Ski Santé

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2023

SKI Santé docdusport.com

LE SKI DE RANDONNÉE,

UNE PRATIQUE POLYMORPHE POUR DES BIENFAITS MULTIPLES

LE POUCE DU SKIEUR : ÇA GLISSE !

LA MALADIE DE SCHEUERMANN : PLEIN LE DOS DU SKI !

LA PLACE DU KINÉ ET DE L’OSTÉO DANS LA PRISE EN CHARGE DU SKIEUR

ÉVITEZ LE SYNDROME ROTULIEN DU SKIEUR !

NUMÉRO RÉALISÉ EN PARTENARIAT AVEC LA


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NOS EXPERTS

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LE POUCE DU SKIEUR : ÇA GLISSE !

LE SKI DE RANDONNÉE,

UNE PRATIQUE POLYMORPHE POUR DES BIENFAITS MULTIPLES

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LA MALADIE DE SCHEUERMANN :

PRISE EN CHARGE DU SKIEUR

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ÉVITEZ LE SYNDROME ROTULIEN DU SKIEUR

NUMÉRO RÉALISÉ EN PARTENARIAT AVEC LA

SKI Santé

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PLEIN LE DOS DU SKI !

LA PLACE DU KINÉ ET DE L’OSTÉO DANS LA

Docteur Stéphane CASCUA

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DOC DU SPORT EST UNE PUBLICATION DE MÉDIATHLÈTE 294, avenue de la Capelette 13010 Marseille Tél. 09 51 92 77 12 RCS Marseille 844 467 506 au capital de 1000 € E-Mail : contact@docdusport.com ISSN 2649-6615 Directeur de la publication : docteur Bruno Emram Rédacteur en chef : docteur Stéphane Cascua Rédactrice en chef adjointe : Anne Odru Directrice de la publicité et du développement : Muriel Hatem Chef de projet : Juliette Raudrant Comité scientifique : docteur Stéphane Cascua, docteur Marc Rozenblat, docteur Dany-Michel Marcadet, Mikael Bettan, Charles-Antoine Winter Comité de rédaction : docteur Stéphane Cascua, docteur Isabelle Catala, Bernard Bonthoux, Nicolas Coulmy, Anne Odru Correctrice : Anne Vialletet Les news du Doc : Anne Odru Webmaster : Grégory Herlez Réalisation : Charlotte Calament

Anne ODRU

Muriel HATEM

Triathlète aventurière. Journaliste de sport et sportive, formation universitaire en sciences de la nature et de la vie Rédactrice en chef adjointe

Triathlète, marathonienne Directrice de la publicité et du développement

Docteur Bruno EMRAM

Docteur Dany-Michel MARCADET

Mikael BETTAN

Docteur Philippe CHADUTEAU

Grégory HERLEZ

Ancien pratiquant de raids, cycliste amateur et passionné de courses d’obstacles Diététicien nutritionniste, consultant et conférencier

Coureur de demi-fond et de trail, également triathlète, golfeur et footballeur. D.U. podologie du sport. Membre ANPS Expert Préférences motrices Volodalen

Aucun article publié dans ce magazine ne peut être reproduit sous forme d’imprimé, photocopie, microfilm ou par tout autre procédé sans autorisation expresse des auteurs et de l’éditeur. Les articles de ce magazine sont rédigés sous la responsabilité de leurs auteurs et reflètent leurs opinions. Ils n’engagent en aucune façon la société éditrice. Les articles sont des articles de fond.

Runner et ultra-trailer Community Manager DR

R E JOIG N E Z L A C OM M U NAU T É

docdusport.com

Golfeur et cycliste. Président honoraire de la Société française de traumatologie du sport (SFTS) Président du Syndicat national des Médecins du Sport - Santé (SNMS Santé)

Triathlète, Ironman, boxeur. Médecin ORL et médecin de la plongée Directeur de publication

Groupe Concordances Rue Denis-Papin - Zi « La Molière » 36100 Issoudun Dépôt légal à parution

Docteur Marc ROZENBLAT

Triathlète adepte du cardio-training et de la musculation. Médecin du sport, traumatologue du sport et nutritionniste du sport. Diplômé en entraînement du sportif Rédacteur en chef

Golfeur, voile en compétition. Consultant FFT et FFG Cardiologue du sport

Instructeur de plongée et de Krav Maga Médecin traumatologue du sport

Charles-Antoine WINTER

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ÉDITO

GLISSER POUR LA SANTÉ

© AGENCE ZOOM

C’est avec enthousiasme que je m’adresse à vous à travers les pages de ce numéro spécial de Doc du Sport, dédié au ski et à la santé. En tant que président de la Fédération Française de Ski (FFS), je vous invite à explorer avec nous les multiples facettes de nos disciplines, en mettant l’accent sur la santé, le bien-être et la préparation physique de prévention. Les activités de glisse sur neige, au-delà d’être une source infinie de plaisir, peuvent également constituer un véritable allié pour notre santé physique et mentale. À l’heure où la recherche de l’équilibre et du bien-être devient une priorité, nous avons souhaité approfondir la manière dont le ski peut contribuer à votre épanouissement. Au fil des pages, vous découvrirez des conseils éclairés prodigués par des experts de la FFS, couvrant une variété de sujets, de la préparation physique pour votre séjour à la neige à la prévention de pathologies spécifiques. Nous explorerons les bienfaits du ski de randonnée sous toutes ses formes mais aussi des suggestions pratiques pour une préparation plus axée sur la performance. Dans cet esprit, nous avons le privilège de partager le témoignage inspirant d’une championne de saut à ski, Joséphine Pagnier. Elle nous dévoile son quotidien et comment la pratique régulière est un pilier central de sa vie, tant sur le plan sportif que sur celui de la santé.

Nous n’avons pas oublié l’importance de l’échauffement, même sur le télésiège, avec des exercices adaptés pour vous préparer à dévaler les pistes en toute sécurité. La place des différents intervenants bénévoles ou professionnels (personnels de santé, encadrants) est également évoquée dans divers articles afin de vous faire découvrir les meilleures pratiques dans un contexte de sport santé. La Fédération Française de Ski s’engage à promouvoir une pratique multiforme et attentive à la sécurité de chacun. Nous sommes convaincus que ce numéro spécial saura vous inspirer, vous informer et vous accompagner tout au long de votre saison de ski. N’oublions pas le rôle essentiel des coachs Ski Forme de la Fédération Française de Ski, qui encadrent avec dévouement les séances de Ski Forme-Ski Santé. Leur expertise contribue à maximiser les bénéfices de cette pratique en toute sécurité, tout en personnalisant les programmes pour répondre aux besoins individuels de chaque licencié. Que cette lecture soit le prélude à une saison hivernale pleine de plaisirs partagés, d’émotions intenses sur les pistes, et surtout, de bonne santé ! Bien sportivement, FABIEN SAGUEZ PRÉSIDENT DE LA FÉDÉRATION FRANÇAISE DE SKI

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8 CONSEIL Évitez le syndrome rotulien du skieur ! 10 PRÉSENTATION Le ski de randonnée, une pratique polymorphe pour des bienfaits multiples 14 TÉMOIGNAGE Aleksander Aamodt Kilde : le bonheur est sur les pistes 15 ÉCLAIRAGE Attention au syndrome de Morel-Lavallée 18 SANTÉ La place du kinésithérapeute et de l’ostéopathe dans la prise en charge du skieur 21 DÉCOUVERTE Du ski de randonnée sur mesure avec Décathlon Travel 22 BLESSURE La luxation de l’épaule 24 INTERVIEW Joséphine Pagnier : un peu plus près des étoiles 26 LES NEWS DU DOC 34 JEUNESSE Douleurs ostéomusculaires de l’enfant skieur : les ostéochondroses, du talon au dos en passant par le genou 38 DOULEUR La maladie de Sever : quand le talon fait mal 40 MALADIE La maladie d’Osgood-Schlatter, quand le genou est trop sollicité 42 MORPHOLOGIE La maladie de Scheuermann : plein le dos du ski ! 44 MISE AU POINT Le pouce du skieur : ça glisse ! 46 PATHOLOGIE Pathologies du skieur et prise en charge kiné/ostéo 50 FOCUS La lyse isthmique : fracture de fatigue

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CONSEIL

ÉVITEZ LE SYNDROME ROTULIEN DU SKIEUR ! Après quelques descentes, vous avez mal à l’avant des genoux ! Vous êtes sûrement victime de douleurs de rotule. Explications et solutions pour ne plus gâcher vos vacances ! PAR LE DOCTEUR STÉPHANE CASCUA, MÉDECIN DU SPORT

L

e quadriceps désigne le gros muscle situé à l’avant de la cuisse. Il s’accroche en haut du tibia et réalise l’extension du genou quand il se contracte. Lorsque cette articulation est fléchie, les contraintes en tension et compression sont si élevées que la nature a renforcé la chaîne musculaire à l’aide d’un os ! C’est la rotule. Sa face profonde est recouverte de cartilage. Ce tissu aux qualités mécaniques exceptionnelles permet son glissement sur l’extré­ mité supérieure du fémur, l’os de la cuisse.

LE SKI, C’EST CHAUD POUR LA ROTULE ! À ski, dans une attitude voisine du squat, votre quadriceps se contracte pour maintenir votre position et freiner la flexion du genou. La force développée est élevée et l’angle de tension écrase puissamment la rotule sur le fémur. Le cartilage n’est pas traversé par des vaisseaux sanguins. Il ne parvient à s’oxygéner qu’en pompant l’oxygène depuis l’os sous-jacent. Pour cela, il a impérativement besoin de variations de pression. À SKI, LA ROTULE EST EN APNÉE Malheureusement, les micromouvements destinés à amortir les bosses ne suffisent pas ! Votre précieux tissu est en apnée, il souffre ! De surcroît, la rotule est convexe et coulisse dans le couloir concave du fémur. Il arrive qu’elle se décale et génère des écrasements asymétriques et agressifs. MUSCLES PLUS FAIBLES, ROTULES BALADEUSES Ce phénomène se produit particulièrement quand vos muscles manquent de force, d’endurance et de coordination pour bien centrer l’articulation… Bref, vous avez plus mal si votre préparation physique a été insuffisante ! La compression de la 8

rotule augmente encore quand vous êtes figé, le buste en arrière suspendu à vos quadriceps… En un mot, vous risquez de souffrir davantage si vous êtes débutant !

UNE PRÉPARATION MÉCANIQUE CONTRE LES DOULEURS DE ROTULE ! Si vous faites du sport 3 fois par semaine, de la course, du vélo, du cardio en salle, de la musculation, du fitness, du CrossFit, voire des sports collectifs ou de raquettes, pas de prise de tête, vous êtes prêt pour aller au ski ! En revanche, si votre pratique est moins assidue, un « entraînement rotulien » est indispensable. Trois mois avant votre départ, il est impératif de préparer vos tissus cartilagineux. Ils vont s’adapter lentement, se lisser, se lubrifier et s’épaissir un peu. Dans cet objectif, le vélo constitue une pratique idéale. En moulinant entre 80 et 100 tours par minute, sur résistance modérée, les variations de pression rapides permettent à la rotule d’aspirer plein d’oxygène et de nutriments précieux pour booster sa constitution ! DU VÉLO EN MOULINANT POUR ADAPTER LE CARTILAGE La contraction de la cuisse à haute fréquence revitalise la programmation motrice et réveille l’endurance du quadriceps. Le vélo fixe à la maison ou en salle est une bonne solution pour ritualiser cette activité 3 à 6 fois par semaine pendant 20 à 30 minutes. Les trajets du boulots y ajoutent une accoutumance aux frimas de l’hiver . Il est nécessaire également de renforcer la cuisse et d’améliorer la fonction de l’articulation. Pour cela, les escaliers constituent un bon début ! À la maison, au bureau, dans les transports, cherchez les opportunités ! Faites chauffer les cuisses ! Pour encore plus d’efficacité, ajoutez rapidement des exercices spécifiques ! Faites de squats !

😊

DES ESCALIERS, DES SQUATS SPÉCIFIQUES POUR CENTRER LA ROTULE Ne descendez pas à fond, la prévention déclencherait des douleurs ! N’allez pas au-delà d’une cuisse horizontale. La méthode validée est simple : une série matin et soir jusqu’à l’échec pour cause de brûlure ou de tremblement musculaire. Vous allez vite progresser. Vous pourrez rapidement adjoindre des exercices différents. Vous enchaînerez des séries variées à l’issue d’une récupération pour brossage des dents ou autre activité logistique. Combinez des squats sur le matelas ou les SKI SANTÉ


TROIS MOIS AVANT VOTRE DÉPART, IL EST IMPÉRATIF DE PRÉPARER VOS TISSUS CARTILAGINEUX. yeux fermés pour bosser l’instabilité. Peu à peu, mettez un sac à dos et chargez-le de plus en plus ! En quelques semaines, votre cuisse apprendra à centrer la rotule, tout au long de la descente et quelles que soient les irrégularités de la piste !

UNE PRÉPARATION BIOLOGIQUE CONTRE LES DOULEURS DE ROTULE Durant toute la préparation de votre séjour, votre cartilage va s’adapter. Il est logique de l’accompagner en lui apportant les matières premières dont il a besoin. Dans ce contexte, on peut concevoir que les fibres de ce tissu sont du collagène, que le minéral qui les relie souplement est le silicium. De la même manière, la gélatine élastique qui baigne cet échafaudage est constituée de chondroïtine et de glucosamine. De nombreux compléments alimentaires en contiennent et peuvent aider votre cartilage à se renforcer.

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COLLAGÈNE, SILICIUM, CHONDROÏTINE, GLUCOSAMINE ACCOMPAGNENT VOLONTIERS L’ADAPTATION TISSULAIRE Les plus férus en biologie pourront être intrigués par l’éventuelle digestion de ces nutriments. En pratique, les molécules ingérées sont petites et passent la barrière sans être coupées davantage. Elles gardent néanmoins une spécificité structurale et viennent stimuler les cellules construisant le cartilage, en les informant de la présence de nombreux fragments et dégâts tissulaires. On parle d’« effet signal » ! En commençant votre préparation ou au début de votre séjour, il est possible que votre activité initie un peu d’érosion cartilagineuse… avant d’enclencher une reconstruction plus solide. Des micro-copeaux peuvent passer dans l’articulation et provoquer des processus de nettoyage par les globules blancs. CURCUMINE, HARPAGOPHYTUM ET BOSWELLIA RÉGULENT EN DOUCEUR L’EMBALLEMENT INFLAMMATOIRE Il arrive que ce processus s’emballe, s’attaque au tissu sain et devienne douloureux. C’est l’inflammation ! Dans ce contexte, pendant quelques jours, une régulation du phénomène est bénéfique. Des associations de plantes se révèlent efficaces. La curcumine, l’harpagophytum et le boswellia agissent à des étapes différentes du processus inflammatoire et se potentialisent mutuellement. On dit que leurs actions sont « synergiques ». ✱ SKI SANTÉ 9


PRÉSENTATION

LE SKI DE RANDON

UNE PRATIQUE POLYM POUR DES BIENFAITS Il y a des lustres, nous disent les historiens, que l’homme utilise le ski, pour se déplacer, pratiquer la chasse ou conquérir des territoires. Ce ski nommé nordique est une pratique qui va se développer en Europe dès le 20ème siècle. Aujourd’hui, décliné sous différentes formes, le ski est devenu un loisir qui se pratique sous différentes formes. Le ski de randonnée est une approche du milieu naturel, la plupart du temps hors des pistes, sportive mais aussi conviviale dès lors qu’elle se pratique à plusieurs. Doté d’un matériel spécifique, c’est un moyen de se ressourcer et de se maintenir en forme… PAR NICOLAS COULMY, PHD, DIRECTEUR DU PÔLE DÉVELOPPEMENT, FORMATION ET SUIVI SCIENTIFIQUE DE LA FÉDÉRATION FRANÇAISE DE SKI

l n’existe pas qu’une manière de pratiquer la randonnée à ski. C’est bien toute une gamme d’activités qui permet d’adapter sa pratique à ses motivations, son niveau et ses capacités physiques. Son caractère « polymorphe » permet à chacun de trouver sa ou ses pratiques dans un objectif de santé/bien-être. Détaillons ici 3 façons de découvrir le ski de randonnée. 10

LE SKI DE RANDONNÉE DE MONTAGNE OU « SKI DE MONTAGNE »

C’est l’activité la plus technique des activités de randonnée à ski mais aussi la manière la plus propice pour découvrir les différentes dimensions de la montagne. La notion de montagne inclut celles d’altitude et d’accessibilité de son relief. Le ski de randonnée permet de pratiquer en « moyenne montagne » (au-dessous de 2 000 m en général) avec la présence d’arbres mais aussi en « haute montagne » avec la présence de glaciers, de parois rocheuses nécessitant, alors, l’utilisation de techniques d’alpinisme (ski-alpinisme). À noter que la pratique compétitive du ski-alpinisme existe avec une présence aux prochains Jeux olympiques de Milan en 2026 et dans un cadre assez standardisé avec des épreuves de sprint et de relais mixte. Les skis de randonnée de montagne sont équipés d’une fixation mobile, qui permet d’avoir le talon libre en montée et un pas qui s’apparente à la marche. Pour ne pas glisser en arrière, le randonneur colle sur la semelle de ses skis des « peaux de phoque » qui sont maintenant des peluches synthétiques anti-recul. Dès que la montée est finie, le skieur randonneur enlève les peaux autocollantes, fixe le talon de sa fixation et descend en hors-piste comme en ski alpin. Il est toutefois possible de pratiquer avec des skis de télémark qui ont la particularité de laisser libre le talon à la montée comme à la descente grâce à une technique ancestrale du ski basée SKI SANTÉ


ONNÉE

MORPHE S MULTIPLES sur une fente où le ski extérieur au virage est en avant du ski intérieur. Dans cette pratique, les degrés de liberté sont plus importants mais avec une contrainte musculaire plus élevée pour ceux qui recherchent une pratique encore plus sportive. Il est également possible de pratiquer en snowboard avec sa version randonnée, « le Splitboard » : à la montée, la planche se sépare en deux parties qui s’apparentent alors à deux skis sous lesquels il est possible de mettre des peaux autocollantes et à la descente, ces deux éléments se re-solidarisent pour reconstituer une planche complète de snowboard afin de « rider » la pente.

LE SKI DE RANDONNÉE SUR PISTE BALISÉE (SKI TOURING TRACK)

© SHUTTERSTOCK.COM, © ALOIS LACKNER

Les itinéraires balisés de ski de randonnée en station se sont beaucoup développés ces dernières années et notamment pendant la période COVID avec la fermeture des remontées mécaniques. Cette forme du ski de randonnée permet d’avoir une pratique en station, à proximité des pistes de ski alpin et non pas en hors-piste. De nombreuses stations de ski ont développé leur propre réseau de parcours pour s’adonner à de la randonnée dans un cadre sécurisé : la montée s’effectue sur un chemin balisé et la descente se fait par les pistes de ski alpin. C’est la pratique idéale pour l’initiation au ski de randonnée mais aussi pour une pratique orientée sur l’entraînement des capacités physiques quelles que soient les SKI SANTÉ 11


conditions météorologiques. Le ski de randonnée sur piste balisée se pratique avec sensiblement le même matériel que celui du ski de randonnée de montagne si ce n’est que, la plupart du temps, le matériel de recherche en avalanche n’est pas nécessaire et que l’activité est plus courte et correspond un peu au « footing de l’hiver ». Il convient toutefois de rappeler que cette activité de touring track doit se faire dans le cadre des horaires d’ouverture du domaine skiable et que des arrêtés municipaux précisent les lieux et les conditions de pratique. La pratique de nuit est à proscrire (sauf organisation spécifique de la station) afin d’éviter la présence de dameuses sur les pistes qui utilisent des câbles de treuil très dangereux pour des personnes passant à proximité.

LE SKI DE RANDONNÉE NORDIQUE (SRN) Il correspond à la pratique ancestrale du ski, quand il s’agissait de se déplacer en ski pour des raisons fonctionnelles ou d’exploration. Cette discipline, que les Anglo-Saxons appellent de manière un peu trop générale le backcountry, se pratique avec un matériel variable selon le type de terrain à parcourir. Le dénominateur commun du matériel est le « talon libre ». Du ski de fond à écailles jusqu’au ski de télémark, il existe une

PROGRESSER, C’EST STIMULER AVEC DES CONTRAINTES CROISSANTES. 12

gamme très complète. De manière générale, le ski de type « moyen » est assez large pour la stabilité et la portance, avec souvent une taille de guêpe pour faciliter le virage, plus court et plus léger qu’un ski alpin, muni de carres et d’un système anti-recul comme les écailles, le fart de retenue ou les peaux de phoque. Il est courant maintenant de pouvoir combiner une utilisation des écailles et des peaux anti-recul en fonction du degré de pente rencontré. La gamme des chaussures est presque aussi large que celle des skis. La stabilité, le maintien et le confort restent toutefois une caractéristique commune et ce, quelles que soient la taille et la rigidité de la tige. À la descente et selon les qualités de neige, il est possible d’utiliser les techniques du télémark ou celles du ski alpin. Les chaussures sont conçues pour permettre de marcher dans les zones peu on non enneigées. Dans le cadre d’une pratique polyvalente en matière de pentes (faibles à fortes) à descendre ou à traverser, il s’agira d’opter pour une gamme suffisamment rigide en torsion pour un meilleur contrôle dans les dévers, les descentes et notamment en neige dure. La pratique du SRN se fait sous forme de sortie à la journée, en raid de plusieurs jours, voire en expédition quand il s’agit de découvrir les montagnes scandinaves, les terres arctiques de Baffin, du Groenland, du Spitzberg, etc. Le SRN est un sport de glisse et un extraordinaire moyen de déplacement qui permet de monter, descendre, sauter dans des espaces naturels non aménagés et avec des terrains à pentes variables en excluant toutefois des pentes très raides. Le télémark sera alors la discipline qui fera la liaison entre la randonnée nordique et la randonnée alpine. Selon sa pratique et son besoin d’autonomie, le skieur portera un sac à dos ou une pulka qu’il traînera derrière lui. SKI SANTÉ

© FFS

PRÉSENTATION


La Fédération Française de Ski (FFS) s’appuie de manière croissante sur ces formes de randonnée comme discipline support pour ses activités de sport santé (« Ski Forme » et « Ski Santé »). Dans ce cadre, chaque type de pratique (ski de randonnée, ski touring track, ski de randonnée nordique) correspond à des encadrants brevetés, aptes à proposer des contenus variés et adaptés à chacun. Si la présentation de ces disciplines met souvent en avant des arguments (véritables !) liés à l’intérêt d’une pratique de pleine nature, de contemplation, de faible coût carbone, les possibilités offertes par cette pratique en matière de développement du bien-être physique, mental et social sont aussi à faire valoir.

ACTIVITÉS DE SKI DE RANDONNÉE : DES BIENFAITS CERTIFIÉS ET APPROUVÉS Si l’environnement des différentes pratiques du ski de randonnée peut être un facteur de risque pour le pratiquant sédentaire et/ou atteint d’une pathologie non détectée, des expositions contrôlées et intermittentes à des stress d’altitude (hypoxie) ou de froid peuvent néanmoins provoquer des adaptations et avoir ainsi des effets bénéfiques. Un cycle de pratique du ski de quelques semaines permettra ainsi de mieux gérer ses réserves de sucre et de graisse pour fournir de l’énergie. Si ces bienfaits existent pour d’autres disciplines de glisse sur neige comme le ski alpin, le snowboard, etc., la pratique de toute la gamme de randonnées à ski offre la possibilité de moduler à souhait l’intensité de l’effort de manière diversifiée et surtout adaptée au public encadré. Ces disciplines permettent de faire varier l’altitude, le type de neige, la participation du bas et du haut du corps, la vitesse, le niveau d’immersion dans la nature, le degré de contrainte cardiovasculaire et musculaire, le niveau d’émotion, etc. Le programme « Ski Forme-Ski Santé » de la FFS, lancé en 2015, constitue un axe important de la politique sportive fédérale. Ce dispositif, qui connaît un grand succès dans les clubs ayant pu le mettre en place, prévoit une formation fédérale certifiante de « coach Ski Forme » fondée sur la multiglisse mais où les activités de randonnée ont pris une importance particulière.

DES PRATIQUES QUI DÉVELOPPENT DES HABILETÉS MULTIPLES Loin de réduire les activités de randonnée à un sport énergétique, fusse-t-il de prévention, cette pratique est liée directement à un environnement naturel qui est sans cesse renouvelé. Face aux questions que pourrait se poser le néophyte quant à la difficulté technique et physique d’une pratique sur terrains de montagne avec le talon qui se soulève, la meilleure réponse se situe dans la variété des situations et des modes de pratique. Progresser, c’est stimuler avec des contraintes croissantes. Or, les interactions qui existent entre le skieur et

les terrains qu’il rencontre auto-organisent la motricité. Quelqu’un qui peut marcher pourra rapidement découvrir la promenade skis aux pieds sur piste damée, puis progressivement sur terrain damé varié, puis sur neige non damée, au milieu des arbres, etc. C’est par les sensations occasionnées dans des situations progressivement complexes (et notamment en propo­ sant des situations pédagogiques stimulantes ou en variant les terrains) que les solutions émergent.

LES JAMBES… ET LA TÊTE Si les incidences de développement des activités de ski de randonnée paraissent évidentes sur des aspects énergétiques, voire techniques, le développement de certaines habiletés mentales est également particulièrement remarquable. Une habileté mentale est une ressource permettant de répondre avec efficacité aux exigences et aux épreuves de la vie quotidienne. Cette ressource contribue à maintenir un état de bien‑être subjectif et ainsi d’adopter un comportement approprié dans les situations d’interaction avec les autres, mais aussi avec son environnement (savoir construire un igloo, s’orienter, etc.). La montagne enneigée étant un espace incertain, la parcourir en skis permet de stimuler des ressources spécifiques qui sont réutilisables dans la vie quotidienne. Les techniques d’« intervention psychosociale par la nature et l’aventure » (IPNA) ou « Prescri-Nature », développées au Canada mais déployées plus largement dans d’autres pays comme la Belgique, sont un bon exemple des intérêts d’une pratique telle que le SNR. Il s’agit d’avoir recours à l’immersion dans la nature et l’aventure à des fins d’éducation, de développement, de thérapie, de prévention et de réadaptation. Les expériences ont montré qu’une pratique de pleine nature comme les activités de ski de randonnée permet d’améliorer l’estime de soi, la confiance en soi ou encore la maîtrise de soi. Les activités d’orientation et de recherche d’itinéraires par la lecture du terrain en fonction de la connaissance de ses propres capacités facilitent le développement de compétences cognitives comme la prise de décision et la résolution de problème ; la situation dans l’espace, la mémorisation, la stabilité et la durée de l’attention mais aussi la capacité d’acceptation et de résilience. Dans une pratique en groupe et notamment dans le cadre de raids de plusieurs jours, les compétences psychosociales ne sont pas en reste avec le développement des compétences d’empathie, de commu­ nication positive, la capacité à formuler et recevoir des critiques, à savoir s’affirmer et résister à la pression sociale. ✱

EN CONCLUSION

Pratiquer le ski de randonnée sous toutes ses formes c’est adopter une activité plus large qu’un sport. Un art de vivre la montagne pour multiplier les occasions de faire du bien à son corps et à son esprit.

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TÉMOIGNAGE

ALEKSANDER AAMODT KILDE :

LE BONHEUR EST SUR LES PISTES Aleksander Aamodt Kilde est un grand champion de ski alpin norvégien. Vice-champion olympique et du monde, il compte également cinq Coupes du monde à son palmarès. À 31 ans, il continue de dévaler les pistes avec les meilleurs skieurs de la planète, accompagné par son fidèle partenaire, la marque Helly Hansen. PROPOS RECUEILLIS PAR ANNE ODRU

À quoi ressemble une journée d’entraînement chez vous ? Je me lève entre 6 h et 8 h, je prends un bon petit déjeuner puis je m’échauffe avant de m’équiper pour sortir. J’aime profiter de ce moment avant que tout le monde ne se lève, c’est très relaxant. Puis je vais m’échauffer sur la piste en commençant par deux descentes tranquilles. Je passe ensuite à la phase d’entraînement plus intense. Sur une séance, je vais faire une dizaine de descentes. En période de préparation avant le début de la saison, je privilégie la qualité et la technique de descente ; en période de compétition, je fais plus de runs en testant le matériel et en essayant de m’améliorer à chaque descente.

Vous êtes habitué à évoluer dans le grand froid, pensezvous que ça aide à rester en bonne santé dans votre quotidien ? Avec le froid, le corps dépense plus d’énergie, d’où l’importance de bien manger et de bien s’hydrater. C’est le meilleur moyen de bien dormir, au moins 8 heures de sommeil par nuit pour moi, et de se sentir en pleine forme le lendemain. C’est aussi une façon de bien s’occuper de soi, ce qui fait du bien au mental. C’est comme ça qu’on se sent heureux et qu’on prend du plaisir à faire ce qu’on aime ; pour moi, c’est skier en étant en bonne santé et en profitant de la vie. Quel est votre principal objectif pour les années à venir ? À chaque fois que je me pose la question, je pense bien évidemment à gagner des courses, c’est ma priorité. Mais je ne gagnerai pas si je ne prends pas de plaisir. C’est pourquoi je profite au maximum de ma carrière chaque jour et j’essaie toujours de nouvelles expériences. Mon objectif est donc de continuer de m’éclater. Bien sûr, si je gagne alors j’en profiterai encore plus. Ma vie est fantastique, j’adore partir en compétition avec mes amis et mes coéquipiers. J’aimerai faire ça encore au moins cinq ans ! ✱

© HELLY HANSEN

Est-ce que vous pratiquez d’autres sports, notamment durant l’été ? J’adore pratiquer d’autres sports et me servir de mon corps pour m’améliorer dans plein de domaines. Ça fait aussi partie de ma carrière de skieur. Je joue au tennis, au golf, je fais un peu de football également… L’été, je fais du windsurf et du ski nautique, je pense que c’est important de multiplier les expériences et de se développer à travers différentes disciplines.

Le ski peut être une discipline traumatisante pour le corps (beaucoup de blessures du genou), comment parvenezvous à rester en bonne forme ? Pour moi, l’essentiel est de rester en bonne santé. J’ai 31 ans et je ne rajeunis pas, je sens que ça devient de plus en plus difficile au niveau des genoux et de mon dos. Je me prépare au mieux à l’entraînement pour me renforcer, j’ai un kinési­ thérapeute qui me suit sur les différentes compétitions. Je soigne mon corps dès qu’il en a besoin grâce notamment à une récupération basée sur de bonnes nuits de sommeil, une bonne alimentation et une bonne hydratation. C’est ce qu’il y a de primordial pour rester en bonne forme. Bien sûr, il y a des blessures malgré tout mais le plus important est de bien se préparer durant l’été et de ne pas pousser son corps au-delà de ses limites.

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ÉCLAIRAGE

ATTENTION

AU SYNDROME DE MOREL-LAVALLÉE ! Une belle chute à ski, une longue glissade et votre cuisse est toute gonflée, toute molle ! C’est un syndrome de MOREL-LAVALLÉE ! Explications et solutions ! PAR LE DOCTEUR STÉPHANE CASCUA, MÉDECIN DU SPORT

savez, quand vous avez chaud, votre visage est rouge, les vaisseaux sont ouverts pour évacuer la chaleur. À l’inverse, ils se ferment avec le froid afin de ne pas faire chuter la température du corps. La cryothérapie en regard de votre MOREL-LAVALLÉE ponctionné permet de réduire le suintement de la lymphe dans l’espace déchiré. Une compression associée est nécessaire.

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ORTHÈSE DE CRYO-COMPRESSION Dans ce contexte, il existe des orthèses dites « de cryo­ compression » de la marque IGLOO qui prennent parfaitement la forme de la hanche ou de la cuisse. Elles incluent des plaques de froid et s’ajustent en les gonflant avec une poire. Il faut alors les utiliser 3 fois par jour pendant 20 minutes. Parallèlement, il est impératif d’employer des collants de contention dès que vous êtes en position debout. Ils doivent prendre l’ensemble du bassin car l’épanchement s’étend souvent en regard des fessiers.

CISAILLEMENT ENTRE LA PEAU ET LES MUSCLES Rapidement, la zone de décollement se remplit de cette substance et constitue une bosse sensible, volumineuse, flasque et inesthétique ! Notez bien que cette blessure survient aussi à vélo ou à moto. Les lésions y sont souvent plus importantes car le macadam est encore plus abrasif et les vitesses y sont fréquemment plus élevées.

COLLANTS DE CONTENSION Ils serrent les membres inférieurs et assurent de surcroît un drainage efficace car la pression est décroissante des pieds vers le buste. Vous devez les enlever la nuit et relever un peu les pieds du lit avec des bouquins. En kinésithérapie, il est possible de pratiquer du DLM (drainage lymphatique manuel) en exerçant des pressions rythmées à distance sur le réseau lymphatique. Des bottes de compression entourant l’ensemble des membres inférieurs parviennent à réaliser un travail comparable.

orsque vous tombez puis dévalez la pente, votre peau et votre graisse sous-cutanée frottent et adhèrent à la surface neigeuse. Simultanément, vos muscles et le reste de votre corps subissent l’inertie et poursuivent leur dégringolade. À la jonction, les tissus se déchirent, notamment les capillaires sanguins et les petits vaisseaux lymphatiques. Vous le savez, ces derniers ramènent vers le cœur un liquide épais et visqueux appelé « lymphe ».

UNE OU PLUSIEURS PONCTIONS

En l’absence de traitement, la zone sèche partiellement et reste bombée. De surcroît, la cicatrisation spontanée laisse place à des adhérences qui sont douloureuses aux frottements, notamment pendant le sport. Une prise en charge médicale est vivement conseillée. La stratégie thérapeutique consiste à réaliser une ponction sous échographie. Le radiologue localise parfaitement l’épanchement et aspire un maximum de liquide jaunâtre, parfois rosé quand un peu de sang est mélangé à la lymphe. Un contrôle d’imagerie doit être réalisé après une à deux semaines. Si un gros volume de sérosité persiste, il est opportun de renouveler le geste.

CRYOTHÉRAPIE ET COMPRESSION

Bien évidement, entre chaque ponction, il faut réduire le risque de récidive. L’application de froid est indispensable. Vous le

DRAINAGE LYMPHATIQUE MANUEL OU MÉCANIQUE Des compléments alimentaires de type collagène et silicium sont connus pour favoriser la cicatrisation des membranes conjonctives. Dans cette indication, ils sont prescrits afin de contribuer au recollement du tissu sous-cutané sur l’enveloppe musculaire. L’évolution s’étale parfois sur plusieurs mois mais les séquelles fonctionnelles ou esthétiques sont rarissimes.

DU SPORT EST POSSIBLE !

Vous pouvez, vous devez garder la forme ! Trois jours après la ponction, il est possible de pédaler. Les variations de pression inhérentes au mouvement auront plutôt des effets drainants. Il en est de même de toutes les activités de cardio-training en salle sans impact. Alors, n’hésitez pas à ajouter du rameur, de

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ÉCLAIRAGE

DU VÉLO, DE L’ELLIPTIQUE, DU RAMEUR, DE LA MARCHE EN PENTE Pour ce type d’activité, je vous invite à utiliser des shorts de compression. Utilisés largement en trail, ils réduisent les vibrations et les courbatures. Dans cette indication, ils évitent de décoller la zone cisaillée et favorisent le retour lymphatique. Même avec cet équipement, la course à pied et ses vibrations ne sont pas recommandées avant 3 à 6 semaines. PAS DE COURSE, PAS DE NATATION… La natation pourrait paraître bénéfique au drainage du fait de la pression de l’eau et de l’horizontalité. En réalité, un syndrome de MOREL-LAVALLÉE s’accompagne très fréquemment

LA STRATÉGIE THÉRAPEUTIQUE CONSISTE À RÉALISER UNE PONCTION SOUS ÉCHOGRAPHIE. 16

d’érosions cutanées. Ces dernières constituent une contreindication formelle à tout contact avec les germes de votre piscine municipale. Cette consigne se révèle d’autant plus pertinente que l’épanchement sous-jacent est constitué d’un liquide inerte, sans circulation sanguine, très sujet aux infections. En l’absence de plaie, c’est l’orifice de la ponction qui pourrait devenir la porte d’entrée. Bref, pas de natation ! RAREMENT UNE MAUVAISE ÉVOLUTION ! Vous l’avez compris, il arrive que le liquide s’infecte au voisinage des plaies souvent associées. Il faut alors vous opérer pour évacuer le pus, drainer et refermer quelques semaines plus tard. Parfois, les ponctions successives, les soins locaux associés aux compléments alimentaires ne permettent pas de sécher complètement votre lésion. EXCEPTIONNELLEMENT UNE INFECTION OU UNE OPÉRATION Là encore, il est possible de réaliser une intervention chirurgicale visant à l’élimination du suintement et au rapprochement des zones cisaillées. Pour éviter la chirurgie, il est envisageable d’injecter un concentré de vos propres plaquettes, les petites cellules qui s’agglutinent sur les plaies pour les refermer. Cette technique en cours d’évaluation dans cette indication porte le nom de PRP comme plasma riche en plaquettes. Enfin de temps à autre, le résultat esthétique est imparfait et il persiste un petit bombement irrégulier ne gênant absolument pas la pratique sportive. ✱ SKI SANTÉ

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l’elliptique ou de la marche en pente sur tapis. Dans le même esprit, la musculation est possible, notamment au niveau des jambes. Privilégiez les charges légères avec de nombreuses répétitions, au moins 30 à 40, jusqu’à l’échec. Voilà qui constitue un bon travail foncier et favorise encore l’aspiration de l’épanchement.


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LA PLACE DU KINÉSITHÉRAPEUTE ET DE L’OSTÉOPATHE DANS LA PRISE EN CHARGE DU SKIEUR

Se lancer dans une saison de ski, que ce soit en compétiteur ou loisir, demande de passer par des prérequis qui vous permettront de pratiquer en limitant les risques de blessure. Deux professionnels de santé peuvent vous aider et vous suivre au quotidien pour vous préparer afin d’éviter les blessures ou revenir plus vite et dans de meilleures conditions après un traumatisme. PAR BERNARD BONTHOUX, KINÉSITHÉRAPEUTE FÉDÉRAL ET OSTÉOPATHE FÉDÉRATION FRANÇAISE DE SKI

LES FONCTIONS DE CHACUN DANS LE SPORT ➧ Le kiné : Le kiné du fait de sa définition est le thérapeute qui « rééduque par le mouvement ». La pratique de la masso-kinésithérapie comporte la promotion de la santé, la prévention, le diagnostic kinésithérapique et le traitement (Loi de santé - 2015). Le kiné se positionne donc au long cours sur les différentes pathologies inhérentes à la pratique du ski. Il peut être le praticien qui : - Vous prépare à la saison de ski en vous guidant sur les exercices appropriés ; - Vous facilite la récupération ou entretient votre posture pendant la saison ; -V ous prend en charge en cas de blessure. ➧ L’ostéopathe : L’ostéopathie se définit ainsi selon le ROF (Registre des Ostéopathes de France) : « L’ostéopathie consiste, dans une compréhension globale du patient, à prévenir, diagnostiquer et traiter manuel­lement les dysfonctions de la mobilité des tissus du corps humain susceptibles d’en altérer l’état de santé. » Son intervention pourra donc être préventive ou curative en fonction de la situation du patient-skieur. Il s’attachera à rétablir l’équilibre général de votre corps pour favoriser la circulation, la mobilité et le travail de tous vos organes. 18

QUAND FAIRE APPEL À CES PROFESSIONNELS ? ➧A vant la saison : Une bonne saison s’organise à l’avance afin d’habituer votre corps et vos muscles aux efforts spécifiques du skieur. Le kiné va pouvoir vous guider tout au long de cette préparation qui doit s’envisager au moins 3 mois avant la reprise du ski : - Un premier bloc de reprise avec 2 séances par semaine axées sur l’aérobie permet d’augmenter les fonctions circulatoires, immunitaires, osseuses, articulaires, musculaires, etc. Vous pourrez pratiquer le vélo, la marche à pied en gardant une fréquence cardiaque basse. Le kiné peut vous suivre sur des séances au cabinet afin de bien contrôler toutes vos constantes et vous proposer une progression en intensité et en volume. Une séance de gainage devra aussi s’intégrer à votre programme. Le kiné aura des outils pour pratiquer en toute sécurité et de manière ludique ; - En fonction du type de ski que vous désirez pratiquer, certaines zones du corps seront à privilégier : membres inférieurs pour le ski alpin et snowboard et membres supérieurs pour le ski de fond ; - Pour le deuxième bloc, la proprioception, « connaissance inconsciente de notre position dans l’espace et des mécanismes réflexes qui permettent de garder une position stable », viendra compléter votre préparation. Elle est améliorée par des exercices réduisant ainsi le risque de blessures. SKI SANTÉ


UNE BONNE SAISON S’ORGANISE À L’AVANCE AFIN D’HABITUER VOTRE CORPS ET VOS MUSCLES AUX EFFORTS SPÉCIFIQUES DU SKIEUR.

Le kiné grâce à sa connaissance et le matériel utilisé vous guidera au mieux dans cette pratique permettant une progression et un travail en toute sécurité. L’ostéopathe, quant à lui, doit intervenir en premier et, en général, une séance suffira. Il abordera votre corps dans sa globalité (de manière holistique) pour détecter et traiter les différentes « irrégularités » qui se manifestent afin d’améliorer les fonctions spécifiques et donc l’homéostasie du corps.

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➧ Pendant la saison : Le kiné peut être présent sur plusieurs fronts, que vous soyez sportif amateur ou professionnel. - Pour la récupération avec des massages, des conseils d’hygiène de vie ou avec l’aide d’outils permettant une meilleure élimination des déchets générés par l’activité ; - Lors de pathologies causées par une suractivité comme des tendinites (Achille, épaule, etc.), douleurs du rachis lombaire (ski de fond), dorsal (ski alpin) ; - Par suite de chutes, pour mettre en place une rééducation adaptée, avec des traumatismes multiples et de plus en plus violents souvent dus aux collisions. Les pistes de ski alpin sont de plus en plus travaillées et n’offrent maintenant que peu d’obstacles naturels (bosses) qui limitent la vitesse et effectuent un « tri » naturel par manque de technique du skieur.

L’ostéopathe n’interviendra : - Qu’après un traumatisme et en concertation avec le kiné et/ou médecin pour les skieurs amateurs ; - Pour les compétiteurs, il est important de consulter régulière­ ment dès les premiers symptômes « gênants » au niveau de votre corps. Bien sûr, le traitement ostéopathique peut faciliter la récupération ou préparer votre corps à l’effort tout en restant à distance de l’activité afin de ne pas générer de la fatigue supplémentaire, perturber la proprioception ou le schéma corporel pouvant occasionner des blessures par manque de vigilance. D’autre part, votre ostéopathe doit vous connaître et surtout connaître les réactions de votre corps aux séances afin de positionner ces dernières au mieux. Discuter, échanger et comprendre mutuellement votre corps seront des gages de réussite. ➧ Après la saison : C’est le moment de tout remettre à « 0 » afin de repartir sur une saison de ski sans problème physique. Il est temps aussi de checker avec le kiné les déficits musculo-squelettiques afin de les travailler pendant cette période de transition. De nombreuses pathologies se développent sur ces altérations musculaires ou tendineuses. L’ostéopathe sera là aussi pour redonner de la mobilité à tous vos segments, libérer les tensions accumulées mais aussi travailler plus particulièrement sur les systèmes digestif, pulmonaire et autres.

LES OUTILS AU SERVICE DU SPORTIF ➧ Pour la performance : Avant de parler du rôle de chacun dans la performance, définissons ce que nous entendons par « performance ». La performance, c’est votre capacité à agir selon des critères

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SANTÉ

LE KINÉ EST UN ÉLÉMENT IMPORTANT DE LA PERFORMANCE : IL VA METTRE VOTRE CORPS DANS LES MEILLEURES CONDITIONS POSSIBLES.

➧ Pour la récupération : Cette partie est surtout le domaine du kiné, et pour cela il possède à la fois les compétences (ses mains et ses connaissances) et les outils d’aide à la récupération (bottes de pressothérapie, électrothérapie, cryothérapie, laser, etc.). 20

Charge à lui d’ajuster ces différentes techniques en fonction de l’objectif souhaité. L’apport de l’ostéopathe pour la récupération ne se justifie que sur des athlètes professionnels en plus des soins de kinésithérapie. Il agira principalement sur les organes détoxifiants en les stimulant.

CONCLUSION Faire appel à ces deux thérapeutes pour vous qui désirez pratiquer le ski sous toutes ses formes vous permettra d’atteindre les objectifs fixés en toute quiétude. Chacun des deux praticiens vous apportera sa connaissance et ses compétences pour mettre votre corps dans les meilleures dispositions afin de skier avec plaisir. Un « plaisir » qui vous évitera les blessures et donc de gâcher votre séjour. Garder à l’esprit que votre corps évolue et en prendre soin sera gage de sécurité. ✱

Liens : • https://loisir.ffs.fr • https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000031127778/ • https://www.osteopathie.org/ • https://www.youtube.com/watch?v=DBNakjiuQXg&t=16s

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d’optimalité très variés, afin d’obtenir la production de votre résultat décidé au départ, résultat qui représente le « niveau de réalisation des objectifs » (Burlaud, 1995). On voit bien que cela ne dépend pas du niveau général mais bien de son propre objectif. Ce terme s’applique donc à toute personne désirant progresser dans sa pratique. Cela se traduit par des objectifs chiffrés en termes de résultat pour le professionnel et peut-être simplement par un niveau de pratique ou de bien-être pour un skieur lambda. Le kiné est un élément important de la performance : il va mettre votre corps dans les meilleures dispositions pour atteindre l’objectif fixé. En général, en vous proposant des exercices adaptés à la pratique et surtout à votre niveau physique et de ski. L’ostéopathe prendra en charge l’intégralité de votre corps, à la fois la partie musculo-squelettique et tous les systèmes indispensables au bon fonctionnement : système digestif, système circulatoire, etc. C’est la règle de « l’artère est absolue ». Pour Still (fondateur de l’ostéopathie – Fin des années 1800), en libérant les voies de passages sanguines mais aussi nerveuses, les différents organes seront correctement irrigués et les échanges favorisés : les nutriments arrivent aux organes et leurs déchets sont bien éliminés. C’est ce qui vous maintiendra en bonne santé.

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DÉCOUVERTE

DU SKI DE RANDONNÉE SUR MESURE

AVEC DECATHLON TRAVEL En créant DECATHLON TRAVEL, DECATHLON a souhaité rester fidèle à sa mission : rendre les bienfaits du sport accessibles au plus grand nombre. En alliant son expérience de plus de 45 ans dans le domaine du sport et l’expertise voyage de ses partenaires, DECATHLON TRAVEL fait voyager dans les plus belles destinations avec les meilleurs parcours de ski de randonnée au programme.

et glaciers des Alpes : côté français, sur les pentes du mont Blanc et côté suisse, au pied de l’emblématique Cervin !

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DES STAGES DE DÉCOUVERTE DU SKI DE RANDONNÉE POUR DÉBUTER EN TOUTE SÉCURITÉ Tout l’intérêt de la pratique du ski de randonnée réside dans le fait qu’elle permet de s’aventurer dans des secteurs isolés et sauvages. Le contraire des pistes de ski alpin balisées et parfois surchargées par les skieurs en vacances. Revers de la médaille, cet environnement naturel n’est pas sécurisé comme peut l’être un domaine skiable de ski alpin. Il vous appartient donc de vous assurer des conditions sur votre itinéraire (météo, enneigement et risque d’avalanche). Pour cela, pas de secret : un apprentissage auprès de professionnels est indispensable. Lors de nos séjours d’initiation, un guide vous encadrera et saura vous apporter son expertise et vous transmettre son amour de la montagne. DE WEEK-ENDS EN SKI DE RANDONNÉE AUX CIRCUITS À SKI D’UNE SEMAINE Le ski de randonnée, c’est une quantité illimitée de possibilités qui s’offrent à vous. De la sortie rapide à la journée en passant par les itinéraires de plusieurs jours, en étoile ou en vraie itinérance, c’est à vous de choisir ! L’activité permet en tout cas de s’adapter parfaitement à vos envies et aux conditions du moment. Il est possible notamment d’effectuer de véritables périples, de refuge en refuge à travers les massifs les plus réputés. Certains circuits sont même mondialement connus : le raid à ski de Chamonix-Zermatt en est l’exemple parfait. Pour voyager sereinement, partez avec un guide expert en la matière. Dans un décor époustouflant, il vous permet de relier, à ski, les deux capitales de l’alpinisme, à travers cols, vallées, sommets

DES SÉJOURS SKI DE RANDO BIEN ENCADRÉS POUR TOUS LES NIVEAUX Nous vous proposons de découvrir ensemble les Alpes et les Pyrénées, terrains de jeux incontournables de la pratique du ski de rando. Commençons par les Alpes. De nombreuses stations de ski proposent des itinéraires sécurisés en ski de rando. Voici d’ailleurs notre top 5 des meilleures stations pour découvrir le ski de randonnée. Une valeur sûre reste Chamonix, le berceau de l’alpinisme. Envie de vous initier au ski de rando ? Optez pour un séjour de 5 jours ! Skieurs de rando dans l’âme, le fameux Chamonix-Zermatt vous attend. Restons dans les Alpes direction les Écrins. Autre massif alpin incontournable, le Beaufortain vous séduira avec son enneigement exceptionnel et ses petits villages typiques. Pour terminer ce tour d’horizon des Alpes en ski de rando, découvrez la Vanoise via la traversée Carro-Évettes, une des plus belles randos à ski des Alpes. Le petit plus ? Des nuits en refuges typiques et confortables. Vous préférez les Pyrénées ? Les terrains de jeux sont également multiples ! Notre spot favori : le val d’Aran et ses paysages somptueux. De février à avril, profitez de belles descentes et de sommets à gravir dans un cadre de rêve. ✱

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BLESSURE

LA LUXATION DE L’ÉPAULE Ce traumatisme n’arrive pas qu’à Josiane Balasko dans Les Bronzés. C’est un grand classique du ski ! Explications et traitement… sans le coup de bâton sur la tête ! PAR LE DOCTEUR STÉPHANE CASCUA, MÉDECIN DU SPORT ET RÉDACTEUR EN CHEF DE DOC DU SPORT

L

’épaule est devenue très mobile il y a 6 millions d’années, lorsque nous nous sommes trans­ formés en bipèdes. Ainsi, nous avons pu mani­ puler l’outil et lancer la sagaie : un vrai cercle vertueux mécanique et cognitif ! Malheureusement, nous l’avons payé au prix de l’instabilité ! L’humérus, l’os du bras, est surplombé d’une sphère. Cette dernière entre au contact de l’omoplate sur une surface quasi plate appelée « glène ». Les anatomistes comparent cette articulation à un ballon posé sur une assiette plate. Une petite bouée nommée « labrum » tente d’améliorer l’emboîte­ment… et les enseignants filent la métaphore en parlant d’« assiette à soupe ». Bref, rien de miraculeux ! L’épaule est l’articulation du corps qui se luxe le plus facilement !

La chute vers l’avant, bras en croix, constitue le mécanisme de luxation le plus fréquent aux sports d’hiver. Dans ces circonstances, le coude part en arrière et l’autre extrémité de l’humérus file en avant. Sa tête déchire le sac articulaire, ébrèche le labrum et sort de l’articulation ! C’est la luxation antérieure ! D’autres traumatismes provoquent cette blessure mais ils sont plus rares. Ce peut être un impact direct sur 22

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QUE S’EST-IL PASSÉ ?

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IL EST INDISPENSABLE DE CONTRÔLER LE NERF DE L’ÉPAULE APPELÉ « AXILLAIRE ». l’épaule ou une chute en arrière sur la main qui fait pistonner l’humérus jusqu’au déboîtement. La douleur est violente et croissante. L’impotence est complète et la descente en barquette est indispensable. Rassurez-vous, les beaux garçons en rouge ont habituellement un meilleur sens de l’orientation que Thierry Lhermitte ! Ils vous amènent rapidement au centre médical de la station.

UN DIAGNOSTIC PAS SI FACILE ! Aux sports d’hiver, les docs du sport ont l’habitude de la luxation de l’épaule. Le skieur tient son côté blessé avec l’autre main. Le galbe de l’épaule a disparu et le buste semble plus étroit. Cependant, la prudence et des radios s’imposent ! D’autres diagnostics sont envisageables et ne toléreraient pas les réductions intempestives à la mode Christian Clavier ! Il peut s’agir de fractures de l’humérus, de l’omoplate, de la clavicule ou d’entorses graves entre l’omoplate et la clavicule. Au-delà de ces diagnostics différents, il faut d’emblée évoquer des lésions associées. Il est indispensable de contrôler le nerf de l’épaule appelé « axillaire ». Il est parfois violemment étiré. Le blessé perd la sensibilité de l’épaule et surtout l’action du deltoïde. Il ne peut plus lever le bras pendant plusieurs mois… et parfois définitivement. Il est impératif de le prévenir… même si le traitement consiste essentiellement à patienter ! De temps à autre, lors du traumatisme, la glène scalpe la tête de l’humérus et fracture un petit relief appelé « trochiter ». Chez les plus de 50 ans, il arrive que les tendons qui entourent l’extrémité supérieure de l’os du bras se déchirent à l’occasion de la luxation. On parle de « rupture de coiffe associée ».

RÉDUCTION DE LA LUXATION ET TRAITEMENT La manœuvre permettant de remboîter l’épaule est bien connue des urgentistes. Elle est relativement simple après une radio confirmant cette lésion sans autre complication. Elle devient plus compliquée à distance du traumatisme, lorsque le transfert et la prise en charge ont été compliqués et que les douleurs ont envahi le skieur. Dans ces circonstances, une anesthésie gazeuse et légère est nécessaire. Plus rarement, il faut endormir complètement le blessé. À l’issue, il est d’usage de proposer une immobilisation coude au corps pendant 3 semaines. Certains protocoles sont plus

LA CHIRURGIE PARFOIS

En théorie, une intervention est nécessaire à partir de la troisième luxation. Dans ces circonstances, on considère que les lésions sont telles qu’il existe une brèche béante sur la route de la luxation. On parle de « poche de Broca ». Cette indication est encore plus justifiée quand vous pratiquez des sports dangereux où une luxation possible engagerait votre pronostic vital ; on peut citer l’escalade en haute montagne ou le surf. Parfois, il est même envisageable d’opérer dès la première luxation. C’est le cas si vous avez moins de 20 ans car les études montrent que la récidive est inévitable ! C’est aussi conseillé si vous pratiquez à très haut niveau des sports à impacts, typiquement le rugby. La technique chirurgicale consiste alors à mettre une butée osseuse affleurant la glène à l’endroit où sort la tête humérale. Elle est fixée avec une petite vis. Cette portion d’os est prélevée sur l’omoplate et elle n’est décalée que de quelques centimètres. Le biceps qui s’y accroche est laissé en place. Ce muscle et son tendon forment alors un hamac sous l’articulation qui améliore encore sa stabilité. Après ce geste, l’épaule est immobilisée 3 à 4 semaines. La reprise du sport se fait après rééducation et consolidation de la jonction osseuse, c’est-à-dire à 3 mois environ.

conciliants et privilégient une rééducation presque immédiate. Quoi qu’il en soit, de la kinésithérapie précoce s’impose. Même avec le bras en écharpe, il est confortable de masser les cervicales et la chape de l’épaule. Il est très intéressant de travailler la posture et d’entretenir les muscles contre des résistances statiques, sans faire bouger l’articulation. On parle de « travail isométrique ». À l’ablation du gilet, votre thérapeute vous aide à retrouver vos amplitudes gestuelles. Surtout, il redonne de la force, de l’endurance et de la coordination aux muscles qui stabilisent votre épaule. 6 à 12 semaines après votre traumatisme, vous pourrez reprendre les sports de votre choix. Mais attention ! Vous devrez poursuivre la musculation stable et instable jusqu’à 112 ans… En effet, la principale complication de la luxation de l’épaule, c’est la récidive ! ✱

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INTERVIEW

Comment se passe une semaine traditionnelle d’entraînement de saut à ski ? Ça dépend des saisons. J’attaque en mai avec des sauts d’entraînement et de la musculation spécifique : jambes pour l’explosivité au bout du tremplin et gainage pour le maintien en l’air. En été, je m’entraîne du lundi au vendredi sur 25 à 30 heures par semaine. En hiver, le rythme est très différent avec les compétitions qui me font partir du jeudi au lundi. Il ne me reste donc plus que les mardi et mercredi pour faire un peu de préparation physique légère et donc ne pas trop me fatiguer entre deux compétitions. Je cours également à basse allure une à deux fois par semaine, c’est très important car ça permet de m’aérer l’esprit et d’évacuer pour mieux dormir et récupérer. Qu’y a-t-il de plus difficile à gérer dans cette discipline ? 80 % de la performance est mentale. Il faut aller chercher le geste parfait dans un temps très court et le répéter sans cesse. L’émotionnel est très présent, il faut réussir à s’en détacher pour progresser. Je fais appel à un préparateur mental depuis trois ans pour travailler et mieux gérer ma concentration. Comment parvient-on à surpasser la peur de se lancer sur le tremplin ? Certains ont plus peur que d’autres, ça dépend du tempérament de chacun. Il faut passer le cap pour réussir lorsque l’on a de l’appréhension. J’ai rarement peur, le fait de commencer très jeune aide à s’en défaire et il faut bien évidemment aimer les sensations fortes !

À seulement 21 ans, Joséphine Pagnier a déjà démarré son envol dans sa carrière d’athlète. Vice-championne du monde junior de saut à ski en 2021, médaillée d’argent aux Jeux olympiques de la jeunesse en 2020, elle continue son ascension en saut à ski en évoluant cette saison sur le circuit Coupe du monde auprès des meilleures mondiales. Passionnée et motivée, elle met toutes les chances de son côté grâce à une préparation minutieuse comme l’exige la technicité de son sport. PROPOS RECUEILLIS PAR ANNE ODRU

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Quels sont les principaux risques de blessure ? Les blessures les plus récurrentes touchent les genoux. Je fais beaucoup de préparation pour renforcer toute cette zone et éviter les blessures en étant plus solide. Il faut également apprendre à bien se poser lors des réceptions. Je fais très attention à mon alimentation ; en saut à ski, il faut être léger et énergique, c’est un équilibre qu’il faut trouver en fonction de la période d’entraînement. C’est pourquoi je suis suivie sur ce plan-là depuis un an, afin de mieux m’adapter à mon quotidien. Quels sont vos prochains objectifs ? Je souhaite bien continuer dans ma progression, les résultats suivront. Cette saison, je me concentre sur le circuit Coupe du monde puisqu’il n’y a pas d’autres compétitions majeures. J’ai toujours l’objectif des JO dans un coin de ma tête ; 3 ans c’est long mais c’est une préparation sur le long terme qu’il faut anticiper dès maintenant. ✱ SKI SANTÉ

PORTRAIT © NILS LOUNA/AGENCE ZOOM, PHOTO © GIOVANNI AULETTA/AGENCE ZOOM

JOSÉPHINE PAGNIER : UN PEU PLUS PRÈS DES ÉTOILES

Qu’est-ce qui vous plaît le plus en saut à ski ? C’est dur à dire ! J’adore voler, passer du temps dans les airs. J’aime beaucoup les phases d’entraînement l’été, je suis toujours motivée, ça me plaît d’aller chercher le geste parfait, autant sur un saut qu’en salle de musculation.


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NEWS

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UN FILM SUR LE MASSIF DU MONT-BLANC

Co-produit par IZIPIZI, « Les Étoiles de la Terre » montre un nouveau visage du ski en haute montagne, mêlant toutes les facettes de la pratique, entre alpinisme, pente raide et freeride. Il retrace les deux derniers hivers du réalisateur Victor Galuchot, skieur engagé qui a compris il y a quelques années qu’il avait une responsabilité en tant qu’athlète de haut niveau très suivi sur les réseaux sociaux. On le voit dévaler à toute vitesse, parfois par 55 degrés de pente, au beau milieu des séracs des glaciers du massif du Mont-Blanc. Sans compter que le skieur originaire de la vallée des Belleville a au préalable gravi ces sommets à la seule force des jambes !

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JEUNESSE

DOULEURS OSTÉOMUSCULAIRES DE L’ENFANT SKIEUR :

LES OSTÉOCHONDROSES,

DU TALON AU DOS EN PASSANT PAR LE GENOU De plus en plus d’enfants en âge scolaire sont exemptés de sport à la suite d’un diagnostic d’Osgood-Schlatter, de maladie de Sever ou de Scheuermann. Ces pathologies – les ostéochondroses de croissance - constituent un groupe hétérogène d’affections atteignant de manière prépondérante les épiphyses et les apophyses. Il s’agit d’affections rares, dues à une perturbation de l’ossification enchondrale, qui peuvent toucher toutes les apophyses et les épiphyses du squelette. Elles résultent d’une discordance entre la maturation osseuse et le développement musculo-tendineux. Leur diagnostic est clinique et leur prise en charge, qui doit être précoce pour éviter les complications, implique quelques jours de repos puis une réduction de l’intensité de l’activité physique... en attendant la maturation osseuse qui permettra la guérison. PAR LE DOCTEUR ISABELLE CATALA, MÉDECIN FÉDÉRAL NATIONAL, AVEC LE DR SARAH DU ROUCHET, MÉDECIN DU SPORT AUX HOPITAUX DU LÉMAN ET DR STEPHANE BULLE, MÉDECIN DES ÉQUIPES DE FRANCE DE SKI.

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ÉPIDÉMIOLOGIE ET PHYSIOPATHOLOGIE

CLASSIFICATION

Si les données épidémiologiques fiables font défaut, il s’agit de pathologies fréquentes, touchant surtout les enfants âgés de 5 à 15 ans, et plus souvent des garçons dans les formes apophysaires, sans doute en raison du plus grand décalage entre les développements musculaires et osseux et les attentes sportives. L’atteinte est toujours bilatérale, même si elle ne s’exprime pas toujours avec la même intensité des deux côtés. Ces maladies de la croissance sont loin d’être inévitables : elles sont toujours en lien avec une sollicitation excessive de l’os ou de l’articulation. Toutefois, leurs mécanismes physiopathologiques ne sont pas connus avec précision, même si l’ischémie et les micro­ traumatismes répétés sont les deux étiologies les plus commu­ nément admises. Chaque ostéochondrose a ses propres spé­­ ci­ ficités épidémiologiques, cliniques et radiographiques. Cependant, l’aspect radiographique commun à toutes les ostéo­ chondroses est caractérisé par la fragmentation, l’aplatissement et la condensation et par une évolution spontanée vers la reconstruction. L’échographie et l’imagerie par résonance magnétique permettent actuellement, dans certaines localisations, un diagnostic plus précoce en vue d’une meilleure prise en charge. 34

Il existe différentes classifications des ostéochondrites, mais on peut, dans une démarche de simplification, distinguer :  Les ostéochondroses articulaires, pathologies très rares (ostéochondrose juvénile de la hanche, par exemple) ;  Les ostéochondroses apophysaires ;  Les ostéochondroses épiphysaires ;  Enfin, les ostéochondroses touchant le cartilage de croissance. Les ostéochondroses apophysaires sont les plus fréquentes. Selon leur localisation, elles portent un nom différent (par exemple, maladie d’Osgood-Schlatter pour l’apophysite de la tubérosité tibiale antérieure, maladie de Sever pour l’ostéochondrose du calcanéum), mais leur cause et leur expression clinique sont les mêmes. Elles sont en effet toujours en lien avec l’intensité de l’activité sportive, et secondaires à une discordance entre la maturation osseuse, plus lente, et le développement musculotendineux, plus rapide. La conséquence est une sollicitation excessive des zones d’insertion. Cette inadéquation entre la force musculaire et la zone d’attache entraîne une inflammation, des douleurs et, si aucune mesure n’est prise, un risque de complications à type d’arrachement cartilagineux et/ou osseux. SKI SANTÉ


OSTÉOCHONDROSES AVEC OU SANS OSTÉONÉCROSE

Ostéochondroses liées à une ostéonécrose primitive ou secondaire M aladie de Legg-Calvé-Perthes ou ostéochondrite primitive de hanche qui atteint les enfants M aladie de Freiberg qui concerne les têtes métatarsiennes M aladie de Kienböck (nécrose de l’os semi-lunaire) M aladie de Köhler-Mouchet (ostéochondrose du pied) M aladie de Renander (nécrose aseptique du sésamoïde métatarsien) M aladie de Panner (atteinte du coude)

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Ostéochondroses liées aux traumatismes ou au stress exagéré sans ostéonécrose M aladie d’Osgood-Schlatter : ostéochondrose du genou au niveau de la tubérosité tibiale antérieure (très présente dans la communauté des jeunes skieurs et skieuses) M aladie de Sinding-Larsen-Johansson : atteinte de la pointe de la rotule M aladie de Blount : défaut de croissance de la partie interne du tibia au niveau de son extrémité supérieure M aladie de Sever : ostéochondrose du calcanéum (très présente dans la communauté des jeunes skieurs et skieuses) M aladie de Scheuermann : ostéochondrose vertébrale à l’origine d’une cyphose (très présente dans la communauté des jeunes skieurs et skieuses)

Autre grand groupe d’ostéochondroses : celles touchant la physe, le cartilage de croissance. La plus connue est de localisation vertébrale : la maladie de Scheuermann. Elle est secondaire à une sursollicitation des vertèbres, posturale ou liée à l’activité sportive, mais sa physiopathologie est encore mal cernée. Enfin, les ostéochondroses épiphysaires, dont l’origine est inconnue, mais également favorisées par les micro­ traumatismes répétés.

3 MANIFESTATIONS CLINIQUES Toutes ces atteintes provoquent des douleurs. Elles sont souvent bilatérales, mais pas systématiquement avec la même tempo­ ralité. L’interrogatoire doit insister sur l’éventuelle survenue antérieure de douleurs du côté controlatéral. Typiquement, les jeunes patients décrivent des douleurs de type mécanique, qui peuvent être modérées. Elles sont majorées par l’activité physique et soulagées par le repos. En pratique, il s’agit d’une

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JEUNESSE

4 EXAMENS COMPLÉMENTAIRES Le diagnostic est avant tout clinique. Aucun examen complémentaire n’est utile, sauf si l’on suspecte une autre pathologie (tumorale, par exemple) ou une complication telle qu’un arrachement cartilagineux (inflammation plus marquée, impotence fonctionnelle). La radiographie ne présente pas une bonne sensibilité ni spécificité, et aucun intérêt pronostique ni caractère d’orientation thérapeutique. Il faut éviter d’irradier les enfants en demandant des radiographies systématiques qui ne sont pas contributives. De même, il n’y a pas d’intérêt à faire une échographie, une IRM, un scanner ou une scintigraphie, sauf en cas de doute diagnostique ou de complications. En cas de suspicion de maladie de Scheuermann, une radio EOS peut être prescrite, cette technique étant très peu irradiante.

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douleur d’intensité très variable, qui peut survenir pendant l’activité physique sans retentissement fonctionnel (l’articulation reste mobile) ou imposant à l’inverse l’arrêt de l’activité, ou qui peut ne pas gêner l’activité physique et apparaître après son arrêt. Les douleurs sont souvent bien localisées, l’enfant ou l’adolescent pointant du doigt une zone très précise. Des signes inflammatoires locaux (chaleur, rougeur) au niveau de l’apophyse sont possibles mais pas systématiques. L’interrogatoire est essentiel : localisation, type d’activité sportive et recherche de modification de l’activité sportive, du type, de la charge, sauts, impacts, qualité du terrain, niveau d’intensité, équipements, matériel, etc. Tous ces éléments vont permettre de faire le diagnostic différentiel avec une pathologie tumorale, infectieuse ou inflammatoire et orienter vers le diagnostic d’ostéochondrose/ ostéochondrite de croissance.

UNE IMMOBILISATION PAR ATTELLE OU PLÂTRE N’EST ABSOLUMENT PAS INDIQUÉE. 36

La stratégie thérapeutique est la même quels que soient le type et la localisation de l’ostéochondrose, ainsi que l’intensité des signes cliniques : respecter l’indolence en réduisant et en adaptant l’intensité de l’activité physique. Dans un premier temps, il faut arrêter complètement l’activité physique pendant une semaine à 10 jours, ce qui fait le plus souvent bien diminuer, voire disparaître les douleurs. Une immobilisation par attelle ou plâtre n’est absolument pas indiquée. Au contraire, la mobilisation est bénéfique, car elle favorise la vascularisation, le drainage et donc la croissance osseuse. Des étirements doux sont à mettre en place très rapidement. On expliquera alors à l’enfant ou l’adolescent qu’il peut tout faire tant qu’il n’a pas mal. Puis la reprise de l’activité physique modérée est possible. Même en l’absence de douleurs, il faut faire entendre au patient qu’à plus ou moins long terme, la douleur reviendra et qu’il sera alors à nouveau nécessaire d’observer une période de repos relatif d’au moins 8 jours. L’objectif est de pouvoir poursuivre l’activité physique sans douleurs, en attendant la maturation osseuse qui conduira à la guérison. En cas de douleurs initiales importantes, il est possible de prescrire du paracétamol, voire des AINS, et de parfois faire appel à des orthèses (en particulier dans les localisations au niveau du pied) qui soulagent et limitent les contraintes. Le recours à la kinésithérapie est fortement conseillé chez nos jeunes skieurs, avec pour but essentiel le renforcement musculaire et les étirements. Il est impératif de remettre en adéquation la maturation osseuse et les attendus sportifs du skieur. ✱ SKI SANTÉ

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TRAITEMENTS


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DOULEUR

QUAND LE TALON FAIT MAL

QUELS SYMPTÔMES ?

La maladie de Sever (apophysite calcanéenne) est une pathologie inflammatoire du calcanéum que l’on trouve chez les skieurs âgés de 10 à 13 ans, en particulier lorsqu’ils pratiquent ce sport de façon intensive. Cette affection est à l’origine de douleurs unilatérales, voire bilatérales à la marche ou à la course. Un œdème et une douleur à la palpation peuvent également être constatés.

La maladie de Sever se manifeste par la survenue d’une douleur mécanique, localisée sur les côtés du talon et au niveau de l’insertion du tendon d’Achille sur le calcanéum. Cette douleur peut parfois être rapportée au tendon d’Achille ou à la plante du pied. La douleur est ressentie souvent au réveil à la pose du pied en charge. La marche sur la pointe des pieds, qui soulage la douleur, voire la boiterie, peut - si elle est prolongée - entraîner une rétractation du tendon d’Achille. L’évolution de la maladie de Sever se fait généralement par des crises doulou­ reuses entrecoupées d’accalmies.

PAR LE DOCTEUR ISABELLE CATALA, MÉDECIN FÉDÉRAL NATIONAL, AVEC LE DR SARAH DU ROUCHET, MÉDECIN DU SPORT AUX HOPITAUX DU LÉMAN ET DR STEPHANE BULLE, MÉDECIN DES ÉQUIPES DE FRANCE DE SKI.

QUELS DIAGNOSTICS DIFFÉRENTIELS ?

QUEL MÉCANISME ? Le calcanéum ou « calcanéus » est le plus grand os du tarse localisé au talon. Avant d’être constitué d’os spongieux à l’âge adulte, le calcanéum se développe jusqu’à 15 ans. Avant cet âge, les os du talon sont encore constitués par plusieurs noyaux cartilagineux. L’hypothèse proposée le plus souvent pour expliquer cette pathologie évoque une croissance « trop rapide et déséquilibrée » du calcanéum pendant l’adolescence, par rapport à celle des muscles et tendons de la jambe. L’analyse histologique retrouve des microfractures de la zone d’insertion du tendon pendant la phase enchondrale de l’ossification. Ces microfractures sont à l’origine d’une série d’arrachements du cartilage, suivis d’une cicatrisation. En cas d’échec de cette guérison tissulaire, des ossicules se séparent de la face postérieure du calcanéum et un tissu cicatriciel s’interpose. La maladie de Sever, prédominante chez les garçons, est une maladie de croissance constatée chez les enfants qui sollicitent beaucoup les structures présentes au niveau du talon, en particulier chez ceux qui pratiquent un sport d’endurance comme le football, la course à pied, le tennis, la danse ou encore l’athlétisme. Les deux talons sont concernés dans 50 à 80 % des cas. Certains facteurs favoriseraient l’apparition de cette pathologie, comme un indice de masse corporelle élevé (IMC), une grande taille et des troubles de la statique du pied. 38

Les pathologies cutanées, du type verrue plantaire, cor, durillon, corps étranger et dermatose, doivent être systématiquement recherchées. Ce sera aussi le cas de certaines pathologies tendino-musculaires : tendinite, téno­synovite, bursite rétrocalcanéenne ou encore fracture du calcanéum. Il convient aussi d’éliminer une synostose du tarse, syndrome malformatif qui fait partie des anomalies morphologiques du pied, caractérisée par la persistance d’un pont d’union entre certains os, généralement au niveau de l’arrière-pied et du médio-tarse, entraînant un défaut de mobilité de ces os. Autre diagnostic différentiel : l’infection ou ostéomyélite du calcanéum est une localisation rare chez l’enfant qui nécessite une immobilisation plâtrée et un traitement antibiotique. Enfin, des pathologies tumorales pouvant être bénignes ou malignes doivent également être écartées : ostéome ostéïde, sarcome d’Ewing, tumeur à cellules géantes ou kyste osseux anévrismal.

QUEL TRAITEMENT ? Si les signes disparaissent avec la croissance, il est possible de proposer des traitements personnalisés qui passent par une limitation de l’activité sportive, des exercices d’étirement, des antalgiques et des anti-inflammatoires et, après un bilan podologique, l’utilisation de chaussures ou de semelles offrant un soutien approprié de l’arrière-pied. ✱

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LA MALADIE DE SEVER :

L’ÉVOLUTION DE LA MALADIE DE SEVER SE FAIT GÉNÉRALEMENT PAR DES CRISES DOULOUREUSES ENTRECOUPÉES D’ACCALMIES.


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MALADIE

CONSEILS AUX PARENTS

QUAND LE GENOU EST TROP SOLLICITÉ La maladie d’Osgood-Schlatter désigne une ostéochondrose du noyau secondaire d’ossification au niveau de la tubérosité tibiale antérieure, sur laquelle vient s’insérer le tendon rotulien du quadriceps. Elle concerne généralement les garçons âgés de 8 à 15 ans, des skieurs en pleine croissance. Parmi les facteurs favorisants, on peut noter les genu valgum ou varum, et les hyperpronations du médio- et/ou arrière-pied qui entraînent une endorotation. Une insuffisance de la musculature des fessiers peut être un facteur d’entretien ou d’aggravation. PAR LE DOCTEUR ISABELLE CATALA, MÉDECIN FÉDÉRAL NATIONAL, AVEC LE DR SARAH DU ROUCHET, MÉDECIN DU SPORT AUX HOPITAUX DU LÉMAN ET DR STEPHANE BULLE, MÉDECIN DES ÉQUIPES DE FRANCE DE SKI.

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a tubérosité tibiale antérieure est une zone fragile qui peut souffrir de contraintes mécaniques (traction). Ces dernières proviennent des contrac­ tions énergiques du quadriceps, souvent hyper­ sollicité lors des sauts, générant un conflit entre le noyau cartilagineux d’ossification et la traction exercée par le tendon rotulien. On peut également observer une hyperpronation des articulations sous-talienne et médio-tarsienne, qui provoque une endorotation excessive du segment jambier. On constate alors, au niveau de la tubérosité tibiale antérieure, une traction trop importante du tendon rotulien, à l’origine de microfissures au niveau de ce cartilage, entraînant des douleurs. Les tractions peuvent aboutir à une fragmentation et à un arrachement osseux dans les cas les plus sévères.

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DOULEURS DE LA FACE ANTÉRIEURE DU GENOU Cliniquement, les patients présentent des douleurs au niveau de la face antérieure du genou avec tuméfaction de la tubérosité tibiale pendant et après l’activité sportive pouvant inciter à la boiterie. On constate aussi une rétraction du droit antérieur en plaçant le patient couché ventral, hanche en extension et genou fléchi. La douleur est réveillée par la palpation de la tubérosité tibiale antérieure et à la contraction contrariée. La peau autour de la tubérosité peut être légèrement rouge et chaude. La radiographie, lorsqu’elle est pratiquée, retrouve un épaissis­ sement de la partie distale du tendon patellaire. Dans les cas plus graves, on peut constater une fragmentation de la tubérosité tibiale, voire un arrachement osseux. Le traitement le plus habituel et sans doute le plus efficace reste le repos et la limitation de la sollicitation de l’appareil extenseur. Dans certains cas rares (enfant très actif et non coopératif, maladie évoluée et très douloureuse), il sera possible d’imposer le repos par le port d’un plâtre ou d’une attelle. L’infiltration d’anti-inflammatoires ne montre pas d’effets. La mésothérapie peut être proposée. Le traitement podologique consistera à réaliserdessemellesfonctionnellescontrôlantl’hyperpronation, et à limiter la rotation interne. Il permettra d’observer une diminution de la tension en traction du tendon rotulien. Le kinésithérapeute pourra intervenir dans le traitement de la maladie d’Osgood-Schlatter si celle-ci comporte également une rétraction du droit antérieur (cause de la sursollicitation du tendon rotulien). Dans ce cas, il devra effectuer un travail d’étirement de ce muscle pour lui redonner l’élasticité optimale et diminuer les tensions. ✱ SKI SANTÉ

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LA MALADIE D’OSGOOD-SCHLATTER,

Dans le but d’informer et de rassurer les parents, on peut leur proposer quelques conseils et informations :  Il s’agit d’une pathologie bénigne due à une surcharge mécanique sur une zone de croissance ;  Le meilleur traitement reste la diminution des activités physiques ;  Les douleurs peuvent persister un ou deux ans ;  Il faut éviter que les parents incitent leur enfant à reprendre le sport trop tôt surtout s’il le pratique à haut niveau ;  Généralement, la guérison est spontanée ;  Rarement, certaines séquelles (douleurs ou tuméfaction gênante) au niveau de la tubérosité tibiale antérieure peuvent être encore présentes ;  Adaptation avec un allègement de la charge d’entraînement et du type d’activité sportive.



MORPHOLOGIE

LA MALADIE DE SCHEUERMANN SE MANIFESTE À L’ADOLESCENCE (15 ANS EN MOYENNE) CHEZ LES SKIEURS.

LA MALADIE DE SCHEUERMANN :

La maladie de Scheuermann rachidienne, ostéchondrose axiale, se caractérise par une accentuation de la cyphose dorsale et une atteinte spécifique de plusieurs corps vertébraux. Son diagnostic est morphologique, clinique et radiologique. Il existe aussi quelques maladies de Scheuermann lombaires, avec accentuation de la lordose. PAR LE DOCTEUR ISABELLE CATALA, MÉDECIN FÉDÉRAL NATIONAL, AVEC LE DR SARAH DU ROUCHET, MÉDECIN DU SPORT AUX HOPITAUX DU LÉMAN ET DR STEPHANE BULLE, MÉDECIN DES ÉQUIPES DE FRANCE DE SKI.

QUELLE PRÉSENTATION CLINIQUE ? La maladie de Scheuermann se manifeste à l’adolescence (15 ans en moyenne) chez les skieurs. Elle est un peu plus fréquente chez les garçons. Elle est souvent découverte par les parents qui constatent que leur enfant ne se tient pas droit (il est « voûté ») et se plaint de dorsalgies modérées persistantes. Il présente souvent un trouble de la statique rachidienne, avec un dos en cyphose accentuée, les épaules légèrement balancées en avant. L’étiologie et la physiopathologie de cette affection restent incertaines. La maladie de Scheuermann peut résulter d’une ostéochondrite des cartilages épiphysaires supérieur et inférieur des plateaux vertébraux ou de traumatismes répétés. Elle peut être d’origine familiale. Dans la plupart des cas, il s’agit d’une maladie bénigne. Toutefois, pour 5 à 10 % d’entre eux, cette maladie de croissance mérite une attention toute particulière ; en effet, en se déformant, le rachis peut laisser des séquelles à vie. 42

Le médecin demandera une radiologie osseuse qui montrera une cunéiformisation d’au moins trois vertèbres, avec un aspect irrégulier des plateaux vertébraux (vertèbres feuilletées). Une radiographie étendue au rachis total de face et de profil (technique EOS pour limiter l’irradiation) est conseillée, avec la réalisation d’un test de Risser pour suivre l’évolution de la maturation osseuse. Ce test est indiqué en cas de scoliose, de maladiedecroissancedetypeOsgood-Schlatter,Scheuermann…

QUELLE PRISE EN CHARGE ? 90 % des cas sont bénins. Une simple surveillance suffit, associée à des conseils de pratique du sport en extension, tel que volley-ball, basket-ball, natation sur le dos… sauf en périodes douloureuses. Les sports à contraintes rachidiennes tels que le ski seront contre-indiqués pendant quelque temps. Un traitement varie selon l’importance des lésions et l’âge de l’adolescent mais on pourra le plus souvent s’abstenir de prescription d’antalgiques ou d’AINS. C’est la disparition des douleurs qui conditionne la reprise ou l’abstention de la pratique du sport. La rééducation avec un kinésithérapeute permettra de corriger la cyphose dorsale ou la lordose lombaire en renforçant la musculature du dos et en réalisant des étirements spécifiques. Le renforcement musculaire doit être princi­ palement fait sur les muscles érecteurs du rachis. Dans les cas les plus graves, il sera mis en place un traitement orthopédique avec la réalisation d’un corset pour réduire les déformations (cyphoses ou lordoses) et calmer les douleurs. Si celles-ci ont complètement disparu et que les signes radiologiques sont stabilisés depuis au moins trois mois, on autorisera la reprise progressive du sport. En général, cette maladie de croissance guérit chez un garçon entre 16 et 18 ans, en laissant des séquelles radiologiques visibles, mais rarement douloureuses. Néanmoins, des cas d’arthrose précoce et/ou de douleurs chroniques sont signalés. L’arrêt de la maladie est surtout lié à la fin de la puberté et à la maturation complète du rachis. ✱ SKI SANTÉ

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PLEIN LE DOS DU SKI !

QUEL BILAN ?


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MISE AU POINT

LE POUCE DU SKIEUR

À ski, si vous tombez les doigts ouverts dans la poudreuse, vous risquez une belle entorse du pouce. Prudence ! En cas de rupture complète du ligament, une intervention chirurgicale peut se révéler indispensable ! PAR LE DOCTEUR STÉPHANE CASCUA, MÉDECIN DU SPORT

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A

PAS DE MOUVEMENT ANORMAL, ÇA RASSURE !

En cas d’entorse bénigne, la douleur initiale peut être importante mais elle diminue rapidement. Quelques heures plus tard, la base de votre pouce est un peu gonflée car des globules blancs sont venus nettoyer la lésion : c’est l’inflammation. Le médecin de station vous fait mal quand il appuie en bas de votre pouce, à la face interne, du côté de l’index. Quand il l’écarte dans le sens du traumatisme, vous SKI SANTÉ

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ÇA GLISSE !

u moment où votre pouce se plante dans la neige, il s’écarte de la main. Le ligament, la cordelette fibreuse qui le relie à la paume, s’abîme. Quand il est juste irrité mais de longueur conservée, c’est une entorse bénigne. Lorsqu’il est légèrement distendu, c’est une entorse moyenne. S’il est totalement déchiré, c’est une entorse grave !


OPÉRATION OU IMMOBILISATION ? souffrez, mais le mouvement est d’amplitude normale, comparable à celle obtenue du côté opposé. À la fin du geste, il sent un blocage net : le ligament est tendu et solide ! Dans ce contexte, un petit strapping peut suffire. Pour réentraîner les muscles qui verrouillent et protègent cette articulation, faites un peu d’autorééducation en serrant une balle en mousse dans la main.

ÇA BLOQUE, CE N’EST PAS GRAVE ! Si votre ligament est distendu, quelques petits vaisseaux sanguins ont été lésés. Un peu de sang remplit l’articulation et coule sous la peau. La base de votre pouce est gonflée et entourée de traînées bleues appelées « ecchymoses ». Lorsque votre médecin du sport mobilise votre articulation, il constate qu’elle bouge plus que du côté opposé. Néanmoins, il sent un blocage franc en fin de mouvement. Le ligament est plus long mais toujours continu ! Dans ces circonstances, une attelle Velcro® ou en résine est indiquée pendant environ 4 semaines. Ce petit gantelet prend la base du pouce mais libère la dernière phalange, tous les autres doigts et le poignet. Ainsi équipés, les plus acharnés pourront reprendre les pistes et finir leur semaine de sports d’hiver !

ÇA GLISSE, C’EST GRAVE ! En cas d’entorse grave, le ligament est rompu, les vaisseaux sanguins qui le traversent sont déchirés ! Le saignement est abondant, le pouce est très gros et souvent largement bleuté. La souffrance initiale est intense mais elle peut régresser rapidement. L’explication usuelle est simple : le ligament coupé ne subit plus aucune tension, les récepteurs à la douleur ne sont plus stimulés lors des mouvements ! En revanche, quand votre médecin palpe votre pouce, vous avez mal tout autour de l’articulation. Le traumatisme a été si violent que l’ensemble du sac articulaire est souvent déchiqueté. De surcroît, l’articulation est venue s’impacter du côté opposé à la lésion ligamentaire. Quand le docteur teste la laxité de votre articulation, il constate que le mouvement est ample et facile. Il ne sent aucun blocage, l’articulation semble glisser ! Mais, en pratique, pour faire la différence entre une entorse moyenne ou grave, une radiographie est vivement conseillée !

POUR FAIRE LA DIFFÉRENCE ENTRE UNE ENTORSE MOYENNE OU GRAVE, UNE RADIOGRAPHIE EST VIVEMENT CONSEILLÉE !

Si les deux moignons du ligament sont au contact l’un de l’autre, le sang va constituer une croûte qui assurera la jonction. Peu à peu, elle se transformera en tissu fibreux puis en ligament. Pour obtenir cette cicatrisation, une immobilisation stricte est nécessaire pendant 4 à 6 semaines. Après ablation, une rééducation est indispensable pour « mécaniser » votre ligament et aligner les fibres dans l’axe des contraintes. C’est ainsi que votre articulation redeviendra solide et souple. Si la bandelette de l’adducteur s’est interposée, le chirurgien la remet à sa place et suture proprement votre ligament. Même après l’intervention, un petit gantelet se justifie pendant 4 semaines. Durant cette période, la nature a le temps de rétablir une véritable continuité tissulaire. Là encore, vous ne couperez pas à un peu de kinésithérapie pour retrouver force et mobilité.

PHOTOS DE VACANCES ! Une simple radiographie apporte déjà pas mal d’informations. On constate parfois la présence d’une petite fracture. Il s’agit en fait de l’arrachement du point d’accrochage du ligament ; c’est l’équivalent d’une entorse grave. En l’absence de fragments osseux, il est possible de faire des « clichés dynamiques ». Comme au cours de l’examen initial, le radiologue écarte votre pouce. Si l’amplitude du mouvement dépasse de 30° celle obtenue du côté sain, votre ligament est totalement rompu, c’est une entorse grave !

ÇA GLISSE ENCORE, ÇA SE COMPLIQUE ! L’articulation située à la base du pouce est atypique ! Quand ce doigt s’écarte, il emmène son ligament mais aussi le tendon du muscle chargé de le ramener dans l’axe, l’ « adducteur du pouce ». Si le ligament se déchire, cette « bande­ lette de l’adducteur » vient se glisser entre les deux portions sectionnées. La remise en contact n’a pas lieu, la cicatrisation est impossible ! Pour briller dans les dîners en ville, sachez que cette complication est appelée « effet STENER » du nom du médecin qui l’a décrite. Elle survient dans les deux tiers des entorses graves du pouce. (dessin) Les séquelles sont invalidantes. La face interne du pouce ne peut plus jouer son rôle de hauban. La « prise de force », consistant à saisir un manche épais, et la « prise fine », destinée à l’écriture, deviennent instables ! L’échographie et l’IRM analysent bien les tissus mous. L’une et l’autre sont adaptées pour rechercher l’incarcération du tendon de l’adducteur et justifier l’opération ! ✱

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PATHOLOGIE

PATHOLOGIES DU S © ASICS

ET PRISE EN CHARGE KIN 46

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Skier comporte des risques en relation avec le milieu changeant, le matériel et la pratique saisonnière. Malgré le soin que l’on peut apporter lors de la préparation, que l’on soit néophyte ou professionnel, des accidents surviennent régulièrement. Se reposer sur des professionnels pour traiter les différentes pathologies et reprendre en toute sécurité est indispensable. Comprendre les pathologies, leurs mécanismes et les moyens de traitement permet de mieux se préparer et s’orienter. PAR BERNARD BONTHOUX, KINÉ FÉDÉRAL ET OSTÉOPATHE – FÉDÉRATION FRANÇAISE DE SKI

A

vant de traiter des blessures en ski, de leur prévention et des interventions du kiné ou de l’ostéo, il est important de préciser que l’utilisation de matériel adapté à sa pratique et son niveau sera un préliminaire indispensable. Pour cela, il faut se rapprocher des professionnels loueurs ou moniteurs. N’oubliez pas que la fréquence des traumatismes varie en fonction du moment de la journée avec 2 pics : l’un en début de journée par manque d’échauffement ou en raison de la qualité de la neige (dure) et l’un en fin d’après-midi avec la fatigue accumulée et la dégradation de la neige ainsi que les différences importantes entre les zones ensoleillées et celles à l’ombre.

SKIEUR

NÉ/OSTÉO

LES PRINCIPALES PATHOLOGIES DU SKI ➧ Rachis : Type de pathologie : les douleurs du rachis exposent plus particulièrement les jeunes en phase de croissance. Elles se situent le plus souvent au niveau de la charnière ­dorso-lombaire par excès de contrainte (mauvaise préparation, matériel non adapté, surcharge d’entraînement, etc.). On retrouve des lombalgies d’origine discale, des algies radiculaires ou des pathologies traumatiques. Prévention : prévenir de tels risques passe obligatoirement par un bilan ostéopathique et kinésithérapique (voir article 1) afin de détecter un défaut de posture, une musculature excessive ou des raideurs des chaînes musculaires postérieures. Le problème de surcharge se situe préférentiellement au niveau de la zone transitionnelle entre une partie mobile (dorsale) et une partie « non mobile » en rotation (selon Maigne). Traitement : l’association de plusieurs techniques sont à conseiller : - Traiter les dérangements intervertébraux (rôle de l’ostéopathe) grâce à des techniques de sédation rapide par manipulation vertébrale (B. Morel), - Décontracter, assouplir (rôle du kiné), voire immobiliser par des ceintures conseillées par votre thérapeute, - Auto-étirements, proprioception. ➧ Membres supérieurs : épaule et poignet Type de pathologie : les pathologies des membres supérieurs se situent surtout au niveau de l’épaule (scapulo-humérale) ou du complexe mains-poignet. La principale pathologie, après l’entorse du genou, est l’entorse du pouce. Conséquence d’une chute mains ouvertes, pouce en abduction et légère opposition. Concernant l’épaule, les lésions de la coiffe des rotateurs (24 %) et les luxations gléno-humérales antérieures

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(22 %) ou acromio-claviculaires (20 %) surviennent préférentiel­ lement chez les snowboardeurs ou les débutants. Prévention : pour l’entorse du pouce, aucune prévention active n’est possible ; on peut toutefois modifier la prise du bâton et privilégier une prise en joystick. Pour les traumatismes de l’épaule, un renforcement des muscles stabilisateurs de l’épaule, et plus particulièrement des rotateurs, devra s’effectuer grâce aux élastiques, swiss ball ou autres accessoires. Traitement : l’entorse du pouce simple ou la fracture non déplacée (laxité inférieure à 35 °) se traitera orthopédiquement par la mise en place d’un gantelet. Dans un second temps, le kiné mobilisera votre articulation et vous demandera des exercices guidés afin d’éviter les adhérences entre l’aponévrose et le ligament lésé. Dans le cas d’entorse grave, l’option chirurgicale sera privilégiée. Souvent, sur ce type de lésion, les pièces osseuses, ligamentaires et musculaires sus-jacentes subissent des lésions sous forme de blocage (pour les articulations), sous forme de distension (ligamentaires) ou musculaire (contractures, tensions). L’ostéopathe vérifiera, par exemple, l’ascension du cubitus, ou de la scapulo-humérale, les tensions des muscles extenseurs du poignet ou du pouce. Pour l’épaule, qui est une articulation très complexe car maintenue uniquement par le système musculo-squelettique, les lésions de type 1 ou 2 seront traitées par immobilisation et prise en charge kinésithérapique précoce. Les axes de travail du kiné seront de maintenir la mobilité et renforcer les muscles péri-articulaires. L’ostéopathe vous permettra de retrouver un équilibre musculaire et une mobilité articulaire sur les segments annexes comme les cervicales.

Dans tous les cas, l’autorééducation avec des exercices proposés par votre kiné accélérera le retour au ski. ➧ Membres inférieurs : Les blessures du membre inférieur correspondent pour plus de 50 % à des accidents de ski, et se répartissent sur le genou pour 38 %, et le reste au niveau de la cheville ou des autres articulations. Type de pathologie : les ruptures des ligaments du genou (principalement le ligament croisé antérieur mais aussi le croisé postérieur ou les ligaments latéraux) sont regroupées sous la bannière d’entorses du genou. Ne cherchez pas des chutes importantes ; parfois, une simple flexion complète en attendant le télésiège ou une rotation perturbée déclenche ces ruptures. Le skieur ressent un craquement puis une sensation de genou qui lâche avec un œdème apparaissent rapidement. Prévention : elle se fait en amont de la saison mais aussi chaque matin de ski en commençant par des exercices sur le télésiège puis des virages simples sur piste facile. Traitement : dans le traitement d’une entorse de genou, de cheville (hormis si l’on doit passer directement par la chirurgie), la prise en charge doit être immédiate par le kiné (sur prescription médicale) afin de limiter l’œdème et faire baisser la douleur induite. Il utilisera plusieurs méthodes comme le drainage, la mobilisation douce et pourra s’aider du laser, des appareils de compression, des bandes de tape, etc. Dans les phases suivantes, il vous guidera sur des exercices pour gagner de la mobilité, de la force et de la proprioception afin de retrouver une articulation parfaitement opérationnelle. Il peut là aussi s’appuyer sur l’électrostimulation (de type Compex) et toute une panoplie d’accessoires : trampolines, plateaux de SKI SANTÉ

© NELLY MOENNE-LOCCOZ/FFS, ENOVIS FRANCE

Ne pas hésiter à faire quelques mouvements d’échauffement et d’étirement avant de chausser les skis pour mieux préparer son corps et réveiller les muscles.


DANS TOUS LES CAS, L’AUTORÉÉDUCATION AVEC DES EXERCICES PROPOSÉS PAR VOTRE KINÉ ACCÉLÉRERA LE RETOUR AU SKI.

force… Enfin, la phase appelée « réathlétisation » pourra se faire chez le kiné ou un préparateur physique, elle vous permettra de reprendre le ski dans des conditions de sécurité maximale. Avant la reprise sur neige, n’oubliez pas une petite visite chez l’ostéopathe car les blessures de ce type entraînent presque tout le temps des compensations qu’il est bon de corriger. Ces dernières se situent surtout sur les chaînes montantes à savoir la hanche, le bassin et tout le rachis. ➧ Pathologies musculaires : On les retrouve principalement lors de la pratique du ski de fond. Elles concernent pour une grande majorité les membres inférieurs ou les paravertébraux au niveau du rachis lombaire (sur un « pas de recul » en style classique). Mais de plus en plus apparaissent des pathologies inflammatoires (tendinopathie d’Achille, patellaire, du coude) lors de la préparation estivale, même pour les skieurs amateurs. Que faire dès les premiers symptômes ? Consulter un médecin pour poser le diagnostic puis se diriger chez l’ostéopathe afin de revoir l’équilibre général du corps, puis chez le kiné afin de traiter l’inflammation et construire une reprise progressive. En fonction de la zone, une visite chez un podologue vous permettra de maintenir un schéma corporel équilibré et d’éviter les récidives. ➧ Les commotions cérébrales : Le port du casque a-t-il modifié la pratique du skieur ? Sûre­ment, mais cela n’explique pas l’augmentation des commotions cérébrales (plus de 4 % des accidents sur piste) lors des collisions. Les pistes dont la qualité ne cesse de s’améliorer sont propices à la vitesse.

Liens : • https://loisir.ffs.fr • https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000031127778/ • https://www.osteopathie.org/ • https://www.youtube.com/watch?v=DBNakjiuQXg&t=16s • https://www.sports.gouv.fr

La commotion est provoquée par des mouvements de décélération projetant le cerveau contre la paroi osseuse. Elle peut entraîner de multiples problèmes comme des vertiges, des troubles de l’équilibre… qui doivent être diagnostiqués. Ces symptômes demandent du repos complet (au moins 48 h). La reprise se fera graduellement en restant sous le seuil de fatigue. Si les symptômes persistent, une rééducation spécifique de thérapie visuelle, cognitive et vestibulaire sera engagée. L’ostéopathe pourra intervenir, sous contrôle du médecin, pour vérifier la zone cervicale. ➧ Cas particulier, le sport santé : Il se développe de plus en plus ; suivant les directives ministé­ rielles, le label Sport-Santé s’articule autour de 4 axes : - La promotion de la santé et du bien-être par l’activité physique et sportive ; - Le développement et le recours à l’activité physique adaptée à visée thérapeutique ; - La protection de la santé des sportifs et le renforcement de la sécurité des pratiquants ; -L e renforcement et la diffusion des connaissances. Suivant cet axe, la Fédération Française de Ski travaille depuis plus de 10 ans pour offrir aux pratiquants des activités adaptées en relation avec leurs pathologies (principalement cancer, diabète, pathologies cardio-vasculaires) en ALD (affection de longue durée). Ces activités sont encadrées par des profession­ nels formés, les coachs Ski- Forme. Sur prescription médicale, souvent à la suite de la prise en charge kinésithérapique, vous pourrez accéder à ces activités physiques dirigées.

CONCLUSION La prise en charge des pathologies du skieur par des thérapeutes (kinésithérapeutes ou ostéopathes) est une combinaison de techniques propres à chacune des professions mais complé­ mentaires. Se rééduquer puis se réadapter après un traumatisme passe obligatoirement par un avis médical qui vous orientera sur les choix thérapeutiques. Une chose est sûre : ne négligez pas les conseils que vous prodiguent ces professionnels. Dans tous les cas, pratiquer un sport et en particulier le ski vous permettra de vous maintenir en forme. ✱

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FOCUS

LA LYSE ISTHMIQUE : FRACTURE DE FATIGUE

PAR LE DOCTEUR ISABELLE CATALA, MÉDECIN FÉDÉRAL NATIONAL, AVEC LE DR SARAH DU ROUCHET, MÉDECIN DU SPORT AUX HOPITAUX DU LÉMAN ET DR STEPHANE BULLE, MÉDECIN DES ÉQUIPES DE FRANCE DE SKI.

QUELS SONT LES MÉCANISMES EN CAUSE ? La lyse isthmique (ou spondylolyse) désigne une fracture de stress des isthmes vertébraux. Elle correspond généralement au stade initial du spondylolisthésis (ou spondyloptose) : déplacement d’une vertèbre sur la vertèbre sous-jacente, vers l’avant le plus souvent, et plus rarement vers l’arrière. Elle touche dans la très grande majorité des cas L5 et moins fréquemment L4. La lyse isthmique est le plus souvent secondaire aux microtraumatismes répétés sur les pédicules vertébraux, liés à l’acquisition de la marche et à la verticalisation, favorisés par la pratique de certains sports : saut, ski, basketball, volley-ball, tennis, handball, golf, gymnastique, danse, patinage, sports de combat… On décrit aussi une lyse isthmique « primaire » ou « anatomique », qui n’est pas en lien avec une activité sportive. Il s’agit généralement d’une pathologie familiale caractérisée par une hypoplasie osseuse des isthmes.

QUEL BILAN ? Il est important de poser rapidement le diagnostic de lyse isthmique afin d’éviter l’évolution vers un spondylolisthésis. Il faut évoquer ce diagnostic chez tout enfant qui présente des 50

douleurs du dos chroniques et/ou répétées. Il convient d’examiner de façon systématique le dos des enfants, cette pathologie pouvant être paucisymptomatique. Ce sont l’interrogatoire et l’examen clinique qui orientent vers le diagnostic ; celui-ci sera ensuite confirmé par l’imagerie. L’examen clinique est centré sur la douleur déclenchée à la palpation et en hyperextension rachidienne, qui est basse, lombaire ou lombo-sacrée, et qui survient le plus souvent chez un enfant présentant une hyperlordose, volontiers associée à une mauvaise posture du bassin, avec une antéversion pelvienne, dont témoigne la position trop en avant des crêtes iliaques. Le bilan paraclinique peut reposer sur une radiographie du dos dans les cas suspects, en favorisant les examens radiologiques du type EOS qui permettent de visualiser tout le rachis au prix d’une faible irradiation. En cas de forte suspicion de lyse isthmique, le scanner met en évidence la fracture isthmique et précise son caractère uni- ou bilatéral. On peut lui associer une IRM lombaire qui visualise les structures ligamentaires, musculo-tendineuses et discales adjacentes et surtout la présence d’un œdème osseux plus ou moins systématisé, évocateur de fracture pédiculaire, lié aux microtraumatismes. Cet examen permet également d’évaluer la date d’apparition de la lyse isthmique.

QUEL TRAITEMENT ? Chez les non-sportifs, le corset n’est pas impératif, mais une rééducation est mise en place pour renforcer la musculature et corriger les erreurs posturales. Il n’en va pas ainsi pour les jeunes athlètes, qui doivent cesser leur activité sportive et porter un corset rigide (2 mois H 24 puis un mois en journée). Le corset est aussi indiqué lorsqu’il existe une lyse isthmique bilatérale de stade 1 (glissement de moins de 25 % de la vertèbre) en raison du risque d’aggravation du glissement vertébral vers l’avant et de compression médullaire. Une indication chirurgicale peut être posée en cas d’échec du traitement médical, lorsque la vertèbre est structurellement abîmée ou en cas de listhésis sur plus de la moitié de la vertèbre inférieure. ✱ SKI SANTÉ

© SHUTTERSTOCK.COM

La lyse isthmique - qui n’est pas une ostéochondrite de croissance, mais qui est à l’origine de douleurs ostéo-articulaires de l’adolescent - correspond à la fracture de fatigue d’une vertèbre (fracture secondaire à des contraintes répétées de faible intensité). La lyse isthmique apparaît généralement dans l’enfance, parfois dès l’âge de 6 ans. Elle touche globalement de 5 à 7 % de la population, chiffre probablement sous-estimé, l’atteinte étant souvent asymptomatique. Mais elle est nettement plus fréquente chez le skieur, avec une prévalence qui peut atteindre de 20 à 30 %, en fonction du type de pratique sportive et de son intensité. Elle survient deux fois plus souvent chez le garçon que chez la fille.


OISANS TOURISME 11/2023 • Crédits photo : Urope

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