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DÉCOLONISER NOS PAPILLES

• PAR GABRIELLE ANCTIL

«Je suggère un retour aux sources. Un retour à ce garde-manger, notre environnement immédiat, si plein de bonnes choses dont on ne soupçonne même pas l’existence », écrit le chef innu Manuel Kak’wa Kurtness dans l’introduction de son livre de cuisine Pachamama, paru aux éditions Boréal. Il n’est pas le seul à vouloir redonner ses lettres de noblesse aux gastronomies autochtones. Tour d’horizon.

Le petit bâtiment en pierre grise se dresse au centre du square Cabot, à l’ouest du centre-ville de Montréal. Dans cette ancienne vespasienne loge le Café de la Maison ronde, le seul café autochtone à Montréal. « La cuisine qui y est servie est inspirée de ce que l’on sert dans les pow-wow », explique Charles-Éric Lavery, directeur du développement à L’Itinéraire et responsable du café. Sa clientèle cible compte la population autochtone en situation d’itinérance qui gravite autour du square : « Nous voulons leur offrir de la nourriture qui correspond à leur culture,» résume-t-il, comme du pain bannique et des tacos autochtones. Tous et toutes sont cependant bienvenu.e.s dans cet espace qui vise à construire des ponts entre les communautés.

La création de ponts est aussi ce qui motive le directeur de la restauration Pierre-Luc Xavier de La Traite de l’Hôtel-Musée Premières Nations à Wendake. Le restaurant, qui met à l’honneur la tradition culinaire Huron-Wendat, souhaite initier le public à la longue histoire de cette nation. « Les Huron-Wendat ont

UN JARDIN À CROQUER

JARDIN BOTANIQUE 1ER AU 27 AOÛT

Shutterstock/Nickola_Che ↓ Le café de la Maison-Ronde, à Montréal, propose sa version du Taco autochtone. ↓ Une longe de cerf, concoctée par le restaurant-hôtel La Traite, à Wendake.

Justine Latour

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été le premier peuple sédentaire au Québec, souligne-t-il. Leur alimentation a été influencée par ce mode de vie.» Le menu du restaurant donne ainsi une place d’honneur aux trois sœurs – le maïs, les haricots et les courges – traditionnellement cultivées ensemble et fumées afin d’en faciliter la conservation. Les plats servis aujourd’hui tirent leur inspiration de ces traditions millénaires. Ces espaces culinaires, en plus d’offrir une expérience culturelle, permettent aussi de créer des emplois pour des Autochtones. Mieux : certains voient l’alimentation comme une manière d’intéresser le grand public aux richesses de la nature. Car historiquement les nations autochtones se nourrissaient des produits de leur environnement immédiat. Des enseignements peuvent mener à une meilleure compréhension des enjeux entourant la préservation de la biodiversité. Si l’on tombe en amour avec un aliment découvert au restaurant, l’on aura peut-être plus envie de participer à sa mise en valeur.

Quoi de mieux que de s’éduquer en mangeant ? Comme l’écrit Manuel Kak’wa Kurtness : « On apprécie les cuisines traditionnelles du monde entier, mais en n’ayant qu’une vague idée de la nourriture des premiers peuples de notre continent ». Chaque restaurant qui ouvre ses portes devient une manière de faire connaître la richesse des nations autochtones. Les impacts positifs de ces initiatives se font sentir bien au-delà de l'assiette !

Cet été, les jardins culturels du Jardin botanique vous proposent une délicieuse exploration du monde végétal et des cultures humaines dans le cadre de Un jardin à croquer, un événement qui vous fera découvrir par le goût. Laissez-vous surprendre par ce voyage gastronomique !

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