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ZAC Seine Rive Gauche
VII ZAC Seine Rive Gauche
Fin 1989, une nouvelle consultation est organisée. Cinq équipes reprennent les études en intégrant le projet de la BNF de Perrault ainsi que le quartier autour qu’il a imaginé (déclinaison de toursbureaux, îlot logement et longue avenue parallèle à la seine). On distingue quatre tendances67 . - Alain Sarfati essaie d’articuler la BNF et les immeubles de bureaux avec un programme universitaire. - Pierre Gangnet, Michel Corajoud et Claude Vasconi, se concentrent sur le tracé de l’avenue parallèle à la Seine. - Christian de Portzamparc cherche un moyen d’adapter son îlot ouvert au nouveau quartier. - Jean-Paul Viguier et Jean-François Jodry proposent de ponctuer le secteur d’une douzaine de tours plus hautes que celle de la BNF.
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Depuis 1989, les idées se précisent. Les voies sont dessinées et validées, il est donc question de répartir les programmes et de décider des morphologies à adopter. Francois Grether émet une réponse qui s’appuie sur le projet de Jean-Paul Viguier et Jean François Jodry. Il propose des tours hautes qui accueilleront les bureaux et des îlots bas pour les logements. Pierre Micheloni soumet lui le quartier à une contrainte de hauteur. Il s’adapte au projet de 1989 proposé par Perrault et dessine des immeubles bas sans différencier le programme.
En 1990, le premier plan d’aménagement de zones fixe les grandes tendances du projet. Il consiste à couvrir les voies ferrées entre la gare et le boulevard périphérique afin de libérer de l’espace constructible. Le programme tertiaire est décidé le long de la nouvelle avenue. Les immeubles de logements en bord de Seine sont contraints à une hauteur de plafond qui varie entre 35 m, soit 11 niveaux côté avenue, et 24 m, pour 7 niveaux côté Seine. Cette contrainte permet un dégagement sur le paysage urbain souhaité par les politiques dans les schémas d’aménagement.
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APUR, 1990. « Aménagement du secteur Seine Rive Gauche », Paris Projet, n°29, 202 pages.
La BNF sera la seule construction verticale. Le quartier est divisé en trois secteurs, comprenant chacun un élément majeur qui sera au centre du secteur (voir annexe 20) 68: - Secteur Austerlitz avec la gare - Secteur Tolbiac avec la bibliothèque nationale de France - Secteur Masséna avec un pôle universitaire à définir La superficie des constructions est estimée à 1,8 millions de m2 sans compter la BNF de 130 hectares. 520 000 m2 sont destinés aux logements, 900 000 aux bureaux et 100 000 aux équipements universitaires ou médicaux. Deux voies rapides souterraines sont aussi prévues, l’une en contre bas du quai de la gare et l’autre sortant de la future avenue.
La construction de la BNF ainsi que le projet de Dominique Perrault vont définir les orientations du projet de la ZAC comme une longue avenue d’ouest en Est qui chevauche le réseau de chemin de fer de la gare d’Austerlitz.
En juillet 1990, l’APUR consulte 5 équipes pour le développement des 3 secteurs de part et d’autre de la bibliothèque. L’attention des architectes est portée sur la conception des îlots et la hiérarchie des espaces publics ainsi que des traversées.
Le chantier de la BNF débute ainsi que celui de la ligne 14 du métro. L’avenue de France et l’aménagement des quais de la Seine sont acceptés et vont permettre de fixer des règles d’urbanismes. Progressivement, le quartier rive gauche prend forme et va laisser place à un nouveau paysage urbain.
L’opération de Paris Rive Gauche est alors estimée à 25 milliards de francs pour 900 000 m2 de bureaux et 5 000 logements. Cela représente 2% du budget de l’Etat. L’opération a été pensée dans une stratégie d’équilibre financier : les programmes de tertiaire envisagés afin de développer et rééquilibrer les emplois dans l’Est de Paris assurent un contrepoids qui remboursera les sommes dépensées dans l’aménagement du secteur.
Le 7 novembre 1990, le préfet de l’Ile-de-France signe la déclaration d’utilité publique de la zone d’aménagement que la ville de Paris attendait depuis un an.
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Nivet Soline, 2016. Paris Rive Gauche : documents 1981-2016, Pavillon de l’Arsenal, Paris, 360 pages.
Après un passé surprenant, avec un programme d’exposition universelle, un village de Jeux olympiques, une cité financière puis l’ambition de reculer la gare d’Austerlitz, le secteur Tolbiac-Masséna-Austerlitz va pouvoir se reconstruire. En plus de compléter les programmes manquants au sein sa ville, ce programme ambitieux va permettre à Paris de s’inscrire et de rayonner à l’échelle internationale.
Entre 1990 et 1991, Paul Andreu finalise le projet de la future avenue sans connaître les projets autour puisque les seuls architectes déjà au travail sont ceux de la gare et de la BNF. Le premier sujet traité est le rapport entre l’avenue et les infrastructures de transport. Ensuite, des espaces végétaux seront insérés au centre des îlots comprenant des bâtis peu élevés pour garder des proportions classiques. En 1992, Roland Schweizer est désigné par la SEMAPA pour coordonner la construction d’îlots de part et autre de la BNF.
En 1993, le tribunal administratif annule le plan d’aménagement de zone de l’opération d’urbanisme Seine rive gauche, accepté en 1991 pour manque d’espaces verts et annule l’enquête d’utilité publique 69 . 130 hectares dont 30 hectares de dalles couvrants les voies SNCF, 5 000 logements, 900 000 m2 de bureaux et 60 000 employés, 4 000 places de parking autour de la BNF vont être mis en suspens. L’hôtel de Ville de Paris fait appel devant le Conseil d’Etat, qui autorise le plan d’aménagement de zone, mais malheureusement l’enquête d’utilité publique a été annulée70 et si la ville veut continuer son aménagement, elle va devoir reprendre la procédure. Les modifications des plans perdurent sur deux années. Aucune construction n’a encore commencé mis à part la BNF en 1991 et la ligne 14 métro en 1989. La bibliothèque nationale de France est livrée en 1995 et la ligne 14 en 1998 mais seulement entre les stations Madeleine et Bibliothèque Nationale de France.
Outre les modifications réclamées par le tribunal administratif, le plan d’aménagement de la ZAC Seine Rive Gauche reste fidèle à celui présenté en 1990. En 1995, les travaux d’aménagement débutent. Le Sud-
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Rebuffel Catherine, 30 octobre 1996. « La polémique sur la ZAC Paris Rive gauche est relancée. » La Croix, consulté le 12 mars 2019, [en ligne]. URL https://www.la-croix.com/ Archives/1996-10-30/La-polemique-sur-la-ZAC-Paris-Rive-gauche-est-relancee_NP_-1996-10-30-415360
70 Ibid.
Est voit enfin un plan d’aménagement se stabiliser et se concrétiser. Les travaux vont perdurer pendant une vingtaine d’années.
Malgré les nombreux projets envisagés et l’arrêt brutal du dernier aménagement, l’opération d’aménagement de l’Est illustre une autre tendance de l'urbanisme moderne parisien : une réinterprétation de l’architecture haussmanienne traditionnelle. Cette opération marque le retour des règles de l’architecture traditionnelle parisienne se conjuguant avec une architecture contemporaine. On retrouve un alignement sur la rue et une harmonie des gabarits. Seule la pierre de taille de l'époque a laissé place à des parois de verre représentant la modernité que la capitale adopte dans ses architectures.
Les schémas d’aménagements directeurs mis en place au fil des années ont donc permis de retrouver une cohérence dans le paysage urbain parisien.