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À la rescousse des récifs

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Giles Duley

Giles Duley

Témoin d’efforts innovants de restauration des récifs aux Bahamas, la journaliste Lisa Kadane s’engage en famille pour la défense du corail.

Perché au-dessus d’un petit aquarium d’eau salée, mon fils inspecte de minuscules branches de corail corne d’élan qui poussent sur de petits bouchons ronds. Il doit bien y en avoir des centaines, alignés en rangs serrés sous l’eau. Un aquariologiste prélève de fines tranches d’un plus grand corail, puis les fixe à l’aide d’un peu de colle marine sur de nouveaux bouchons, à côté de leurs petits cousins. Ces bébés coraux seront transplantés sur les récifs lorsqu’ils seront plus grands.

Lors d’un récent voyage à Grand Bahama, ma famille a eu la chance de découvrir Coral Vita, la première ferme corallienne des Bahamas. Nous visitons des destinations de plongée depuis que les enfants sont petits : les murs de coraux en doigts au Belize nous ont éblouis, de même que les coraux-cerveaux grouillant de poissons à Sainte-Lucie. Mais, nous avons aussi nagé près de déserts de coraux blanchis ou endommagés ailleurs dans les Caraïbes, où l’on estime que 60 à 80 % des coraux sont morts.

Les expositions pédagogiques de Coral Vita nous ont appris que plus de 90 % des récifs coralliens devraient disparaître d’ici 2050 vu le réchauffement des océans et l’acidification de l’eau. Les ouragans, le développement côtier, la surpêche et la négligence humaine (par exemple, les nageurs qui se mettent debout sur les récifs) nuisent également aux coraux.

La situation critique de ces écosystèmes qui abritent un quart de la vie marine fait peine à voir. Toutefois, il est réconfortant de voir comment cette ferme d’un hectare, qui cultive 17 espèces de coraux indigènes à Freeport, leur porte secours. Depuis 2021, Coral Vita a vu la population de poissons de son site de restauration du récif Rainbow presque doubler, notamment celle de labres qui participent à la santé des récifs. À long terme, la restauration soutient les communautés côtières qui dépendent des récifs pour la pêche, le tourisme et la protection qu’ils procurent contre les vagues et tempêtes.

Veronica Cuccurullo, directrice des opérations, nous a expliqué comment la technique d’élevage sur terre de Coral Vita faisait pousser le corail jusqu’à 50 fois plus vite que dans l’océan. Le découpage et le collage du corail dont nous avons été témoins s’appellent la microfragmentation : placer ces minuscules fragments de coraux similaires à proximité les fait pousser rapidement.

Le corail résiste également au changement climatique, car Coral Vita utilise des espèces indigènes plus résistantes qu’on trouve à Grand Bahama : elles ont évolué pour vivre dans des eaux plus chaudes que l’océan. La culture de ces coraux dans des réservoirs permet à l’équipe d’ajuster la qualité et la température de l’eau pour refléter les projections des conditions océaniques futures à mesure que les coraux grandissent, ce qui les rend encore plus résistants pour la vie dans la nature.

Nous n’avons pas eu l’occasion de voir la transplantation des coraux en action, mais nous avons vu dans un aquarium à quoi ressemblait un récif en bonne santé : des coraux aux couleurs vives, une grande diversité et densité de poissons et une eau cristalline.

Après notre visite, ma fille et moi sommes allées faire de la plongée au large de la plage Fortuna, dont le sable doux est bordé sur près de 1 km par des palmiers et des eaux peu profondes aux infinies nuances de bleu. Nous avons vite repéré des labres arc-en-ciel et des tangues jaunes qui nageaient près de coraux en bonne santé, bien plus gros que les bébés vus à Coral Vita. Nous nous sommes attardées au-dessus de cette scène joyeuse, mues d’une envie de protéger ce petit écosystème qui prospère contre vents et marées.

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