ELLE Belgique - Magazine FR - Février 2022

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BELGIQUE

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ELLE BELGIQUE N° 216 • FEVRIER 2022 • LE NUMÉRO BUSINESS

BELGIQUE - FEVRIER 2022 MENSUEL 5,90 €

SUPER JOB

PRÉDICTION DE TENDANCES : ANALYSE OU BOULE DE CRISTAL ?

PEGGY GOU

DJ ET FASHION GOUROU

ON COPIE

LES REINES DE LA LOGISTIQUE EN BELGIQUE

INTERVIEWS

LILY COLLINS LENA SIMONNE MARINA BAUTIER

NUMÉRO

BUSINESS

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WHO’S THE BOSS ?

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édito

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édito

OUT OF OFFICE Faut-il absolument se mettre la pression ? C’est la question qui m’a poursuivie pendant les vacances. J’avais décidé d’expérimenter deux semaines en solo à San Francisco. Un concept de coliving et de workation. Il faut quelques anglicismes pour exciter les trentenaires qui cherchent à socialiser tout en continuant à bosser. C’était moi, ça. Un vrai projet d’émancipation : partir seule (mais pas trop), découvrir du pays (sans se forcer) et travailler (sans abuser). Mais pourquoi fallait-il travailler ? Au fond, ne pouvais-je pas simplement déambuler dans les boutiques de l’Union Square en admirant le sapin de Noël-palmier sans me soucier de devoir bosser ? Pourquoi devrais-je toujours intégrer cette variable dans l’équation ? Parce que je me mets la pression. J’ai un job de rêve, des collègues en or, je vis de ma passion : tout ne peut pas être si rose, non ? Alors je m’invente que si tous mes mails ne sont pas traités dans la journée, le monde va s’écrouler. Mais tout le monde s’en fout, ce sont les congés. Il était temps, simplement, de réorganiser ma façon de penser. Dans ce numéro, on croise des femmes qui ont dû trancher. Une avocate qui a tout plaqué pour créer des cartables, une infirmière qui a lancé un coffee bar, des cheffes d’entreprise qui ont révolutionné leur secteur en trouvant de nouvelles solutions logistiques, générant des chiffres d’affaires de plusieurs millions au passage. Des femmes au foyer. Des employées. Des artistes. Célèbres et moins célèbres. Qu’ont-elles en commun ? À un moment donné, elles ont toutes dû lever le pied. J’ai fermé mon ordinateur. J’ai exploré la ville toute la journée. Après une semaine, j’avais coché toutes les cases de mon Routard. Je suis rentrée. San Francisco, le fiasco ? Pas quand on peut enfin s’accorder une semaine de repos. Savourez ce numéro !

Marie Guérin marie_elle_be 8 ELLE magazine

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sommaire

sommaire

GREG WILLIAMS, JUSTIN PAQUAY, SHARI RUZZI, PRESSE

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MODE 14 Front row. Workaholic, c'est chic. 50 Notre enquête: le business des prédictions de tendances. 75 Peggy Gou : fashion gourou. 82 Fashion shoot : jeans et laine. Comment aborder la transition de mi-saison ?

REPORTAGE 18

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La productrice d'« Emily in Paris », Lily Collins: « J'ai toujours aimé l'idée d'être un caméléon. » Portrait de Lena Simonne. Mannequin, égérie, femme engagée. Comment trouver son âme soeur au travail ? Nouveaux virages. Certains changements de carrière demandent du courage. Bold Woman Award. Ce sont les reines de la logistique en Belgique. Psycho rigolo. On multiplie nos potentiels ! Vieillir quand on est LGBTQi+ : l'étouffante solitude Mon métier, c'est femme au foyer.

BEAUTY

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89 ELLE BEAUTY AWARDS 2022. Quels sont les meilleurs produits de beauté ? 94 Chanel dévoile N°1, sa nouvelle approche de la beauté. 96 Focus : que faut-il savoir en février ?

LIFESTYLE 102 Dans l'univers chaleureux de la designer Marina Bautier : « Je suis mon intuition, et je crois en ce que j’aime. » 120 C'est mon histoire : « Son infidélité m'a sauvée de son emprise. »

EN COVER Peggy Gou porte un sac banane MontBlanc, un ensemble Off White et une chemise Jacquemus. Photographe : Kim Hyungsik Stylisme : Lorena Maza Coiffure : Tobias Sagner Make-up : Park Nina Retouches : Shin.J

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RÉDACTRICE EN CHEF ELLE.BE

RÉDACTRICE EN CHEF

Marie-Noëlle Vekemans, mnv@elle.be @maryvekemans

Marie Guérin, Marie.Guerin@elle.be @marie_elle_be

DIRECTRICE ARTISTIQUE

COORDINATRICE ELLE.BE

Iris Rombouts, iro@elle.be @imageboulevard

Jessica Fine, jfi@editionventures.be

SECRÉTAIRE DE RÉDACTION & ICONO

Rosalie Bartolotti, rba@elle.be

Noemi Dell’Aira, nda@elle.be

GRAPHISTE WEB

@noemidellaira

EDITING

Juliette Debruxelles, jdb@elle.be

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MODE

CEO Bernard de Wasseige @jessicafine1

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PHOTOGRAPHES/VIDÉASTES Justin Paquay, jpa@elle.be

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CREATIVE SALES MANAGERS

CULTURE

Grégory Escouflaire, ges@elle.be

GRAPHISTES

Leen Hendrickx, lhe@elle.be @l1hendrickx Florence Collard, fco@elle.be @florencecollard

TRAITEMENT DE L’IMAGE Walter Vleugels, wvl@elle.be

@walt_wings

PHOTOGRAPHIE

Justin Paquay, jpa@elle.be

CORRECTEUR Geoffrey Favier

Philippe De Jonghe, pdj@editionventures.be Johanna Webb, jwe@editionventures.be Kelly Gielis, kgi@editionventures.be Alexia Neefs, alexia.neefs@editionventures.be Valérie Decallonne, vdc@editionventures.be Nathalie Fisse, nfi@editionventures.be Elodie Andriveau; ean@editionventures.be

PRINT PRODUCTION COORDINATOR Amélie Eeckman, aee@editionventures.be

CREATIVE SOLUTIONS LAB

Lore Mosselmans (Campaign manager) lmo@editionventures.be avs@editionventures.be Charlette Louis (Campaign coordinator) charlette@editionventures.be Pauline De Witte (Campaign coordinator) pdw@editionventures.be

MATÉRIEL PUBLICITAIRE

Valérie De Jonghe, vdj@editionventures

TRADUCTION Virginie Dupont feat. talkie-walkie srl

ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO

Juliette Debruxelles, Camille Vernin, Juliette Maes, Alice Herman, Jolien Vanhoof, Barbara De Munnynck, Isabelle Vander Heyde, Maya Toebat, Nathalie Evrard

EDITION VENTURES WOMAN DISTRIBUTION AMP

BEAUTÉ

Responsable : Céline Pécheux, cpe@elle.be

COO Florian de Wasseige fdw@editionventures.be

IMPRIMERIE Quad/Graphics

Back-end developer : Paul Ansay; paul@editionventures.be

SALES DIRECTOR

LIFESTYLE

DIRECTEUR GÉNÉRAL Didier Henet

CEO Bernard de Wasseige

CELLULE WEB

Responsable : Marie Guérin, Marie.Guerin@elle.be Elisabeth Clauss, ecl@elle.be @elisabethclauss Responsable : Marie-Noëlle Vekemans, mnv@elle.be

EDITION VENTURES

EVENT

Noah Falcone fnfa@editionventures.be

PRODUCTION

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Par téléphone +32 (0)2 556 41 40 de 8 h à 16 h 30 / du lundi au vendredi par courrier AMP - viapress.be, Route de Lennik 451, 1070 Bruxelles. Par mail info @ viapress.be

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ELLE® is used under license from the trademark owner, Hachette Filipacchi Presse, a subsidiary of Lagardère SCA.

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CEO - Constance Benque CEO ELLE International Licenses - François Coruzzi SVP/International Director of ELLE - Valeria Bessolo Llopiz Fashion Editor - Charlotte Deffe Beauty & Celebrity Editor - Virginie Dolata Syndication Director - Marion Magis Syndication Coordinator - Sylvia Pelc Copyrights Manager - Séverine Laporte Database Manager - Pascal Iacono Digital & Graphic Design Manager - Marine Le Bris Marketing Director - Morgane Rohée www.elleinternational.com

INTERNATIONAL AD SALES HOUSE : LAGARDÈRE GLOBAL ADVERTISING CEO SVP/International Advertising – Julian Daniel ELLE Belgique est publié 10 fois l’an par Edition Ventures Woman

Business Team Corporation Michel Vanderstocken/Isabelle Matthys

IT-MANAGER Dominique Remy (alpha-chrome)

RÉDACTION ELLE BELGIQUE 431 D CHAUSSÉE DE LOUVAIN, 1380 LASNE - E-MAIL : INFO@ELLE.BE

Ligne info lectrices : Vous avez des questions concernant nos reportages, actions ou concours ? Contactez-nous entre 9 h et 12 h au 02 379 29 90

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Que se passe-t-il lorsque le workwear rencontre la tendance maximaliste de 2022 ? Autant vous le dire, on va s'amuser dans les open spaces ! Volumes maximalistes, tailoring irisé et joggings lamés pour un télétravail enjaillé, notre desk se pare de paillettes, de lignes couture et de couleurs de fêtes. Bon travail, ladies, et faites que cela swing ! C'est pas maintenant que l'on va s'ennuyer.

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ACT N°1

MORLE

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Le volume s’immisce dans toutes les pièces du vestiaire de travail. Épaules ballon, chemises asymétriques, et manches trop longues, l’idée est de réinterpréter nos grands classiques. Quand le trench devient robe de bal, on se dit qu’il est temps de fêter son augmentation. Comment porter tout ça ? La clé, c’est l’équilibre. Une pièce extravagante suffit, portée avec des éléments traditionnels, histoire de créer la surprise.

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MAXIMALISER SON TRAVAIL

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C’est le moment de recycler son look de fin d’année. On pensait ne plus jamais revoir notre jupe plissée irisée ou notre merveilleux costume à paillettes… c’était sans compter sur la magie de cette nouvelle année qui se lance à corps perdu dans l’excentricité. On n’hésite pas à mélanger les styles : un blazer (tailoring) ouvert sur un col roulé blanc et un jean large (streetwear) avec une paire de bottines. Et notre jupe irisée ? Une paire de bottes à talons, une ceinture, une chemise, pour un effet seventies !

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ATTIRER LA LUMIÈRE

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Texte Marie Guérin Photos Greg Williams

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LE CLASH DES PERSONNALITÉS

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Blanche-Neige a beaucoup de caractère ! Dans un salon chic de la SoHo House de Berlin, Lily Collins rayonne. L’actrice britannique de 32 ans que l’on a découverte, certes, dans l’adaptation du conte des frères Grimm, a plusieurs cordes à son arc : actrice, écrivaine et productrice (dans la deuxième saison d’« Emily in Paris », sortie en décembre), elle est également ambassadrice Cartier pour la collection Clash [Un]limited. À l’image des différents rôles qu’elle a pu jouer, cette femme caméléon se dévoile dans sa quête pour toujours se réinventer.

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« POUR QUELQU’UN QUI VEUT FAIRE MIEUX, QUI VEUT UTILISER SA VOIX, AVOIR LE RÔLE QUI ME PERMET D’Y ARRIVER NE FAIT QUE ME DONNER ENVIE DE LE FAIRE DAVANTAGE »

Blouse, Ralph Lauren. Boucles d’oreilles, bracelet et bague Clash Unlimited, Cartier.

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« J’AIME ESSAYER DE NOUVEAUX PERSONNAGES ET LES APPRIVOISER. MAIS J’AVAIS HÂTE DE RETROUVER EMILY CAR JE SENTAIS QU’ELLE M’ATTENDAIT » Pull, Balmain. Boucles d’oreilles et bagues Clash Unlimited, Cartier.

Qu’est-ce que la mode signifie pour vous ? La mode est l’expression de la personnalité de quelqu’un. C’est inspirant, c’est une opportunité de jouer différents types de personnages à chaque fois que je porte quelque chose de différent. Ça permet aussi de faire sourire les gens. Comme vous, vous êtes entrée dans cette pièce avec toutes ces couleurs je me suis dit « OMG ! » Ça m’a fait sourire.

Comment définissez-vous votre style ? Je dirais que j’ai un style classique, j’aime garder des pièces pendant des années que je vais continuer à porter. Mais il évolue aussi. Je vais expérimenter différentes tendances et si ça ne me va pas, tant pis ! Au moins j’essaye de nouvelles choses et je pense que justement, grâce à cette évolution constante, je découvre sans cesse de nouvelles choses sur moi.

Votre rapport à la mode a-t-il changé avec « Emily in Paris » ? Je pense que oui. Jouer Emily m’a encouragée à ne pas avoir peur de mélanger différents imprimés, couleurs et matières. Ne pas avoir peur d’être audacieuse et expressive dans le sens où il ne faut pas atténuer ses couleurs pour qui que ce soit. Surtout après

la pandémie : en préparant la saison deux, c’était choquant de mettre des outfits complets (rires). On avait l’air si flamboyants sur le tournage ! Porter à nouveau des talons était encore plus choquant. Mais c’était plus excitant parce que je ne l’avais pas fait depuis si longtemps. C’était génial de replonger dans l’histoire avec en tête l’idée « Go big or go home ». D’ailleurs, on ressent cette renaissance dans la deuxième saison. Il n’y a pas du tout de mention de la Covid, mais on perçoit que nous sommes sortis plus forts de quelque chose.

Y a-t-il quelque chose d’Emily en vous ? Un sens profond de la passion. L’amour de ce qu’elle fait dans la vie même si elle aime avoir une vie personnelle (comme nous tous !). Emily n’a pas peur d’exprimer sa vulnérabilité et j’admire cela. Rencontrer de nouveaux amis, c’est une femme très humaine, sociable et je suis vraiment comme ça.

Pensez-vous que ce personnage puisse vous coller à la peau ? J’ai fait un film avec mon mari avant la saison deux. J’ai joué un rôle radicalement différent de moi et d’Emily. J’aime essayer de nouveaux personnages et les apprivoiser. Mais j’avais hâte de

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Veste, combinaison et bottes, Alexandre Vauthier. Bracelet et bagues Clash Unlimited, Cartier.

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Robe, Dior. Lunettes de soleil, Celine via Hedi Slimane. Chaussures, John Lobb. Bracelet et bague Clash Unlimited, Cartier.

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« SI EMILY M’INFLUENCE, CE N’EST QUE DE MANIÈRE POSITIVE : ÊTRE PLUS OPTIMISTE, AUDACIEUSE OU EXPRESSIVE »

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Top, jupe et chemise, Prada. Bagues Clash Unlimited, Cartier.

« J’AI TOUJOURS AIMÉ L’IDÉE D’ÊTRE UN CAMÉLÉON »

retrouver Emily, car je sentais qu’elle m’attendait ! Elle me ressemble beaucoup à bien des égards, elle m’inspire à faire et à être aussi très différente. La bonne chose à propos d’Emily, c’est qu’elle n’est pas une tueuse en série ou quelqu’un avec qui je ne veux pas vivre (rires). Si elle m’influence, ce n’est que de manière positive : être plus optimiste, audacieuse ou expressive. Ce sont toutes ces qualités que je souhaite embrasser.

En parlant d’audace, on vous découvre classique et élégante dans la campagne de Cartier… mais avec un peu de spicy. La collection Clash Unlimited est piquante, avec un petit côté punk de luxe. Est-ce que cela vous correspond ? J’ai toujours eu l’idée de plusieurs personnalités en une, parfois très différentes les unes des autres : froid-chaud, punk-classique, c’est ce qui rend les individus intéressants. J’apprécie l’esthétique du mélange d’éléments contrastés. La présentation de la collection ici à Berlin est un bon exemple : dans le Bunker, les espaces en béton sont adoucis par des des œuvres en couleurs. Cette dualité dans une personnalité m’a toujours également attirée. J’essaie de trouver les

différentes idées opposées que j’ai en moi pour créer un ensemble nouveau. Et cette collection, que les hommes et les femmes peuvent porter, a une essence classique, mais en même temps avant-gardiste. Cette combinaison fait de Cartier une maison incroyable.

C’est intéressant que vous parliez d’une personnalité multifacettes… Dans vos films, vous multipliez les registres, dramatique ou comique, biographie ou fiction, blockbuster hollywoodien ou film d’auteur et même… série de télévision. Est-ce que votre parcours reflète chez vous une curiosité, une envie de tout tester ? Que préférez-vous ? J’ai toujours aimé l’idée d’être un caméléon. Même sur des séances photo, par exemple. Chaque fois que je m’habille, mon humeur du jour ou celle du personnage est une véritable opportunité d’explorer différents côtés de moi. Et j’aime également les faire découvrir aux gens. J’aime repousser les limites et essayer de nouvelles choses, être des personnages différents ou même avoir des rôles différents au sein de l’industrie, productrice, réalisatrice, auteure, actrice. Je ne veux pas être une seule chose.

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C’est seulement en poussant les limites du possible que nous découvrons de nouvelles dimensions.


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« LA MODE, ÇA PERMET AUSSI DE FAIRE SOURIRE LES GENS »

Robe, Tom Ford. Bracelet et bagues Clash Unlimited, Cartier.

Parce que vous êtes également productrice avec « Emily in Paris ». Qu’est-ce que cela représente pour vous ? Comment avez-vous abordé cette nouvelle fonction ? C’était très stimulant. J’ai adoré l’orchestration du projet. Être incluse dans une conversation dans laquelle je n’aurais peut-être pas été mêlée avant, dans les coulisses, c’est spécial, encourageant. C’est important pour moi d’avoir l’opportunité de prendre des décisions pour des projets comme « Emily in Paris » ou en général, surtout avec les changements que le monde traverse. Pour quelqu’un qui veut faire mieux, qui veut utiliser sa voix, avoir le rôle qui me permet d’y arriver ne fait que me donner envie de le faire davantage.

Vous vous investissez énormément dans vos films, notamment dans « To the Bone » qui raconte le combat d’une jeune femme contre l’anorexie, maladie dont vous avez également souffert. Est-ce que cela vous a permis de prendre du recul sur votre histoire ? Oui, cela m’a permis de mettre ma propre émotion et mes expériences personnelles dans le rôle, mais aussi de prendre de la distance et de faire les recherches que je n’ai pas faites quand je suis passée par là. C’était l’occasion d’avoir ce recul des années

plus tard, d’en parler à des professionnels en tant qu’actrice, mais aussi en tant que personne profondément curieuse à ce sujet. C’est très important pour moi d’avoir une expérience personnelle qui peut enseigner et créer de l’empathie pour un public, pour des personnes qui ne connaissent pas grand-chose au sujet, lui créer un espace dans le monde du divertissement qui est plus éducatif. Plus je peux m’identifier à un personnage, plus ce personnage sera fiable pour le public.

Comment choisissez-vous vos films et, plus globalement, vos collaborations (avec Cartier par exemple) ? Je me concentre sur ce qui semble juste pour moi. Quand je choisis un rôle, il s’agit de lire le matériel et de voir à quoi je suis sensible, qui est l’équipe créative derrière, car cela deviendra une famille le temps du tournage. Cartier est aussi une famille, ils ont des gens formidables dans tous les départements et vous savez dans quoi vous vous engagez, car l’entreprise, c’est eux. J’ai commencé ma relation avec la marque il y a une dizaine d’années. Je n’aurais jamais pensé que je serais un jour choisie pour être le visage d’une collection. C’est certainement quelque chose dont j’ai toujours rêvé, ça me semblait donc authentique et naturel. En restant fidèle à qui l’on est, parfois les occasions apparaissent sans qu’on s’y attende.

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Blazer, pantalon, chemise et cravate, Saint Laurent via Anthony Vaccarello. Escarpins, Gianvito Rossi. Boucles d’oreilles et bagues Clash Unlimited, Cartier.

« MON PÈRE EST UNE PERSONNE CRÉATIVE QUI N’A PAS PEUR DE MONTRER SON ART AU MONDE. SON COURAGE M’INSPIRE »

L’essence d’un journaliste, c’est d’être vraiment curieux au sujet de l’humanité. Je suis cette personne, que je sois journaliste ou non. Donc, écrire un livre ou participer à des interviews ou produire, éditer, je reste toujours de cet état d’esprit d’entretenir la curiosité. J’aime écrire et j’aime vraiment rencontrer de nouvelles personnes et faire partie de projets aussi bien liés à la mode, à la politique, à la culture pop, à la santé mentale. J’aimerais donc m’impliquer dans plus de choses qui découlent de l’amour du journalisme. Des documentaires, par exemple…

En 2017, vous avez publié vos mémoires. Mais vous êtes jeune, vous avez certainement encore plein de choses à raconter ! Avez-vous d’autres projets de livre ? Avez-vous déjà refusé un film à cause de l’équipe ? Oui. Il faut faire ses devoirs et ses recherches. C’est très important de se sentir en confiance créativement, de savoir que l’histoire sur la page deviendra l’histoire à l’écran. Parfois, cela ne se produit pas. Il faut juste être ouverte à la conversation, mais aussi suivre son instinct pour ne pas se sentir coincée dans des choix qui ne reflètent pas nos valeurs.

Quel serait le film dont vous rêvez ? Il faudrait que je pratique mon français, mais… j’aimerais faire un film français (rires). Ce serait vraiment amusant. Je veux dire que je dois VRAIMENT pratiquer mon français (rires). Je comprends le français, mais je n’ai vraiment pas la confiance nécessaire pour m’exprimer. Je suis plus à l’aise à la lecture. Mais je rêve en français ! Donc c’est là (rires).

Oh oui ! J’aimerais en faire plus (rires). Je tiens un journal des éléments de ma vie. Pendant la pandémie, j’en ai ajouté beaucoup tout en apprenant sur moimême et mon environnement. Ce sont des pensées. Je compile constamment, je ne sais pas quand je vais me poser et me concentrer dessus, mais j’adorerais recommencer.

Comment voyez-vous l’évolution de votre carrière ? J’aimerais avoir une famille, d’abord. J’adorerais continuer à produire, ensuite. J’aimerais beaucoup diriger un film aussi. Continuer à raconter des histoires de personnages dont je ne sais même pas encore qu’ils existent, des histoires fortes, continuer à repousser mes limites, à tester mes capacités et à donner des opportunités aux autres aussi. Je n’ai pas besoin de jouer dans ce que je produis. Il est vraiment important de créer de l’espace pour les autres aussi.

Est-ce que votre père, Phil Collins, a eu une influence sur votre parcours ? Vous a-t-il donné envie d’être une artiste ? C’est une personne créative qui n’a pas peur de montrer son art au monde. Le courage qu’il faut pour montrer cette vulnérabilité m’inspire définitivement. C’est ce que je fais à ma manière.

Équipe de production : Stylisme : Charles Varenne, Coiffure : Gregory Russel, Make-up : Fiona Stiles, Production : Rhianna Rule

Vous avez étudié le journalisme ! Vous avez d’ailleurs écrit pour le « Los Angeles Times » et « Teen Vogue ». Est-ce que cela vous a plu ? Est-ce que l’écriture vous tente encore ?

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HALPERN

Marie Guérin I Jolien Vanhoof I Élisabeth Clauss I Grégory Escouflaire

ON POINT

IMAXTREE

Dramatique, expressive, flamboyante. La collection printemps-été 2022 de Halpern est faite pour la scène. Au sens propre. Les danseurs et danseuses du Royal Ballet de Londres ont eu la chance de se déhancher avec des plumes et des franges couture en septembre dernier.

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CHAPERON ROUGE La veste de mi-saison parfaite pour une promenade dans les bois. Elle tient même à distance les loups en colère et les taureaux en rut. Poncho tissé en jacquard, Balmain via net-a-porter.com, 1.690€

livre

PIN-UP TOUCH DOUX ACCESSOIRES Le corona stimule la créativité. Alors que ses enfants jouaient avec du Play-Doh pendant le confinement, Ellen Debie, d’Anvers, a commencé à expérimenter l’argile polymère, puis la porcelaine. Le résultat ? Sa première collection « All Year Round » de boucles d’oreilles en blanc, noir, granit et cobalt. Des accessoires ultraféminins qui pendent à vos oreilles comme des poids légers, mais qui se distinguent en même temps par leur forme géométrique. Statement !

Essayez quelque chose de différent sous les draps pour la SaintValentin. Avec « The Art of Pin Up » de Dian Hanson, apprenez les ficelles du métier et surprenez votre chéri(e), votre mari ou votre moitié avec une touche de rétro dans la chambre. Un lookbook sexy rempli de photos, d’annonces et de conseils pratiques. Avec ou sans buisson des années 50, le choix vous appartient. taschen.com

Big Triple Drops en cobalt, 125 €. ellendebieceramics.com

MADE IN INDIA Une marque avec une bonne histoire vaut son pesant d’or. L’entreprise Indikon de l’ancienne avocate Radhika Singh fabrique des taies d’oreiller, des foulards et des couvertures dans le respect de la riche culture indienne. Pas de production de masse, donc ; pour Radhika, les créateurs passent avant tout. Elle plaide pour des conditions de travail favorables et des salaires équitables. Une pièce de tissu unique que

Foulard Neeli, 60€. indikonshop.com

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vous êtes fière d’avoir chez vous.

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DURE À CUIRE

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new

Se marie étonnamment bien avec la robe girly rose à volants en bas de la page. Boots Flore Sauvage, 220 €. Disponibles à la boutique Nubikk, Korte Gasthuisstraat 11, Anvers ou via nubikk.com

GIRL POWER High five à la toute jeune marque de lingerie belge Strawberry Secrets. Lorsque Vicky Buelens a remarqué que l’offre destinée à ses filles adolescentes était « soit trop Snoopy, soit trop sexy », elle s’est mise ellemême à la machine à coudre. Avec le prototype numéro 93, quelque chose de magique s’est produit. Sa fille Alex a ajusté le soutien-gorge et ses épaules se sont automatiquement déplacées vers l’arrière. « Elle s’est soudainement redressée, alors qu’elle se cachait dans des pulls trop grands depuis des mois », raconte la designer. « On voyait que sa confiance en elle était renforcée. » En plus des sous-vêtements électriques dans les tissus les plus doux, la collection comprend depuis peu des maillots de bain et des pyjamas. La fraise sur le gâteau ! Flagshipstore, Groendalstraat 17, Anvers ou via strawberrysecrets.store

LE SAC QUI FLASHE Dans les bouchons, il s’agit de voir et d’être vu. Mais personne ne veut des gilets fluorescents ! Julie Vets connaissait ce sentiment, elle a donc fondé la start-up Gofluo, qui propose des vêtements et accessoires de course flashy, imperméables et élégants. Le Sig a immédiatement attiré notre attention, un ensemble de deux sacoches à vélo réfléchissantes avec lesquelles vous pouvez nous surprendre, même en plein jour. Set de sacs vieux rose, 135 €. gofluo.com

JE MANGE DONC JE SUIS C’est exactement le message que vous voulez faire passer le jour de la Saint-Valentin. Robe en satin rose bonbon à volants, 275 €. ganni.com

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SUR LE FIL La Néerlandaise Stephanie Paulis est dans notre viseur depuis un certain temps. Sa collection permanente se compose de classiques intemporels que vous pouvez porter et chérir pendant des années. Il y a maintenant une édition limitée de cinq pièces

BOHO BLING

en tweed, disponibles en noir

Quand un must have décide du mood, on enfile ce bracelet direction Ibiza, ses plages et ses restos branchés !

ou dans un mélange d’or. Trop beau pour être raté.

Bracelet doré avec turquoise, 150 €. isabelmarant.com

stephaniepaulis.com

expo

Jusqu’à fin février, nous pouvons découvrir l’exposition rétrospective « Het Archief » de Piet Stockmans. C’est la première fois que l’artiste spécialisé en porcelaine – aujourd’hui 81 ans – ouvre son œuvre au public. On découvre les décors que Stockmans a créés pour de grands chefs tels qu’Alain Ducasse, Lanshu Chen et Sergio Herman, ainsi que certaines de ses œuvres libres qui ont déjà voyagé au V&A Museum de Londres et au LACMA de Los Angeles. Ceux qui sont encore à la recherche d’un cadeau original pour la Saint-Valentin : quelques objets d’archives sont à vendre.

PAUL BELLAART, PRESSE

LA PORCELAINE DE PIET

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S'ENVOLER Les belles plumes font les beaux oiseaux.

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C’est bien ce qu’on dit, non ? Chaussons avec plumes d’autruche, 395€. ladoublej.com

MÈÈÈH Fraîchement issue du champ, la nouvelle collection en édition limitée de Samsøe Samsøe est fabriquée localement à partir de 100 % de laine. « Made in Denmark » n’est pas synonyme de couleurs flashy ou de coupes conceptuelles, mais de coupes confortables et de textures douces. La ligne capsule unisexe – un pull à col rond et un cardigan sans manches – est une déclaration d’amour ouverte aux moutons danois. Ils ont été autorisés à apparaître comme visages de la campagne aux côtés de Connie Dagmar et Henrik Hjelholt, propriétaires de la filature de laine Hjelholt sur l’île de Fyn. samsoe.com

GO FREDDIE !

RETOUR AU FOLK Réaction unanime au sein de la rédaction : prions le retour

Disponible à partir du 3 février via hm.com et lefreddie.com

d’un autre été festivalier. Ne serait-ce que pour montrer nos compétences dans le port cette chemise.

Chemisier en coton, Alice + Olivia via net-a-porter.com, 460 € PRESSE

Les journalistes de mode Els Keymeulen et Kristin Stoffels n’en avaient jamais rêvé lorsqu’elles ont lancé leur label vintage le freddie. Aujourd’hui, presque trois ans plus tard, elles s’associent au géant de la mode H&M. Il s’agit d’une collection capsule écoresponsable avec beaucoup de dentelle, des chemisiers à cols XL et des maxi robes aux imprimés colorés. Très seventies et eighties. Celles et ceux qui ont déjà déniché des articles vintage connaissent la règle d’or : faire vite.

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Texte Alice Herman

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HISTOIRES DE FEMMES

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Jonglant entre le boulot et la vie de famille, elles sont parfois au bord de l’épuisement, toujours courageuses elles prennent part aux révoltes sociétales, elles osent faire de leur talent leur métier, elles travaillent sans oublier le monde autour.

L’ÉPUISEMENT

SUCCESS-STORY

Plaisir immense de retrouver le trait et la sensibilité d’Aude Picault ! Chacune de ses bandes dessinées est un ravissement pour les yeux et le cœur, elle y croque la vie avec justesse, humour, poésie, et toujours avec une douceur bienveillante qui fait du bien. Dans Amalia, elle aborde le sujet très actuel du burnout. La jeune femme n’en peut plus de son boulot, de sa famille où les portes claquent à tour de bras, de l’actualité plombante à la radio. Elle finit par craquer…

Depuis le succès retentissant de ses portraits de femmes « Culottées », Pénélope Bagieu s’est forgé une solide réputation. Quarante ans à peine et déjà un sacré bout de chemin parcouru pour la dessinatrice dont la carrière professionnelle inspirante a de quoi faire rêver. Dans son carnet « Les Strates », elle livre son premier récit dessiné autobiographique, égrenant les souvenirs d’enfance et d’adolescence avec une sincérité bouleversante, bourrée de tendresse.

« Amalia », Aude Picault, Dargaud, 19,99€

« Les Strates », Pénélope Bagieu, Gallimard, 22€

NE RIEN FAIRE

TRAVAIL ET RÉVOLUTION

« Ne rien faire au XXIe siècle. » Le sous-titre de cet essai précise plutôt bien la pensée de la jeune autrice (et artiste) américaine qui incite chacun·e. à refuser la voracité digitale et les technologies conçues pour monnayer notre attention (et donc tout notre temps libre), dans un acte presque militant, politique même. Entre essai philosophique, récit poétique et témoignage, voilà une réflexion nécessaire et rafraîchissante sur notre rapport au temps, à l’argent, au monde.

Espagne, 1930. La jeune Toya grandit dans les rizières du delta, aux côtés de ses parents et voisins qui tous travaillent pour le compte d’une détestable marquise propriétaire des terres alentour. Mais la colère des paysans s’embrase peu à peu tandis que le pays gronde de toutes parts… Laurine Roux surprend avec ce nouveau roman très différent de ses deux premiers, mais toujours aussi beau et éblouissant. Définitivement une écrivaine à découvrir et à suivre.

« Pour une résistance oisive », Jenny Odell, Éditions Dalva, 22€

« L’autre moitié du monde », Laurine Roux, Éditions du Sonneur, 17€ magazine ELLE 37

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BALENCIAGA

Texte Elisabeth Clauss

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LA PIÈCE QU’ON N’AVAIT PAS VUE VENIR

FAITES LA MODE, PAS LA GUERRE Est-ce l’expression d’une combativité galvanisée par la traîne d’un contexte anxiogène qu’on a passionnément envie d’exorciser par du glamour brodé de légèreté ? Ou la passion toujours vive pour les uniformes détournés ? Ce printemps, la mode s’arme de second degré.

LUTZ HUELLE

Militer en militaire pour une nouvelle sensualité, c’est le plan de bataille d’une tendance pas tout à fait neuve, mais très affirmée, prête à croiser le fer avec les paradoxes des codes de la mode. Les combat boots, gros succès de l’hiver et toujours incontournable pour la prochaine saison, s’interprètent en rose poudré, à talons exacerbés, ou font dans la dentelle. Entre les mouvements rock inspirés d’une sobriété dévoyée, le grunge en pantalons à poches détourné pour raves en rase campagne, les vestes kaki à fleurs post-baba, les bottes à boucles et les manteaux épaulés époque Michael Jackson et les pièces emblématiques d’une nouvelle ère Balenciaga aux pièces « services spéciaux mode » ultraplébiscitées, l’uniforme a encore de beaux jours glamour devant lui.

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Désormais, la rigueur s’exprime par des jupes crayons fendues (plus pratiques pour partir à l’assaut des terrasses), des vestes de chasse à poches multiples (pour viser et toucher la tendance), des harnais sans parachutes qui nous gardent en équilibre, des bombers déstructurés en cache-cœurs par le créateur Lutz Huelle, qui en avait déjà fait des manteaux à la douceur enveloppante. Le vert est à moitié plein, en cohérence avec nos envies bucoliques arrosées d’escapades hors de nos murs. On sait que l’habit fait le Moi, et en pleine période de redéfinition des lignes de partage de nos nouvelles pulsions de vie, on monte au front. Row, évidemment.

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1 Bague en or jaune avec diamants jaunes et tsavorites, Maison De Greef, prix sur demande 2 Collier en métal de la collection Croisière 2021-22, Chanel, 1.700 € 3 Floral body warmer, &Other Stories, 149 € 4 Lunettes de soleil, Norui, 169 € 5 Parka homme, Woolrich, 820 € 6 Combat Boots en guipure, AGL, 490 € 7 Ceinturecorset, Dior, 1.790 €.

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Texte Barbara De Munnynck

LA MÉTHODE WILLIAMS

L’ÉVÉNEMENT

L’ENNEMI

Ça fait un moment que Will Smith ne s’est plus imposé en tête des charts, mais avec son nouveau film, il réalise le Grand Chelem. Dans « La méthode Williams », l’acteur incarne le père de Serena et Venus Williams (interprétées par Demi Singleton et Saniyya Sidney). Un feelgood movie sur le destin de deux petites filles aux rêves de grandeur, la réussite en dépit des statistiques (sociales) et la puissance de deux gamines, capables de conquérir le monde, poussées dans le dos par la confiance de leur père.

Dans la France des années 60, Anne, étudiante de 23 ans, choisit l’avortement — encore illégal à l’époque. Cette décision l’effraie, mais elle entend bien obtenir son diplôme. Ce film, adapté du roman autobiographique éponyme d’Annie Ernaux, est aussi oppressant que nécessaire. Par le monde, (trop) nombreux sont encore les lieux où les femmes n’ont pas le droit de disposer de leur corps. La réalisatrice Audrey Diwan a reçu lors de la dernière Mostra de Venise un Lion d’or amplement mérité pour son film brut et radical.

La femme d’un homme politique belge bien connu est retrouvée morte dans leur chambre d’hôtel. Une tempête médiatique éclate alors en bord de mer du Nord. Son mari est-il coupable ou innocent ? Personne ne le sait. Peut-être même pas lui. Le réalisateur bruxellois Stephan Streker s’inspire vaguement — comme dans « Noces » (2016, récompensé par un César et un Ensor) — d’une histoire vraie. Le casting de « L’Ennemi » rassemble des BV comme Peter Van den Begin, mais aussi la jeune Française Alma Jodorowsky, qui crève l’écran dans la peau de l’épouse assassinée.

À partir du 2 février

À partir du 26 janvier

À partir du 2 février

ON RECOMMANDE

Les jeunes mariés Linnet (Gal Gadot) et Simon (Armie Hammer) embarquent pour une lune de miel glamour sur le Nil. À bord, ils retrouvent l’ex-fiancée de Simon, Jacqueline (Emma Mackey), et le détective Hercule Poirot (Kenneth Branagh). Sous l’impulsion de ceux-ci, la croisière romantique et féerique se transforme bientôt en sinistre théâtre d’un mystérieux crime. « Mort sur le Nil » possède tous les ingrédients d’un blockbuster de Saint-Valentin : la passion, le suspense, les décors de rêve. Même le sublime diamant jaune Tiffany (découvert en Afrique du Sud en 1877 et ayant pris ses quartiers dans le magasin phare de la maison de joaillerie à Manhattan) est de la partie. Ajoutez à cela un casting composé de vedettes hollywoodiennes et un budget pharaonique (oui, reconstituer l’Égypte sur un plateau au Maroc coûte un bras). Bref, si ce film ne propulse pas votre date du 14 février dans des sphères décadentes, c’est à n’y rien comprendre.

La célèbre histoire d’Agatha Christie, publiée en 1937, est intemporelle. Alors est-ce gênant que la sortie du film ait été reportée plusieurs fois par la crise sanitaire ? Non, a-t-on envie de rétorquer de prime abord. Mais ce n’est pas tout à fait vrai. Le réalisateur Kenneth Branagh voulait que cette « suite » de Poirot s’appuie sur le succès récolté par « Le Crime de l’Orient-Express » (2017), sauf que ce film a entretemps déserté nos mémoires. Ce n’est pas le cas des pratiques peu recommandables dont l’acteur Armie Hammer a été accusé début 2021. Boycotté dans la foulée de #MeToo, il incarne le gendre idéal (une dernière fois ?) dans « Mort sur le Nil ». Notre conseil ? Ne faites pas attention à lui, concentrez-vous plutôt sur Emma Mackey : la bad girl de « Sex Education » endosse brillamment le (second) rôle de femme fatale instable. Sa carrière est prête à décoller. En 2022, elle incarnera Emily Brontë dans le biopic consacré à la romancière britannique. À partir du 9 février

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MORT SUR LE NIL

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Texte Grégory Escouflaire

musique

LE DERNIER JOUR DU CODECO « C’est la fin », des haricots ou non, en tout cas ce sont les premiers mots susurrés par Juliette Armanet sur son très beau deuxième album, « Brûler le feu ». Haricots ça rime avec Codeco, et c’est vrai que d’Angèle à Juliette, de Fishbach à P.R2B, nombreuses sont les chanteuses qui ont fait contre mauvaise fortune bon cœur et composé leur nouveau disque en pleine pandémie, pendant le confinement, seules chez elles, en mode promo canapé : la solitudine. « J’veux pas vivre comme un vampire / J’préfère en rire plutôt que subir », confie Fishbach sur « Avec les yeux », son deuxième bébé qui sort ce mois-ci. « J’essaie de survivre, comme les rayons gamma », chante Pauline Rambeau de Baralon, alias P.R2B, enfin bref : faut qu’elles composent avec le corona. Comme tout le monde. Même si « personne », dixit Angèle, « n’a envie de s’habituer à ça ». Même si personne, dixit Clara Luciani, n’a envie de « s’asseoir ». Parce que « ça a trop duré / l’immobilité forcée » (« Respire encore »). Ouais. Alors elles veulent que ça bouge, que « ça transpire encore » (encore Clara), et c’est sans doute pour ça que leurs albums sortent l’artillerie funk, les refrains glam, le disco à gogo, et même les riffs de Van Halen façon « Beat It » (« Nocturne » de Fishbach). Qu’il s’agisse de Juliette qui convoque SebastiAn ou de Clara qui s’acoquine avec Breakbot, de Fishbach qui ravive la new french wave (Rita Mitsouko, Niagara,…) ou de P.R2B qui ose l’eurodance (« La Piscine », tube improbable), le leitmotiv est bien le même : lâcher un peu de ce lest qui nous plombe depuis deux ans déjà, se trémousser sur les cendres du monde d’avant. C’est pas la fin, non : juste un nouveau début, une nouvelle ère pour la chanson.

Brèche de Roland

PL AYLIST BRÈCHE DE ROLAND, « FIN:DÉBUT » Au rayon chanson française chic, mais belge, Caroline Gaye se pose là, en parolière inspirée par « la perte et le renouveau, le flou et la force », des sentiments qui nous étreignent très fort depuis un certain mois de mars 2020. Accompagnée d’un trio de mecs sûrs (des musiciens de la scène indé wallonne), elle chante le Nouveau Monde au

Juliette Armanet, en concert le 22 février au Cirque Royal. Clara Luciani, en concert le 9 mars à Forest National. Fishbach, « Avec tes yeux » (Entreprise), sortie le 18 février. P.R2B, « Rayons Gamma » (naïve)

piano, avec la grâce d’une Barbara (Carlotti). Classe, pas classique. dear.deer.records

LEONIE PERNET, « LA CIRQUE DE CONSOLATION » Ex-batteuse de Yuksek, sans œillères et sans peur, Leonie passe la chanson aux machines, la concassant pour mieux la renouveler, la rajeunir et nous

véritable précédent, comme un mix de Brigitte Fontaine, d’Étienne Daho et de FKA twigs. Et puis ce titre, tellement dans l’air (vicié) du temps.

Juliette Armanet

Fishback

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chronique • Juliette Debruxelles

Humeur

LE DERNIER MOT

pour rien puisque c’est l’alcool qui lui a dit de martyriser pendant des mois avant tuer… Ça fait « tilt » là, pas vrai ? Quelques-unes des recommandations de Rose à la presse, mais aussi à celleux qui souhaitent adopter un discours conscient ? Ne plus utiliser le mot « attouchement » dont la définition induit de la délicatesse (loin de ce que ressent une victime touchée sans son consentement). Ne pas employer les mots « dérapage », « mains baladeuses » ou « gestes inappropriés », pour qualifier les violences sexistes ou sexuelles. Bannir les pronoms possessifs qui déshumanisent et romantisent : « son » viol, « son » violeur. Ou encore, renoncer au terme « abuser » qui induit qu’on avait le droit au début, mais qu’on a juste un peu exagéré… Tant et tant de choses qui, quand on s’ouvre à elles, réveillent notre conscience, notre humanité, la finesse de notre expression et de notre détermination. Parlons.

« NON, ON NE PEUT PLUS DIRE DE CONNERIES À PROPOS DE PLEIN DE SUJETS REMONTÉS À LA SURFACE DES PRÉOCCUPATIONS SOCIALES ET SOCIÉTALES » PRESSE

« Violences conjugales : l’adepte des sports de combat prend sa femme pour un punching-ball. » Un titre de presse problématique, parmi tant d’autres titres de presse problématiques. Pourquoi ? Parce qu’il dédramatise et ironise à propos du sort d’une femme battue par son compagnon. Des saloperies insidieuses comme ça, on en trouve partout dans les médias. Et jusqu’ici, on ne tiquait pas. Pourquoi ? Parce que notre œil, notre conscience et notre vigilance n’étaient pas en éveil. On ronronnait sous le patriarcat et on ne tiltait pas. Alors, on ne peut plus rien dire ? On en a déjà parlé de ça. Non, on ne peut plus dire de conneries à propos de plein de sujets remontés – et c’est heureux – à la surface des préoccupations sociales et sociétales. Eh oui, on peut dire plein de choses soutenantes, objectives et respectueuses. Sur son Insta @preparez_vous_pour_la_bagarre, Rose Lamy collecte et décortique les exemples de discours sexistes véhiculés dans les journaux, à la radio, à la télé ou sur les réseaux. Dans son essai « Défaire le discours sexiste dans les médias », elle revient sur ce qui a conduit le sexisme et l’antiféminisme à se nicher dans les gros et petits titres. Le plus souvent petits, d’ailleurs, puisque les violences conjugales sont considérées comme des « faits-divers », entre le nouveau mur de la cantine scolaire vandalisé et le bus tombé en panne en rase campagne. Ces dérapages de la presse ne sont pas anodins, parce qu’ils révèlent un état d’esprit dominant, parce qu’ils l’entretiennent et parce qu’ils « dédramatisent » les féminicides, viols et coups. « Une fin tragique pour une histoire d’amour qui ressemblait à un conte de fées : les problèmes d’alcool du prince charmant ont conduit au drame. » « Conte de fées » pour décrire une histoire qui se termine par un étranglement mortel. Déresponsabilisation du « prince charmant » qui n’y est

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reportage

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Q U I E S -T U ?

Mannequin, égérie, femme engagée… Lena Simonne partage son temps entre Bruxelles (là où elle vit avec son mari, l’artiste Roméo Elvis), Milan, Dubaï et Paris… Cette après-midi-là, elle avait un peu de temps. On en a profité pour la découvrir au-delà des étiquettes et de sa jolie plastique.

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ENA IMONNE

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reportage

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Texte Céline Pécheux

C’est à 18 ans que Lena se fait remarquer par son futur agent, et intègre l’agence New Wave Management. Après deux années de haut et de bas, elle rencontre Virgil Abloh et devient le visage de la collection activewear pour femmes d’Off White. Six ans plus tard, elle est partout, enchaînant les campagnes (Louis Vuitton, Etam…) et les couvertures de magazines. C’est perchée sur des sandales en cuir verni rouge qu’on la retrouve à Bruxelles lors de l’ouverture de la première boutique de chaussures Free Lance en Belgique. Douce et discrète, cette jeune fille timide suivie par 320 k followers est aussi une femme engagée contre l’exclusion des sans-abri et pour l’aide aux réfugié·e·s. Ensemble, nous avons parlé de féminisme, de réseaux sociaux et d’engagement. « C’est marrant, tout le monde croit que je suis belge (rires) ! Alors que je suis 100 % française. Même si c’est vrai que depuis cinq ans (depuis qu’elle est en couple avec Roméo Elvis, NDLR), je passe beaucoup de temps en Belgique. Petit à petit, je me suis construit mon petit réseau ici. J’essaye d’être à Bruxelles le plus souvent possible. Je reviens surtout le weekend, car la semaine, je bosse à Paris. Quand je suis ici, c’est comme si la pression baissait d’un cran… C’est un refuge pour moi comme quand je passe du temps chez mes parents dans le sud-ouest de la France… »

de mannequin est le seul métier où la femme est mieux payée que l’homme. Pour une fois que c’est dans ce sens-là, ça vaut la peine de le faire remarquer ! Beaucoup de gens pensent qu’être mannequin c’est facile. La vérité c’est que, comme dans tous les métiers, il y a de bons aspects comme des mauvais. Par contre, c’est compliqué de se plaindre quand on est dans la lumière et qu’on gagne bien sa vie en faisant des photos pour des marques prestigieuses… En réalité, c’est très intense. Avant le premier confinement, j’ai été plusieurs fois à la limite du burn-out à force d’enchaîner les shootings aux quatre coins du monde. Je prenais parfois sept avions par semaine. Ça n’avait aucun sens à part celui de gagner plus d’argent ! Quand on est une mannequin à la mode, on travaille souvent au finish, parfois plus de 12 heures d’affilée. Sur les shootings ou défilés, il faut être tout le temps au top. Plaire à chaque rendez-vous. Se montrer souriante et plaisante en toutes circonstances. Travailler avec des gens parfois bienveillants, parfois pas. Après, l’idée n’est pas du tout de me plaindre, car je mesure la chance que j’ai, mais il ne faut pas oublier que rien n’est jamais tout rose. Le challenge pour éviter de se perdre ? C’est de garder les pieds sur terre et la

« J’AI MAINTENANT UN AGENT DERRIÈRE LEQUEL JE ME CACHE ET QUI DIT NON À MA PLACE. DU COUP, JE PASSE MOINS POUR UNE CONNASSE »

Le syndrome de l’imposteur Lena Simonne (un nom de scène, Simonne étant son deuxième prénom) vient d’un milieu modeste, très impliqué dans le social. Quand elle était enfant, sa mère travaillait à l’usine puis comme aide-soignante pour les personnes âgées alors que son père s’occupait de personnes handicapées. « En 2016, je faisais des études de photo quand le mannequinat m’est tombé dessus un peu par hasard… Même si je ne me suis pas sentie à ma place tout de suite – j’ai eu pendant longtemps et encore parfois aujourd’hui le syndrome de l’imposteur –, j’ai vite compris que c’était une chance de vivre une telle expérience. Ce job me donne l’opportunité de gagner confortablement ma vie, de rencontrer plein de gens intéressants et de découvrir le monde. J’ai parfois un peu de mal à raconter à mes parents le montant de certains de mes cachets parce que je sais à quel point ils ont travaillé dur toute leur vie pour gagner parfois un peu plus que le SMIC… Après, le métier

tête sur les épaules. Mon entourage m’aide beaucoup dans ce sens. Mes amis me connaissent depuis toujours et on ne parle que très rarement de ce que je fais. Mes parents ne m’ont pas élevée dans le culte de l’apparence. Ils ne m’ont jamais dit : “Tu es trop belle ou tu es la plus belle.” Pour eux, le physique n’avait pas d’importance. Après, j’avoue que se voir sur de grandes affiches à l’aéroport, dans les magazines ou sur le bord de la route, ça fait parfois vraiment bizarre… Heureusement, je n’ai pas une grande confiance en moi donc je trouve souvent que les photos de moi ne sont pas ouf. C’est peut-être une force finalement de douter… Ça permet de se remettre en question, de ne pas croire tout ce qu’on vous dit. Aujourd’hui, j’ai la chance de pouvoir refuser les contrats que je ne veux pas ou plus faire. Ce qui n’a pas toujours été le cas. J’ai maintenant un agent derrière lequel je me cache et qui dit non à ma place. Du coup, je passe moins pour une connasse (rires). C’est très important de pouvoir choisir ses contrats, mais pour beaucoup de filles qui commencent dans le métier, ce n’est pas toujours possible… Elles ont peur que si elles n’acceptent pas telle ou telle proposition, elles soient définitivement rayées du circuit. »

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Notoriété engagée « Pour sortir de cet ego trip et des pensées superficielles qui les accompagnent, j’ai eu très vite besoin de mettre à profit ma notoriété pour servir de bonnes causes. J’ai la chance d’avoir une grosse communauté qui me suit et je me sers de cette visibilité pour prendre des initiatives qui me tiennent à cœur. J’ai commencé par donner la parole (via les réseaux sociaux) à l’association Réseau Entourage qui s’occupe de la réinsertion des SDF. Grâce à une application, tu peux localiser les gens dans le besoin près de chez toi et les aider en leur donnant des vivres ou en leur consacrant un peu de ton temps… Quand tu es un peu connu, s’engager n’est pas quelque chose de facile. On ne peut pas faire ça n’importe comment. Cette première action m’a donné envie d’aller plus loin dans mon engagement. Du coup, on a créé avec une amie le collectif nommé Elka et à l’occasion de la Journée internationale de la femme il y a trois ans, on a organisé notre première collecte de

les histoires de ma mère ou de ma grande sœur, j’ai l’impression que les choses évoluent, on est encore loin du compte… Quand j’ai rencontré mon mari, je suis devenue instantanément la femme de… Roméo Elvis. Les articles me concernant ne parlaient quasiment que de lui et on me qualifiait toujours d’influenceuse alors que j’avais une carrière de mannequin pour laquelle je me battais depuis plus de deux ans. Mon nom était automatiquement associé au sien. Je n’existais qu’à travers lui. Aujourd’hui, j’ai l’impression que je me suis un peu libérée de ça. D’être enfin considérée pour ce que je suis. Ça a été un vrai parcours du combattant pour y arriver. Après il n’y a pas que le patriarcat qui met des bâtons dans les roues de la carrière d’une femme… Dans le mannequinat, la sororité n’est pas non plus quelque chose d’évident, que du contraire ! J’ai eu des expériences avec des filles qui m’ont mise plus bas que terre. Les femmes – surtout dans un milieu où elles sont mises en compétition – peuvent être très cruelles entre elles. Alors qu’on serait bien plus fortes si on se serrait les coudes. » Et quand on lui parle d’écologie, Lena Simonne coupe court : « Je ne me sens pas légitime pour parler de ça. En tant que mannequin, je fais la promotion d’une des industries les plus polluantes. Ce serait vraiment hypocrite de donner des leçons à ce sujet. Après, j’ai des convictions. Mais ça, je les garde pour moi… »

« CE QUI ME RÉVOLTE LE PLUS ? LE SEXISME. QUAND J’AI RENCONTRÉ MON MARI, JE SUIS DEVENUE INSTANTANÉMENT LA FEMME DE… ROMÉO ELVIS. MON NOM ÉTAIT AUTOMATIQUEMENT ASSOCIÉ AU SIEN. JE N’EXISTAIS QU’À TRAVERS LUI » produits d’hygiène pour les femmes sans-abri. Ça a été un carton. C’était fou ! Non seulement on a collecté des tonnes de produits, mais on a pu voir à quel point l’initiative a donné du bonheur à ces femmes dans le besoin. Certain·e·s peuvent y voir une tentative de récupération – comme beaucoup de marques le font avec le greenwashing par exemple –, mais il ne s’agit pas ici de me donner bonne conscience, mais plutôt de donner un vrai sens à l’étiquette d’influenceuse qu’on me colle souvent et que j’ai mise longtemps à assumer. En me servant de ma notoriété autrement que pour servir mes intérêts, je mets en avant des associations qui le méritent vraiment. Après, il y a de plus en plus de gens dans le milieu de la mode qui font la même chose. Certains de manière hypocrite – pour redorer leur image –, mais pour beaucoup, c’est un véritable besoin et un juste retour des choses. »

Hors norme « Je remarque qu’il y a pas mal de changements dans le milieu de la mode ces derniers temps. Sur le choix des mannequins par exemple… Même si l’inclusivité et la diversité cachent encore trop souvent de l’opportunisme et que les marques suivent des modes plus que des convictions. Il ne faut pas être naïf, ça reste du business, mais les choses évoluent petit à petit et dans le bon sens. Il est temps de voir sur les catwalks plus de corps qui représentent la “vraie vie”. Pendant le confinement, j’ai pris un peu de poids et je me préfère comme ça, n’en déplaise au diktat de la maigreur. Ce qui me révolte le plus ? Le sexisme. Même si quand j’entends

Jardin secret Garder certaines choses pour elle, c’est aussi quelque chose qu’elle a dû apprendre… « Avant, sur les réseaux sociaux, je partageais mon quotidien avec tout le monde. Maintenant, je me protège beaucoup plus, car je sais qu’Instagram peut rendre quelqu’un populaire et la minute d’après le détruire. Je ne partage plus ma vie privée ou mes idées sur certains sujets sensibles. Ce que je partage est moins instinctif. Même si j’ai parfois envie de faire des coups de gueule et de donner mon avis, je me dis que ça ne sert à rien. Le débat se tient en famille ou entre amis, dans la sphère privée, et c’est très bien comme ça. Je ne regarde pas forcément ce qui se dit sur moi sur les réseaux non plus. Avec la notoriété, on s’expose d’office aux critiques et aux jugements. C’est parfois très difficile à vivre, mais avec le temps on apprend à gérer. Ce qui compte, c’est de garder le cap sur ce qui est vraiment important, de ne pas se laisser influencer par les commentaires haineux de personnes qui ne connaissent rien de vous. On se protège comme on peut, on se met une armure et on avance. Plus tard, j’aimerais ouvrir une résidence d’artistes multidisciplinaires. Organiser des ateliers et des workshops dans une jolie maison de campagne, peut-être à la montagne… Le seul hic c’est que Roméo aime trop la Belgique pour envisager de s’installer ailleurs (rires).

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LA SCIENCE DE LA PRÉDICTION DE TENDANCES LES GOÛTS ET LES COULEURS Quels sont les secrets et les méthodes de ces bureaux de tendances qui décryptent et anticipent les habitudes de consommation d’une multitude de populations en évolution ? Peclers Paris, l’un des leaders dans ce secteur, nous a ouvert les portes de verre de ce qui n’a rien d’une boule de cristal.

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RAF SIMONS

CHRISTIAN DIOR

MIU MIU

LACOSTE

COURRÈGES

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Texte Elisabeth Clauss

Anne Etienne-Reboul, CEO de Peclers Paris.

ous avons plongé dans l’exploration des prochaines saisons dans la plus prestigieuse de ces rares entreprises de pythies, capables de prédire – et dans une certaine mesure de produire – les orientations de nos armoires, nos maisons, nos désirs et nos plaisirs, parfois trois ou quatre ans à l’avance. Immersion généreuse et vertigineuse dans la lecture du futur.

presque entièrement composée de femmes ? « Je ne l’explique pas ! Les choses évoluent, mais de même que de nombreux chefs de cuisine et designers de mode sont plutôt des hommes, pour prédire les valeurs de consommation et les tendances esthétiques, on trouve majoritairement des femmes, plus présentes dans les écoles de style. Elles sont très influentes au niveau des choix de consommation, ce que je lie au pragmatisme, au sens ancré de la réalité. »

COACH

Un bâtiment de verre, traversé par la lumière. Dans les étages, chaque spécialiste est penché sur son écran, et transpose, superpose des images sélectionnées via diverses sources, dont les réseaux sociaux et professionnels du monde entier. Anne EtienneReboul, CEO de Peclers Paris, nous partage avec une pointe d’accent de son Sud natal sa passion, qui est d’abord celle de l’autre : « J’ai toujours eu une grande curiosité pour la culture et la création. Même cyclique, aucune tendance ne revient jamais telle qu’elle. Elles s’enrichissent de leur époque, se nuancent en fonction du contexte. » À 51 ans, la présidente monde de l’agence dirige une structure à 90 % féminine, dont le comité de direction est entièrement composé de femmes, tout comme 70 % des stylistes et designers, qui collaborent avec des analystes prospectivistes qui s’intéressent aux nouvelles habitudes de consommation, en plus de profils plus marketing. Pourquoi une équipe

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De la lunetterie aux tendances à la loupe

De l’intuition à la stratégie Depuis sa nomination en 2018, Anne œuvre à casser les silos, installe des équipes pluridisciplinaires, mélange les juniors et les seniors, les collaborateurs et collaboratrices à compétences multiples, venus de tous les horizons. « Je décloisonne les départements, je donne des responsabilités à de jeunes collaborateurs et collaboratrices, je fais confiance, je crois aux expériences qui nourrissent, aux complémentarités. Avec un regard aiguisé, on apprend à ne plus être étonnés de tout, on sait que beaucoup de “nouveautés”, même transformées, n’en sont pas ou ne rencontreront pas un succès commercial. On croise les perspectives, pour analyser et relativiser. Nous ne sommes pas là pour le premier degré, on apprécie, mais on décortique. » Peclers est une société française fondée en 1970 par une femme, Dominique Peclers, dont la mission était de « démocratiser le style » afin d’accompagner les industriels et les marques dans le développement de leurs produits. « Dans les années 80, elle a commencé à lancer des cahiers de tendances, parce que ses client·e·s lui demandaient : “C’est quoi la couleur du printemps prochain ? Quelles seront les lignes de déco l’année suivante ?”» Depuis 2003, Peclers appartient à WWP, le plus grand groupe de communication au monde. À la plus haute marche de cette entreprise à l’impact international, Anne Etienne-Reboul gère une centaine de salariés, dont un tiers sont localisés hors de France où se situe le siège social, avec des bureaux à Los Angeles, Munich, New York

Il y a toujours plusieurs dimensions qui composent une tendance. Des nuances de perception, des recoupements d'influences. On intègre l'air du temps au développement créatif d'un trait de mode qui marquera une saison, et souvent, signera une époque.

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PRABAL GURUNG

CYNTHIA ROWLEY

ERMANNO SCERVINO

Anne Etienne-Reboul est originaire de Montpellier, où, après avoir effectué des études en école de commerce, elle a débuté dans le marketing, « mon premier contact avec le produit, dans la lunetterie de luxe ». Elle estime que son sens de prédilection est la vue, et sa première expérience professionnelle a ajusté sa vision de l’industrie au sein des manufactures françaises qui fabriquent les lunettes Cartier, Montblanc, Dunhill. « Je voyais les artisans donner vie au dessin. J’ai grandi professionnellement en observant leur amour du détail, le soin apporté aux finitions, aux matériaux, le made in France, la philosophie générale de l’identité d’une marque. C’est là que j’ai appris tous les codes du luxe. » Sept ans plus tard, elle est recrutée par un petit bureau de tendance, « Univers Mode ». Pendant deux ans, elle découvre le métier de consultante business, puis postule chez Peclers comme directrice de clientèle, pour des missions destinées à des client·e·s en Europe, avant de développer l’activité en Asie.

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Y/PROJECT

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cultivons une expertise ancrée dans le réel. » Puisque dans ce domaine on ne peut pas se contenter de la théorie, les différentes équipes complémentaires, mode, beauté, lifestyle… s’ancrent dans le pragmatisme de la valeur de la durabilité des choses.

et Shanghai. « Nous collaborons avec des agents en Corée, au Japon, en Australie, en Italie, en Espagne, aux Pays-Bas, au Danemark, au Royaume-Uni, partout où l’activité mode et style est importante. » Avec pour secteur d’activité privilégié la mode (hommes, femmes, enfants), la beauté, le lifestyle et la décoration.

Comment ça fonctionne ? La prescience de ce qui fera chavirer nos tentations et nos expressions de l’époque ne se lit pas dans le fond d’une tasse de matcha, même si c’est déjà une tendance en soi. Le métier d’Anne et de ses équipes consiste à rester à l’affût des évolutions du monde et des moindres soubresauts des comportements de consommation. Quelle est la part de création, de perception et de diffusion de la tendance ? Chez Peclers et sous la houlette de sa présidente, c’est un mixte de tout ça. « Nous sommes une agence de conseil, leader en stratégie créative et prospective. Notre métier est d’identifier parmi toutes les tendances celles qui vont entrer en résonnance avec un marché, une industrie, une marque, une cible de consommateurs et consommatrices visée. Il est question de créer du désir qui ne sera pas artificiel, et de définir des valeurs de consommation qui ont du sens. Les entreprises qui fonctionnent le mieux sont celles qui cumulent la compréhension de ces compétences. Qu’est-ce qui fait qu’un pantalon cartonne ? Les détails. Le placement des pinces, la hauteur de la fourche, la matière, mais aussi la façon dont il va être associé à d’autres produits pour créer une allure dans l’air du temps. Nous

Comprendre et interpréter « Pour cela, nous disposons d’un observatoire de prospectives socioculturelles. Nous mettons en perspective les dynamiques majeures, les macro-tendances, pour expliquer aux marques les défis auxquels elles vont devoir faire face. » Actuellement et dans un avenir proche, les points d’attention fondamentaux seront l’identité, l’unicité, la singularité.

« NOUS NE CHERCHONS PAS FORCÉMENT LES CONCEPTS VENDEURS, MAIS DES IDÉES NEUVES QUI PERMETTENT DE PERCEVOIR DES SIGNES DE CHANGEMENTS » ANNE ETIENNE-REBOUL magazine ELLE 53

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ANNE ETIENNE-REBOUL

VALENTINO

Observer, comprendre, anticiper, repeat Chaque saison, l’agence analyse 500 défilés, de grandes maisons, mais aussi de designers émergeant·e·s, partout dans le monde. « Nous assistons également à une cinquantaine de salons de nouvelles technologies, de mobilier, de beauté, symposiums professionnels et conférences sur l’innovation créative. Nous visitons un demi-millier d’expositions d’art, de culture et d’architecture chaque année, et nous sommes présents aux design weeks, sur tous les continents. » Mais l’observation des évolutions des goûts et des mœurs ne s’arrête pas là : les membres de l’équipe suivent les spectacles qui racontent les changements de la vie, sont (professionnellement) accro aux séries, s’imprègnent de littérature, écoutent et digèrent tous ces petits signaux imperceptibles pour la plupart des gens, qui deviendront des tendances. « Nous jouons sur la temporalité. La tendance est toujours relative à un contexte. Ce qui est valable pour le très haut de gamme n’est pas applicable au mass market ; ce qui plaît en Chine n’est pas forcément transposable à l’Europe. Et le même client ne se comporte pas de la même manière selon qu’il fait ses courses au supermarché, et une heure plus tard dans une boutique de créateur. On décloisonne, on pense “out of the box” pour aider les créatifs à enrichir leur vision, pour leur ouvrir de nouveaux horizons. Par exemple, on sait que la food et la mode sont liées, notamment dans les notions de texture, de sensorialité, avec l’esthétique façon pâtisserie japonaise qui se répercute dans le design rond des moshi, la transparence rose pâle, dans les effets “gourmands” des crèmes de soins. De même que l’univers du design influence les accessoires de mode, l’architecture impacte les chaussures. On retrouve du mesh dans les sandales, les sacs et les rideaux, au même

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« NOTRE MÉTIER, C'EST D' IMAGINER DE NOUVEAUX ASSEMBLAGES ET DES ENVIRONNEMENTS INNOVANTS »

VAQUERA

L’hédonisme et le plaisir. L’écoconscience et notre rapport à la nature, la science, la technologie, le digital, autant d’éléments qui impactent notre consommation et notre regard sur le monde. « Depuis plus de 50 ans, nous observons, nous rassemblons, nous analysons des signaux faibles, mais annonciateurs, qui vont aboutir à des tendances socioculturelles, sociétales et esthétiques. » À ses client·e·s, Peclers fournit deux types de services : les cahiers de tendances, larges et variés, pour que chacun·e puisse se nourrir des grands mouvements de fonds et se renouveler, et les cahiers de produits, mode, accessoires et beauté, qui fonctionnent avec des temporalités différentes. Les cahiers de tendances représentent 40 % de l’activité de la société auprès de marques aussi variées que Levi’s, H&M, Unilever ou Huawei. Le reste est consacré au conseil.

PHILOSOPHY DI LORENZO SERAFINI

LANVIN

DAVID KOMA

Couleurs, longueurs, et philosophie du désir : la « prédiction » des tendances tient d'une science d'anticipation, avec une dose d'intuition et de persévérance.

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moment. Notre cahier Environnement & Design est souvent acheté par des fabricant·e·s de chaussures pour s’informer des matières, ou des marques de vêtements qui y trouvent des inspirations de décoration pour leurs boutiques. Des passerelles se créent en permanence, et la tendance naît de toutes ces interactions entre les secteurs. Notre métier, c’est d’imaginer de nouveaux assemblages et des environnements innovants. »

Une grille de lecture à variantes multiples Nous promenant dans les bureaux aménagés en open space où chacun·e peut apporter son expertise à son voisin, Anne Etienne-Reboul décode encore : « Nous anticipons, nous analysons la façon dont les gens habitent, partent en vacances, ce qu’ils lisent dans leur baignoire, avec quelle mousse de bain. C’est un mixte d’univers, le résultat des 100.000 images que nous brassons chaque année. » Tout un art de synthèse et d’anticipation des évolutions sociétales. Mais pourquoi n’existe-t-il pas de telles agences en Belgique ? « C’est peut-être l’effet grande capitale, le bénéfice d’un brassage international ? À Paris, on est liés avec de grandes industries implantées sur place. On dispose d’énormément de propositions expérimentales, tout le temps, par-

« CE QUI PLAÎT EN CHINE N'EST PAS FORCÉMENT TRANSPOSABLE À L' EUROPE »

MISSONI

ALBERTA FERRETTI

VERSACE

TOM FORD

ANNE ETIENNE-REBOUL

tout. En outre, les marques sont beaucoup plus nombreuses ici. » Ainsi, l’agence ne fait pas que des compilations de tendances, elle digère, elle métabolise. « Je crois beaucoup à la diversité. Quand on arrive à s’entendre, il en sort quelque chose de plus grand. » La recette gagnante de la tendance ? « Réussir à harmoniser l’histoire, la culture, l’art, croisés avec de l’envie, de l’intuition, de l’inspiration, mixées avec du pragmatisme, de l’expertise et la connaissance de marché, passés aux filtres de regards croisés et internationaux. Tout ceci crée nos convictions, nos partis pris, l’œil Peclers. Nous ne cherchons pas forcément les concepts vendeurs tout de suite, mais des idées neuves qui permettent de percevoir des signes de changements, à prendre en considération. C’est forcément un métier de passion. Je dispose ici d’un terrain de jeu quasi illimité, la société et ses réflexions, ses mouvements, de la création exploratrice à l’artisanat de pointe. Finalement, l’Homme est au cœur de tout. » Et la tendance, en miroir des évolutions du monde.

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Texte Isabelle Vander Heyde Photos Shari Ruzzi

COMMENT TROUVER SON ÂME SOEUR DANS LE BUSINESS ? Travailler ensemble s’apparente à un contrat de mariage. Une idylle dans laquelle les talents rationnels, mais aussi une bonne dose d’intelligence émotionnelle, font la pluie et le beau temps. Comment trouver « the one » dans le boulot ? Découvrez notre cours accéléré sur les business dates.

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a Belgo-Britannique Jennifer Elliot est le cerveau créatif d’Elliot & Ostrich, une marque de joaillerie fine qui traduit l’identité et l’histoire personnelle de chaque client·e dans des bijoux authentiques. Les amours et les moments forts, mais aussi les revers, les défis et les victoires personnelles sont incrustés dans l’argent, l’or, les diamants et les pierres précieuses. Bien que ses racines et son entreprise se trouvent en Belgique, Jennifer est une globe-trotteuse. Née au Botswana, elle a grandi en Afrique, étudié en Belgique et vécu au Kenya. Depuis la création de son label en 2018, elle a reposé ses valises à Anvers, mais son rêve ultime est de pouvoir courir le monde telle une tornade (créative). Un style de vie parfaitement compatible avec son travail de créatrice, mais plus difficile à combiner avec les besoins quotidiens de son label, d’ancrage local. C’est pourquoi elle s’est rapidement mise en quête de la partenaire commerciale idéale, qu’elle a trouvée en la personne de Sylvie Arts. « On parle toujours de l’homme ou de la femme de notre vie. Je pense que dans la vie professionnelle, on peut aussi rencontrer la bonne personne et dans mon cas, c’est Sylvie ! » Les deux jeunes femmes partagent un goût prononcé pour l’esthétique, elles aiment l’authenticité et la transparence, et vouent un culte au travail bien fait. Mais sur bien des points, elles sont à mille lieues l’une de l’autre : Jennifer rêve d’une existence nomade, tandis que Sylvie vient de fonder une famille et recherche avant tout la stabilité. Les opposés s’attirent, mais comment une telle rencontre peut-elle produire des étincelles ? « Je crois qu’on ne peut développer ses talents spécifiques que si on est vraiment passionné par ce qu’on fait », explique Jennifer. « Le label tourne avant tout autour de mon histoire, de mes émotions, et pour pouvoir partager ça, je devais m’assurer que Sylvie se retrouvait dans mon univers. Comme elle fait désormais partie de l’aventure, je voulais connaître aussi son Ikigai – un concept japonais qui désigne la raison d’être d’une personne. Qu’est-ce qui la pousse à sortir de son lit le matin, quelle

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est sa passion, de quelle vie rêve-t-elle ? Pour Sylvie, il s’agissait de trouver un équilibre entre sa famille et son travail dans un environnement esthétiquement stimulant. Avant Elliot & Ostrich, elle a notamment travaillé longtemps chez Delvaux. Nos envies se sont révélées parfaitement compatibles. »

Ikigai Mien Gheysens, coach et autrice de « Exponentieel Potentieel » (Potentiel exponentiel, uniquement disponible en néerlandais, NDLT), accompagne les entrepreneur·e·s : « Les personnes créatives – et les personnes passionnées en général – craignent que l’âme de leur entreprise se volatilise une fois qu’elles ont introduit un second profil plus rationnel. Malheureusement, c’est souvent le cas, avec toutes les conséquences que ça entraîne, mais il n’y a aucune raison que l’histoire se termine mal. La solution consiste à vérifier dès le départ si vous allez vraiment bien ensemble et à savoir comment aborder les éventuelles différences, car il y en a toujours. Il ne s’agit pas forcément d’être sur la même longueur d’onde, au contraire, mais de savoir quand et comment s’adapter. » La grande question du « why » s’impose à toutes les parties. Pourquoi le faire ? Où est-ce que je me vois et où est-ce que je vois l’entreprise dans x temps ? Selon Mien, ces questions sont cruciales. « Il est normal d’avoir des visions différentes, mais elles doivent être clairement exprimées dès le départ afin qu’une approche commune puisse être définie. Par ailleurs, les attentes évoluent en cours de route : si l’une des associées devient mère par exemple, ça modifie toute l’organisation. Le contexte change, la vie change, il faut s’y préparer. La complémentarité, c’est bien, mais à partir de quand y a-t-il trop de différences pour bien fonctionner ensemble ? C’est une question d’équilibre et de décisions mûrement réfléchies. Si vous choisissez de travailler ensemble, vous le faites en réalité à deux niveaux : sur le plan humain et sur le plan entrepreneurial. Il se peut que vous soyez très efficaces ensemble pour l’entreprise, mais que vous vous sentiez personnellement mal. L’inverse peut aussi se produire : vous vous entendez bien, la connexion est bonne, mais vous êtes trop semblables et l’entreprise ne marche pas aussi bien qu’escompté. Il est donc important d’envisager ce choix dans sa globalité. »

« LE LABEL TOURNE AVANT TOUT AUTOUR DE MON HISTOIRE, DE MES ÉMOTIONS. JE DEVAIS M’ASSURER QUE SYLVIE SE RETROUVAIT DANS MON UNIVERS » JENNIFER ELLIOT

The perfect match Aussi étonnant que cela puisse paraître, ce n’est pas le but de la plupart des plateformes de mise en réseau. Sur ces sites, l’accent est mis sur les centres d’intérêt et le type de profil plutôt que sur les attentes et les visions. Ce n’est pas parce que deux personnes veulent travailler dans le secteur de la bijouterie et lancer leur propre entreprise qu’elles vont parvenir à concrétiser ensemble ce projet. Lors d’un event de networking, on aborde rarement la question des rêves personnels et des motivations fondamentales, alors qu’elle est essentielle. C’est pourquoi Mien voit tout le potentiel que recèlent ces situations : « Sur base de ma propre expérience, je ressens vraiment le besoin d’une sorte de match making parmi mes

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« JE SUIS FIÈRE DU LIEN ET DU RESPECT MUTUEL QUE NOUS AVONS ACQUIS GRÂCE AU COACHING » SYLVIE ARTS

client·e·s. On en rigole souvent, mais en réalité, une collaboration commerciale est une sorte de mariage. Vous passez beaucoup de temps, prenez des décisions importantes et relevez des défis ensemble. Et tout comme dans un mariage, les partenaires doivent assumer des rôles différents. Ça concerne aussi bien les questions d’organisation – qui fait quoi dans l’entreprise ? – que les aspects plus humains. » Que signifiez-vous l’un pour l’autre ? Êtes-vous collègues, associés, amis, actionnaires, ou tout ça à la fois ? Il est très intéressant de savoir à l’avance quels rôles vous jouez l’un vis-à-vis de l’autre et sur quelle formule vous vous êtes mis d’accord. Il est normal que vous changiez de casquette de temps en temps. Parfois, vous avez besoin d’un sparring-partner, parfois d’une caisse de résonance et d’autres fois simplement d’une épaule sur laquelle pleurer. Sylvie et Jennifer ont su très tôt qu’elles avaient matché, mais malgré leur bonne relation, elles ont choisi de se faire coacher. « Au départ, le but était de rechercher notre comment et notre quoi », confie Sylvie. « Qu’est-ce qui marche pour elle, et pour moi ? La communication est la clé, mais tout le monde ne s’exprime pas de la même manière – et nous sommes justement très différentes sur ce point. Nous nous sommes donc adressées à une tierce partie, en mesure de traduire mes sentiments à Jennifer, et vice versa. Ça a fait une énorme différence pour nous, et je suis fière du lien et du respect mutuel que nous avons acquis grâce à ce coaching. On peut tout se dire maintenant. Nous prévoyons d’ailleurs des moments de réflexion à intervalles réguliers : une promenade, une séance de médiation ou de yoga. On ne parle pas spécialement des choses à faire, mais plutôt de la façon dont chacune a vécu une expérience, de ce que nous avons appris et de la manière dont nous pouvons continuer à nous épanouir. » « Demandez à des nonagénaires quel est le secret d’un mariage qui dure depuis soixante ans, et la réponse sera unanime : la communication », poursuit Mien. « Dans le monde des affaires, c’est pareil : discuter de manière proactive de ce qui fonctionne et de ce qui ne fonctionne pas, ne pas se noyer dans un verre d’eau, aplanir tout ressentiment avant qu’il devienne envahissant. On évite trop souvent le conflit pour préserver la paix (des ménages), mais c’est la meilleure façon d’aller droit dans le mur. Mon conseil : prévoyez des moments spécifiques pour vous “confronter” l’un·e à l’autre, et soyez clair·e sur le rôle que vous jouez à ce moment-là. Vous pouvez également préciser qu’en tant que manager, vous prenez telle décision, même si en tant qu’amie, vous feriez autrement. Ainsi, toutes les opinions sont respectées et ça laisse une marge de négociation. » La relation de travail rêvée donc, qui maintient le bateau de l’entreprise à flot dans les bons et les moins bons moments.

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Slow is good Saviez-vous que l’eau minérale de Chaudfontaine a une température de 37 °C à sa source et que nous recyclons/réutilisons cette chaleur pour chauffer le site de façon durable ? En outre, nous utilisons des panneaux solaires pour alimenter notre site d’embouteillage en électricité verte.

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UN NOUVEAU VIRAGE Un job, ce n'est plus pour la vie. Mais ce changement de carrière demande plus de courage qu’on ne le pense, surtout si on s’engage sur une voie radicalement différente. Trois femmes racontent comment elles ont fait le grand saut, que ce soit pour concrétiser un vieux rêve ou démarrer tout en spontanéité une nouvelle carrière.

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Texte Maya Toebat Photos Justin Paquay

SOUHAILA AKARKACH D’ÉDUCATRICE À COACH SPORTIVE À 27 ans, Souhaila a traversé une dépression grave. Elle a donc fait ce qu’elle avait toujours fait pour se requinquer : du sport. « À la maison, le sport a toujours fait partie de l’équation, mais pendant cette période, je m’y suis délibérément accrochée pour sortir du trou noir », confie-t-elle. « C’est ainsi que De Sportstudio est né. Le sport en soi m’a fait du bien, certes, mais l’idée de faire quelque chose pour mon prochain accentuait encore la satisfaction que je retirais de cette activité. Quand j’ai accueilli mes premier·e·s client·e·s et que je les ai vu·e·s obtenir des résultats, ça m’a vraiment sauvée. » Pourtant, Souhaila avait déjà le job de ses rêves. « Je travaillais comme éducatrice dans l’enseignement spécialisé à Bruxelles. J’accompagnais des enfants sourd·e·s et malentendant·e·s », se souvient-elle avec mélancolie. Les formations en langue des signes et en logopédie s’étaient imposées à elle après un incident survenu à la mosquée. « Un jour, j’ai remarqué qu’une jeune femme ne comprenait pas la prière. Une autre dame malentendante essayait donc de la traduire avec des signes. En rentrant chez moi, j’ai pensé : “Nous échouons en tant que société si tout un pan de la population ne comprend pas certains messages.” » C’est ainsi que Souhaila s’est lancée dans l’enseignement en tant que médiatrice pour les enfants sourd·e·s. Mais déjà à cette époque, le sport était son grand hobby. « Je faisais beaucoup de sport et les femmes de mon entourage me demandaient souvent si elles pouvaient m’accompagner. Au début, je me suis dit : “Pourquoi ne pas faire du sport avec elles ?” Mais très vite, je n’ai plus été en mesure de suivre mon programme et je me suis plutôt consacrée au coaching. » Souhaila a alors entamé une formation pour devenir personal trainer. « Ce n’était absolument pas dans l’optique de créer une salle de sport », s’empresse-t-elle de préciser. « Une personne qui m’est proche voulait suivre cette formation, mais n’osait pas franchir le cap. Nous ferions donc le pas ensemble. » Bien sûr, elle savait que ça ne réduirait pas l’intérêt de l’extérieur. « J’ai d’abord commencé dans un parc, mais j’ai très vite senti que je devais créer une structure pour répondre à toutes les demandes. J’ai donc posé les bases de ce qui allait devenir De Sportstudio. » Ce projet est né dans le plus grand secret. « Je n’ai rien dit à mes ami·e·s ni à ma famille », poursuit Souhaila. « Pas parce qu’ils m’en empêcheraient, mais parce que je voulais d’abord aller jusqu’au bout de mon idée. Si je la rendais publique, je me retrouverais sous le feu d’influences en tous genres. » Ce n’est qu’à l’ouverture en juin 2019 que les proches de Souhaila ont reçu une invitation. « À ce moment-là, ils ont compris pourquoi j’étais si souvent absente (rires). »

Les premiers temps, Souhaila a continué à travailler en tant qu’éducatrice. Mais au bout de quelques mois, c’est devenu intenable. « Je travaillais dans une école à Bruxelles, après quoi j’allais au studio jusqu’à minuit. Au seuil de l’épuisement, je me suis retrouvée face à un dilemme : vais-je décevoir toutes ces femmes parce que je n’ai pas le temps ou dois-je me consacrer à fond à cette activité ? Je savais que mes élèves ne manqueraient pas d’instituteurs et instritutrices merveilleux/ euses. Mais les femmes de la salle de sport seraient laissées pour compte, car il n’y a pas d’équivalent à ce que je propose. »

« JE TOUCHE DES GROUPES CIBLES QUI NE VONT DANS AUCUNE AUTRE SALLE DE SPORT »

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Qu’est-ce qui rend De Sportstudio si différent ? « Je touche des groupes cibles qui ne vont dans aucune autre salle de sport. Des dames de 70 ans et des enfants de travailleurs et travailleuses immigré·e·s de première génération fréquentent mon studio. Pour beaucoup de ces femmes, le sport n’était pas une priorité à la maison. L’idée reçue était la suivante : gagner de l’argent pour nourrir ses enfants, pas pour les envoyer à la salle de sport. » En outre, Souhaila estime qu’il est important de continuer à évoluer pour répondre à la demande des client·e·s. « Nous avons mis en place un service de garderie parce que beaucoup de mamans ne pouvaient pas venir si elles n’avaient pas de baby-sitter. En cas de problème, je cherche toujours une solution. Après tout, qu’y a-t-il de plus important qu’un mode de vie sain ? » Le fait que Souhaila touche également les enfants par l’intermédiaire de leurs mères est, selon elle, le plus beau des cadeaux. « J’ai toujours voulu travailler avec les jeunes », dit-elle. « À un moment donné, j’ai rencontré un autre groupe cible qui avait besoin d’aide. Alors quoi de mieux que de soutenir les mères, qui sont des modèles pour leurs enfants ? Au fond, indirectement, je continue à travailler avec les jeunes. » desportstudio.com

HÉLÈNE FRANSEN DE JURISTE À CRÉATRICE DE CARTABLES Lorsque le fils d’Hélène est entré en première maternelle en 2012, elle n’a pas trouvé de cartable adapté. « Des sacs bruyants ou très lourds », se souvient-elle. « Je me rappelle avoir vu une super mallette en cuir avec un mouton dessus. Mais quand je l’ai soulevé, il pesait 2 kilos. » Alors, parce qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même, elle a créé un sac en cuir d’agneau orné du prénom Ralph. Le jour de la rentrée, le sac a fait mouche et Hélène a reçu quatre commandes. « Lorsque j’ai déposé mon fils à l’école, des parents sont venus me voir, ainsi que la directrice. Elles voulaient un cartable comme celui-là pour leurs enfants. » De quatre sacs, Hélène est passée en un an à quatre-vingts, commercialisés sous le nom de Jeune Premier. « Avec les encouragements de mon mari, j’ai fait réaliser cinq modèles dans un atelier au Maroc et j’ai commencé à les vendre », raconte Hélène. « Je n’avais pas de plan. C’était juste le bolide Hélène lancé à toute vitesse. » En réalité, Jeune Premier n’est pas la première entreprise d’Hélène. La juriste a d’abord travaillé pour le cigarettier Philip Morris et l’agence immobilière bruxelloise Bureau Gerard, avant de se rendre compte qu’elle était trop têtue pour se plier aux ordres de qui que ce soit. « Je viens d’une famille d’entrepreneur·e·s. Quand mes parents ont demandé à la petite Hélène ce qu’elle voulait faire, j’ai répondu : “patronne”. Après cinq ans chez Bureau Gerard, ma sœur et moi avons donc décidé de lancer une petite marque d’écharpes, un accessoire qui ne se décline qu’en une seule taille, ce qui limitait les risques. » Hélène a ensuite troqué les écharpes contre les cartables et, en lieu et place de sa sœur, son mari Bruno Piers est devenu son nouveau partenaire

« LES ENFANTS UTILISENT LEUR CARTABLE TOUS LES JOURS. POURQUOI NE SERAIT-IL PAS BEAU ? »

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« NOUS AVONS APPRIS DE NOS ERREURS : NOUS SOMMES AUJOURD’HUI LA MARQUE DE CARTABLES AVEC LE SYSTÈME DE FERMETURE LE PLUS AVANCÉ »

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commercial. « Pharmacien de formation, mon mari avait perdu le feu sacré. Très doué pour les chiffres, il est aujourd’hui le CEO de Jeune Premier. Il définit la stratégie et je m’occupe de la conception », explique Hélène. Il n’était cependant pas évident que ces deux-là deviennent collègues. « Nous sommes deux personnalités alpha. Personne ne pensait que ça marcherait aussi bien, mais nous nous entendons à merveille au sein de l’entreprise. Et en dehors aussi bien entendu (rires). » Jeune Premier est désormais en vente dans 36 pays. Ces dernières années, une deuxième ligne a même vu le jour, Jack Piers, du nom du plus jeune fils de la famille. Un parcours néanmoins semé d’embûches pour la juriste et le pharmacien. « Je n’aurais jamais osé rêver de tout ça. Les premières années ont été très difficiles et nous avons connu quelques coups durs. Par exemple, nous avons rencontré la troisième année un gros problème au niveau de la fermeture de nos cartables. Nous avons alors réparé toutes les mallettes et les avons renvoyées aux client·e·s. » Jeune Premier considère les échecs comme autant d’occasions d’apprendre. « Grâce à cet incident, nous sommes aujourd’hui la marque de cartables avec le système de fermeture le plus avancé », déclare fièrement Hélène. L’entrepreneure ne cache pas ses ambitions pour Jeune Premier. « Je veux que nous devenions la plus belle marque dans les écoles. Nous fabriquons des articles fonctionnels, mais surtout très beaux, et c’est une qualité qui manque à beaucoup d’autres labels. » Partie d’un vide esthétique, Hélène continue d’y attacher de l’importance. « Les enfants utilisent leur cartable tous les jours. Pourquoi ne serait-il pas beau ? »

« JE SUIS QUELQU’UN QUI MARCHE TOUJOURS DANS LES CLOUS, ET CE CHANGEMENT ALLAIT ME FAIRE SÉRIEUSEMENT QUITTER MA ZONE DE CONFORT »

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VANESSA CHABOTEAU DE L’HÔPITAL AU COFFEE BAR Parfois, il faut qu’un événement grave se produise pour que puisse survenir un changement radical de vie. C’est ce qui est arrivé à Vanessa. Pendant plus de 21 ans, elle a tout donné en tant qu’infirmière en oncologie. « Mes patient·e·s étaient numéro un sur la liste de mes priorités et mes collègues étaient super », raconte-t-elle. « J’étais aussi un peu le clown de service : je décorais la clinique de jour et j’apportais une note d’humour au milieu de toute cette tristesse. » Vanessa ne s’attendait pas à être elle-même mise à l’épreuve. « L’année dernière, j’ai été victime de harcèlement de la part d’un collègue. Personne n’a remarqué, c’est passé sous le radar. J’ai traversé une période très difficile. »

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« JE N’AI PLUS À EFFECTUER DE TÂCHES INFIRMIÈRES, MAIS JE CONTINUE À PRENDRE SOIN DES GENS »

À l’époque, elle soignait Yves, qui est devenu – outre un patient – un bon ami. « Très vite, il a remarqué que je n’étais pas bien. Je lui ai aussi fait part de mon rêve d’avoir mon propre café. Il y a environ quatre ans, j’ai suivi des cours de barista. Je voulais faire quelque chose d’un peu dingue, que ça me serve un jour ou pas. Je n’étais vraiment pas sûre de pouvoir en faire mon métier. » Yves a ressenti l’inquiétude de son amie et lui a dit : « Vas-y, Vanessa, fonce ! » Mais c’était un pas difficile à franchir. « Je suis quelqu’un qui marche toujours dans les clous, et ce changement allait me faire sérieusement quitter ma zone de confort », raconte Vanessa. « J’ai dressé une liste des avantages et inconvénients, mais je n’arrivais pas à prendre une décision. Bien sûr, ce serait mon truc à moi. J’aurais le mercredi et le jeudi de libres, et je travaillerais près de la maison, mais il me fallait renoncer aux week-ends et aux vacances. » Entre-temps, Yves est décédé, mais sa femme Sabine a pris le relais. « Elle ne comprenait pas trop mes doutes non plus », se souvient Vanessa. « Un seul inconvénient et tous ces avantages ? », disait-elle. « Go ! »

Il y avait plus de choses à régler que prévu. Vanessa a dû s’occuper des papiers et des assurances seule, car elle n’avait plus confiance en personne. Heureusement, son mari Daan a toujours été à ses côtés. « Tu vas devoir travailler très dur, mais c’est déjà le cas aujourd’hui. Parfois, il faut juste sauter le pas. » Et parce qu’il y en a plus dans deux têtes que dans une, il a rejoint l’entreprise, réorientant lui aussi sa carrière et passant ainsi de boucher à pâtissier. Début 2020, le coffee bar De Blauwe Vogel a ouvert ses portes à Nieuport. Deux semaines avant le début de la crise sanitaire. « Beaucoup de larmes ont coulé, mais on n’a rien lâché », souligne Vanessa. « À chaque confinement, nous sommes restés ouverts. On a fait des tas de gaufres et de crêpes à emporter. Et à notre grande surprise, beaucoup de client·e·s régulier·e·s nous ont soutenus. » Ces client·e·s sont en quelque sorte les nouveaux/nouvelles patient·e·s de Vanessa. « Je n’ai plus à effectuer de tâches infirmières, mais je continue à prendre soin des gens. J’ai besoin de cet amour et de cette chaleur dans un job. Mon mari appelle ça la “magie Vanessa” (rires). Pour moi, c’est le travail parfait pour le moment. Ce sont des horaires très lourds, de 6 à 20 h, après quoi je dois encore faire le ménage. Mais je rends une quantité incroyable de client·e·s heureux. » Et Yves ? En tant que parrain de l’entreprise, il veille sur elle avec amour. koffiehuisjedbv.be

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LES REINES DE LA LOGISTIQUE EN BELGIQUE Pa ul

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« NOUS ESSAYONS D’AIDER LES ENTREPRISES À SE DIGITALISER POUR SE CONCENTRER DAVANTAGE SUR LA STRATÉGIE PLUTÔT QUE SUR LE TRAVAIL RÉPÉTITIF. ELLES PEUVENT ALORS ÊTRE PLUS COMPÉTITIVES FACE À DES GÉANTS COMME AMAZON» 68 ELLE magazine

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our sa première édition du Bold Woman Award en Belgique, la maison Veuve Clicquot a vu grand en récompensant des femmes d’ambition. Nous avons rencontré Pauline Van Ostaeyen et Muriel Bernard, deux entrepreneures qui ont fait le pari de révolutionner leur secteur. Au premier abord, il n’était pas facile de comprendre ce que Pauline faisait exactement : une histoire de blockchain et de secteur maritime. Pourtant, l’assemblée de cette première cérémonie des Bold Woman Award a rapidement été conquise par la passion et la détermination de cette jeune femme. À seulement 23 ans, elle a lancé avec, deux cofondateurs, Michiel Valee et Troy Muyshondt, la plateforme Dockflow. Le principe est simple : traquer les conteneurs en direct, comme un colis DHL (en un peu plus gros). Pour beaucoup d’étudiants en économie anversois, il est naturel de faire des recherches dans le secteur maritime. Le port fait tourner la ville. « Chaque semaine, nous faisions du badminton avec Michiel, il me tenait au courant du déroulement de sa thèse sur la blockchain dans la logistique maritime », explique Pauline qui, à l’époque, a également un job dans ce secteur. « Nous avons tous les deux remarqué que ce que l’on nous apprenait en cours sur la transformation numérique était très différent de la réalité. Là où je bossais, par exemple, ils copiaient toute la journée les éléments d’un PDF dans un document Word ou imprimaient le PDF et utilisaient du T-pex pour changer les dates ! Cela m’a fait comprendre que la technologie pouvait faire tellement de choses dans cette industrie. »

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Orientée solutions En 2018, Pauline et Michiel commencent à proposer leurs services de consulting sur la blockchain, avant même d’être diplômés. « Ce qui est bien avec le conseil, c’est que vous n’avez pas besoin d’être un expert, mais juste d’en savoir plus que la personne qui vous embauche (rires) ! Ce fut une excellente expérience d’apprentissage, car nous sommes entrés en contact avec tant de personnes incroyables du secteur. » La blockchain, on y revient. « La partie intéressante de la blockchain dans la logistique maritime, c’est qu’elle est capable de combler le fossé de la confiance. Le deuxième aspect, c’est qu’il y a beaucoup d’informations qui doivent être partagées entre de nombreux partenaires différents. S’il y a un vase fabriqué en Asie que vous devez expédier jusqu’en Belgique, vous aurez probablement une trentaine d’entreprises impliquées. Toutes ces différentes entreprises ont besoin de connaître les informations sur l’expédition pour l’acheminer de son origine à sa destination. » Concrètement, c’est comme une très longue liste qui comprend tous types d’informations et qui, lorsqu’elle est soumise, ne peut être modifiée par personne. Tous les participants en reçoivent une copie. Et c’est là que Pauline identifie un manque. « J’avais des clients qui avaient des conteneurs réfrigérés avec des capteurs de température pour le transport des avocats. Ils devaient avoir accès aux informations de température en direct. Mais ils avaient également besoin des mises à jour de localisation pour savoir si le conteneur avait été chargé ou pas. Il n’existait aucun logiciel capable de centraliser tout ça. » En 2019, elle lance la plateforme Dockflow. « Nous avons commencé par agréger les données de différentes sources. La plupart des transporteurs ont un portail

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Texte Marie Guérin

de suivi. Le problème, c’est qu’un bateau aura peut-être 20 transporteurs différents. Le client doit se connecter tous les jours sur tous ces différents portails pour chaque conteneur. Nous le faisons donc automatiquement. Nous collectons également les températures et les données de localisation grâce à des trackers. Et nous utilisons un réseau satellite qui suit les bateaux. Nos clients apprécient ce service parce qu’il est très facile de partager ces informations avec leurs partenaires. » Dockflow compte déjà douze clients qui fonctionnent comme un réseau avec 60 partenaires dans le monde entier. Ils payent un abonnement annuel avec une offre qui débute à 399 € jusqu’à 1.500 € par mois. « Nous essayons d’aider les entreprises à se digitaliser pour se concentrer davantage sur la stratégie plutôt que sur le travail répétitif. Elles peuvent alors être plus compétitives face à des géants comme Amazon. »

Des bulles plein la tête « Je n’avais jamais bu autant de champagne qu’à la cérémonie Bold Woman Award (rires) !  » Pauline est fière de montrer son prix, le Bold Future Award. « C’est une reconnaissance incroyable et j’apprécie particulièrement que l’idée derrière soit de mettre l’accent sur les femmes entrepreneures comme moi. Je crois que le fait d’avoir des role models et d’avoir cette visibilité est important pour l’empowerment féminin. Le moyen le plus simple pour soutenir les femmes, c’est de montrer leurs succès. Si vous ne voyez pas une femme comme vous réussir dans quelque chose, vous commencez à douter de ce que vous pouvez faire. Ça m’a manqué ! » Une réflexion qu’elle partage avec l’autre gagnante de la soirée avec son Bold Champion Award, Muriel Bernard : « On dit toujours qu’il n’y a pas assez de femmes dans l’entrepreneuriat. Elles ne doivent pas hésiter à se lancer dans des entreprises qui ont de l’ambition. Pauline, ce qu’elle fait, c’est dingue. Ces femmes y vont,

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« LES COMPÉTENCES EN LOGISTIQUE ONT ÉNORMÉMENT DE VALEUR. DANS L’E-COMMERCE, C’EST ESSENTIEL. C’EST LÀ QUE NOUS AVONS LE PLUS SOUVENT DE MAL À RECRUTER. C’EST UNE NOUVELLE COMPÉTENCE, IL N’Y A PAS D’ÉTUDES POUR CELA »

elles créent de l’emploi, une boîte qui génère du chiffre d’affaires. » En 2013, elle a lancé une épicerie en ligne qui propose des produits locaux et bio, eFarmz. Après avoir bossé douze ans pour des multinationales, elle cherchait un nouveau challenge. « J’ai hésité à faire un troisième enfant. Mais je n’avais pas tellement envie, finalement (rires). Donc j’ai voulu faire un truc pour moi, qui me ferait vraiment plaisir, qui a du sens et auquel je crois. J’aime vraiment bien manger et ma famille aussi. Habitués aux courses Click & Collect et aux repas répétitifs, je me suis demandé s’il n’était pas possible pour les gens un peu pressés, les citadins, d’avoir accès en quelques clics à une large gamme de produits bio. C’est l’idée fondatrice du projet. » C’est en grosse voiture et talons hauts que la Bruxelloise débarque chez un producteur à Marche-en-Famenne, la fromagerie du Gros Chêne, sans rien connaître à l’industrie. Comme dans un film Netflix. « Il m’a regardée un peu bizarrement, mais en discutant, on a eu un super bon contact. Il m’a expliqué comment fonctionnait le monde de la production alimentaire en Belgique. Il aimait mon projet. Il m’a donné les contacts d’autres producteurs de la région. Et comme c’est un producteur assez influent, son soutien m’a permis d’ouvrir d’autres portes. J’ai donc créé une sorte de couloir logistique de Marche jusqu’à Bruxelles sur la N4. »

L’e-commerce, sous-développé en Belgique ? D’après l’étude annuelle du cabinet-conseil Retis sur l’e-commerce, seuls 47 pure players emploient plus de dix personnes en Belgique. Parmi ceux-ci, eFarmz. « J’avais vraiment envie de lancer mon e-commerce. Je me suis donc inscrite à une formation et j’ai construit moi-même mon premier site internet. C’est assez intéressant quand tu n’y connais rien, de le faire toi-même. En construisant, tu comprends tout ce dont tu as besoin. Mais le gros inconvénient, c’est que j’ai vite été débordée. Je n’avais pas assez anticipé ce qui se passerait si ça marchait. J’ai très vite eu 100 ou 200 commandes et quand tout arrive, il faut tout traiter. Très vite, nous avons eu beaucoup de problèmes opérationnels. » En 2017, HelloFresh propose des box repas à cuisiner chez soi. C’est un bouleversement sur le marché alimentaire belge. Avec leur force marketing incroyable, ils convertissent les gens à acheter en ligne, en format « box ». « Quand on a vu ça, on s’est dit que nous avions tous les produits à disposition, que nous proposions déjà des paniers avec des recettes. Il suffisait d’aller un chouïa plus loin en faisant la même chose qu’HelloFresh, mais avec du bio et du local. Notre stratégie est vraiment celle du challenger. Nous n’aurons jamais leur budget marketing, par contre, se positionner comme une alternative permet de convertir les gens qui veulent changer d’air. Chaque fois qu’ils font de la pub, nos ventes augmentent. » Quatre ans plus tard, eFarmz livre entre 3.000 et 5.000 clients par semaine. En 2020, l’entreprise a réalisé un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros, avec une cinquantaine de travailleurs. Avec uniquement des livraisons en Wallonie et à Bruxelles.

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Le génie des opérations « Les grands défis sont liés à la logistique. Celle de produits ultrafrais. Si j’avais su, j’aurais vendu des chaussettes (rires) ! Quand on vend une salade, elle est encore dans le champ du producteur. On consolide la commande, on l’envoie au producteur qui la cueille le matin afin qu’elle parte le jour même chez le consommateur. S’il y a une invasion de limaces, nous disposons de deux heures pour trouver une solution. C’est pour ça aussi que nous avons peu de concurrents. Tout le monde ne peut pas assurer cette logistique à flux tendu. Nous n’arrêtons pas de réfléchir à comment améliorer le processus des commandes, des emballages, etc. Les compétences en logistique ont énormément de valeur. Dans l’e-commerce, c’est essentiel. C’est là que nous avons le plus souvent de mal à recruter. C’est une nouvelle compétence, il n’y a pas d’études pour cela », explique Muriel. Au début, c’est elle qui faisait tout, la préparation des commandes, le contact avec les producteurs, l’emballage, l’envoi. Elle a aujourd’hui la chance d’avoir une équipe complète qui lui permet de se concentrer sur le management et le développement de l’entreprise qui a de grands projets. « Je voudrais continuer à grandir, parce que l’idée c’est quand même d’avoir un impact. J’aimerais pouvoir dire qu’une grande partie des familles belges a un jour essayé eFarmz. Devenir beaucoup plus mainstream et convertir les gens aux produits bio et locaux. Conquérir la Flandre et s’exporter à l’international, pourquoi pas ? » Des envies d’expansion également partagées par Pauline : « J’espère que dans cinq ans nous agrandirons notre équipe, avec beaucoup de clients satisfaits. Ce qui est très important pour moi, c’est que les utilisateurs se disent “OMG, Dockflow rend ma vie tellement plus efficace”. J’espère que j’aurai beaucoup de clients qui penseront ça (rires) ! » On n’en doute pas !

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psycho-rigolo

Texte Elisabeth Clauss

DE POLYVALENTE À MULTIPOTENTIELLE

QUELLE FEMME-ORCHESTRE ÊTES-VOUS ? Vous affichez déjà plusieurs carrières au compteur, après avoir changé de cursus d’études deux ou trois fois. Vous n’êtes pas faite pour les parcours tracés à l’équerre ? Tant mieux : la pluralité, c’est la nouvelle clef de multiples bonheurs. Frédérique Genicot est une slasheuse assumée, coach/conférencière/auteure/créatrice de podcasts. Dans son ouvrage « Multipotentiels »*, elle nous explique pourquoi il faut se réjouir d’avoir plusieurs cordes à son arc (ça en fait un instrument de musique), et souligne l’importance de cesser de vouloir coller à un cadre professionnel limité. L’époque où l’on exerçait la même profession toute sa vie est révolue depuis longtemps, ajustons nos ambitions au monde et à ses nouvelles rotations.

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VOUS ÊTES GÉNÉRALISTE D’UN PEU TOUT, ET DU RESTE Déjà, Frédérique Genicot relativise l’obsession désuète pour les compétences techniques : « En 1987, leur durée de vie était estimée à 30 ans ; aujourd’hui, selon l’OCDE, elle se situe entre 12 et 18 mois ! Ce qui compte désormais, c’est la capacité à acquérir de nouvelles compétences. » À évoluer sans cesse, on a parfois du mal à définir un champ d’action. Heureusement que développer une pensée en arborescence, ça repousse les plafonds.

Pourquoi ça vous a embrouillée ? Être « touche-à-tout » ou « couteau suisse », ça peut vous coller une injuste image d’amateure. Pour Frédérique, mais on l’a toutes constaté (voire jugé dans un moment d’égarement), « la société préfère l’expert·e, le/ la spécialiste d’un domaine d’activité particulier, cela rassure. » Même si l’époque est à l’adaptabilité et à la formation continue, les titres à rallonge sur une carte de visite, ça fait encore flipper.

Comment valoriser votre talent, qui est d’en avoir plusieurs ? Pour faire le point, l’auteure propose de dresser la liste ce que vous êtes capable d’accomplir depuis toujours, sans que cela vous mobilise une grande énergie. Barrez de cette énumération ce que vous avez appris au fil du temps, reste vos aptitudes naturelles. Puis posez à votre entourage la question de vos talents (pas de vos qualités, sinon on ne sait pas comment finira la soirée !), et acceptez d’être surprise. Alors, seulement, vous pourrez vous réjouir d’être capable d’explorer au lieu de ce qui reviendrait à se cantonner.

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VOUS ÊTES UN PHÉNIX, QUI RENAÎT DE SES JOBS

C’est le syndrome de la reconversion et du besoin de variété pour s’épanouir. Guidée par la passion, vous vous enthousiasmez régulièrement pour de nouveaux projets, ce que les autres, nourri·e·s d’une seule et même vocation depuis la fin de leurs secondaires, peuvent prendre, à tort, pour de la versatilité ou carrément de l’instabilité. Alors qu’il existe un fil rouge dans vos activités, qu’il va falloir tirer et démêler.

Arrêtez de vouloir vous conformer

Frédérique Genicot insiste : « Affirmer sa multipotentialité s’accompagne d’une prise de position face à des interdits conscients ou inconscients. » Par exemple les carrières de vos parents qui ont monté une boîte ensemble et n’ont jamais bougé d’un cheveu la trajectoire qui les a menés au bonheur (ou peut-être est-il temps de dépoussiérer la légende familiale). Si tou·te·s vos ami·e·s sont dans la finance, il y a de fortes chances qu’elles et eux aussi, changent de boulot tout le temps. Mais vous n’y avez jamais rien compris, c’est toute la différence. Imposer votre singularité « doit passer par une compréhension des mécanismes à l’œuvre, et notamment l’identification de vos croyances limitantes ». Le syndrome de l’imposteur·e vous colle au moindre projet ? Ce sera donc votre prochain chantier.

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Soignez votre estime de vous-même, ça inspirera les autres

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VOUS SURRÉAGISSEZ AUX PREMIERS SIGNES D’ENNUI

On sait qu’au boulot comme en amour, la routine écrase les meilleures volontés sur son passage. L’essayiste et coach en développement professionnel Barbara Sher a établi dans son ouvrage « Je ne veux pas choisir. Guide survie à l’usage des explorateurs/ trices, multipotentiel·e·s, esprits Renaissance et autres touche-à-tout »,* les quatre étapes qui caractérisent le cheminement des profils couteaux suisses : la phase d’apprentissage, où tout est beau et excitant ; la période d’expérimentation, qui laisse libre aux projections et à la créativité ; la maturité, où l’on partage ses découvertes, et enfin, l’ennui. Le moment VOUS NE REPOUSSEZ JAMAIS LE MOMENT DE PROCRASTINER où l’on prend ses clics et ses claques, même si tout se passe bien. C’est Parce que choisir c’est renoncer, vous repoussez le moment de vous jeter à l’eau. Qui a reparti pour un tour ? Sauf qu’on ne eu le temps de s’évaporer. La coach est rassurante : un tiers de la population adulte se revient jamais au point de départ. retrouverait régulièrement dans la même position hésitante. En cause, les nombreuses distractions offertes par nos outils électroniques, et qui servent en réalité notre pulsion Ralentissez le « huit émotionnel » de ne rien décider. On gère en plus une encombrante dose de culpabilité, saupoudrée de quelques regrets. Heureusement, il existe des solutions (à condition de ne pas les reporter). Le stress s’invite quand on se laisse déborder, et que le souvenir des Comment dépasser l’hésitation échecs mal digérés vient gâcher la fête de l’entrepreneuriat débridé. Comme dans la fable du héron (qui laisse passer les trop petits poissons et finit par ne Comment dénouer le fil de ses inspiplus rien avoir à manger), il faut aller au-delà du blocage pour le dépasser, surtout que rations ? « Lutter contre vos émotions les nouvelles idées continuent de s’accumuler. Dans son livre, Frédérique Genicot offre négatives est une mauvaise idée ! des pistes pratiques de résolution : déterminer ce qui nous enquiquine le plus dans les La première habitude pour mieux tâches qu’on reporte, et identifier le Pourquoi. Identifiez vos fausses bonnes excuses, vivre ces moments est paradoxaleet calculez le prix de cette procrastination. Ce qu’un après-midi à regarder Netflix les ment d’en prendre conscience, de les rideaux tirés vaut, et ce que ça va vous coûter. Enfin, « explorez vos bénéfices » (ceux accepter. » Puis de se concentrer sur que vous laissez filer), et confrontez-vous à vos peurs. Vaste programme ? Raison de complètement autre chose. Canaliser plus pour s’y atteler tout de suite. son énergie vers une action positive Gérez mieux votre temps remet les compteurs du doute à zéro. Ça semble évident, mais si vous bloquez devant l’afflux d’idées, il y a sans doute quelque Réalisez que l’avenir vous appartient chose de l’ordre de l’organisation à creuser. Identifiez vos « voleurs de temps préférés » : toutes ces petites choses sur lesquelles on préfère se concentrer – la copine à rappeler, Frédérique Genicot rappelle que les courses pour le week-end alors qu’on est jeudi 15h – plutôt que de se consacrer à « les multipotentiel·e·s ont existé de ce qui devrait vraiment être fait. Parmi les solutions offertes, citons la mise en place tout temps. Mais c’est seulement de routines pour commencer chaque journée (un jogging, un café…) et le système de aujourd’hui que leurs parcours mulrécompense pour avoir accompli des obligations pénibles. Un paquet de dix factures tiples sont valorisés. Dans ce monde envoyées = un thé avec le téléphone sur silencieux. On constate alors que quand on s’y en mutation, ils et elles cochent met, on est capable d’enchaîner et que, finalement, on a bouclé trois dossiers et zappé beaucoup de cases ». Ils et elles se la pause Earl Grey. remettent en question, écoutent leurs intuitions, investissement dans leur formation. Et comme de nombreuses « Multipotentiels », personnes au moment du confinement, se Frédérique Genicot, rendent comptent parfois que leur situation Couteau-suisse, touchene leur convient plus, depuis longtemps. C’est à-tout... le monde du courageux, d’être capable de tout. Certes, la travail s’offre à vous. liberté demande un peu de travail. Ça tombe Éditions DUNOD bien : vous en avez tous les potentiels.

Pour démarrer, il faut enlever le frein à main. En matière d’évolution professionnelle, c’est pareil. Les idées qui vous figent la nuit au fond de votre lit, les doutes sur votre légitimité, l’impression qu’un jour, les gens vont se rendre compte que vous n’êtes pas à votre place. Toutes ces petites punitions qu’une petite voix vous inflige quand le bruit du quotidien est coupé, explosez-les mentalement comme dans un jeu vidéo. Frédérique conseille de ne pas hésiter à partir à la pêche aux validations positives, à célébrer ses victoires (une poignée de pralines, de nouvelles bottes, les deux en même temps), et à vous imaginer ce que diraient vos ami·e·s pour vous remonter le moral. S’il s’agit de dévorer du chocolat en achetant des chaussures, recommencez.

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LE RÉSEAUTAGE PROFESSIONNEL, UN VRAI BOOSTER DE CARRIÈRE Émilie Delannoy est membre du B19, un cercle d’affaires belge qui compte plus de 2000 membres. Nous avons discuté avec elle du rôle de ces clubs et de l’impact positif qu’ils peuvent avoir sur votre avenir professionnel.

Tout d’abord, qu’est-ce qu’un « cercle d’affaires » et à qui cela s’adresse-t-il ? C’est une organisation portée sur l’événementiel qui va permettre aux professionnels d’entrer en contact pour élargir leurs réseaux.

Émilie Delannoy Account Manager Small & Large Enterprise chez SD Worx

Quels sont les bénéfices que tu en retires d’un point de vue professionnel ? Mon job consiste à identifier les besoins de mes clients et clientes afin de leur proposer des solutions adaptées pour tout ce qui concerne la gestion de leurs ressources humaines. Au B19, j’établis des relations de confiance dans un cadre décontracté, avant de pouvoir entamer des démarches plus formelles. Ces rencontres stimulent le bouche-à-oreille : la plus efficace de toutes les méthodes marketing.

L’image des cercles d’affaires est encore très masculine. Être une femme a-t-il été un frein ? Même s’il est vrai qu’on y croise toujours plus d’hommes que de femmes, les choses changent. Au B19 et ailleurs, je vois de plus en plus de femmes prendre les devants et oser venir représenter leur société. N’hésitez pas, vous pourriez passer à côté de belles rencontres, un vrai tremplin pour vous élever professionnellement !

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Quelles sont les activités proposées au B19 ? En marge de cette partie « vitrine personnelle », il y a un côté agenda très développé, axé sur la convivialité. Le cercle propose chaque semaine une grande variété d’activités dans divers lieux et sur des sujets très différents, partout en Belgique. Conférences, cocktails, déjeuners, c’est un excellent réseau pour apprendre dans tous les domaines : économique, financier, sportif, politique, médical ou artistique.

CET ARTICLE A ÉTÉ ÉCRIT EN ÉTROITE COLLABORATION AVEC B19. NEWB19.BE

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KIM HYUNGSIK

Sac banane en cuir M.gram 4810, Montblanc. Veste et pantalon, Off White. Chemise, Jaquemus.

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Sac en cuir M.gram 4810, Montblanc. Robe satinée, manteau, cagoule et chaussures, Miu Miu.

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PEGGY GOU AUX PLAT INES Stylisme Lorena Mazza Photos Kim Yhungsik

DjJe etlas productrice, Peggy est une étoile montante de la fashion sphère qu'ellehoe ne beter. cesse het al eerder in ditGou nummer: boring is out, party outfits in. Hoe glamoureuzer, de surprendre parVoortaan ses looks audacieux. flair qu'elle à la collection stappen we metUnhet juiste beenapplique en véél glitter uit bed. UltraBlack de Montblanc, plus ludique que jamais.

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Montre connectée summitlight UltraBlack, Montblanc. Robe et gants, MM6 Maison Margiela.

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Sac à bandouillère UltraBlack, Montblanc. Top et pantalon, Issey Miyake.

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Montre 1858 geosphere UltraBlack édition limitée 858, Montblanc. Robe, Simone Rocha.

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Sac à dos UltraBlack pocket, MontBlanc. Chemise, top ajouré, pantalon, Valentino.

ÉQUIPE DE PRODUCTION : Modèle : Peggy Gou. Production : Bae Woori. Coiffure : Tobias Sagner. Make-up : Park Nina. Retouches : Shin.J.

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LE CHAUD OU LE FROID? Stylisme Monica Curetti

Photos Laura Sciacovelli

Comment aborder le look de mi-saison ? En s’inspirant de l’élégance d’Elisa Sednaoui qui porte à merveille ce style de transition, entre laines, jeans et coupes courtes qui dévoilent la peau sans en faire trop.

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Veste à motif tartan et détails en velours, Fay Archive. Chemise en jean, Blazé Milano. Chemise en coton, Ralph Lauren. Short en denim biologique, Levi's Red Tab.

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Veste matelassée avec détails velours, Fay. Robe en laine à motif tartan, Stella McCartney.

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Veste rembourréé, Fay. Chemise en jean de coton recyclé, Levi's Red Tab. Bralette en trico et short assorti, Alanui.

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Veste en toile de coton avec détails en velours, Fay. Gilet oversized en laine, Ardusse. Short en velours, Molly Bracken. Ceinture, Orciani. Bottes, Miu Miu.

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Veste en moleskine avec détails en velours, Fay. Veste en jean, Levi's Red Tab. Bralette en tricot et legging assorti, Etro. TEAM PRODUCTION : Modèle : Elisa Sednaoui @Women management Coiffure : Satoshi Klein Maquillage : Martina Bolis @ Unconventional Artist Collaborateur : Gabriele Ciciriello

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abonnement

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SE RESSOURCER… Une envie, un désir, un coffret Wonderbox s’offre à vous. Parce que la vie est plus belle pour ceux qui osent vivre leurs rêves, Wonderbox vous invite à des expériences inédites. Vous trouverez de quoi vous ressourcer dans l’un des nombreux coffrets cadeaux Wonderbox. Découvrez tout l’univers des coffrets Beauté & bien-être, Restaurant & Gastronomie, Sport & Aventure, Séjours. A vous de choisir.

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MARC DE GROOT

Quels cosmétiques méritent réellement leur réputation de bombe d'efficacité ?

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Texte Marie-Noëlle Vekemans Photos Marc De Groot Photos produits Fabrice Bouquet

LES MEILLEURS COSMÉTIQUES DU MONDE Cette année encore, les journalistes beauté des éditions du ELLE à travers le monde ont voté pour décerner les ELLE INTERNATIONAL BEAUTY AWARDS 2022. Quels sont les meilleurs produits de maquillage, les soins visage, corps, cheveux et le parfum de l’année à tester sans plus attendre ? Découvrez les grands gagnants !

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MAQUILLAGE MASCARA LANCÔME – Lash Idôle. Cette pépite allonge les cils et gonfle leur volume mais sans effet too much. ROUGE À LÈVRES CHANEL – Rouge Coco Bloom. Il allie deux qualités difficiles à trouver habituellement : l’hydratation et la longue tenue. FOND DE TEINT CLÉ DE PEAU BEAUTÉ – Radiant Cream Foundation. Il a le pouvoir de sublimer pendant des heures tous les types de peau.

CHEVEUX SHAMPOING KÉRASTASE – Curl Manifesto Bain Hydratation Douceur. Spécialement conçu pour les cheveux bouclés, ce nettoyant améliore la texture et l’hydratation de la fibre, définit la boucle et parfume délicatement la chevelure. SOIN OLAPLEX – N°.5 Bond Maintenance Conditioner. Un véritable pansement capillaire pour les cheveux à bout de souffle. Semaine après semaine, ils reprennent vie et gagnent en douceur, brillance et force. STYLING ORIBE – Dry Texturizing Spray. Ce produit a tout de la baguette magique. Il améliore la texture et le volume des cheveux sans laisser la moindre trace. magazine ELLE 91

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PARFUM COLLECTION PRIVÉE CHRISTIAN DIOR – Eden-Roc. Un parfum salé et boisé qui évoque la douceur de vivre qui règne dans ce lieu tout à fait unique et mythique qu’est l’hôtel du Cap-Eden-Roc. Un sillage intensément solaire, empreint du souffle de la Méditerranée et qui transmet une émotion forte.

VISAGE HYDRATANT AUGUSTINUS BADER – The Cream. Ce produit mérite toute notre attention. Il rend la peau visiblement plus belle et plus jeune. Une véritable révélation.

CE PARFUM, À LA FOIS PIQUANT ET SENSUEL, EST UNE RÉMINISCENCE DU BONHEUR EN SOMME

ANTI-ÂGE GUERLAIN – Abeille Royale Youth Water Oil. La texture de ce soin est tout à fait unique, confortable, mais incroyablement légère en même temps. Cette eau-en-huile offre hydratation et correction et son parfum est absolument divin. MASQUE SHISEIDO – Vital Perfection LiftDefine Radiance Face Mask. Ce masque est un véritable bain de jeunesse pour la peau. Après un seul traitement, la peau est parfaitement hydratée et les traits défatigués. La quantité de produit est très généreuse et l’excédent peut être massé sur le visage, le cou et le décolleté pour n’en perdre aucune goutte.

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GREEN SOIN DE LA PEAU WELEDA – Skin Food Body Butter. Un essentiel, tout simplement. Il hydrate, apaise, répare tous les types de peau. MAQUILLAGE KJAER WEIS – Im-Possible Mascara. Volume, longueur, intensité. Bluffant, tout simplement. SOIN CHEVEUX DAVINES – LOVE Smoothing Instant Mask. Le produit idéal pour celles et ceux qui cherchent à dompter leurs frisottis en un temps record. 30 secondes chrono !

CORPS SOLAIRE SUPERGOOP! – Glowscreen Sunscreen SPF 40 PA+++. Cette protection agit comme un véritable bouclier contre les dommages causés par les UV et la lumière bleue tout en apportant un incroyable glow à la peau dès l’application. HYDRATANT CLARINS – Tonic Moisturizing Balm with Essential Oils. Ce soin ne rafle que de bons points : une texture légère et crémeuse, un parfum énergisant et une sensation de douceur et de fraîcheur intense qu’il laisse sur la peau. ANTICELLULITE SISLEY – Le Sculpteur. Ce soin intelligent fait vraiment la différence. Combiné à un mode de vie et une alimentation saine, il aide réellement à redessiner les contours de la silhouette.

PRIX BELGIQUE Située à Bruxelles, la team Ultra Remediology gère son propre laboratoire, collabore avec ses artisans et fournisseurs, son parfumeur attitré, sa chaîne de production, son équipe de recherche et développement, etc. Un contrôle minutieux est exercé depuis le choix des matières premières sélectionnées jusqu’à la mise en flacon. Le projet est ambitieux et novateur. Les formules composées avec un maximum d’ingrédients naturels et bio sont le fruit de plus de sept années de recherches. Tous les packagings sont recyclés et leur empreinte carbone est nulle. L’objectif des fondateurs est, ni plus ni moins, de révolutionner l’industrie des soins de la peau. Et, croyez-nous, le changement est en marche ! fr.ultraremediology.com magazine ELLE 93

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Texte Marie-Noëlle Vekemans

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DANS NOTRE SALLE DE BAINS Pour commencer cette nouvelle année en beauté, Chanel lève le voile sur un projet longtemps tenu secret. Baptisé N°1, ce nouveau rituel de soins vient bousculer les codes de la maison de luxe française. Plongée au coeur d’un projet novateur. 94 ELLE magazine

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N°1. Un chiffre annonciateur de perfection. Pour séduire son public exigeant, la marque aux doubles C s’est inspirée d’éléments symboliques qui lui sont chers pour les remettre en pleine lumière. À travers cette nouvelle gamme, elle dévoile aussi tout son savoirfaire scientifique, sa capacité d’innovation et ses ambitions en matière d’écoconception.

Un nom évocateur Pourquoi N°1 ? Pour plusieurs raisons. Tout d’abord, parce que Gabrielle Chanel était une femme superstitieuse qui s’intéressait beaucoup au pouvoir des chiffres. Après N°5, cette collection fait hommage à la personnalité hors du commun de sa fondatrice. Autre clin d’oeil à l’histoire, l’utilisation du camélia au coeur de chaque formule. Le camélia, fleur iconique, fleur de coeur de la maison. Et enfin, c’est aussi la toute première fois que Chanel crée une gamme qui porte une vision plus holistique de la beauté en rassemblant autour d’une même ligne des produits de soin, de maquillage ainsi qu’une eau parfumée.

Une gamme inédite N°1 présente une approche globale et horizontale de la beauté et du bien-être. Elle se compose de neuf produits (six de soin, deux de maquillage et d’une eau parfumée) aux galéniques de pointe répartis en quatre étapes clés : préparer la peau avec la poudre de mousse et la lotion ; traiter la peau avec la crème yeux, le sérum, véritable produit phare de la gamme car le plus concentré en extrait de camélia rouge, et la crème ; embellir avec deux produits de maquillage qui sont un fond de teint et un baume teinté qui s’applique tant sur les lèvres que les joues ; le parfumage, l’étape revitalisante par excellence qui apporte une réelle sensation de fraîcheur grâce au surprenant sérum-en-brume format mist qui s’utilise on-the-go pour apporter un coup de boost en journée par-dessus le maquillage et l’Eau Rouge parfumée. Un fil conducteur olfactif développé en exclusivité pour cette toute nouvelle gamme avec en tête, des accents d’agrumes, en coeur des notes de fleurs blanches, et de l’iris et du musc en fond. On peut mixer et matcher les produits en fonction des bénéfices recherchés ou de ses produits préférés. L’efficacité de chacun est garantie individuellement.

Une fleur star

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Le camélia et ses incroyables propriétés auxquelles les experts Chanel s’intéressent depuis le milieu des années 80. Ce qu’elle a d’exceptionnel, c’est sa capacité à résister aux effets du temps et à survivre aux conditions climatiques rudes de l’hiver. Afin d’approfondir ses recherches sur cette famille et ses nombreuses variétés, l’équipe scientifique s’est liée avec un véritable passionné du camélia, Marc Jeanson, botaniste et agronome de renom, qui a mis à disposition son immense jardin où poussent près de 2.000 espèces de plantes et variétés de camélias. De ces recherches et expérimentations, quatre extraits différents ont été sélectionnés et infusés dans les neuf produits de la gamme N°1 : l’extrait de camélia rouge, l’ingrédient star, l’huile de camélia, l’eau distillée de fleurs de camélia et une levure prélevée sur une des parties de la fleur. La tendance étant à la confection de formules toujours plus naturelles, certaines d’entre elles atteignent les 98 % de naturalité avec plus de 76 % d’ingrédients dérivés du camélia.

Une innovation anti-âge La nouveauté de cette gamme est de cibler la vitalité de la peau et d’en prolonger la jeunesse le plus longtemps possible, peu importe le style de vie mené ou le stress environnemental subi. D’un point de vue biologique, les experts Chanel se sont intéressés à la science de la sénescence, c’est-à-dire au processus de vieillissement naturel des cellules de la peau. Entourés de sommités mondiales dans ce domaine, les laboratoires travaillent sur ce phénomène depuis plus d’une dizaine d’années avec pour objectif de parvenir à empêcher les cellules d’entrer en sénescence, en bloquant la première étape du processus. Pour mieux comprendre : dans un tissu sain, une cellule normale va avoir la capacité de se diviser un nombre de fois limité (environ 50), après elle est éliminée et remplacée par une cellule plus jeune. Mais une fois la cellule entrée en sénescence, cela se passe différemment. Elle arrête sa division mais ne disparaît pas. Elle reste dans le tissu et s’accumule au cours du temps. La sénescence se passe en trois étapes : l’initiation, la cellule arrête de se diviser ; la propagation, ces cellules envoient des messagers de stress et d’inflammation aux cellules avoisinantes qui a leur tour vont devenir sénescentes ; l’installation : les cellules s’accumulent dans le tissu. Dans une peau mature, elles peuvent représenter jusqu’à 50 % des cellules. L’extrait de camélia rouge, infusé dans le sérum N°1, a prouvé son efficacité à bloquer l’entrée en sénescence. Une véritable révolution anti-âge. Concernant les bénéfices visibles, ils se concentrent sur les cinq préoccupations principales des femmes : la diminution des ridules, l’amélioration de l’éclat, de l’élasticité et du confort, et l’atténuation des pores visibles. N°1 semble indéniablement mériter sa place sur la première marche du podium des nouveautés 2022. magazine ELLE 95

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Texte Marie-Noëlle Vekemans

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OVERD(R)OSE

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La rose est une des matières premières les plus utilisées en parfumerie. Elle est d’ailleurs baptisée « la Reine des fleurs ». Un peu, beaucoup, intensément, ces trois nouvelles créations parfumées mettront les amateurs de parfums floraux dans tous leurs états. 1. Tout simplement la plus forte concentration au monde de Rose Centifolia Absolu. Radical Rose eau de parfum, Matière Première, 100 ml, 190 € chez Beauty by Kroonen. 2. Un parfum doux mais puissant, dans lequel le sillage de la rose est rehaussé d’une note d’amande verte. Rose Chérie eau de parfum, L’Art et la Matière, Guerlain, 100 ml, 295 € 3. Une fragrance fraîche et légère, poudrée et chaleureuse à laquelle se mêlent des notes de basilique, de lychee et de musc blanc. Rose Blush cologne, Jo Malone, 50 ml, 86 €.

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GRATTE-LANGUE

COLO SOUS CONTRÔLE Chroma Crème est une gamme innovante qui corrige la couleur tout en offrant un soin intense aux cheveux. Composée d’un trio de shampoings, elle masque les reflets chauds indésirables (jaunes pour les blondes, cuivrés pour les châtains clairs et rouges pour les foncés). Ce qui permet aux client.e.s d’entretenir toutes les couleurs à domicile. Chroma Crème, L’Oréal Professionnel, 300 ml, 21,60 €

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200 C’est le nombre moyen de cils que l’on possède par paupière supérieure. Leur durée de vie est de trois à cinq mois, mais un démaquillage brutal peut provoquer leur chute prématurée. Pour l’éviter, on opte pour un démaquillant à base d’huile qui va dissoudre le maquillage. Il suffit de poser un coton imbibé sur les cils et de patienter une dizaine

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de secondes. Une fois ramolli, le mascara (le waterproof est déconseillé car plus résistant) se retire en douceur, par

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Coup de coeur

Tout comme le brossage des dents, le nettoyage de la langue est un geste d’hygiène tout à fait élémentaire. Ce rituel est encore méconnu chez nous alors qu’il est utilisé en Inde depuis l’Antiquité. Pour s’y mettre, rien de mieux que cet accessoire original – pour ne pas dire bizarre : le gratte-langue qui, comme son nom l’indique, permet de racler la langue et de la débarrasser d’une bonne partie des bactéries et résidus alimentaires qui s’y trouvent. Ce geste aide à combattre la mauvaise haleine en éliminant la couche blanchâtre en surface. Il aide aussi au processus naturel de détoxication de la bouche et renforce le système immunitaire. Enfin, débarrassées de cette couche inutile de germes, les papilles gustatives sont libérées, ce qui permet de savourer davantage les saveurs. Trois bonnes raisons d’essayer sans plus tarder.

mouvements de lissage.

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CORRIGER SON DOUBLE MENTON

weDo/ est une nouvelle marque engagée qui propose de produits vegan contenant jusqu’à 50 % d’ingrédients en moins que les marques traditionnelles. Moins d’ingrédients superflus pour plus d’efficacité et de transparence. La ligne de soins capillaires weDo/ se compose de 14 produits, dont quatre multifonctionnels qui peuvent aussi être utilisés sur le corps. Les emballages sont fabriqués à partir de matériaux déjà recyclés et sont recyclables. La nouvelle marque collabore avec la Plastic Bank pour aller encore plus loin dans son engagement éthique et écologique. Cette organisation a pour objectif de réduire la quantité de plastique dans les océans, ainsi que lutter contre l’extrême pauvreté en aidant les communautés défavorisées à transformer les déchets en revenus. Ainsi, pour chaque produit vendu par weDo/, huit bouteilles en plastique sont collectées et éliminées. L’impact concret attendu au cours de la première année de coopération : 120 tonnes de plastique retirées de l’environnement et six millions de flacons en plastique en moins dans l’océan. Go, go, go ! 1 Masque réparateur, 150 ml, 24,90 € 2 Crème de jour hydratante, 100 ml, 19,90 € 3 Huile cheveux et corps, 100 ml, 39,90 € 4 Tonic cuir chevelu, 100 ml, 24,90 €.

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L’AMOUR JUSTIN PAQUAY

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Texte Jolien Vanhoof Photos Justin Paquay

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AUTIER, BONJOUR

Le temps ne semble pas avoir de prise sur Marina Bautier et les tendances non plus. Son mobilier en bois sobre lui a valu le titre de « designer de l’année » en 2014 et, aujourd’hui encore, elle conçoit ses pièces avec un grand sens de la fonctionnalité. Nous avons eu la chance de boire un café dans ses superbes tasses, et même de jeter un œil à son intérieur bruxellois. 102 ELLE magazine

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Affirmer que la chaussée de Forêt à Bruxelles vend du rêve serait mentir. Même si ce n’est pas une chaussée à proprement parler, mais plutôt une rue résidentielle jalonnée de vieilles maisons. Rien ne laisse présager que l’univers parfaitement stylé de Marina Bautier (41 ans) se niche dans ce curieux écrin. La designer de mobilier basée à Bruxelles a repris il y a dix ans les locaux d’un sculpteur. Elle cherchait un endroit suffisamment spacieux pour accueillir à la fois une boutique et un studio. Elle a été séduite par le jardin arrière et le toit plat qui offre des possibilités d’extension. Le projet a pris corps en plusieurs étapes. Elle s’est d’abord attaquée à l’étage existant pour en faire son lieu de travail, puis au rez-de-chaussée où se trouve le show-room abritant les meubles de sa marque et, depuis septembre dernier, le Café Bautier. Les client·e·s viennent souvent de loin. C’est pourquoi la créatrice a voulu leur donner l’occasion de s’attarder un peu. Ils sont d’ailleurs servis par Marina elle-même, qui a encore du mal à déléguer. Elle dit que l’accueil est inscrit dans ses gènes. De l’ouverture de la boutique en 2013 jusqu’en 2018, elle a également organisé ses populaires lunchs du vendredi pour ses ami·e·s et client·e·s, chaque dernier vendredi du mois. Lorsqu’elle a dû y renoncer par manque de temps et d’espace, l’idée d’un café a commencé à germer. Et ce n’est pas tout. Marina vient de se voir octroyer un permis officiel pour construire un étage supplémentaire. Le plan ? Créer deux studios dans le toit qu’elle aménagera elle-même dans l’optique de les louer. Un projet dont elle rêvait déjà quand elle a acheté le bâtiment.

Légèrement « control freak » Cette approche step by step est typique de Marina Bautier. Elle sait ce qu’elle veut, mais elle aime prendre son temps. Ambitieuse, elle ne s’attend pas à faire des miracles en un clin d’œil. Il en a été ainsi lors de la création de son label. Avant de lancer Bautier en 2013, elle a travaillé en tant que free-lance pendant dix ans. D’abord pour la société de meubles Ligne Roset, qu’elle a su séduire lors de sa deuxième participation au Salone Satellite de Milan. Plus tard, elle a collaboré avec Case Furniture, Swedese et Idée, une marque japonaise pour laquelle elle bosse encore de temps en temps. « C’est en 2009 que j’ai envisagé pour la première fois de lancer ma propre marque, lors d’une visite d’usine chez Swedese. Ils m’ont offert un livre sur les frères Ekström, qui ont fondé le label suédois en 1945. J’étais intriguée. Ces deux-là ont tout fait eux-mêmes. C’est aussi ce à quoi j’aspirais : une collection qui me ressemble en tous points. Étape par étape, j’ai jeté les bases de ma propre marque, de l’élaboration de croquis et de prototypes à la planification des ventes. Je voulais prendre en charge l’ensemble du projet. Cette approche me convient car je suis un peu control freak… »

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Marina Bautier a commencé sous le nom de MA. Dès le départ, son ambition était de créer une marque avec une touche personnelle, tout en restant dans l’ombre. « Je manquais de confiance en moi », explique-t-elle. « Je pouvais me cacher derrière ces initiales. Mais ça n’a pas marché. Les gens ne savaient pas comment les prononcer et ces deux lettres manquaient cruellement d’émotion. Alors j’ai rebaptisé ma marque Bautier. Il a fallu que je m’habitue à entendre mon nom régulièrement. Mais aujourd’hui, quand ma collègue à la boutique décroche le téléphone en disant “Bautier, bonjour,” je ne le remarque même plus. »

L’amour du bois Pour quelqu’un qui exerce un métier créatif, Marina Bautier pense de façon étonnamment rationnelle. C’était déjà le cas quand elle était enfant. Jusqu’à l’âge de 16 ans, elle était bien décidée à étudier les mathématiques et les sciences. Elle a transformé la cave de la maison familiale en un lieu de retraite artistique, où elle fabriquait des figurines en bois et organisait des ateliers pour ses cousins. Finalement, l’artisanat l’a emporté sur la logique. À 18 ans, elle est partie étudier le design de meubles en Angleterre, à la Buckinghamshire New University. Une formation pratique – « nous n’avions que deux heures de théorie par semaine » – qui a renforcé son amour du bois et du processus créatif.

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« JE VOULAIS PRENDRE EN CHARGE L’ENSEMBLE DU PROJET. JE SUIS UN PEU CONTROL FREAK »

Le lieu de travail principal de Marina. Ici, pas de politique de bureau clean, mais un chaos douillet avec de l’inspiration à chaque angle de vue.

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Simplicité synonyme de beauté

En haut : le populaire lit d’invité de Bautier est également installé dans la maison privée de Marina. À droite : une partie de la salle d’exposition de Marina au dernier étage, éclairée par deux gigantesques puits de lumière.

« Plus je travaillais avec le bois, plus j’aimais ça », raconte Marina. « Facile à manipuler, contrairement au métal par exemple, il insuffle de la chaleur à une création. Lorsque j’ai lancé ma marque, mon choix s’est naturellement porté sur le chêne. Je voulais travailler avec un bois dur durable qui s’intégrerait dans n’importe quel intérieur. Le chêne attire l’attention, mais de manière subtile. » Trouver un·e partenaire de production fiable et durable s’est révélé l’un des aspects les plus délicats lors du lancement de son label. Les menuisiers locaux qu’elle avait en tête étaient soit trop petits pour réaliser des productions de masse, soit trop grands et trop automatisés pour exécuter des travaux aussi détaillés. Via via, la designer a fait la connaissance d’une entreprise familiale allemande. Le déclic s’est produit instantanément. Aujourd’hui, le courant entre les deux parties passe tellement bien que Marina leur confie de plus en plus souvent ses prototypes. « J’ai bien sûr une assistante qui m’aide pendant les périodes chargées, mais si j’ai une idée claire de la forme et de la structure à l’avance, je peux l’envoyer directement en Allemagne. » Bien entendu, ça ne va pas toujours de soi, admet-elle. Elle couche immédiatement certaines idées sur le papier, tandis que d’autres prendront du temps à mûrir dans sa tête avant que la première esquisse ne soit réalisée. « Le passage du dessin au prototype est encore plus difficile. Parce que tout à coup, ça devient tangible. Je n’ai alors plus le luxe de continuer à expérimenter dans ma tête. Peut-être que je devrais franchir cette étape un peu plus rapidement. C’est seulement lorsqu’on commence réellement à travailler sur un prototype qu’on remarque les faiblesses d’une pièce. » Marina montre un prototype de chaise qui ne semble pas progresser. « Elle est là depuis douze ans », sourit-elle. « J’espère pouvoir un jour la lancer en production. »

Un seul qualificatif suffit pour décrire son travail : fonctionnel. Pas de design tape-à-l’œil ou innovant dans le genre de ce qu’elle a pu faire pour le compte d’autres marques, mais une série de basiques épurés qui métamorphosent une maison en foyer. « En tant que free-lance, j’avais constamment l’impression que mes créations devaient être spéciales. Au fil des années, j’ai réussi à me défaire de cette pression. Je suis mon intuition, et je crois en ce que j’aime. Trouver le moyen d’assembler mes meubles avec le moins de quincaillerie possible me procure beaucoup de plaisir. Plus il y a de bois, mieux c’est ! » Ce n’est pas une coïncidence si le Guest Bed est l’une des pièces les plus vendues de la marque. Il est 100 % en bois, une spécificité très appréciée par les client·e·s. Sa pièce préférée ? « C’est une question difficile. Je ne considère pas mes meubles comme des objets indépendants, ils font partie d’un tout. Le Guest Bed remporte effectivement un franc succès, mais ça n’en fait pas ma pièce préférée ni la plus réussie. Au contraire, je serais ravie que le canapé et la table à manger se vendent aussi bien (rires). »

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lifestyl e Ci-dessous : la chaise Cruiser que Marina a conçue pour Swedese en 2010.

l’aise s’ils n’achètent rien, alors elle a décidé d’habiller ses meubles avec une collection limitée d’ustensiles de cuisine, de lampes, de livres et de foulards de marques chères à son cœur. Elle a conçu elle-même les draps, les couvre-lits, les nappes et les tote bags en lin. Pour l’instant, ça s’arrête là. « Je ne pense pas en matière d’abondance et d’accumulation. Il en va de même pour mes meubles. Je veux que ma gamme soit vivante. Certaines pièces sont relookées ou disparaissent de la gamme, et de nouvelles sont ajoutées. Mais je n’ai jamais eu l’intention de proposer dix cadres de lit différents. Ce serait tout sauf durable, et je n’ai pas le temps. » Marina puise son inspiration principalement dans des intérieurs purs et authentiques. À cet effet, elle combine réseaux sociaux, blogs, magazines et rencontres fortuites. Parfois, l’absence d’un objet bien spécifique dans sa propre maison est le point de départ d’une nouvelle idée. « Au départ, j’ai fabriqué le Oak Bed pour moi. Comme j’étais satisfaite du résultat final, je l’ai inclus dans la collection. »

Mieux vaut un lit que dix C’est lundi, nous avons donc tout le Café Bautier rien que pour nous. Marina désigne les tasses vert pâle qu’elle vient de remplir pour la seconde fois, en hôtesse attentionnée. « Ce sont mes tasses Bautier. Je vends également des céramiques de The Leach Pottery et de l’Atelier Pierre Culot. » Ces dernières années, la gamme d’accessoires de Bautier s’est développée de manière très organique. La créatrice ne voulait pas d’un show-room aseptisé où les client·e·s se sentent mal à

Outre Bautier, la créatrice a fort à faire avec la rénovation de sa maison, une imposante bâtisse de ville bruxelloise où elle vit depuis quelques années avec son mari et ses deux filles de 5 et 9 ans. Elle n’aime pas mettre sa vie privée sous les projecteurs, mais notre curiosité est titillée et pour le ELLE, elle fera une exception. Après un trajet de cinq minutes en voiture, nous nous retrouvons devant la façade bardée d’échafaudages. À l’intérieur aussi, il y a encore du travail, mais le salon au design vintage et la salle de bains aux carreaux verts fournissent déjà une bonne idée du style original de Marina. Elle suit sa propre voie, tant dans sa vie privée que professionnelle. « J’ai appris à croire en ce que je fais. Il y a dix ans, je me demandais en permanence si ça allait marcher. C’était épuisant ! J’ai vu d’autres entrepreneurs de mon âge atteindre le sommet en un rien de temps, alors que pour moi, les choses semblaient prendre une éternité… » Aujourd’hui, Bautier se porte à merveille, avec plus de la moitié des commandes passées en ligne et des ventes un peu partout en Europe et même aux États-Unis. La Belgique reste néanmoins à la traîne. « J’ignore totalement pourquoi ce n’est pas mon meilleur marché. Rien de tel que de vendre localement, non ? Maintenant que le plus dur est fait, je suis prête à conquérir mon propre pays. Avec un peu de chance, ça ne prendra pas une éternité (rires). » bautier.com

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L’ É T O U F FA N T E SOLITUDE

« Je suis à la recherche depuis des années d’un partenaire stable et sérieux, mais je n’ai pas encore trouvé. »

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Texte Juliette Maes Illustrations Florence Collard

« C’EST TERRIBLEMENT PERTURBANT, LA SOLITUDE EST ÉTOUFFANTE, ET JE NE PARVIENS PLUS À SUPPORTER TOUT CELA, C’EST VRAIMENT TRÈS DUR » La solitude des personnes âgées est un phénomène connu depuis de nombreuses années en Belgique, mais d’après une étude réalisée en 2013 par Aides, SOS Homophobie et le groupe SOS, les personnes LGBTQ+ sont exposées de manière disproportionnée au risque d’isolement en vieillissant. Discriminations, ruptures familiales et difficultés à créer des liens sociaux, vieillir en tant que LGBTQ+ dans notre société n’est pas simple.

Qualité de vie et santé mentale Comme beaucoup d’autres homosexuel·le·s de sa génération, G., qui a préféré garder son anonymat, souffre de cet isolement. Malgré ses efforts et centres d’intérêt variés, il n’a jamais eu de relation stable, une situation qui devient de plus en plus difficile à gérer et qui est la cause d’une lourde dépression. Originaire de Waterloo, ce senior de 66 ans vit depuis douze ans dans une habitation protégée à Bruxelles, avec huit autres personnes nécessitant également un suivi psychiatrique. G. y a fait son coming out, il y a quelques années. Il se rappelle avec plaisir que les résident·e·s ont accueilli cette nouvelle avec beaucoup d’ouverture, bien qu’il soit le seul homosexuel du groupe. Dévoiler son orientation sexuelle était, pour lui, nécessaire, en raison des réunions hebdomadaires tenues dans le centre, mais pas suffisant pour créer des liens enrichissants. « J’adore la culture, c’est une grande passion chez moi », confiet-il. « Je vais régulièrement au cinéma, au théâtre ou à l’opéra, mais toujours seul. » Vivre son orientation sexuelle ouvertement impose une réaffirmation constante de soi, regrette Hilde De Greef, elle-même lesbienne et cofondatrice des Rainbow Ambassadors, une structure qui défend les droits des seniors LGBTQ+ dans la société. « Être LGBTQ, c’est faire son coming out tous les jours », explique-t-elle. « Aux autres, il ne faut pas dire qu’on est hétéro. Mais pour nous, c’est toute la vie. Mille fois, il faut y réfléchir, faire le choix de le dire ou pas. » En cause, les normes hétérocentriques qui poussent de nombreuses personnes à cacher leur orientation sexuelle ou identité de genre lorsqu’elles intègrent une résidence, par peur d’être discriminées.

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Des comorbidités spécifiques aux personnes séropositives

Pour ces raisons, Alain, 67 ans et Namurois, a toujours gardé son homosexualité pour lui dans le contexte professionnel et, maintenant, dans la résidence dans laquelle il vient d’emménager. Avant de prendre sa retraite, il était ingénieur forestier, un métier passionnant, mais dans lequel il est resté très privé. « C’est un métier machiste avec beaucoup d’hommes », avoue-t-il. « Si vous voulez exercer une position à responsabilité, c’est difficile. Je n’ai même pas envisagé de le divulguer. » Porteur du VIH depuis 13 ans, il n’avait jamais vraiment parlé de son orientation sexuelle avec sa famille avant d’apprendre qu’il était atteint d’un cancer du système lymphatique, lié à sa séropositivité, en 2010. Bien qu’elle l’ait acceptée, Alain n’a pas reçu autant de soutien qu’il aurait souhaité. Il doit se reposer sur son compagnon, avec qui il est depuis 30 ans sans avoir jamais vécu ensemble, et son fils, adopté au Maroc dans les années 1990. Selon une étude du Service épidémiologie des maladies infectieuses Sciensano, l’âge moyen des patient·e·s augmente d’année en année. En 2017, quand l’étude a été réalisée, les personnes âgées de 50 ans et plus représentaient 39 % de l’ensemble des patient·e·s, contre 19 % en 2006.

En début 2020, Alain a été diagnostiqué d’un cancer de la gorge lié à une infection au papillomavirus, fréquente chez les personnes porteuses du VIH. Pour ce dernier, il a reçu un traitement classique à la suite duquel il a fait une thrombose. Une hospitalisation lourde à laquelle s’est ajoutée la Covid, contractée lors de son séjour à l’hôpital et une opération à la hanche. Son autonomie limitée, Alain s’est vu contraint d’emménager dans une résidence, une situation difficile à accepter : « Je vais me retrouver seul dans mon appartement avec une obligation de suivre un traitement médical, d’être suivi au niveau thérapeutique », explique-t-il. « Ce sont des aspects qui sont souvent méconnus. » Être séropositif accentue son sentiment d’isolation, car le retraité n’imagine pas le révéler aux résident·e·s. « Ce n’est simplement pas approprié dans un tel lieu », insiste-t-il. Le VIH est une maladie accompagnée de préjugés qui ont la vie dure et dont les patient·e·s payent encore le prix. Celles et ceux qui pensent rentrer en maison de repos ont peur à l’avance. Peur que le traitement ne soit pas donné correctement et que leur santé se dégrade, peur du jugement des autres. « Ce sont des problèmes auxquels on ne pense pas devoir faire face, il faut faire son deuil de sa vie antérieure », conclut Alain.

Le travail crucial des associations Encore aujourd’hui indispensables pour défendre les droits des personnes LGBTQ+ et mener des campagnes de sensibilisation, très peu d’associations se concentrent pourtant sur les besoins spécifiques des seniors. Même dans le milieu associatif et LGBTQ+, ils font partie d’un groupe oublié, invisibilisé. Selon Bénédicte Janssen, chargée de projet pour l’ASBL Espace Senior à Bruxelles et spécialiste des systèmes de discrimination et de leur intersection avec l’âgisme, c’est dû au fait que l’identité queer est vue comme une passade de jeune, quelque chose qui s’en va lorsque l’on atteint l’âge de la retraite. « Quand on voit deux femmes âgées dans la rue, notre premier réflexe est de penser que ce sont des amies », décrit-elle, « on n’imagine pas qu’elles puissent être ensemble. » Le même constat s’est posé chez Hilde De Greef quand, lors d’une visite d’un centre d’accueil, elle rencontrait un jour une dame qui lui avouait qu’elle était lesbienne quand elle était plus jeune, mais qu’à son âge, cela ne servait plus à rien. Comme si, lorsque l’on vieillit, l’orientation perd son intérêt parce que les rapports intimes se font plus rares. « Tou·te·s celles et ceux qui ont passé la barricade du Sida dans les années 1980, on ne les voit plus », déplore-t-elle. « Ils sont de nouveau dans le placard et ce n’est pas normal. » Pour briser la solitude ressentie au quotidien, G. a rejoint le Cercle des aînés, un groupe d’activités créé par l’association bruxelloise Tels Quels. Chaque mois, les membres se réunissent pour participer à des activités, comme des balades en forêt, des visites de villes ou encore des sorties culturelles. C’est également l’occasion pour elles et eux de discuter sur des sujets qu’ils ne pourraient pas forcément aborder ailleurs, comme la libération sexuelle. « Ce groupe répond à un besoin de parler à des gens qui ont la même orientation sexuelle et les mêmes expériences que moi », confie G. « C’est important pour sortir un peu de son isolement. Je ne sais pas si c’est particulier aux gays, mais on a du mal à rencontrer des gens et c’est très difficile à supporter. » Mélanie Gerrebos est assistante sociale dans l’association depuis 12 ans. Elle remarque le rôle crucial du Cercle des aînés dans la vie de ses membres entre qui une complicité est née au fur et à mesure. Certain·e·s s’appellent et organisent des rencontres en dehors du groupe. La taille réduite du cercle — jamais plus de dix personnes — facilite en effet le contact et permet d’aborder des sujets intimes, comme la mort ou la sexualité, dans un climat de confiance.

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« LE CACHER, C’EST PRESQUE DEVENU UN JEU, DE M’INVENTER UNE AUTRE VIE »

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La sensibilisation, un travail de fourmi Les assistant·e·s sociaux et sociales de l’association se rendent régulièrement dans des maisons de repos pour parler de la question des personnes LGBTQ+ dans les résidences. Un travail de longue haleine, puisqu’il s’agit de sensibiliser les membres du personnel ainsi que les résident·e·s. « C’est un monde à part qui parle beaucoup, » explique Mélanie, « autant chez les résident·e·s que les travailleurs et travailleuses. » Selon Hilde, qui fait aussi du travail de sensibilisation dans les écoles et les séniories à travers les Rainbow Ambassadors, il est parfois nécessaire de commencer par les bases et d’expliquer ce que signifient des termes comme gay, lesbienne ou encore trans et non binaire. « On pense que tout le monde sait ce que c’est, mais on n’en parle pas. Donc lorsqu’on demande, on se rend compte que ce n’est pas le cas. » La sensibilisation se présente dès lors comme un travail de fond qui prend du temps, mais quelques petits changements suffisent déjà à mettre les personnes plus à l’aise, comme un autocollant « LGBT+ Friendly » sur la porte de la résidence, ou une adaptation du vocabulaire et des visuels dans les brochures et papiers administratifs. Si le personnel est informé, il peut également changer son discours pour qu’il soit plus inclusif, en utilisant le terme « partenaire » au lieu de « époux » ou « épouse » par exemple. Cependant, il n’est pas toujours facile de toucher les résidences, car ces formations ne sont pas vues comme prioritaires et se font sur base volontaire. Les familles sont également plus difficiles à atteindre, car elles ne viennent que de manière ponctuelle dans l’établissement.

Enfin, le problème majeur rencontré en maison de repos concerne le manque d’accessibilité à des informations concernant la vie sexuelle des aîné·e·s, perçue à tort comme non existante. Un tabou qui touche les personnes âgées en général, mais représente une double oppression pour les personnes LGBTQ+, pour qui la validation sociétale de leur orientation sexuelle est intrinsèquement liée à leur activité sexuelle. En conséquence, le nombre de seniors touchés par des IST ne cesse d’augmenter. Selon un rapport de l’Institut de la santé publique datant de 2014, en 2006, 20 % de la population belge atteinte du VIH en 2006 avait plus de 50 ans. En 2011, cette même population représentait 26 % de l’ensemble des patient·e·s. Cette augmentation des infections peut notamment s’expliquer par le manque cruel d’accès à l’information sur la sexualité et les maladies sexuellement transmissibles dans les séniories. « Les organismes qui sensibilisent à l’éducation sexuelle et affective vont dans les écoles, pas dans les maisons de repos », déplore Bénédicte de l’Espace Senior, « cela mène à des problèmes de santé graves parce que les personnes ne savent pas comment se protéger. » Avec Action Plus, un groupe de réflexion, de communication et d’action sur la séropositivité, Alain aimerait se rendre dans des maisons de soin ou de repos pour témoigner et sensibiliser le personnel encadrant sur le VIH. Mais à ce jour, cela lui paraît encore surréaliste, car il craint que ce sujet ne soit pas la priorité des résidences.

Un long chemin vers l’intégration totale dans la société Les seniors de demain ne feront certainement pas face aux mêmes difficultés que ceux d’aujourd’hui, qui ont vécu la révolution sexuelle entre 1960 et 1980 et la destructrice épidémie de VIH. En quelque sorte, ils tracent le chemin pour les suivants. Grâce au travail de sensibilisation effectué par les différentes associations belges, peu à peu, les tabous tombent et les conversations s’ouvrent. À travers les Rainbow Ambassadors, Hilde De Greef a pu observer des évolutions qu’elle n’aurait jamais imaginées. Mais l’homophobie est encore bien présente, autant chez les jeunes que les plus âgés. Le but de ces associations est qu’un jour, elles puissent cesser d’exister. Aujourd’hui, plus que jamais nécessaires pour combattre l’homophobie et promouvoir la visibilité des personnes LGBTQ+, lorsque celles-ci seront parfaitement intégrées dans la société, ces lieux n’auront plus de raison d’être. De son côté, Hilde sait qu’il faudra encore attendre. Elle ne verra pas la fermeture des Rainbow Ambassadors de son vivant, mais elle garde espoir que ce jour vienne.

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RENSEIGNEMENTS ET RÉSERVATIONS Philippe De Jonghe +32 475 23 48 40 - pdj@ventures.be Catherine Limon +32 475 93 83 73 - cli@ventures.be Rachel Macaluso +32 479 48 32 59 - rma@editionventures.be Elodie Andriveau + 32 475 295 796 - ean@editionventures.be

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Texte Noemi Dell'Aira

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MON MÉTIER, C’EST FEMME AU FOYER

Elles ont décidé de mettre leur carrière professionnelle en stand-by pour se consacrer totalement à leur foyer. Choix conscient assumé ou perpétuation d’un schéma traditionnel encore bien ancré ? Victimes d’un système patriarcal avilissant ou évadées d’un système économique écrasant ?

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tre femme au foyer, selon saint Wikipédia, signifierait ceci : « Une femme qui réalise la majeure partie des tâches qualifiées de ménagères, telles que : l’entretien du logis, les achats de consommation courante, la préparation des repas, la surveillance et l’éducation des enfants. » Traduction : une femme n’ayant pas d’activité professionnelle lui rapportant un salaire. Des femmes de l’ombre qui, elles aussi, bossent dur et ne demandent qu’une chose : un peu de reconnaissance.

Un renoncement qui s’accompagne d’un moment d’adaptation. « Au début, c’était très difficile de dépenser l’argent de mon mari. Par exemple, je trouvais ça ridicule de lui acheter un cadeau d’anniversaire avec son argent. Je me sentais coupable d’aller dans un magasin pour m’acheter un nouveau pantalon, ou encore d’aller chez le coiffeur… », complète Charline.

Réalité vs idées reçues

Un rôle antiféministe ?

« Je suis femme au foyer depuis presque cinq ans », confie Audrey, 29 ans et maman de trois filles (4 ans, 2,5 ans et 2 mois). Son quotidien ? Ménage, lessives, lave-vaisselle, bain des enfants, repas, rendez-vous médicaux, factures, courses… En gros, tout. Au début de sa première grossesse, il lui était impossible d’être productive au travail. La faute aux nausées. L’avis du médecin était clair : elle devait se ménager. Un conseil plutôt simple, mais impossible à suivre quand on bosse dans l’hôtellerie. D’un commun accord avec son mari, il a été décidé qu’Audrey resterait à la maison jusqu’à l’accouchement. « Quand ma fille est née, j’ai décroché un boulot en télétravail qui, je le pensais, serait parfait dans ma situation. Après quelques jours, j’ai malheureusement dû arrêter, car il m’était impossible de m’occuper de mon bébé qui pleurait sans arrêt et de traduire des consultations médicales par téléphone. » Ce qui l’a également poussée à devenir « mère au foyer », c’est le manque de place dans les crèches et… la culpabilité. « Je ne voulais pas que quelqu’un d’autre élève mon enfant, donc la solution était là. Mon mari a toujours été super compréhensif et m’a toujours soutenue dans mes choix, même si ça impliquait un salaire en moins. » Sa famille, quant à elle, n’a pas réagi aussi bien que son partenaire. « Ma maman, qui est une femme très indépendante, ne comprenait pas mon choix. Elle trouvait ça dégradant de dépendre de son mari. Mais en prenant conscience de tout ce que cela impliquait, elle a changé d’avis. Par contre, les autres membres de mon entourage pensent que je ne fais rien de mes journées, que j’ai la vie facile. Ils et elles sont avocat·e·s, vétérinaires, ingénieur·e·s, pilotes… Et je ressens qu’ils et elles ne me considèrent pas à leur niveau. »

En 2020, on comptait environ 300.000 personnes au foyer de moins de 65 ans en Belgique, dont 95 % de femmes. En 1986, ce chiffre était de près d’un million, selon une étude réalisée par l’Institut pour un développement durable (IDD). Si, à l’époque, la croyance générale tendait vers le fait que les femmes étaient prédisposées à s’occuper des enfants et des tâches ménagères, les évolutions sociales et sociétales ont motivé les femmes à développer leurs carrières

« On a souvent insinué que j’étais incompétente, idiote, fainéante, ou encore soumise… », indique Charline, 42 ans et « femme au foyer » depuis 9 ans. Elle ajoute : « Or, ce que je fais aujourd’hui est bien plus dur que tous les jobs que j’ai pu exercer. Quand on me demande ce que je fais dans la vie, j’ai peur de le dire. Je me sens honteuse, je vois le jugement dans le regard des gens. Mais d’un autre côté, je me sens tellement chanceuse d’être là pour mes enfants, de les voir grandir, de ne rater aucune étape. Ça ne veut absolument pas dire que je critique les femmes qui ne font pas comme moi. Justement, j’admire celles qui arrivent à concilier vie pro et vie de famille. C’est juste que, personnellement, je n’y trouve pas mon équilibre. »

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« CERTAINS MEMBRES DE MA FAMILLE PENSENT QUE JE NE FAIS RIEN DE MES JOURNÉES » AUDREY

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« QUELLE DIFFÉRENCE AVEC UNE NOUNOU OU UNE FEMME DE MÉNAGE ? » CHARLINE

qui limite leurs marges de manœuvre et l’amplitude de leurs propres choix. Une injustice particulièrement indétectable dans ce monde qui préfère souvent se dire que l’égalité est là », poursuit Aurore Kesch. « Dans ce contexte d’assignations genrées, de “couloirs” spécifiques aux hommes et aux femmes, penser la notion de “femme au foyer” fait intervenir une notion essentielle : celle du choix. “Quelles sont les conditions qui président à un vrai choix ? Peut-on parler d’un choix quand tout autour de moi m’y a poussée ? Ou quand je ne vois pas d’autres possibilités ?” C’est la manière dont ce choix aura été vécu qui fera toute la différence. Et c’est profondément personnel… » Selon Audrey, qui offre le premier témoignage dans cet article, il est devenu normal et même attendu que les femmes se mettent au travail. Charline complète : « C’est génial ce qu’elles font. Je les soutiens vraiment à continuer à faire ce qu’elles aiment. Mais j’ai parfois cette tendance à me comparer et à me sentir clairement inférieure. Moi, je suis femme au foyer et je ne suis pas spécialement pleine d’ambition. Et je ressens que c’est ce que la société attend de moi, au nom d’un certain féminisme peut-être mal proportionné… »

S’interroger pour poser des choix éclairés « Vie Féminine ne se positionne pas “pour” ou “contre” (le rôle de femme au foyer, NDLR), ça n’aurait aucun sens pour nous et notre objet social », précise Aurore Kesch. « Par contre, nous poserons toujours les questions qui donneront à réfléchir à celles et ceux qui veulent, avec nous, repenser fondamentalement les rapports entre les femmes et les hommes, mais aussi l’ensemble de l’organisation de notre société. » À commencer par celle-ci : « Comment renforcer Les « épouses traditionnelles ». D’abord les responsabilités collectives pour que le travail de “soin” au sein des apparu en Angleterre, puis aux Étatsfamilles et dans la société soit plus Unis, ce phénomène considéré comme valorisé ? Pour dessiner les contours antiféministe présente une idéologie d’un autre monde. Plus juste. Plus réactionnaire et explose sur les réseaux épanouissant. Pour toutes et tous. »

TRADWIVES : EN AVANT LE PASSÉ

sociaux. Sur « The Tradwives Club », * Organisation belge qui, depuis 100 ans, œuvre à favoriser l’émancipation individuelle des femmes et les évolutions collectives en matière d’égalité.

on peut lire : « Il existe deux genres : les hommes et celles qui préparent les sandwiches », ou encore « Marriez-vous. Faites des enfants. C’est ça la vraie rébellion ». Entre soumission volontaire au patriarcat et conditionnement lié aux biais inconscients induits par un antiféminisme primaire, certain·e·s considèrent le mouvement comme l’expression de choix assumés…

AUSTRIAN NATIONAL LIBRARY/ UNSPLASH

professionnelles. Le statut de « mère au foyer » n’était donc plus une évidence et la tendance s’est inversée entre celles qui se sentaient respectables – parce que dévouées à leur progéniture – et les autres. « Le sujet des femmes au foyer peut diviser parce que les choix liés à la sphère privée ont une réelle teneur politique… », explique Aurore Kesch, présidente de Vie Féminine*. « C’est important de se rappeler que nous sommes toutes et tous le fruit, notamment, d’une socialisation, qu’il y a des chemins tout tracés et des rôles binarisés, prédéterminés, qu’on essaie de nous contraindre à endosser. Cet héritage forcé se fait de manière explicite, mais aussi implicite. À tous les niveaux. Et nous avons tous à y perdre, femmes et hommes, en matière de réalisation de soi. (…) Un des grands points de rupture entre ce qu’on va attendre des hommes et des femmes, se situe dans la dimension du “soin”, en ce compris la charge mentale. C’est le poids de la gestion des tâches domestiques et éducatives, comme le ménage, l’administratif et les obligations parentales. » Des responsabilités mal reconnues, dévalorisées, mal payées. « Parce que les femmes sont considérées comme étant “naturellement” sensibles et attentives à autrui, on attend également d’elles qu’elles assurent le bien-être émotionnel de toute la famille. Cela confine les femmes dans un rôle 116 ELLE magazine

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Sa vie nocturne endiablée, ses cabarets, ses brasseries, son architecture néo-classique et ses boutiques branchées : nous avons posé nos valises au Grand Pigalle Hôtel pour nous imprégner de l’atmosphère du quartier. « Nous avons imaginé une adresse d’un nouveau genre, riche, cultivée, confortable et décontractée, une adresse destinée aux voyageurs contemporains pour qui l’hôtel est un premier pas dans la culture locale. » Ainsi débute notre séjour dans cet hôtel qui fait le charme de Paris. Un lobby chic et élégant avec son comptoir doré et son carrelage en faïence donne le ton d’une décoration imaginée par Dorothée Meilichzon qui a ajouté une pointe de sophistication à l’ambiance vivace que l’on perçoit dans le quartier. Quelques marches plus haut, on découvre des suites mansardées avec vue, aux couleurs chaleureuses et profondes qui nous évoquent immédiatement une sensation de confort « comme à la maison ». Les moulures d’origine, le papier peint, les lampes en laiton, les 37 chambres incarnent le renouveau de ce quartier historique que l’on appelle désormais « soPi » pour « South Pigalle » depuis la rue de Douai jusqu’aux Martyrs. C’est tellement romantique ! On apprécie particulièrement le concept de Bed & Beverage avec les « minibars » à cocktails. De quoi se mettre dans l’ambiance avant de prendre d’assaut la nuit parisienne ! Parce que tout ce qui se passe à Pigalle reste à Pigalle… GRANDPIGALLE.COM

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REDÉCOUVRIR PIGALLE

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« SON INFIDÉLITÉ M’A SAUVÉE DE SON EMPRISE »

Il m’a trompée. C’était moche, c’était laid, et ça pourrait suffire. Mais ce n’est que le morceau le plus clean de l’histoire. Le pire, ce ne sont pas les aventures qu’il a multipliées avec de jeunes femmes innocentes ni la manière feuilletonesque qui m’a conduite à l’apprendre. Le pire, ce n’est pas la pellicule de déception qui recouvre notre histoire. Le pire, ce ne sont pas les menaces, la fuite, le vertige. Le pire, c’est tout ce qui s’est passé avant et dont je n’avais même pas conscience avant que l’électrochoc de l’infidélité me tire de l’épais brouillard dans lequel j’étouffais…

Nous sommes dimanche, c’est mon anniversaire. Mon amie Lisa m’appelle, je ne décroche pas. Je fais la grasse matinée dans les bras d’Alexandre, l’homme que j’aime depuis huit ans. Elle insiste, je finis par lui envoyer un message : « Tu pourras me chanter “Happy Birthday” plus tard ma poule, je profite. » Elle ne répond pas. Vers 14 h, je reçois de sa part un « Je dois impérativement te parler » qui me glace les sangs. Je comprends immédiatement que c’est grave et je la rappelle. Elle commence par me demander si je suis seule, si je peux m’éloigner d’Alexandre pour qu’elle puisse « tout me dire ». Je ne le peux pas : depuis le début de ma relation avec Alexandre, je passe et reçois mes appels sur haut-parleur, qu’il soit ou non dans la pièce. Alexandre prétend que c’est la seule manière de ne pas s’exposer massivement aux ondes des GSM et il se plaît à répéter que nous n’avons pas de secret l’un pour l’autre. Puisque je n’ai rien à cacher, ça ne m’a jamais dérangé. Lui, il ne reçoit jamais d’appels, il dirige tout vers sa messagerie et ne communique que par écrit. C’est comme ça, il n’aime pas le téléphone et je respecte sa manière de fonctionner. Je la respecte d’ailleurs tellement que je me plie depuis toujours à ses petites manies : ne pas mélanger nos vêtements dans la machine à laver (« Question d’hygiène, chérie »), ne pas toucher à ses affaires, même pour les ranger (« Tu ne sais pas plier un T-shirt »), vivre sous l’oeil des caméras de surveillance disposées partout dans la maison (« Question de sécurité »). Lisa ne dit rien et me demande de la rappeler quand je serai seule. Alexandre me regarde, l’air sévère. Il a toujours détesté Lisa qu’il qualifie de folle et de jalouse. Je ne parviens pas à me détacher de l’impression d’urgence qui m’envahit. En soirée, je profite d’un tour aux toilettes pour retéléphoner à Lisa en secret. C’est la première fois que je transgresse la règle, mais ce soir, je n’ai pas envie d’entendre des hurlements. Alexandre hurle beaucoup. Ça me passe au-dessus de la tête tellement c’est fréquent. Il peut crier pendant

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mon histoire 15 minutes pour une paire de chaussures oubliées dans l’entrée ou pour un spaghetti un peu trop cuit. Je viens d’une famille très stricte, mon père se mettait dans des états insensés pour des détails domestiques. J’ai donc considéré les colères d’Alexandre comme une simple expression de sa personnalité et non comme une haine dirigée contre moi. Je fais des bêtises, il crie, se calme et ça recommence chaque jour. Rien de plus grave à mes yeux. Mais tout s’apprête à basculer, là, à cet instant : j’entends Lisa m’expliquer qu’elle accueille chez elle, depuis quelques jours, la copine d’une copine venue à Bruxelles pour passer des entretiens d’embauche. La fille est sympa, elles se racontent leur vie, finissent par parler de leur mec et un détail trouble Lisa. La fille en question – Céline – parle de son gars comme du champion de Belgique d’un sport peu pratiqué chez nous. Elle s’en étonne : « Le champion de Belgique de ce sport, c’est le copain de ma meilleure amie. » Et chacune de sortir des détails à propos du type, histoire d’être fixées. Elles n’ont pas de photos de lui (il n’existe pas de photos de lui adulte en dehors de ses papiers d’identité, il ne supporte ni ça ni les réseaux sociaux), mais c’est de toute évidence la même personne. Depuis quatre ans, Alexandre entretient donc une relation régulière avec Céline. Ils louent une maison à 150 bornes, ont un chien qui porte le même nom que le nôtre et se voient peu, car l’Alexandre de cette vie-là se déplace énormément pour son boulot. Pendant le confinement, il est même resté plusieurs semaines bloqué dans un pays lointain (en réalité, il traînait en jogging chez nous et me menait la vie impossible, m’obligeant à désinfecter chaque objet de la maison). Je ne la crois pas, j’exige des preuves, j’oublie que je passe cet appel sans en avoir informé Alexandre et sous le coup de l’ émotion, parle trop fort. Je reproche à Lisa de vouloir briser mon couple et ma vie. Alexandre, m’entendant, entre et m’arrache le téléphone des mains. Je l’entends menacer Lisa de la tuer. Alors qu’il n’est pas supposé savoir ce qu’elle est en train de me confier, il réagit comme un criminel pris en flag. À son regard, je comprends que tout est vrai. Et je ne suis alors qu’au début des révélations.

« LE PIRE, C’EST TOUT CE QUI S’EST PASSÉ AVANT ET DONT JE N’AVAIS MÊME PAS CONSCIENCE »

Je prends mon sac et je quitte la maison. Alexandre, qui ne s’est jamais montré violent physiquement, me tord le poignet en tentant de me retenir. J’atterris chez Lisa et découvre Céline, prostrée. J’ai face à moi une jeune femme intelligente, amoureuse, perdue, qui me demande pardon pour une faute qu’elle n’a même pas commise. Elle ignorait autant mon existence que moi la sienne. Ensemble, nous recoupons les indices. Tout colle : les dates, les heures, les prétextes, les manies. En l’entendant me parler du comportement d’Alexandre, je comprends que Céline est sous emprise. Mais si elle l’est… alors moi aussi, et depuis plus longtemps. C’est une révélation. Ce que je pensais être de petits défauts envahissants m’apparaît comme des monstruosités. Je raconte tout : l’interdiction

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Texte Juliette Debruxelles Illustration Florence Collard

de monter dans sa voiture et l’obligation de toujours se déplacer dans deux véhicules distincts (« Je n’aime pas ta façon de conduire et j’aime être seul quand je suis au volant »), la géolocalisation sur mon téléphone (« Au cas où il t’arriverait quelque chose »), l’obligation de partager mon agenda et les accès à ma boîte mail (« On a des vies compliquées et chargées, on a besoin de savoir quand on est libres »)… L’agenda, justement : nous nous apercevons, Céline et moi, que toutes les trois semaines, comme une horloge, Alexandre disparaît de ses radars et des miens durant quatre jours. À moi, il prétend une réunion mensuelle de sa fédération sportive en Allemagne, à elle la même réunion, mais en Angleterre. Nous comprenons que durant ses trois jours, il entretient sans doute des liaisons de plus. Pendant que nous discutons, effarées, Alexandre qui essaye de m’appeler depuis mon départ débarque chez Lisa. Nous le confrontons, il nie. Il traite Céline de malade, d’érotomane, prétend que Lisa a tout orchestré pour me voler ma vie. Son seul but : me ramener à la maison. La manière dont il traite Céline me déçoit encore plus que tout le reste. J’aurais peut-être gardé un peu d’estime pour lui s’il s’était comporté correctement envers elle. Lisa finit par appeler la police, Alexandre s’en va avant son arrivée. Tout va ensuite très vite : Céline rentre chez elle – je n’ai plus aucune nouvelle d’elle, ma seule certitude est qu’elle n’a pas renoué avec lui –, mes amies organisent un quasi-cambriolage de la maison et déménagent toutes mes affaires en moins de 24 heures, l’une d’elles me prête son appart et s’installe chez son copain. C’est comme si toutes les bonnes fées des contes s’étaient réunies pour me sortir de la vie de Barbe bleue. Je recommence à m’alimenter et à dormir correctement au bout de huit jours. Je ne pleure pas, je suis au contraire étrangement légère. Cette euphorie dure deux semaines. J’oscille entre sensation de liberté et de colère, ce qui me donne une énergie folle. Après 15 jours de silence, Alexandre revient à la charge, prétend qu’il se fait soigner, tente de minimiser ses actes, parle d’une simple aventure avec Céline. Je redescends un peu et mes réactions ressemblent davantage à celle d’une personne blessée. Tout un pan de la vie d’Alexandre – et donc de la mienne – reste un mystère et je crains d’en savoir plus un jour. Parce qu’aujourd’hui, quatre mois après ces révélations et avec l’aide d’un psy extraordinaire et d’amies fantastiques, je revis. Parfois je le hais, parfois il me fait pitié, mais j’avance. Je dois tout réapprendre : comprendre qu’un homme n’est pas forcément un être colérique et contrôlant, accepter de faire des choix et de ne pas les soumettre à l’approbation de l’autre, refaire confiance. Mais je suis sur la bonne voie, libérée, délivrée, en paix.

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Texte Nathalie Evrard

5 conseils

POUR UNE DÉTOX RÉUSSIE En overdose de sucre et de gras, le tube digestif est parfois « en burn-out ». L’occasion de se lancer dans une cure détox ! À condition de respecter certaines règles. Précisions.

Les cures détox incitent très souvent à une alimentation restrictive, fantaisiste, en privilégiant la consommation exclusive de certains aliments. Dans une cure détox idéale, il n’est pas question de se priver de tout ou de jeûner comme un moine, mais de retrouver les bons réflexes d’une hygiène de vie saine : ON ÉVITE :

- L’excès de protéines animales. Réduire la quantité de protéines animales à 150 g par jour en privilégiant les œufs, les viandes maigres et les poissons ; - Les plats industrialisés et les plats traiteurs : ils sont trop riches en additifs, et en sel ; - Les plats sucrés ; - L’alcool, le café, les sodas, les jus de fruits industriels. ON PRIVILÉGIE :

- Une alimentation riche en fruits et légumes frais, de saison, et si possible cultivés localement ; - On cuisine à l’huile d’olive, penser également aux huiles de noix, de lin, de chanvre, de sésame, pour leur bonne teneur en acides gras polyinsaturés ; - On boit, encore et encore, de l’eau, des tisanes ; - On mise sur les super-aliments : ils se distinguent par leur teneur exceptionnelle en nutriments indispensables. Parmi eux, on trouve les baies de goji ou d’açai, les graines de chia, le ginseng, le curcuma. Mais aussi les algues comme la spiruline ou la chlorella, une algue d’eau douce originaire d’Asie, riche en chlorophylle qui piège les métaux lourds contenus dans l’organisme.

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S’ESSAYER AU YOGA DÉTOX

Parmi les dizaines de yogas différents qui existent, la version détox insiste sur le bien-être général, celui du corps et de l’esprit. C’est un yoga qui permet, grâce à des mouvements et des postures spécifiques,de détoxifier le corps et d’apaiser l’esprit. Dit « dynamique », il enchaîne des mouvements simples à réaliser. Chaque partie du corps est étirée puis compressée, afin de participer à l’élimination des toxines.

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DORMEZ !

Essayez si possible de vous coucher vers 22 h : le corps se recharge la nuit. Et puis pensez aussi à la détente ! Faites des hammams et saunas : un premier cycle de hammam puis 15 minutes de repos puis un sauna et 15 minutes de repos et terminez par un hammam.

LE COUP DE BOOST DES PLANTES Une cure détox peut aussi se compléter par la consommation de plantes hépatobiliaires et/ ou diurétiques. Il en existe de nombreuses, à consommer en gélules, solutions ou tisanes. La bardane et l’ortie sont drainantes et excellentes pour la peau, le chiendent et le pissenlit sont diurétiques, les baies de sureau sont intéressantes

BOUGEZ !

L’élimination des toxines du corps passe aussi par le mouvement. Pratiquez une activité physique régulière pour oxygéner les muscles, « transpirer » les toxines ! Marche, jogging, running, natation ou exercices de gym douce (yoga, fitness, etc.). En salle ou à l’extérieur : à chacun sa préférence, l’important est de se bouger une heure avec une intensité modérée, et ce, deux à trois fois par semaine.

pour leurs propriétés dépuratives, le bouleau active les fonctions intestinales, le marron d’Inde est un véritable expert des jambes légères. Le desmodium, le chardon marie et le romarin se prêtent parfaitement à un programme de détoxification car ces plantes stimulent les fonctions de drainage hépatique. Pour un conseil détox personnalisé, demandez conseil à votre pharmacien.

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DU BON SENS AVANT TOUT !

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du mois

Tous les mois, Céline Pécheux met en lumière une Wonder Woman du quotidien.

À 38 ans, Delphine perd brutalement son mari d’un choc septique. Et pourtant, dès le lendemain, la vie continue pour elle et ses deux enfants. « Chris et moi étions fusionnels... Le 5 février 2020 à une heure du matin, après cinq jours au fond de son lit avec de la fièvre et des difficultés à respirer, il me dit qu’il va crever si on n’intervient pas tout de suite. On l’emmène aux urgences en ambulance car il est incapable de marcher. Le médecin de garde décrète après une brève osculation qu’il a la grippe et le renvoie chez lui. Il meurt cinq heures plus tard d’un choc septique. Une mort aussi foudroyante qu’inattendue. La suite, c’est une psy, c’est trouver les mots pour le dire aux enfants, c’est l’organisation des funérailles, ce sont les comptes communs bloqués du jour au lendemain et des montagnes de paperasses à remplir… C’est le ciel qui vous tombe sur la tête et personne pour vous expliquer ce qu’il faut faire pour vous relever. Comme pour la naissance de mes enfants, j’aurais aimé avoir une sage-femme à mes côtés à ce moment-là pour me prendre par la main. Perdre sa moitié, rien ni personne ne vous prépare à cela ! Après, il faut aller soi-même à la pêche aux infos pour savoir quelles sont les différentes démarches à faire et ce à quoi on a droit. Je me retrouve donc livrée à moi-même du jour au lendemain avec mes deux enfants en bas âge, une maison et des droits de succession à payer… Je dois sortir 14.000 euros en trois mois. Je commence à flipper pour l’argent. Je pense à louer ma maison, à déménager... Après deux ans, j’ai l’impression de sortir enfin la tête de l’eau. Même si je me bats toujours pour faire la lumière sur ce qui s’est passé à l’hôpital ce jour-là… Remballer un homme en détresse respiratoire sans lui faire une prise de sang, c’est de la négligence. Je ne sais pas si le sauver était possible, mais ce que je sais, c’est qu’on n’a pas essayé et j’aimerais que cela soit reconnu. Mes enfants vont un jour me demander ce qui s’est passé et je veux pouvoir leur répondre. Mais c’est un peu le combat de David contre Goliath. Et puis, une

procédure judiciaire, ça coûte cher en argent, mais aussi en énergie. Je ne sais pas si je veux me perdre là-dedans. Ensuite, j’ai découvert que j’étais trop jeune pour toucher la pension de survie (une pension payée pour compenser la perte du revenu du conjoint). Il faut avoir 48 ans pour y avoir droit. Avant, c’est trop jeune pour perdre son mari apparemment… De plus, cette pension n’est pas cumulable avec un autre revenu. Donc je suis trop jeune pour être aidée et même si je pouvais l’être, ça me placerait dans une situation financière précaire. Heureusement, j’ai eu droit à une allocation de transition qui me permettait de payer une aide pour que je puisse travailler et que quelqu’un s’occupe de mes enfants quand je n’étais pas là. Mais cette aide financière n’est octroyée que pendant deux ans. Bien trop court pour se reconstruire. Grâce à l’initiative de la ministre des Pensions Karine Lalieux, elle vient de passer à quatre ans et c’est une bonne chose pour répondre aux besoins des femmes dans mon cas. En fait, je suis en survie. En tant que maman solo, la précarité n’est jamais loin. Tout repose sur mes épaules. Et puis, je suis une femme, une entrepreneuse, une mère, une amie… Je ne suis pas qu’une veuve ! Il faut continuer à vivre, faire la fête, sourire, être heureuse. Pourtant, je culpabilise toujours un peu d’avoir des moments d’insouciance. Je déteste l’expression « refaire sa vie ». Pour moi, on ne refait pas sa vie. On la continue. Chris n’aurait pas voulu que je sombre et que je regarde le plafond en le pleurant toute la journée. Je veux vivre et trouver un chouette beaupère pour mes enfants. Je ne veux pas pour autant le remplacer. Impossible. La résilience est un moteur. Je me sens plus forte qu’avant. Même si cette image d’héroïne ou de guerrière que les gens m’attribuent parfois me gêne. Il n’y a rien de l’ordre de l’exploit. Je n’ai juste pas le choix de me battre. D’ailleurs, le mot “courage”, je ne peux plus l’entendre ! C’est un peu comme une injonction à être fort alors qu’on est tellement fragile et vulnérable quand on vit un drame comme celui-là. Bien souvent, les gens ne savent pas quoi me dire à ce sujet. C’est fou comme la mort met mal à l’aise. On n’a ni envie d’y penser ni de s’y préparer. Et pourtant, elle fait tellement partie de la vie... »

PRESSE

DELPHINE LAVAL

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