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PASSER DE L’AVERSION À L’ADMIRATION
• PAR VALÉRIE LEVÉE
Avertissement : observer un insecte pourrait attiser votre curiosité au point de développer une forme d’entomophilie. Rassurez-vous, ce n’est pas une maladie ! Juste une saine passion pour les insectes, bénéfique autant pour vous que pour la nature.
Notre vie urbaine nous a éloignés de la nature et nous ne voyons des insectes et des arthropodes que la pointe de l’iceberg. Certes, les papillons nous ravissent de leurs voltiges multicolores, mais les moustiques, les mouches, les perce-oreilles ou les mille-pattes inspirent parfois moins de sympathie. « Les insectes dont la cohabitation paraît la plus difficile sont ceux dont on parle la plupart du temps. Or, ils ne représentent qu'un tout petit pourcentage de tous les arthropodes », remarque Sonya Charest, cheffe de division des programmes publics et éducatifs à l'Insectarium.
Partant de ces quelques espèces qui pénètrent dans notre bulle humaine, il arrive que l’on bâtisse une relation inconfortable avec les arthropodes, voire que l’on adopte des comportements de peur ou de dégoût. Ces réactions peuvent s’acquérir par simple imitation des comportements parentaux ou être induites par la méconnaissance des insectes. «On est programmé.e pour être prudent.e et garder nos distances face à ce qui nous est inconnu», observe-t-elle. Heureusement, cette attitude peut s’inverser et se transformer en émerveillement. «C’est notre but à l'Insectarium, que les gens développent ce sentiment d'entomophilie. Nous souhaitons qu’ils découvrent l'incroyable diversité des insectes et arthropodes, démystifient leurs rôles et développent un confort en leur présence, et pourquoi pas, un amour pour ces petites bêtes surprenantes et essentielles », soutient Sonya Charest.
Les expert.e.s de l'Insectarium agissent ainsi comme des ambassadeurs et ambassadrices : leur passion est un grand atout pour accompagner les personnes plus réticentes aux arthropodes à apprécier leur présence. « On est à l’écoute des gens pour les emmener un peu plus loin dans leur relation avec les insectes. Pour les esprits artistiques, ça peut être par les couleurs. D’autres vont aimer des anecdotes ou seront intéressé.e.s par le biomimétisme, détaille Sonya Charest. Tous les chemins mènent aux insectes et il y a des insectes pour tous les goûts. »
Allez ensuite à leur rencontre, tout près de chez vous! Si Mission monarque a pour objectif premier de documenter l’habitat de reproduction du monarque, ce programme de science participative devient aussi l’occasion de rencontres fortuites avec toutes sortes d’arthropodes sur lesquels on peut poser un regard neuf. En scrutant l'asclépiade, la plante hôte du papillon, on découvre des coléoptères, des punaises, des chenilles aux couleurs des plus vives. Tout un spectacle !
Côtoyer les insectes de plus près nous amène à prendre conscience de leurs comportements complexes, leurs formes et leurs couleurs étonnantes. «C'est en prenant le temps de les observer, de partager des moments agréables en leur compagnie, de constater les innombrables services que les insectes nous rendent que l'on apprend à vivre avec eux, en harmonie. Le monde des insectes est vaste et infini de beauté ! Il y a toujours du nouveau à apprendre et de l'émerveillement à la clé. » Dans le contexte du nouvel Insectarium, de son architecture et de sa muséologie inspirées par la biophilie, nous donnons un nouveau sens à ce terme pour exprimer la notion d’entomophilie au sens de l’amour, du respect et de la valorisation des insectes.