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C-Log : « Notre AMR maison coûte deux fois moins cher qu’une solution du marché »

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Pause logistique

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C-Log, filiale du groupe de prêt-àporter Beaumanoir, a conçu sa propre solution robotique pour répondre aux besoins de l’e-commerce.

Benoît Garçon, son directeur général, explique le choix d’internaliser et les enjeux stratégiques pour la pérennité de l’entreprise.

Stratégies Logistique : Comment est né le projet Asimob ?

Benoît Garçon : En 2017, face merce, nous avons constaté que la préparation d’une com mande en ligne coûtait quatre fois plus cher que celle d’une alors dû réfléchir à une solution permettant de réduire ces coûts, compte tenu de la croissance de l’e-commerce qui attaquait notre business model. Le constat était simple, ce qui coûte cher, c’est de toucher la pièce. Donc, l’objectif visé consistait à réduire au maximum les manipulations de produits entre la commande des clients et l’expédition. Le second enjeu était de construire un process en temps réel pour être capable de sortir une pièce 15 minutes après sa commande en ligne et la rendre disponible à l’expédition. C’est là qu’est venue l’idée de robotiser.

S. L. : Pourquoi avoir choisi de concevoir votre propre solution ?

B. G. : Nous avons cherché des solutions du marché en Chine, où nous avons visité des entrepôts et entamé des discussions avec des fabricants locaux. On s’est vite rendu compte que la première problématique était informatique et le projet s’est d’abord orienté vers le déploiement d’un OMS afin d’orchestrer au mieux nos commandes. Les outils du marché ne répondant pas à nos attentes, nous avons alors développé avec KBRW notre propre solution pour bien organiser le positionnement du stock et orchestrer les commandes. Cette expérience nous a incités à concevoir nous-mêmes la solution robotisée. En outre, nous nous sommes heurtés à la rapidité de développement des fournisseurs chinois qui ont fait évoluer trois fois leurs robots en l’espace d’un an. C’était compliqué pour nous de choisir le bon robot, puisque petit à petit, ils modifiaient leur gamme et changeaient de

Une solution sur mesure

120 robots Asimob ont été déployés sur le site de Poupry dédié à l’activité e-commerce. Ils évoluent dans un espace fermé de 800 m2 environ, en fonction des missions qui leur sont affectées.

Le petit AMR récupère une pièce depuis un système de stockage automatisé miniload TGW et va la déverser dans une goulotte. Il y a un regroupement des robots pour rassembler les commandes.

Côté SI, quatre logiciels sont interfacés.

L’OMS orchestre les commandes. Il est couplé au WMS qui pilote le WCS développé avec Körber, WCS qui pilote les robots ainsi que les shuttles TGW.

software. Enfin, leurs robots d’environ 60 kg étaient surdimensionnés par rapport à notre besoin de traiter des pièces textiles de quelques centaines de grammes. La décision de construire nos robots s’est imposée d’elle-même.

S. L. : Comment avez-vous fait ?

B. G. : Nous disposions dans notre équipe d’un docteur en robotique capable d’assurer le développement logiciel, et nous avons recruté un second roboticien pour la partie matérielle. Avant de démarrer le projet, une analyse globale du besoin, de nos flux et de nos process a été nécessaire. Elle a permis de déterminer le bon dimensionnement des robots, leur nombre, leur emplacement et la stratégie d’optimisation des process de préparation attendue. Nous avons ensuite étoffé l’équipe qui construit les robots dans l’usine d’assemblage de 800 m2 que nous avons installée au sein de notre site de Saint-Malo. Tout y est centralisé, de la conception et du design à l’assemblage final à l’aide de machines d’impres- sion 3D et de découpe au laser, en passant par le développement des logiciels.

S. L. : Quels avantages apporte l’internalisation ?

B. G. : Elle offre une totale maîtrise de l’outil en termes d’usage et d’intégration avec le SI. Contrairement aux solutions du marché conçues pour couvrir le plus large champ d’applications possibles, notre Asimob est adapté à notre seul besoin. La différence de poids, et donc de matériaux par rapport à une machine standard, a un impact immédiat sur le coût de revient de l’outil qui est environ deux fois moins cher que ce que l’on trouve sur le marché, avec des frais de maintenance nettement plus bas grâce à nos propres équipes. Il est également plus modulaire. En deux ans, nous en sommes à la quatrième génération, qui profite d’évolutions mais continue de cohabiter avec les générations précédentes.

S. L. : Quels sont les gains de cette robotisation ?

B. G. : L’AMR améliore l’efficacité et réduit les temps de la préparation, ce qui se traduit par une meilleure rentabilité. Asimob est utilisé comme une trieuse classique mais à capacité fixe, alors que l’AMR est extrêmement flexible et évolutif. Or, dans notre activité e-commerce, on a encore une bonne dizaine d’années avant d’avoir une visibilité claire sur les flux. En fonction de la volumétrie quotidienne, 60, 100 ou 120 robots sont utilisés. Cela offre une meilleure maîtrise de la consommation d’énergie. Asimob permet aussi de limiter la répétition des gestes, le port de charges et les erreurs, car en logistique, plus on touche une pièce plus on risque de faire des erreurs. Cela crée de l’attractivité et de l’attachement à l’entreprise, mais aussi de nouveaux métiers qui séduisent les jeunes générations.

S. L. : Quelles seront les prochaines étapes ?

B. G. : Sur le site de Poupry, nous devrions atteindre 250 robots à l’été 2023. On imagine profiter de l’expérience acquise pour étendre la robotique à d’autres entrepôts, par exemple pour le tri des colis ou de déchets. Le service robotique, qui compte 15 personnes aujourd’hui contre une au démarrage, continue de s’étoffer et de travailler afin d’élargir à l’avenir l’usage des robots. Mais quand nous aurons des besoins plus importants, on s’appuiera sur des fabricants extérieurs. n

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