ELLE Belgique - Magazine FR - Mars 2022

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portrait

Texte et photo Ringo Gomez-Jorge

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Chaque génération a ses figures rebelles qui font bouger les lignes du paysage urbain. Qui sont-elles aujourd’hui ? Rencontre avec Liezl Vervloet (23 ans), dont les tenues sont une ode à la mode des nineties que ne renieraient pas Gaultier et Galliano.

aime les couleurs vives, les textures bizarres et les imprimés (animaliers). L’une des pièces auxquelles je tiens le plus est un top Jean Paul Gaultier de la collection SS1996 sur lequel est écrit “Safe Sex Forever”. Vous ne trouverez pas de basiques dans ma garde-robe, je n’achète que des pièces qui attirent mon attention. C’est donc tout bonnement impossible pour moi de porter un T-shirt blanc sous mes tenues (rires). Par ailleurs, je n’achète que des vêtements d’occasion. La dernière fois que j’ai mis les pieds dans une chaîne de magasins, c’était il y a sept ans. Je crois fermement à la seconde vie des vêtements et m’oppose au fonctionnement actuel de la fast fashion. Autant de collections par an, fabriquées dans les pays en développement ? Ça me dépasse totalement. » « La plupart du temps, j’achète des pièces vintage de créateurs et créatrices des années 90 et du début des années 2000. Je m’intéresse tout particulièrement à certaines périodes, comme l’ère John Galliano chez Dior. Comme j’achète beaucoup, j’ai fondé Pomchili, une boutique en ligne dédiée au vintage. Il n’y a aucune différence entre ce que j’achète pour moi-même et pour Pomchili. Le vintage, c’est ma vie. Je consulte tous les jours depuis six ans un tas d’applications et de sites de vêtements de seconde main. »

« Les pièces que je préfère ont fait sensation dans les années 90. À l’époque, il y avait un fossé entre le monde excentrique de la mode et l’homme ou la femme lambda. Par exemple, au Japon, quand les fans inconditionnels de Vivienne Westwood mettaient le nez dehors, les passants étaient stupéfiés. Je suis moi-même souvent scrutée de haut en bas. À l’étranger, les réactions sont plus positives. Pendant des vacances à New York, j’ai reçu tellement de compliments que c’est devenu trop pour moi. Les Belges n’osent pas faire ça. Cette réserve signifie aussi qu’ils hésitent davantage à porter des tenues extravagantes. » « Devant mes vêtements, les gens ont toujours été bouche bée. À l’école primaire, j’étais la seule fille qui venait en ballerines, chaussettes hautes et manteau de fourrure. Cette façon enfantine de composer mes tenues ne m’a jamais quittée. À cause de mes vêtements excentriques, j’ai été victime de harcèlement à l’école secondaire. Quand j’arrivais, on m’accueillait avec une remarque du genre “c’est quoi ces chaussures ?” En cinquième année, j’ai changé d’établissement pour intégrer une école d’art. Avant de partir, j’ai rompu avec mes amis. Je leur ai fait comprendre que je ne les aimais plus. Aux beaux-arts, on ne se moquait pas de moi, car il y avait plus d’élèves excentriques. » « Pendant un temps, j’ai fait partie d’un mouvement de jeunesse, et là aussi j’étais la risée de tou·te·s parce que je remontais mes chaussettes jusqu’aux genoux. Je ne comprenais pas. Pourquoi les chaussettes hautes sont-elles plus drôles que les courtes ? Parfois, je ne parviens tout simplement pas à saisir les codes qui sont associés aux vêtements. Je ne m’habille pas pour être rebelle, mais je porte ce que je veux et je ne suis pas les tendances. Une tendance, c’est quoi, en fait ? Des influenceuses qui portent une paire de bottes sur une photo afin qu’elle soit reprise par les médias, puis remettent leurs baskets après le shooting (rires) ? » Pomchi.li

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