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1.3. PHYSIOLOGIE : L’EXPERIENCE DU CORPS ACTEUR PERCEPTIF

1.3. Physiologie : l’expérience du corps acteur perceptif

L'expérimentation et l'ensemble des moyens et procédures de contrôle destiné à vérifier une hypothèse ou une théorie, en la confrontant à des faits. L'expérience permet ainsi de construire un corpus de connaissances. Pour les personnes qui ne bénéficient pas de la vue, les conditions de cette acquisition de connaissances présente des particularités.

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Depuis toujours, l’homme aborde son environnement par tous ses sens. La réception des sens et leur traitement crée ce qu’on appelle la « perception ». La perception est donc l’acte ou le résultat de la prise de conscience d’informations qui nous entourent.

1.3.1. Le mouvement : expérience de déplacement, de mobilité

La locomotion est un ensemble de techniques permettant à une personne déficiente visuelle de se déplacer avec un maximum de sécurité, à l'intérieur ou à l'extérieur, de façon autonome ou guidée et cela dans un lieu connu ou inconnu. Pour cela d’apprendre des stratégies de locomotion qui permettent d'améliorer l’autonomie de déplacement dans le cadre de rééducation fonctionnelle. Antoinette Berveiller17 dans sa définition de la locomotion met en avant l'importance de l'expérience par le déplacement.

« Communiquer, c'est d'abord se déplacer : permettre à toute personne aveugle de se déplacer de façon autonome en dépit de son handicap, tel est le but de la locomotion, discipline relativement récente qui vise à donner une grande autonomie

17 ANTOINETTE BERVEILLER, COMMENT VIVRE AVEC UN AVEUGLE DE LA NAISSANCE AU 4EME AGE

à l'enfant et à l'adulte qu'il deviendra. La locomotion est aussi une aide pour comprendre l'espace qui l'entoure. Elle fait appel à la mémoire, à l'intuition et à la concentration. »18

La locomotion, permet une faculté d'adaptation à l'environnement dans le déplacement qui sera propre à chaque individu. Se déplacer en ville est alors un processus complexe, qui nécessitent une série d'opérations qui intègre la préparation du déplacement, la navigation, la perception de l'environnement, l'identification des obstacles, des interactions avec d’ autres passants, l'accès à des information divers. De manière plus générale, un espace que l’on appréhende par la marche, s ’inscrive progressivement dans le corps. C'est ainsi que l'exprime Monique Bélanger19 : « pour les déplacements, en plus de l'odorat et du toucher, vous vous serviez beaucoup de votre ouïe, et puis, vous travaillerai la représentation mentale ainsi que la mémorisation de la situation des objets, édifices et rues ; vous apprendrez aussi à vous servir de tout votre corps, à vous positionner dans l'espace. »

La marche est une expérience de traversée d'un territoire composé d'éléments de nature différents, composite, agencé de manière hétérogène.

Le guide Les besoins des personnes déficientes visuelles met en avant la question de l'autonomie dans le déplacement, par l'utilisation de termes sur le ressenti et les émotions.

« Ainsi les malvoyants ressentent fortement le besoin d'être rassuré, voir réassurer » (…) « c'est la personne déficiente visuelle qui prend le guide par le coude se positionnant un peu en arrière afin de ressentir très précisément et par

18 ANTOINETTE BERVEILLER, JOURNALISTE ET AUTEUR DE COMMENT VIVRE AVEC UN AVEUGLE DE LA NAISSANCE AU 4EME AGE 19 MONIQUE BELANGER, AUTEUR DE UN MALVOYANT OUVRE LES YEUX D’UNE VOYANTE

anticipation » (…) « un espace c'est compréhensible quand il intègre des éléments de localisation de repérage et d'orientation »20

Se déplacer n'est donc pas seulement d'aller d'un point à un autre de manière utilitaire. Il s'agit de comprendre comment et si les personnes aveugles malvoyants, ont accès à la qualité de la vie en ville : flâner, connaître l'architecture, déambuler, c'est à dire aller sans but précis fait son apparition et appelle à la promenade.

1.3.2. Projection du corps : position de spectateur

Une difficulté qui nous semble essentielle est que la personne aveugle vit dans un monde sonore et tactile pour affronter l'inconnu, le monde visuel, le monde de l'espace. « J’avance à tâtons » Indique l'idée d'un besoin de se rassurer, de vérifier avant d'agir. Ce pose la question de la détente. Comme il a pu être constaté précédemment, les personnes déficientes visuelles doivent analyser chacun des obstacles, et sont contraints à une vigilance constante.

Par ailleurs, la peur est une émotion d'anticipation elles informent l'organisme d'un danger potentiel. Ce n'est pas ce qui se produit dans le présent qui représente un danger, mais ce qui pourrait subvenir dans un avenir plus ou moins rapproché. Quel est donc la place pour le corps d’être spectateur de l’environnement ?

20 CONFEDERATION FRANÇAISE POUR LA PROMOTION SOCIALE DES AVEUGLES ET AMBLYOPE, LES BESOINS DES PERSONNES DEFICIENTES VISUELLES, ACCES A LA VOIRIE ET AU CADRE BATI (EDITION JUILLET 2010)

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