L’ÉQUITATION, C’EST BIEN PLUS QU’UN SPORT L’ÉQUITATION POUR FAIRE GRANDIR PETITS ET GRANDS
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Aucun article publié dans ce magazine ne peut être reproduit sous forme d’imprimé, photocopie, microfilm ou par tout autre procédé sans autorisation expresse des auteurs et de l’éditeur. Les articles de ce magazine sont rédigés sous la responsabilité de leurs auteurs et reflètent leurs opinions. Ils n’engagent en aucune façon la société éditrice. Les articles sont des articles de fond.
L’équitation, c’est bien un sport 12 PÉDAGOGIE
L’équitation, une pratique qui fait grandir petits et grands
JEUNESSE
Le poney, un partenaire qui aide chaque enfant à grandir tout en s’amusant
SANTÉ
Le cheval, notre partenaire santé
THÉRAPIE
Le cheval : ce partenaire qui nous veut du bien
La médiation avec les équidés (MAE) : soigner les maux du quotidien et retrouver un mieux-être avec le cheval
Quelques disciplines sous l’égide de la Fédération Française d’Équitation
La randonnée équestre : une pratique sport - loisir de nature incontournable, source de bien-être
REJOIGNEZ LA COMMUNAUTÉ docdusport.com
Le TREC, discipline sportive de pleine nature par excellence
ÉQUITATION SANTÉ 3
2024
ÉQUITATION
docdusport.com
© FFE-NHODYS
Santé
10 MISE AU POINT
13
14
16
! 18 ENTRAÎNEMENT
préparation physique du cavalier 22 PRÉPARATION Bien-être et préparation du co-équipier cheval 24 TÉMOIGNAGE
un sport qui apprend à fonctionner 28 LES NEWS DU DOC 32 FOCUS En équilibre avec le cheval 34 CONSEIL
La
L’équitation,
38 ÉCLAIRAGE Déjouer les idées reçues 40 INTERVIEW
42 PRÉSENTATION
Céline Gerny, athlète de para-dressage
44
BIEN-ÊTRE
46
DÉCOUVERTE
32 42 40 12 10 ÉQUITATION
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Santé
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La nature et le tourisme à cheval sont les domaines de prédilection de l’ATE. Son coeur de métier est d’accompagner des promenades et des randonnées.
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Le moniteur est au coeur de l’activité du club. Il enseigne l’équitation à tous les publics et à tous les niveaux. Un métier multi facettes grâce à la diversité des activités équestres !
ACCESSIBLE DÈS LE GALOP® 7
MÉDIATEUR ÉQUIN
Il met en œuvre et organise des séances dans les 5 domaines d’activités de la Médiation Avec les Équidés : santé, handicap, soin, accompagnement psycho-social ou développement personnel.
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• de l’encadrement des activités équestres niveau 4
• du secteur sanitaire social et médico-social niveau 4 + Galop® 4
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RENDEZ-VOUS SUR
ÉDITO
À CHACUN SON ÉQUITATION
Fédération centenaire, la Fédération Française d’Équitation (FFE) s’emploie depuis plusieurs décennies à ouvrir sa pratique et rendre l’équitation accessible à tous en accompagnant les poneyclubs et les centres équestres adhérents à concevoir et proposer des activités adaptées à tous les publics, à tous les âges. Dès 2008, souhaitant renforcer l’accessibilité et la sécurisation des pratiques, la FFE a déployé sa stratégie de développement des activités para-équestres alliant formation des professionnels encadrants et labellisation des établissements engagés, notamment au travers du label Équi-Handi.
En 2017, mesurant le pouvoir du cheval dans le parcours de vie des personnes, le comité fédéral que je préside a décidé d’élargir ces actions de structuration grâce à sa démarche et son service « Cheval et Diversité » dédié à cinq domaines : santé, soin, handicap, accompagnement psychosocial et équicoaching.
Ainsi aujourd’hui, que ce soit par une activité sportive de loisir ou de compétition ou par la médiation avec les équidés, le cheval s’intègre dans de nombreux parcours de vie de l’humain et devient progressivement un véritable partenaire d’accompagnement dans l’ensemble des domaines de vie : partenaire de soin, de reconstruction, de santé, de mieux-être au travail, d’épanouissement…
En cette année olympique et paralympique, je souhaite permettre au plus grand nombre de découvrir et ainsi bénéficier de la richesse des activités avec notre partenaire cheval. Notre engagement sociétal oriente pleinement nos missions fédérales en répondant aux politiques publiques importantes, qu’elles soient sanitaires, d’inclusion ou de cohésion. L’un de nos défis aujourd’hui, en cohérence avec la Grande Cause nationale 2024 dédiée à la promotion de l’activité physique et sportive, est d’offrir l’opportunité à chacun de pratiquer une activité lui permettant de se sentir et se maintenir en bonne santé, c’est-à-dire d’assurer son bien-être physique, psychologique et social. L’équitation, activité de pleine nature avec le cheval, être de mouvement doué d’intelligence émotionnelle, répond pleinement aux besoins et aux aspirations humaines. Équitation Santé vous éclaire et vous accompagne à la découverte de l’équitation comme levier de santé. Au plaisir de vous retrouver sur les chemins de cette aventure équestre, aux côtés des professionnels passionnés, ces femmes et ces hommes de chevaux qui « vivent cheval » et placent le bien-être au cœur de leurs préoccupations.
ÉQUITATION SANTÉ 5
SERGE LECOMTE, PRÉSIDENT DE LA FÉDÉRATION FRANÇAISE D’ÉQUITATION © FFE-PSV
POURSANTÉ,VOTRE OSEZ L’ÉQUITATION
Les Jeux olympiques et paralympiques, en France cette année, au travers de quatre disciplines équestres, vont être l’occasion d’offrir à toutes et tous un spectacle sportif d’exception et de faire naître, je l’espère, des passions autour du cheval. Mais l’équitation, c’est avant tout un sport complet accessible à tout public tant sa pratique est diverse. En effet, elle peut se pratiquer à pied, montée ou en attelage, en individuel ou en collectif, et regroupe 36 disciplines.
Pratiquer régulièrement l’équitation, que ce soit en loisir ou en compétition, permet de préserver sa santé physique en luttant contre la sédentarité, mais également sa santé mentale en restant connecté au réel grâce au poney ou au cheval qui évolue dans un environnement naturel et qui nécessite d’établir une relation cheval-cavalier.
C’est également l’opportunité d’accompagner des personnes présentant des pathologies chroniques ou un handicap aussi bien moteur que psychique et de compléter ainsi l’arsenal thérapeutique traditionnel.
Je vous souhaite, au travers de ces différents articles, de découvrir la richesse de notre sport et d’oser aller à la rencontre des professionnels de l’équitation et du cheval, un partenaire de santé unique.
DR PRISCILLE LE GRELLE, MÉDECIN FÉDÉRALE
ÉQUITATION SANTÉ 7 ÉDITO © FFE/PSV
Parc des Expositions salon-cheval-angers.com 9•10•11 NOVEMBRE 2024 Un événement Avec le soutien de © Callipso88-Shutterstock.com / Graphisme: Studio Elographic
PRÉAMBULE
LE CHEVAL EST UN BON MAÎTRE, NON SEULEMENT POUR LE CORPS MAIS AUSSI POUR L’ESPRIT ET POUR LE CŒUR
Xénophon,IVsiècleavantJC
L’histoire des hommes et celle des équidés sont étroitement liées. Au fil du temps, le cheval a su répondre aux besoins de l’humain et s’adapter à la place qui lui était dévolue. D’une relation utilitaire de guerre, de travail, le cheval est progressivement devenu un partenaire de performance et de loisir, scellant ensemble une relation profonde. Durant ces dernières décennies, l’humain a pris pleinement mesure de l’influence positive qu’avait le cheval sur lui. Au-delà de la pratique, l’équitation, c’est avant tout une activité physique alliant relations et interactions. L’équitation, c’est bien plus qu’un sport. Désormais inscrite au MÉDICOSPORT-SANTÉ© (Vidal du sport, dictionnaire à visée médicale des disciplines sportives), cette pratique de pleine nature et pluridisciplinaire démontre ses bénéfices sur l’ensemble du fonctionnement humain : locomoteur, sensoriel, émotionnel, physiologique et social.
NIVEAUX D’ACTIVITÉ PHYSIQUE À L’ÉCHELLE MONDIALE
SELON L’ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ (OMS)
Plus d’un quart de la population adulte mondiale (1,4 milliard de personnes) n’est pas suffisamment active :
Environ 1 femme sur 3 et 1 homme sur 4 dans le monde ne pratiquent pas suffisamment d’activité physique pour rester en bonne santé ;
Les niveaux de sédentarité sont deux fois plus élevés dans les pays à revenu élevé que dans les pays à faible revenu ;
Il n’y a pas eu d’amélioration des niveaux mondiaux d’activité physique
depuis 2001 ;
Les niveaux d’activité insuffisante ont augmenté de 5,2 % (de 31,6 % à 36,8 %) dans les pays à revenu élevé entre 2001 et 2016.
Aujourd’hui, la santé est au cœur des préoccupations sociétales. Véritable enjeu de santé publique, la prévention (primaire, secondaire et tertiaire) appartient avant tout à chacun et dépend de sa capacité à se mobiliser. Être de mouvement par nature, c’est dans cette dynamique que le cheval emmène chaque personne qui le côtoie.
Encadré par des professionnels, apprendre l’équitation, c’est apprendre avec un autre que soi, c’est apprendre à prendre soin, à s’échauffer, à pratiquer, à interagir et à mieux se connaître. C’est ce que vous présente cette parution Équitation Santé. Rédigée avec la participation des médecins, membres de la commission médicale de la FFE, des experts métiers, des professionnels de la direction technique nationale, ce numéro vous présente différents volets qui font de l’équitation bien plus qu’un sport. ✱ FFE
ÉQUITATION SANTÉ 9
© SHUTTERSTOCK.COM
L’ÉQUITATION, C’EST BIEN UN SPORT
Nombreux sont ceux qui, n’ayant jamais tenté l’expérience de l’équitation, considèrent que l’équitation n’est pas un vrai sport, puisque, selon eux, le cavalier est passif sur sa monture qui, elle, fournit l’effort de locomotion.
Les cavaliers réguliers pourront vous affirmer le contraire, tout comme les données scientifiques !
PAR LE DOCTEUR SOPHIE CHA, MÉDECIN DU SPORT SPÉCIALISÉE EN BIOLOGIE MÉDICALE
LES SOLLICITATIONS DE L’APPAREIL LOCOMOTEUR
Se maintenir sur un équidé en mouvement suppose une adaptation permanente de la posture du cavalier, afin que celui-ci maintienne son centre de gravité dans le polygone de sustentation. Cette adaptation se fait tant au niveau du tronc (dos redressé, regard porté au loin, abdominaux en tension), des membres inférieurs (contact étroit et tonique des jambes avec le cheval, extension et flexion alternatives des hanches, des genoux et des chevilles) qu’au niveau des membres supérieurs (épaules fixées, bras relâchés mais en contact permanent avec la bouche du cheval par l’intermédiaire des rênes).
Le cavalier est en équilibre quand la projection du centre de gravité se situe dans le polygone de sustentation (rond).
Le cavalier se doit d’avoir une gestuelle la plus sobre possible, le summum de la technique, particulièrement en dressage, exigeant que les actions musculaires exercées sur le cheval soient invisibles (travail « isométrique »). Les efforts produits, qui peuvent être très intenses lorsque le déplacement du cheval est très ample, notamment au trot, aussi bien dans le sens vertical qu’horizontal, sous-entendent une sollicitation puissante des muscles superficiels et profonds. Tous ces mouvements d’adaptation s’organisent autour de « l’assiette » du cavalier, c’est-à-dire la partie du corps en contact avec la selle : elle forme un triangle s’appuyant sur le pubis et les deux ischions (« pointes » des fesses). Plus globalement, l’assiette désigne la qualité qui permet au cavalier de rester lié à son cheval et maître de son équilibre en toutes circonstances. L’assiette constitue une aide naturelle du cavalier qui lui permet d’exercer l’action du poids de son corps.
Fait important : en mouvement, le bassin oscille entre deux attitudes : la rétroversion (rein voussé) et l’antéversion (rein creux).
Nous comprenons ici le jeu musculaire complexe qui est engagé lors de la pratique de l’équitation.
Les muscles les plus sollicités/développés sont :
Au niveau du dos : le grand dorsal, qui assure la stabilité de la colonne, avec les muscles érecteurs du rachis ;
Au niveau des épaules : le trapèze et les rhomboïdes stabilisent le haut du corps et permettent son redressement ;
MISE AU POINT
© SHUTTERSTOCK.COM, FFE
10 ÉQUITATION SANTÉ
SI LES SOLLICITATIONS
MUSCULAIRES SONT CERTAINES, L’EFFORT CARDIO-VASCULAIRE DU CAVALIER L’EST ÉGALEMENT.
Au niveau abdominal : les muscles abdominaux complètent l’action des muscles du dos pour assurer la qualité de l’assiette du cavalier et amortir les sollicitations des disques inter-vertébraux ;
Au niveau des jambes : tous les muscles sont sollicités pour assurer le maintien du cavalier en équilibre (particulièrement les adducteurs), pour jouer un rôle d’amortisseur en absorbant les mouvements du cheval, mais aussi par des pressions discontinues pour transmettre des informations au cheval dans ses déplacements ;
Enfin, le muscle ilio-psoas, puissant muscle profond joignant la colonne lombaire au fémur, est impliqué en permanence pour permettre le jeu de bascule du bassin.
LES SOLLICITATIONS CARDIAQUES : LA DÉPENSE ÉNERGÉTIQUE
Si les sollicitations musculaires sont certaines, voire potentiellement intenses sur certaines séquences de travail, l’effort cardio-vasculaire du cavalier l’est également. Bien que l’équitation ne puisse pas être considérée comme une discipline à forte composante « cardio », la dépense énergétique du cavalier a pu être quantifiée, aussi bien lors d’un travail de dressage que de saut d’obstacles, sur des pratiquants de niveau régional,
grâce à l’enregistrement de leur fréquence cardiaque ainsi que l’étude de leur consommation en oxygène. En saut d’obstacles, les résultats montrent que la fréquence cardiaque va de 155 à 176 bpm selon la séquence (moyenne réalisée sur 4 minutes pour le galop en suspension, 5 minutes pour l’obstacle au trot et l’obstacle au galop, et sur une minute lors du parcours d’obstacles). La dépense énergétique sur un parcours d’obstacles atteint en moyenne 75 % de la VO2max. En dressage, les valeurs culminent lors des 5 minutes de galop avec une fréquence cardiaque moyenne de 153 bpm et une consommation en oxygène représentant 73 % de la VO2max pour les cavaliers observés. Ces données permettent de considérer qu’une pratique régulière de l’équitation, telle qu’elle est couramment menée par de très nombreux cavaliers, constitue une réelle activité sportive, mettant à contribution des fonctions indispensables au maintien d’une bonne condition physique. N’oublions pas que le temps de préparation du cheval s’ajoute au temps effectif de monte et que les gestes nécessaires au pansage et au harnachement du cheval comptent dans la dépense énergétique totale.
L’IMPORTANCE D’UNE PRÉPARATION PHYSIQUE COMPLÈTE
Le cavalier est un athlète à part entière et, à ce titre, devrait se soumettre aux mêmes exigences de préparation physique que les athlètes des autres disciplines. Dans cette optique, la FFE met à disposition sur son site Internet une série d’exercices à réaliser en dehors des séances de monte afin d’optimiser les compétences musculaires et de souplesse des cavaliers : https://www.ffe.com/pratiquer/sante/preparation-physique.
En conclusion : l’équitation est bien un sport ! C’est une discipline qui combine le travail musculaire isométrique à une sollicitation cardio-vasculaire d’intensité le plus souvent modérée, mais potentiellement importante en situation de compétition. Le cavalier se doit d’entretenir sa condition physique en associant des exercices de renforcement musculaire et des exercices de souplesse et d’équilibre. La pratique d’un sport d’endurance comme la course à pied ou le cyclisme peut représenter un complément intéressant pour optimiser la préparation physique. ✱
POUR EN SAVOIR PLUS :
« La posture » - Éléna PYCIK – Olivier PULSHonorine TELLIER - Equipédia - Institut français du cheval et de l’équitation- 16 mars 2022
« Dépenses énergétiques des cavaliers de CSO »
- M.F. Jaunet et C.Y. Guezennec - 38e Journée de la Recherche Équine - 1er mars 2012 – IFCE
« Les dépenses énergétiques chez le cavalier de dressage » - D. Brügmann , C.Y. Guezennec et H. Portier - 38e Journée de la Recherche Équine - 1er mars 2012 – IFCE
© FFE-NICOLAS HODYS
ÉQUITATION SANTÉ 11
L’ÉQUITATION,
UNE PRATIQUE QUI FAIT GRANDIR PETITS ET GRANDS
Aujourd’hui, l’équitation est une activité sportive qui peut être pratiquée par tous, quels que soient son âge ou même sa condition physique. Avec ses disciplines variées totalement mixtes, femmes et hommes évoluent et concourent ensemble sans distinction. L’équitation peut ainsi s’adapter à l’envie et au projet de chacun.
PAR LA FÉDÉRATION FRANÇAISE D’ÉQUITATION
Par la présence des poneys et chevaux, par la dynamique ludique et conviviale présente dans les poney-clubs et centres équestres, l’équitation offre un espace où chacun peut trouver authenticité, créativité, lien social et constitue une activité propice au développement et à l’épanouissement.
UNE ÉQUATION SIMPLE :
Cheval + Encadrement et activités (pédagogie ludo-éducative) + Environnement (qualité + sécurité) = épanouissement et plaisir
En effet, nombreux sont les domaines de développement et d’épanouissement renforcés, notamment :
Sensoriel
Le contact avec le cheval, sa chaleur, son odeur, sa peau… éveille les sens et aide l’enfant et l’adulte à être à l’écoute de ses sensations, à être en contact avec l’autre, dans le respect et la bienveillance ;
LES COMPÉTENCES PSYCHOSOCIALES
SELON SANTÉ PUBLIQUE FRANCE,
« Un ensemble cohérent et interrelié de capacités psychologiques (cognitives, émotionnelles et sociales), impliquant des connaissances, des processus intrapsychiques et des comportements spécifiques, qui permettent de renforcer le pouvoir d’agir (empowerment), de maintenir un état de bien-être psychique, de favoriser un fonctionnement individuel optimal et de développer des interactions constructives. »
Motricité
L’équitation est un sport qui développe la motricité, la souplesse et la coordination. Être cavalier, petit ou grand, c’est renforcer sa coordination, sa latéralité, sa visualisation et plus globalement s’approprier son schéma corporel. Évoluer sur un parcours avec son partenaire cheval demande de l’agilité cognitive et motrice tout en favorisant le redressement naturel pour assurer l’équilibre et la fluidité. En résumé, l’équitation aide à mieux fonctionner dans son corps ;
Psychosocial
L’équitation est une activité pour laquelle la qualité de la relation, le bien-être du partenaire, importe autant que la technicité. Construire une relation de confiance, apprendre à communiquer avec le cheval, amène chacun à se décentrer de soi pour comprendre l’autre, pour mieux agir ensemble. Se préparer et préparer sa monture développent les capacités mémorielles et organisationnelles et, de facto, l’autonomie. Outre les aptitudes cognitives et comportementales, partager des moments de connexions et d’interactions positives vient nourrir l’estime de soi et la confiance en soi ainsi que ses potentiels.
L’équitation, c’est aussi un rendez-vous au centre équestre ou au poney-club où chacun peut apprendre et performer tout en s’amusant grâce à :
La pédagogie par le jeu pour les petits… et les grands
Les enseignants proposent aux enfants cavaliers des séances autour du jeu qui cultivent leur imaginaire. Avec le jeu, l’enfant prend du plaisir, il se confronte aux réussites et également aux déceptions. Progressivement, il apprend à accueillir les échecs comme des opportunités de revivre l’expérience autrement ;
Une passion partagée
Au poney-club, les enfants se font des amis. Dans le cadre de la pratique collective, l’enfant s’auto-évalue et trouve naturellement sa place dans le groupe. L’accessibilité de l’activité permet de pratiquer à tout âge et en famille. Les clubs proposent des disciplines d’équipe, comme le Ride & Run ou l’Équifun, qui permettent aux enfants et aux plus grands de tisser des liens. ✱
En résumé, l’équitation est un sport complet qui agit à la fois sur le corps, l’esprit et les émotions !
© DR
PÉDAGOGIE
12 ÉQUITATION SANTÉ
L’ENFANT
L’ADULTE QUI SE
CE
NOUS APPORTE L’ÉQUITATION
DE
QUI GRANDIT À
GRANDIT,
QUE
LE PONEY
UN PARTENAIRE QUI AIDE CHAQUE ENFANT À GRANDIR TOUT EN S’AMUSANT
Les bienfaits des activités avec les poneys sur le développement de l’enfant sont aujourd’hui prouvés. Seul sport avec un être vivant porteur, l’équitation offre un cadre ludique et sécurisé, où le poney suscite l’intérêt et l’envie et rend plaisants les apprentissages. Avec le poney, dès l’âge de18 mois, les enfants construisent leurs compétences psychosociales.
PAR LA FÉDÉRATION FRANÇAISE D’ÉQUITATION
COMPÉTENCES COGNITIVES
Avoir conscience de soi/capacité de maîtrise de soi/prendre des décisions constructives
S’occuper d’un poney « petit mais costaud » (il pèse en moyenne 250 kg), le préparer et se préparer pour participer à l’activité ludique, demandent attention, bienveillance et identification de son espace. Évoluer avec un poney, c’est s’organiser, ordonner, se repérer (dans le temps et dans l’espace) et se confronter aux limites (notamment physiques) de l’autre tout en mesurant l’efficacité de la coopération. Avec le poney, l’enfant va devoir faire preuve de patience, d’empathie et de persévérance.
AVEC LE PONEY, L’ENFANT VA DEVOIR FAIRE PREUVE DE PATIENCE, D’EMPATHIE ET DE PERSÉVÉRANCE.
COMPÉTENCES ÉMOTIONNELLES
Avoir conscience de ses émotions et les réguler Faire son premier parcours (au pas, au trot puis au galop), être en autonomie avec son poney, génère inévitablement des sensations et une variété d’émotions. Monter à poney, c’est s’appuyer sur la relation pour atteindre son objectif. Plus ou moins coopérant mais dénué de jugement, le poney est un arcen-ciel relationnel qui confronte l’enfant à différentes vagues émotionnelles : la frustration, le doute, la joie, le plaisir partagé…
COMPÉTENCES SOCIALES
Communiquer et développer des relations constructives/ résoudre des difficultés
Au poney-club, les activités proposées par les professionnels favorisent la construction et l’organisation psychomotrices. À travers différentes activités ludiques, entrer dans le monde du poney offre l’opportunité de développer son schéma corporel, sa coordination (et la dissociation), son équilibre (régulation posturale) tout en explorant la sensorialité (les odeurs, sensations…), la relation, la régulation émotionnelle. L’espace sécurisé permet d’appréhender certaines difficultés (à la mesure d’un regard d’enfant), de se challenger et ainsi de développer son autonomie et ses habiletés. ✱
LES JEUNES LICENCIÉS EN CHIFFRES
35.3% des licenciés sont âgés de 12 ans et moins (238 062 licences en 2023)
25.7% des licenciés ont entre 13 ans et 18 ans (173 339 licences en 2023)
JEUNESSE
ÉQUITATION SANTÉ 13 © FFE/PSV/NICOLAS HODYS
LE CHEVAL,NOTRE PARTENAIRE SANTÉ
Le terme « équitation » provenant du mot latin equitare qui signifie « monter à cheval » désigne classiquement l’action et l’art de monter à cheval, la technique de conduite du cheval sous l’action humaine, pratiquée comme un art, un loisir, un sport ou dans le cadre d’un travail. Au fil du temps, et avec l’engouement des approches éthologiques tournées vers la compréhension du comportement du cheval, l’équitation est devenue plus largement une activité où l’humain a pour partenaire un équidé. C’est bien sous cette définition que « l’équitationsanté » a pris officiellement forme cette année, avec son inscription au MédicosportSanté, véritable dictionnaire des disciplines sportives utilisées en prévention et traitement des maladies chroniques.
PAR LE DOCTEUR SOPHIE CHA, MÉDECIN DU SPORT
SPÉCIALISÉE EN BIOLOGIE MÉDICALE
La loi de prescription de l’activité physique à des fins de santé de 2016 (dite loi du « sport sur ordonnance »), modifiée en 2022, permet à tout médecin de rédiger une ordonnance à un patient porteur d’une maladie chronique ou d’une limitation fonctionnelle avec dépendance, avant d’adresser celui-ci à un encadrant du sport ou de l’activité physique adaptée. L’évolution de
l’état sanitaire de la population française, marquée par l’augmentation constante des cas de maladies chroniques liées à notre mode de vie sédentaire, nous incite tous à trouver des solutions pour aider chaque personne à adopter un mode de vie plus actif. L’équitation n’est sans doute pas la première discipline qui vient à l’esprit lorsqu’on envisage de faire bouger des personnes à la condition physique dégradée mais, à l’instar de nombreux sports déclinés dans leur version santé (athlétisme, foot, judo, rugby, basket, tennis pour n’en citer que quelques-uns), l’équitation peut aller à la rencontre de tout individu, quels que soient son âge et son état de santé. C’est en faisant évoluer la représentation traditionnelle d’une équitation sportive, exigeante en qualités physiques au risque de traumatismes, que l’on parviendra à installer la possibilité d’une pratique accessible et rassurante. C’est pourquoi la FFE propose, sous le terme générique d’« équitation-santé », trois variantes : marchée, montée, en attelage.
TROIS MODALITÉS EN ÉQUITATIONSANTÉ : L’ÉQUITATION MARCHÉE, MONTÉE, EN ATTELAGE
Quelle que soit la modalité d’exercice, les bénéfices attendus sont ceux, bien documentés par la littérature scientifique, d’une activité physique modérée, sollicitant les systèmes musculo-squelettiques et cardio-respiratoires. Comme indiqué par la Haute Autorité de santé dans son guide à destination des médecins, les contre-indications totales et définitives à l’activité
SANTÉ
14 ÉQUITATION SANTÉ
physique sont exceptionnelles, se résumant aux maladies aiguës et aux états cliniques instables (maladie cardiaque non stabilisée, diabète non équilibré, maladie infectieuse en cours, etc.). Il faut insister sur le fait que l’activité physique constitue le traitement de la plupart des maladies chroniques.
L’équitation marchée : c’est évidemment la plus simple à mettre en œuvre. La marche est l’activité physique la plus largement recommandée, la plus accessible en termes de moyens physiques et techniques. Ce qui manque le plus souvent aux personnes, c’est la motivation ! C’est ici que le partenaire cheval intervient. Par sa qualité de présence et par le pouvoir d’attraction qu’il exerce sur une grande partie de la population, le cheval devient à lui seul un élément de motivation pour sortir de chez soi. L’environnement équestre offre l’opportunité d’une immersion en milieu naturel et permet de combler ce besoin clairement exprimé par la population. Les séances peuvent consister à marcher avec un équidé tenu en main, dans l’enceinte du club ou en espace naturel, mais peuvent aussi comporter des exercices de guidage dans le franchissement de différents dispositifs avec la réalisation de parcours adaptés aux capacités de chacun. L’essentiel est d’utiliser le mouvement du cheval sur un mode coopératif, pour impulser la mobilisation de l’individu.
L’équitation montée : les exercices réalisés sur le dos du cheval, sur tapis de monte à cru ou avec une selle, permettent un travail en décharge, intéressant notamment pour les
personnes souffrant de leurs articulations porteuses (genoux, chevilles, hanches). Les muscles du rachis sont sollicités pour maintenir une posture redressée, la sangle abdominale, les adducteurs, les muscles des épaules doivent être toniques. En plus des muscles, la coordination et la proprioception sont mises à contribution. Contrairement aux idées reçues, l’équitation n’est pas néfaste pour le dos, bien au contraire puisqu’elle renforce les muscles du rachis. Les cavaliers font souvent remarquer qu’ils souffrent plus de leur dos dans les périodes d’inactivité sportive, et que la reprise de leur pratique à cheval estompe les douleurs du quotidien. Un effet bénéfique du travail au pas sur les douleurs lombaires banales a été documenté scientifiquement et s’explique par le fait que le dos d’un cheval au pas dessine une succession de parcours en forme de 8 ou de boucles qui entraîne une détente des muscles lombaires. Le travail assis ou au trot enlevé, consistant à alterner la position assise et la position en équilibre sur les étriers (possible dès les premières séances montées), va imprimer des impacts légers et répétés sur le rachis, permettant son renforcement. Il sera bénéfique en prévention de l’ostéoporose. Un état de déminéralisation avancée, avec risque de fracture osseuse, constitue une des rares contreindications à la pratique, tout comme les scolioses sévères. Une scoliose légère à modérée constitue, elle, une indication à la pratique montée.
La pratique en décharge apporte la possibilité de renforcer ses quadriceps et de mobiliser en douceur les articulations, même en cas d’arthrose des membres inférieurs.
L’équitation en attelage : bien que moins pratiqué en club que l’équitation montée, l’attelage offre de nombreux avantages pour le public sédentaire et inactif. La préparation du cheval exige une dépense physique légère mais certaine. L’activité en voiture d’attelage présente un intérêt pour les sujets en surpoids. Comme l’ensemble des pratiques équestres à pied et montée, mener un attelage est également possible en cas de handicap moteur ou psychique, du fait de la possibilité d’adapter la pratique, l’encadrement et l’accompagnement par des professionnels. ✱
À QUI S’ADRESSE L’ÉQUITATION-SANTÉ ?
À tout le monde ! À tout âge, il sera possible de trouver un mode de pratique avec un équidé, même lorsqu’on se sent peu sportif ou si l’on est porteur de pathologie.
Chez l’enfant : les bienfaits sont majeurs sur la psychomotricité et la confiance en soi.
Chez les seniors : c’est l’occasion de faire de nouvelles acquisitions cognitives, de travailler son équilibre et sa coordination.
Dans tous les cas, un moniteur formé vous permettra d’adapter la pratique à votre situation.
L’équitation-santé, c’est une façon nouvelle de considérer les équidés et de voir en leur coopération une fabuleuse opportunité de mettre la population en mouvement !
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ÉQUITATION SANTÉ 15
LE CHEVAL CE PARTENAIRE QUI NOUS VEUT DU BIEN !
De nos jours, de plus en plus d’études qualitatives sont menées et mettent en avant la manière dont le cheval s’inscrit comme un partenaire de soins, voire un cothérapeute. Certains vont même plus loin en proposant des recherches quantitatives, répondant aux critères épistémologiques actuels de la science, afin d’objectiver les effets de l’interaction entre le cheval et l’humain sur la santé psychologique chez des enfants et adolescents ou bien des personnes âgées.
(cf. Bonneau, J & Badin, L thèse de doctorat de psychologie en cours)
PAR JÉRÉMIE BONNEAU ET LÉA BADIN, DOCTORANTS
u travers de l’histoire, on perçoit assez aisément comment le cheval a toujours eu une place particulière auprès de l’être humain et il serait facile, dans un premier temps, de croire que ce n’est que pour des aspects pratiques (portage, déplacement, travail des champs, etc.) ou esthétiques (cérémonies, célébra tions, peintures), nous faisant occulter un aspect fondamental qui nous concerne, nous, les mammifères : la relation. En effet, la relation, qui naît de la rencontre et se tisse au fur et à mesure, produit ce lien affectif entre l’Homme et l’Animal, entre un homme et un cheval. C’est certainement pour cette raison que le cheval a su investir la relation avec l’humain car il possède (comme d’autres mammifères) la compétence de s’inscrire dans un « donnant-donnant » permettant à chacune des deux parties de bénéficier de l’autre dans l’altérité.
THÉRAPIE
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16 ÉQUITATION SANTÉ
SELON
L’ÉTYMOLOGIE
DU MOT, THÉRAPEUTE VIENT DU GREC THÉRAPEUTIKOS QUI SIGNIFIE « QUI PREND SOIN DE » ET THÉRAPEUEIN QUI SIGNIFIE « ÊTRE LE SERVITEUR, L’ÉCUYER
»...
UN FORMIDABLE LIEN VERS LA COMMUNICATION
La médiation équine dans le cadre thérapeutique illustre bien ce propos et on constate comment des enfants atteints d’autisme arrivent à réinvestir la socialisation et la communication qui leur font tellement défaut (cf. Hameury,L ; Delavous, P & Leroy, C. 2011 ; Hameury, L 2021). Les enfants parviennent à entrer en contact avec le cheval et à dépasser leurs difficultés à interagir. Ils vivent avec l’animal, le temps d’un moment, un échange mutuel, en partageant des émotions dans le même espace. Dans le cas des enfants et adolescents ayant des troubles du comportement (impulsivité et agressivité), on constate qu’ils arrivent à réguler leurs émotions devant cet animal majestueux et puissant qui accepte l’autorité de l’homme. Ils s’inscrivent dans une relation de respect mutuel et développent de réelles compétences d’empathie et de comportements prosociaux.
Enfin, on peut voir comment des enfants et adolescents victimes de violences et de maltraitances, inscrits dans un parcours de placement, réorganisent leur vision du monde, de la relation (cf. modèles internes opérants selon Bowlby). Tellement habitués à recevoir de l’autre de la violence (physique ou psychologique) qu’ils développent un rapport à l’autre dysfonctionnel et des fonctionnements souvent délétères pour eux. Dans le cadre de la relation avec le cheval, le contact, la chaleur et le portage de l’animal permettent à l’enfant ou l’adolescent de retravailler l’ensemble de ces mécanismes sous-jacents, identifiés par Winnicott (holding, handling et object-presenting) et précur–seurs du développement affectif de l’enfant car, vécu au tout début de la vie, dans une phase que certains, moins psychanalystes, nommeront des « fenêtres développementales ». Chez ces enfants, le début de vie et les traumatismes relationnels précoces (Bonneville-Baruchel, 2008 ; 2015) favorisent l’émergence de problématiques affectives et/ou de troubles que la médiation équine, dans un objectif thérapeutique, permettrait de réduire. Malgré l’essor des recherches consacrées à la médiation équine auprès d’une population jeune, ses bénéfices restent encore à prouver chez des individus plus âgés. Les rares études scientifiques conduites auprès de cette population se concentrent principalement sur la santé physique des personnes âgées, abordant des aspects tels que l’équilibre, la démarche, la force musculaire et la coordination posturale (Aranda-Garcia et al., 2015 ; Araujo et al., 2011 ; Homnick et al., 2013). Les résultats encourageants concernant les bénéfices physiques issus de cette intervention
revêtent une importance cruciale au sein de cette population, car ils contribuent à faciliter la réalisation des activités quotidiennes. En ce qui concerne la santé psychologique, des conclusions prometteuses ont été mises en lumière, que ce soit dans un contexte de troubles neuro-évolutifs (e.g. maladie d’Alzheimer ou apparentées) ou non. Elles suggèrent que la présence du cheval au cours des séances engendrerait une amélioration significative de la qualité de vie des individus âgés, tout en réduisant les manifestations des troubles du comportement (Homnick et al., 2013 ; Prieto etal., 2022 ; White-Lewis etal., 2017).
CONCLUSION
Force est de constater que tous ces apports de la communauté scientifique mettent en avant les bienfaits de la médiation équine sur des populations vulnérables. Pour autant, cela serait-il possible sans considérer deux notions centrales qui s’articulent ensemble : la « relation » et le « thérapeutique ». Dans le cadre d’une prise en charge, on parle souvent de l’alliance thérapeutique qui ferait socle, servirait de levier de changement. Parfois, on entend parler de « relation de confiance » mais le plus juste ne serait-il pas de dire « relation thérapeutique » ? En effet, n’est-ce pas dans la relation (entre l’homme et l’animal) que s’inscrivent petit à petit les bases de ce qui fera soin pour l’autre, de ce qui sera « thérapeutique » ? ✱
BIBLIOGRAPHIE :
Badin, L. (2023-….). Apport des interventions assistées par le cheval sur la santé des personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer. [Thèse de doctorat en cours]. Université de Tours. Bonneau, J. (2023-…). Agir sur les troubles du comportement chez des enfants et adolescents institutionnalisés en ITEP par la médiation équine. [Thèse de doctorat en cours]. Université de Tours.
Bonneville, E. (2 décembre 2008). Pathologie des traumatismes relationnels précoces : Comprendre et accueillir les liens en souffrance. Thèse de doctorat en psychopathologie et psychologie clinique, Université Lumière, Lyon 2.
Bonneville-Baruchel, E. (2015). Repères théoriques. In E. Bonneville-Baruchel (Ed.), Les traumatismes relationnels précoces : Clinique de l’enfant placé (pp. 33-51). Toulouse : éditions Érès. Hameury, L., Delavous, P., & Leroy, C. (2011). [Hippotherapy in the paedopsychiatric care project]. Soins. Pédiatrie, Puériculture, 258, 37-40. PMB Group. (s. d.). Médiation équine thérapeutique et troubles du n. IFCE. https://mediatheque.ifce.fr/index.php?lvl=notice_display&id=68898
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LA PRÉPARATION PHYSIQUE DU CAVALIER
Les cavaliers prennent le plus grand soin de leurs poneys et chevaux, mais tendent à s’oublier comme, par exemple, à ne pas s’échauffer avant de monter. Regard sur la préparation physique, qui se démocratise dans le milieu de l’équitation, avec Charles Le Navenec, préparateur physique et réathlétiseur auprès notamment de l’équipe de France de dressage.
PAR LA FÉDÉRATION FRANÇAISE D’ÉQUITATION
SE PRÉPARER PHYSIQUEMENT POUR AMÉLIORER LE BIENÊTRE DE SON PONEY/CHEVAL…
Charles ne prépare pas que les cavaliers à faire du sport, il garde toujours le cheval en tête : « Plus le cavalier est prêt physiquement, en développant ses qualités physiques, et moins le cheval devra compenser les déséquilibres. La préparation physique du cavalier va permettre d’améliorer son fonctionnement et infinecelui de sa monture, qui pourra ainsi s’exprimer librement dans sa locomotion en étant le moins gênée possible par les mouvements parasites du cavalier. L’objectif n’est pas d’avoir un cavalier et un cheval en compétition mais bel et bien de faire participer deux athlètes dans leur discipline de prédilection ! »
… MAIS PAS QUE !
Charles Le Navenec définit trois grands objectifs à la préparation physique : « Éradiquer les douleurs, prévenir/ mitiger le risque d’apparition de blessure - notamment lié à l’activité quotidienne comme l’entretien des écuries - et optimiser la performance. » À noter que, si on souhaite être performant, il faut travailler les quatre facteurs d’entraînement : l’entraînement physique, l’entraînement technique, l’entraînement tactique et l’entraînement mental.
L’ÉCHAUFFEMENT DU CAVALIER
« On a tendance à l’oublier… Si on prend 5 minutes pour s’échauffer et qu’on monte tous les jours, cela représente environ 35 heures d’entraînement par an, ce qui est énorme et non négligeable. C’est important de prendre ce temps pour être tout de suite disponible pour son cheval et de ne pas s’échauffer en même temps que lui. Il y a un vrai travail d’acculturation à l’échauffement à réaliser auprès de nos jeunes cavaliers dans un but de santé et performance du cavalier et aussi du poney/cheval. »
Alors, comment s’échauffer avant de monter ? La méthode RAMP (Raise,Activate&Mobilise et Potentiate) :
Élévation de la température corporelle. Ex : marcher activement à côté de son cheval ; Mobilisation au niveau articulaire et musculaire, notamment le bas du dos et les hanches. Ex : flexions, extensions, rotations, inclinaisons, réaliser des rotations articulaires contrôlées ;
Activation. Ex : 2 x 30 s de squat statique, 10 x squat dynamique, exercice d’équilibre unipodal 2 x 30 s ;
Potentialisation de l’échauffement selon la séance prévue. Ex : 10 x squat jump ou exercices à cheval, lever les genoux à cheval, rester en équilibre au pas, etc.
ET APRÈS LA SÉANCE ?
« Il existe plusieurs catégories d’étirements avec des objectifs bien différents, certains que l’on va réaliser plutôt avant, pendant, après ou en dehors des séances. Il faut donc d’abord définir quel type d’étirements on va réaliser et pour quel objectif. Après une grosse séance à cheval, privilégier des étirements légers en restant dans la position moins de trente secondes. Cela redonne un peu de longueur au muscle qui a été sollicité et contracté pendant la séance. Privilégier des étirements statiques longs à distance des séances d’entraînement pour un moment de relaxation ou pour un objectif de gain de souplesse. »
ENTRAÎNEMENT
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APRÈS UNE GROSSE SÉANCE À CHEVAL, PRIVILÉGIER DES ÉTIREMENTS LÉGERS EN RESTANT DANS LA POSITION MOINS DE 30 SECONDES.
LA PRÉPARATION PHYSIQUE EST ACCESSIBLE À TOUS
Prendre soin de soi est essentiel. Un cavalier amateur peut réaliser une préparation physique très simple et générale, pour développer l’ensemble des qualités physiques : la force, la vitesse, la souplesse, l’endurance ainsi que l’équilibre et la coordination.
Les conseils de Charles Le Navenec pour débuter : « Faire des séances courtes d’une demi-heure, une à deux fois par semaine, qui nous plaisent. Pour obtenir des résultats, il faut être progressif et régulier ! Pour les personnes qui souhaitent débuter, j’aime bien donner la méthode du circuit training, qui est assez simple à mettre en place. L’idée est de réaliser plusieurs exercices, entre 8 et 12, pour cibler l’ensemble des qualités physiques. » Séance type en page 22. Pour aller plus loin, il est conseillé de faire appel à des personnes diplômées pour un accompagnement et un suivi personnalisé, adaptés à ses besoins et à sa discipline. ✱
CHARLES LE NAVENEC, PRÉPARATEUR PHYSIQUE ET RÉATHLÉTISEUR AU SEIN DE L’INSTITUT FRANÇAIS DU CHEVAL ET DE L’ÉQUITATION (IFCE), INTERVENANT POUR LA FFE
Titulaire de deux licences en sciences du sport, l’une sur l’entraînement et l’autre sur l’activité physique adaptée, d’un master orienté sur la réathlétisation et d’un diplôme universitaire de soins de terrain et d’urgence en milieu sportif. Il a également suivi des formations complémentaires comme une certification en préparation mentale ou sur des sujets très spécifiques comme la mobilité pour la préhab et la performance.
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ENTRAÎNEMENT 20 ÉQUITATION SANTÉ
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Pas avant 15 ans. Ne pas utiliser chez la femme enceinte.
Masser la zone douloureuse ou inflammatoire avec l’applicateur à billes pour faire pénétrer le gel.
Ceci est un médicament. Contient du diclofénac. Ne pas associer à d’autres médicaments contenant des anti-inflammatoires non stéroïdiens ou de l’aspirine par voie orale ou locale. Lire attentivement la notice. Demandez conseil à votre pharmacien. Si les symptômes persistent plus de 4 jours, consultez votre médecin.
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BIEN-ÊTRE ET PRÉPARATION DU CO-ÉQUIPIER CHEVAL
La préparation physique du cavalier est indispensable pour prévenir, entre autres, les risques de blessures. Mais qu’en estil pour le cheval et le maintien de son bienêtre ?
PAR DÉBORAH BARDOU, ÉTHOLOGUE ET PRÉSIDENTE DE LA COMMISSION BIEN-ÊTRE ANIMAL DE LA FFE
Le bien-être d’un animal est défini comme l’état mental et physique positif lié à la satisfaction de ses besoins physiologiques et comportementaux, ainsi que de ses attentes. Cet état varie en fonction de la perception de la situation par l’animal (Anses, 2018). De ce fait, avant même de s’intéresser à l’activité pratiquée, il convient d’établir une relation de confiance avec le cheval et de lui offrir des conditions de vie en adéquation avec ses besoins.
Une fois ces prérequis validés, l’athlète cheval a, à l’image de l’athlète humain, besoin d’une préparation progressive. Cela est vrai aussi bien à l’échelle d’une séance, au cours de laquelle l’intensité de l’effort doit être graduelle et débuter par un échauffement, souvent appelé « détente », qu’à celle du planning d’entraînement dans son ensemble, qui doit définir des objectifs réalistes et atteignables.
Varier les activités (saut d’obstacles, dressage, balade, trotting, travail à pied ou en longe, etc.) et les rendre les plus ludiques possible permettent aussi d’entretenir la motivation du cheval et de rendre le travail plus attractif.
En outre, la bonne gestion des temps de récupération n’est pas à négliger : la récupération active après l’effort, comme chez l’humain, permet au cheval d’éviter ou de diminuer plus rapidement les courbatures. La qualité du repos entre deux séances et donc le lieu de vie du cheval constituent également un facteur important à prendre en compte.
Enfin, l’état de bien-être d’un animal est notamment lié à sa capacité à pouvoir contrôler son environnement. La progressivité de l’entraînement vise à éviter autant que possible de placer le cheval en situation d’échec, sur le plan physique et mental. En effet, confronté à des exercices trop complexes pour lui, il ne parviendra pas à trouver la solution attendue malgré l’effort fourni. Si cette situation d’échec se répète de manière trop régulière, il peut, à terme, se résigner et ne plus chercher de solution. Cela peut impacter son moral (perte de motivation), comme sa santé (perte de poids, ulcères gastriques…).
LA FFE IMPLIQUÉE POUR LE BIENÊTRE DES PONEYS ET CHEVAUX
Œuvrer pour faire vivre les actions fédérales en matière de bien-être des chevaux et des poneys et en suggérer de nouvelles à déployer sont, entre autres, les missions de la Commission bien-être animal (BEA) de la Fédération Française d’Équitation (FFE), créée en 2021 sous l’impulsion de Serge Lecomte, président de la FFE. Le groupe de travail rassemble divers experts du cheval et de l’équitation autour des différentes thématiques scientifiques et sociétales qui sont aujourd’hui celles de la filière « cheval ». ✱
PRÉPARATION
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FFE-NICOLAS HODYS 24 ÉQUITATION SANTÉ
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L’ÉQUITATION, UN SPORT QUI APPREND À FONCTIONNER
Le cheval est un véritable allié pour apprendre à mieux se connaître. Explications à travers les témoignages de JeanLuc Force et de Marie Caucanas.
TÉMOIGNAGE © FFE-MONTAINE MÉRELLE
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PAR LA FÉDÉRATION FRANÇAISE D’ÉQUITATION
Jean-Luc Force est coresponsable du département Haute Performance de la Direction technique nationale de la Fédération Française d’Équitation (FFE). Ancien écuyer du Cadre noir de Saumur pendant plus de vingt ans, Jean-Luc Force a été responsable de la formation, cavalier international de concours complet (sélectionné en équipe de France pour les Jeux olympiques de Sydney, médaillé par équipe aux championnats d’Europe et du monde), un temps directeur technique national et désormais entraîneur privé à l’échelle internationale. Il accompagne notamment Karim Laghouag, en lice pour les Jeux de Paris 2024 et déjà double médaillé olympique par équipe (médaillé d’or à Rio et de bronze à Tokyo).
Vous avez entraîné de nombreux cavaliers de haut niveau ces dernières années. Quels sont les fondamentaux que vous souhaitez leur transmettre ?
Jean-Luc Force : Pour moi, le plus important est de pouvoir instaurer une relation positive avec les chevaux, donc de les comprendre et les connaître pour pouvoir construire avec eux une logique de progression qui permet d’aller vers la haute performance. C’est la maîtrise des procédés de base qui permet d’installer cette relation de confiance. Il faut construire cela progressivement en renforçant la psychologie du cheval de manière qu’il soit de plus en plus conscient et incité à produire des actions fortes, dynamiques, en adhérant complètement au projet de son cavalier.
Pour vous, quels sont les bienfaits de l’équitation et qu’apporte le cheval ?
J-L F : Il y a cette notion de relation avec un être vivant qui permet aux humains de prendre conscience de la nécessité d’élaborer un projet dans lequel les deux parties prenantes sont motivées et volontaires. Le cheval, mis à contribution, doit arriver à vivre ce sport en y trouvant du plaisir, du bien-être et s’y épanouir. Cela va avoir une forte contribution sur la
construction de la personnalité de l’humain qui doit développer de l’altruisme, de la confiance en soi et en l’autre, de la bienveillance… Il y a toute une démarche physique et mentale, il doit accepter de trouver sa place auprès de et sur l’autre, de développer une certaine flexibilité dans son fonctionnement de façon qu’il soit facile à porter, que le cheval n’ait pas à subir un humain qui réagit d’une façon trop forte ou ne parvient pas à gérer sa propre masse… Il faut arriver à installer physiquement cette dynamique qui se construit au niveau musculaire, de la motricité, de la tonicité, de la coordination, dans toute la globalité du fonctionnement du corps du cavalier. Les bienfaits sont énormes car tout fonctionnement ou mouvement ne se fait pas dans la force mais dans l’interaction et la relation avec l’autre, donc le cavalier - au même titre que le cheval - développe sa proprioception (la perception, consciente ou non, de la position des différentes parties de notre corps dans l’espace). Il faut savoir s’adapter au cheval qui est constamment en mouvement et se lier à ce mouvement. C’est un formidable outil de rééducation physique et d’éducation motrice. L’équitation bien conçue développe la tonicité du dos, le gainage, la musculature au niveau dorso-lombaire. Pratique lente, pratique prolongée, ce qui fait qu’au niveau physiologique, c’est très bon. On peut monter à cheval jusqu’à des âges très avancés, les chevaux deviennent nos propres éducateurs et kinésithérapeutes quand on arrive à avoir une communication positive. Cela est fantastique pour permettre aux humains de rester actifs très longtemps.
Est-ce qu’il y a un âge pour débuter et/ou pratiquer l’équitation ?
J-L F : Il n’y a pas d’âge pour débuter et pratiquer l’équitation, il faut simplement que ce soit adapté. À chaque période de la vie, on peut y trouver de nombreux bénéfices. Quand on commence jeune, on va se construire à travers cette activité, en particulier au niveau psychomoteur et musculaire. La relation à l’autre est également très intéressante pour les enfants. Quand on est plus âgé, on est déjà construit, donc on doit réorganiser notre motricité. À tout âge, à travers la pratique de l’équitation, on développe une meilleure connaissance de son corps.
« L’équitation, c’est bien plus qu’un sport », qu’est-ce que cela vous inspire ?
J-L F : C’est une activité physique qui peut devenir, si on le souhaite, un sport de compétition. Au-delà, c’est surtout une rencontre entre deux êtres, un humain et un cheval. Au niveau de la construction de la personnalité, c’est bien plus qu’un sport car il est nécessaire de comprendre et de s’adapter à l’autre. Quand on développe une certaine connivence, on peut considérer que l’on danse ensemble et cela peut devenir de l’art. Il y a une telle collaboration, une telle sensibilité, une telle excellence dans la réalisation que, vu de l’extérieur, cela prend des couleurs artistiques qui aboutissent à un résultat magique. La collaboration avec le cheval fait que dans la dimension mentale, il y a une vraie démarche d’écoute de l’autre, de sociabilisation, de juste perception des personnalités, ce qui mène à un travail d’équipe, avec la mise en place d’une dynamique collective. IL
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N’Y A PAS D’ÂGE POUR DÉBUTER ET PRATIQUER L’ÉQUITATION, IL FAUT SIMPLEMENT QUE CE SOIT ADAPTÉ. ➔
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Jean-Luc Force
Marie Caucanas
Marie Caucanas est psychologue clinicienne et du sport, préparatrice mentale fondatrice de la méthode #LÊtreCavalier. Elle est également équicoach et consultante en entreprise (risques psychosociaux), formatrice en Médiation Avec les Équidés (MAE) et en psychopédagogie auprès des enseignants en équitation. Engagée, elle est membre du comité fédéral de la FFE.
En quoi les activités équestres et le cheval participent-ils au bien-être et à l’équilibre humain ?
Marie Caucanas : Le cheval participe au bien-être humain car ses qualités intrinsèques nous ramènent, malgré nous, à nous, à notre « moi » profond et authentique. À son contact, les émotions profondes vont trouver un chemin pour s’exprimer. Le cheval va également nous obliger à nous positionner correctement par rapport à lui-même. Trop près, il peut nous bousculer ; trop loin, il peut nous échapper ou fuir. Alors forcément, ce ne sont pas toujours les réponses souhaitées, mais cette interaction nous amène à nous recentrer, à nous reprioriser. Ce n’est pas être égoïste, c’est se respecter. Il nous permet donc de nous réaccorder avec nos valeurs profondes parfois oubliées pour satisfaire aux besoins de la société. Sur un plan sportif, bien sûr, au grand air, avec le cheval, la mise en mouvement est sollicitée naturellement. Et marcher avec un cheval permet le partage, une forme d’échange. Chacun est seul sans l’être vraiment : il laisse la place à l’introspection tout en nous accompagnant par sa présence imposante. C’est aussi un animal qui vous valorise : « réussir » avec un cheval renvoie une image positive. Pour les personnes ayant des difficultés à s’affirmer ou en manque de confiance, cet espace de réussite, sécurisé, s’apparente à une bulle nourrissante qui permet de se renforcer.
La préparation mentale se démocratise dans le milieu des sports équestres. Comment expliquez-vous cela ?
M C : La préparation mentale était marginale il y a encore six ou sept ans et souffrait de représentations limitantes, certains sportifs et cavaliers s’exprimant très clairement : « Je ne suis pas fou, je n’en ai pas besoin. » Progressivement, le fait
d’expliquer que la psychologie est la connaissance du fonctionnement humain « normal » (sans pathologie) a levé les résistances, ouvert et impulsé de nombreuses prises de conscience. Connaître son fonctionnement permet de mieux se comprendre et de se gérer. Aujourd’hui, la prise en compte du bien-être émotionnel et mental des sportifs dépasse le statut de préoccupation vers celui de forte recommandation. La médiatisation des témoignages de sportifs de très haut niveau sur leur fragilité a créé un espace de liberté de parole sensibilisant l’opinion. Désormais, les personnes se forment pour accompagner l’autre dans ses performances, dans l’optimisation de ses habiletés mentales et, pour les psychologues, veiller à maintenir un état psychique optimum pour être réceptif aux outils de préparation mentale. C’est un travail qui se complète très bien. Psychologues, préparateurs mentaux, coachs et cavaliers constituent un système complémentaire au service de la performance individuelle et collective.
En quoi la préparation mentale est-elle une ressource pour le cavalier ?
M C : La préparation mentale permet de se décharger émotionnellement par exemple, d’être entendu sans être jugé quand la pression augmente et que les attentes sont fortes. Elle permet également de gagner en pugnacité avec de très bons résultats, de dépasser un sentiment d’échec pour en faire une opportunité, ou encore, d’être là, en pleine possession de ses moyens le jour J quoi qu’il arrive. En résumé, la préparation mentale apporte aux sportifs de la sérénité, un espace sécurisant, de la motivation et des outils pour gérer leurs émotions, donc une meilleure confiance en eux. Ils vont agir et ne plus subir.
Est-ce réservé uniquement aux sportifs de haut niveau ?
M C : Absolument pas. Les cavaliers de loisirs et amateurs ont aussi un fonctionnement psychique, donc ils sont les bienvenus dans cette démarche. Les problématiques sont différentes et relèvent souvent de difficultés en lien avec un sentiment d’infériorité, un manque de confiance en soi qui ne leur permet pas de s’affirmer face aux autres ou au coach. La solution serait alors d’échanger mais c’est « plus facile à dire qu’à faire ». Un accompagnement les aide à trouver leurs propres ressources, un travail collaboratif passionnant et stimulant s’instaure avec eux pour qu’ils gardent et/ou retrouvent le plaisir de monter !
Comment la FFE accompagne-t-elle le développement de la diversité des activités avec les équidés ?
M C : La FFE a intégré, depuis plusieurs années, la psychopédagogie, puis la préparation mentale dans les formations proposées aux enseignants d’équitation. En 2017, la FFE a initié et développé la démarche « Cheval et Diversité » avec une vision globale considérant le cheval comme partenaire du parcours de vie de l’humain. La volonté fédérale est de favoriser les prises de conscience, d’accompagner le développement des connaissances et des compétences pour garantir un environnement et des pratiques sécurisées.
Le cheval apporte et apprend beaucoup à l’humain. Nous avons compris que le bien-être du cavalier permet le bien-être du cheval et réciproquement. Soyons à l’écoute du coach, du cheval et de nous-même et c’est gagné !
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TÉMOIGNAGE
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PUBLIRÉDACTIONNEL
LES SELLES PRESTIGE ENTRE TRADITION ET INNOVATION
Depuis plus de cinquante ans, Prestige constitue un pilier du secteur, grâce à la fabrication de selles entièrement conçues en Italie, alliant tradition artisanale et avancées technologiques.
L’objectif principal de la marque est d’assurer le confort et la performance du cavalier et de son cheval en proposant des produits hautement personnalisables qui s’adaptent à chaque morphologie. Cette vision est soutenue par un engagement constant envers l’innovation technologique, reflété dans chaque selle.
QUALITÉ, PERSONNALISATION
ET SADDLE FITTING : LES INGRÉDIENTS POUR
UN PRODUIT D’EXCELLENCE
« Dans le domaine de la sellerie, l’artisanat exceptionnel se distingue par sa personnalisation. » Andrea Rasia, PDG de Prestige Italia, souligne que tout commence par le choix méticuleux des cuirs de haute qualité pour donner vie à chaque selle Prestige. Les selles Prestige proposent une large gamme de cuirs soigneusement sélectionnés pour répondre aux souhaits spécifiques des cavaliers les plus exigeants, afin de permettre une personnalisation complète. En effet, la personnalisation est au cœur de la conception de chaque selle Prestige, offrant une variété de caractéristiques techniques pour un ajustement parfait, garantissant le bien-être du cheval et le confort du
cavalier, améliorant ainsi les performances sportives. Parmi ces solutions, la marque offre 15 formes d’arçons différentes pour proposer des ajustements variés, ainsi qu’un système d’ouverture de l’arçon permettant un réglage précis et pouvant être facilement adapté par un sellier professionnel pour s’appliquer aux évolutions musculaires du cheval. Cela garantit ainsi un ajustement optimal constant.
L’INNOVATION
TECHNOLOGIQUE AU CŒUR DE LA PHILOSOPHIE PRESTIGE
« Chez Prestige, nous nous efforçons d’innover constamment pour offrir des solutions d’ajustement aux chevaux de toute morphologie, tout en accordant une importance croissante au confort et à l’équilibre des cavaliers pour une équitation plus efficace. » Cette recherche permanente d’amélioration a conduit à l’optimisation continue des produits Prestige grâce à de nouveaux matériaux et de nouvelles technologies, dont la dernière est le développement de la technologie AS-X. Représentant une innovation révolutionnaire, elle offre avec son système unique des avantages significatifs pour les selles d’obstacle et de dressage, permettant un maximum de liberté de mouvement du cheval et un confort optimal du cavalier, pour une expérience sans compromis.
PAS DE PERFORMANCE SANS BIEN-ÊTRE DU CHEVAL
« Pour nous, le savoir-faire artisanal est nécessaire mais pas suffisant. Une selle est un outil qui doit soutenir la performance d’un binôme tout au long de sa carrière sportive. La première condition pour que cela se produise est de se concentrer sur le bien-être du cheval. » En mettant l’accent sur sur ce dernier et en offrant des selles hautement personnalisables, Prestige vise à créer une connexion harmonieuse entre le cheval et son cavalier, favorisant ainsi des performances optimales. ✱
PLUS D’INFOS
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À la clé : porter pendant toute une saison de concours les couleurs de la Maison et devenir ambassadeur.drice des marques partenaires (Fautras, Flags & Cup, Equisense, Royal Horse, Karitale, Racer Equestrian, Alfa Jump). Rendez-vous en juillet pour les résultats !
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ÉQUITATION SANTÉ 31 © SHUTTERSTOCK.COM
EN ÉQUILIBRE AVEC LE CHEVAL
L’équilibre et le contrôle postural, statique ou dynamique, nécessitent une régulation permanente faisant intervenir de manière coordonnée un ensemble de mécanismes, tel un chef d’orchestre.
PAR LE DOCTEUR DANIELA TEDDE-CARRIERI
L’équilibre postural constitue un concept complexe qui intègre la posture et la stabilité du corps en lien avec les sollicitations, les forces externes comme la gravité, tant dans des conditions aussi bien statiques (l’adaptation vise l’immobilité) que dynamiques (l’adaptation vise le mouvement) tout en abordant la dimension d’équilibre psychoémotionnel.
En quoi l’équitation, ou plus globalement les activités équestres, nous aident-elles à développer, renforcer, voire reconstruire notre équilibre postural ?
Le cheval est un partenaire performant pour travailler son équilibre ainsi que ses qualités de marche et sa posture. En équitation, l’attention est portée sur les aptitudes qui permettent au cavalier de fonctionner avec son cheval, de renforcer en permanence ses compétences adaptatives afin de maintenir son équilibre. Ainsi, le cavalier apprend progressivement à réguler et synchroniser ses mouvements à ceux du cheval pour assurer un fonctionnement cavalier-cheval cohérent et fluide. Telle une danse, le cavalier et le cheval sont reliés l’un à l’autre, le mouvement de l’un impacte le mouvement de l’autre pour trouver le tempo adapté (le pas est une allure à quatre temps, le trot à deux temps, le galop à trois temps plus un temps de suspension). Les cavaliers le savent et le découvrent à chaque séance, l’équitation sollicite et développe l’ensemble du système musculo-squelettique. Pratiquer l’équitation, c’est ressentir et prendre conscience de l’existence de muscles jusqu’ici insoupçonnés, de la tête aux pieds !
Mais qu’en est-il de la rééducation grâce au cheval ? Ces fonctionnements équestres modulés et analysés par les professionnels médicaux et paramédicaux peuvent être utilisés dans le cadre de troubles posturaux, de l’équilibre et de rééducation neuromotrice : l’hippothérapie. Ainsi, comme les exercices effectués chez un kinésithérapeute avec différents outils (ballon de Pilates, tablettes proprioceptives, tapis en mousse, etc.), le travail avec le cheval, encadré par plusieurs professionnels spécifiquement formés, stimule les différents mécanismes sollicités dans l’équilibre postural. À titre d’exemple,
LE SAVIEZVOUS ?
Le cheval au pas, grâce à son mouvement singulier, est capable de stimuler environ 110 mouvements tridimensionnels par minute chez son cavalier (Straub, 1998). Une minute au pas sur le cheval équivaut à 100 pas pour le cavalier (Equiphoria, 2019).
le travail au pas, avec des variations d’allure et d’amplitude, et la régulation thermique du cheval constituent des ressources singulières mobilisables par les professionnels de la rééducation. Ainsi, pendant les séances de rééducation avec le cheval, environ 13 200 stimulations sont transmises au patient, avec des variations en lien avec la taille et le fonctionnement de chaque équidé. Outre les bienfaits purement médicaux et neuromoteurs, les séances en centre équestre avec les chevaux permettent d’offrir aux patients la possibilité de poursuivre leur parcours de soins dans un environnement ludique, en lien avec la nature. S’il est parfois difficile de se motiver à marcher sur un tapis de marche ou entre des barres avec un déambulateur, marcher avec un poney ou un cheval invite inconsciemment et inévitablement à la mise en mouvement, sans puiser d’énergie à se motiver. Être sur un cheval, c’est aussi retrouver de la hauteur, de la mise en perspective en visualisant un horizon beaucoup plus vaste que celui d’un espace clos.
FOCUS
32 ÉQUITATION SANTÉ
En pratique !
Le Dr Daniela Tedde-Carrieri nous fait partager son aventure de médecin rééducateur, diplômée médiateur équin par la Fédération Française d’Équitation (FFE), spécialisée en hippothérapie. En 2022, elle installe son cabinet de rééducation en plein cœur d’un centre équestre en Région AuvergneRhônes-Alpes. Elle travaille aujourd’hui en pluridisciplinarité avec une enseignante d’équitation et une infirmière-équithérapeute également formée par la FFE : « Comme auparavant dans mon cabinet de ville, les patients que j’accueille se présentent avec une prescription pour de la rééducation, généralement à la suite d’une hospitalisation. Les séances avec le cheval, à pied ou montées, d’environ une heure, viennent compléter leurs parcours d’activités rééducatives classiques. De nombreux parcours de patients accompagnés au centre équestre depuis 2022 illustrent les réelles plus-values de la rééducation avec les chevaux. Citons par exemple celui d’une
patiente parkinsonienne dont la locomotion et l’équilibre s’étaient détériorés ces dernières années. Le travail effectué avec le cheval au pas et au trot a induit des améliorations visibles concernant sa vitesse de marche, son redressement postural lors des déplacements et son autonomie dans les variations de posture. »
Le Dr Daniela Tedde-Carrieri a également accompagné Mickael, atteint de sclérose en plaques (SEP), qui lui était adressé par son médecin généraliste et son kinésithérapeute pour travailler son équilibre et sa marche. Il témoigne : « Je suis atteint d’une SEP depuis 2012 et j’ai de plus en plus de mal à marcher. Après quatre ou cinq séances d’hippothérapie avec le Dr Tedde-Carrieri, j’ai retrouvé une meilleure posture et un meilleur équilibre. J’ai pu réaliser le test de marche de 500 mètres que je fais régulièrement au CHU, alors que je ne parvenais plus à le terminer depuis 4 ans. Je suis très satisfait de suivre cette thérapie qui m’apporte des résultats rapides et me permet de vivre une nouvelle expérience, celle de monter à cheval. »
ÊTRE SUR UN CHEVAL, C’EST AUSSI RETROUVER DE LA HAUTEUR.
« Aujourd’hui, je suis convaincue que la diversité d’activités sportives ou de loisirs possibles avec le cheval peut profiter à toute personne souhaitant améliorer ou renforcer sa posture et son équilibre », appuie le Dr Daniela Tedde-Carrieri. « En contraste avec certains quotidiens de travail qui confrontent la population à une posture statique, assise, l’équitation est une activité qui permet de sortir dans des espaces ouverts, de nature, tout en gardant les objectifs de renforcement musculaire. La marche à côté ou sur des chevaux en est un exemple comme lors des balades à cheval ou, plus sportivement, le Ride & Run et bien d’autres encore. Alors, je ne peux que vous dire : bonne découverte et, n’oubliez pas, restons en équilibre avec les chevaux !” ✱
MERCI L’HIPPOTHÉRAPIE
Selon l’HAS (Haute Autorité de Santé) en 2021, l’hippothérapie (rééducation neuro-motrice avec le cheval) est recommandée aux enfants et adolescents diagnostiqués de paralysie cérébrale dans le but d’améliorer le contrôle postural et l’équilibre.
ÉQUITATION SANTÉ 33
© FFE-LES GARENNES
CONSEIL 34 ÉQUITATION SANTÉ © FFE-EB
LA MÉDIATION AVEC
LES ÉQUIDÉS (MAE)
SOIGNER LES MAUX DU QUOTIDIEN ET RETROUVER UN MIEUX-ÊTRE AVEC LE CHEVAL
Stress, anxiété, troubles du sommeil ou de l’alimentation, phobies scolaires, addictions, ou encore peur du changement, manque de confiance en soi, épuisement professionnel… chacun peut un jour ou l’autre être confronté à la maladie ou avoir besoin d’un soutien et d’un accompagnement pour se sentir mieux. Aujourd’hui, les vertus du contact avec le cheval sont largement reconnues et de plus en plus utilisées pour accompagner l’humain dans son parcours de vie sur le plan corporel, cognitif, éducatif, psychique et émotionnel.
La Médiation Avec les Équidés, MAE, propose un ensemble de pratiques qui positionnent le cheval comme médiateur, telles que l’équithérapie et l’hippothérapie, l’équicoaching ou encore l’équitation avec les personnes en situation de handicap. Partager une expérience de médiation avec le cheval, c’est entrer en relation sans le poids des mots, c’est ressentir sa présence sans se soucier du regard de l’autre, c’est évoluer, se mettre en mouvement à ses côtés, percevant le juste équilibre entre puissance et vulnérabilité. En entrant en résonance avec lui, telle une pratique de cohérence cardiaque, il offre un espace de relaxation, de reconnexion avec soi, d’accueil de nos émotions et permet ainsi d’accéder à une harmonie singulière.
L’ÉQUITHÉRAPIE, UN ACCOMPAGNEMENT THÉRAPEUTIQUE
PSYCHOCORPOREL POUR SOIGNER
Pratiquée par des professionnels spécifiquement formés, l’équithérapie est un accompagnement thérapeutique psychocorporel fondé sur la mise en relation avec le cheval. La triangulation cheval-patient-thérapeute vient mobiliser la personne soignée dans la dimension psychique et corporelle, deux aspects intrinsèquement liés. L’intention est ainsi de créer une interaction entre le cheval et les personnes afin de leur offrir une nouvelle lecture et une nouvelle compréhension d’eux-mêmes et de leurs problématiques, parfois complexes. Par sa sensibilité, son ancrage dans l’instant présent, sa douceur et même sa chaleur…
le cheval aide le patient, accompagné par le thérapeute, à prendre conscience et à se reconnecter à soi, à revisiter (voire régresser) pour poser des éléments de compréhension sur son chemin de vie et son état situationnel du moment. La présence du cheval, non jugeant, permet de mettre des mots sur les maux et ainsi d’envisager les cicatrisations, les réparations, voire les perspectives de guérison et de mise en mouvement vers l’avenir. À l’interface entre le monde équestre et le monde du soin, l’équithérapie s’inscrit aujourd’hui dans les thérapeutiques complémentaires et offre une approche pluridisciplinaire venant enrichir les propositions thérapeutiques conventionnelles, démontrant ainsi son véritable intérêt dans les parcours de soins.
L’ÉQUICOACHING, UN ACCOMPAGNEMENT ASSISTÉ PAR LE CHEVAL POUR
ATTEINDRE SES OBJECTIFS PERSONNELS ET PROFESSIONNELS
L’équicoaching, c’est quoi ? C’est une approche non thérapeutique qui rassemble le coaching et le cheval. Guidée par un professionnel équicoach, la personne (ou le groupe de personnes) explore son mode de fonctionnement, prend conscience de son potentiel, renforce ses compétences (notamment émotionnelles, relationnelles et managériales) pour gagner en pouvoir d’agir, pour soi et le collectif. Les séances s’articulent autour de différentes propositions d’expérimentation, dans la majorité des cas à pied, aux côtés du cheval. Les capacités de ce dernier à percevoir les intentions et les émotions, à interagir sans mots avec son environnement, amènent chacun à se questionner,
➔ ÉQUITATION SANTÉ 35
PAR LA FÉDÉRATION FRANÇAISE D’ÉQUITATION
voire à se remettre en question pour aligner progressivement « ce que je suis, ce que je veux, ce que je ressens et ce que je décide de faire ». Encadrés et guidés par l’équicoach, les exercices proposés permettent de développer de nombreuses capacités, compétences et compréhension de soi, telles que le développement des soft skills, sa capacité d’observation, son agilité émotionnelle mais aussi d’apprendre à repérer et gérer ses émotions, gagner en confiance, àleader, poser des limites, parler en public...
EN QUOI CELA PEUT-IL AIDER L’HUMAIN DANS SON QUOTIDIEN ?
Les différentes expériences vécues, débriefées avec l’équicoach, permettent d’établir des passerelles avec son mode de fonctionnement et des problématiques personnelles ou professionnelles. À la recherche d’équilibre et d’harmonie, le cheval invite l’humain à la congruence, l’alignement et la cohérence entre ses pensées, ses ressentis, ses paroles et ses actions. Que ce soit sur les plans physique, mental ou émotionnel, le contact avec le
LE TÉMOIGNAGE
DE CAMILLE, JEUNE FEMME, NON ÉQUITANTE, AYANT BÉNÉFICIÉ DES SÉANCES POUR L’AIDER À LUTTER
CONTRE SON CANCER :
« Il y a eu des moments d’échange et de connexion qui m’ont fait du bien et où, pour la première fois, je ne pensais qu’à moi, moi sans mon cancer. Ce lien et cette connexion ont commencé à me réparer, parce qu’il y a un traumatisme qui est là et qui ne s’en va pas tout seul. Le cheval a participé à cette reconstruction, au fur et à mesure. Il a laissé quelque chose, il a réparé, il a fait s’exprimer des choses que je n’exprimais pas forcément avec une psychologue, un sophrologue. Voilà, beaucoup de fierté… Ce sont pendant ces moments-là où j’ai vraiment repris confiance, où je me suis dit que tout était possible. J’étais très apaisée. »
cheval apaise et emmène loin des stimuli du monde extérieur, et invite au lâcher-prise. Au fur et à mesure des séances, la personne bénéficiant de cet équicoaching révèle l’ensemble de son potentiel, gagne en pouvoir d’agir, clarifie ses intentions, définit son plan d’action et son engagement sur ce chemin personnel et/ou professionnel qui lui appartient.
LE REGARD DE MARIE-ANGE LÉOPHONTE, DÉLÉGUÉE GÉNÉRALE DE LA LIGUE CONTRE
LE CANCER 31
Àl’occasiondelaJournéemondialecontrelecancer,le4février dernier,laLiguecontrelecancer31,quevousreprésentez,etla FFEontofficialisé,autourdelasignatured’uneconvention,leur engagement commun dans la lutte contre le cancer avec le cheval.Quelleestlagenèsedecettedynamiquecommune?
M-A L : En 2023, j’ai souhaité proposer une activité en extérieur, en lien avec les animaux et l’équitation est apparue comme une évidence. Le fait que cette activité se déroule au sein d’une écurie apporte une connotation « atypique, exotique » car les soins de support habituels sont en intérieur. Pour ce faire, il a fallu envisager une pratique totalement adaptée, pour laquelle « apprendre à monter à cheval » n’est pas un objectif. Les séances proposées se situent à l’interface entre équitation santé et prendre un temps pour soi. C’est de cette co-construction de projet qu’est née l’envie d’aller beaucoup plus loin ensemble pour enrichir et sécuriser les offres d’accompagnement.
Quel est votre regard sur les apports et la plus-value de ces activités avec les chevaux?
M-A L : Être dans un lieu entouré d’équidés qui pâturent sereinement est très apprécié, la visite d’une écurie apporte une « nouveauté » puisque les patients sont non équitants. Le contact d’un animal, grand et puissant, est assez inhabituel et en « prendre soin » lors du pansage est source de plaisir et d’apaisement.
{ © GAËL DUPRET
36 ÉQUITATION SANTÉ
CONSEIL
QUE
CE SOIT SUR LE PLAN PHYSIQUE, MENTAL OU ÉMOTIONNEL, LE CONTACT AVEC LE CHEVAL APAISE
Dans cet espace-temps, propice aux câlins, à la découverte du corps du cheval et des zones qui lui font du bien, les patientes interagissent et se questionnent sur la façon dont le cheval manifeste son plaisir ou son déplaisir. Donner de l’affection, de la tendresse, de la douceur, « prendre soin » du cheval, leur apporte beaucoup. C’est une réelle bulle hors du temps, car elles oublient, toutes, la maladie et ses conséquences pour se concentrer et se préoccuper de leur nouveau compagnon. C’est également un temps de redécouverte de la confiance en soi, notamment dans le travail en liberté ou encore le travail sur des exercices adaptés. Ces activités génèrent beaucoup d’émotions et de fierté pour chacune. En outre, les photos qui leur sont adressées en fin de séance permettent de prolonger ce temps suspendu qui leur a fait tant
de bien, de partager avec leur entourage ou encore de regarder plus tard dans la semaine ces images avec leur sourire et la joie éprouvée.
En toute simplicité, qu’auriez-vous envie de partager avec les lecteurs de ce numéro ÉquitationSanté?
M-A L : Au-delà de ce que je viens d’évoquer, j’aimerais leur dire que la Médiation Avec les Équidés est un soin de support magique qui permet aux patients de retrouver l’espace de 2 h une vie hors du temps, de s’extraire totalement de la maladie, de se ressourcer, de rire et d’avoir une trêve dans un parcours long et difficile. Cette activité favorise aussi les liens avec les autres patientes, les groupes étant de 4 personnes. Nous envisageons la création de groupes dédiés aux aidants. ✱
ÉQUITATION SANTÉ 37
DÉJOUER LES IDÉES REÇUES
Le cheval, une force tranquille qui suit l’histoire humaine. Que ce soit dans les livres, les contes et légendes, les films, ou même les paysages lors de différents voyages, il apparaît. Consciemment ou inconsciemment, il est présent, voire omniprésent pour les passionnés. Animal qui incarne à la fois la puissance du mouvement et la sensibilité, la vulnérabilité, il génère parfois une forme de dualité chez l’humain. Ainsi, certaines personnes peuvent se sentir partagées entre l’envie de le découvrir, le comprendre, de partager un moment avec lui et leurs peurs, croyances, représentations.
Ce dossier Équitation Santé apporte de nombreux éclairages, si toutefois il vous reste quelques hésitations pour franchir le pas vers la rencontre avec le cheval, voici les précisions :
L’ÉQUITATION FAIT MAL AU DOS
Contrairement aux idées reçues, l’équitation, encadrée par des professionnels, n’est pas traumatisante pour le squelette. Elle permet un renforcement osseux grâce aux stimulations du rachis et tonifie les muscles rachidiens et abdominaux, profonds et superficiels. Les 36 disciplines offrent une diversité de pratiques pouvant s’adapter aux aptitudes, besoins et envies. Comme pour d’autres pratiques sportives, une fragilité osseuse anormale peut représenter une contre-indication (ostéoporose sévère, par exemple). À savoir que le renforcement des muscles du rachis et des abdominaux a un effet bénéfique sur la statique vertébrale, donc l’équilibre postural du cavalier redevenu piéton.
LES TARIFS EN CENTRE ÉQUESTRE
Coût moyen d’une séance ≤ 18 €
Licence 25 € (mineurs) et 36 € (majeurs)
Prix inchangés depuis plus de 20 ans
LES TARIFS EN BALADE
Coût moyen d’une promenade de 2 heures à cheval, en forêt, en bord de mer ou en campagne : 25-35 €
Montant du panier moyen par randonneur (hébergement, restauration, sites touristiques, etc.) : 50 €
L’ÉQUITATION EST UN SPORT DANGEREUX
La pratique avec les équidés repose sur le partenariat avec un animal qui interagit, réagit et donc induit des risques identifiés nécessitant de facto des points de vigilance particuliers de la part de l’encadrement professionnel et du cavalier. Cette vigilance s’exerce durant l’ensemble des moments partagés avec le cheval. Que ce soit avec son propre cheval ou au sein de centres équestres ou de poney-clubs, l’équitation est une activité qui demande présence, disponibilité. Évoluer avec un cheval, c’est trouver l’équilibre entre présence (vigilance) et confiance, c’est être dans le même espace-temps que le cheval « dans l’ici et maintenant », partager une activité avec un être vivant, donc accepter que l’imprévu puisse faire partie de l’aventure, tout en renforçant son agilité et ses capacités d’adaptation.
En résumé, toute activité présente des risques. Pour les limiter, les centres équestres et les poneys-clubs proposent un encadrement professionnel et une cavalerie adaptée. À chacun son club ; l’équitation, comme le cheval, c’est une histoire de rencontre !
L’ÉQUITATION EST UN SPORT COÛTEUX
Organisation originale, le poney-club et le centre équestre à la française constituent un modèle unique au monde. Les cavaliers peuvent pratiquer l’équitation, au sein des structures équestres, à un moindre coût grâce au partage de la cavalerie, des infrastructures et de l’enseignement. L’équitation est donc, en France, accessible au plus grand nombre.
ÉCLAIRAGE © FFE-ZG
PAR LA FÉDÉRATION FRANÇAISE D’ÉQUITATION
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L’ÉQUITATION, CE N’EST PAS POUR
TOUT LE MONDE. CE N’EST PAS POUR MOI SI…
JE SUIS ENCEINTE
L’équitation est le premier sport féminin avec plus de 85 % de cavalières en 2023. Effectivement non recommandée aux femmes enceintes néophytes et inexpérimentées, la pratique équestre encadrée (sur ou autour du cheval) permet de limiter les frustrations occasionnées par la diminution de la pratique au cours de la grossesse, de bénéficier des bienfaits apportés par les activités avec le cheval, notamment autour du portage et de la relation. Ainsi, « en fonction du degré de confiance en elle (...), il est possible de l’autoriser à pratiquer au cours du premier trimestre sur une monture calme, avec port d’une bombe et d’un gilet de protection et en évitant, dans la mesure du possible, le trot assis, le saut d’obstacles, le cross et la monte à cru… », expliquent Patrick Laure et Nathalie Facina dans Activité physiqueetsportiveenpérinatalité (Éditions Elsevier Masson23 août 2022).
À CHACUN SON CLUB ; L’ÉQUITATION, COMME LE CHEVAL, C’EST UNE HISTOIRE DE RENCONTRE !
LE SAVIEZ-VOUS ?
L’équitation, c’est : 3 disciplines aux Jeux olympiques + 1 discipline aux Jeux paralympiques ; le seul sport entièrement et véritablement mixte des Jeux olympiques pour lequel les couples cavalier(e)cheval concourent ensemble, sans distinction dans les épreuves et les règlements ; un sport avec inévitablement deux athlètes : le cavalier et le cheval qui concourent ensemble et sont notés ensemble ; une pratique inclusive qui s’adapte à toutes et tous.
JE SUIS EN SITUATION DE HANDICAP
L’une des grandes qualités du cheval est qu’il ne juge pas et accueille l’humain comme il est. Pour le cheval, l’altérité est innée ! Grâce aux encadrants professionnels présents dans les établissements équestres, les 36 disciplines de pratiques de loisirs ou de compétition permettent une adaptabilité de l’offre aux besoins, envies et aptitudes de chacun.
Pour renforcer l’accès à la pratique pour tous, depuis de nombreuses années, la Fédération Française d’Équitation (FFE) s’emploie aux côtés des centres équestres et des poneyclubs à pouvoir proposer un cadre sécurisé et adapté pour les pratiquants et les professionnels en créant des surqualifications fédérales pour les titulaires d’un diplôme d’État d’enseignant d’équitation, notamment le brevet fédéral destiné aux enseignants qui souhaitent accueillir des publics en situation de handicap (BFEEH).
Pour faciliter l’orientation des pratiquants, la FFE a mis en place en 2010 un label Équi-Handi pour les clubs FFE disposant d’un encadrement titulaire du BFEEH et qui mobilisent une cavalerie sélectionnée pour son calme, du matériel et des situations pédagogiques adaptées.
Près de 200 établissements sont labellisés et proposent un accompagnement sécurisé et adapté à chaque singularité.
J’AI PEUR DES CHEVAUX
Vous avez des peurs ? Parlez-en à votre cheval, il vous répondra que lui aussi !
Initialement animal de proie, le cheval a conservé son fonctionnement et utilise ses ressentis, dont ses peurs, comme des informations lui dictant la mise en mouvement (fuite) ou non (immobilité ou classe l’information comme un non-événement). Des études récentes montrent que le cheval perçoit les états émotionnels des humains qui le côtoient. En recherche permanente d’équilibre, le cheval va porter son attention sur la congruence, donc le fait d’assumer et d’accueillir ses peurs. En résumé, si vous avez peur, venez rencontrer le cheval en toute authenticité, parlez-en également à l’encadrant professionnel du poney-club ou du centre équestre qui vous accompagnera dans une meilleure compréhension du cheval et de son fonctionnement. Au contact du cheval, l’humain apprend à se saisir de ses peurs et à les transformer en énergies pour se mettre en mouvement. Avec le cheval, au lieu de lutter seul contre vos peurs, vous devenez plus forts à deux. Alors, la question est : entre peur et envie de découvrir, quel est votre choix ? ✱
ÉQUITATION SANTÉ 39
CÉLINE GERNY,
ATHLÈTE DE PARA-DRESSAGE
Céline Gerny, trois participations aux Jeux paralympiques à son actif, évoque l’importance d’une bonne préparation physique et mentale en tant qu’athlète de haut niveau, ainsi que les bienfaits de l’équitation ressentis à la suite de son accident qui l’a rendue paraplégique.
PAR LA FÉDÉRATION FRANÇAISE D’ÉQUITATION
LE PARA-DRESSAGE, QU’EST-CE QUE C’EST ?
Cette discipline est sous l’égide de la Fédération Française d’Équitation (FFE) depuis 2017.
En compétition, les cavaliers sont répartis dans 5 catégories, appelées « grades », selon leur handicap.
« La classification est très importante car elle permet l’équité », précise Fanny Delaval, directrice technique nationale adjointe en charge du para-dressage et cheffe d’équipe :
Grades I & II : Déficience très importante au niveau de l’équilibre du tronc, motricité très limitée des bras et des jambes ;
Grade III : Handicap moteur important au niveau de l’équilibre du tronc, handicap unilatéral majeur ;
Grade IV : Hémiplégie, grave handicap des bras, handicap moyen des deux bras et jambes, cécité ;
Grade V : Limitation d’un ou deux membres, déficience visuelle.
CÉLINE GERNY, PASSION ET DÉTERMINATION
Native des Ardennes, Céline Gerny découvre l’équitation à l’âge de 6 ans. En 2001, à 18 ans, elle se fracture la colonne vertébrale en chutant de cheval. Atteinte également à la moelle épinière, les médecins lui annoncent une paraplégie complète et définitive. Elle décide de ne pas abandonner ses rêves et se remet en selle cinq mois après son accident. Le contact des chevaux l’aide à surmonter son handicap et lui donne la force de se battre. En 2004, elle intègre l’équipe de France en Grade II, menant de front sa passion et son métier d’institutrice. Elle participe à trois éditions des Jeux paralympiques : en 2008 à Pékin avec Jeudi d’Avril*Mili, en 2016 à Rio de Janeiro avec Flint et en 2021 à Tokyo avec Rhapsodie*IFCE. Elle compte également deux participations aux championnats du monde et trois aux championnats d’Europe, avec à la clé une médaille de bronze individuelle en 2009 sur Ilico du Clotobie. Depuis 2018, elle est soutenue par l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE).
Que vous apporte la pratique de l’équitation ?
Céline Gerny : Après mon accident, retourner vers les chevaux m’a permis d’accepter ma nouvelle situation, en fauteuil roulant. De plus, quand je suis à cheval, je suis cavalière et les gens n’ont pas un regard différent ; ils font seulement un petit peu plus attention à moi car la sécurité est primordiale. Cela permet aussi de s’entretenir physiquement, de garder une bonne mobilité du corps.
Quelle est votre préparation physique en tant qu’athlète de haut niveau en para-dressage ?
C G : J’ai toujours ressenti le besoin de pratiquer des sports autres que l’équitation. Plus tôt dans ma carrière, je faisais de la natation, pour le renforcement musculaire, et du handbike pour l’aspect cardio. Quand j’ai intégré l’IFCE, j’ai été orientée vers un accompagnement personnalisé. Je fais de la préparation physique tous les jours - renforcement musculaire, cardio, proprioception - afin d’être une athlète complète et de performer à cheval.
Quelle est l’importance d’être accompagnée par un professionnel ?
C G : « La préparation physique, c’est se préparer physiquement mais aussi pallier des petites faiblesses que nous pouvons avoir du fait de notre pratique sportive ou de notre état physique. Avant, j’étais seule et il y avait du bon dans ma volonté de faire, mais pour mes épaules qui sont déjà fortement sollicitées avec le fauteuil roulant, ce que j’avais mis en place n’était pas très judicieux. Maintenant, je n’ai plus jamais de tendinite aux épaules ! Or, lorsqu’on a des douleurs quelque part, on va compenser autrement à cheval et cela a une
INTERVIEW
40 ÉQUITATION SANTÉ
© FFE-PSV
incidence sur les indications que l’on va lui donner. Il faut essayer d’avoir la meilleure intégrité physique possible pour faciliter le travail de nos chevaux. »
Bénéficiez-vous d’une préparation mentale ?
C G : J’ai été sensibilisée à ce sujet par la FFE, mais je ne l’avais pas mise en place personnellement pour des raisons financières. À l’IFCE, je bénéficie d’un accompagnement sur ce plan. Au début, je l’associais à la gestion du stress, mais c’est bien plus que cela. Cela m’a permis de me découvrir, savoir comment je vais réagir dans différentes situations, c’est assez magique ! C’est primordial à la performance, en plus de la technique.
Pouvez-vous revenir sur l’accompagnement de la FFE en termes de préparation physique et mentale ?
C G : Deux préparateurs mentaux ont accompagné l’équipe de France de para-dressage : Jean-Pascal Cabrera en compétition, pour travailler l’esprit d’équipe et Guillaume Leroy dans le cadre de la préparation pour les Jeux de Tokyo. C’était dans un esprit collectif, même s’il y avait des temps d’échange individuels. Le staff s’est rendu compte qu’une intervention ponctuelle n’aurait pas le bénéfice suffisant et nous a conseillé de le mettre en œuvre dans notre quotidien. Je suis accompagnée en préparation physique par Charles Le Navenec, qui intervient pour la FFE dans plusieurs disciplines. Nous échangeons à ce sujet et je veux saluer la dynamique mise en place pour sensibiliser tous les cavaliers. Nous nous plaçons vite en tant qu’entraîneurs de nos chevaux et globalement nous se sommes pas les athlètes qui prennent le plus soin d’eux. Cela évolue en associant le cavalier athlète à cette préparation physique et mentale. ✱
LE CONTACT DES CHEVAUX L’AIDE À SURMONTER SON HANDICAP ET LUI DONNE LA FORCE DE SE BATTRE
ÉQUITATION SANTÉ 41
© FFE-JESSICA RODRIGUES
TOUTES LES DISCIPLINES SONT À RETROUVER SUR www.ffe.com
PRÉSENTATION 42 ÉQUITATION SANTÉ QUELQUES
DISCIPLINES SOUS L’ÉGIDE DE LA FÉDÉRATION FRANÇAISE D’ÉQUITATION
TROT À PONEY
ENDURANCE
HUNTER
REINING
ATTELAGE
HORSE-BALL
TREC EN ATTELAGE
PONY-GAMES
AMAZONE
DRESSAGE
SAUT D’OBSTACLES
CARROUSEL
ENDURANCE EN ATTELAGE
JEUX A PONEY
RIDE & BIKE
ÉQUITATION SANTÉ 43 POLO TECHNIQUE DE RANDONNÉE ÉQUESTRE DE COMPÉTITION CSO EQUITATION ISLANDAISE TRAVAIL À PIED VOLTIGE EQUITATION DE TRAVAIL PARA-DRESSAGE COURSE DE GALOP À PONEY SPECTACLE COMPLET PARA-ATTELAGE TIR À L’ARC À CHEVAL EQUIFUN SKI JOËRING CHEVAL DE CHASSE EQUIFEEL RIDE & RUN MOUNTAIN TRAIL WESTERN PHOTOS © FFE-PSV.JPG, © FFE-MAINDRU, ©FFE-EB
LA RANDONNÉE ÉQUESTRE
UNE PRATIQUE SPORT - LOISIR DE NATURE INCONTOURNABLE, SOURCE DE BIEN-ÊTRE
© FFE-NICOLAS HODYS BIEN-ÊTRE
44 ÉQUITATION SANTÉ
La randonnée équestre est une pratique en harmonie avec le cheval et la nature. Alliant plaisir et évasion, que ce soit pour une aventure d’une heure, un jour ou plus, cette pratique de pleine nature offre un espace de ressourcement hors du temps. Plébiscitée par toutes les générations, la randonnée est également une expérience touristique par excellence, favorisant la découverte du patrimoine naturel et culturel de nos régions, respectueuse de l’environnement.
PAR
Loin des tumultes de nos vies quotidiennes, l’équitation de pleine nature offre une bouffée d’oxygène, hors du temps, au rythme du pas des chevaux, pour se reconnecter à son corps, à soi, à la nature, au cheval : au vivant ! Ainsi la randonnée avec le cheval possède de véritables atouts bien particuliers à la croisée de la pratique sportive et de la médiation :
L’ENVIRONNEMENT EXTÉRIEUR AVEC LE CHEVAL
Le rapprochement avec les éléments essentiels : l’être humain fait partie de la nature, il y puise ses ressources. Se confronter aux éléments régis par la nature, invite à prendre du recul et progressivement lâcher prise.
Le sentiment d’harmonie et les moments de silence emmènent le randonneur à se retrouver. Le cheval, gérant le mouvement et le déplacement, offre une opportunité de se « laisser porter », de se déconnecter de notre environnement habituel et de s’évader totalement durant un temps donné.
L’environnement naturel associé aux balancements du bassin généré par le pas du cheval atténue les sensations négatives au profit d’affects positifs. La randonnée à cheval rend disponible la personne et stimule la mémoire, la concentration et les pensées.
Le cheval, miroir des émotions, décèle les affects. Il permet à l’encadrement d’accompagner la personne. Révélés dans un contexte naturel propice à la simplicité, les émotions et les pensées s’expriment et se verbalisent.
L’AVENTURE
Affronter les éléments naturels avec un animal au mental de proie oblige l’humain à puiser dans ses ressources. Rassurer l’autre, qu’il soit équidé ou humain, c’est d’abord se rassurer et avoir confiance en soi. La randonnée équestre est une aventure qui se vit en étroite complicité avec son cheval, développe la confiance et l’estime du cavalier.
LE SENTIMENT D’HARMONIE ET LES MOMENTS DE SILENCE AMÈNENT LE RANDONNEUR À SE RETROUVER.
LE LIEN SOCIAL
Le groupe tisse des liens, vit et partage des émotions. Soutenir, être soutenu, s’entraider dans les moments difficiles, dépasser sa fatigue pour ne pas abandonner, renforce les liens et la confiance en l’autre. La randonnée à cheval est un formidable outil de développement de la cohésion de groupe. Le randonneur se retrouve face à ses limites, il peut alors compter sur ses partenaires équins et humains.
L’attelage est une aventure de groupe dans laquelle chacun joue un rôle. Propice aux discussions, l’attelage positionne aussi le meneur comme responsable de son équipage. Mener un attelage, c’est être capable de faire des choix, prendre des décisions, anticiper pour soi mais aussi et surtout pour les autres. Être responsable, se décentrer de soi pour se soucier du groupe procure un sentiment de satisfaction et de bien-être.
EN PRATIQUE, COMMENT FAIRE
POUR VIVRE CETTE AVENTURE ?
Tout simplement en vous adressant aux différents clubs référencés « Centre de Tourisme Équestre » près de chez vous ou de votre destination de voyage, sur ffe.com
Pour vous aider et vous accompagner en sécurité dans cette belle aventure, vous pouvez compter sur les acteurs et professionnels engagés, notamment : les 2 500 établissements et associations de cavaliers ; les 379 Centres de Tourisme Équestre et 797 Cheval Étape labellisés.
Si vous êtes propriétaire : l’outil Géocheval vous permet de randonner en toute tranquillité. Conçu pour la consultation des itinéraires de tourisme équestre en France, il se présente sous la forme d’une carte interactive et s’inscrit dans la démarche SIG - Système d’Information Géographique - menée par la Fédération Française d’Équitation et le Comité National de Tourisme Équestre depuis 2014. ✱
UNE PRATIQUE BONNE POUR TOUS
Valérie Dalodier, présidente du Comité National de Tourisme Équestre (CNTE), témoigne : « Quand on sait que 80 % des cavaliers aspirent à une équitation de loisir, le tourisme équestre répond parfaitement à ces besoins. Il a également l’avantage de pouvoir se pratiquer quels que soient l’âge et la condition physique, aux 3 allures, avec tous types d’équidés. On peut donc commencer très jeune et même faire du tourisme en attelage. »
Vous l’aurez compris, le cheval fait partie de l’histoire de l’Homme et contribue chaque jour, avec humilité et discrétion, à son évolution. L’équitation est un sport complet, une aventure en lien direct avec le vivant : le cheval et la nature. Tout simplement, l’équitation, c’est bien plus qu’un sport !
LA FÉDÉRATION FRANÇAISE D’ÉQUITATION
ÉQUITATION SANTÉ 45
LE TREC, DISCIPLINE SPORTIVE DE PLEINE NATURE PAR EXCELLENCE
Parmi les 36 disciplines sous l’égide de la Fédération Française d’Équitation, l’une propose des challenges sportifs au cœur de la nature : le TREC, acronyme de Techniques de Randonnée Équestre de Compétition. Ève Tixador, conseillère technique nationale en charge de cette discipline, présente cette activité qui peut être pratiquée jusqu’au niveau international.
PAR ÈVE TIXADOR, CONSEILLÈRE TECHNIQUE NATIONALE EN CHARGE DU TREC
Qu’est-ce que le TREC (Techniques de Randonnée Équestre de Compétition) ?
Ève Tixador : Comme son nom l’indique, c’est une compétition qui permet d’évaluer les aptitudes du couple cavalier-cheval sur des techniques de randonnée. Trois épreuves composent le TREC :
Cela commence toujours par un parcours d’orientation : les cavaliers suivent un tracé qu’ils ont préalablement recopié sur une carte. Selon les niveaux, les tracés sont plus ou moins difficiles et appellent à des techniques d’orientation, des compétences de lecture de cartes, d’utilisation de la boussole, d’identification de points remarquables, etc. ;
La maîtrise des allures : il s’agit d’effectuer un passage au galop le plus lent puis un passage en effectuant le pas le plus rapide. Le but recherché avec cette épreuve est de mettre en avant la qualité du cheval et son dressage ;
Pour terminer, les couples s’élancent sur un parcours en terrain varié qui va présenter des dispositifs naturels ou simulés qu’ils peuvent rencontrer lors de randonnées. Chaque obstacle est jugé selon une note de 0 à 10.
Qu’est-ce qui différencie cette discipline des 35 autres ?
ET : Le TREC présente de nombreux atouts. Tout d’abord, c’est une discipline d’extérieur axée sur la nature. Elle est accessible quel que soit son niveau et comme le TREC comporte plusieurs épreuves, cela permet aux cavaliers de devenir polyvalents et de passer du temps avec leurs chevaux. Il est possible de pratiquer cette discipline avec n’importe quelle cavalerie, il faut simplement que les chevaux et poneys soient habitués à aller dehors. Sur les concours, on rencontre une réelle diversité de chevaux !
C’est aussi une discipline conviviale et emplie de partage, un héritage de l’esprit de la randonnée à cheval. En effet, le TREC peut se pratiquer en groupe, ce qui crée de vrais échanges entre les cavaliers. Enfin, il est possible de découvrir les territoires, leur patrimoine et leur culture à travers la pratique de cette discipline.
Justement, quelles sont les valeurs de cette discipline ?
ET : Le TREC se base sur le respect de la nature et de son cheval, mais aussi sur le partage. On retrouve une mixité de cavaliers, de clubs de différentes régions autour d’une même pratique et de valeurs communes, qui les font perdurer.
Quelles sont les qualités développées par un cavalier et un cheval de TREC ?
ET : Les qualités acquises par un cavalier de TREC sont multiples et lui permettent d’avoir plusieurs cordes à son arc : savoir lire une carte et avoir quelques notions d’orientation, avoir l’envie d’évoluer en extérieur en harmonie avec la nature, mais également avoir le meilleur niveau possible à cheval, car cela permettra de gagner des points lors de la maîtrise des allures. Le cheval de TREC doit, lui, pouvoir évoluer en extérieur facilement et seul. Parmi ses qualités, il doit être adroit, franc et endurant, mais aussi relativement calme afin d’enchaîner au mieux les différentes épreuves du parcours en terrain varié. En effet, il est par exemple possible de devoir passer du galop à une immobilité ! Comme dans toutes les disciplines, la relation entre le cavalier et son cheval est primordiale.
Alors, en quelques mots, pourquoi faire du TREC ?
ET : Tout d’abord, pour diversifier sa pratique et découvrir une autre discipline. Sportivement, c’est une discipline variée, mettant à contribution le physique et le mental des participants. Ensuite, le TREC permet de créer des moments privilégiés avec son cheval, de profiter de la nature et de découvrir de nouveaux territoires. La France offre une telle diversité de paysages et pratiquer le TREC est une excellente manière de les découvrir. L’ambiance est un des atouts de la discipline, marquée par l’entraide et le respect de sa monture. Pour toutes ces raisons, n’hésitez pas ! ✱
Retrouvez un club proche de chez vous sur le site ffe.com
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46 ÉQUITATION SANTÉ
LYON EUREXPO 30 OCTOBRE 3 NOVEMBRE 2024 © GL events Photo Tim Flach equitalyon.com ans