché sur internet

Les start-up se créent, se revendent, disparaissent ou explosent. Quid d’Agriconomie dans deux ans ? P.P. : 7 des 10 sites internet les plus visités en France sont des places de marché. Agriconomie veut être la place leader en vente de produits agricoles. Cet objectif passe par la montée en puissance du nombre de fournisseurs partenaires et du nombre de références afin de proposer l’offre la plus large. Nous sommes persuadés d’apporter une réelle plus-value aux agriculteurs et aux distributeurs. A nous de ne pas les décevoir. Et les trois associés fondateurs d’Agriconomie et leurs 18 collaborateurs entendent bien créer une entreprise pérenne apportant une véritable plus-value à tout le secteur agricole. Propos recueillis par Raphaël Lecocq

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Une « market place » unique en France Agriconomie a été créée en janvier 2014 par Clément Le Fournis, Dinh Nguyen et Paolin Pascot. Les trois associés fondateurs cumulent de solides origines agricoles, tous secteurs confondus, et de non moins solides formations en agronomie, commerce, marketing et informatique. La start-up a réalisé un chiffre d’affaires de 850 000 euros pour son premier exercice. Elle emploie actuellement 18 personnes et compte atteindre l’équilibre économique dès cette année. Ne redoutant pas la concurrence, Agriconomie se considère comme la seule place de marché dédiée aux produits agricoles en France. Si elle entend servir tous les besoins des céréaliers, des éleveurs, des viticulteurs ou des maraîchers français, la start-up lorgne également sur le marché européen où des initiatives similaires se développent en Allemagne et en Espagne. Agriconomie a reçu plusieurs distinctions. La dernière en date émane du ministère de l’Agriculture et du secrétariat d’Etat au Numérique, Agriconomie figurant au palmarès de la 6e édition du « Jeudigital » valorisant les initiatives numériques.


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Stratégie et Benchmark

Match Europe/Etats Unis : quel gagnant en 2020 ? Dans un contexte de forte demande mondiale de produits agricoles, les choix faits par la Commission Européenne pour la Pac 2020 sont à l’opposé de ceux du nouveau Farm Bill américain. Qui aura eu raison en 2020 ? Par Jacques Mathé,

Economiste au réseau CerFrance, Professeur-associé à la faculté de sciences économiques de l’Université de Poitiers

La Pac 2015 s’inscrit dans le prolongement des trois dernières « réformes » de 1999 (agenda 2000), 2003 et 2007 (découplage). En fait, la seule vraie réforme de la politique agricole européenne s’est produite en 1992, avec la fin des soutiens aux prix. Parallèlement, de l’autre côté de l’Atlantique, les Américains viennent de voter un nouveau Farm Bill qui semble à contre-courant de la logique européenne. La Commission Européenne a bâti le nouveau règlement en considérant les marchés des productions agricoles saturés sur le continent européen, et en minimisant le potentiel de la demande mondiale, du moins pour des prix rémunérateurs. Cette vision prospective (à vrai dire, n’est-ce pas plutôt un manque de vision ?) confirme les choix faits il y a plus de 20 ans, dans un contexte de surproduction, de privilégier des aides indépendantes de l’acte de production. Il n’est pas du tout certain que cette logique d’ajustements successifs de la Pac soit d’actualité en 2020. Les dernières études montrent la forte demande mondiale de produits agricoles, et les limites pour certaines productions à répondre à cette demande.

« Il ne faut pas faire rêver les gens. Dès lors que l’on pratique l’agriculture, on impacte l’environnement, d’une manière ou d’une autre. » marchés alimentaires mondiaux à la production agricole américaine. Les farmers du Middle-West vont remplacer les GI’s. L’objectif est d’exporter en masse les productions végétales, ce qui était déjà le cas pour le maïs et le soja, mais aussi les productions animales, notamment la viande bovine et les produits laitiers. Le marché chinois est particulièrement ciblé pour le fromage et les steaks.

Le marché mondial en ligne de mire

Augmenter les volumes de toutes les productions

Ces opportunités de marché, les Etats-Unis les ont déjà intégrées dans le Farm Bill qui se met en place cette année. La stratégie est claire : remplacer l’interventionnisme militaire par la dépendance des

Pour inciter les farmers à augmenter les volumes, la recette est connue et elle a fait ses preuves en Europe pendant les 30 premières années de la politique agricole européenne. Il suffit de sécuriser le revenu

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des producteurs, notamment dans les périodes de prix dépréciés. Une garantie de prix (PLC, price loss coverage) et une garantie de chiffres d’affaires (ARC, agricultural risk coverage) seront les deux instruments de la nouvelle loi agricole, qui compléteront le système d’assurance récolte et revenu. La nouveauté est qu’une grande majorité des productions bénéficiera de ces dispositifs. Ainsi un producteur bio aura une garantie de prix calculé sur les cours du secteur et pourra lisser les risques liés aux variations annuelles importantes dans ces systèmes. On s’attend d’ailleurs à une très forte augmentation des productions bio avec ce nouveau programme.

L’Union Européenne est de ce point de vue plus contrainte. Malgré tout, le décalage entre la Pac et le Farm Bill est prégnant. Au-delà de l’agriculture, c’est aussi le décalage entre deux visions géopolitiques. Qui aura eu raison en 2020 ? On dit souvent que les Américains ont 10 ans d’avance : en 2020, nous n’aurons que 5 ans de retard ! Réalisé par CerFrance www.cerfrance.fr

Enfin, des budgets conséquents sont consacrés au développement des productions locales, aux circuits courts et plus globalement au développement de systèmes alimentaires de proximité.

Un décalage prégnant avec la Pac L’USDA (United States department of agriculture, l’équivalent de notre ministère de l’Agriculture) a compris que des gisements de richesses ne demandaient qu’à être activés, pour le plus grand bien de l’économie des territoires ruraux. Car c’est bien aussi l’autre face du Farm Bill : un grand écart dans les objectifs, une souplesse dans la mise en œuvre et surtout un budget à envergure variable mais qui pourrait exploser si la production s’accroît avec des prix dépréciés.

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Stratégie et Benchmark

Nouvelle Pac, nouvelle gestion Dès cette année, la réforme de la Pac va profondément influer sur le niveau des primes. Pour certains, le montant global sera supérieur à celui d’aujourd’hui, pour d’autres il sera inférieur. A terme, il faut s’attendre à une baisse générale liée à la convergence des aides. Dans ce contexte, comment modifier vos stratégies en terme de gestion ? Par Patrick Lévecque, conseiller d’entreprise à CerFrance Nord Pas de Calais

Comment modifier
ses stratégies de gestion ? Tout d’abord, il faut relativiser l’impact des variations de primes : il est souvent dit et écrit que le montant des primes représente tout ou partie de l’excédent brut d’exploitation (EBE), 50 % en système céréalier, 70 à 100 % en système bovin viande, 5 % en floriculture. Si l’on ramène au produit d’exploitation, le ratio prime sur produit descend à 10 - 15 % en système céréalier, 15 20 % en système bovin viande, et 1 % en floriculture. Ce qui donne une approche différente, plus proche de la réalité. Par exemple, une baisse de prime de 200 € par hectare correspond à une variation de 25€ par tonne du prix de vente du blé (pour un rendement moyen de 8 tonnes) ou à une variation de 0,12 € par kilogramme pour un engraisseur bovin viande (1 600 kg par hectare). L’effet prix est beaucoup plus important que l’effet primes. Puis, raisonner « valeur ajoutée » avant de raisonner « EBE ». La valeur ajoutée est bien le fruit du travail de l’exploitant. Calculée avant primes, elle permet de mieux dresser des comparaisons entre exploitants. A valeur ajoutée identique, un exploitant qui avait un historique primes plus important que le voisin pouvait avoir un EBE supérieur, ce qui n’était pas un critère de performance. Dans certains systèmes d’exploitation, il n’était pas rare de voir que le ratio EBE sur produit était supérieur

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à celui de la valeur ajoutée sur produit, ce qui voulait dire que les primes couvraient les impôts, taxes, charges salariales et sociales. L’objectif à se donner est d’avoir une valeur ajoutée la plus élevée possible. Celle-ci, augmentée des primes, doit financer les impôts et taxes, les salaires, charges sociales des salariés, et cotisations de l’exploitant. Le solde peut servir à rémunérer la main-d’œuvre familiale et l’outil de travail (annuités et autofinancement). Le fait de raisonner sans primes permet d’avoir une logique de chef d’entreprise indépendant.


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Raisonner sans primes pour se donner une logique de chef d’entreprise indépendant.

La conjugaison des deux permet de pallier la baisse des revenus, sans parler de développements ou de nouvelles productions, qui peuvent également compenser les pertes. Réalisé par CerFrance www.cerfrance.fr

Quels sont les leviers d’actions ? Pour le produit, une part du prix de vente est bien sous contrôle de l’exploitant. Cette année par exemple, le cours du blé était de 135 € par tonne à la récolte, il est monté à 178 €, les cours continuent de fluctuer. Si l’exploitant a vendu à 178 €, il a largement regagné ce que la diminution des primes lui a fait perdre. Pour un producteur de lait, les écarts de prix de vente, et le prix de base chez le même collecteur et la même campagne sont de plus de 40 à 50 € par tonne, soit 400 à 650 € par hectare selon le chargement. Là également c’est au-delà de la baisse des primes. Pour les charges, les différences d’une exploitation à l’autre sont importantes dans une même région et dans les mêmes productions : différences d’approvisionnements, de mécanisation... Les stratégies d’achats groupés, de sous-traitance ou de location des équipements peuvent être une des solutions pour maîtriser les charges.

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Portfolio

Il y a deux ans, les précédentes culturales Photos Jean-Marie Leclère et Antoine Jeandey

Petit regard dans le rétroviseur. C’était il y a deux ans, les Culturales étaient organisées dans l’Essonne. A cette occasion, pour la première fois, WikiAgri montrait sa présence physique dans un salon à travers un stand, une opération qui sera renouvelée cette année dans le Pas-de-Calais. Séquence nostalgie en quelques clichés… avant de passer à l’édition suivante !

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REFLEXIONS

Les efforts de communication de la coopération agricole L’organisation de la première Semaine de la coopération agricole rappelle à quel point le modèle coopératif est en phase avec l’air du temps et son poids dans l’agriculture et l’économie françaises est important.

L

a première Semaine de la coopération agricole a eu lieu du 6 au 14 juin derniers. Cette fête s’inscrit dans la volonté de la coopération agricole de mieux se faire connaître des Français. Durant cette semaine, 130 événements ont été organisés un peu partout en France avec des visites d’entreprises, des journées portes ouvertes ou découverte, des dégustations, des conférences, des forums-métiers, etc. Par ailleurs, le 11 juin ont été distingués les lauréats des premiers trophées des initiatives coopératives.

Ce fut l’occasion de rappeler à la fois les valeurs de la coopération agricole, et son poids dans l’agriculture et l’agroalimentaire français. De façon assez astucieuse, la coopération agricole met l’accent sur un certain nombre de valeurs du monde coopératif qui sont bien dans l’air du temps, car elles semblent répondre aux nombreuses critiques émises par les Français sur le mode de production agricole actuel, mais aussi sur le monde de l’entreprise, dont le succès récent du film La Loi du marché est le meilleur symbole.

Le succès croissant du modèle coopératif Ainsi que l’explique Philippe Mangin, le président de Coop de France, les agriculteurs sont « mobilisés avec leur coopérative pour «produire mieux» : origine des produits, préservation de l’environnement et sécurité sanitaire constituent le socle du modèle alimentaire coopératif ». Il définit également les coopératives comme des structures économiques « non délocalisables, non OPEAbles » en précisant que « dans une coopérative, ce sont les agriculteurs, les «paysans réunis» qui décident, pas des actionnaires anonymes ou des fonds de pension internationaux ». En résumé, « qualité alimentaire et citoyenneté économique : voilà l’identité du produit coopératif ». Au-delà du monde agricole, on s’aperçoit, en effet, que depuis quelques années le modèle coopératif, notamment autour des SCOP (sociétés coopératives et participatives, qui appartiennent à leurs salariés associés majoritaires), a le vent en poupe dans un contexte

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à la fois de crise – les salariés de plusieurs entreprises en difficultés se sont réunis en coopérative pour reprendre ces entreprises – et de critiques croissantes des entreprises du secteur privé.

Poids économique Cette Semaine de la coopération agricole est aussi l’occasion de rappeler son poids dans l’agriculture et, au-delà, dans l’économie française. Elle regroupe 2 750 entreprises, dont une très large majorité de TPE et de PME, 450 000 agriculteurs (3 agriculteurs sur 4 sont adhérents d’au moins une coopérative), et 160 000 salariés. C’est un chiffre d’affaires de 84,7 milliards d’euros en 2014 (ce qui la classerait au 5e ou au 6e rang des plus grandes entreprises françaises). La coopération représente 40 % de l’agroalimentaire français, mais aussi une marque alimentaire sur trois dans les grandes surfaces. Enfin, six coopératives françaises se classent parmi les 15 plus grands groupes agroalimentaires français : Tereos, Terrena, Sodiaal, Vivescia, Agrial, et Axéréal. Eddy Fougier


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