Wiki #28 - Quel avenir pour les molécules ?

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ÉDITO Quel avenir pour les molécules ?

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u départ, nous avions pensé intituler ce numéro « quelle sera la molécule de demain ? ». Et puis l’actualité est tellement prégnante que, même pour un magazine censé l’examiner avec du recul, la question posée, et donc la façon dont de traiter le sujet, a évolué. Ces dernières semaines, il n’a été question que d’oppositions, en tous genres, à propos du glyphosate. Mais au-delà, on sent bien que ce sont l’ensemble des produits phytosanitaires (c’est-à-dire, au sens littéral, de santé des plantes) qui sont mis sur la sellette. Il n’appartient pas à WikiAgri de trancher dans un tel débat, qui de toutes façons n’est pas le sien. Mais ce numéro apporte des éléments pour mieux comprendre les contextes professionnels agricole et agroindustriel. Eugénia Pommaret, à son poste de directrice générale de l’Uipp, est toute indiquée pour apporter des éléments de réponse aux questions sociétales, tout en donnant les précisions techniques. Notre journaliste Frédéric Hénin s’est également intéressé aux implications sur le terrain du retrait éventuel des molécules, auprès des utilisateurs, les agriculteurs. Les molécules sont utiles, à bien des niveaux différents, à condition que leur dangerosité éventuelle soit parfaitement identifiée et circonscrite afin de devenir acceptable aux yeux de la société. Les autorisations de mises sur le marché (AMM) font déjà l’objet de précautions draconiennes, qu’il faut expliquer. De même que les pratiques agricoles, pour le moins sécurisées, sous nos lattitudes en tout cas. Parler des molécules, c’est tout simplement poser la question de la santé des plantes... Antoine Jeandey rédacteur en chef de WikiAgri

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Sommaire WIKIAGRI N°28 / DÉCEMBRE 2017

Directeur de la publication Yannick Pagès Rédacteur en chef Antoine Jeandey

ÉDITO P.3

Ont participé à ce numéro Eddy Fougier Frédéric Hénin Raphaël Lecocq Richard Pizzol Céline Zambujo

CAMBON LUI SEMBLE P.6

THÉMA

Dessinateur Michel Cambon Photographe Jean-Marie Leclère Publicité Tél. 06 89 90 72 75 | pub@wikiagri.fr Responsable commerciale Anne Messines Tél. 06 08 84 48 02 Mail : anne.messines@wikiagri.fr

P. 7 à 13 – Grand témoin, interview d’Eugénia Pommaret, directrice générale de l’Uipp, union des industries de la protection des plantes P. 14 à 17 – Théma, quel avenir pour les molécules ?

Consultant Média Bernard Le Blond - Vision bleue Tél. 06 83 92 08 61

P. 18 à 21 – Retrait de produits phytosanitaires, les cultures d’oléo-protéagineux sur la sellette

Conception graphique et maquette Notre Studio www.notrestudio.fr

P. 22 – Zéro phyto, les solutions sans molécules

ISSN ISSN 2258-0964 Dépôt légal A parution

AGRONOMIE

P. 24 – Tournesol, Syngenta élargit le sourcing génétique en VTH linoléique

Service abonnements 20, rue Joliot Curie 38500 Voiron Tél : 04 76 93 58 91

P. 26 à 29 – Maïs grain, le marché se resserre

Abonnement annuel 35€ TTC (4 numéros) Prix au numéro : 10€

P. 30 à 34 – Fongicides, le T2, toujours pivot de la stratégie

Site internet www.wikiagri.fr Impression SAS Imprimerie Leonce Deprez Zone industrielle de Ruitz 62620 Ruitz Tirage 30 000 exemplaires (dont 27 000 expédiés)

MOTEUR

P. 36-37 – Les pulvérisateurs (presque) sous contrôle P. 38 – La régulation s’invite dans les buses P. 40-41 – L’Alaskan, un pick-up signé Renault

RÉFLEXIONS

Les magazines MAG

P. 42 – Les attentes sociétales décryptées

sont édités par la société DATA PRO SOLUTIONS, au service des agri-décideurs

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LE DESSIN

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Cambon lui semble

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GRAND TÉMOIN EUGÉNIA POMMARET

« Les entreprises visent un impact réduit sur l’environnement » L’actualité abondante sur le glyphosate renforce une nouvelle fois le désarroi des agriculteurs pour trouver des solutions de traitement acceptées par les Français. Ils sont à la fois confrontés aux exigences de compétitivité et d’efficacité qu’imposent les marchés et, à une pression sociétale, souvent disproportionnée, pour tout ce qui porte sur les questions environnementales, faute de capacités de discernement suffisantes.

Yves Samuel

REPÈRES Eugénia Pommaret est directrice générale de l’Union des Industries de la Protection des Plantes (UIPP). Ses domaines d’actions sont le pilotage de l’association professionnelle et de l’équipe de 10 permanents, la gestion du budget mais également la représentation du secteur phytosanitaire auprès des élus, des médias et de l’ensemble des parties prenantes. Titulaire d’un diplôme d’ingénieur agronome, elle a effectué l’intégralité de sa carrière professionnelle dans le monde agricole. Son parcours reflète son engagement pour une agriculture moderne et durable. Elle a ainsi été pendant 20 ans responsable du département « environnement » à la FNSEA avant de rejoindre l’UIPP. Dans son activité de communicante du secteur de la santé des plantes, Eugénia Pommaret utilise des sujets d’expertise très complémentaires et variés comme la phytopathologie, l’agronomie avec le management de la stratégie et les perspectives de développement de la santé des plantes en France et en Europe.

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ans un entretien accordé à Wikiagri, Eugénia Pommaret, directrice générale de l’UIPP (Union des industries de la protection des plantes), assure que les industries de la protection des plantes explorent toutes les pistes de recherche pour mettre au point des produits phytosanitaires et des modes d’action susceptibles d’améliorer le bilan écologique des pratiques agricoles. Les produits de bio-contrôle sont prometteurs mais les produits conventionnels restent indispensables. Or sans solutions alternatives, le retrait important de molécules actives du marché réduit considérablement les modes d’action des agriculteurs. Une agriculture « sans phyto », est-elle une perspective envisageable ? Eugénia Pommaret : Il n’y aura pas plus d’agriculture « sans produits phyto » qu’il n’y aura de société sans médicaments car il y aura toujours des plantes et des hommes, victimes d’épidémies et de ravageurs qu’il faudra soigner. Les produits de protection des

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« Il faut dix ans en moyenne entre la découverte en laboratoire d’une molécule et la vente d’un produit homologué après évaluations par les agences et essais aux champs. »

plantes ont permis d’augmenter considérablement la production agricole mondiale et de renforcer la sécurité alimentaire de la planète même si des populations sont encore victimes de malnutrition. Quelles sont les étapes avant la mise sur le marché d’un nouveau produit de protection des plantes ? E.P. : Il faut dix ans en moyenne entre la découverte en laboratoire d’une molécule et la vente d’un produit homologué après évaluations par les agences et essais aux champs. Une phase de dix ans incompressible compte tenu de l’ampleur des recherches à mener. Du reste, un règlement de la Commission européenne décrit précisément les étapes à suivre. Une fois la substance active évaluée, elle est inscrite ou réinscrite au Journal officiel européen, sous le contrôle de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa). Cette inscription doit être renouvelée tous les dix ans si la molécule est encore

commercialisée. Et il revient alors à chaque état de l’Union européenne d’évaluer les produits contenant cette molécule pour chacun des usages envisagés. En fait, cette évaluation est conduite par zone géographique. La France fait ainsi partie de la zone sud de l’Europe avec l’Italie et l’Espagne entre autres. Une fois les résultats connus, l’ensemble des pays suit en principe les conclusions de l’agence qui a évalué le produit pour la zone. Mais c’est au niveau des états que l’autorisation de la mise sur le marché est accordée. Et si l’un d’entre eux émet des restrictions quant à son emploi, il doit alors les justifier scientifiquement. Ce cas de figure se présente parfois en France où l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) propose parfois des règles non retenues par nos partenaires européens. Depuis quelques semaines, le glyphosate est ainsi l’objet d’un bras de fer entre le gouvernement français, les agriculteurs et la

Commission européenne. De quoi s’agit-il précisément ? E.P. : En l’occurrence, l’enjeu est la réinscription du glyphosate au niveau européen. Chaque Etat membre de l’Union européenne doit se positionner sur ce sujet mais la France a d’ores-et-déjà annoncé qu’elle ne votera pas la réinscription pour 10 ans. Si toutefois une majorité des Etats est favorable à cette réinscription, les entreprises françaises devront alors poser de nouveaux dossiers d’homologation à l’Anses qui aura alors un an pour se prononcer. Mais par la suite, la France pourrait aussi imposer de nouvelles contraintes d’utilisation du glyphosate, ce que nous ne souhaitons pas car cela reviendra peu ou prou à créer de nouvelles distorsions avec ses voisins européens aux dépens des agriculteurs français. Quelles sont les pistes de recherche pour mettre au point des nouveaux produits ? E.P. : Une des pistes de recherches est la mise sur le marché de produits de bio-contrôle qui doivent leur efficacité à leur action biologique sur les plantes cultivées. Il s’agit par exemple de mettre au point des pièges à phéromones pour attirer les insectes nuisibles aux cultures. Toujours en matière de bio-contrôle, la recherche porte aussi sur la formulation de nouveaux herbicides. On a ainsi découvert les propriétés de l’acide pélargonique, présent dans certaines espèces végétales, qui empêche le développement des adventices lorsqu’il est épandu dans les champs. Enfin, les chercheurs

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d’entreprises fondent beaucoup d’espoirs sur les microorganismes naturels spécifiques et sur leurs aptitudes à détruire des agents pathogènes qui sont actuellement testés. Dans tous les cas de figure, les entreprises disposent d’outils pour apprécier la toxicité des produits et leur mode d’action. Ils sont mieux ciblés avec un impact sur l’environnement très réduit. Résultat, les produits de protection des plantes seront toujours moins toxiques.

« Les produits de bio-contrôle ne représentent que 5 % des produits actuellement sur le marché. Ils font partie DR de la palette de solutions à la disposition des professionnels pour protéger leurs cultures. Mais se passer des produits conventionnels est inenvisageable. »

Le bio-contrôle est-il l’avenir des produits de protection des plantes ? E.P. : Qu’on ne s’y trompe pas, les produits de bio-contrôle ne représentent que 5 % des produits actuellement sur le marché. Ils font partie de la palette de solutions à la disposition des professionnels pour protéger leurs cultures. Mais se passer des produits conventionnels est inenvisageable. En effet, le marché des produits de protection des plantes restera encore pendant de nombreuses années dominé par ces produits dits conventionnels qui sont, d’année en année, de plus

en plus performants et de moins en moins nocifs. Par ailleurs, le bio-contrôle n’est pas toujours la technologie la plus simple à mettre en œuvre car le mécanisme repose sur des êtres vivants dont il importe de bien maîtriser leur biologie. Les industriels doivent vérifier en particulier si ces produits n’ont pas d’impacts sur l’environnement et s’ils n’attaquent pas les insectes

auxiliaires. Il faut souligner qu’entre la découverte des produits et la mise au point des produits de biocontrôle, la méthode imposée par le règlement européen est la même que pour les produits conventionnels. Il faut plusieurs années pour prouver leur efficacité et l’absence de toxicité avant de les commercialiser.

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Qui s’intéresse au bio-contrôle ? E.P. : Les adhérents de l’Uipp investissent chaque année 10 % de leur chiffre d’affaires mondial dans la recherche dont le bio-contrôle. La moitié d’entre eux s’y est engagée dès qu’il y a eu des possibilités d’innovations. C’est un domaine en pleine expansion grâce à des connaissances agronomiques et biologiques inconnues il y a encore 20 ans voire 10 ans. Même si la pression sociale encourage cette voie de recherche, rien n’aurait été possible sans une meilleure connaissance du vivant. Par exemple, l’action des micro-peptides, accélérateurs ou inhibiteurs de croissances dont on ignorait l’action. Parlons aussi de l’amélioration des plantes. L’interdiction des Ogm complique-t-elle la recherche ? Que peut-on attendre des plantes obtenues par mutagénèse ? E.P. : Les plantes obtenues par mutagénèse pour tolérer des herbicides par exemple, animent régulièrement le débat public. Les opposants aux Ogm de la première heure considèrent ces plantes comme des plantes génétiquement

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modifiées. Or il n’en est rien, comme l’ont souligné les scientifiques de la Haut conseil des biotechnologies dans un rapport sur les NBT (nouvelles bio-technologies). La mutagénèse est un phénomène naturel et aléatoire ou qui peut être dirigé. Dans leurs laboratoires, les chercheurs tentent simplement à accélérer le mécanisme pour rendre la sélection variétale plus rapide et plus ciblée. Ils souhaitent obtenir des plantes dotées de caractéristiques naturelles de défense toujours plus précises qui les rendent plus résistantes à des maladies par exemple. Aussi, la mutagénèse fait partie de la palette de solutions pour cultiver des plantes saines en utilisant moins de produits de protection des plantes. Cet axe de recherche est également investi par un une bonne partie des membres de l’Uipp. La concurrence mondiale est très rude sur ces biotechnologies de précision. Aucune voie ne doit être négligée pour découvrir de nouvelles solutions de santé des plantes et ces approches pluridisciplinaires en font partie. Et que proposent les adhérents de l’Uipp pour protéger les cultures bio ? E.P. : La moitié d’entre eux propose

dans leurs gammes de produits des solutions biologiques. Par ailleurs, le bio-contrôle est déjà adopté par les agriculteurs bio mais certains écologistes refusent l’utilisation de ces produits composés d’extraits de plantes sélectionnées par mutagénèse. Or dans la nature, ces plantes sont inexploitables car les substances recherchées sont très peu concentrées. En fait, nous sommes face au paradoxe suivant. Les agriculteurs bio utilisent par kilos les produits de lutte de protection des plantes autorisés quand l’agriculture conventionnelle a, à sa disposition, des produits de synthèse dosés en grammes ! L’agriculture biologique a besoin d’innovations avec des formulations qui réduisent les risques en complément de robots désherbants encore plus performants même si cela reste pour le moment limité à des petites surfaces. La France est-elle compétitive dans « la course à la molécule » de demain ? Existe-t-il une recherche propre au contexte francofrançais ? E.P. : Aucun industriel n’a dans son viseur que le marché français. Les

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« Les circuits courts nécessitent des solutions phytosanitaires spécifiques adaptées à l’évolution de ces débouchés. Il s’agit de solutions avec un outil d’aide à la décision et des seuils d’infestation qui serviraient d’indicateurs pour positionner le traitement. »

entreprises de la protection des plantes sont d’abord de dimension européenne. Mais il ne faut pas que la France bride la recherche par rapport aux voisins, sinon les entreprises vont s’installer ailleurs.Le bridage va à l’encontre de l’innovation et de l’emploi (5500 personnes réparties sur l’ensemble du territoire en France). Le nouveau projet Ecophyto 2 est structurant, mais ce qui n’est pas acceptable est l’interdiction en France de substances autorisées dans d’autres Etats européens. La procédure d’évaluation européenne s’impose à tous les pays. Seul, un Etat-membre ne peut pas prendre unilatéralement la décision de retirer une molécule de son marché. A moins qu’il soit en mesure de justifier scientifiquement son interdiction. La loi sur la biodiversité interdisant les néonicotinoïdes s’inscrit en cela en porte à faux avec la réglementation européenne. Notre pays aurait dû attendre la révision européenne avant de s’engager. Pour conclure, pouvez-vous citer une cible de la recherche actuelle pour la protection des plantes en lien avec nos évolutions sociétales ? E.P. : Beaucoup de projets restent dans les tiroirs car l’efficacité n’est pas au rendez-vous ou les prix des futurs produits commercialisés les rendraient inabordables. Dans le nouveau contexte présidentiel actuel (suite à l’élection d’Emmanuel Macron), les adhérents de l’Uipp espèrent avoir les moyens de trouver des produits de protection des plantes efficaces sans que leur mise au point ne soulève de nouvelles polémiques. La priorité est la compétitivité de l’agriculture et sa diversité mais également la sécurité sanitaire de nos aliments. La recherche devra être ciblée pour prendre en compte, par exemple, le développement des circuits courts. Ils nécessitent des solutions phytosanitaires spécifiques adaptées à l’évolution de ces débouchés. Il s’agit bien de solutions avec un outil d’aide à la décision et des seuils d’infestation qui serviraient d’indicateurs pour positionner le traitement. Propos recueillis par Frédéric Hénin

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THÉMA Un contexte compliqué pour tout ce qui touche à la chimie ou aux molécules

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e débat houleux sur les le glyphosate a montré combien le sujet déchaine les passions, en particulier au niveau des anti. La tendance sociétale est à la A.J. défiance vis-à-vis de tous les produits utilisés, souvent sans distinction entre leur dangerosité éventuelle réelle, les conditions d’utilisation (en France au moins) pour le moins sécurisées, et leur apport économique indéniable. Dans son interview pour WikiAgri accordée à Frédéric Hénin, Eugénia Pommaret, directrice générale de l’Uipp, évoque une comparaison entre les produits utilisés par les agriculteurs et les médicaments : il s’agit d’apporter un soin aux plantes pour assurer leur croissance face aux maladies. On peut même pousser plus loin ce parallèle : lorsqu’il y a des médicaments mis en cause, y a-t-il ne serait-ce qu’une voix pour réclamer le retrait de tous les médicaments sans distinction ? C’est pourtant ce qui se passe en agriculture. À tort ou à raison (ce n’est pas le débat ici), le glyphosate est contesté. Avec lui, toutes les molécules utilisées en agriculture sont montrées du doigt. Tandis que lorsque le Médiator a fait scandale, personne n’a demandé l’arrêt total des prescriptions médicamenteuses.

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Et pourtant, les autorisations de mises sur le marché (AMM) font l’objet de mesures draconiennes La comparaison avec les médicaments vient à l’esprit à bien des niveaux. En effet, de la même manière, l’homologation d’un produit est assortie de multiples précautions. Lorsque Eugénia Pommaret parle de 10 ans pour sortir un produit nouveau, cela inclut non seulement la recherche et les essais et les contrôles internes aux entreprises industrielles, mais aussi quantité de paperasses, d’obligations, de passages devant différentes instances qui chacunes possèdent leurs propres moyens de vérifications. Dans le numéro de 8 de WikiAgri Magazine daté de juillet 2013, Christophe Zugaj, responsable de la communication de De Sangosse, précisait à ce sujet : « La mise sur le marché de nouvelles solutions de protection des cultures nécessite en moyenne 10 ans de travaux de recherche et de développement, entre la découverte de la substance active et l’utilisation du produit commercial par l’agriculteur. Différentes étapes sont nécessaires à franchir : études toxicologiques,

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éco-toxicologiques, tests de laboratoires, essais sous serres et de plein champ, développement de formulations. L’investissement est très important pour les industriels, les réglementations de en plus drastiques évoluent sans cesse pour le bien du consommateur final et les utilisations sont strictement encadrées pour l’agriculteur. »

AMM, précisions sur les procédures d’octroi En recherchant les mos-clés « octroi AMM », on tombe sur une page du site internet du ministère de l’Agriculture très documentée, dont malheureusement les valeurs chiffrées n’ont pas été remises à jour depuis 2013. En revanche, les procédures n’ont globalement pas évolué depuis. On y apprend ainsi qu’il existe deux niveaux de demandes d’autorisations de mises sur le marché : national et européen, avec deux procédures distinctes. Lorsque la demande est nationale, l’Anses (agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) constitue le premier niveau de réception de cette demande, et elle effectue une évaluation. Puis la DGAL (direction générale de l’alimentation) 16

« Réaliser des esquisses revient à planter des graines pour faire pousser des tableaux. » Vincent Van Gogh est sollicitée, avec au passage les avis complémentaires de la DGS (direction générale de la santé), de la DGT (du travail), DGCCRF (de la concurrence, de la consiommation et de la répression des fraudes) et la DGPR (de la prévention des risques). La DGAL a la possibilité de demander des compléments d’informations à l’Anses, puis elle émet soit l’autorisation, soit une « intention de décision de modification ou de retrait ». Dans le cas de cette dernière, l’organisme émetteur (l’entreprise qui veut faire valider son produit) peut fournir des élements dans un recours. Enfin, la décision finale appartient à la DGAL. Concernant une autorisation européenne, il faut savoir qu’elle ne peut pas concerner toute l’Europe, puisque l’Union européenne a déterminé trois zones regroupant les Etats-membres où les conditions pédo-climatiques et agronomiques sont comparables. Ainsi, la France

se retrouve dans une zone « sud », en compagnie principalement de l’Italie et de l’Espagne, mais aussi de la Bulgarie, Chypre, la Grèce, Malte et le Portugal. Donc une homologation « européenne » venue de France ne peut concerner que ces pays. Concernant la procédure d’inscription des produits, elle ressemble à la nationale, sauf que l’EFSA (european food safety authority) y remplace notre Anses, et la Commission européenne notre DGAL. Cela vous parait complexe ? Pour ceux qui veulent inscrire un produit, ce que je vous expose là n’est que le commencement, la théorie. En pratique, bien des démarches complémentaires deviennent obligatoires. Un site internet peut aider à y voir plus clair, celui de l’Ephy (https://ephy.anses.fr). A. J. WIKIAGRI.FR


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Retrait de produits phytosanitaires, les cultures d’oléo-protéagineux sur la sellette La France ne se donne plus les moyens de réduire sa dépendance en protéines végétales. L’avenir des cultures d’oléo-protéagineux est en effet en sursis. Dépourvus de moyens efficaces pour traiter les féveroles contre les bruches, de plus en plus d’agriculteurs renoncent d’en cultiver. Récemment, de récentes mesures réglementaires rendent la culture du pois quasiment impossible. Et l’avenir n’augure rien de bon pour le colza. être employés mais ils ne sont pas homologués pour le lin, ils sont plus agressifs et, surtout, plus chers à l’achat. Enfin, il faudrait effectuer plusieurs passages pour supprimer les repousses. Outre le lin, c’est l’ensemble des cultures de printemps qui seront plus difficiles à conduire si l’utilisation du glyphosate est supprimée, défend Sébastien Windsor. Certes, les agriculteurs laboureront plus fréquemment leurs champs et ils emploieront d’autres produits phytosanitaires. Mais ces derniers seront moins efficaces, estime-t-il, ils seront utilisés en plus grandes quantités et surtout, ils seront plus nocifs pour l’environnement.

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> Sébastien Windsor, président de Terres Inovia.

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a tournure des événements inquiète Sébastien Windsor, agriculteur dans l’Eure où une partie de ses terres est cultivée en oléo-protéagineux. Sur 250 hectares, il cultive du blé, du maïs, de l’orge mais aussi des féveroles, du lin, des betteraves sucrières. Eleveurs de porcs, le lisier est épandu sur ses champs et les animaux sont nourris avec du tourteau colza. Pour WikiAgri, il fait part de son expérience de terrain mais aussi de

celle de président de Terres Inovia (1), institut technique de développement des cultures d’oléo-protéagineux. Sans l’épandage de glyphosate pour détruire les germinations des graines de lin, Sébastien Windsor aurait perdu plus de 50 000 €, soit le résultat de l’entreprise de l’année. Il est à la fois agriculteur et producteur de porcs naisseur-engraisseur à Vieux Manoir en Seine-Maritime. D’autres produits auraient pu

« En conséquence, le résultat obtenu sera aux antipodes des objectifs recherchés par le gouvernement et les écologistes, partisans de la suppression du glyphosate », affirme Sébastien Windsor. Le bilan carbone de ces cultures d’oléoprotéagineux sera même mauvais ! La suppression de matières actives est un sujet de société. Mais la France n’est pas les Etats-Unis. Les consommations de produits de protection des plantes, et de glyphosate en particulier, sont très faibles, comparées à celles observées Outre-Atlantique où les quantités WIKIAGRI.FR


> La féverole, abondante sur cette photo, devient non rentable avec les récentes interdictions.

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d’herbicides épandues chaque année sont astronomiques ( jusqu’à 6 litres de glyphosate par hectare).

Des agriculteurs déjà biens formés L’institut Terres Inovia (1), présidé par Sébastien Windsor, accompagne les agriculteurs pour limiter la consommation et l’impact des produits épandus sur leurs cultures d’oléo-protéagineux mais aussi pour les conseiller sur les gestes à adopter pour se protéger. Toutefois, en ayant quasiment tous passés un Certiphyto, les agriculteurs sont déjà bien formés sur tous ces sujets écologiques et environnementaux. Dans leurs champs, ils ont considérablement réduit les doses de produits phytosanitaires utilisées en utilisant des buses antidérives et en améliorant la qualité des pulvérisations. Mais leur travail n’est pas suffisamment reconnu, déplore Sébastien Windsor. Outre l’intérêt environnemental, il faut aussi souligner l’intérêt économique d’adopter de bonnes pratiques culturales. « Les ‘charges phytos’ sont aujourd’hui le premier poste de dépenses des agriculteurs, loin derrière l’engrais et les semences », rappelle l’agriculteur. Sinon, la suppression des substances dangereuses reste une priorité. Mais encore faut-il qu’il existe de nouveaux produits moins toxiques et au moins aussi

efficaces pour les remplacer... Or, en priorisant la baisse de la consommation de certains produits, voire leur suppression, comme le fait le gouvernement, s u r v i en n ent i m m a n qua bl em ent d’au t r e s p r o blèm e s e s qu i vés jusqu’alors. Et les agriculteurs sont par fois pris au dépourvu pour y faire face. Au printemps par exemple, le cycle de croissance des adventices rend à la fois le désherbage mécanique et la fixation de l’azote par les légumineuses plus difficiles. DR

La biodiversité menacée par la suppression de produits Pour lutter contre les insectes, Sébastien Windsor opte pour le curatif plutôt que le préventif afin de mieux cibler les traitements et de les rendre ainsi plus efficaces. Une meilleure connaissance de la biologie des plantes a permis de réévaluer le seuil de nuisibilité des insectes. Mais une telle approche exige un sens de l’observation très approfondi. Son exploitation de 250 hectares est un cas d’école en matière de biodiversité car l’agriculteur a fait le choix d’une rotation longue avec des cultures très variées. Une partie de la surface est implantée chaque année de féveroles butinées par les

abeilles, élevées pour produire du miel. Mais des insecticides efficaces pour lutter contre les bruches ont été retirés du marché si bien que les insectes colonisent les plantes et pondent des œufs dans les grains. En conséquence, la récolte de féveroles est déclassée et invendable lorsque les grains arrivent à maturité. À 200 € la tonne contre 350 € habituellement, la culture n’est plus rentable. Elle va disparaître de l’assolement de l’exploitation de Sébastien Windsor mais aussi de ses voisins. « En retirant du marché les insecticides efficaces contre les bruches, l’agriculture française n’a rien gagné, déplore Sébastien Windsor. Et il ne faut pas compter sur les fabricants de produits phytosanitaires pour homologuer d’autres produits. La démarche serait trop onéreuse compte tenu des faibles surfaces en jeu. »

Féverole et pois devenus non rentables après l’interdiction de leurs pesticides En conséquence, les pays producteurs de féveroles où le traitement contre les bruches est encore autorisé, ont récupéré nos parts de marché à l’export, vers l’Egypte notamment, à nos dépens.

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Dans la foulée, après la féverole, c’est la culture du pois qui est à ce jour menacée de disparition. Alors que la réforme de la Pac a été bâtie pour renforcer l’autonomie de la France et de ses élevages en protéines végétales, de récentes mesures s’inscrivent en totale contradiction avec les objectifs affichés depuis quelques mois. Elles aboutissent, au final, au recul irréversible des cultures de protéagineux. Ainsi, l’interdiction récente d’épandre des pesticides sur les surfaces d’intérêt écologique rend quasiment la culture de pois de printemps impossible. A moins d’opter pour le bio mais au prix de faibles rendements ! La généralisation du pois d’hiver plus résistant aux ravageurs et aux coups de chaleur serait une solution, mais au nord de la Loire, les conditions climatiques sont encore trop rudes pour envisager leur implantation à l’automne.

travaille sur l’association colza lentille pour limiter la fertilisation azotée afin de favoriser la croissance de la crucifère et pour détourner les altises, particulièrement attirées par les lentilles. Mais cette technique exige de trouver un juste équilibre entre les deux plantes. La lentille doit geler l’hiver pour ne pas envahir le colza au printemps. Et c’est en se décomposant que l’azote organique de la plante, capté sous forme atmosphérique, profitera à la croissance du colza. Mais en SeineDR Maritime, cette association de plantes est exclue car les températures hivernales ne sont pas suffisamment froides. L’implantation de ces deux plantes exige aussi une adaptation du parc matériel.

Les voies de la recherche très prometteuses

Recherches d’alternatives agronomiques

Pour lutter contre les ravages causés par les méligèthes sur les fleurs de colza, Terres Inovia propose de mélanger, au moment du semis, 5 % de graines de variété précoce pour que les insectes détruisent leurs fleurs et épargnent les plantes plus tardives.

Expérimentalement, les pistes de travail de Terres Inovia pour trouver des alternatives aux produits de protections des plantes et pour réduire les apports d’azote sont nombreuses, rapporte Sébastien Windsor. Par exemple, l’institut

L’exploitation de Sébastien Windsor est aussi son propre champ d’expérimentation. Pour semer son colza, il emploie son semoir à betteraves pour ne désherber chimiquement que les rangs puisqu’en semant, il les bine

entre. Mais des précipitations trop importantes peuvent rendre ce mode de désherbage inefficace. À Terres Inovia, une autre voie de recherche prometteuse est la sélection des plantes par métagénèses pour rendre la sélection variétale, de toutes les plantes cultivées, plus rapide et plus ciblée. L’objectif recherché est l’obtention de plantes dotées de caractéristiques naturelles qui les rendent moins sensibles à des maladies par exemple. Les gènes de résistance des plantes sont repérés et marqués pour être réintroduits dans les plantes qui intéressent les chercheurs, sans prendre le risque de perdre leurs caractéristiques si la sélection se faisait par croissement naturel. Si cette technique de sélection devait être interdite, de serait un pan entier de la recherche variétale qui serait privé de solutions alternatives aux produits de protection des plantes. On irait alors encore à l’encontre du défi environnemental recherché. Si bien que lorsque les opposants à ce mode de sélection détruisent des parcelles d’essais, ils anéantissent des années de travail de recherche sans apporter évidement de solutions alternatives viables. Frédéric Hénin (1) Créé en 1957, Terres Inovia (ex-Cetiom), l’institut technique de référence des professionnels de la filière des huiles et protéines végétales et de la filière chanvre, fête cette année ses 60 ans. Sébastien Windsor préside l’institut depuis 2016. Sinon, il est président de la chambre d’agriculture de Seine maritime, vice-président de la Fop et membre du bureau de l’Apca.

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> Le colza est-il menacé par les interdictions successives de produits phytosanitaires ?

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QUEL AVENIR POUR LES MOLÉCULES ?

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Zéro phyto, les solutions sans molécules Les solutions alternatives à l’utilisation de produits de protection des plantes ont toujours existé. Certaines reposent sur des connaissances en biologie connues depuis très longtemps. D’autres constituent de nouvelles pistes de recherche. En voici un inventaire, dressé à l’aide de Philippe Gate, directeur scientifique à Arvalis. à des technologies de recherche très avancées. Par exemple, la lutte biologique utilise des êtres vivants qui s’attaquent aux prédateurs. Depuis des années, des trichogrammes sont ainsi lâchés pour dévorer les larves de la pyrale du maïs sur la moitié des surfaces cultivées. Des produits naturels sont employés pour ralentir la croissance des adventices et pour traiter les plantes cultivées. Des huiles à base de menthe aspergées sur les pommes de terre lors des opérations de tri et de stockage empêchent leur germination.

Nicole Cornec

> Philippe Gate, directeur scientifique à Arvalis.

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e travail du sol (le labour, le hersage) et la pratique des faux semis atténuent la pousse des adventices et réduit par conséquent l’emploi d’herbicides. Depuis quelques années, des robots désherbants inter-rangs renforcent l’efficacité de cette pratique culturale ancestrale. Depuis 2014, le plan Ecophyto 2 a relancé la recherche sur la mise au point de méthodes alternatives à l’emploi de produits phytosanitaires. Certaines solutions remettent au goût du jour des pratiques, d’autres sont le résultat d’années de recherche sur la biologie des plantes, des ravageurs et des insectes. Elles font alors appel

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Belloukha, extrait de l’essence de pélargonium, est un produit de bio-contrôle à effet désherbant non sélectif, défanant et dessicant. Vacciplant, produit par Goëmar, stimule la résistance des céréales contre les maladies. Il repousse ainsi le seuil de nuisibilité des pathogènes. Ce produit naturel a une action fongicide mais il permet de réduire leur utilisation. Les propriétés allopathiques des plantes inhibent la croissance des adventices en diffusant des substances chimiques. Le colza ou encore le noyer se protègent ainsi de la propagation des végétaux qui nuisent à leur croissance. La biofimugation, la technique culturale qui vise à broyer des plantes cultivées pour leur fort pouvoir allopathique, facilite la diffusion dans le sol de ces substances qui inhibent la germination des graines. Une voie de recherche d’avenir est l’extraction puis l’emploi de

molécules issues de levures, de bactéries, de champignons qui ont des effets à l’égard des bioagresseurs. La recherche sur les systèmes de défense des plantes est aussi prometteuse. Elle vise à isoler les molécules qui stimulent l’immunité des plantes. Une fois leur fonctionnement et leurs modes d’action connus, ces molécules seront diffusées pour activer les défenses naturelles des cultures. Par exemple, l’éthylène est souvent émis par les plantes lorsqu’elles sont soumises à un stress. Des parfums naturels issus de plantes modifient le comportement des insectes. Ainsi, des plantes émettant ces substances ou des pulvérisations détournent les agresseurs vers des plantes pièges. Des composés naturels détournent ainsi les bruches dans les cultures de féveroles. Un autre mécanisme pour piéger les insectes, l’utilisation de capteurs. Les insectes peuvent aussi bien détecter, avec leurs antennes, la nourriture, un partenaire ou être piégés en émettant des ondes particulières. À l’avenir, une meilleure connaissance des interactions entre les génomes des plantes et ceux des micro-organismes contenus dans les sols permettra de renforcer les capacités de tolérance aux agresseurs, et d’identifier par milieux, les modes production les mieux adaptés. Frédéric Hénin WIKIAGRI.FR


TOURNESOL

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Faire d’une pierre deux coups Utiliser une culture de tournesol pour gérer à moyen terme la pression adventice, l’idée fait aujourd’hui son chemin. Car en continuant à désherber en pré-levée sans écouter les séduisantes sirènes du désherbage de post, on peut agir doublement.

Adama

> Racer®ME est également une solution reconnue comme utile dans la lutte ambroisie. Des essais réalisés par Adama montre une forte présence d’ambroisie dans le témoin (à gauche) comparativement à une stratégie Racer® 3 litres puis Antidicot à dose homologuée à 2-4 feuilles (au centre), face à une solution de post sans pré-levée (à droite).

A

ujourd’hui, la base de la protection herbicide sur tournesol a la chance de pouvoir s’appuyer sur quatre molécules majeures : Flurochloridone (Racer Me), S-métolachlor (Mercantor Gold), Aclonifen (Challenge, Nickel, Karmin 600) et Pendiméthaline (Atic aqua, Pentium, Prowl 400). Celles-ci permettent aux agriculteurs d’alterner à la fois les familles chimiques et les modes d’actions et donc, de préserver la durabilité de ces solutions dans le temps. Face à l’accélération des apparitions d’adventices résistantes depuis une quinzaine d’années, en particulier à la famille des inhibiteurs d’ALS, il ne faut plus concevoir la lutte contre les mauvaises herbes culture par culture, mais bien de façon globale en appréhendant l’ensemble de la rotation. Ce faisant, des solutions efficaces sur une culture de printemps, comme le tournesol, peuvent avoir un effet notable sur la céréale suivante et casser ainsi le rythme des graminées et dicotylédones hivernales. Or, il se trouve que plusieurs adventices résistantes sont présentes dans la rotation ‘tournesol’ : ray-grass, folle avoine, sétaire, panic, digitaire, coquelicot, matricaire, laiteron… pour ne citer qu’elles. Face à ces problèmes de résistance, le conseil technique recommande aujourd’hui de conserver sur des bases de prélevée afin de mieux gérer la flore à risque. « Notre herbicide Racer® ME est connu pour son efficacité et contrôle la majorité des dicotylédones présentes sur le tournesol ; il est aujourd’hui leader sur son marché (près de 190 000 ha en 2017, ndlr) tout en s’accordant bien avec les trois autres

Adama

solutions disponibles avec lesquelles il se mélange. Cela permet d’alterner les familles chimiques et les modes d’action dans un souci de préservation des solutions présentes sur le marché », commente Jean-François Barot, chef marché herbicides chez Adama.

Racer® efficace sur adventices résistantes aux inhibiteurs Ces derniers mois, la société a rassemblé les données de 68 essais réalisés en France, Grèce et Espagne sur tournesol entre 2002 et 2012. Objectif ? Affiner le spectre d’action de Racer® ME et préciser l’efficacité de cette solution de prélevée à mode d’action racinaire sur dix des douze adventices résistantes rencontrées aujourd’hui en France. « Avec un programme Racer en prélevée, on lutte contre une dizaine d’adventices résistantes aux ALS, avec, dans le détail, une très bonne efficacité contre sept d’entre elles, une efficacité moyenne pour deux (Ray Grass, ambroisie) tandis que la solution

Adama

décroche pour les deux dernières (digitaire, folle avoine) », résume JeanFrançois Barot (voir tableau). « En appliquant une stratégie connue et qui a fait les preuves de son efficacité, on gère non seulement les adventices majeures sur tournesol, mais on réduit aussi le stock semencier pour la culture suivante. Cette stratégie est d’une part un moyen de préserver le capital propreté de ces parcelles et d’autre part, est une solution de gestion des résistances sur les graminées et les dicotylédones. » En clair, cela offre la possibilité d’utiliser d’autres modes d’action que les solutions inhibiteurs des ALS sur une culture où ce mode d’action est rarement indispensable. Racer® ME en pré-levée est une solution qui facilite le positionnement des produits de post levée utilisés sur variétés tolérantes, améliorant ainsi l’efficacité du programme de désherbage (exemple de la lutte contre l’ambroisie.) Céline Zambujo

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AGRONOMIE

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Tournesol, Syngenta élargit le sourcing génétique en VTH linoléique Les bonnes conditions de la campagne 2017 remettent la culture de tournesol sur le devant de la scène. Après deux années difficiles, cette configuration positive trouve écho dans les annonces de lancements d’innovation faites par Syngenta pour la prochaine campagne : la société propose désormais une gamme variétale complète sur l’ensemble des créneaux et sur toutes les technologies VTH.

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uf ! Depuis trois ans, jamais le tournesol n’avait été dans de si bonnes dispositions. Après deux campagnes « très moroses, notamment au niveau agronomique car c’est une culture très climato-dépendante car plus de 94 % de l’assolement est non-irrigué », reconnait Sylvain Lascabette, chef produit chez Syngenta, le potentiel de rendement retrouve des couleurs. Raison(s) de cette embellie ? De bonnes conditions d’implantation, de bons démarrages « avec très peu de re-semis » permettant de limiter les dégâts d’oiseaux, et des conditions climatiques favorables sur les premières phases de développement : « La culture était suffisamment avancée pour supporter le déficit hydrique de juin ». Hormis dans le Sud-Est, l’eau tombée autour de la floraison a favorisé la programmation (nombre de grains) et les réserves hydriques ont été suffisantes pour passer la période post-floraison. Début octobre, la production française s’annonçait autour de 2,4 millions de tonnes, contre 2,1 en 2016 et 1,9 en 2015. « Beaucoup d’agriculteurs ont même réalisé des potentiels à plus de 3 tonnes sur la culture, retrouvant un intérêt économique à cette culture », résume le chef marché, 24

reconnaissant toutefois « quelques vents contraires », et notamment les cours. « Le mix rendement et prix payé devrait positionner le tournesol assez favorablement pour la campagne 2018. » Mais cette culture de printemps devrait aussi rester une variable d’ajustement, avec des emblavements liés à la sole céréalière mise en place cet automne.

Du nouveau sur les VTH Chez Syngenta, on se réjouitA.J. de ces feux au vert car la société est désormais en mesure de proposer une gamme variétale complète sur l’ensemble des créneaux et pour tous les bassins de production, y compris pour les variétés VTH (variété tolérante aux herbicides) avec une orientation à la fois sur les technologies Sulfonyl-urées et Cleafield. « En tant que sélectionneurs, nous nous devons d’être sur tous les fronts. En 2018, nous alimentons ainsi la gamme oléique standard, avec notre nouveauté SY Illico, qui présente un haut niveau de rendement et de sécurisation récolte. » Compte tenu de sa précocité, cette variété recommandée pour la meunerie s’adresse plus spécifiquement au Nord de la France. Toujours en

oléique conventionnel, mais cette fois pour les régions Poitou-Charentes et Midi-Pyrénées, Syngenta met en avant deux variétés semi-précoces : SY Duomo et SY Rialto. Leurs atouts ? Leur potentiel sanitaire (mildiou, phomopsis et verticillium) et leur intérêt dans le cadre de rotation courte. Mais la grande nouveauté pour Syngenta concerne les lancements sur le segment des Sulfonyl-urées en VTH linoléique : Subaro HTS (inscription 2017 pour Midi-Pyrénées) et Sumiko HTS (nouveautés pour les semis 2018 dédiée aux régions Centre et Poitou-Charentes). Cette arrivée de Syngenta sur le segment permet ainsi aux agriculteurs d’élargir le sourcing génétique actuellement proposé sur le marché. « Ces variétés proposent également un package maladie intéressant, notamment vis-à-vis de la tolérante au mildiou et l’orobranche », conclut le chef marché. À noter également sur le marché oléique Clearfield, l’arrivée de SY Experto, une nouveauté pour les semis 2018, tolérante aux 9 races de mildiou actuellement reconnues et présentant un très haut potentiel de rendement grain, qui vient soutenir SY Talento, numéro 1 en France sur ce segment. Céline Zambujo WIKIAGRI.FR


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AGRONOMIE

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Maïs grain, le marché se resserre Avec une perte de 400 000 hectares en 3 ans, le marché du maïs grain a connu des jours meilleurs, surtout que cette tendance ne devrait pas s’infléchir en 2018 du fait de stocks toujours importants. Face à ce marché, les semenciers continuent pourtant à investir dans leur génétique pour proposer de nouvelles variétés sur toutes les précocités, mais aussi dans les outils d’aide à la décision, pour affiner le conseil.

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e marché maïs grains est en décroissance depuis plusieurs années et les premiers échos de la campagne 2017 confirment cette tendance. « On estime la perte autour de 5 %, soit environ 1,35 millions d’hectares avec de grosses disparités selon les régions », commente Marion Bass, chef produit « maïs grain France Belgique » chez Dekalb. Le nord a été fortement impacté sur les

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créneaux très précoce (- 10 % environ), la stabilité voire une légère baisse est de mise sur le grand bassin Est, dans le Centre la baisse est modérée, et elle est très forte dans la grande région Sud-Ouest avec une perte comprise en - 6 et - 8 %. « La dynamique est négative depuis 4 ans avec en parallèle le développement de cultures industriels et le remplacement par le soja, le tournesol ou le blé

en cultures irriguées », poursuit Marion Bass. Dans les faits, le marché a perdu 400 000 hectares en 3 ans, « avec une baisse sur toutes les précocités et notamment les très précoces, précoces et semiprécoces », reprend Jean-Philippe Cochet, responsable marketing chez KWS. « On est quasiment au plus bas depuis 2005. » En cause

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notamment, les stocks mondiaux qui pèsent sur les cours, sans parler des prix du marché : « A 150 € la tonne, la rentabilité n’est pas là. Les agriculteurs se tournent vers d’autres cultures plus attractives, comme la pomme de terre ou la betterave dans le Nord. Les irrigants tenaient encore avec des frais de mécanisation un peu moindres et une structuration d’exploitation dédiée pour faire du maïs grain. Mais maintenant, même sous pivot, on commence à voir de l’orge de printemps ou du blé dur. Compte tenu de ces facteurs, la tendance ne devrait pas s’inverser en 2018, sauf accident climatique », poursuit le spécialiste de KWS. Les feux resteraient donc au rouge pour la prochaine campagne, d’autant que l’Amérique du sud et le Brésil annoncent des productions record et que celles des Etats-Unis, de la Russie ou de l’Ukraine restent conséquentes. « On aura encore 150 à 200 millions de tonnes de stock. Pour que le marché reparte à la hausse, il faut qu’ils baissent notablement. A noter toutefois que le soja redevient plus rentable, ce qui pourrait réduire les emblavements brésiliens à venir », complète Jean-Philippe Cochet. Plus optimiste, Laurent Druesne, chef de marché « hybride France » chez RAGT, s’attend davantage à un assolement stable en 2018 : « On prévoit en effet d’avoir une hausse des cultures industrielles – betterave, pomme de terre et haricot – dans le Nord, mais ailleurs, les assolements de féveroles et protéagineux pourraient baisser. La sole maïs grain devrait rester stable. La seule interrogation à lever sera en zone irriguée la présence ou non de restriction d’irrigation dès février qui pourrait changer la donne. »

Des outils d’aide à la décision en développement chez Dekalb Dans ce contexte, les sociétés continuent à miser sur leurs atouts respectifs. La sélection par l’innovation génétique reste évidemment le pilier des entreprises qui poursuivent leurs investissements en R&D.

Ainsi chez Dekalb, choix a été fait de « continuer à renforcer le pilier performance des hybrides en s’appuyant pour cela sur Dekalb Smart, lancé pour la campagne 2018 » détaille Marion Bass. Cet outil innovant est en réalité constitué de deux solutions : Dekalb Smart densité semis et Dekalb Smart irrigation. Le premier vise à optimiser les densités de semis optimales en fonction du type de sol, du potentiel de rendement de la parcelle et de l’indice de maturité souhaité. « Cette solution donne pour chaque parcelle la densité optimale, et fournit des cartes de préconisation avec des densités moins denses là où les conditions sont limitantes, plus denses à l’inverse. » Quant à Dekalb Smart irrigation, il s’appuie sur la météo, les caractéristiques de la parcelle et l’imagerie satellitaire. « Cet outil digital est en phase de développement et d’acquisition de données. Il fournit un suivi quotidien de l’utilisation de l’eau et le statut hydrique de la plante afin d’optimiser le potentiel de rendement. L’agriculteur dispose alors d’un conseil pour mieux son irrigation sur chaque parcelle », détaille Marion Bass. Dekalb travaille depuis trois ans à la constitution d’une base de données et dispose désormais de plus de 1000 données par hybrides acquises sur plus de 700 hectares grâce à la technologie de récolte géospatiale. Pour la campagne 2018, Dekalb va également mettre en avant trois hybrides maïs grain : DKC4069, un hybride demi-précoce (groupe C1) qui présente « un excellent profil agronomique et très bonne qualité sanitaire de la tige et de l’épi, de très hautes performances de rendement ». Cet hybride affiche des caractéristiques « très stable en toutes situation comme l’indique son label DK optim’eau » et il apporte de la souplesse vis-à-vis de la densité (ne pas hésiter à monter la densité de semis dans les parcelles à haut potentiel de rendement). Dans le groupe D, la société va mettre en avant l’hybride demi-tardif DKC5065 qui présente une « très bonne vigueur au départ, avec un développement et couverture du sol rapides ». A noter également son profil sanitaire et sa qualité du grain. « Cet hybride, qui offre

un très bon potentiel de rendement dans toutes les situations, valorisera particulièrement les plus hauts potentiels, avec une bonne tolérance au stress hydrique. » Enfin, dans le segment tardif à très tardif, la nouveauté DKC6050 se caractérise par une plante de taille courte (hybride trapu) avec une insertion d’épis basse et très régulière, une bonne tenue de tige et une bonne tolérance au stress hydrique. « Il affiche un PMG (Ndlr : poids mille grains) parmi les plus élevés de la gamme et constitue ainsi une réponse aux conduites en haute densité. » Attention toutefois de bien le réserver pour les semis précoces et pour les zones « où les sommes de température sont suffisantes » conclut Marion Bass.

RAGT lance Stressless, une gamme dédiée au Sud-Ouest Au-delà de ces variétés, RAGT va surtout faire monter en puissance une gamme sur laquelle elle travaille depuis plus de trois ans, dédiée au Sud-Ouest : la gamme maïs Stressless H2O précoce (comprenant Lipexx, Conexxion et Xxavi). « Nous proposons désormais une nouvelle version Stressless précoce pour le SudOuest. En Midi-Pyrénées, en culture non irriguée, la rotation céréales à paille/tournesol est trop courte pour rester durable. Le maïs grain non irrigué est une solution pour allonger la rotation et dégager de la rentabilité. Face à la baisse de rentabilité du tournesol, nous mettons en avant cette gamme pour des semis précoces de fin février/début mars, d’indice 150 à 200, capable d’encaisser les à-coups climatiques de juillet, avec un objectif de rendement de 80 à 90 quintaux, le tout sans avoir à changer de semoir ou de barre de coup », détaille Laurent Druesne, chef de marché « hybride France » chez RAGT.

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AGRONOMIE

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Nouveautés sur tous les segments chez RAGT Cette année encore, RAGT va lancer des nouveautés sur tous les segments de précocité, depuis les indices 210 au 600. « Sur le marché A, très précoce, où il y a peu de renouvellement génétique, nous lançons Metroplolix x, une nouveauté d’indice 230, pour le Nord et la Normandie », commente Laurent Druesne. Ses atouts ? Potentiel et résistance à la verse pour cette nouveauté typé grain. Sur le segment B, RAGT va renforcer Lipex x, variété dentée inscrite en 2016 de la gamme StressLess (lire l’encadré), mais surtout lancer Attrax xion, un corné-denté à floraison précoce pour lequel la société met en avant « son potentiel et sa régularité ». Sur le segment C1, RAGT lance trois nouveautés dont Volodia typé grain, court, trapue, complémentaire à Connex xion qui s’appuie sur une régularité de

production horlogère depuis trois ans dans les essais Arvalis (102104%). Sur le C2, la société va continuer à pousser la variété RGT Prefix x lancée l’an dernier mais surtout lancer Edonia, un typé grain denté, trapu et tablé, répondant « aux contraintes climatiques » note Laurent Druesne. Sur les segments D et E, RAGT va mettre en avant deux variétés lancées en 2016 – Refelx xion, qui apporte « un potentiel de rendement élevé et une sécurité maladie » ; et Mexini, typé grain trapu « qui fonctionne avec de nombreuses couronnes et présente un gros potentiel » et lancer une nouveauté sur ce segment E : Distinx xion, résistante à la verse.

pour lequel nous avons développé d’importants moyens. Tous nos sacs de semences seront floqués d’un QR-code qu’il suffira de scanner pour accéder aux fiches techniques et conseils agronomiques demandés par l’agriculteur pour qu’il puisse tirer profit de ses conditions de production. On y accèdera également grâce au numéro de lot. Notre objectif est qu’elle soit opérationnelle dès février sur tournesol, maïs et colza, et sur céréales dans un second temps », conclut Laurent Druesne. Céline Zambujo

Enfin, RAGT lance d’ici la fin de l’année son application « couteau suisse » : My RAGT, une application gratuite multi-espèce qui rassemblera en un seul clic toutes les applications développées par la société au service des agriculteurs, sur toutes les espèces qu’elle travaille. « C’est un outil

L Génétique et vulgarisation chez KWS KWS est historiquement très présent sur les précocités « très précoce » et « précoce » avec une recherche plus récente (environ 15 ans) sur le C1 (demi-précoce). « Notre particularité est que notre recherche est 100 % française car nous n’avons aucune lignée en provenance des Etats-Unis. Cela nous oblige à faire autrement et nous axons nos travaux sur la dessiccation du grain, en particulier pour le créneau denté avec une recherche de vigueur au départ et de bonne capacité germinative », explique Jean-Philippe Cochet, responsable marketing chez KWS. Pour la prochaine campagne, l’entreprise s’inscrit sur le créneau précoce denté ainsi qu’en C1, avec des variétés assez productive d’indice 300-320 à bonne dessiccation, ainsi que sa gamme KWS-UP (pour « ultra précoce ») en maïs fourrage notamment, avec

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des indices inférieurs à 200 ; cette nouvelle gamme est issue d’un programme de sélection des pays du Nord de l’Europe, testés et validés en France. « En culture dérobée, les hybrides KWSUP seront une solution d’opportunité à condition que les cumuls thermiques disponibles puissent couvrir leur cycle végétatif et ainsi permettre leur utilisation », note le responsable. Pour la prochaine campagne, KWS va également faire un travail de vulgarisation à destination des agriculteurs en mettant à leur disposition, « l’ABC du maïs », ouvrage de synthèse sur la conduite d’une culture de maïs. « Ce guide pratique, en vente sur notre site, sera mis à disposition des agriculteurs via nos distributeurs. »

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Fongicides, le T2, toujours pivot de la stratégie Des conditions sèches, une pression en baisse. La dernière campagne de fongicides sur blé a sans doute été moins compliquée que la précédente, mais pas forcément moins technique. Quant à la prochaine, elle voit l’arrivée de nouvelles options pour les agriculteurs.

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ertes, l’année 2017 a été bien moins chahutée au niveau climatique au printemps que 2016, marquée par d’importantes pluies sur la fin de printemps. Contrairement à 2016 où les agriculteurs avaient globalement cour u après la maladie, 2017 se démarque par une pression maladie modérée et tardive, en particulier sur blé. Résultats : les traitements 30

T0 et T1 ont été retardés, voire supprimés, tandis que la faible pression maladie en fin de période de protection permettait de réduire les investissements sur le troisième traitement à épiaisonfloraison. La stratégie s’est donc concentrée sur les traitements T2 (der nière feuille) réalisés normalement, alors que les traitements T1 et

T3 ont significativement baissé. Au final, l’intensité de traitement est en baisse de 17 % par rapport à l’an passé, plus proche des deux traitements par an que des 2,5. Cette tendance se retrouve au niveau des familles de produits, avec une stabilité des SDHI, alors que l’utilisation des triazoles chute de plus de 20 %. Enfin, la baisse du marché est davantage marquée sur blé que sur orge. WIKIAGRI.FR


Ne pas sous-estimer l’importance du T1 Anne-Sophie Le Gal-Laurent, chef produit chez Syngenta livre des éléments de contexte et ses impressions sur la stratégie à adopter sur les fongicides. « Les conditions sèches de l’année 2017 et le coup de chaud qui a suivi ont fait que les rendements n’ont pas pu s’exprimer et que les plantes se sont bloquées. Après l’année difficile 2016 et des trésoreries tendues, les agriculteurs ont concentré les interventions fongicides sur le T2, d’autant plus avec la pression moindre constatée sur le terrain. Mais a posteriori, on se rend compte que le T1 a contribué à préserver les rendements dans une proportion notable pour ceux qui ont fait le choix d’intervenir. Le T2 est l’élément clé de la protection et de la constitution du rendement et le pilier majeur de la protection fongicide céréales, mais le T1 est à ne pas sous-estimer et il faut pour cela une approche adaptée. C’est pourquoi, pour cette campagne, nous allons poursuivre la mise en place de notre outil d’aide à la décision Avisio pour piloter la protection de la culture du blé tendre d’hiver à la parcelle grâce à une analyse en ligne du risque maladie en fonction de la parcelle et du climat, avec un déclenchement d’alertes lors de dépassement de seuils. Dans un premier temps, cet outil est plutôt positionné sur le T1, mais, demain, il le

Pour autant, malgré cette pression faible à moyenne constatée cette année, la technicité et le bon positionnement des interventions font gagner des quintaux : une enquête réalisée par BASF montre en effet que le positionnement optimal permet de dégager un gain de 5,4 quintaux par hectare, malgré donc une nuisibilité relativement faible, évaluée autour de 15 % cette année par Arvalis. A noter que la septoriose reste la maladie la plus fréquemment rencontrée sur blé tendre et, avec 17 q/ ha de nuisibilité moyenne à l’échelle du territoire sur les dix dernières années.

L

sera sur le T2. La stratégie fongicide doit s’appuyer à nos yeux sur deux piliers : tout d’abord, traiter quand la maladie est là en justifiant la pertinence du traitement afin de ne pas entrer dans un cycle de traitements systématiques ; ensuite, appliquer les solutions le plus tôt possible dans le cycle de développement afin de moins intervenir en curatif et de préserver ainsi les matières actives dans un contexte de montée des résistances. Enfin, Syngenta va faire monter en puissance un message d’accompagnement développé autour de la démarche de « protection fongicide responsable », fondée sur 5 piliers : 1/ Intervenir tôt dans le cycle de développement des maladies pour réduire les interventions curatives. 2/ Un chlorothalonil par hectare et par an. 3/ Un cyprodinil par hectare et par an. 4/ Alterner les triazoles et ne surtout pas les positionner au T1 et au T2. 5/ Un SDHI par hectare et par an. Ces cinq axes englobent l’ensemble de la gamme tout en pérennisant l’efficacité des fongicides avec un gain de rendement immédiat. Cette démarche vise à préserver les solutions car il est de plus en plus difficile d’homologuer des matières actives, il faut donc les préserver. »

Dans l’élaboration des programmes, ils vont pouvoir s’appuyer sur des nouvelles solutions apparues ces derniers mois. Chez BASF, la priorité du programme va au T2 avec les produits de la gamme Xemium® qui s’étoffe de nouvelles offres avec Priaxor® EC (Xemium® + F500) + Relmer® Pro (metconazole BASF à 90 g/L) et Imtrex® + Osiris® Win. Mais l’information de l’année est la commercialisation d’un produit de biocontrôle, associant Juventus®

(metconazole BASF) au soufre DF pour le T1 (1er traitement fongicide) contre septoriose, rouilles et oïdium. « Les résultats de l’association de 0,7 l/ha de Juventus® et d’environ 2000 g/ha de soufre DF BASF sont au niveau des meilleures associations de T1 avec triazoles et chlorothalonil. La spécialité à base de soufre DF BASF réservée aux céréales est en cours d’homologation et sera

Mais, sur orge, l’helminthosporiose, moins présente ces dernières années, fait son retour ce qui ne sera pas sans conséquence sur les programmes à venir qui vont devoir intégrer, au-delà d’un bon SDHI, une strobilurine efficace pour la campagne 2017/2018.

Nouvelles options Pour cette campagne, les agriculteurs vont, comme l’an passé, devoir construire leur stratégie fongicides autour du traitement pivot (au stade « dernière feuille étalée » juste avant la sortie de l’épi). L’année devrait également continuer à conforter les SDHI dans le cadre d’un programme à deux ou trois traitements.

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proposée avec Juventus® dans le cadre de packs pratiques et faciles d’utilisation pour les agriculteurs, dans un souci d’efficacité et d’intégration dans des programmes raisonnés, le tout avec une réelle compétitivité économique » souligne la firme. Cette nouveauté en amènera prochainement d’autre car la BASF et Sumitomo Chemical ont signé l’été dernier un accord de coopération en vue de la mise au point d’un nouveau fongicide. Des demandes d’homologation seront effectuées sur les principaux marchés à compter de 2018 dans le monde entier. Enfin, BASF va déployer cette campagne son OAD ‘Atlas maladies du blé’ – disponible sur tous supports mobiles via un site web dédié, www.mon-conseilagro.fr (accès sécurisé) – pour optimiser les traitements et l’étendre prochainement sur blé dur et orge.

si la fenêtre d’intervention peut être plus tardive en cas de conditions climatiques non-optimales. Chez Syngenta (voir encadré), 2018 sera marquée par la montée en puissance du benzovindiflupyr, la nouvelle matière active de la famille des SDHI lancée en 2016, également connue sous son nom de marque SoletanolTM. Pour rappel, deux spécialités ont été homologuées : ElatusTM Plus (100 g/l), en juillet 2016, et ElatusTM Era associant benzovindiflupyr (75 g/l) et prothioconazole (150 g/l), en novembre 2016. Cette saison,

Syngenta va pleinement mettre l’accent sur ElatusTM Era et continuer à développer la solution de base ElatusTM Plus. Enfin, chez Adama, l’accent va être mis cette année sur Broadway®, un fongicide à base de folpel (375 g/l) et d’époxiconazole (50 g/l). Homologuée en 2015 contre septorioses et rouilles sur blé, épeautre et triticale, cette solution combine deux matières actives complémentaires dotées de modes d’actions différents. Céline Zambujo

Chez Bayer, l’actualité est le lancement au printemps dernier de ses solutions fongicides ‘Double ii’, déclinées sous cinq noms de marque : Kardix®, Keynote®, Macfare®, Veldig® et Yoneero®. Ces solutions combinent trois molécules, à savoir le prothioconazole et deux SDHI : bixafen et fluopyram. Bayer recommande une application en préventif à la dose de 1 l/ha, même

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ENTREPRISE

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Agridyne renforce son expertise adjuvant avec de nouveaux outils En matière de pulvérisation, la France fait partie des pays les plus avancés sur la réduction des volumes, avec une moyenne d’environ 109 l/ha depuis 4-5 ans, quand les autres pays européens sont plus proches des 300 l/ha. Une tendance qu’accompagne Agridyne qui fait évoluer ses outils d’évaluation de la qualité de la pulvérisation. le végétal pour un même volume d’eau. D’où le développement des adjuvants concomitant avec la baisse des volumes. « Aujourd’hui, les adjuvants font partie de la qualité de la pulvérisation et l’on ne peut pas les dissocier l’un de l’autre » résume Alexis Canot.

Recours aux quads ©Agridyne

> Agridyne s’est équipé d’un banc de pulvérisation (il en existe trois en France) – la Pulv&dyne – afin de visualiser l’influence des types de buses, la vitesse d’avancement, la pression et les volumes d’eau.

«

Il y a dix ans, les volumes moyens avoisinaient les 150200 litres par hectare, mais on trouvait déjà quelques agriculteurs qui travaillaient sur les bas volumes. Aujourd’hui, les deux mondes se rejoignent sur les pratiques, en lien avec l’augmentation de la taille des exploitations, notamment céréalières qui tournent désormais entre 80 et 120 litres hectare », reconnait Alexis Canot, responsable technique adjuvants France chez Agridyne. En parallèle de cette baisse des volumes, les techniques aussi ont évolué avec l’apparition des buses à injection d’air qui réduisent la dérive en augmentant la taille des gouttes, mais en divisant aussi par deux la surface de couverture sur

« De par son historique d’entreprise, Agridyne est tourné vers la qualité de la pulvérisation, via la formation et l’utilisation d’outils permettant aux agriculteurs d’améliorer leurs pratiques de pulvérisation », poursuit le spécialiste. Désormais, l’entreprise mène ses travaux sur les adjuvants non plus en expérimentation classique à pied, mais avec des quads avançant à 10 km/h et travaillant avec des volumes d’eau compris entre 50

et 120 litres hectare. Objectif : déterminer la qualité à la fois du désherbage et de l’adjuvantation. « Nous travaillons aussi sur les fongicides afin d’évaluer la performance de nos adjuvants en matière de récupération de la surface de couverture. » Pour mener à bien ces travaux, Agridyne s’est équipé d’un banc de pulvérisation (il en existe trois en France) – la Pulv&dyne – afin de visualiser l’influence des types de buses, la vitesse d’avancement, la pression et les volumes d’eau. « Nous travaillons aussi avec un colorant fluorescent, la Fluor&dyne, que nous mettons dans les pulvérisateurs des agriculteurs. Ainsi ils peuvent visualiser le comportement de leur pulvérisation directement sur leur culture », conclut le responsable technique. Céline Zambujo

Les adjuvants permettent d’optimiser la qualité de la pulvérisation en réduisant les volumes. Mais pour cela, il faut des conditions d’hygrométrie (la plus élevée) et de températures (les plus basses) optimales, ce qui revient à intervenir très tôt le matin pour profiter de la rosée, sachant qu’un millimètre d’eau de rosée représente 10 000 l d’eau par hectare.

Adjuvants pour herbicides de pré-levée racinaires, un marché en émergence « Le marché des adjuvants pour produits racinaires est bien développé en Grande-Bretagne et en Allemagne, mais commence juste à se développer en France », explique Antoine Porte, responsable technique adjuvants international chez Agridyne. Or, les herbicides de prélevée, pour être efficaces, doivent être positionnés uniformément dans les tous premiers millimètres du sol. Le fait d’ajouter un adjuvant hypermouillant permet une répartition de la bouillie homogène sur et dans le sol

« Ce marché des adjuvants racinaires émerge en France depuis 3-4 ans mais n’est pas encore mature. Pour autant, il prend tout son sens avec le déplacement des interventions de désherbage à l’automne, associant des produits à mode d’action foliaire et racinaire. C’est une réponse technique à l’amélioration de l’efficacité des herbicides dans un contexte de complexification du désherbage. Et tout point d’efficacité gagné à ce moment-là n’est pas à rattraper par la suite ! », conclut Antoine Porte.

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Les pulvérisateurs (presque) sous contrôle Huit ans après son instauration, le contrôle périodique des pulvérisateurs ne fait pas recette. C’est oublier qu’il est obligatoire, sous peine de sanctions… peu appliquées. Le ministère poursuit dans la pédagogie en expérimentant un pack « contrôle plus réglages ».

U

n pulvérisateur sur trois ne respecte pas l’article L2562 du Code rural du 1er janvier 2009, instituant le contrôle obligatoire des pulvérisateurs tous les 5 ans, conformément à la loi sur l’eau et les milieux aquatiques de 2006. En 8 ans, l’information n’est donc pas passée auprès des agriculteurs. Globalement car certains départements flirtent avec le 100 %, ces grands écarts n’étant pas sans poser de question. C’est en tout cas ce que relève un rapport du CGAAER (conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux) commandité par le ministère de l’Agriculture. Le constat du défaut de contrôle n’est pas nouveau. Les synthèses produites chaque année par du Gip Pulvés, l’instance de supervision des contrôles, n’en font pas mystère.

« Sentiment d’impunité », « manque de soutien politique ressenti par les inspecteurs chargés de vérifier la conformité des appareils », « faible activité des agents sur le contrôle de conformité des pulvérisateurs », « faible proportion de procèsverbaux pour non-conformité » peut-on lire dans le rapport.

Contreparties positives Le rapport pointe un défaut d’image et d’attractivité du contrôle périodique ! Comme si une mesure obligatoire se devait d’être sympathique. Plutôt que d’agiter le chiffon rouge des sanctions encourues (750 € d’amende et 1 % du montant des aides Pac), le ministère, dont la mansuétude pourrait confiner à la complicité, a décidé de prendre les agriculteurs par la

main. C’est louable en cette période socialement et économiquement très critique pour la profession. Le ministère souhaite ainsi battre en brèche l’idée que le contrôle est une taxation – il en coûte environ 200 € tous les 5 ans – alors qu’il est paré de contreparties positives, la seule et simple détection de défauts mineurs tels que des buses usagées offrant un retour sur investissement sans commune mesure en terme d’efficience des applications.

Nouvelles incitations Pour faire progresser le taux d’inspection, le rapport du CGAAER suggère la mise en place d’un pack associant le contrôle périodique, une prestation de réglage et une formation au réglage, le tout

Kuhn prend le large avec les Oceanis 2 Un poids quatre fois moindre que l’aluminium et une capacité d’amortissement 12 fois supérieure à celle de l’acier : tels sont les arguments de la rampe en carbone développée par Hardi. Elle est constituée d’une structure tridimensionnelle limitant les phénomènes de fouettements horizontaux et d’oscillations verticales. Les éléments de la rampe sont tissés et cuits sous vide, excluant la présence de bulles d’air et conférant à la rampe un rapport résistance / poids élevé. Toujours sur les rampes Delta Force, Hardi propose avec AutoSelect un système de sélection automatique de buse, permettant de passer instantanément et en cours de travail d’un jeu de buses à l’autre,

36

sinon d’associer deux jeux. Un 4 e mode automatique assure la permutation des buses en fonction d’une consigne de pression ou de vitesse de travail. Dans la pratique, AutoSelect peut servir le respect de la dose et

de la qualité d’application dans les phases d’accélération et de décélération, la modulation de dose intra-parcellaire (avec 9 ou 13 coupures de tronçons) ou encore la sélection de buses anti-dérive à la périphérie de la parcelle ou en cas de levée du vent.

> Les Oceanis 2 sont à ranger dans la catégorie des appareils high-tech.

Kuhn

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à titre expérimental sur ou un deux territoires identifiés comme étant particulièrement défaillants, Le plan Ecophyto serait aussi sollicité à plusieurs endroits : renforcement du contenu du Certiphyto, opérations collectives de sensibilisation, délivrance de CEPP

(certificats d’économie de produits phytosanitaires) aux distributeurs impliqués dans l’inspection des appareils. Le rapport prône également davantage de fermeté sur le conditionnement des aides publiques à la fourniture du

rapport d’inspection du pulvérisateur. Il est aussi question de communiquer davantage sur les contrôles de conformité opérés par les agents de l’Etat, histoire de pulvériser le sentiment d’impunité. Raphaël Lecocq

Les pulvérisateurs traînés UX d’Amazone en mode Platinium Quadrijet AmaSelect à commutation et coupure électriques, coupure individuelle de buse AmaSwitch, essieu suiveur Auto-Trail à commande automatique de dévers, géométrie variable, système de correction automatique de rampe DistanceControl à quatre capteurs, joystick de commande AmaPilot, terminal tactile Isobus Amapad sans oublier le Pack Confort intégrant les commandes de remplissage, d’agitation et de rinçage depuis la cabine ainsi qu’une station de lavage embraquée et une jauge extérieure électronique : telle est la configuration du pulvérisateur UX Platinium, qui rime avec premium, autrement dit haut de gamme.

> L’UX Platinium, ici en version 6200 l, concentre tout le savoir-faire d’Amazone en matière d’ergonomie et de précision d’application.

La gamme compte deux appareils de 4200 l et 6200 l disponibles avec les rampes Super L2 de 27 à 40 m de largeur de travail.

Un Raptor multiforme pour Berthoud Quatre capacités de cuve (2500, 3200, 4200 et 5200 litres), trois architectures (Mid Cab à cabine centrale et rampes arrière, AS Dark Edition à cabine centrale et rampes avant, FC à cabine frontale et rampes arrière), deux motorisations Deutz 6 cylindres de 217 ch ou 244 ch et un large choix de rampes, alu ou acier selon les cas, de 24 m à 44 m : toutes les combinaisons ne sont certes pas possibles mais la nouvelle gamme Raptor compte néanmoins huit déclinaisons possibles.

vitesse permettant par exemple de pré-définir une vitesse de travail au champ. Les trois gammes de vitesse évoluent ainsi pour atteindre 0-18 km/ h / 0-25 km/ h et 0-40 km/ h. Cette dernière plage de vitesse utilisée sur route est atteinte à un régime moteur de 1700-1800 tr/min.

Les capacités les plus importantes, à savoir 4200 et 5200 litres, sont disponibles dans les trois versions d’architecture cabine / rampe. Le Raptor est doté de la transmission hydrostatique Bosch Rexroth à trois modes de conduite, dont une Eco, garante d’une économie de carburant et d’un meilleur confort de conduite, moyennant une augmentation de la capacité des pompes hydrostatiques d’avancement. En mode Eco, le chauffeur donne une consigne de vitesse d’avancement et la machine adapte automatiquement le régime moteur thermique et l’hydrostatique en fonction de la charge. Ce mode Eco peut aussi être associé au régulateur de

Berthoud

> La gamme Raptor compte quatre modèles à cabine centrale et rampes arrière, deux modèles à cabine centrale et rampe avant, et deux modèles à cabine frontale et rampe arrière.

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MOTEUR

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La régulation s’invite dans les buses Après des applications dans l’industrie, les buses à pulsation électrique font leur apparition sur les pulvérisateurs. La technologie vise à s’affranchir de la relation entre vitesse, débit et pression. variation du volume peut osciller dans une fourchette comprise entre 80 et 180 l/ha. Une variante qui, avec la vitesse, ne laisse pas d’autre choix que de recourir au changement de buse en cours de travail. Avec la modulation intra-parcellaire, la localisation des applications est une autre application indirecte de la sélection automatique de buses. Car s’il est possible de basculer d’un calibre à l’autre, il est tout à fait envisageable d’individualiser la coupure de jet, démultipliant d’autant les bénéfices de la coupure de tronçons. Un principe qui ouvre par ailleurs la voie au traitement par tache.

Tecnoma

> La précision offerte par les sélecteurs automatiques de buse va se trouver renforcée par les nouvelles buses à pulsation électrique.

E

n l’espace de quelques années, la vitesse d’exécution des chantiers de pulvérisation s’est singulièrement accélérée. L’exigence de productivité, pour traiter davantage de surfaces sinon pour réserver les applications aux heures et conditions les plus propices, a conduit les utilisateurs la quitter la zone de confort de 8 à 12 km/h pour flirter avec les 20 km/h, aidés en cela par la puissance non limitante des tracteurs et automoteurs ainsi que par les systèmes de stabilisation de rampe toujours plus efficients. Problème : les buses tolèrent des plages de variation de pression et de donc de vitesse, très limitées. Solution : les porte-buses à sélection automatique.

Sélecteurs automatiques Apparus il y a quelques années sous l’impulsion de spécialistes tels Lechler ou Müller-Elektronik, les porte-buses à sélection automatique 38

sont très clairement une source d’optimisation des chantiers de pulvérisation, servant la précision et l’efficience des applications. La technologie cumule en effet les bénéfices, à commencer par la sécurité puisqu’elle supprime toute manipulation des portes-buses et donc tout risque d’exposition des opérateurs aux produits phytosanitaires. Les buses supportant une amplitude de pression comprise entre 1,5 et 3,5 bars pour des modèles classiques et entre 1,5 et 5 bars pour des buses à injection d’air, il est impossible, avec une seule buse, de balayer une plage de vitesse comprise entre 8 et 20 km/h à l’intérieur du champ sans altérer la qualité de pulvérisation. La variation de volume par hectare est l’autre argument des sélecteurs automatique de buses, notamment dans le cas des applications d’azote liquide mettant en œuvre la modulation intra-parcellaire. La

PWM ou la régulation au niveau de la buse Mais les constructeurs ont poussé encore plus loin la perfection, intégrant le fait que, dans le laps de temps qui précède ou qui suit le changement de buse, le spectre de gouttelettes, dans l’absolu, n’est pas constant et donc pas idéal. La solution est fournie par des buses à pulsation électrique dites PWM (Pulse Width Modulation) à l’initiative de plusieurs constructeurs (John Deere, Raven, Teejet…). Intégrant un ou plusieurs solénoïdes, la technologie permet de s’affranchir de la relation entre vitesse, débit et pression. Autrement dit, on peut passer de 0 à 30 km/h à dose constante. On peut aussi modifier la dose à vitesse constante. On peut enfin jouer sur la pression, en bordure de parcelle par exemple, pour limiter les risques de dérive. Le tout sans sacrifier la qualité d’application, faut-il le préciser. Outre la coupure buse à buse, la technologie PWM offre à l’utilisateur la capacité de gérer les phénomènes de recouvrement dans les courbes. Raphaël Lecocq WIKIAGRI.FR


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MOTEUR

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L’Alaskan, un pick-up signé Renault Un de plus ! Renault se positionne à son tour sur le marché très concurrentiel des pick-up avec l’Alaskan. Grand, athlétique et costaud, l’Alaskan adopte tous les codes propres au pick-up. Au bilan, le véhicule polyvalent par excellence.

D.R.

Q

uel est l’atout principal d’un pick-up ? Sa polyvalence, bien sûr ! A la fois confortable voiture, vrai 4x4 et authentique utilitaire, le pick-up est même le véhicule le plus polyvalent qui soit. Un message reçu cinq sur cinq dans nos contrées : le marché européen est plus dynamique que jamais avec une hausse de 25 % à fin 2016, et encore +19 % à fin juin dernier. Renault ne pouvait rester à l’écart et lance son Alaskan, un athlétique

40

pick-up, tout droit dérivé du Nissan Navara. Comme il se doit, le Renault Alaskan est imposant. Long de 5,4 0 mètres, haut de 1,81 m. et large d’un peu plus de 2 mètres avec les rétros, il respire la puissance et une virilité certaine, ce qui correspond bien aux codes actuels de ces véhicules. Vu de la place conducteur, le gabarit de l’engin est même très impressionnant. On est haut perché, dominant les autres. Le capot paraît bien loin et il convient au cours des

premiers kilomètres de bien surveiller toutes les extrémités... Le confort à bord est de bon niveau. Les assises sont confortables, les commandes tombent bien sous la main, la visibilité parfaitement assurée. Le confort général de ce véhicule est en partie apporté par la suspension arrière à cinq bras. Apparue sur le Nissan Navara de dernière génération, ce système de suspension permet une meilleure filtration des bruits et vibrations sur la route. C’est tout bénéfice

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pour l’agrément de conduite par rapport aux ressorts à lame, que l’on retrouve sur la majorité des pick-up.

160 ou 190 chevaux L’Alaskan est un double cabine. Il dispose donc de quatre portes et de cinq places. C’est pour l’instant le seul modèle disponible au catalogue mais une version avec cabine approfondie est annoncée, sans date avancée. Une seule version mais trois niveaux de finition, Life, Zen et Intens. Le premier niveau intègre l’essentiel des éléments de sécurité et d’aide à la conduite, dont les sept airbags, l’ABS et l’ESP, l’aide au démarrage en côte, les antibrouillards ou encore le limiteur de vitesse en descente. Le niveau Zen en rajoute côté esthétique et accessoires avec les marchepieds

latéraux, la caméra de recul, le système de navigation ou encore la climatisation automatique bi-zone. Quant au troisième, il mise sur le haut de gamme avec en complément des autres niveaux, la caméra 360°, la sellerie cuir, les feux Full Led, les barres de toit ou les sièges avant chauffants. Côté mécanique, le Renault Alaskan est motorisé par un quatre cylindres, le 2,3 litres dCi, décliné en deux puissances. La première développe 160 chevaux. Il est uniquement proposé avec la boîte de vitesses manuelle à six rapports. La seconde affiche 190 chevaux. Elle est couplée au choix à la boîte manuelle à six rapports ou à la boîte automatique à sept rapports. En mixant motorisations et finitions, la gamme Alaskan apparaît avec quelques subtilités. Ainsi, la

finition Life n’est possible que sur le 160 chevaux et à l’inverse la finition Intens n’accepte pas cette motorisation. C’est en fait la finition intermédiaire, Zen, qui laisse le choix des puissances et de la boîte. Côté tarif, le premier prix est l’Alaskan Life 160 à 36 860 € TTC, et le haut de gamme, l’Alaskan Intens 190 BVA s’affiche à 45 960 € TTC.

Une tonne de charge utile L’Alaskan est un véhicule utilitaire, ne l’oublions pas. Et un costaud pour le coup ! La benne, d’une surface de 2,4 6 m 2 et d’une longueur utile de 1,58 m, accepte sans broncher un peu plus d’une tonne de charge utile. Et ce n’est pas fait que pour du sable ! Renault et son réseau de carrossiers proposent donc de multiples transformations pour les clients. Cela va du hard-top au couvre-benne en aluminium rigide ou en plastique à enrouleur, en passant par un organiseur de benne, pour aménager et compartimenter l’espace de chargement, un coffre de rangement ou un plateau de chargement coulissant. L’Alaskan est aussi un 4x4. Il est proposé avec trois modes de conduite : propulsion deux roues motrices (2WD), quatre roues motrices rapports longs (4H) ou courts (4LO). Il dispose également de série d’un différentiel à glissement limité électronique et en option sur tous les modèles d’un blocage de différentiel arrière. L’ensemble confère à l’Alaskan des capacités de franchissement assez remarquables. Ce qui fait de ce pick-up sous logo français un véhicule extrêmement polyvalent, apte à satisfaire bien des demandes tant professionnelles que privées. Richard Pizzol

D.R.

> Le Renault Alaskan est un pick-up double cabine quatre portes cinq places. Il affiche une tonne de charge utile.

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RÉFLEXIONS

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Les attentes sociétales décryptées Les états généraux de l’alimentation, la polémique autour du glyphosate, la tendance « veggie » ou des régimes « sans », le groupe Carrefour qui milite en faveur des « semences paysannes », tout ceci amène les agriculteurs et les industriels de l’agroalimentaire à s’interroger sur ce que sont les attentes sociétales.

O

r, il faut bien reconnaître que celles-ci ne sont pas toujours aisément identifiables. On dispose, en effet, de peu de données, par exemple, sur la proportion de végans, de locavores ou d’adeptes de régimes « sans gluten » dans la population française. Une enquête réalisée en mai-juin 2017 par l’Observatoire Société et consommation (ObSoCo), auprès d’un échantillon représentatif de 4 000 personnes, qui a été divulguée mi-octobre, permet néanmoins d’y voir un peu plus clair.

Elle révèle tout d’abord qu’un certain nombre de catégories très médiatisées et particulièrement ciblées par le marketing sont en réalité ultra-minoritaires. 8 % des personnes interrogées se disent ainsi « flexitariens », 4 % affirment ne pas manger de viande rouge, 3 % se disent végétariens, 2 % ont adopté un régime « sans gluten », 1 % mangent exclusivement bio ou sont locavores et 0,4 % sont végans. Au total, 21 % suivent un régime alimentaire permanent, tandis que 79 % n’ont pas de régime particulier.

La remise en cause progressive du régime alimentaire dominant

Fotolia

Néanmoins, près de 30 % des personnes sondées tendent à privilégier un mode alimentaire alternatif avec les « radicaux », qui suivent un ou des régimes alimentaires permanents (7 %), et les « sensibilisés », qui le font mais de façon moins poussée (11 %). C’est loin d’être négligeable d’autant que l’on peut supposer que figurent parmi eux des cadres supérieurs et en particulier des jeunes cadres citadins qui sont des prescripteurs de normes alimentaires susceptibles de se diffuser progressivement au reste de la société.

Deux symptômes apparaissent ainsi significatifs de cette défiance semblet-il croissante vis-à-vis du régime alimentaire standard. Le premier a trait à la confiance qu’inspirent les grands acteurs de la filière agroalimentaire (voir le tableau). On voit bien que les personnes interrogées tendent d’abord à faire confiance à ce qui « petit », proche et considéré comme « naturel ». Le second symptôme est lié aux termes les plus associés à la viande aux yeux des sondés. Or, arrive en tête le mot « contaminé », puis des termes comme « mort », « maladie » ou « malsain ». Eddy Fougier

On ne doit pas en conclure pour autant que ces tendances à la remise en cause du régime alimentaire dit dominant sont dérisoires. L’ObSoCo a, en effet, établi une « typologie des modes alimentaires » autour des quatre catégories. Les adeptes du régime standard qui ne recourent à aucun régime alimentaire spécifique représentent 62 % des personnes interrogées, tandis que les « opportunistes », qui tendent à suivre un régime alimentaire spécifique, par exemple un régime amincissant, pour des raisons plutôt égocentrées, sont 20 %. 42

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Ma priorité, c’est faire du bon travail et respecter la nature.

Crédit photo : Gilles Reboisson

AGRICULTEUR. MA VIE, MON MÉTIER, MA FIERTÉ.

Éric, céréalier dans l’Indre, conjugue au quotidien agriculture de précision, agronomie, amour de la terre… et fierté du travail bien fait. Retrouvez son témoignage et ceux d’autres agriculteurs sur

maviedagri.fr www.agro.basf.fr

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Claas®*

Quadrant: 4000/2100/4200/1150/1100/3200/2200/1200 Quadrant: 5200 Quadrant: 5300/3300 Quadrant: 3400

Deutz Fahr®*

Bigmaster: 578/598D/5712/5912D - GP1/GP120 Bigmaster 598/5912 - P121

Fendt®*

990/1290/12130 1270 1290 XD Squadra 1290 UD

John Deere®*

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Krone®

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Type 500

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Big Pack: 870HDP/4x4/12130 Big Pack: 890/1290/VSF88/VSF128 Big Pack: 1270/VSF127 Big Pack: 1270multibale Big Pack: 1290HDP Big Pack: 1290HDP II

Kuhn®*

LSB: 870/890D/1270/12901290D Vicon LB: 8100/8200/1270/12200/1290/12290 LSB: 1270DX LSB: 1290iD

Massey Ferguson®*

MF: 2240/2260/2160/186 MF: 2250/2270/2290/2150/185/2170/187/2190/190 Hesston: 4700/4880/4900/4800 MF: 2270XD MF: 2370 UltraHD

New Holland®*

BigBaler: 870/1270 - BB9040/BB920A/BB9050/BB930A/BB9070/BB950A BigBaler: 870Plus/1270plus BigBaler: 890/1290 - BB9060/BB940A/BB9080/BB960A BigBaler: 890Plus/1290Plus BB9090Plus/BB9090/BB980A

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