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AVANT-PROPOS

En un clin d’œil ! Étudiante en architecture et déficiente visuelle, voici ce qui me singularise. Lycéenne comme beaucoup d’autres qui dévore la vie des yeux, veut découvrir le monde et qui se lance dans de multiples voyages pour comprendre ce qui l’entoure. En décembre 2010, en 72h, mes yeux s’en sont allées, le jour est parti et lanuit s’est installée. La perte de la vue a modifié mon rapport à ce qui m’entoure, à l’espace mais aussi aux autres et à moi-même. Où suis-je ? A quoi ressemble les personnes qui m’entourent ? Qui suis-je ? Comment suis-je ? Privée du sens premier, dans une société de l’image, c’est l’incompréhension, la peur qui se dégage. Perdue au milieu de l’on-ne- sait où.

Un verdict, suite à une bactérie attrapée lors de la tempête Xynthia de 2010, je suis aujourd’hui déficiente visuelle ou malvoyante. J’ai retrouvé avec la rééducation, du temps, et un combat permanent une partie de ma vue, néanmoins selon les termes définis par les scientifiques je suis déficiente visuelle grave c’est à dire que je suis capable d’effectuer des tâches quotidiennes ou des activités en m’appuyant sur ma vision restante mais avec des aides spécifiques pour certaines. Par exemple, je peux lire des textes mais ils doivent être grossis. Suite à un apprentissage particulier je suis autonome aussi bien pour mes déplacements à l’aide d’une canne blanche que pour la réalisation de l’ensemble des tâches quotidiennes que je dois réaliser.

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Lors du choix de notre orientation, les spécialistes nous orientent vers des professions manuelles comme kinésithérapeute ou boulanger qui relèvent de la pratique du toucher. Moi, je voulais et veux être architecte. Après mon parcours en

école d’architecture j’ai appris à être à la fois étudiante en architecture mais aussi déficiente visuelle.

Cependant, dans ce mémoire, malgré de la distance et de clarté recherchée pour exprimer la perception de l’espace sans perception visuelle, la non-vision du visuel, je suis cependant marquée par mon expérience, mon parcours, ma sensibilité qui m’ont amenée à écrire sur ce sujet. Cela représente à la fois une particularité à exploiter mais peut aussi être marqué par un manque d’objectivé.

« En France, près de 1,7 million de personnes sont atteintes d’un trouble de la vision dont 932 000 malvoyants et 207 000 aveugles »1. Il est donc difficile d’exploiter et de comprendre la multitude de conséquences et enjeux qui y sont liés. Je vais donc dans ce rapport m’attacher à la déficience visuelle similaire à la mienne c’est à dire avec une vision de loin quasi-nulle mais avec une possibilité de soutient par la vision proche (inférieur à 50cm de distance), avec distinction lumineuse et potentiellement des couleurs et ainsi que à ma propre expérience de l’apprentissage de la ville.

1 SELON LA FEDERATION DES AVEUGLES ET AMBLYOPES DE FRANCE, ETUDE STATISTIQUE DE L’INSEE, 2000

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