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ÉLARGIR LA RÉFLEXION SCIENTIFIQUE PAR LA DIVERSITÉ

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UN LEGS DE FROID

UN LEGS DE FROID

• PAR VALÉRIE LEVÉE

L’histoire de la physique et de l’astronomie a retenu les noms de Newton, Einstein, Hubble, Hawkins et bien d’autres, passant sous silence la contribution des femmes. À l’ombre des hommes, des astrophysiciennes, physiciennes et mathématiciennes ont pourtant fait avancer les connaissances dans leurs disciplines. Aujourd’hui, la science devient plus égalitaire, ouvrant davantage la porte aux femmes et plus généralement aux personnes issues de la diversité. Mais les travers et biais de la dominance masculine blanche persistent, dénonce l’astrophysicienne Chanda Prescod-Weinstein, elle-même née d’une mère noire, d’un père juif et qui se qualifie comme une personne non genrée. Professeure adjointe de physique et d’astronomie à l'Université du New Hampshire, elle y est aussi membre principal du corps professoral en études sur les femmes et le genre. Avec cette double fonction, elle observe la place des femmes et des minorités en science et plaide pour davantage d’inclusion, comme elle l’a écrit dans son livre The Disordered Cosmos.

Elle constate qu’aujourd’hui encore, des comportements discriminatoires sévissent dans toutes les disciplines scientifiques et que la présence dominante des hommes blancs oriente la réflexion scientifique et le développement des connaissances. La physique n’y échappe pas. Prenant l’exemple du concept de la matière sombre parfois appelée noire (dark matter en anglais), Chanda Prescod-Weinstein se questionne si un.e scientifique de couleur aurait qualifié de «noire» cette matière, qui n’est à proprement parlé ni noire ni sombre, mais plutôt non lumineuse puisqu’elle n’émet pas de lumière. De même, le genre binaire des physiciens et physiciennes pourrait empêcher de voir des nuances dans la dualité ondes-corpuscules ou interpréter faussement les identités changeantes des neutrinos.

Ce n’est donc pas seulement par principe d’égalité que la science doit être plus inclusive, mais aussi pour élargir la réflexion. Plus largement, Prescod-Weinstein défend l’idée selon laquelle le contexte social, historique et politique influence le développement des connaissances. En conséquence, se priver de la diversité culturelle revient à se priver d’une diversité de perspectives et d’idées pour faire avancer les connaissances.

Le milieu de la recherche scientifique doit donc se montrer inclusif et accueillir la pluralité. Cela passe par une démocratisation de l’accès à la science. Le Planétarium Rio Tinto Alcan s’y engage d’ailleurs avec des activités destinées aux jeunes filles. À travers le projet Aldébaran, le programme Cod’Elles, ou par son implication avec le Mouvement montréalais Les filles et le code, elles peuvent découvrir la programmation sans se sentir intimidées par la présence des garçons. D’autres activités mettent en vedettes les femmes de science qui deviennent des modèles inspirants pour les filles en leur donnant l’envie d’entreprendre des études scientifiques et d’enrichir la science de leur réflexion. Dans un esprit de pleine inclusion, c’est à la population dans toute sa diversité que le Planétarium Rio Tinto Alcan veut ouvrir le ciel avec des activités gratuites, sur place et en ligne, et inviter des citoyen.ne.s à prendre part à un programme de science participative. Après tout, la science est pour tout le monde.

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