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Colis : la chasse au vide est ouverte

Réservées jusqu’à peu aux grandes volumétries, les technologies 3D gagnent du terrain. Les machines d’emballage 2D et les solutions manuelles ad hoc ont aussi une carte à jouer pour mieux ajuster le contenant au contenu.

Mieux ajuster les dimensions des colis d’expédition à leur contenu. L’enjeu est de taille. Particulièrement dans l’e-commerce où, selon le cartonnier DS Smith, les emballages comprennent en moyenne 43 % de vide. Il s’agit donc d’éviter la frustration de découvrir un petit produit dans un grand colis, a fortiori pour une marque écoresponsable. Il s’agit aussi de faire preuve de réalisme économique, sur un marché qui pèse plus d’1,5 milliard de colis expédiés par an en France, dont environ 80 % en carton et 20 % en plastique. Des milliards d’euros sont perdus en transportant du vide et des matériaux inutiles.

Performances de la 3D

Pour relever ce défi, les technologies 3D apportent une solution automatisée adaptée à la mise en colis des commandes multiproduits à haute cadence. Ces machines permettent des économies significatives de matière et garantissent la rapidité d’envoi. Elles minimisent aussi le nombre d’opérateurs, une réponse à la pénurie de main-d’œuvre. Le principe : le bloc de produits commandés, potentiellement hétérogènes, passe dans un scanner. Celui-ci va détecter la taille de l’ensemble et déterminer les dimensions de la boîte nécessaire pour le conditionner. La machine va découper automatiquement le carton à la taille adéquate et l’enrouler autour des produits avant formage et collage des boîtes, puis étiquetage, le tout sans éléments de calage. Via la lecture d’un code, le bon de livraison ou la facture peuvent être joints automatiquement au colis. Partenaire historique d’Amazon au plan mondial, le groupe italien Panotec vient d’équiper en France C-Logistics, le bras armé de Cdiscount. La cadence de la ligne 3D Opera atteint 21 600 boîtes par jour. Avec ce dernier investissement, la filiale du groupe Casino compte aujourd’hui cinq lignes 3D. En 2020, le pure player avait installé le modèle CVP-1000 de Sparck Technologies sur son entrepôt bordelais, site qui comptait déjà trois CVP-500. L’entrepôt de Réau (Seine-et-Marne) est lui aussi équipé de ce modèle. Racheté en 2021 par le groupe néerlandais Standard Investment, Sparck Technologies est le pionnier de la technologie 3D en France. L’entreprise est issue du Français Neopost, devenu en 2019 Quadient. Son offre compte deux niveaux de cadence : 500 colis par heure et 1 100 colis par heure Une dizaine de machines sont installées en France. « Elles permettent d’économiser 30 % sur le volume de carton et 30 % sur le matériau en évitant les calages. De quoi optimiser les camions, alors que de plus en plus de transporteurs appliquent des tarifs selon un ratio poids/volume », affirme Alice Chong, en charge du marketing chez Sparck Technologies. L’autre acteur clé de la technologie 3D est CMC Machinery. Acquis en 2020 par le fonds KKR, le groupe d’origine italienne talonne Sparck Technologies en France avec près d’une dizaine de machines installées. La cadence de son autopacker CartonWrap va jusqu’à 1 200 colis par heure lorsque les séries de pièces sont proches. colis, plus la cadence est moindre car la machine doit s’adapter à la polyvalence », précise Loïc Blin, responsable de CMC Machinery France. Récemment créée, la filiale française a équipé en début d’année le logisticien GXO Logistics à Saint-Vulbas (Ain), pour le compte de son client Amer Sports, le leader des articles de montagne (marque Salomon).

Installer une ligne 3D relève d’un investissement supérieur à 1 M€, ce qui confine pour l’heure la technologie aux grands acteurs à forte volumétrie, focalisés sur la rapidité d’expédition.

Emballages

La data pour une approche globale

« Depuis plusieurs années, nous avons développé des outils informatiques pour calculer au mieux le dimensionnel en fonction du contenu », déclare Julien Clery, responsable commercial e-commerce de DS Smith France. Il s’agit de minimiser la surface de carton utilisée ainsi que son épaisseur, tout en tenant compte des données de résistance requises. « Nous faisons le lien entre la réduction des emballages primaires, des emballages logistiques et l’optimisation de la palette », précise-t-il. La chasse au vide requiert une approche globale. « Optimisation du remplissage des camions, remplissage des palettes, réduction de la surface et du grammage des emballages, etc. Tout est lié ! Toucher un paramètre en fait bouger un autre », confirme Gérard Mathieu, directeur marketing et innovation de Smurfit Kappa. Il faut donc modéliser toutes ces interactions afin de déterminer l’impact réel d’une évolution. Le bureau d’études de Smurfit Kappa dispose ainsi d’un logiciel spécifique, qui permet d’analyser de façon croisée l’emballage et le transport, avec en ligne de mire l’optimisation des coûts.

Reste un défi : conditionner et transporter un grand nombre de typologies de produits, alors que le nombre de références d’emballage est nécessairement réduit. Pour le retail, Smurfit Kappa s’appuie sur des outils de calcul qui analysent les gammes de produits et déterminent la meilleure adéquation possible avec les emballages. « Nous travaillons sur la réduction des épaisseurs, le remplissage et le rangement des produits dans la boîte », indique-t-il. Pour chacune des combinaisons, le cartonnier va établir des scénarios afin de minimiser le taux de vide et optimiser la palettisation.

Quant à l’e-commerce, la problématique est encore plus complexe, avec des dizaines de milliards de combinaisons possibles. Comment faire ? Là aussi, le cartonnier s’appuie sur la data. En fonction du profil des commandes, analysées sur trois à six mois, il recommande les formats d’emballages nécessaires, associés à un taux de vide estimé. « Cela permet d’optimiser les coûts de transport pour les e-commerçants, alors que le marché s’oriente vers une facturation au poids/volume et plus seulement au poids », conclut Gérard Mathieu.

viser de plus petites entreprises. Par exemple, Sparck Technologies a équipé Snowleader, spécialiste des équipements pour le ski et la montagne, mais aussi la start-up Utopia qui expédie aux détaillants des éléments de réparation pour smartphones. « Cela lui permet de diminuer les délais de livraison à J+1 grâce à l’automatisation », explique Alice Chong. De son côté, CMC Machinery a installé une ligne chez Mathon, spécialiste des ustensiles de cuisine. « La machine travaille à un quart de capacité, mais elle permet de passer les pics de charge et d’être certain que tout sera expédié en fin de journée », indique Loïc Blin.

L’autre axe de développement vise les petits conditionnements. Au printemps, le groupe italien Sitma s’est distingué en lançant e-Wrap, le premier système à pouvoir créer des enveloppes ou des paquets en fonction des trois dimensions des produits à emballer. La flexibilité de la 3D est associée à du papier thermosoudable qui ne nécessite pas de système de collage supplémentaire.

Alternatives à la 3D

Des machines 2D à haute cadence, voilà de quoi concurrencer les technologies 2D, une option intermédiaire plus accessible. Dans ce cas, pas de scanner. Après montage d’une barquette standard et remplissage manuel, la machine détecte la hauteur maximale de chaque colis, puis coupe et replie automatiquement les rabats juste audessus des produits. Une coiffe est ensuite collée sur le carton réduit et ferme l’emballage en contact avec les produits. Une solution de mécanisation convenant bien aux cadences d’expédition élevées, mais moins aux compositions de colis hétérogènes. Dans ce cas, il faut soit multiplier le nombre de machines en fonction du nombre de formats de carton, soit tabler sur un panier moyen et changer de dimension en cas d’évolution significative.

Une palette de fournisseurs propose ces solutions semi-automatisées, à l’instar du leader B+ Equipment (groupe Sealed Air), spécialiste des systèmes de réduction de hauteur (I-pack et e-Cube pour demi-caisses américaines). La ligne comprend une formeuse de cartons, suivie d’un remplissage à la main, puis d’une machine d’ajustement de la hauteur prédéfinie et de la pose des coiffes. Cette dernière fonctionne à une cadence moyenne de 13 à 14 colis par minute. Autre solution clé du marché, la Cut’it ! EVO de Ranpak va jusqu’à 900 colis par heure. Elle est disponible selon trois options de taille, chacun s’ajustant à l’évolution des besoins.

Encore très présent dans l’e-commerce car très flexible, le conditionnement manuel a une carte à jouer. Les cartonniers proposent un panel de solutions astucieuses permettant d’ajuster le contenant au contenu. C’est le cas du groupe DS Smith, qui a créé la Roll Box. Le concept : une seule plaque de carton déjà découpée que le packer monte en fonction de ses besoins selon deux tailles différentes. La boîte obtenue est soit en grand format, soit un format rétréci en faisant se superposer les rabats cartons. « Le volume est divisé par deux », indique Florian Rebergue, spécialiste e-commerce pour DS Smith. n

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