Ecran total - classement annuel 2020 des producteurs de Fiction

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Télévision

La crise vue par le SPI H

Simon Arnal (Haut et Court TV), Caroline Adrian (Delante Productions), Nora Mehlhi (Alef One Productions), François Bertrand (CLPB Médias), Augustin Bernard (Black Sheep Films), membres du comité directeur du Syndicat des producteurs indépendants (SPI), ainsi qu’Olivier Zegna Rata et Emmanuelle Mauger, respectivement délégué général et déléguée générale adjointe du SPI, analysent les conséquences du Covid-19 sur la filière et se projettent sur les chantiers à venir.

vous digitaux ne remplacent pas un réel rendez-vous – quand on n’a pas le choix c’est mieux que rien, mais c’est une perte de valeur… De plus, les déplacements à l’étranger sont toujours impossibles, que ce soit pour les festivals ou les tournages, car le calendrier sanitaire est trop incertain et de nombreux pays ferment leurs frontières ou imposent des quatorzaines.

Relocalisé à Paris, le Festival de la fiction va se dérouler cette année dans des conditions particulières. Qu’en attendez-vous ? Simon Arnal : La tenue de cette

confinement, tous les tournages ont importantes mesures prises que le été arrêtés, décalés. Nous avons pu gouvernement ait prises sont, sans reprendre tous ceux qui devaient être conteste, le recours possible au chôtournés en France, grâce à l’applicamage partiel, y compris pour les intion des mesures sanitaires précotermittents, et les reports de charges nisées par nos CCHSCT, mais aussi pour les sociétés. L’instauration du grâce au fonds d’indemnisation mis prêt garanti par l’Etat et l’accompaen place par le CNC qui a permis aux gnement du CNC dans le traitement producteurs de relancer les tournages des dossiers dématérialisés ont été de manière plus confiante, en écartrès importants. Aujourd’hui, ce qu’il tant l’épée de Damoclès “Covid19”, faut mettre en place, c’est un fonds bien que les assureurs aient fait faux de solidarité pour ceux qui n’auront bond. Pour les productions, concrètepas pu produire d’œuvres en 2020, ment, nous nous ainsi qu’une mesommes adapsure d’élargisse« Il faut mettre en place tés, nous avons ment des crédits un fonds de solidarité pour développé le téd’impôts audioceux qui n’auront pas pu létravail lorsqu’il visuels afin de était possible. produire d’œuvres en 2020, c o m p e n s e r l e Nous validons plus possible les ainsi qu’un élargissement des montages à surcoûts Covid. des crédits d’impôts. » distance, nous Pour 2021, un Caroline Adrian avons beaucoup bonus de soudéveloppé et fait tien pour tous travailler les auteurs. Aujourd’hui, les projets tournés à l’international, avec la reprise intense des tournages, et surtout la suspension de l’obliganous sommes confrontés, en France, tion de générer un seuil minimal de à un embouteillage de l’accès au masoutien pour conserver un compte tériel mais aussi aux comédiens. Nous automatique, nous semble indispenconstatons qu’il y a eu très peu de sable. Le durcissement de l’accès au problèmes d’arrêts de tournage pour fonds de soutien mis en place par le

édition exceptionnelle “en présentiel” est très attendue et tout à fait importante pour le secteur de la fiction après ces longs mois sans rencontres. Les marchés et festivals sont des lieux d’inspiration et de partage artistique autant que de relations d’affaires pour les professionnels. Ils sont essentiels au fonctionnement de la filière. L’arrêt des marchés et des festivals en présentiel est une catastrophe en termes économiques, car la dimension humaine des relations dans notre secteur est centrale. Bien sûr, les festivals ont fait de leur mieux pour s’adapter à la situation en développant très rapidement des éditions numériques. Elles ne permettent pas cependant de développer des liens de confiance avec les acheteurs et les différents partenaires des producteurs. Tous les producteurs ont un réseau personnel d’acheteurs, coproducteurs, agents, mais les marchés servent à consolider les liens et aussi à en créer de nouveaux. Les rendez-

Caroline Adrian.

Plus globalement, quel est l’impact de la crise liée au Covid-19 sur la fiction ? Doit-on craindre des conséquences à plus long terme ? S o p h i e D e l o c h e : Durant le

Simon Arnal.

cause de Covid déclaré, et nous nous en réjouissons. Cela permet à toute la filière de reprendre pleinement ses activités. C’était indispensable pour la création comme pour les chaînes qui ont besoin d’être alimentées en œuvres ; mais les producteurs font de gros efforts en trésorerie. Les ventes à l’international se sont faites tant bien que mal, car l’absence de travail en présentiel a souvent ralenti les processus de décision. Les mesures de soutien prises par le gouvernement vous semblent suffisantes ? Caroline Adrian : Les deux plus

Augustin Bernard.

CNC avant la crise doit impérativement être revu. Sans cela, tous les calendriers ayant été décalés, ce seraient les plus fragiles qui seraient les plus pénalisés. Il paraît indispensable aussi de réarmer le service public au-delà des 70 M€ annoncés, qui vont à peine suffire à prendre en charge les JO, la prolongation de France 4 et le manque à gagner de la baisse des recettes publicitaires. Une mesure de bon sens serait de suspendre en 2021 la baisse programmée des dotations publiques de France Télévisions et d’Arte pour leur permettre d’investir plus dans la production. Enfin, il devient primordial de réformer la contribution à l’audiovisuel public pour en faire une taxe juste selon le revenu fiscal de référence des Français, qui soit déconnectée de la détention d’un téléviseur ! Cela n’a plus de sens. Quelles difficultés rencontrezvous concrètement aujourd’hui ? Comment les surcoûts sont-ils compensés ? Augustin Bernard : C’est l’ab-

sence de visibilité sur la réalité de l’activité en 2021 et l’absence de partenariats qui en découlent qui sont le vrai problème. Nous devons anticiper les difficultés à venir, liées à une baisse déjà constatée du nombre de contrats signés pour 2021, que ce soit en France ou à l’étranger. Nous attendons depuis plusieurs mois les mesures de relance. Il ne faut pas oublier que la maturation d’une œuvre prend plusieurs années. De l’écriture à la postproduction, entre trois et cinq ans peuvent s’écouler. Nous devons constamment anticiper et donc avoir les moyens de le faire. Quels sont selon vous les principaux sujets concernant

François Bertrand.

16 septembre 2020 / Écran total  n°1296

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