WIKIAGRI DÉCEMBRE 2016 | N°23
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Édito Communication, comment reprendre la main
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ujourd’hui, la communication sur l’agriculture l’emporte sur la communication par l’agriculture. Les médias donnent la parole à des associations, à des consommateurs, à des politiques engagés, à des bobos... Peut-être davantage qu’à des producteurs ou plus simplement à des ruraux. De fait, l’image dégagée par l’agriculture semble éloignée de ce qu’elle est vraiment, selon celles et ceux qui la font. Nous avons publié deux articles sur wikiagri.fr qui ont chacun remporté un franc succès, sur ce thème de la communication, à plusieurs semaines d’intervalle. Nous les rapprochons ici, sur papier, parce que, à eux deux, ils forment un ensemble très complet sur les causes de cette communication qui échappe aux agriculteurs, et sur des propositions de solutions pour y remédier. Ce sont des articles longs, mais vous verrez, le jour où vous même souhaiterez communiquer sur quelque sujet que ce soit en lien avec l’agriculture, alors vous y retournerez, parce qu’à eux deux ils constituent une véritable référence en la matière. Au-delà de nos articles sur les machines et les techniques agronomiques, ce numéro de WikiAgri est complété par une tribune exceptionnelle : elle est signée François Fillon, et a été accordée à wikiagri.fr à une époque où le candidat à la primaire apparaissait en troisième voire quatrième position dans les sondages, loin derrière les deux premiers. Il y décrit ses ambitions pour l’agriculture, dans un message distillé à la profession via notre entremise, média destiné aux agriculteurs. Après sa victoire à la primaire qui en fait l’un des favoris pour la prochaine élection présidentielle, cette tribune que nous reproduisons ici prend une portée encore supérieure : vous aimerez ou non, mais vous devez connaitre !
Antoine Jeandey Rédacteur en chef de WikiAgri
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Directeur de publication Yannick Pages
SOMMAIRE WIKIAGRI N°23 / DÉCEMBRE 2016
Rédacteur en chef Antoine Jeandey Rédaction Eddy Fougier Frédéric Hénin Raphaël Lecocq Céline Zambujo redaction@wikiagri.fr
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A participé à ce numéro Rémi Mer Photographe Jean-Marie Leclère
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Publicité Tél. 06 89 90 72 75 | pub@wikiagri.fr Responsable commerciale Anne Messines Tél. 06 08 84 48 02 Mail : anne.messines@wikiagri.fr
P.16 à 23 - Les 10 points clé de la comm’ en agriculture
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MOTEUR
P.24 à 27 - Pulvérisation, les automoteurs forcent l’allure P.28 - 29 - En finir avec l’agriculture d’imprécision
ISSN ISSN 2258-0964 Dépôt légal A parution
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AGRONOMIE
P.30 - 31 - Yara affiche ses ambitions en agriculture de précision
Service abonnements 20, rue Joliot Curie 38500 Voiron Tél : 04 76 93 58 91
P.32 - Insecticides du sol, deux nouveautés en 2016 P.34 - 35 - L’expertise affirmée de Certis sur fusarioses
Abonnement annuel 35€ TTC (4 numéros) Prix au numéro : 10€
P.36 à 38 - Sept solutions pour la filière biocontrôle d’ici à 2018
Site internet www.wikiagri.fr Impression SAS Imprimerie Leonce Deprez Zone industrielle de Ruitz 62620 Ruitz
P.39 - Les carabes, alliés naturels dans la lutte contre les limaces u
TRIBUNE EXCLUSIVE
P.40 à 42 - La tribune que François Fillon a signée sur wikiagri.fr
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Tirage 30 000 exemplaires (dont 27 000 expédiés)
Les magazines
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P.6 à 15 - Théma. Communication, comment reprendre la main
Consultant Média Bernard Le Blond - Vision bleue Tél. 06 83 92 08 61 Conception graphique et maquette Notre Studio www.notrestudio.fr
EDITO P.3
sont édités par la société DATA PRO SOLUTIONS, au service des agri-décideurs
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Une image des agriculteurs façonnée par des citadins Les agriculteurs participent bien entendu à la construction de cette image, mais ils sont loin d’être les seuls. D’autres acteurs y contribuent également, que ce soient des journalistes, des organes de la presse écrite et des médias audiovisuels, d’autres acteurs de la filière alimentaire (industrie agroalimentaire, industrie chimique, grande distribution, petits commerces et artisans, etc.), des hommes politiques et des élus, des scientifiques et des experts, des communicants et des consultants, mais aussi de simples citoyens qui sont aussi des consommateurs. Certains connaissent bien le monde agricole et les agriculteurs, d’autres moins. Fotolia
Agriculture et communication, comment reprendre la main ? Les diffusions de plusieurs vidéos de l’association L214 montrent que les agriculteurs ne maîtrisent pas leur image dans le débat public. Ils doivent par conséquent revoir leur façon de communiquer pour peser davantage sur la façon dont la société française perçoit l’agriculture.
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eux événements très récents ont montré encore une fois que les agriculteurs n’avaient pas vraiment la maîtrise de leur image dans le débat public, que ce soit dans les médias, les réseaux sociaux ou encore l’édition. Le premier a été la nouvelle vidéo diffusée le 25 mai 2016 par l’association L214 sur un élevage de poules pondeuses, vidéo qui aurait été tournée dans le Gaec du Perrat à Chaleins dans l’Ain. Le second
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événement est le même jour un tweet de Ségolène Royal (ci-contre) montrant la photographie de la ministre de l’Environnement recevant un bouquet de fleurs de la part de François Villerette, le porte-parole de Générations futures (dont il a été le président-fondateur), le président du réseau européen Pesticide Action Network (PAN Europe) et l’ancien président de Greenpeace France (2002-2005), au nom de 40 ONG européennes pour son action contre le glyphosate.
Mais y contribuent aussi de plus en plus des acteurs plutôt critiques du « modèle agricole dominant », qualifié par eux d’intensif ou d’agro-industriel : un syndicat comme la Confédération paysanne, des associations comme L214 ou Générations futures, des journalistes-militants comme Marie-Monique Robin ou Isabelle Saporta, l’auteure du Livre noire de l’agriculture (Fayard, 2011), des personnalités médiatiques telles que Pierre Rabhi, Nicolas Hulot, José Bové, Yann Arthus-Bertrand ou encore Corinne Lepage, ou des médias d’investigation, comme Cash Investigation à l’origine d’une émission très remarquée sur les pesticides diffusée le 2 février dernier. Cette image est aussi, que les agriculteurs le déplorent ou pas, le reflet des intérêts et des valeurs d’une société qui a beaucoup évolué ces dernières décennies. Celle-ci est très largement urbanisée et, par voie de conséquence, déruralisée. Ainsi que le fait remarquer l’avis n° 73 de décembre 2014 du Conseil national de l’alimentation (CNA), intitulé Communication et alimentation : les conditions de la confiance, « les générations adultes actuelles sont les premières qui n’aient pas eu de grands-parents agriculteurs, qui n’aient jamais connu de vacances à la ferme ». Ceci est notamment perceptible dans l’évolution du rapport à l’animal. Le même avis indique, en effet, que « l’urbanisation a
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rendu la population sarcophage. A la différence des «zoophages» (qui mangent des parties entières et identifiables de l’animal), les «sarcophages» consomment la viande comme une matière comestible distincte de l’animal duquel elle provient. La viande est dés-animalisée et ne rappelle rien ou presque de la bête vivant. » La société française s’est aussi fortement désindustrialisée et tertiarisée en exprimant quelque peu un mépris, notamment dans ses couches supérieures, pour les activités industrielles jugées anachroniques, polluantes, facteurs de risque ou seulement « bonnes » pour les pays en développement à faible coût de main-d’œuvre. Elle a été aussi traumatisée par quelques crises sanitaires comme celle du sang contaminé ou de la vache folle. La santé et l’environnement font dès lors partie des principales préoccupations d’une opinion tentée parfois par le « risque zéro » (et par le rejet par exemple de toute notion de dose ou de seuil pour mesurer la toxicité d’un produit) et rassurée par le principe de précaution. Elle exprime également une vive défiance vis-à-vis de la plupart des formes d’autorité (gouvernement, institutions publiques, grandes entreprises, partis politiques, principaux médias, etc.) et même de savoirs en se montrant méfiante vis-à-vis des scientifiques et des experts qu’elle soupçonne d’être dans un conflit d’intérêt vis-àvis des intérêts économiques. En revanche, l’opinion tend à faire davantage confiance à la société civile, aux « lanceurs d’alerte » et à tous ceux qui dénoncent des scandales et surtout à leur propre réseau social (famille, amis, voisins, entourage). Enfin, c’est bien connu, la part des agriculteurs dans la production nationale et l’emploi est désormais réduite à une portion congrue. Ceux-ci peuvent même être minoritaires dans le monde rural. En même temps, pour la plupart des Français, nous vivons dans une société d’abondance alimentaire où l’on ne comprend plus très bien comment les produits alimentaires sont conçus et qui les fait. La crainte vis-à-vis de l’alimentation ne porte plus sur l’angoisse du manque ou de l’empoissonnement immédiat, mais sur l’impact sur la santé à moyen et long terme d’une alimentation que le public perçoit
de plus en plus comme un facteur d’insécurité. Au final, ce sont donc les perceptions de cette société urbaine, désindustrialisée et déruralisée qui priment dans la construction de l’image de l’agriculture et des agriculteurs dans l’espace public.
De l’Horreur est dans le pré à Martine à la ferme Quelle est cette image ? Les enquêtes d’opinion tendent à indiquer que l’image globale des agriculteurs auprès du grand public est plutôt bonne. En même temps, les agriculteurs se sentent souvent incompris et se plaignent de l’image que le reste de la société tend à renvoyer d’eux car, de leur point de vue, elle ne correspond pas toujours, loin de là, à la réalité. On peut ainsi identifier trois types d’image de ce point de vue. Le premier est celui de « l’horreur est dans le pré ». C’est l’image de l’agriculteur dont les activités sont jugées contraires aux intérêts et aux valeurs dominantes de la société. Un certain nombre de ces activités ne semblent, en effet, ne plus être en phase avec celle du reste de la société française compte tenu de leurs caractéristiques supposées – recours à des produits phytosanitaires, OGM, élevage intensif, maltraitance des animaux, fermes géantes (ferme des 1 000 vaches), secteur très largement subventionné, chasse, loup – et de leurs effets supposés – pollutions diverses (notamment de l’eau avec les algues vertes), impact sur le changement climatique ou sur la santé. C’est le message de médias généralistes (notamment d’émissions d’investigation du type Cash Investigation), de la Confédération paysanne et des associations de consommateurs, écologistes ou de protection des animaux, mais aussi d’internet et des réseaux sociaux, qui sont dans une logique que l’on peut qualifier d’« agribashing ». Ces différents acteurs critiquent l’industrialisation de l’agriculture, ainsi que l’implication de la science (chimie, biotechnologies) et défendent de façon corrélative une
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COMMUNICATION L’image globale des agriculteurs auprès du grand public est plutôt bonne. En même temps, les agriculteurs se sentent souvent incompris et se plaignent de l’image que le reste de la société tend à renvoyer d’eux car, de leur point de vue, elle ne correspond pas toujours, loin de là, à la réalité.
agriculture biologique, écologique ou « paysanne », une agroécologie militante, voire la permaculture. Le second type d’image est celle de l’agriculteur en colère et en crise. C’est l’image d’un secteur en crise qui suscite souvent la sympathie, voire l’empathie de la part du public, notamment lors des mobilisations. Elle s’accompagne aussi de violences : en images lors de manifestations ou à travers la question délicate des suicides. C’est le message des médias généralistes (notamment des journaux télévisés) ou d’information continue.
eux qui maîtrisent l’image qui est donnée de l’agriculture dans la société française. Les agriculteurs ne sont pas les seuls dans ce cas. La plupart des acteurs économiques ont ainsi tendance à se plaindre de l’image que la société peut avoir d’eux, notamment via les médias ou, par exemple, les manuels scolaires. L’avis n° 73 du CNA indiquait ainsi à propos de la filière alimentaire que « Les images véhiculées, notamment, par la publicité, les visuels sur les emballages, les livres scolaires, les salons, les médias ne correspondent pas forcément à la
réalité et peuvent ainsi contribuer à la confusion des messages ».
d’avoir un impact sur l’agenda, c’est-à-dire sur les thèmes qui sont à la « une » des médias et au cœur des débats publics, et ne pas simplement le subir, et définir les termes du débat. Dans la plupart des cas, ce sont d’autres acteurs qui jouent ce rôle. Pour cela, il paraît nécessaire de revoir la façon dont les agriculteurs et la profession communiquent, même si l’on observe une professionnalisation croissante du travail des « agricommunicants ».
(2) Celle-ci ne doit pas être simplement réactive. Il est bien entendu important, voire crucial, de répondre aux « attaques » en rétablissant la vérité comme le journaliste Gil Rivière-Wekstein a pu le faire récemment suite à un article publié par le journaliste Stéphane Foucart dans Le Monde. Mais la communication ne doit pas s’en tenir à cette posture simplement réactive. C’est une condition nécessaire, mais loin d’être suffisante.
Est-ce grave ? Sans aucun doute car les décisions publiques qui sont prises en matière agricole le sont ainsi en grande partie sur la base des préférences et des priorités des citadins.
Les agriculteurs doivent maîtriser davantage l’image que le reste de la société a de l’agriculture. Pour cela, ils doivent en premier lieu respecter le b.a.-ba de la communication.
La nécessité d’un retour au b.a.ba de la communication
(1) Celle-ci ne doit pas être dissonante, c’est-à-dire qu’il ne doit pas y avoir différents sons de cloche. Ce n’est bien entendu pas évident à mettre en place pour un monde agricole très diversifié et dont les situations et les intérêts ne sont pas toujours concordants.
(3) Elle doit aussi être positive, sans pour autant tomber dans une béatitude éloignée de la réalité ou masquer cette dernière. En clair, il faut faire envie, plutôt que générer de la pitié (agriculteur en crise), de l’inquiétude ou de la colère (l’agriculteur pollueur) ou encore de l’incompréhension. En effet, ce qui émane de l’agriculture est souvent un long râle de plaintes – confortant quelque peu à tort ou à raison l’image d’un agriculteur qui se plaint tout le temps – et la recherche de coupables extérieurs
Alors, comment parvenir à renverser cette tendance ? Les agriculteurs doivent s’efforcer
Le troisième type est celui diffusé par le Salon international de l’agriculture ou l’émission de M6 L’Amour est dans le pré. C’est l’image d’Epinal de l’agriculteur vue par les citadins : ce que l’on a envie de voir de l’agriculture dans un monde idéalisé, ce qui nous rassure. C’est un peu le « roman photo » des agriculteurs et de l’agriculture : une vision bucolique et sereine de la campagne avec des petits lapins qui courent dans les prés. C’est ce que certains surnomment de façon ironique l’image de Martine à la ferme. Bien entendu, certains médias, par exemple la presse quotidienne régionale ou a fortiori la presse professionnelle, donnent une autre image de l’agriculture plus proche de la réalité, moins critique et moins extra-ordinaire au sens strict du terme (crise, suicides) ou idéalisée. Mais, pour le grand public, ce sont malgré tout ces trois images qui tendent à dominer, celles de l’agriculteur pollueur, de l’agriculteur en crise ou au bout du rouleau, ou de l’agriculture de façade totalement idéalisée. Ces images ne correspondent pas à la réalité quotidienne de la plupart des agriculteurs. Cela signifie par conséquent que ce ne sont pas
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à la profession qui seraient responsables des maux que celle-ci subit : la grande distribution, les banques, l’administration, les normes, les écologistes, le gouvernement et les politiques, l’Union européenne, l’OMC et le libre-échange, les citadins, les néoruraux, les consommateurs, etc. Or, il est évident que ce type de communication négative mène à l’impasse et ne peut que contribuer à renforcer le sentiment des agriculteurs d’être une minorité incomprise. Il ne faut donc pas passer son temps à revenir sans cesse sur ce qui ne va pas et mettre plutôt l’accent sur ce qui marche. (4) Cette communication doit être basée également sur des valeurs simples – on pourrait même dire paysannes – de vérité, d’honnêteté et de sincérité. Il faut dire ce que l’on fait et faire ce que l’on dit. L’initiative Agridemain (ou #agridemain) lancée au début du mois de février 2016 s’inscrit dans cette démarche de vérité en cherchant à mieux communiquer auprès du grand public au-delà des clichés – « nostalgie d’un retour à la terre, fantasmes d’une agriculture bucolique » – et des préjugés et en montrant le vrai visage de l’agriculture et des agriculteurs d’aujourd’hui. Ensuite, il est indispensable de partir d’une bonne compréhension de la réalité actuelle de la perception de l’agriculture par le public et la société civile (médias, associations, etc.) et d’en tenir compte. Qu’on le déplore ou pas, les consommateurs actuels expriment cinq formes de défiance : (1) une défiance vis-à-vis des « gros » censés incarner le système dominant agro-industriel ou d’agriculture intensive (FNSEA, grandes entreprises, a fortiori firmes multinationales) et un soutien corrélatif des petits (agriculteurs, coopératives de petite taille, mais aussi PME, commerces de proximité, starts up, associations, son propre réseau social ou son médecin généraliste) ; (2) une défiance visà-vis de tout ce qui est artificiel et un soutien corrélatif de tout ce qui est perçu comme « naturel » ; (3) une défiance vis-à-vis de ce qui est nouveau et un soutien corrélatif de ce qui est traditionnel et déjà connu ; (4) une défiance vis-à-vis
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COMMUNICATION de la viande et un soutien corrélatif du végétal ; et (5) une défiance vis-à-vis du global et des circuits longs et un soutien corrélatif du local, de la proximité et des circuits courts. Cela signifie par conséquent que ces consommateurs vont se méfier d’un message émanant d’un « gros » (ministère, FNSEA, grandes entreprises).
Raconter de belles histoires Il convient aussi sans aucun doute de modifier le message, ainsi que l’émetteur du message. Dans ce contexte, pour que le message puisse passer auprès des consommateurs, il paraît nécessaire d’éviter toute forme de communication institutionnelle et de donner d’abord la parole aux « petits », principalement aux agriculteurs eux-mêmes, qui parlent directement de leur travail et de leur vie sans intermédiaire et sans mise en scène particulière.
On peut d’ailleurs observer à ce propos le succès des chaînes YouTube d’agriculteurs, comme La Chaine agricole ou Thierry agriculteur d’aujourd’hui (qui a passé le cap des 1 million de vues de ses vidéos le 1er mai 2016), vidéos que WikiAgri diffuse dans des rubriques dédiées. C’est le cas aussi des pages Facebook d’agriculteurs, des blogs ou des forums. On peut mentionner également le témoignage d’« ambassadeurs », c’està-dire d’agriculteurs « ordinaires », comme c’est le cas pour #agridemain. Ce type de communication peut néanmoins présenter le risque de ne s’adresser qu’aux seuls agriculteurs, même s’il ne s’agit pas de leur vocation. Au-delà des émetteurs, le message doit également évoluer. Pour susciter l’intérêt du reste de la société, il semble nécessaire de raconter une histoire, et plutôt une belle histoire, à propos des agriculteurs, des produits ou de la production agricole. C’est ce que l’on appelle plus communément le « story telling ». L’avis n° 73 du
CNA suggère ainsi de « raconter l’histoire des produits, les racines et les territoires, sans véhiculer pour autant une image passéiste des modes de production, contreproductive à moyen et long termes ». Or, aujourd’hui, les belles histoires qui semblent être les plus visibles sont plutôt celles d’agriculteurs « alternatifs » (bio, permaculture, agriculture urbaine) ou alors de néo-ruraux qui s’investissent dans l’agriculture, mais avec leurs valeurs de citadins. Le Parisien magazine, dont la ligne éditorial mise sur le « positif », a par exemple conçu un dossier en février dernier qui avait pour thème « les jeunes agriculteurs cultivent l’espoir » en réalisant plusieurs portraits. Or, les histoires présentées dans le magazine sont avant tout celle d’agriculteurs « alternatifs » : Linda et Edouard, « adeptes de la permaculture », qui « misent sur la polyculture bio avec un petit volume de production » et « défient tous ceux qui ne jurent
Pour susciter l’intérêt du reste de la société, il semble nécessaire de raconter une histoire, et plutôt une belle histoire, à propos des agriculteurs, des produits ou de la production agricole.
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que par le gigantisme », Antoine, un éleveur bio d’une ferme de faible taille adepte de la vente directe, ou encore Julien, adepte de l’agriculture écologiquement intensive.
Créer un nouveau « mythe protecteur » Le message ne doit donc pas consister uniquement à raconter de belles histoires. Ces actions de communication doivent s’inscrire plus largement dans la définition d’un nouveau « mythe protecteur », pour reprendre l’expression du consultant George Lewi, et d’un nouveau contrat implicite entre les agriculteurs et le reste de la société. Des années 1950 aux années 1970, un même mythe unissait le monde agricole et le reste de la société, celui de la modernisation et du progrès continu. L’agriculture française qui se modernisait était le gage de l’indépendance alimentaire nationale (reposant aussi sur le mythe de l’agriculteur qui nourrit le pays et de l’agriculture « mamelle » de la France) et l’agriculteur était l’agent du progrès qui libérait le pays de la pénurie alimentaire. Il
L’agriculteur est plutôt perçu comme un facteur de risque alimentaire. Il s’est retrouvé intégré dans un projet collectif auquel les citoyens-consommateurs n’ont pas nécessairement adhéré. protégeait et réduisait les risques d’insécurité alimentaire. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. L’agriculteur est même plutôt perçu comme un facteur de risque alimentaire. Il s’est retrouvé intégré dans un projet collectif auquel les citoyens-consommateurs n’ont pas nécessairement adhéré. Ce projet collectif porté à partir des années 1980 par les élites politiques et économiques a consisté à privilégier l’ouverture économique (globalisation économique, marché unique, Union économique et monétaire), politique (transferts de souveraineté vers l’Union européenne) et culturelle (société multiculturelle et multiconfessionnelle). Or, il n’a pas été vraiment assumé en tant que tel par ces élites et expliqué en vue d’emporter l’adhésion de l’opinion. Certains ont d’ailleurs parlé à ce propos, à juste titre, de « mondialisation furtive ».
Pour le monde agricole, cela a eu un double impact : (1) une libéralisation des échanges (intégration de l’agriculture dans les négociations de l’OMC, concurrence des agricultures des pays émergents, réforme de la PAC) et (2) une industrialisation de l’agriculture et de l’alimentation (intégration de l’agriculture dans des chaînes de production globales, montée en puissance des géants de l’agroalimentaire et de la grande distribution, rôle-clef des entreprises des secteurs de la chimie et des biotechnologies). Cela s’est traduit par trois crises pour l’agriculture française : une crise économique, environnementale et de sens. Cela a également provoqué une sorte de divorce entre les agriculteurs et le reste de la société à partir du moment où les intérêts de l’agriculture n’ont plus semblé coïncider avec ceux
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Une autre tentation est celle du « village d’Astérix » (...), à savoir la politique de l’autruche et la stratégie du conflit. Cela correspond aux intérêts du monde agricole, mais sous une forme qui paraît incompatible avec les intérêts et les valeurs du reste de la société. Cela paraît être donc un combat perdu d’avance. de la société et des individus. Ces incompréhensions se sont surtout concentrées sur la question des OGM et des pesticides. Il paraît par conséquent nécessaire de recréer un mythe protecteur et de refonder un nouveau « contrat ». La tentation du côté des citadins et des « critiques » du système actuel est de s’appuyer sur un mythe protecteur de l’« âge d’or » ou de la « bonne mère nature » en privilégiant le retour à une agriculture pré-moderne et à une ruralité bucolique. Cela correspond aux intérêts et aux valeurs de certains citadins, mais cela apparaît incompatible avec la réalité et avec les souhaits de la grande majorité des agriculteurs. Une autre tentation est celle du « village d’Astérix », seuls contre tous avec deux variantes qui ont été bien décrites en 1999 par le consultant Rémi Mer dans son ouvrage Le paradoxe paysan (L’Harmattan), à savoir la politique de l’autruche et la stratégie du
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conflit. Cela correspond aux intérêts du monde agricole, mais sous une forme qui paraît incompatible avec les intérêts et les valeurs du reste de la société. Cela paraît être donc un combat perdu d’avance.
La piste du « progrès au service du bien-être des consommateurs et de la nature » Alors, comment parvenir à concilier intérêt et valeurs des agriculteurs et du reste de la société autour d’un nouveau contrat, voire d’un nouveau « mythe protecteur » ? La piste la plus intéressante de ce point de vue paraît être celle du progrès au service du bien-être des consommateurs et de la nature. C’est ce que Maximilien Rouer et Hubert Garaud ont joliment appelé l’« alliance des vers de terre et du big data ».
de l’environnement avec le développement fulgurant des AgTech, des foodtech, de l’agriculture de précision, des AgBot ou de l’agriculture écologiquement intensive de Michel Griffon. Cela semble emporter l’adhésion des agriculteurs tout en répondant aux principales préoccupations des consommateurs (par rapport à l’environnement et à la santé). Ce mythe du progrès compatible avec la nature est d’ailleurs porté par celui qui est certainement devenu aujourd’hui le nouveau héros, à savoir le jeune créateur de start up qui entend résoudre un problème très important dans une logique disruptive par rapport aux acteurs dominants. Il pourrait l’être également par les agriculteurs fer de lance de la French AgTech. Eddy Fougier
Cela correspond à la problématique des technologies au service de la compétitivité et du respect
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Les 10 points clé de la comm’ en agriculture Comment répondre aux enjeux de la communication en agriculture, en dix points clé.
Vente de produits fermiers à la gare, ou comment rapprocher producteurs et consommateurs.
chercher à comprendre les raisons des mobilisations qui poussent certaines catégories de citoyens (dont certaines ONG) à interroger, voire à remettre en cause, l’agriculture dans ses pratiques et ses logiques de développement (débat sur les systèmes, les structures et les modèles), voire dans sa présence (cf débats sur l’acceptabilité).
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u fil des ans, la communication agricole (et des agriculteurs) revient régulièrement sur le devant de la scène, avec à chaque fois de nouveaux acteurs, de nouvelles ambitions, de nouveaux projets. Avec le recul, on a le sentiment d’un véritable gâchis de rendez-vous ratés comme le fonds de communication (l’Aficar, créée en 2006, il y a juste 10 ans et très vite abandonné !). Comment se fait-il qu’un tel secteur d’activité ne se soit pas doté d’une véritable stratégie et de moyens pour réussir à valoriser le « capital confiance » dont il dispose, malgré les crises successives. De leur côté, les agriculteurs sont aimés du grand public, mais se sentent critiqués. D’où vient alors cet impératif permanent de communiquer ? Et si communiquer, c’était d’abord et avant tout retrouver confiance en soi, donner du sens à son métier et de la valeur à ses produits, et
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au final trouver une vraie place dans la société comme dans les territoires ruraux où elle s’exerce ?
1. L’image de l’agriculture dans l’opinion publique est bonne Voire très bonne. Beaucoup de professions aimeraient disposer d’une telle sympathie. Mieux, cela dure depuis longtemps : l’opinion publique fait plutôt confiance en ses agriculteurs… Seul problème, les agriculteurs n’y croient pas ! Ils se sentent mal aimés, peu considérés, parfois abandonnés et en mal de reconnaissance. Il faut donc commencer par là : se doter d’outils (sondages, baromètres) pour savoir où on l’en est, savoir ce qui contribue à un tel capital de sympathie pour renforcer l’estime de soi des agriculteurs et de leurs responsables
professionnels. Trop peu de régions ou de filières se dotent de tels outils, sans oublier de les valoriser auprès de leurs mandants. Parmi les dernières initiatives, il faut saluer les sondages nationaux comme ceux d’Agridemain (BVA) ou régionaux, à l’image de celui réalisé récemment en Aquitaine ou en Bretagne (TMO pour Agriculteurs de Bretagne). Pour autant, il ne faudrait pas tomber dans un optimisme béat (ou une posture d’arrogance) et occulter les problèmes ou interrogations qui demeurent en matière d’environnement, de santé ou de bien-être animal pour ne reprendre que les plus évidentes et auxquelles il faudra bien apporter des réponses. En la matière, il faudrait se doter sur ces questions sensibles d’outils de veille sociale (peu présents et encore moins disponibles pour un agriculteur lambda). L’objectif est ici d’anticiper les attentes sociales, de
2. L’image est bonne mais… souvent très décalée de la réalité ! Le problème est bien là. Les sondés connaissent peu et mal l’agriculture d’aujourd’hui et encore moins les agriculteurs. C’est le résultat d’une mise à distance progressive par l’urbanisation, la (grande) distribution, la transformation… Finalement, l’image vient très rarement d’une visite de ferme, ou d’une confrontation avec la réalité des agriculteurs. L’image des agriculteurs est un condensé des multiples représentations disponibles dans les livres d’école, dans l’histoire des lieux (les paysages), dans les médias, dans l’imaginaire collectif ancien (les mythes) ou plus récent (les clichés ou stéréotypes). Autant dire que certaines de ces représentations sont bien ancrées et qu’il est illusoire de vouloir les changer rapidement et encore moins à la faveur d’une opération ponctuelle (« one shot »).
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Il faut noter que les agriculteurs sont dotés d’images plus positives (travail, respect, dignes de confiance…) quand l’activité agricole est sensiblement plus décriée ou interrogée dans ses pratiques (cultures, élevage) comme dans ses effets (ex : pollution). La question n’est donc pas tant « d’améliorer l’image » comme on l’entend encore trop souvent. Si l’on n’y prend garde on pourrait même dégrader cette image, vu le degré de confiance de départ. L’objectif est plus de réduire l’écart saisissant entre l’image (la représentation dans la tête des gens), de « la réalité », dans toute sa diversité et sa complexité !
3. Retrouver le chemin de la confiance Quand on interroge les consommateurs sur les questions alimentaires (image globale de l’alimentation, degré de confiance, perception des risques liés…), suite notamment aux crises majeures (vache folle pour les plus anciens, lasagnes avec viande de cheval pour les plus jeunes), les agriculteurs sont nettement les mieux placés en termes de confiance et de crédibilité. Ce qui est loin d’être le cas des industries agroalimentaires, pourtant partenaires incontournables dans les filières alimentaires. Or nombre de questions sur
l’agriculture partent d’une réflexion ou d’une réaction sur l’alimentation, ce qui représente une rupture historique qui oblige les agriculteurs et leurs organisations (coopératives, interprofessions…) à se positionner de manière volontariste sur le terrain de l’alimentation. Cela suppose un effort de déplacement pour abandonner – momentanément – le champ de l’agriculture et de la production agricole en partant d’abord des questions des consommateurs. En clair, les agriculteurs sont très bien placés pour rassurer les consommateurs, mais ils sont attendus, sur la qualité de leurs produits, leur professionnalisme, mais aussi y compris sur des questions sensibles et compliquées, comme les pesticides ou le bien-être animal. Encore faut-il qu’ils en soient persuadés et préparés à assumer cette fonction à travers des portes ouvertes ou une présence sur les lieux de vente (dans les linéaires… ou sur les emballages !).
4. L’image est beaucoup plus « mitigée » et critique dans les médias Mais cela est vrai pour presque tous les secteurs d’activité ! Il en va des modalités de fonctionnement
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COMMUNICATION
des médias dans le traitement de l’actualité (agricole ou non). Là encore, il faut se garder de généraliser au point d’en faire le bouc émissaire en partant, l’élément-clé d’une stratégie de communication, avec la tentation d’allumer des contrefeux dans les réseaux sociaux. En effet, il arrive aussi aux journalistes de bien faire leur travail, d’aller enquêter en profondeur et de tenter de resituer une réalité socioéconomique difficilement réductible à un seul témoignage ou pire, à une vision binaire (le conventionnel versus le bio, les circuits longs vs les circuits courts...). Lors de la crise actuelle (depuis juillet 2015) ou même à l’occasion du dernier Salon de l’agriculture, l’agriculture a donné lieu à de nombreuses enquêtes fouillées, des émissions grand public et de remarquables reportages sur le terrain. Même des étudiants journalistes y sont allés de leur web-documentaire… ou de leur dossier très documenté.
Il faudra bien se doter de porte-parole, si possible en dehors des écuries syndicales, pour représenter et défendre les intérêts légitimes de la profession. 5. Cette vision critique est aussi très partagée par les relais d’opinion (ou leaders d’opinion) Les journalistes en font partie, à côté des élus, et des re p ré s e n t a n t s d ’ a s s o c i a t i o n s diverses (consommateurs, environnementalistes) ou des experts de tout poil. Ces relais d’opinion, par leur statut et leur profession, sont mieux informés, plus critiques. Comme on le dit souvent, ils préparent (ou préfigurent) l’opinion de demain ! Ces relais d’opinion comme nombre d’experts de l’agriculture sont omniprésents dans les débats publics
A.J Faire venir du monde à la ferme, une bonne idée !
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souvent organisés dans une visée « politique ». Lors de nombreux colloques ou débats publics, sans parler des débats locaux au sein de collectivités locales (conseils municipaux par exemple amenés à s’exprimer sur des projets de création ou d’extension d’élevage), il est de plus en plus fréquent que ces débats « agricoles » (sur l’alimentation par exemple) se déroulent sans la présence d’un seul agriculteur…A qui la faute ? Il faudra bien se doter de porte-parole, si possible en dehors des écuries syndicales, pour représenter et défendre les intérêts légitimes de la profession, pour porter la voix des producteurs dans les multiples controverses.
A.J.
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COMMUNICATION La communication de proximité doit être réhabilitée en tant que telle auprès des membres de la famille, des voisins, des visiteurs (randonneurs, clients en vente directe…) en ré-introduisant les valeurs liées à la fonction nourricière et à l’alimentation dans ses dimensions sociale et culturelle. 6. Parler de l’agriculture… et des agriculteurs, d’aujourd’hui… et de demain L’ image de l’agriculture est complexe et multiple tout comme la réalité dont elle n’est que l’expression. On ne peut parler d’image sans faire référence à la réalité de l’agriculture qui est tout
aussi complexe et très diverse. On ne peut pas faire l’impasse sur le lien entre l’image (perçue) et la réalité qui renvoie à l’identité individuelle et collective, sociale et professionnelle. Quoi de commun entre un céréalier de la Beauce et un éleveur de montagne, entre un arboriculteur en vente directe et un propriétaire de domaine viticole, entre un néo-paysan adepte de la permaculture, souvent non issu du milieu agricole (les fameux NIMA) et un héritier de la ferme familiale. Cette diversité est une
chance, une richesse, un atout plus qu’un handicap…Mais cette complexité est difficile à saisir, à transmettre et à comprendre, pour les agriculteurs eux-mêmes et pas seulement pour les journalistes. A travers les questions d’identité, on est loin des seuls outils de communication, car l’enjeu est ici de savoir mettre en avant les raisons et motivations qui portent les choix d’être agriculteur, au-delà de la passion. Cette image est nécessairement datée, liée au passé (un patrimoine historique commun). Mais ce n’est une raison de préparer et de construire l’image de demain. Ce chantier fondé sur la pédagogie, l’éducation, doit s’inscrire dans la durée comme tout investissement immatériel. Si la technique (ou le progrès) apparaît comme un des éléments-clé, il ne faut pas oublier les multiples missions de l’agriculture (et en priorité, la fonction nourricière), comme ses dimensions symboliques.
7. Un isolement en nombre L’agriculture souffre non seulement d’un isolement numérique lié à la démographie (et au non renouvellement des générations) mais aussi géographique. Tous les sociologues mettent en avant cette révolution silencieuse (unique dans l’histoire de l’humanité) de passage d’une majorité à une minorité, y compris dans les communes (et familles) rurales. Cette double situation entraîne une réduction substantielle des occasions de relations et du manque de relations entre les agriculteurs et leurs congénères. Il faut donc penser en termes de liens plutôt qu’en termes de savoirs ou de biens (produits, techniques…) et pas seulement en manque d’informations qu’il faudrait combler ou d’une mauvaise image qu’il faudrait rectifier… Dans cette optique la communication de proximité doit être réhabilitée en tant que telle auprès des membres de la famille, des voisins, d e s v i s i t e u r s ( ra n d o n n e u r s , c l i e n t s e n ve n t e d i r e c t e … ) A.J.
Informer, toujours et partout.
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COMMUNICATION en ré-introduisant les valeurs liées à la fonction nourricière et à l’alimentation dans ses dimensions sociale et culturelle (convivialité, plaisir, partage...).
8. Une richesse patrimoniale à partager L’image et la réalité agricole sont riches de symboles, de culture, de sens, de richesses patrimoniales (exemples : cuisine et traditions d e t e r r o i r, p a y s a g e , b i e n s communs comme les ressources naturelles : eau, sol, biodiversité…). En ce sens, l’agriculture est une activité spécifique, qui est tout, sauf anodine. On l’oublie trop souvent lors des crises sanitaires ou environnementales. Sa première mission est nourricière (nourrir les gens, dont ceux qui vivent à proximité). Elle s’appuie sur les ressources naturelles (eau, sol, biodiversité…) et sur les processus biologiques fondamentaux (ou « naturels »), même si l’activité peut paraître artificielle ou industrielle. Comme tous les symboles, ceux-ci n’appartiennent à personne mais à la communauté (une région, un pays…). Il s’agit donc de les partager, d’échanger, de mettre en commun (voire co-construire), plus que « communiquer » ou « faire passer un message » comme si l’on détenait le « sens propre ».
9. Changer de posture Devant les interrogations de certains et les accusations d’autres, le risque est de chercher à se justifier ou à se réfugier notamment derrière des arguments techniques ou économiques. Là aussi, la pédagogie est nécessaire pour comprendre le bien-fondé de certaines questions (ex : protection de l’environnement, bien-être animal) et y répondre à partir de ses pratiques (cultures, élevage), ses choix techniques (systèmes de production) et les choix stratégiques. Il est intéressant de faire référence aux (bonnes) raisons qui président à ces choix (contraintes, difficultés de changer, mais aussi valeurs positives, progrès réalisés…). D e va n t l a
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La communication ne pourra se résumer à des actions sporadiques, ni à un repositionnement de circonstance. L’enjeu mérite une véritable stratégie. multiplicité des interpellations, la tentation la plus forte est de se replier sur soi, par peur de la remise en question. A l’opposé, pour compenser le déséquilibre numérique, d’autres peuvent être tentés de faire pression sur l’opinion publique, quitte à chercher à la manipuler, ou plus encore à miser sur les relais d’opinion à la faveur d’opérations de lobbying. Le risque d’un retour de bâton n’en est que plus élevé.
10. Être fier de son métier, partager sa passion et ses produits Les sondages favorables aux agriculteurs devraient chasser les mauvais démons de l’estime de soi négative… éviter le repli sur soi – ou l’entre soi – et favoriser l’ouverture au reste de la société sur la base d’une confiance à retrouver. Il y a tant à dire sur les acquis et des atouts de l’agriculture (terroirs, qualité, tradition…) et des secteurs liés (agroalimentaire, gastronomie et cuisine, traditions culinaires, tourisme et paysage…), des évolutions passées… Bref, de belles histoires à raconter en abandonnant le registre du discours technique, trop rationnel, qui n’incite pas beaucoup à rêver, ni à partager. Encore faut-il savoir en parler avec le ton et les mots justes (quitte à se former pour cela), bien connaître ses produits, savoir les apprécier (et donc les manger et parfois les cuisiner) et surtout les valoriser, ce qui suppose d’en identifier la valeur, plus que les volumes ou tonnages sortant de « l’exploitation » (un terme à l’opposé d’une communication positive). Fierté ne veut pas dire arrogance (« C’est grâce à nous que vous avez encore à manger »), ni déni en évitant les conséquences négatives ou « effets pervers » de l’activité (ex : effets sur le paysage ou sur l’environnement…). En effet, le sens du métier ne vient pas tant de la technique
que de son lien avec les objectifs recherchés : qualité du produit, protection de l’environnement, protection des plantes, santé des animaux. Les choix techniques (doses d’engrais, choix d’une variété ou d’une espèce, d’un système de production…) ne prendront tout leur sens que s’ils sont rattachés a ux pré o cc upa t io ns de no s concitoyens : leur alimentation, leur cadre de vie (ressources naturelles), leur patrimoine (paysage, biodiversité…). L’enjeu est donc multiple : passer d’une culture du produit à celle d’une filière, passer de la matière première – le minerai – à celle d’un bien consommé, partie intégrante d’une chaîne alimentaire. C’est en ajoutant de la valeur qu’on sera plus à même de récupérer de la valeur ajoutée. Les agriculteurs vivent au quotidien cette double « pression » interne et externe. Certains s’y résignent, d’autres refusent cette adaptation n é c e s s a i re . N o m b re d ’ e n t re n’hésitent pas à communiquer sur leurs stratégies d’adaptation de leurs pratiques. La valeur attachée aux produits agricoles et alimentaires, et au-delà au métier, viendra donc de la capacité à leur rattacher des composantes immatérielles et relationnelles (origine, information, image…) qui lui donnent tout son sens auprès de ceux qui les consomment ou tout simplement vivent à nos côtés, à commencer par les proches : parents, voisins... L’enjeu est colossal : passer de la culture du champ… au champ d’une nouvelle culture. La communication ne pourra se résumer à des actions sporadiques, ni à un repositionnement de circonstance. L’enjeu mérite une véritable stratégie. Ceux qui, sur le terrain, ont fait ce choix en sortent réconfortés. La voie est donc montrée, mais à l’échelle nationale elle ne peut s’improviser. Rémi Mer Journaliste et consultant en communication
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MOTEUR
Pulvérisation, les automoteurs forcent l’allure En dépit d’un marché contraint par l’économie et par la structure des exploitations, l’offre de pulvérisateurs automoteurs est étoffée et ne manque pas de se renouveler.
John Deere
Le R4050i est proposé avec des rampes en fibre de carbone de 36 mètres.
À
peine un peu plus d’un appareil vendu chaque jour : c’est très grossièrement l’ordre de grandeur du marché pulvérisateurs automoteurs en France. Selon Axema, le syndicat des industriels de l’agroéquipement, il s’est immatriculé très exactement 409 unités durant l’exercice 2015, qui accusait il est un vrai un reflux des ventes de 20 %. Une douzaine de marques se dispute le marché, au premier rang desquels figure Artec, une
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entreprise vendéenne créée en 2004 seulement. Le fer de lance de la marque est un automoteur dont le châssis, supportant le moteur, la cuve et la cabine, peut recevoir indifféremment les rampes en position frontale (version F40) ou arrière (R 40). Avec leur cabine de classe IV pressurisée, les F 40 et R 40 sont proposés en 4000 l et 5000 l avec rampe alu Pommier de 28 m à 50 m et moteur Deutz 6 cylindres Tier 4 Final (217 ch ou 250 ch). Le constructeur développe par ailleurs avec le H 40 un appareil à voie variable
(2,25 m à 2,75 m ou 2,7 m à 3,2 m), abandonnant la transmission hydrau-mécanique des F 40 et R 40 pour une transmission hydraulique. Le RS 20 (2000 l ou 2800 l, 155 ch, 4 cylindres, 24 m à 36 m), lui aussi à voie variable (1,80 m à 2,70 m), cible quant à lui les applications à volume réduit et grande vitesse
L’armada Exel Si la marque Artec fait la course en tête, elle reste néanmoins dans l’ombre du groupe français Exel,
fort de ses huit marques (d’Agrifac à Tecnoma en passant par Berthoud, Hardi…) et qui s’adjuge ainsi plus de 50 % des ventes, avec la marque Matrot en tête. Le constructeur fêtait l’an passé la livraison du 3 500e automoteur depuis le début de son histoire dans la pulvérisation, initiée en 1985. Il s’agissait en l’occurrence d’un Xénon de 5200 l en 36 m, équipé du système de stabilisation des rampes et dévers Stabilis. Outre le Falcon et les Xénon Pro et Expert (4300 l et 5200 l jusqu’à 50 m) la gamme Matrot compte également les Hellios II (2500 l et 3000 l jusqu’à 38 m) et les Maestria (3900 l et 4000 l jusqu’à 50 m), sans oublier le dernier-né, le Falcon, un appareil de 6000 l perché à 1,80 m, emmené par un moteur de 380 ch assurant une couverture sur 36 à 48 m jusqu’à la vitesse de 35 km/h au champ. Chez Berthoud, c’est le Raptor qui vient de faire cuve neuve. L’appareil est décliné en 9 modèles d’une capacité de cuve comprise entre 2500 l et 5200 l et une largeur de rampes de 24 m à 44 m, avec dans le détail quatre modèles à cabine centrale et rampe arrière, deux modèles à cabine centrale et rampe avant (série AS) et trois modèles à cabine frontale et rampe arrière (série FC). Outre la voie variable hydraulique optionnelle (hormis 2540), le Raptor bénéficie désormais et en option de la garde au sol hydraulique sur les modèles 4200 l et 5200 l en version cabine centrale, avec un dégagement de 1,25 m à 1,8 m. Le Raptor est doté de la transmission hydrostatique Bosch Rexroth avec la fonctionnalité Eco, garante d’une économie de carburant et d’un meilleur confort de conduite. C’est la même transmission qui équipe la nouvelle version de l’APX de Seguip (2500 l, 3200 l, 4200 l et 5200 l), doté d’une cabine de classe et d’une voie variable hydraulique et du dégagement hydraulique (1,25 m à 1,80 m). Chez Hardi-Evrard, l’Alpha evo bénéficie de la suspension pneumatique Air-Drive (option), constituée de deux amortisseurs pour l’essieu avant comme pour l’essieu arrière. Cette suspension pneumatique n’interfère pas avec la suspension de rampe tandis que des valves de nivellement permettent de déjouer les effets pervers dans les dévers.
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La marque française Artec s’est positionnée en tête des ventes d’automoteurs en 2015.
La voie variable est une autre nouvelle option proposée sur l’Alpha evo. Deux demi-essieux à coulissement hydraulique et montés en parallèle sur chacun des essieux avant et arrière permettent d’obtenir une variation de voie de 1 m entre les position mini et maxi, indépendamment de la monte de pneumatiques, le tout piloté depuis la cabine. Une offre unique en Europe selon le constructeur. Grâce à la voie variable, les Alpha evo peuvent prendre la route à 40 km/h, y compris avec des pneus étroits (< 420), un privilège réservé aux pneus larges anti-tassement au de-là de 2,55 m de gabarit routier. Entre autres avantages, Hardi met en avant le gain de sécurité pour les chantiers en dévers, la possibilité de changer de monte en cours d’année pour répondre à des problématiques de tassement et bien évidemment l’adaptation aux différents écartements entre rangs. Chez Tecnoma, c’est le Laser qui bénéficie d’une refonte (moteur, cabine…), une large gamme croisant trois concepts (rampe avant, cabine avancée, cabine centrale), trois motorisations (175 ch, 217 ch et 245 ch), quatre capacités de cuve (2500 l, 3200 l, 4200 l et 5200 l).
Artec
Rampes en carbone Chez John Deere, une nouvelle référence fait son apparition. Il s’agit du R4050i, portant la capacité de cuve à 5000 l contre 4000 l pour le R4040i. La cuve n’est que la face visible que la course à la productivité, mise à profit pour traiter davantage de parcelles dans les meilleures conditions. Le constructeur agit sur d’autres paramètres que sont la vitesse (jusqu’à 28 km/) tout en garantissant la constance de la hauteur de rampe et sa stabilité de rampe grâce au BoomTrac Pro à 3 ou 5 capteurs. Le débit au remplissage (moins de 5 minutes) est garanti par le système PowrSpray, associant deux pompes centrifuges. Le remplissage peut être mis temporairement en pause pour permettre l’incorporation des produits sans risque d’erreurs dues à la précipitation. Le PowrSpray est également caractérisée par une régulation directe du volume/ha sans retour en cuve, s’opérant par modulation de la vitesse d’entraînement de la pompe de pulvérisation. La réactivité du système évite les sous-dosages ou surdosages lors des démarrages en début
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MOTEUR
L’AmaSpot est un système de reconnaissance et de traitement de plantes cibles. Il repose sur des capteurs infrarouges détectant la chlorophylle et capables ainsi de faire la différence entre des plantes vertes et le sol non recouvert. Avec un capteur disposé tous les mètres et une résolution décomposée en en quatre secteurs par capteur, AmaSpot balaie des bandes de 25 cm de large. Lorsque le système sensoriel détecte une plante, la buse à injection d’air pulvérise et se coupe avec une précision au cm près, jusqu’à des vitesses A.J. pouvant atteindre 20 km/h, pour des applications de jour comme de nuit. L’économie de produits phytosanitaires et la productivité de chantier (moindres volumes de bouillie mis en œuvre) constituent les deux plus gros avantages de la technique. Amazone cite également la possibilité d’utiliser des concentrations plus fortes de matière actives pour prévenir les phénomènes de résistance tout, en réduisant au final les coûts d’application du fait des jets ciblés. Le système peut être déconnecté pour assurer des applications en plein.
Côté pneumatiques, le R4050i peut être pourvu de pneus UltraFlex, comme les 480/80R46 SprayBib ou 520/85R42 CerexBib. Chez Amazone, le Pantera 4502 (4000 l, 24- 40 m) est complété
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Avec Amaspot, le traitement localisé par taches et la modulation de dose intraparcellaire sont à portée de buse.
Amazone
Hardi-Evrard
L’Alpha evo peut recevoir en option des suspensions pneumatiques et un dispositif de voie variable.
de rang, lors des variations de vitesse d’avancement ainsi que lors des coupures de tronçons, manuelles ou automatiques. Le nouvel automoteur reçoit des rampes de 36 m ni en acier ni en aluminium mais en fibre de carbone, ainsi allégées de 800 kg comparativement à des rampes de même longueur en acier. Au final, le R4050i ne pèse que 300 kg de plus que le R4040i qui ne bénéficiera pas de ces rampes. Résistantes aux contraintes mécaniques et chimiques, elles sont également réparables le cas échéant. Autre incidence : la répartition du poids entre l’avant et l’arrière, proche des 50/50 (48/50).
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Tir à vue pour Amazone
par le 4502-H dont le châssis hydraulique permet de porter à 1,70 m la garde au sol contre 1,25 m pour le 4502. Une simple pression sur le terminal tactile Amadrive suffit pour élever de 45 cm la garde au sol du pulvérisateur, une opération qui peut se faire en roulant à la vitesse de 2 km/h sur une distance de 15 m. Cette version est adaptée au traitement des cultures hautes telles que le maïs ou la tournesol. En position haute, la largeur de voie du Pantera reste ajustable, dans une fourchette comprise entre 2,10 m et 2,60 m contre 1,80 m et 2,40 m en position basse, sans affecter la stabilité de l’appareil. Pour faciliter la conduite en cultures hautes, la version 4502-H est dotée d’un palpeur de rang. Animé par un moteur Deutz 6 cylindres à gestion optimisée, l’automoteur embarque une cuve de 4000 l pour des largeurs de rampes comprises entre 24 m et 40 m. Son châssis tandem à fixation autorise trois modes directionnels (deux roues, quatre roues, marche en crabe)
6,30 m de rayon de braquage. Sa suspension hydropneumatique à régulation électronique s’ajuste au volume embarqué et à la conduite (accélération, manœuvres). Son poste de pilotage se compose de trois terminaux : Amadrive pour le pilotage de l’automoteur, Amatron 3 pour la gestion de pulvérisation, Amapad pour les applications GPS et le contrôle des tâches, sans oublier le joystick. Différents phares de travail et éclairages de rampes repoussent les limites de travail. L’automoteur reçoit en option une cabine de catégorie 4 (norme EN 15695-1) sous pressurisation. Raphaël Lecocq
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MOTEUR
En finir avec l’agriculture d’imprécision V
ous avez dit agriculture d’imprécision ? Oui. C’est celle qui consiste à appliquer sur chaque parcelle des doses moyennes et uniformes d’engrais de fond, de semences, d’azote, d’herbicides, de régulateurs ou encore de fongicides, au mépris de l’hétérogénéité intraparcellaire, aboutissant à des surdosages ici, à des sous-dosages là, préjudiciables ici à l’environnement et là au rendement, mais dans tous les cas au bilan comptable.
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A l’aube XXIe siècle, l’émergence de nouvelles technologies, telles que le géopositionnement, l’électronique embarquée ou encore les capteurs, offre l’opportunité de raisonner les interventions au centiare, c’est à dire mètre carré par mètre carré, et non plus à l’échelle de parcelles de 2, 5, ou 10 hectares et plus. Et c’est heureux car l’agrandissement des parcellaires, consécutif aux remembrements et à la mécanisation, démultiplie potentiellement les facteurs naturels d’hétérogénéité intraparcellaire. La cartographie de la richesse minérale des parcelles est un préalable obligatoire pour mettre en œuvre l’agriculture de précision. De cette cartographie va découler la modulation intra-parcellaire de la fumure de fond (P, K, CA, Mg), avec un objectif double : lever les carences dans les zones déficitaires et économiser des engrais dans les zones excédentaires. Au fil des ans, une certaine homogénéisation des teneurs n’est pas à exclure. Ce qui conditionne le renouvellement de l’analyse dans les 5 à 7 ans. L’échantillonnage des prélèvements ne relève ne doit rien au hasard. Il doit être diligenté en s’appuyant sur des données historiques relatives aux opérations de remembrement et à l’occupation passée des sols (bois, prairies, terres arables). Grâce à l’analyse chimique aux apports modulés qui en découlent, le risque de carence en P, K, CA et Mg est éliminé. La
Mais quel potentiel ? La réponse est dans l’analyse physique du sol, consistant à balayer géométriquement toute la parcelle au moyen d’un conductivimètre, confortée par des profils culturaux ciblés. Une analyse unique et définitive, qui aboutit à l’établissement de zones de potentiel intra-parcellaires où entrent en jeu la profondeur, la réserve utile etc. Ultime étape : l’application modulée via le semoir, le distributeur d’engrais ou encore le pulvérisateur, la plupart des équipements en parc étant compatibles avec cette agriculture de précision.
Une pratique non solitaire Pas si simple tout de même ? Certes. C’est pour cette raison que la mise en œuvre de l’agriculture de précision s’accommode mal d’une pratique en solitaire. En France, il y a un modèle à suivre, c’est celui de l’Eure, le département le plus avancé en matière d’agriculture de précision en France, avec environ 65 000 hectares recensés. Pourquoi l’Eure ? Parce que des agriculteurs, membres du GR CETA de l’Evreucin ou adhérents de la coopérative Cap Seine, se sont lancés dans des essais pour caractériser cette hétérogénéité avant de tester la modulation intraparcellaire. C’était au début des années 1990 quand la première réforme de la Pac assombrissait l’avenir de l’agriculture, restreignait les marges et piquait l’orgueil des agriculteurs, déconsidérés dans leur
Sylvain Delalonde à Ajou (Eure) : « - 80 €/ha d’intrants, + 5 q/ha » « Le capteur de rendement a été l’élément déclencheur. En 2003, je visualise des écarts de rendements intraparcellaires de 25 q/ha. Depuis, j’ai converti mon exploitation à l’agriculture de précision réalisant des cartographies de la richesse minérale de mes parcelles ainsi que des potentiels de rendement. Le tout me permet de moduler en intra-
Benoît Kennel à Buhl (Moselle) : « Investir 10 euros par hectare et par an »
« C’est ce que me coûtent les analyses de richesse m i n é ra l e i n t ra parcellaires, qui se décomposent en 65 €/ha d’analyses et 35 €/ha de conseil sur 10 ans. Avec ça, je lève les carences, et si je rajoute 40 €/ha d’analyse de potentiel, une analyse unique et définitive, j’accède à la modulation annuelle de l’azote voire des autres intrants. Mon investissement dans l’agriculture de précision est très récent. S’agrandir ? C’est très couteux. Maîtriser le prix de vente, c’est impossible mais augmenter le tonnage, oui, grâce à l’agriculture de précision, qui fait table rase du rendement moyen et des pratiques uniformes. Aujourd’hui, sur 270 ha, je produis 1700 t, toutes espèces confondues, avec une bonne part de colza. Mon but est d’atteindre 1800 tonnes. »
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à actionner dans les 10 ans à venir pour améliorer le bilan économique, environnemental et sociétal des exploitations et accessoirement redonner du sens au métier. C’est doublement vital. Raphaël Lecocq
parcellaires les apports d’engrais N, P, K, Mg, de fongicides et de régulateurs sur des espèces comme le blé, le colza ou le lin. En blé, j’économie 80 €/ha d’intrants tout en rehaussant mon rendement moyen de 5 q/ha. Dernièrement, j’ai investi dans une trémie intercalée entre le déchaumeur et le tracteur pour réaliser les apports de phosphore et de magnésium. Cet équipement me permet de pousser plus loin la modulation intra-parcellaire car je la réalise désormais très précisément sur des plages de 6 m, c’est à dire la largeur de mon déchaumeur à disques. »
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Du moins dans la pratique car en théorie, tous les voyants sont au vert pour appuyer sur le bouton de l’agriculture de précision, qui part d’un constat : les sols sont hétérogènes. Texture, structure, pH, teneurs minérales, matière organique, topographie, réserve utile… Tous ces paramètres sont susceptibles de varier à l’intérieur d’une même parcelle. C’est une réalité géologique, renforcée par les déboisements, retournements de prairies, remembrements, amendements, etc. La preuve en est donnée avec les cartographies de biomasse ou de rendement fournies par les satellites, les drones ou encore les capteurs embarqués. Elles ont achevé de lever l’intuition des producteurs au volant de leur moissonneuse-batteuse. Du reste, le concept d’agriculture de précision n’est pas né avec le XXIe siècle. En découpant leurs lopins de terre et en ajustant « à l’œil » les apports de fertilisants organiques par exemple, les « anciens » pratiquaient déjà l’agriculture de précision. Sans le
Les analyses de sol d’abord
parcelle peut donc exprimer tout son potentiel.
Ce modèle, il faut l’essaimer partout en France. En grandes cultures, les agriculteurs pionniers font état d’un retour sur investissement de 30 à 60 €/ha sur la fertilisation en phosphore et potassium, de 15 à 30 €/ha sur la fertilisation azotée,
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Beaucoup se reconnaîtront dans ces pratiques et pour cause : l’agriculture de précision n’en est qu’à ses balbutiements à travers le monde.
savoir, avec une dose d’empirisme très certainement, mais pas sans une mesure de bon sens paysan.
de 10 à 20 €/ha sur les semences tout comme sur protection fongicide et de 10 €/ha sur le poste herbicide. En abandonnant la dose unique et uniforme, on réalise des économies d’intrants dans les zones à faible potentiel et on déplafonne le rendement dans les zones à plus fort potentiel. L’agriculture de précision est sans conteste le levier
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En optimisant les intrants et en déplafonnant les rendements, l’agriculture de précision est sans conteste le levier à actionner pour améliorer les bilans comptables, agronomiques et environnementaux des exploitations. Il n’y a plus qu’à effleurer le bouton…
activité de production de matières premières alimentaires.
Emmanuel Martin à Serez (Eure) : « Au-delà de la technologie, l’humain » « L’agriculture de précision, c’est de l’analyse de sol, des modèles agronomiques et des outils informatiques et électroniques aboutissant à la modulation intraparcellaire. Mais c’est aussi beaucoup d’humain. Tout seul, je ne serais pas parvenu à développer cette agriculture sur mon exploitation. Il faut partager ses réflexions et ses passions. L’agriculture de précision est aussi un moyen de donner des perspectives aux jeunes. Il faut leur faire voir qu’on est capable d’aller chercher de l’innovation. Mon arrière-grand-père avait découpé les parcelles. Le rond mauvais, il en avait fait une parcelle. Mes enfants vont poursuivre le mouvement. Ce facteur humain est également déterminant lorsque vous avez des salariés. Mettez des cartes de modulation entre leurs mains : cela les passionne et les valorise. »
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AGRONOMIE
Yara affiche ses ambitions en agriculture de précision Le fabricant d’engrais Yara affirme sa volonté d’accélérer la diffusion de ses outils de pilotage. L’entreprise norvégienne souhaite aussi communiquer plus largement sur les enjeux de l’agriculture de précision, y compris auprès des politiques.
De nouveaux outils Yara poursuit également ses travaux de recherche pour élargir sa gamme d’outils. Le dernier né, Yara Image IT, connaît déjà une belle diffusion. Cette application smartphone permet d’estimer notamment la biomasse sortie hiver des colzas et a déjà été téléchargée 20 000 fois dont 6000 fois par des utilisateurs français. Elle est également opérationnelle pour raisonner le premier apport sur blé.
Yara
opérationnelle dans tous les pays », explique Pal Oystein Stormorken, responsable du développement des outils d’aide à la décision Yara. « Faciliter la gestion des données et donc l’usage de l’agriculture de précision est un levier essentiel pour une meilleure diffusion des outils existants ». Les outils Yara sont d’ores et déjà utilisés dans plusieurs pays européens ainsi qu’en Amérique du Nord et du Sud.
Les ventes de Yara N-Tester® connaissent une forte croissance en France et Allemagne depuis trois ans. Dans l’Hexagone, leur nombre sur le terrain a été multiplié par quatre ces trois dernières années. Quant au Yara N-Sensor®, il a été vendu dans 35 pays. D’après les estimations, plus d’1,6 millions d’hectares seraient fertilisés avec l’aide de cet outil de modulation intra-parcellaire et les surfaces progressent régulièrement.
Par ailleurs, d’importants travaux sont en cours pour développer un nouvel outil de gestion de l’irrigation. Le Water-Sensor est un capteur placé sur les feuilles qui enregistre directement l’état de stress hydrique du végétal. Pour la première fois, la décision d’irrigation pourrait être prise en fonction d’une mesure réalisée directement sur la plante et non plus dans le sol. L’outil est d’ores et déjà calibré pour les citronniers et les oliviers mais de nombreuses cultures sont en test.
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Yara
« L’agriculture de précision est un moyen de rendre l’agriculture plus productive tout en diminuant son empreinte climatique », affirme Joachim Lammel, viceprésident de la branche recherche et développement de Yara. « Le changement d’usage des terres pour répondre aux besoins croissants de la population mondiale génère 11 % des gaz à effets de serre contre 10,2 % pour l’agriculture et 0,9 % pour la production de fertilisants. Pour limiter le réchauffement, il faut donc produire plus sur une surface équivalente. » Pour ce chercheur, l’agriculture de précision doit permettre d’augmenter les rendements tout en limitant les
pertes d’azote dans l’environnement. « L’un des indicateurs pertinent est le NUE, Nitrogen Use Efficiency, qui mesure la part de l’azote épandu contenue au final dans la plante récoltée. D’après la FAO, le résultat moyen en Europe est de 62 %, ce qui est déjà un bon chiffre par rapport aux autres continents. Mais les essais Yara montrent que nous pouvons atteindre 83 % grâce à notre méthode de raisonnement et notamment l’utilisation de nos outils », affirme Joachim Lammel. Fort de cette conviction, Yara souhaite intensifier sa communication dans les prochains mois auprès des agriculteurs mais aussi auprès de leurs représentants professionnels
et des politiques. « L’action publique peut jouer un rôle pour faciliter l’accès aux nouvelles technologies » explique Jean-Paul Beens, responsable des relations publiques de Yara.
MyYara, une nouvelle interface unique En parallèle, l’entreprise développe la plateforme internet MyYara, interface unique pour tous les outils Yara (N-Tester®, N-Sensor®, Image-IT…) qui donnera à l’agriculteur l’opportunité de gérer ses données collectées et l’ensemble de sa stratégie de fertilisation (résultats d’analyses de terre, historique des parcelles, cartographie). « Cette plateforme sera progressivement
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* à compléter obligatoirement
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AGRONOMIE
Insecticides du sol : deux nouveautés en 2016 La problématique croissante du taupin sur un nombre important de cultures et sans préférence géographique a remis sur le devant de la scène les impasses techniques concernant les ravageurs du sol. « Sur la campagne 2015-2016, la problématique est toujours très présente voire en légère augmentation sur le taupin dans la mesure où il n’existe aucune solution éradiquante », note Sébastien Bellegueulle, chef marché « insecticides du sol » chez Syngenta. Constat identique sur la chrysomèle du maïs comme le confirme l’AGPM en octobre dernier : 7551 insectes ont été capturés en 2016 essentiellement en Alsace (55 %), Rhône-Alpes (44 %) et dans le Sud-Ouest (1 %). Enfin, cette année, il faut également noter la présence de scutigerelle en zone ouest Bretagne. En 2016, deux nouveaux insecticides ont été homologués et complètent l’offre du marché sur le créneau des micro-granulés : Karaté 0.4GR (Syngenta) et Trika-Expert (Sumi Agro France).
Trois modes d’action La formulation de Karate 0.4GR permet de combiner trois modes d’actions (contact, ingestion et tension de vapeur), avec des doses sont modulables en fonction de la pression : 12 kg/ha minimum en situation à faible pression ou positionnement en double protection (associé à une protection de semences), 15 kg/ha dans
Le dossier Mocap toujours défendu Si Certis ne distribue plus Belem®, la société n’abandonne pour autant pas le marché sur lequel elle a construit une expertise depuis 2009. « Nous continuons de défendre le dossier Mocap® même si la matière active, l’éthoprophos, est dans le viseur du législateur », note Mathieu Vaisset, chef marché grandes cultures Certis. Après l’AMM 120 jours octroyée jusqu’au 8 juillet dernier, la société espère « une autorisation pleine et entière en France pour cette solution par ailleurs déjà homologuées dans d’autres pays européens ».
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toutes les autres situations. À noter que ce produit doit être utilisé avec un diffuseur adapté afin de répartir au mieux les granulés autour de la graine de maïs. Seconde solution, Trika Expert est le seul et premier produit possédant une AMM mixte associant un insecticide (lambda-cyhalothrine à 0,4%) sur un support fertilisant starter et bio-stimulant. La solution est homologuée à 15 kg/ ha sur maïs, tournesols, portesgraines, soja, tabac… Attention, à la dose recommandée, ce produit n’apporte que 5 unités/ha de phosphore « et son intérêt en tant qu’engrais starter n’a pas été démontré jusqu’à présent dans les essais Arvalis. L’utilisation d’un diffuseur, recommandé, dilue par ailleurs l’engrais qui devient moins disponible à proximité des racines des jeunes plantes », note Arvalis.
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Homologué en 2015 suite à une procédure de reconnaissance
mutuelle, Karate 0.4GR de Syngenta, offre une alternative de lutte contre les taupins et autres ravageurs du sol sur un grand nombre de cultures. L’insecticide – formulé en microgranulés et issu de la matière active lambdacyhalothrine – complète ainsi la gamme complète de la société structurée autour de Force 20CS en traitement de semence et des deux solutions en micro-granulé : le Némathorin 10G et Force 1.5G, la référence du marché à base de téfluthrine.
Céline Zambujo
Par ailleurs, Certis travaille sur des solutions à moyenlong terme, notamment en biocontrôle, disponibles d’ici 4 à 5 ans. « Notre idée n’est pas de remplacer les solutions conventionnelles mais bien de proposer des options de biocontrôle complémentaires, en antitaupin notamment. Ces solutions permettront aux agriculteurs de réduire les quantités de solutions conventionnelles, tout en conservant la même efficacité. »
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AGRONOMIE
L’expertise affirmée de Certis sur fusarioses Mathieu Vaisset, chef marché grandes cultures chez Certis, explique l’analyse du réseau de parcelle mis en place en France sur les fusarioses. Avis d’expert.
A
vec les conditions climatiques qui ont sévi au printemps dernier, le risque fusariose était particulièrement fort cette année comme l’a démontré le réseau Certis Vigimyco comptant une vingtaine de parcelles réparties dans les principaux bassins de production céréaliers.
« Nous avons mis en place ce réseau pour la 5e année. Il permet l’étude de la flore sur grains à la récolte sur la base d’analyses fines et très précise en PCR. Si tout n’est pas comparable car nous avons suivi deux années sur orge et trois sur blé, il donne néanmoins une idée de l’infection fongique de l’année précédente. 2016 est ainsi la 3e année en cinq ans avec une prédominance des fusarioses du genre Microdochium qui ont un impact rendement notable, même si elles ne produisent pas de mycotoxines réglementées. Mais cette année les champignons du groupe Fusarium ont parfois été présents et ont dégradé la qualité de la récolte », commente Mathieu Vaisset, chef marché grandes cultures Certis.
Certis
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des contaminations significatives de Fusarium, et tout particulièrement de F. graminearum. »
Gain moyen de 2 quintaux par hectare Autre atout de ce réseau, il permet d’évaluer l’impact et de mesurer l’efficacité de la solution proposée par Certis, à savoir Cercobin®, une solution de fin de cycle sur céréales. Mais il offre également la possibilité de hiérarchiser les paramètres favorisant l’expression des fusarioses. « Nous voyons ainsi comment notre solution peut modifier la flore, la structurer en contrôlant certains champignons. Et quel gain de rendement elle amène en complément des traitements T3 contre rouille et septoriose. » Côté gain de rendement, depuis 5 ans, le réseau a montré que
l’utilisation de Cercobin® amenait en moyenne un gain de 2 q/ha, « gain observé tous les ans, même les années à faible pression ». Dans le détail, en 2016, les gains moyens ont été de 1,5 q/ha en région Centre particulièrement touchée par les intempéries et de 4 q/ha en moyenne dans le Nord, avec des variations comprises entre 0,5 q/ha (précédent betterave) et 11 q/ha (précédent maïs fourrage).
« Quand on est sur des facteurs a priori favorables à l’expression de la fusariose – comme des blés de maïs, ou dans des secteurs où la climatologie contribuent au développement de la maladie –, même en année faible, on ne perd pas d’argent à utiliser Cercobin®. Sur les années à forte pression, non seulement on gagne des quintaux, mais on préserve aussi la qualité de la récolte. Cela s’explique par le fait que ce fongicide à large spectre, relativement ancien, et donc
affecté par la résistance de certains pathogènes, a néanmoins un impact sur des maladies secondaires sur lesquelles on n’a pas forcément de solutions homologuées. Ce gain récurrent de 2 quintaux observé tous les ans, y compris les années de faible pression, rembourse l’utilisation du produit », conclut le chef de marché. Céline Zambujo
* Indice fusariose : somme du nombre de génomes pour 1000 génomes de céréales pour 9 espèces de fusarioses, mesuré par q-PCR.
L’analyse de ce réseau montre également d’importants écarts en lien avec les conditions agroclimatiques. « 2012 avait établi un record de contamination avec un indice fusariose (*) de plus de 800, mais avec peu de Fusarium dans la flore naturelle. Après 3 années quasiment sans fusariose (indice fusariose à peine au-dessus de 100), 2016 montre combien ces champignons peuvent être nuisibles : l’indice fusariose approche 400 cette année. En outre, toutes les parcelles situées dans le sud du bassin parisien ont une teneur en DON au-delà des seuils réglementaires. Sur ces parcelles particulièrement concernées par les intempéries à la mi-juin, on retrouve
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Avec la montée en puissance des innovations annoncées par les entreprises, la mise en place du consortium public-privé du biocontrôle et le lancement des Certificats d’économie de produits phytopharmaceutiques, l’association IBMA France veut tripler les solutions de biocontrôle disponible pour les agriculteurs.
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Denis Longevialle, secrétaire-général d’IBMA France.
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Ainsi, la recherche, le développement et l’innovation devraient contribuer à porter, à l’horizon 2020, la part du biocontrôle à 15 % du marché français de la protection des cultures (5 % aujourd’hui). Depuis 2013, l’industrie française du biocontrôle affiche un taux de croissance compris entre 12 et 15%, « un taux de croissance certes insuffisant pour tripler la part du marché du biocontrôle d’ici 2020. Mais nous pensons que le consortium et la mise en place des certificats d’économie de produits phytopharmaceutiques (CEPP, lire l’encadré) vont venir renforcer l’action développée par IBMA qui s’appuie sur quatre leviers : la mise en place d’une politique publique plus favorable, l’innovation, l’information et la formation », détaille Denis
Certificats d’économie de produits phytopharmaceutiques La loi d’avenir du 13 octobre 2014 a autorisé le gouvernement à adopter, par ordonnance, les dispositions nécessaires afin de mettre en place un dispositif expérimental de certificats d’économie de produits phytopharmaceutiques (CEPP), sur le modèle du dispositif des certificats d’économie d’énergie. Le décret du 26 août 2016,
Longevialle, secrétaire général de IBMA (International biocontrol manufacturers association) France. Côté information, IBMA organise son prochain colloque le 31 janvier à la Cité des sciences de La Vilette à Paris, « avec un programme très orienté vers la réalité pratique du biocontrôle » autour de quatre table-rondes : céréales & oléoprotéagineux, arboriculture fruitière, légumes et jardins & espaces verts. Côté formation, IBMA est à l’origine de la création de l’Académie du biocontrôle qui propose un programme de formation à destination des techniciens et des agriculteurs. « L’attente des agriculteurs sur la formation est forte comme l’a
qui fixe les modalités de mise en œuvre de ce dispositif expérimental de CEPP, a été complété par trois arrêtés le 12 septembre 2016 qui définit une première liste de 20 actions standardisées d’économie de produits phytopharmaceutiques, avec une déclinaison par filière. Ces fiches sont consultables sur le site internet de Ecophytopic.
montré l’enquête Datagri menée en 2015 : 80 % des agriculteurs ont exprimé le besoin de formation et d’accompagnement. »
52 produits d’ici à 2018 dont 7 pour les céréales Sur l’innovation, IBMA a interrogé ses entreprises adhérentes sur leurs projets de développement d’innovation en biocontrôle, entre décembre 2015 et janvier 2016. 52 % d’entre elles ont répondu et annoncent avoir lancé 62 projets de recherche sur le biocontrôle, dont 52 devraient aboutir d’ici 2018. Parmi ces 62 projets, 30 % concernent la vigne, 23 %
la filière maraîchère, 20 % la filière arboricole et 19 % la filière céréalière. Sur les 52 innovations à venir d’ici 2018, 7 portent la filière céréalière, dont une annoncée pour 2016 (le Polyversum® de De Sangosse, lire l’encadré), deux pour 2017 et 4 pour 2018. Mais l’enquête est allée plus loin : IBMA a en effet interrogé ses adhérents sur la nature même des innovations à venir sur le marché d’ici 2020. Ainsi, sur le marché des céréales à paille, 10 innovations sont attendues, dont 7 sur maladie, 1 pour lutter contre les adventices, 1 en traitement de semences et 1 contre les limaces.
Pour chaque solution conventionnelle, son jumeau en biocontrôle L’avis de Mathieu Vaisset, chef marché grandes cultures chez Certis : « Notre ligne de conduite est claire : pour chaque produit conventionnel majeur de notre gamme, nous souhaitons avoir une solution complémentaire de biocontrôle. C’est la stratégie développée en protection antitaupins, mais également anti-limace puisque nous considérons que le potentiel du biocontrôle sur ce marché majeur doit pouvoir représenter un tiers des ventes. Nous travaillons sur tous les segments du biocontrôle (Ndlr : macro et micro-organismes, substances naturelles et médiateurs chimiques) et notamment sur les phéromones : nous essayons de transposer les solutions développées en arboriculture à
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e consortium publicprivé du biocontrôle, voulu par le ministère de l’Agriculture, est officiellement entré en phase opérationnelle lors de la dernière édition du Salon de l’agriculture à Paris, en mars 2016. Réunissant une cinquantaine d’acteurs, son objectif est d’accélérer le développement du biocontrôle en France en travaillant en particulier sur six prototypes d’espèces de cultures dans un objectif de contribution à la baisse des Nodu (nombre de doses unités). Loin d’être un simple plan générique de développement, ce consortium vise également le lancement d’une vingtaine de nouveaux produits à court terme.
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Sept solutions pour la filière biocontrôle d’ici à 2018
base de phéromones vers les grandes cultures, en particulier sur les foreurs sur maïs, pyrale et sésamie. Du côté des micro-organismes entomopathogènes, nous cherchons à compléter la gamme insecticide. Par ailleurs, nous allons mettre prochainement sur le marché deux à trois nouvelles solutions de biocontrôle sur le marché des cultures spécialisées, un marché moteur où les acteurs sont davantage prêts à surinvestir sur ces nouvelles options de biocontrôle. En fonction des résultats obtenus, nous envisageons leur extension sur les grandes cultures ce qui permettra également des économies d’échelle pour réduire le prix d’accès à ces solutions. »
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Sur ces 10 innovations, 9 vont pouvoir être utilisées sur plus de 200 000 ha.
Objectif : complémentarité Sur le marché autre que les céréales à pailles, 14 solutions vont être lancées d’ici 2020 dont 3 pour lutter contre les adventices, 6 contre les maladies, 4 en traitement de semences et
1 contre les limaces. Sur ces 14 solutions, 8 vont pouvoir être utilisées sur plus de 200 000 ha.
« Ces données nous montrent que le cadre des outils de biocontrôle disponibles va radicalement changer à l’horizon 2020 puisqu’aujourd’hui nous avons 3 solutions contre les maladies des céréales à paille et que demain, nous en aurons 10 ; qu’en traitement de semences autre que céréales à paille, aujourd’hui nous n’avons rien et que demain nous aurons 4 outils. Idem sur
Après son anti-limace de biocontrôle utilisable en agriculture biologique, Ironmax pro efficace sur limace et escargot, composé de 3% de phosphate ferrique, De Sangosse annonce la sortie du Polyversum®, le premier fongicide d’origine naturelle pour la protection des blés et des colzas à floraison : appliqué seul, Polyversum® (dose : 100 g/ha) affiche 50% de l’efficacité d’un fongicide conventionnel à sa pleine dose. En association avec une demi-dose de triazole, la dose préconisée de Polyversum® est de 75 g/ha, avec un positionnement au même stade qu’un fongicide conventionnel sur colza (contre alternaria, sclérotinia et oïdium), et sur blé contre fusarioses, rouilles et septoriose. Ce produit à base de microorganismes d’origine naturelle nécessite d’être revitalisé avant application. « Des travaux sont en cours pour simplifier la mise en œuvre de cette solution qui s’adresse en priorité aux exploitants à la recherche de technicité et de technologies nouvelles sur
Céline Zambujo
Les carabes, alliés naturels dans la lutte contre les limaces Avec la montée en puissance des innovations annoncées par les entreprises, la mise en place du consortium public-privé du biocontrôle et le lancement des Certificats d’économie de produits phytopharmaceutiques, l’association IBMA France veut tripler les solutions de biocontrôle disponible pour les agriculteurs. les semences ne sont pas enfouies par le labour et le semis du couvert amène une nourriture supplémentaire.
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De Sangosse lance Polyversum® sur blé et colza
les herbicides sur les grandes cultures autre que céréales à paille puisqu’aujourd’hui nous passons de rien à 3. L’innovation est bel et bien en marche et va être renforcée par l’action du consortium qui travaille moins sur l’innovation produit que sur des systèmes innovants et compétitifs. Bien sûr, c’est à un horizon moyenterme pour les agriculteurs. Mais tout cela participe à la construction et à l’accélération de l’innovation en biocontrôle », concluait Denis Longevialle.
leurs cultures de céréales, qui ont déjà utilisé des solutions de biocontrôle (trichogrammes, anti-limaces…) ou des biostimulants foliaires », note la firme. À base de pythium oligandrum, découvert dès les années 1930 et connu pour sa capacité à parasiter de nombreux champignons phytopathogènes, cette innovation est intégrée à la liste des produits de biocontrôle. Cette liste, établie par le ministère de l’Agriculture, est renouvelée chaque année. Elle détaille les produits entrant dans le calcul du Nodu « vert » biocontrôle. La dernière en date (31 mars 2016) compte 200 produits environ, dont une trentaine utilisables en zones non-agricole (ZNA). Et pour accélérer le développement de ces nouveaux outils complémentaires à la lutte conventionnelle, le ministère de l’Agriculture a fait un geste en soumettant ces produits à une taxe égale à 0,1 % du chiffre d’affaires, due par les entreprises titulaires d’une autorisation de mise sur le marché ou d’un permis de commerce parallèle, contre 0,2 % pour les produits conventionnels.
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e 18 mars dernier, à l’occasion du colloque « Limaces des cultures » organisé par Arvalis, David Bohan, de l’unité mixte de recherche « agroécologie » de l’Inra de Dijon a présenté des travaux menés par le pôle Gestad (gestion durable des adventices) sur la régulation biologique des limaces par les carabes. « Notre objectif est de vérifier si les carabes peuvent réguler l’abondance des limaces, et si oui, dans quelles conditions », rappelait le chercheur. Pour cela, des relevés ont été réalisés dans une parcelle de blé d’hiver avec des prélèvements en mai, juin, juillet et août à différents endroits d’une parcelle. Pour connaître le régime alimentaire des carabes, des analyses moléculaires de leurs contenus stomacaux ont été faites afin de déterminer la nature des repas des coléoptères. L’analyse des
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résultats montre que la croissance de la population des limaces est inversement proportionnelle à l’abondance des carabes. « Nos observations montrent donc que plus les populations de carabes sont importantes, plus la régulation des limaces est élevée. »
Protéger les auxiliaires naturels
Les chercheurs ont ensuite voulu savoir si un système agronomique déjà existant pouvant favoriser les populations de carabes et donc, indirectement, permettre une gestion des populations de limaces. Leur hypothèse ? Le semis direct sous couvert protège les auxiliaires naturels, notamment les prédateurs invertébrés, en préservant leur habitat puisqu’aucun labour ne vient perturber ce dernier. Par ailleurs, la présence d’un couvert permanent offre des ressources trophiques aux auxiliaires, notamment granivores :
Pour valider cette hypothèse de l’effet positif du semis direct sur les populations de carabes, 67 parcelles de semis direct sous couvert ont été suivies en Côte d’Or, en 2012. Les piégeages de carabes ont été accompagnés d’autres mesures : analyses de terre, mesure de prédation, enquête sur les pratiques phytosanitaires des agriculteurs et mesure de paysage. Les parcelles ont été regroupées en fonction de leur durée de conversion au semis direct avec d’un côté, un lot en conversion depuis moins de 3 ans, de l’autre depuis plus de 4 ans. Enfin, les parcelles ont été caractérisées en fonction de leur taux de prairie permanente et de leur taux de grandes cultures. Les conclusions de ces travaux qui se poursuivent confirment l’existence d’une relation trophique entre l’abondance de carabes et la régulation de limaces d’une part. D’autre part, le fait d’augmenter l’abondance de carabes permet effectivement d’augmenter le taux de régulation des limaces. Par ailleurs, les essais sur le semis direct confirment l’effet positif du paysage sur l’augmentation de l’abondance des carabes dans un champ. La présence du couvert permanent offre non seulement un site d’hivernage mais également un habitat refuge alternatif avec des ressources alimentaires possibles pour les carabes. Céline Zambujo
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EXCLU WIKIAGRI
de la baisse généralisée des charges sur les entreprises et les ménages de 50 milliards d’euros. Cette baisse des charges sera financée par une augmentation de 2 % de la TVA. Ainsi les produits d’importation participeront au financement de la protection sociale alors qu’aujourd’hui elle pèse uniquement sur les entreprises nationales. Les agriculteurs français gagneront en compétitivité en France et à l’export. Au-delà de ces mesures immédiates, que ferez-vous sur le long terme ?
A.J.
C’est au salon des productions animales, le Space à Rennes, que François Fillon a présenté son programme agricole mi-septembre.
La tribune que François Fillon a signée sur wikiagri.fr François Fillon est devenu le favori des sondages pour la prochaine élection présidentielle. Mais avant cela, il avait choisi wikiagri.fr pour s’adresser aux agriculteurs et leur exposer son programme. Cette tribune est parue le 5 octobre 2016 sur wikiagri.fr, il était troisième ou quatrième suivant les cas dans les sondages pour la primaire de la droite et du centre…
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epuis 3 ans je parcours la France à la rencontre des Français. Pour expliquer ce que j’ai fait, et ce que je n’ai pas fait. Pour les écouter. Pour bâtir avec eux et pour eux un projet présidentiel pour redresser la France. Parmi mes nombreuses rencontres j’ai rencontré de nombreux agriculteurs et agricultrices. Voilà les questions qu’ils m’ont posées le plus souvent. Voilà les réponses que je souhaite leur apporter avec mon projet présidentiel.
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La situation de beaucoup d’agriculteurs est catastrophique. Que proposez-vous pour qu’ils arrivent à vivre correctement de leur travail ? La situation de détresse de l’agriculture française est pour moi un crève-cœur. À la fin d’une année difficile, non seulement certains agriculteurs ne gagnent même pas un 1 euro mais ils perdent de l’argent et s’endettent pour garder leur exploitation en
vie. Sans parler du drame de ceux qui mettent fin à leurs jours pour échapper à un système qui les broie. Je prendrai des mesures immédiates pour que nos agriculteurs, pêcheurs, forestiers puissent vivre de leur travail ! À commencer par la fin des sanctions contre la Russie qui tuent un marché important sans aucun gain diplomatique. Pour renflouer les trésoreries et les revenus des agriculteurs, les entreprises agricoles bénéficieront
Je reconnaîtrai, d’abord, les agriculteurs comme des entrepreneurs à part entière. Rien ne justifie que les règles soient plus complexes pour l’agriculture que pour les autres domaines d’activité ! Le droit des entreprises agricoles sera simplifié pour laisser les agriculteurs choisir librement la forme juridique de leur entreprise. Autre sujet : face à la multiplication des risques climatiques et économiques, la protection des agriculteurs n’a jamais été aussi faible ! Pour y remédier, je propose la création d’un « compte épargne aléas climatiques et économiques » alimenté librement pendant les bonnes années, utilisable en cas de pertes d’exploitation, et très simple d’emploi. Lorsque l’agriculteur l’alimentera, le versement passera en charge d’exploitation. Lorsqu’il l’utilisera, le montant passera en produit d’exploitation.
« L’agriculture, c’est d’abord une activité économique. C’est aussi notre identité, une identité culturelle à laquelle je suis particulièrement attaché. » François Fillon De manière plus générale, nous devrons oser l’innovation. La France ne retrouvera son rang de première puissance agricole européenne que si elle investit dans la recherche et le développement. Osons relancer les recherches qui ont été interrompues au nom du principe de précaution, notamment en génétique et rendons éligibles au crédit impôt recherche les exploitations agricoles pour des projets de recherche ou d’expérimentations labellisés. Je souhaite aussi que la France devienne leader en Agriculture 3.0. Les recherches sur la fertilité des sols est un sujet important : cela permet d’augmenter à la fois la fertilité des sols et le stockage du carbone émis par les activités humaines. Ne faut-il pas aussi en finir avec les normes qui étouffent l’agriculture ? Un rapport sénatorial présenté à la presse il y a quelques jours explique que l’agriculture
est au bord de « l’overdose normative ». Cela fait 3 ans que j’entends la colère des agriculteurs. On tue notre agriculture à petit feu, avec un excès de charges, de normes, de contrôles. Depuis plusieurs années, la France s’est voulue le bon élève de l’Union européenne (UE), en allant au-delà des exigences de Bruxelles. Je proposerai d’abroger par ordonnances toutes les normes ajoutées aux textes européens. Et je le dis : nous ne ferons pas l’économie d’une remise à plat de la politique agricole commune ! La PAC est en panne et il nous faudra refonder une politique réactive face aux aléas des marchés. La France doit inspirer et concevoir la prochaine réforme de la PAC pour ne pas avoir à la subir ensuite : maintien du soutien au secteur agricole parce qu’il en va de la souveraineté alimentaire de l’Europe, exercice d’une préférence communautaire, gestion des risques liés à la mondialisation d’une part et aux aléas climatiques d’autre part, et réforme d’envergure du doit de la concurrence ! La grande distribution n’estelle pas également responsable de cette situation ? Les agriculteurs ne peuvent pas être la variable d’ajustement d’un système qui permet à la grande distribution de casser les prix sans toucher à ses marges ! On ne pourra pas maintenir et développer la filière agricole dans son ensemble, sans une juste répartition des marges entre ses acteurs : producteurs, industriels et réseaux de distribution. C’est pour cela que j’ai récemment soutenu le combat des éleveurs français pour obtenir un juste prix du lait.
A.J.
Dans les allées du Space, toujours très entouré, alors que les sondages le donnaient alors éliminé dès le premier tour.
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LA TRIBUNE DE FRANÇOIS FILLON • Soutenir la conquête des marchés viticoles en Chine, aux EtatsUnis et défendre les indications géographiques dans les accords internationaux. • Alléger les charges des secteurs des fruits et légumes, très dépendants des coûts de main d’oeuvre et faciliter leur regroupement en organisations de producteurs.
A.J.
Toujours au Space, sur le stand de la Fnsea, en compagnie de Michel Dantin (à droite sur la photo), député européen, particulièrement actif sur le plan agricole dans la campagne de François Fillon.
Depuis 40 ans, le prix des produits agroalimentaires a stagné et le prix versé aux producteurs a été divisé par deux ! On ne peut pas construire une politique de filière dans de telles conditions. Je m’y engage : dès le lendemain de l’élection présidentielle, mon gouvernement réunira tous les acteurs de cette filière d’excellence française, et mettra en place les conditions nécessaires pour lui permettre de vivre de son travail. Pour que les agriculteurs puissent conquérir un vrai pouvoir de marché, je donnerai toute liberté aux agriculteurs de se regrouper en organisations de producteurs de taille significative, avec des démarches simples. J’encouragerai aussi les circuits de vente directs du producteur au consommateur et les produits vendus en circuit direct deviendront ainsi éligibles aux « chèques déjeuners ». Il nous faudra aussi développer une agriculture raisonnée, utilisant moins de produits chimiques, plus respectueuse de la nature, et qui permettra aux agriculteurs de diminuer leurs coûts de production. Dans ce développement là je crois à la recherche et au progrès ! Enfin, je veux le commerce équitable, pas seulement pour les produits achetés à l’autre
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bout du monde mais aussi pour les agriculteurs français. Je veux de l’éthique sur l’étiquette ! Je propose ainsi d’apposer sur l’emballage de tous les produits alimentaires la mention claire de leur provenance et de leur lieu de transformation. Je souhaite aussi que soient affichés sur l’étiquette des produits frais vendus en grande distribution le prix d’achat au producteur agricole, et pour les produits transformés, le prix du principal composant.
Mes ambitions pour chaque filière agricole • Renforcer le pouvoir économique des élevages qui n’obtiennent pas les marges qu’ils méritent malgré la qualité de leurs produits et un marché mondial prometteur. Aider la filière à structurer son marché et à moderniser les outils de d’abattage et de transformation de l’élevage bovin. • Aider l’élevage avicole et l’élevage porcin à gagner en compétitivité et à mieux gérer la volatilité des prix de l’alimentation animale qui pèse sur leurs coûts de production, en réorganisant leurs filières. • Favoriser les investissements industriels et logistiques de la filière des oléo protéagineux, soutenir la production d’énergie en valorisant la biomasse et développer l’oléochimie qui produira un jour le biocarburant français.
• Soutenir l’investissement forestier, faciliter l’utilisation du bois dans la construction et reconnaitre le rôle environnemental de la foret en lui allouant une partie des ressources issues de la taxe carbone • Placer la chasse et les chasseurs sous la responsabilité du ministre de l’Agriculture ! • Aider à la modernisation de la flotte de pêche, et assouplir le rythme de négociation des quotas de pêche.
Mon objectif Faire en sorte que l’agriculture française redevienne la première en Europe.
Parmi mes mesures Baisser les charges et impôts pesant sur les ménages et les entreprises (y compris agricoles) de 50 milliards d’euros, mettre fin aux sanctions contre la Russie, suspendre les normes françaises non exigées dans les autres pays européens, créer un « compte épargne aléas climatiques et économiques » et simplifier le droit des entreprises agricoles. Retrouvez l’ensemble de mon programme sur www.fillon2017.fr François Fillon Candidat à l’élection présidentielle 2017 vainqueur de la primaire de la droite et du centre
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